Correspondance

Réponse à une demande du frère C.B.

Quelques frères n'ayant pas bien compris le commencement de l'extrait d'une lettre (*), que nous avons insérée dans le no 1 du Messager Evangélique de cette année, nous croyons utile d'ajouter quelques mots d'explication. Nous disons donc: qu'on peut être appelé à s'humilier, non pas seulement pour une faute qui nous soit personnelle, mais aussi pour tout ce qui, en dehors de notre marche individuelle, porte atteinte à la gloire de Christ et à la vérité. Quant à nos manquements individuels, il est hors de doute, qu'il est convenable que nous nous en humiliions; cela est même un effet, en nos coeurs, de l'intercession efficace de notre souverain sacrificateur auprès de Dieu. Mais encore, nous devons nous humilier lorsque le mal se montre en quelqu'un des membres du corps de Christ, car le principe divin que «le corps est un», consacre la solidarité des membres entre eux. Maintenant, que ce mal se manifeste sous une forme grossière, ou bien qu'il revête une forme plus subtile, comme c'est le cas lorsque des hérésies sont mises au jour, n'importe, nous sommes appelés à nous humilier devant Dieu, et c'est une grande grâce de le faire, car de telles choses atteignent nécessairement, quant à notre profession, la gloire du nom de Christ.

(*) Extrait d'une lettre : « Il est tout à fait convenable de nous humilier jusque dans la poussière, si nous y sommes appelés. Mais je ne dois pas magnifier ma grâce et mon humilité, à la honte de mon précieux Seigneur et Sauveur. Il a des droits, auxquels je sens que je ne pourrai jamais renoncer. Toutes mes mauvaises pensées, mes sentiments étroits et mes méchants discours, je suis disposé, à les confesser franchement — mais nous devons être fidèles à Christ. Il nous faut un Christ vrai, centre de toutes nos affections, vraie base d'union et de communion. Dans ces temps de bénédictions abondantes, il y a grand besoin de veiller, et de marcher près de Dieu. Priez pour moi, afin que je sois gardé. Je remercie le Seigneur de ce qu'il élargit mon coeur, mais en me disant toujours de marcher dans le sentier étroit. L'oeuvre ici continue très heureusement et d'une manière tranquille. Il y a eu des conversions tous les soirs, excepté mercredi et jeudi. La présence du Seigneur était là et les nouveaux convertis ont été bénis ».

Quel privilège que de nous identifier à sa propre gloire, laquelle se rattache évidemment à notre profession actuelle de la vérité dans ce monde. L'apôtre Paul dit aux frères de Corinthe: «Et vous n'avez pas plutôt mené deuil», et ailleurs nous trouvons aussi que ce principe de solidarité forme un des caractères de la foi et de la piété. Daniel, dans son humiliation et sa confession à l'Eternel, dit: «Nous avons péché, nous avons commis l'iniquité», etc.; il ne dit pas: «ils», mais «nous», bien que le caractère de sa piété nous autorise à croire que lui-même n'avait commis aucun des péchés pour lesquels les Juifs étaient captifs à Babylone. Toutefois l'état et la position du peuple de Dieu l'appelait à s'humilier. Plût à Dieu qu'un tel état d'âme fût plus habituellement le nôtre.

Mais un autre écueil peut se présenter sur le chemin du chrétien; il peut mal entendre l'application qu'il doit faire de la grâce et de l'humilité que l'Esprit de Dieu produit en son âme. Par exemple, il y a des hérésies qui s'attaquent à la divinité de Christ, d'autres à sa sainteté personnelle, d'autres à l'inspiration plénière des Ecritures, etc. Dans ces divers cas, comme en tant d'autres de ce genre, dois-je employer ma grâce et mon humilité, à être tolérant envers de telles choses? Dois-je, au détriment de la vérité, avoir communion avec ceux qui en sont les instruments? Agir ainsi ne serait-ce pas élever ou magnifier ma grâce et mon humilité, au-dessus de la gloire du Seigneur Jésus? car de fait, sa gloire n'use pas de tolérance envers ce qui la ternit, et nous ne devons pas non plus le faire; puisque par une telle voie, nous arriverions à ne plus avoir le Christ révélé par la Parole. Or il nous faut, il faut à nos âmes, le Christ révélé de Dieu — le vrai Christ; celui en la face duquel la gloire même de Dieu nous est révélée (2 Corinthiens 4: 6).

Il y a, en nos jours, un mal qui gagne du terrain; ce mal est ce latitudinarisme, cette tolérance mal entendue et mal appliquée, au moyen de laquelle on peut associer les erreurs les plus évidentes à la profession du nom de Christ et à la communion des saints; d'ailleurs chacun n'a-t-il pas sa manière de voir et d'interpréter les choses? Malheureusement ce n'est que trop vrai, mais je ne puis pas et je ne dois pas être courtois avec l'ennemi, car il n'a point d'égards pour la gloire de Christ. Cet esprit de fausse tolérance est dû à ce fait, qu'on magnifie sa grâce et son humilité, jusqu'au déshonneur de Celui qui s'est abaissé afin que nous fussions élevés. C'est toujours, sous une autre forme, le langage de Satan — «Quoi! Dieu aurait dit d'être si étroits?» Le chrétien a le bonheur de se rappeler que le chemin qui mène à la vie est étroit, nous n'avons aucun droit à le faire plus large que le Seigneur ne le veut; il parle d'un chemin étroit et non d'un chemin large.

Que Dieu nous garde de tout ce qui n'est pas de lui; qu'il nous garde même de la douceur des relations fraternelles si Christ n'en était pas le centre et la source!