Lettre sur Galates 5: 17 et Romains 8: 13

Si nous désirons sincèrement croître dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur, pour marcher à sa gloire, nous sommes bienheureux, parce que c'est la preuve que l'Esprit de Dieu agit en nous pour nous affranchir, ou, du moins, pour nous faire réaliser pratiquement notre affranchissement (Jean 8: 36; Galates 5: 1).

Il est impossible que Dieu ne réponde pas aux désirs de la nouvelle nature en nous. L'Esprit intercède pour nous par des soupirs inexprimables, et Dieu qui sonde les coeurs, connaît la pensée de l'Esprit, — de cet Esprit qui sait ce qui convient à la nouvelle nature. — Il nous est en aide dans cette infirmité qui consiste davantage, je crois, à demander des choses qui ne conviennent pas à notre nouvelle nature, qu'à ne pas savoir formuler des prières. L'Esprit intercède selon Dieu pour les saints. Vous comprenez donc que l'exaucement des désirs de l'Esprit place la chair où il convient pour Dieu et pour nous, qu'elle soit, c'est-à-dire à la croix, d'une manière pratique. C'est ce qui donne lieu au conflit exprimé en Galates 5: 17 : «La chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair; et ces deux choses sont opposées l'une à l'autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez». Quelles choses? Ce sont les choses que la chair aime, qu'elle convoite et qu'elle voudrait posséder. Mais l'Esprit, s'il n'est pas attristé, a toujours la victoire dans le conflit, il est la puissance de la nouvelle vie; seulement il faut que nous soyons d'accord avec Dieu pour laisser la chair à la croix, où elle est sevrée de l'accomplissement de sa convoitise (accomplissement exprimé aux versets 19-21), — ces choses dont la fin est la mort. Mais, en échange, les fruits de l'Esprit se produisent, — combien ils sont précieux: «L'amour, la joie, la paix, etc.». Ces fruits ne font pas du bruit, mais ils satisfont le coeur. — Il vaut la peine d'échanger cela contre les fruits ou les oeuvres de la chair, ces choses, comme nous l'avons vu, qui ont pour fin la mort. Si vous vivez selon la chair, vous mourrez, c'est-à-dire, vous vous replacez sur le chemin qui a pour issue la mort; et quelle perte pour vous, puisque vous possédez la vie! Mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez, c'est-à-dire, vous pratiquerez la vie que vous possédez. — «Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez pas la convoitise de la chair».

Remarquez bien que c'est par l'Esprit que nous faisons mourir les actions du corps; et non pas par des efforts propres. Vous comprenez qu'il est impossible de vaincre la volonté de la chair par la volonté de la chair; il nous faut pour cela une puissance en dehors de nous. Eh bien, comme ressuscités avec Christ et possédant l'Esprit; nous avons la puissance que Dieu a déployée en ressuscitant Christ d'entre les morts. Quel bonheur! Nous avons au dedans de nous, pour subjuguer la chair, un moteur de cette puissance-là, l'Esprit!

En Romains 7, nous trouvons l'expérience d'un homme qui a essayé de vaincre la volonté par la volonté (et même la volonté renouvelée, mais sans la possession de Christ ni de l'Esprit). Alors il découvre qu'il y a dans ses membres une loi, la loi du péché, qui l'oblige de faire le mal qu'il hait, et qui l'empêche de faire le bien qu'il aime (c'est le contraste avec notre passage de Galates 5: 17, où la chair est empêchée de faire le mal qu'elle aime). Que faire alors? Se corriger est impossible, il faut donc appeler un secours en dehors de soi, non pas pour être aidé, mais pour être délivré: — délivré de soi-même, misérable que l'on est d'être homme. Qui est-ce qui nous délivre? c'est Dieu par le moyen de Christ (lisez Romains 8: 3-4), — de Christ mort pour nous, en même temps que nous aussi nous sommes morts en lui, avec lui, et ressuscités avec lui. Voilà la doctrine de l'épître aux Romains, et c'est là le fondement de notre paix. Voyez comme c'est simple: Dieu a entrepris de nous délivrer, non pas de nous améliorer (on ne peut améliorer que ce qui est bon — et nul n'est bon que Dieu). — De quelle manière nous a-t-il délivrés? C'est en nous faisant mourir à notre existence selon Adam. Comprenez bien qu'il était impossible de nous délivrer autrement, parce que nos péchés méritaient la mort, et que, d'un autre côté, notre nature qui a produit ces péchés, devait finir par la mort. Si cette sentence eût dû s'exécuter sur nous, nous étions perdus éternellement. Mais maintenant, un autre est mort à notre place, et nous, nous sommes morts avec lui. Voilà la délivrance. — Voici quelle est notre position comme ressuscités aussi avec lui: A la fin de Romains 4, il est dit que nous croyons au Dieu qui a ressuscité d'entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses, et a été ressuscité pour notre justification. Puis au chapitre 5, nous trouvons que nous sommes délivrés de nos offenses par la mort. (Rappelons-nous bien que cette mort est notre mort avec Christ, aussi bien que la mort de Christ pour nous). Ensuite, au chapitre 6, nous voyons que nous sommes délivrés de notre nature d'Adam, laquelle a produit les offenses, et que nous en sommes délivrés par la mort. Vient le chapitre 7, qui nous apprend que nous sommes délivrés de la Loi, laquelle fut donnée à l'homme vivant selon Adam; — et que nous en sommes délivrés par la mort. — Et au chapitre 8, oh! quelle position! nous sommes, affranchis de la mort, verset 3. — Nous sommes donc délivrés de la mort par la mort, de cette mort à notre existence selon Adam. Alors par la résurrection, nous sommes introduits dans la vie: Nous sommes passés d'un état de mort à un état de vie (lisez Jean 5: 24 et 2 Corinthiens 5: 17).

Eh bien! oui, direz-vous, mais la chair est encore là avec ses passions et ses désirs, comment réaliser cette position? Je réponds: en acceptant d'être mort et ressuscité, en l'acceptant sans raisonner, en obéissant de coeur à cette forme de doctrine (Romains 6: 17) et en nous rappelant qu'il est impossible de croire sans obéir, l'obéissance étant le fruit spontané de la foi. Désirez-vous réaliser cette position? Qu'est-ce que la Parole vous dit de faire? TENEZ-VOUS VOUS-MEMES POUR MORTS (Romains 6: 11) et la conséquence suivra.

Remarquez encore, quant à la présence de la chair en nous, qu'il n'est pas dit en Romains 8: 9 : «Or vous n'avez plus la chair, mais, vous n'êtes plus dans la chair! Votre existence n'est plus celle-là. Il n'est pas dit non plus au verset 13: «Si vous avez encore la chair, vous mourrez, mais: si vous vous vivez selon la chair».

Oui, la chair est encore là, mais le vieil homme, est mort; et l'Esprit est aussi là; de manière que la chair ne peut plus fructifier en nous, si toutefois l'Esprit n'est pas attristé.

Nous sommes maintenant esclaves de la justice. Notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché (Romains 6: 6; lisez attentivement ce chapitre). Ce corps du péché qui est annulé n'est pas notre corps comme vase (mais oui bien au verset 12). Il faut remarquer que, dans ces chapitres, le péché est considéré comme un individu qui était en nous, comme un corps bien organisé, duquel nous étions esclaves; or maintenant, ce corps du péché en nous est annulé, il est désorganisé, nous ne pouvons plus servir le péché. — Je ne dis pas que nous ne pouvons plus pécher; mais que nous ne pouvons plus faire comme étant au service du péché, nous sommes morts au péché, affranchis du péché, de la loi du péché; et nous sommes, en revanche, vivants à Dieu, asservis à la justice; nous portons du fruit pour Dieu.

La Parole ne nous dit nulle part de faire mourir le vieil homme, mais de le tenir pour mort. Il nous est bien dit: Colossiens 3: 5, 6, de mortifier nos membres qui sont sur la terre, et il sont nommés. Mais ces membres ne constituent plus un être organisé, cet être est mort: Vous êtes morts (verset 3); mortifiez donc (verset 5). Faites mourir, par l'Esprit, les actions du corps; et alors votre vie de résurrection se manifestera pratiquement. — Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez pas la convoitise de la chair; les membres seront mortifiés, et les fruits de l'Esprit se produiront. Remarquez encore qu'il n'est pas dit: Marchez par l'Esprit et vous n'aurez pas la convoitise de la chair; mais, vous n'accomplirez pas cette convoitise. Elle sera jugée à son état de conception, et l'enfantement du péché (l'accomplissement de la convoitise) n'aura pas lieu. — Oui, je le répète, quel bonheur de posséder la présence et l'action au dedans de nous d'une des trois personnes de la Divinité, l'Esprit, comme puissance de la nouvelle nature, afin de nous rendre victorieux de tout ce qui, en nous et hors de nous, entrave la manifestation pratique de notre nouvelle vie, ces choses, contre lesquelles il n'y a pas de loi (Galates 5: 22, 23). C'est tout simple que la nouvelle nature n'a pas besoin de loi pour agir, son action coule de sa source et contre les choses qu'elle produit, quelle loi y aurait-il, puisque ces choses sont l'expression de ce que Dieu est? Si je suis conduit par l'Esprit, je ne suis pas sous la Loi, et pourtant j'accomplis la Loi, et au delà, car, par la puissance de la nouvelle vie, je suis capable d'aimer mon prochain plus que moi-même, je peux laisser ma vie pour mes frères, la dépenser pour eux. — La Loi ne connaît pas cela, et contre cela il n'y a pas de loi. — En marchant dans ces choses, par la puissance de l'Esprit, le coeur n'est pas à sec, le coeur s'attache à Christ, auquel nous devons cette précieuse position; on jouit de sa personne, et non seulement d'un côté de son oeuvre, les affections sont dirigées du côté du ciel, on pense aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre (Colossiens 3: 1, 2), et la mortification s'effectue sans efforts, parce que le coeur trouve un objet qui est capable de le satisfaire, Christ et le Ciel.

Eh bien! oui, direz-vous, mais comment le coeur peut-il s'attacher à Christ, quand ce coeur aime tout autre chose que lui? — Ah! vous n'avez pas renoncé à vous corriger, vous ne vous tenez pas pour mort, vous voudriez ne plus trouver de mal dans ce moi, duquel Dieu s'est débarrassé en le clouant à la croix; vous n'êtes pas contents de n'être rien; mais il y a aussi ceci: dans votre sincérité et votre désir de marcher avec le Seigneur, vous vous torturez l'esprit pour y faire pénétrer ces vérités, ces faits que nous venons d'examiner. Mais ce n'est pas cela, c'est la contemplation du Seigneur et du ciel où il est assis, qui fait, qui fera pénétrer ces faits, non pas dans votre esprit, mais dans votre coeur; et non pas par vos efforts propres, mais par la puissance de l'Esprit. Alors vous jouirez du bonheur de pouvoir vous oublier vous-mêmes, vous juger indignes de penser à vous, pour penser à Jésus auquel vous êtes unis, là où il est, par le fait que vous êtes morts et ressuscités avec lui. — J'ai dit que ces choses s'opèrent par la puissance de l'Esprit, lequel habite en nous; voyez par exemple: «Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur l'Esprit» (2 Corinthiens 3: 17, 18). «C'est pour cela que je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ, duquel toute famille dans les cieux et sur la terre est nommée; afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit dans l'homme intérieur; de sorte que le Christ habite dans vos coeurs par la foi, et que vous soyez enracinés et fondés dans l'amour, afin que vous soyez capables de comprendre, avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l'amour du Christ, lequel surpasse toute connaissance; afin que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu» (Ephésiens 3: 14-19).

«Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ (voilà un fait), cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, etc.» (Colossiens 3: 1-4).

«Bien aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté, mais nous savons que lorsqu'il aura été manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme lui est pur» (1 Jean 3: 2-4).

Vous voyez donc: si je contemple le Seigneur, là où il est, le Seigneur glorifié, cette contemplation me transforme maintenant, pratiquement, dans la même image. — Si Christ habite dans mon coeur par la foi, je suis rendu capable de connaître son amour qui surpasse toute connaissance, et je suis en chemin d'être rempli jusqu'à toute la plénitude de Dieu. — Si j'ai la conscience que je suis ressuscité avec Christ, je suis rendu capable de chercher les choses qui sont en haut, de penser à ces choses (plutôt qu'à la terre et au moi, auxquels je suis mort). — Et si j'ai en moi, pratiquement, l'espérance de voir le Seigneur comme il est, cette espérance pratique me purifie comme lui est pur.

Vous voyez qu'il ne s'agit pas là de mes efforts propres, ces choses se produisent en moi, mais par un mobile qui a sa source en dehors de moi, quoiqu'il habite en moi, et il est aisé à comprendre que, si mon coeur est dans ces choses, je ne m'occuperai pas beaucoup de moi, de mes pensées, de ce que j'aime et de ce que je n'aime pas; non, ces choses-ci seront estimées pour ce qu'elles sont, et jugées d'après la source qui les produit; mon bonheur pratique a sa source en dehors de moi, et en dehors de ce monde.

Je suis maintenu dans cette position par la puissance de l'Esprit et par les soins du Seigneur. Je jouis donc du bonheur d'avoir Dieu pour moi, de l'avoir avec moi, de l'avoir en moi, et d'être bientôt chez lui. A lui toute la gloire!

Gloire à toi, mon Dieu, mon Père!

Toi qui m'aimas le premier;

A ton coeur mon âme est chère;

Qu'à Toi je sois tout entier.