Le pécheur et la rédemption - 1 Pierre 1: 17-25

Quelle est la vraie condition de l'homme devant Dieu? L'homme ne la connaît pas; cependant c'est là la grande et la première question à traiter, avant qu'il puisse être introduit sous le ministère de la grâce de Dieu. Le fondement même qui doit être posé, avant de pouvoir parler de l'évangile de la grâce de Dieu, c'est que tout homme est un pécheur perdu et sans ressource. Dieu l'a déclaré (Romains 3: 10-23); et lorsqu'il s'agit de la vie chrétienne pratique, il est également vrai que la base de toute activité chrétienne, c'est la certitude que l'on est sauvé.

Le point en litige entre Dieu et toute âme, c'est de savoir si l'homme est aussi mauvais que le témoignage de Dieu l'assure, car l'annonce de la bonne nouvelle du salut a pour point de départ cette parole de Dieu: «toute chair est comme l'herbe». Quel que soit l'aspect de progrès moral ou intellectuel, sous lequel on considère l'homme, «il est comme l'herbe». Toute chair est comme l'herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe (bien plus fugitive encore que l'herbe même): l'herbe est séchée et sa fleur est tombée».

Job était un homme d'une droiture et d'une intégrité remarquables, d'après la déclaration de Dieu lui-même: «N'as-tu point considéré mon serviteur Job, qui n'a point d'égal sur la terre, homme intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal» (Job 1: 8)? Mais lorsque Job vient à se placer devant Dieu, il dit: «J'avais ouï de mes oreilles parler de toi: mais maintenant mon oeil t'a vu; c'est pourquoi j'ai horreur de moi-même, et je me repens sur la poudre et sur la cendre» (Job 42: 5, 6). Il avait appris que, étant chair, il était «comme l'herbe». — Lorsqu'on veut prendre la défense de la chair, ou de toute autre chose qui est de l'homme, que ce soit sa sagesse, sa justice, sa force, on ne peut le faire sans condamner Dieu? Le Seigneur, en parlant à Job dans le tourbillon, dit: «Me condamneras-tu pour te justifier» (40: 3)? — Je vous parle du juste Job, en premier lieu, parce que, en cherchant à mettre devant la conscience le témoignage de Dieu quant à la vérité et à la grâce, je ne veux pas me servir du rebut de l'humanité, pour prouver que «toute chair est comme l'herbe». Salomon aussi nous offre un exemple remarquable d'un homme comblé des bénédictions de Dieu en diverses manières, mais surtout en ce que la sagesse lui fut donnée, le don de la sagesse, directement de la part de Dieu (voyez 1 Rois 3: 4). «Et Dieu donna de la sagesse à Salomon, et une fort grande intelligence, et une étendue d'esprit aussi grande que celle du sable qui est sur le bord de la mer. Et la sagesse de Salomon était plus grande que la sagesse de tous les Orientaux, et que toute la sagesse des Egyptiens. Il était même plus sage que quelque homme que ce fût. Et il venait des gens d'entre tous les peuples pour entendre la sagesse de Salomon, et de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse» (4: 29-31, 34). Et le résultat de l'expérience de Salomon fut: «J'ai regardé tout ce qui se faisait sous le soleil, et voilà, tout est vanité et rongement d'esprit. Ce qui est tortu ne peut se redresser, et les défauts ne se peuvent nombrer. — Car où il y a abondance de sagesse, il y a abondance de chagrin». Tout est vanité et rongement d'esprit. «Toute chair est comme l'herbe».

Voyons ce qu'il en est de l'homme religieux. Si l'on croit que la religion consiste à faire ceci ou à faire cela, alors il faut avouer que les Pharisiens étaient plus religieux qu'aucun de nous. L'époque du ministère de notre Seigneur sur la terre fut une époque aussi religieuse que possible et cependant, quand le Seigneur Jésus Christ vint pour chercher du fruit, il n'en trouva point. Il fut rejeté et mis à mort, parce que les hommes voulaient maintenir leur religion. Nous voyons par là que la justice qui est de l'homme, que sa sagesse, que sa religion ne sont que des obstacles qui nous empêchent de connaître Dieu tel qu'il est réellement, et de nous connaître nous-mêmes tels que nous sommes. Une des preuves les plus évidentes d'une conversion véritable, c'est de reconnaître qu'il n'y a absolument aucun bien en nous, et que nous ne pouvons rien attendre de nous-mêmes. L'homme, comme être intellectuel et moral, s'occupe en ce moment, de tout son pouvoir, à établir ces choses dont Dieu dit qu'elles sont «comme l'herbe». Les philanthropes modernes cherchent à élever et à développer l'intelligence de l'homme. Ils réussiront peut-être au delà de leurs espérances, toutefois, dans quelque bonne et respectable intention que cela soit d'ailleurs pratiqué, il n'y a pas de société philanthropique, il n'y a pas d'effort pour améliorer l'homme, comme on dit, qui puisse rien changer à l'état de chute sans ressource dans lequel il se trouve devant Dieu, car pour cela il faut la croix. Tous ces efforts ne peuvent que laisser l'homme tel qu'il est, c'est-à-dire, un pécheur perdu, mort dans ses fautes et dans ses péchés, n'étant pas changé devant Dieu, ne connaissant rien de Dieu, ne sachant ce que c'est que d'avoir des pensées et une volonté en communion avec Dieu, au milieu d'un monde aussi perdu que le pécheur lui-même.

Tout homme est par nature perdu sans ressource, et il se trouve dans un monde perdu sans ressource comme lui. Il est absolument nécessaire de constater à la fois ces deux choses, afin de comprendre ce que c'est que la rédemption. — En quoi consistait la rédemption lors du déluge? A être dans l'arche, parce que le monde allait être jugé. En quoi consistait-elle aux jours de Lot? — A sortir de Sodome, parce que Sodome allait être consumée par le feu. — En quoi consiste la rédemption actuellement? Ce n'est pas seulement à être sauvé de l'enfer, ce qui est vrai sans doute, c'est aussi à être «délivré du présent siècle mauvais» (Galates 1: 4). — Le témoignage de Dieu, quant à l'homme perdu au milieu d'un monde perdu, n'est qu'un témoignage rendu à sa propre grâce, à sa propre puissance, à sa capacité de venir au secours de l'homme, dans de telles circonstances, et d'une manière que la grâce seule pouvait le faire. L'apôtre dit: «Je n'ai pas honte de l'évangile, car il est la puissance de Dieu en salut à tout croyant» (Romains 1: 16).

Il est impossible d'être l'objet de la puissance de Dieu, sans qu'il s'ensuive des effets. Christ est «la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu». «Nous prêchons Christ crucifié, aux Juifs occasion de chute, aux nations folie, mais à ceux qui sont appelés, et Juifs et Grecs, Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu» (1 Corinthiens 1: 23, 24). Cela peut sembler puéril dans le présent siècle, comme c'était le cas chez les Grecs qui recherchaient la sagesse; cela peut être une pierre d'achoppement pour ceux qui demandent un signe, comme les Juifs, mais à ceux qui croient, «Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu».

Le même Dieu qui nous dit que «toute chair est comme l'herbe» qui, après avoir fait une longue expérience de l'homme, a déclaré, que «la chair ne profite de rien», ce même Dieu fait proclamer maintenant son témoignage à salut par «le précieux sang de Christ». Désormais, mes bien-aimés, Dieu ne met plus l'homme à l'épreuve; dans ce sens, ce n'est pas maintenant un temps d'épreuve pour les pécheurs perdus. L'homme a été mis à l'épreuve, dans les conditions les meilleures et les plus favorables, en Israël, sous la loi, et l'homme n'a rien su produire. Le Fils du Dieu vivant est venu et il a trouvé l'homme «mort dans ses fautes et dans ses péchés». — Il est donc bien avéré que l'homme est aussi mauvais qu'il est possible de l'être; il est perdu sans ressource.

Mais la grâce n'aurait jamais été connue pour ce qu'elle est, si elle n'avait pas pu venir au secours d'un pécheur «mort dans ses fautes et dans ses péchés». Elle fût manifestée dans le ministère personnel, du Seigneur Jésus Christ. Il a été sur la terre l'expression même de la grâce et de la vérité, aussi les orgueilleux pharisiens lui reprochent d'accueillir les publicains et les pécheurs! L'homme en veut davantage à Dieu de ce qu'il reçoit les pécheurs en grâce, que lorsqu'il agit envers eux en justice. La grâce est la chose que l'homme comprend le moins; la sagesse humaine ne peut pas accepter la parole de la grâce: elle comprend la loi, mais que Dieu agisse en grâce envers de pauvres pécheurs perdus, voilà ce que l'intelligence de l'homme ne peut pas concevoir. Si vous examinez votre coeur, vous trouverez que, par nature, vous haïssez la grâce bien plus que vous ne haïssez la sainteté. Eh! bien, la grâce vient à la rencontre du pécheur là où il est, au fond de sa misère et de son péché; l'amour de Dieu va le chercher jusque-là; et tout homme, qui a reçu Christ dans son âme, peut dire amen à cela. Dieu nous a aimés, non pas lorsque nous nous étions améliorés, mais lorsque nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés. «Dieu a constaté son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous (Romains 5: 8).

Et ce qui rend possible à Dieu d'agir ainsi en grâce envers les pécheurs, c'est «le sang de l'Agneau». «Sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite, qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, argent et or, mais par le précieux sang de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté dans les derniers temps pour vous, qui par lui croyez en Dieu qui l'a ressuscité des morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance fussent en Dieu» (1 Pierre 1: 18-21). C'est le sang de l'Agneau qui fait qu'un Dieu saint peut recevoir des pécheurs souillés; le sang de l'Agneau comble l'abîme immense qui les sépare du trône de Dieu, parce qu'ils sont totalement perdus. «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3: 16). C'est ainsi que Dieu agit, après que l'homme eut montré qu'il n'y avait dans son coeur aucune réponse à cet amour de Dieu. S'il y avait eu dans l'homme un seul atome de bien, le Seigneur Jésus Christ l'aurait produit au jour; — mais non: en retour de toute sa grâce, de tout son amour, ils crièrent: «Ôte celui-ci! crucifie-le! crucifie-le!». L'homme choisit un meurtrier de préférence à Jésus: — «Non pas celui-ci, mais Barrabas!» — Oui, le Fils de Dieu a été mis à mort, et maintenant le ministère de la réconciliation a été proclamé dans ce monde, où il a été mis à mort. La réponse de Dieu à toutes les dures pensées qui s'élèvent dans le coeur de l'homme, c'est: «Je vous ai donné mon Fils»; et à toutes les prétentions de l'homme, Dieu répond: «Vous avez crucifié mon Fils».

Je suis toujours puissamment fortifié pour moi-même en voyant que lorsque Dieu commence à agir en grâce, c'est à ceux qui ont crucifié son propre Fils qu'il s'adresse en premier lieu! Qu'il est merveilleux de trouver, parmi les meurtriers mêmes de Jésus, quelques-uns de ceux qui furent amenés à la connaissance de l'amour de Dieu par le sang de son Fils!

L'évangile nous déclare la valeur, non-seulement de la personne de Jésus, mais de son sang qui a été répandu, et par conséquent la question entre Dieu et l'homme se résume en ceci: que pensez-vous de son Fils et de son sang qui a été répandu? Il est impossible de demeurer neutre. «Celui qui n'est pas pour moi, est contre moi, dit Jésus Christ. — Du reste, peu importe quelle est votre pensée; celle de Dieu et de tous les pécheurs sauvés, c'est que rien n'est aussi «précieux» que le sang du propre Fils de Dieu. Le sang de Christ ne fait pas seulement descendre Dieu jusqu'à nous, en grâce, il nous amène jusqu'à Lui. «Christ a souffert une fois pour les péché, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu» (1 Pierre 3: 18). Un pécheur perdu, lavé par le sang de Jésus, est aussitôt amené dans la présence de Dieu. Toutes les grandes choses de Dieu sont parfaitement simples: par un seul et même sang, un pécheur qui croit en Jésus est lavé de ses péchés, justifié et amené jusqu'à Dieu! L'homme racheté est introduit dans une création nouvelle avec Jésus et avec tous ceux qui ont été rachetés à Dieu par Christ, et ainsi nous sommes en lui comme en Celui qui est ressuscité, et il nous donne une nouvelle vie, une nouvelle nature, en rapport avec un nouvel ordre de choses, — de nouvelles affections, un monde nouveau. — Le remède est digne de Dieu.

«Tu nous as rachetés pour Dieu par ton sang de toute tribu et langue et peuple et nation! — «A lui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits un royaume de sacrificateurs, pour son Dieu et Père; à lui gloire et force aux siècles des siècles! Amen.