Proverbes 4: 7

 «Acquiers la sagesse, et sur toutes tes acquisitions, acquiers la prudence».

Ce que Dieu désire avant tout, c'est que nous comprenions chacune des opérations, chacune des directions de sa grâce envers nous. Je crois que souvent la bénédiction est retardée, jusqu'à ce que nous soyons en état d'en comprendre la valeur. Le Seigneur développe un don conféré à son serviteur à mesure que celui-ci acquiert la capacité d'apprécier ce don, et Dieu en reconnaît l'exercice et y donne de l'étendue, à proportion de l'intelligence et de la soumission du serviteur. Afin de pouvoir «penser de manière à avoir de saines pensées, selon la mesure de foi que Dieu a donnée à chacun» (Romains 12: 3), il faut connaître cette mesure et par conséquent, quand on connaît «la parole de la justice» (Hébreux 5: 13), on est un «homme fait», capable de discerner le bien et le mal. Si je suis capable de discerner ainsi, je comprends les voies de Dieu à mon égard, et j'en jouis; sinon, je ne suis qu'un «ignorant dans la parole de la justice». J'ai besoin de lait, la viande ne me convient pas. Je vis; mais je n'ai aucune conscience ni intelligence des voies de Dieu envers moi.

Or, le défaut de cette intelligence doit nécessairement me priver des pensées et des conseils de Dieu. Vous n'entretiendrez pas un enfant de choses qui sont au-dessus de sa portée; vous ne lui parlerez et vous ne lui ferez part de votre manière de voir qu'à mesure qu'il sera en état de vous comprendre. Je crois que, d'une certaine façon, Dieu fait de même; et cela non seulement quant aux bénédictions, mais aussi, quoiqu'à un degré moindre, quant aux châtiments. Je ne dis pas que Dieu ne nous châtie que lorsque nous en comprenons la nécessité et l'utilité, ou que nous comprenons toujours pourquoi Il châtie. Au contraire, je crois que Dieu nous châtie souvent pour revendiquer le soin qu'il prend de nous, lorsque nous ne le remarquons pas suffisamment; mais ce que je dis, c'est que, à moins d'être exercé par le châtiment, il n'en résulte aucun bien, et une âme qui connaît l'amour de Dieu, ne se contentera pas de laisser passer le châtiment sans le comprendre. Lorsqu'un ami terrestre me montre de la froideur ou de l'éloignement, ne chercherai-je pas, à proportion de l'affection que j'ai pour lui, à avoir l'explication de sa conduite? Il en est précisément de même quant à l'amour de Christ; à proportion que nous apprécions cet amour, nous chercherons à comprendre pourquoi nous sommes éprouvés ou visités. C'est dans ce sens que Dieu agit envers nous, que ce soit par des bénédictions ou par des épreuves; toutefois, nous le discernons mieux quand Dieu bénit. «A celui qui a, il sera donné davantage». A celui qui avait gagné beaucoup, il fut donné de préférence à celui qui avait gagné moins. Je le répète, Dieu nous donne selon que nous sommes préparés à recevoir; et pour cette raison, les circonstances doivent constamment servir à nous rendre capables d'apprécier les bénédictions de Dieu à leur valeur réelle. C'est ainsi que Paul en prison à Rome, et Jean à Patmos, furent préparés, par des circonstances, l'un à révéler la gloire connue du ciel; l'autre à révéler la gloire du Seigneur sur la terre. Lorsque Jonas perdit son kikajon, il fut capable de comprendre les pensées de Dieu, et, étant ainsi préparé, il en reçoit la communication. Dieu veut que nous nous rendions compte du chemin où nous marchons, et que nous soyons remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle» (Colossiens 1: 9). Je ne crois pas qu'aucun chrétien, quelque grande que soit sa connaissance de l'Ecriture, ait jamais pu réellement aller en avant, au delà de l'intelligence qu'il avait des voies de Dieu à son égard; c'est donc en proportion de ce que je comprends des voies de Dieu envers moi, que je suis enseigné de Lui. Si je ne comprends les voies de Dieu envers moi que pour le désert, alors je suis dans le désert, c'est-à-dire que le désert est la mesure de ce que j'ai atteint. Si je comprends les voies de Dieu pour le ciel, je suis donc dans le ciel.

Je suis persuadé que plusieurs d'entre vous ont bien souvent fait l'expérience d'un désir spirituel, qui passait dans leur âme comme un éclair: mais tout en nous souvenant de la jouissance que nous en éprouvions, nous trouvons que, pratiquement, nous ne sommes pas à cette hauteur et la raison en est que nous ne sommes pas préparés pour y être. Je ne doute pas que nous ne savourions souvent les grappes d'Escol, lors même qu'il nous reste bien des épreuves à traverser et de l'intelligence à acquérir, avant d'atteindre Escol même. Après que Caleb eût goûté de la grappe, il lui fallut 40 ans de préparation, avant d'être mis en possession réelle d'Escol, et sans doute son coeur a dû reconnaître alors avec quelle grâce Dieu agit à son égard. Et lorsqu'il posséda Escol, lorsqu'il eut comprit, la nature, le moment et la place de la bénédiction qu'il avait goûtée si longtemps d'avance, alors il put chanter «avec intelligence». C'est lorsque nous arrivons à Escol, que nous voyons combien il nous était nécessaire de passer à travers tant d'exercice et de tourment d'esprit, car c'est dans le lieu même de la bénédiction, que nous en comprenons véritablement l'excellence. Et pour pouvoir nous trouver là, il ne faut pas seulement savoir apprécier ce que Dieu nous donne, il faut avoir la conscience de ce que l'on est pour Lui, et comme conséquence nécessaire, que l'on est séparé de tout ce qui n'y convient pas. Ce n'est pas en un moment que nous reconnaissons combien notre coeur renferme d'idoles qui nous barrent le chemin, pour atteindre Escol et le posséder, après que nous avons appris à apprécier le goût et l'excellence des grappes. Et souvent le châtiment tombe sur nous, afin d'enlever l'obstacle et de nous préparer.

Il ne peut y avoir de corbeille de premiers fruits (voyez Deutéronome 26) qu'autant que l'on comprend les bénédictions de Dieu et qu'on les réalise. C'est pourquoi il est demandé que Christ «habite dans nos coeurs par la foi, et que nous soyons enracinés et fondés dans l'amour, afin que nous soyons capables de comprendre avec tous les saints, quelle est la longueur et la largeur et la profondeur et la hauteur, etc.» (Ephésiens 3: 17, 18).

Que le Seigneur nous donne de réaliser la nature, le moment et la valeur de ses bénédictions, pour que nous soyons préparés à en jouir comme il convient.