Fragments

1ère série : Fragment sur Luc 15

Quant à ce qui regarde l'application de ce chapitre à un chrétien qui s'est éloigné de Dieu, je l'ai entendu faire souvent, mais je la rejette absolument. Il est vrai, sans doute, que Dieu reçoit miséricordieusement un chrétien égaré qui revient à Lui; mais ce n'est pas là le sens et le but de la parabole du fils prodigue, comme le montrent, aussi clairement que possible, les premiers versets du chapitre. Le sujet traité ici est fourni par les pharisiens et les scribes qui murmuraient de ce que Jésus recevait les pécheurs et mangeait avec eux. C'est ce qui lui donne occasion de montrer, dans trois tableaux, avec quel amour, Dieu cherche et reçoit les pécheurs. Les deux premiers présentent plutôt l'acte de chercher (de Christ et de l'Esprit, je pense), le troisième dépeint la réception. Le relèvement d'un chrétien en chute ne trouve aucune application ici. En outre, l'introduction du fils aîné fait évidemment allusion aux Juifs, ou à tout autre individu à principes légaux et à propre justice, mais littéralement aux Juifs par ces mots du père: «Tu es toujours avec moi, et tous mes biens sont à toi». Les deux premières paraboles montrent le principe de la grâce qui cherche les pécheurs — c'est qu'il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent; la troisième fait voir ce qui a amené l'éloignement originel et ensuite le retour. En d'autres termes, l'amour qui cherche, et l'amour avec lequel on est reçu. Aussi tout ce qui est dit du fils aîné représente non pas un état originel, mais la jalousie que faisait éprouver aux Juifs l'admission de pécheurs d'entre les Gentils. L'assertion, que le nom de «fils» emporte toujours la réalité du fait qu'on est né de Dieu, est erronée; car, dans ce cas, l'aîné n'eût pas été «fils», ou eût été né de Dieu, tandis que, sur le pied de la grâce (qui fait des fils), «il ne voulait pas entrer». Adam était fils de Dieu (Luc 3: 38); ailleurs, «ainsi a dit l'Eternel: Israël est mon fils, mon premier-né» (Exode 4: 22). Encore une fois donc, les premières paraboles dépeignent l'amour actif de Dieu qui cherche les pécheurs; la dernière décrit la réception que le père fait au pécheur qui retourne à Lui. C'en est là, je n'en doute nullement, la vraie application.

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2ème série

Notre affaire, c'est de thésauriser dans nos coeurs la Parole; c'est l'affaire de l'Esprit de la tirer de ce dépôt et de l'appliquer. Avez-vous, aujourd'hui, renouvelé votre force au moyen de la Parole de Dieu? Savez-vous quels dards enflammés Satan peut diriger contre vous, où ce dont vous aurez besoin pour les éteindre? — Un seul petit passage, reconnu comme étant la Parole Même de Dieu, est souvent une arme puissante contre l'infidélité au jour de la bataille.

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Quelle différence il y a pour un homme selon le côté du Jourdain dans lequel il vit! Comme tout est différent: climat, fruits, perspectives etc. Quand une fois on a traversé le Jourdain, alors, par exemple, ce sont les batailles du Seigneur, et non les nôtres, que nous livrons.

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3ème série

Dans la création, le péché a amené toute espèce de confusion: — confusion de pensées, confusion de faits; mais le chrétien a la clef pour les comprendre ou les expliquer, il a en lui le secret pour juger de toutes choses. Il voit la confusion, il la traverse, il la sent, mais il ne peut pas la redresser. Il y a des peines de coeur qu'il ne peut guérir, il y a des choses mauvaises auxquelles il ne peut se mêler: cependant, au milieu de tout ce labyrinthe de mal, il connaît le but de Dieu.

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