Pensées sur le chapitre 4 de l'Apocalypse

Les chapitres 4 et 5 de l'Apocalypse sont bien propres à nous faire comprendre le caractère et la position célestes des saints dans le temps présent, par la manière dont ils nous décrivent la position que ces saints occuperont, au temps où Dieu exécutera ses jugements. L'Eglise n'est pas mentionnée comme telle, avant qu'elle apparaisse comme «l'Epouse» à la fin du livre.

Le sujet de ce livre de l'Apocalypse n'est pas la grâce, mais le jugement, quoique, je n'ai pas besoin de le dire, la grâce de Dieu s'y montre dans la patience dont il use dans l'exécution du jugement. Tout, dans ce livre, est proprement jugement, même ce qui concerne les églises, car le Fils de l'homme marche au milieu d'elles, prenant connaissance de leur conduite: se promenant au milieu du corps nombreux de ceux qui font profession de christianisme, jugeant ses voies et ses oeuvres (tandis que ceux qui sont vainqueurs reçoivent la bénédiction promise), il finit par le vomir de sa bouche, dans son dernier état (chapitre 3: 16), et puis il s'occupe des jugements qui vont fondre sur le monde.

La division de tout le livre en trois parties distinctes est indiquée par le Saint Esprit lui-même. La première comprend «les choses que tu as vues», la gloire et la manifestation de Christ lui-même; la seconde, «les choses qui sont», c'est-à-dire les églises; la troisième, «les choses qui doivent arriver après celles-ci», c'est-à-dire les choses qui n'appartiennent pas à la position de l'Eglise dans son témoignage ici-bas, comme corps professant, mais ce qui concerne l'état de choses qui suivra, quand ce qui aura un caractère corporatif aura été vomi de la bouche du Seigneur (chapitre 1: 19; comparez 4: 1).

«Les choses que tu as vues», c'est donc la gloire de Christ. «Les choses qui sont», c'est la condition de l'Eglise, non pas seulement dans des églises locales, mais comme grand tout: car le Fils de Dieu dit à Thyatire «de tenir ferme jusqu'à ce qu'il vienne» (chapitre 3: 25), et à Philadelphie il promet de la garder «de l'heure de la tentation qui va arriver sur tout le monde habitable», montrant clairement ainsi que l'Esprit ne s'adresse pas seulement à une assemblée locale, mais qu'il embrasse l'Eglise tout entière, envisagée au point de vue du jugement, depuis le temps de l'abandon de son premier amour jusqu'à celui où elle est entièrement rejetée. Ce qui occupe Christ, c'est l'Eglise, jusqu'à ce que commence une dispensation tout à fait nouvelle.

Un autre trait digne de remarque se rattache aux «choses qui sont», savoir que l'Eglise est un témoin pour Dieu. Dans la première église déjà, dans Ephèse, ce témoignage a fait défaut; dans la dernière, dans Laodicée, l'Eglise a entièrement perdu son caractère de témoin, et Christ Lui-même, dans le sens le plus étendu et le plus complet, se présente pour prendre possession de l'héritage et reçoit le caractère que l'Eglise aurait dû conserver; il est «l'Amen, le Témoin fidèle et véritable».

Ensuite, comme ayant revêtu ce caractère, Christ prend de nouveau entre ses mains le gouvernement de ce monde: la position dans laquelle il apparaît ainsi est tout à fait différente de celle, dans laquelle nous l'avons vu marchant comme juge au milieu des églises sur la terre, et prononçant le jugement contre tout ce qui aurait dû rendre de Lui un fidèle témoignage. Le prophète voit Christ désormais dans le ciel; il en a fini avec l'Eglise sur la terre. Christ n'apparaît, pas comme «Chef du corps», mais comme «l'Agneau qui a été immolé»: Celui qui a été rejeté sur la terre est sur le trône dans le ciel, d'où les jugements doivent procéder. C'est un moment bien solennel. Nous voyons comment le monde passe sous le regard de Dieu et avec quelle patience il l'a supporté.

Il y a, relativement aux voies de Dieu envers l'homme comme homme, après la chute, trois grandes époques principales à distinguer: la période qui a précédé la venue de Christ; la période actuelle; et puis le temps qui s'écoulera après la seconde venue de Christ. On peut envisager les choses aussi autrement et distinguer plusieurs époques durant lesquelles Dieu, avec une constante et infatigable patience, mettait l'homme à l'épreuve, pour voir si ce qui est bon pouvait être obtenu de lui, avant que Christ fût rejeté. Dieu savait à l'avance quel serait le résultat de cette épreuve, mais il y soumettait l'homme, il avait planté une vigne: La vigne, produisit des raisins sauvages, sa haie fut renversée, et un sanglier de la forêt la dévora; à la fin Dieu dit: J'ai encore un fils, mon bien-aimé; ils auront du respect pour mon fils! Mais les cultivateurs dirent: C'est ici l'héritier; venez, tuons-le (Matthieu 21: 3 et suivants; Marc 12: 1 et suivants; Luc 20: 9 et suivants). Alors le monde fut, en un certain sens, jugé, non pas que le jugement fût exécuté, mais l'instruction du procès, l'épreuve était terminée: Satan, le prince de ce monde, est jeté dehors (Jean 12: 31). Ceci s'accomplit quand le vrai et légitime prince, le Fils de Celui à qui la vigne appartenait, fut rejeté; le monde fut jugé alors quant à son caractère et à ses voies: Il est sous la condamnation; c'est pourquoi nous sommes exhortés à ne pas nous conformer à ce présent siècle, Dieu rendant ainsi moralement le témoignage le plus clair contre Lui. «La figure de ce monde passe». «Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui». L'amitié du monde est inimitié contre Dieu» (1 Corinthiens 7: 7, 31; 1 Jean 2: 15; Jacques 4: 4). Le monde ayant rejeté le Fils de Dieu, Dieu prononce contre lui la sentence de réjection: le Fils quitte le monde, et le monde ne le voit plus; Satan est démontré «le chef du monde». Le Saint Esprit vient pour convaincre le monde de péché, parce qu'il n'a pas cru; de justice, parce que Christ l'a laissé pour s'en aller au Père; de jugement, parce que le témoignage de jugement contre le prince de ce monde est rendu. Le monde est convaincu de justice par ces deux choses: savoir que le Fils de Dieu a été rejeté et est monté à la droite du Père et puis que le monde ne le voit plus; et le Saint Esprit est donné à l'Eglise qui est le vase du témoignage de l'homme glorifié, jusqu'à ce qu'il revienne. Les saints sont rassemblés par le Saint Esprit, hors du monde, pour s'en aller au-devant de l'Epoux.

Quelle paix ne donne pas à nos âmes la vue du pouvoir de Christ sur toute la création, quand nous voyons ce pouvoir lié à l'anéantissement de la puissance de Satan. Ce pouvoir de Christ, devant un Satan lié, sera pleinement manifesté dans le siècle à venir, et les miracles que les disciples opéraient étaient un signe de cette puissance du Fils de l'homme, qui sera connue dans le monde qui est encore à venir: «Voici, je vous donne l'autorité pour marcher sur les serpents et sur les scorpions et sur toute la puissance de l'ennemi, et rien ne vous nuira; toutefois ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux» (Luc 10: 19, 20).

La terre fut rejetée quand l'Homme rejeté prit dans le ciel la place qui lui appartient. Les Juifs furent les instruments immédiats de cette réjection; mais l'homme, le premier Adam, fut entièrement mis de côté par cet acte, et le Juif dut être amené à reconnaître que, dans la chair, il n'y a point de bien et que la grâce céleste se rattachait entièrement au nouvel homme. «Il est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplit toutes choses» (Ephésiens 4). Il descendit ici-bas en grâce comme le dernier Adam, afin d'introduire la gloire; et ainsi quand, l'Eglise est formée, l'Homme céleste prend sa vraie place dans le ciel, et l'homme terrestre est jugé. Toutes choses sont faites nouvelles: «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création»; nous ne connaissons plus Christ «selon la chair» (2 Corinthiens 5: 17). C'est comme chef de la nouvelle création que nous lui sommes unis. Le premier homme est de la terre, poussière; le second homme est le Seigneur, venu du ciel»; le second homme est monté, «mais qu'il soit monté, qu'est-ce, sinon qu'il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre» (1 Corinthiens 15: 47; Ephésiens 4: 9). Il est monté comme le second Homme, afin d'entrer dans sa gloire auprès du Père, et comme résultat de tout ce travail de Dieu, l'Eglise est envisagée comme morte et ressuscitée avec Christ, assise dans les lieux célestes dans le Christ Jésus (Ephésiens 2: 6). Ceux qui sont de Christ sont appelés à manifester ce nouvel Homme par la puissance du Saint Esprit ici-bas, et l'Eglise devient ainsi le témoin vivant de la réjection de Christ sur la terre et de sa réception dans le ciel.

L'Eglise étant placée dans cette position, le Seigneur est avec elle et s'occupe d'elle, comme telle, aussi longtemps que, en quelque manière, il peut la regarder comme son témoin sur la terre: ensuite, ainsi que nous l'avons dit, il prend Lui-même la place de «l'Amen, le Témoin fidèle et véritable».

En ayant fini ainsi avec «les choses qui sont», nous voyons que pour être associé aux pensées de Dieu et à ses voies, le prophète doit être élevé au ciel. «Voici, une porte fut ouverte dans le ciel», et Jean voit l'Agneau sur le trône, et ceux qui ont été fidèles sur la terre, sont là avec Lui. Le caractère du trône lui-même, c'est que ce trône va revendiquer les droits de l'Agneau rejeté et que le jugement va être exécuté. Une voix me dit: «Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci; et sur-le-champ, je fus en Esprit». Quand il est en Esprit, le prophète n'est pas appelé à regarder autour de lui sur la terre, mais à monter dans le ciel.

Au trône se lie la manifestation de la puissance et de la majesté. Il en fut ainsi au Sinaï, où le jugement accompagnait le don de la loi; Moïse dut mettre des barrières tout autour du mont: «Celui qui touchera la montagne, sera lapidé ou transpercé d'un dard» (Exode 19). Plus tard, le trône de Jéhovah fut établi de nouveau à Jérusalem, et il fut entouré de la manifestation de la gloire de Celui qui était assis entre les chérubins au-dessus du propitiatoire. Après l'érection du veau d'or, en vertu de l'intercession de Moïse, nous voyons Dieu pardonner les péchés, quoique ne tenant pas le pécheur pour innocent. «Je ferai passer toute ma bonté devant toi» (Exode 33). Tels furent toujours les principes du gouvernement de Dieu à l'égard d'un peuple terrestre. — Il y a un autre trône, maintenant: «le trône de grâce» (Hébreux 4), non pas que nous n'ayons pas une place plus élevée que celle qui nous est faite devant ce trône, car nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ; mais c'est pour nous un immense privilège d'avoir pleine liberté d'approcher de ce trône, «afin que nous obtenions miséricorde et que nous trouvions grâce…» pendant que nous traversons ce monde dans la faiblesse, dans l'épreuve, l'infirmité et la perplexité: auprès de ce trône nous trouvons la puissance de Dieu pour nous dans tout ce dont nous avons besoin comme direction et comme secours.

Le trône que le prophète voit ici dans le ciel n'est ni l'un ni l'autre des trônes dont nous venons de parler, mais un nouveau trône placé dans le ciel et d'où procède l'exécution du jugement. En un sens, sans doute, tous ces trônes sont un, parce qu'ils sont tous le trône de Dieu; mais le trône qui apparaît ici dans le ciel est si différent du trône de grâce, que l'effet de la prière devant ce trône est le jugement, comme nous pouvons voir au chapitre 8, où les prières des saints étaient présentées et l'encens montant, le feu et le jugement descendirent sur la terre: «et il y eut des voix et des tonnerres et des éclairs et un tremblement de terre». Au lieu du trône de grâce, où nous trouvons «grâce pour avoir du secours au moment opportun» (Hébreux 4), nous voyons ici qu'en réponse aux prières des saints, l'encensoir est jeté sur la terre et y apporte le jugement.

Ce n'est ni «l'Agneau», ni «la Parole de Dieu qui exécutent le jugement, mais nous voyons le trône avant que le Christ sorte du ciel; nous nous trouvons placés dans l'intervalle de temps qui sépare le moment où il en a fini avec les églises sur la terre (car il ne reste plus rien dans l'Eglise à juger) et le moment où il reviendra de nouveau sur la terre comme le Témoin fidèle et véritable. Le trône, ici, est dressé pour l'introduction du Fils unique dans le monde pour le jugement, et le chapitre tout entier est l'expression des relations de Dieu avec la création. Dieu apparaît comme Créateur. S'il vient pour le jugement, tout doit être mis à sa place devant Lui. Dieu n'est pas là pour rendre l'homme capable de marcher contre le courant du mal, mais pour changer le courant lui-même: la création doit être remise en ordre, et toutes les gloires appartiennent à Christ. Quant à Israël, Christ est Roi d'Israël. Lorsqu'il naît dans le monde, il est Jéhovah-Jésus, car il sauvera son peuple de leurs péchés. Osée signifiant Sauveur; Jah, Jéhovah, Jésus signifie Jah-Osée, Jéhovah le Sauveur. Il est Seigneur sur toute la création: «toutes choses ont été créées par lui…»; et il est aussi Roi des nations.

Comme Fils de David, donc, Israël lui appartient comme Fils de l'homme, le monde, tout est à lui; comme Fils de Dieu, il a (Colossiens 2) son propre droit personnel à toute gloire comme Créateur et Chef, sur toutes choses, de l'Eglise qui est son corps.

Ici, au chapitre 4 de l'Apocalypse, je le répète, il s'agit des relations de Dieu avec la création: quand Dieu établit ces relations, il donna l'arc-en-ciel comme signe de son alliance et gage de sa fidélité; et quand il va exécuter des jugements contre la terre, il s'entoure Lui-même de ce signe de sa fidélité à l'égard de son alliance avec la création (verset 3).

Et il y avait «autour du trône, vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre anciens assis, vêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or». Ces vingt-quatre anciens représentent les saints dans leur caractère céleste, mais non pas comme l'Eglise, le corps de Christ. Ils sont «rois et sacrificateurs»; le chapitre 4 nous les montre comme rois, le chapitre 5, comme sacrificateurs. Quand le moment est venu où Dieu va s'occuper de la création, les saints sont vus assis sur le trône avec Lui. Quelle place glorieuse il nous a faite! Nous sommes «une sacrificature royale» (1 Pierre 2: 9); nous n'appartenons pas à cette création, mais nous sommes «comme une sorte de prémices de ses créatures» (Jacques 1: 18). La gloire et le profit en reviennent tout entiers à Dieu; quoique la bénédiction soit à nous. Nous avons la gloire toute particulière d'être: «héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ» (Romains 8: 17; Galates 4: 7); mais il y a plus, nous devons être son «Epouse». L'épître aux Colossiens, chapitre 1, nous montre cette double gloire du Christ qui est «premier-né de toute la création», comme l'héritier des domaines de Dieu et, à côté de cela, «le premier-né d'entre les morts». Il est le Chef de la nouvelle création. Il est ressuscité d'entre les morts dans la puissance de cette vie que la mort ne pouvait pas retenir; l'épître aux Ephésiens nous montre quelque chose de plus: «Et il l'a donné pour être Chef sur toutes choses à l'Eglise qui est son corps». Toutes choses sont à Lui, et il est Chef sur toutes choses à l'Eglise; non pas Chef sur le corps, bien qu'il juge le corps; car l'Ecriture ajoute que l'Eglise est «la plénitude de Celui qui remplit tout en tous» (Ephésiens 1: 22, 23). Le Chef ou la Tête, sans le corps, serait incomplet et l'Eglise le rend complet. Nous sommes unis à Lui; nous ne sommes pas de la vieille création, mais de la nouvelle, quoique nous soyons encore dans le corps et que nous ayons à porter ce corps avec nous dans la servitude de la corruption. Nous faisons partie de la nouvelle création comme étant un avec Lui qui remplit tout en tous; tandis que, envisagés individuellement, nous avons le caractère de «rois et de sacrificateurs». Tous les saints qui seront ressuscités, sont assis ici autour du trône de Dieu, autour du trône d'où sortent «des éclairs, et des voix et des tonnerres».

Quelle position glorieuse pour nous! «Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges» (1 Corinthiens 6: 3)? Ne pensez pas que cette gloire soit trop haute pour vous; il en est pour vous de plus élevées encore. — Vous êtes appelés à manifester sur la terre le caractère du ciel dans la vie de tous les jours. Quand Jésus était sur la terre, l'homme humble et obéissant, Celui que Dieu avait «envoyé dans le monde», il apporta ici-bas les principes de l'esprit du ciel dans toutes ses voies et toutes ses paroles: il était «le Fils de l'homme qui est dans le ciel», et il dit de ses disciples: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17: 16; 15: 19). Cette vérité condamne tout principe de conduite qui ne nous associe pas à Celui que le monde a rejeté. Le monde hait ce qui est céleste et ne peut pas supporter le témoignage de ce qu'a accompli ce qui est céleste. Nous sommes appelés à n'être rien dans le monde; nous devons savoir être méprisés et trouver en Christ notre céleste part, en sorte que nous n'ayons plus aucune ambition d'être quelque chose là où Lui n'a rien été. «Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire l'un de l'autre» (Jean 5: 44)? Nous sommes appelés à manifester l'esprit et le caractère du Christ céleste.

«Et il y avait sept flambeaux de feu brillant devant le trône etc. (versets 3, 4). La figure que nous trouvons ici est empruntée au temple. — Tout est jugement ici; une septuple perfection, mais un septuple jugement. Les sept lampes ne sont pas ici, comme dans Zacharie 4, «les yeux de l'Eternel qui vont çà et là par toute la terre», mais un feu brûlant qui consume tout ce qui ne convient pas à la présence de ce trône céleste. Ce jugement du ciel est une chose solennelle. Notre position repose tout entière sur la grâce. Nous demeurons en Lui et Lui en nous. Les révélations que l'Esprit de Dieu nous apporte le concernent Lui, comme notre Dieu, et le ciel comme notre demeure. «L'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par le Saint Esprit…» Etienne rempli du Saint Esprit, et ayant les yeux arrêtés sur le ciel, vit le trône, et Jésus à la droite de Dieu. Mais ici tout est bien différent: l'Esprit lui-même est comme des «lampes de feu brûlant». Que fera la terre quand le ciel aura ce caractère de jugement, lorsqu'il n'y aura ni trône de grâce, ni patience, mais que tout sera jugement?

«Et au milieu du trône et autour du trône quatre animaux pleins d'yeux, derrière et devant» (verset 6). Les quatre animaux sont les figures symboliques de ceux qui sont à la tête du pouvoir judiciaire de Dieu. Dieu peut donner cette place aux anges ou aux saints. L'Ecriture fait souvent mention des chérubins que nous retrouvons ici sous le nom d'animaux. Au chapitre 3 de la Genèse, nous les voyons placés à l'entrée du jardin d'Eden pour garder le chemin de l'arbre de vie. Dans le prophète Ezéchiel, ils sont associés au jugement: quand la gloire de Jéhovah s'est élevée de dessus le chérubin, au chapitre 9, le jugement tombe sur tous ceux qui n'ont pas la marque Thau. Nous les retrouvons au dedans du voile dans le tabernacle, comme le symbole du pouvoir judiciaire de Dieu, car ils avaient les yeux tournés vers l'arche, le trône de la puissance de Dieu (Exode 25: 20); Dieu gouvernait Israël et usait du même pouvoir dans la création tout à l'entour. Plus tard, quand Salomon eut bâti le temple, les chérubins ne regardent plus vers l'arche, mais leurs ailes touchent les deux murailles opposées de la maison, et leurs regards sont tournés en avant vers le dehors (2 Chroniques 3: 11-13); c'est là une figure du règne de Christ comme vrai Salomon, alors que toute sa puissance judiciaire promènera ses regards au dehors pour bénir; son règne s'étendra par-dessus toute la terre, quoique spécialement sur Israël (comparez Psaumes 72): «par moi, règnent les rois; et par moi, les princes décernent la justice» (Proverbes 8: 15).

Les «quatre animaux» représentent les quatre classes de la création que nous trouvons dans la Genèse: le premier animal était semblable à un lion, type des bêtes sauvages; le second était semblable à un veau, type des bêtes des champs; le troisième avait la face d'un homme, et était la figure des hommes; le quatrième était semblable à un aigle volant, type des oiseaux de l'air; en sorte que les symboles du pouvoir et du jugement de Dieu nous sont présentés ici en connexion avec la création sur la terre, quels que soient d'ailleurs les instruments dont Dieu se sert, Nebucadnetzar, les anges ou les saints.

«Et ils sont pleins d'yeux devant et derrière». N'est-ce pas là une figure bien claire de l'intelligence intuitive et secrète? — ils voient tout, devant et derrière: rien n'échappe à l'oeil et à la puissance de Dieu. Là où le regard de l'homme ne peut pas pénétrer, Dieu voit tout: toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de Celui avec qui nous avons affaire» (Hébreux 4).

«Et les quatre animaux avaient chacun six ailes tout à l'entour», comme dans Ezéchiel, afin que nous comprenions la rapidité de l'exécution des conseils et des desseins de Dieu, et l'empressement de ceux qu'il envoie, dans leur service.

 «Et ils ne cessent point, ni jour, ni nuit, disant: Saint, saint, saint, Seigneur Dieu Tout-puissant, qui étais, qui es, et qui viens» (verset 8). Les quatre animaux ne rendent pas proprement culte ici, comme au chapitre 18 : ils célèbrent Dieu dans son pouvoir et sa gloire. Les anciens, dont les affections sont réveillées par la gloire du Seigneur, se prosternent et adorent; mais à côté de cela, il y a la célébration, la célébration publique du pouvoir. La création sera la célébration perpétuelle de la sainteté, et de la sagesse, et de la puissance du Seigneur Dieu Tout-Puissant. Tout ce que l'arc-en-ciel embrasse, dans le ciel et sur la terre, proclame la puissance créatrice de Dieu; le soleil et les étoiles diront sa puissance et sa gloire; «toute créature sur la terre et sous la terre etc.…» Toute la création muette aura une voix qui célébrera à perpétuité la puissance et la gloire éternelles de Dieu. «Il n'y a point en eux de langage, il n'y a point de paroles; toutefois leur voix est ouïe» (Psaumes 19: 3). Quand Dieu établira le règne de sa puissance dans la personne du Seigneur Jésus, la création étant délivrée de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu, son gouvernement, aussi bien que sa grâce, montrera qu'il est un Dieu saint. Il n'y aura point de péché là, ni de souillure; au jour des propitiations (Lévitique 16), le tabernacle et tous les vaisseaux du service étaient aspergés de sang.

Le chapitre qui nous occupe anticipe ce qui sera et que nous retrouvons au chapitre suivant en relation avec la Rédemption. Il est un tableau de la puissance de Dieu en création, comme le chapitre 5 l'est en rédemption, et cela, l'un comme l'autre, avant la révélation des jugements qui introduiront la gloire.

Nous ne trouvons rien au sujet du Père ici, mais les noms de Dieu sont ceux qu'il prend dans l'Ancien Testament, comme Tout-Puissant et Seigneur en relation avec Israël: «Jéhovah qui était, qui est, et qui vient», le Tout-Puissant connu d'Abraham (comparez Exode 3; 6). Il n'est pas question du tout du caractère de Dieu comme Père et de sa relation comme tel avec les enfants, pas davantage de Jésus comme Chef à l'égard des membres de son corps, mais de Dieu publiquement célébré. Quand il s'agit du Père, c'est de la maison et d'une place dans la maison que l'Ecriture nous parle, non pas de trônes; nous sommes chez nous auprès du Père, dans sa maison, nous trouvons notre joie dans le Père. «Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père…; je vais vous préparer une place; et… je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi» (Jean 14: 2, 3). Mais ici il s'agit de la majesté de Dieu; la voix de la création et de la providence célèbre, à travers l'éternité, «Celui qui était, qui est, et qui sera».

Deux faits caractéristiques se lient à la position des saints célestes. D'abord, lorsque le trône est dressé, ils sont assis au milieu même des jugements dans un repos calme et paisible. Les éclairs et les tonnerres n'ébranlent ni leurs couronnes sur leurs têtes, ni leurs coeurs au dedans d'eux. Tout est paix pour eux! Quel témoignage précieux de la place qui nous appartient! Veuille le Seigneur que nous sachions la prendre et élever nos coeurs à la hauteur des pensées de Dieu à notre égard. Que ses voies envers nous apparaissent merveilleuses, quand nous pensons à la paix parfaite dont la grâce nous a appelés à jouir, même en présence des signes du jugement de Dieu, et à la puissance rédemptrice qui nous a rendus capables de nous tenir dans une semblable position! En second lieu, quand Dieu apparaît dans sa majesté, sa présence ne produit pas de crainte. Les saints célestes sont là dans sa sainteté, placés dans la lumière, non pas en esprit seulement, mais de fait. Ils sont rendus «participants de sa sainteté», et quand ils entendent les quatre animaux qui ne cessent ni jour ni nuit, disant: «Saint, saint, saint, Seigneur Dieu Tout-Puissant», l'adoration et non la crainte s'élève de leurs coeurs. Et quand les animaux rendent «gloire et honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône», ils ne restent pas assis sur leurs trônes, mais ils tombent sur leurs faces devant «Celui qui est assis sur le trône, et se prosternent devant Celui qui vit aux siècles des siècles» (versets 9, 10). Ils sont si remplis du sentiment de la gloire de Celui qui est assis sur le trône, qu'ils abandonnent leur position de gloire personnelle, et qu'ils n'en usent que pour célébrer cette gloire qu'ils ont à reconnaître.

Les saints dans la gloire sont heureux qu'il y ait quelque chose qui soit au-dessus d'eux; ils pourront se dépouiller de la gloire, afin que le Seigneur l'ait tout entière. Quel contraste entre cette scène et l'esprit d'incrédulité dans le coeur qui se glorifie lui-même! L'orgueil du coeur naturel ne peut pas supporter qu'il y ait quelque chose qui soit plus élevé que lui; mais les saints dans la gloire se réjouissent de ce que Christ ait toute la gloire. Ils peuvent trouver leur joie dans le caractère et l'exaltation de Dieu, ils se réjouissent de la manifestation de sa gloire, et de sa gloire intrinsèque: «Tu es digne, Seigneur» (verset 11). Quel sentiment de la louange, qui appartient à Dieu! Quelque faibles et infirmes que soient les saints, c'est ce sentiment-là qui est, pour ainsi dire, le premier instinct de leur vie! Tel était le brigand sur la croix: il avait discerné le vrai caractère de Dieu. «Celui-ci, dit-il, n'a rien fait qui ne se dût faire» (Luc 23); et ayant reconnu ainsi la gloire de Dieu, il sentit le besoin de la partager, et Jésus lui répondit: «En vérité, je te dis, qu'aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis». Au lieu de vouloir accabler Celui que Dieu allait élever, il y avait de la joie dans le coeur du pauvre brigand, à la pensée de trouver quelque chose qui fût au-dessus de lui: tel était le premier mouvement de la vie en lui. N'aurons-nous pas de la joie à voir la gloire de Christ, et l'excellence du ciel? Ne serons-nous pas heureux de voir un Paul, un Pierre, dans une place plus élevée que nous? Tel est l'esprit du ciel; ici-bas, l'homme mettrait volontiers Dieu sous ses pieds, si Dieu s'opposait à la tendance naturelle de son coeur mauvais. La célébration de la puissance de Dieu produit le culte et l'adoration: «Les vingt-quatre anciens jettent leurs couronnes devant le trône, disant: Tu es digne, Seigneur…».

Une autre remarque à faire ici, c'est que, à cet esprit d'adoration, est liée une vraie intelligence de ce qui la produit. «Tu es digne, Seigneur, car tu as créé…» C'est ainsi que, dans le chapitre 2 de l'épître aux Hébreux, nous lisons: «Il était convenable pour Lui…». Quelle chose extraordinaire que d'être capable de dire qu'il était convenable pour Dieu de traiter son Fils ainsi. On sent que les choses qui sont convenables pour Dieu sont familières à celui qui vient de parler si puissamment de la gloire de Christ. Nous l'entendons plus loin encore une fois, disant: «Un tel souverain sacrificateur était convenable pour nous» (Hébreux 7: 26): nous faisons partie d'un peuple céleste en connexion avec Lui qui a été élevé plus haut que les cieux, et nous avons besoin d'avoir là un sacrificateur pour nous. Une âme dépouillée d'elle-même commence à comprendre et à aimer la gloire de Dieu; elle n'est pas molle et indifférente, mais elle a la connaissance et l'intelligence, et c'est là la vie. Nous retrouvons cette intelligence dans le chapitre suivant: «Tu es digne…, car tu as été immolé et tu nous as achetés pour Dieu par ton sang».

Comme cet anéantissement complet du coeur devant Dieu, et cette bienheureuse intelligence des caractères de Dieu, délivrent l'homme le plus pauvre et le plus vil de ce monde des misérables oripeaux de sa corruption. L'égoïsme de l'homme l'enfermerait dans l'étroitesse de son esprit, au lieu de l'élever jusqu'à Dieu.

Ne sommes-nous pas heureux d'avoir des couronnes à déposer aux pieds du Seigneur? «C'est à cause de ta volonté qu'elles existent et qu'elles furent créées!». Le bon plaisir de Dieu et la volonté de Dieu sont la source de toutes choses. Si nous avons pris la position qui nous convient devant Dieu, nous serons soumis à sa volonté; si nous sommes loin de lui, nous n'aimerons pas que son bon plaisir s'accomplisse: cependant ce bon plaisir de sa volonté est la seule source de bénédiction. Puissions-nous connaître Dieu ainsi, et nous pouvons dire que, en Jésus et par Jésus, nous connaissons son amour, et par le bon plaisir de sa volonté, nous avons été faits ses enfants (comparez Ephésiens 1: 5). Quand le Seigneur Jésus naquit, il devint le lien entre Dieu et de pauvres pécheurs, car il était le don de l'amour de Dieu dans sa «bonne volonté envers les hommes:» en Lui, mort et ressuscité, nous sommes, par l'Esprit, amenés à Dieu. Que Dieu nous donne d'apprécier dignement Jésus! Si Lui demeure dans nos coeurs, tout sera simple; tout sera paix, tout sera amour.