Méditations sur la seconde venue de Christ (Darby J.N.)
publiées sur les années 1864 & 1865

 

CONTENU

1. Notes d'une méditation sur 1 Thessaloniciens 1. 1

2.  Méditation sur Ephésiens 1 (*) 8

3.  Méditation sur Apocalypse 12. 20

4.  Méditation sur Romains 11. 33

5.  Méditation sur Matthieu 13. 40

6.  Méditation sur Daniel 2: 19, jusqu'à la fin. 54

7.  Méditation sur Daniel 7. 59

 

1. Notes d'une méditation sur 1 Thessaloniciens 1

Le sujet sur lequel je voudrais attirer votre attention, est la venue de Christ considérée comme l'espérance propre de l'Eglise, et je voudrais vous montrer qu'elle lui est toujours présentée comme telle, par l'Esprit de Dieu. Quand une fois il est établi comme fondement, que sa première venue est celle qui apporte la paix et le salut — même, avant cela, comme moyen d'éveiller la conscience — la seule chose qu'il était recommandé aux saints d'attendre et de désirer était la venue du Seigneur. Il est évident que la première chose que l'âme ait besoin de savoir, c'est la raison de son salut. Quand une fois elle est connue, le Seigneur Lui-même devient précieux au croyant, et nous verrons que, tant que l'Eglise fut en bon état, le coeur des saints était lié à Lui et attendait sa venue. Maintenant aussi nos coeurs devraient comprendre, comme nous voyons par les Ecritures que c'était le cas alors, que la venue de Christ n'est point quelque spéculation étonnante, ou l'idée exaltée de quelques-uns, mais qu'elle est, au contraire, présentée à l'Eglise comme une vérité élémentaire et fondamentale, qu'elle formait jadis une partie des habitudes et des sentiments des saints et se mêlait à chacune de leurs pensées. — Elle était, et est encore, la pierre centrale de tout ce qui soutient le coeur dans ce lien solitaire (en tant que nous y regardons en traversant le désert); et avec un coeur plein d'amour pour Dieu et un désir ardent de voir Christ, nous pouvons apprécier cette prière de l'Apôtre pour nous: «Or le Seigneur veuille diriger vos coeurs à l'amour de Dieu et à la patience du Christ». Nous n'avons pas longtemps à attendre, et il vaut la peine d'être patients! — Nous verrons aussi que les enseignements de l'Ecriture, à propos de la seconde venue de Christ, jettent une merveilleuse lumière sur la valeur de sa première venue. Car sa seconde venue pour les saints doit les consommer quant à leurs corps, et les amener ainsi dans le plein résultat de l'oeuvre du salut — cette oeuvre de vie que Christ a déjà fait comprendre à leurs âmes et qui est fondée sur le droit à la parfaite justice qu'Il leur a acquis sur la croix. Il vient pour les prendre à Lui, afin que là où Il est, ils y soient aussi, pour transformer leurs corps vils et les rendre conformes à son corps glorieux. Pour les saints, la résurrection est une résurrection de vie et non de jugement. C'est une élévation dans la gloire, par le pouvoir du Seigneur, pour ceux qui sont déjà vivifiés et justifiés. Quand des personnes, des chrétiens même, attendent un jugement et disent comme Marthe: «Je sais qu'il ressuscitera en la résurrection au dernier jour…» elles oublient le jugement des vivants; ce dont elles parlent est le jugement de ce monde, — qui les surprend mangeant et buvant, en sorte qu'il leur survient une soudaine destruction, comme le travail à une femme qui est enceinte, et qu'ils n'échapperont point. Voilà ce que l'homme n'aime pas, il remet le jugement de Dieu à une époque vague et indéterminée, où il espère que tout ira bien, il pense qu'alors seulement son sort final sera décidé et il espère que ce sera pour son bonheur. Sans doute il y a un jugement, mais toutes les pensées de l'homme là-dessus sont erronées. Tout est décidé dès maintenant. Celui qui croit n'est pas jugé, et celui qui ne croit pas est déjà jugé. Si nous croyons les Ecritures, tout est aussi simple que possible: La première venue de Christ pour faire la volonté de son Père, a été si parfaite dans son efficacité, que ceux qui appartiennent à cette première venue, qui ont part à son efficacité par la foi, sont justifiés, purifiés, pardonnés en vertu de cette venue, et quand Il viendra une seconde fois, ce sera pour les introduire dans la gloire. Du moment que je comprends cette vérité, qu'Il vient pour prendre les croyants à Lui, du moment que je vois qu'Il vient une seconde fois pour nous placer dans la gloire, pour nous changer à sa propre ressemblance et nous avoir avec Lui, cela change tout pour moi, bien loin d'être une chose de peu d'importance. Je crois que la mort est l'événement le plus heureux qui puisse arriver au fidèle, mais ce n'est pas là ce que j'attends. J'attends de le voir, Lui. Il peut venir demain, aujourd'hui, maintenant. Ne pensez-vous pas que cela changerait tous vos plans? Si vous croyiez qu'Il va venir, cela n'apporterait-il pas une grande différence dans vos pensées? Vous savez qu'il en serait ainsi! Supposez qu'une femme attende le retour de son mari qui est en voyage, ne ferait-elle pas des efforts pour que tout soit bien en ordre?

Une autre chose que j'ai trouvée particulièrement bénie, c'est que cette attente nous lie si étroitement à Christ, que ma pensée n'est plus seulement d'aller au ciel et d'y être heureux. Sans doute nous y serons parfaitement heureux. — Sa divine présence répandra autour de nous une bénédiction réelle et infinie. Mais je pense aussi, qu'il va venir Quelqu'un que je connais, qui m'aime, qui s'est donné Lui-même pour moi et que j'ai appris à aimer! Je serai avec Lui pour toujours. Ainsi Christ devient personnellement plus en vue, Il devient plus particulièrement l'objet de nos pensées. Rien n'est plus puissant que cela. Rien n'est plus puissant que l'Ecriture pour toutes choses. Elle agit sur l'âme avec le pouvoir de la lumière divine — elle révèle Christ, place le jugement du coeur en sa présence. Elle juge chacune des pensées du coeur et montre ce qu'elles sont en vérité.

Il y a trois positions dans lesquelles Christ nous est présenté dans les Ecritures:

1.    Sur la croix à sa première venue;

2.    Assis à la droite de Dieu;

3.    Venant une seconde fois.

Dans la première, il a posé le fondement de ce que nous possédons en Lui. Ce fondement est la croix, et maintenant qu'Il est assis à la droite de Dieu, Il nous a envoyé le Saint Esprit, le Consolateur, pendant que nous attendons son retour, lequel donne à ceux, dans lesquels Il demeure, une pleine certitude de foi quant à l'efficacité de l'oeuvre de Christ et de leur propre rédemption; l'amour de Dieu et leur propre adoption les amenant ainsi à désirer ardemment sa seconde venue.

Ayant ainsi donné une idée de la place que la seconde venue de Christ occupe dans les Ecritures, je citerai quelques passages de différentes portions de la Parole, sans entrer maintenant dans beaucoup d'explications, pour montrer que cette venue est la grande vérité de l'espérance scripturaire, et que toutes les pensées, les espérances, tous les sentiments et les intérêts des enfants de Dieu sont étroitement liés à cette vérité. Que non seulement cette idée n'est pas fausse, mais qu'elle n'est même ni rare, ni étrange, — qu'elle fait partie, au contraire, de toute la structure du Christianisme.

1 Thessaloniciens 1: 9, 10: «Car eux-mêmes racontent de nous quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous avez été convertis des idoles à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai; et pour attendre des cieux son Fils, Jésus, qu'il a ressuscité des morts, et qui nous délivre de la colère à venir». Ici, nous voyons que le monde parlait de cette attente des chrétiens, tant cette attente était sûre et tant était grande l'influence qu'elle exerçait sur leur conduite. Eux — les disciples — attendaient le Fils de Dieu du ciel, et cette attente formait une partie de ce à quoi les païens étaient convertis; une attente actuelle et si vive du Fils de Dieu venant du ciel, que le monde lui-même s'en apercevait.

1 Thessaloniciens 3: 18, 19: «Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire?». Qu'il est beau de voir ici l'affection de Paul pour les saints! mais quel était le moment que son coeur attendait, comme celui où toutes ses affections seraient satisfaites? La venue de Christ. De même, quant à ce qui regarde la sainteté, nous voyons au chapitre 3: 12, 13: «Et le Seigneur vous fasse croître et abonder de plus en plus en amour les uns envers les autres et envers tous, comme nous abondons aussi en amour envers vous; pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père, à la venue de notre Seigneur Jésus Christ, avec tous ses saints». — La venue de Christ, sa venue avec tous ses saints était si présente à son esprit, qu'il pense à l'état de perfection dans lequel les Thessaloniciens devaient être trouvés à ce moment là, comme à ce que son coeur désirait surtout pour eux.

Et dans le chapitre 4: 13-18: «Or, frères, nous ne voulons pas que vous soyez dans l'ignorance à l'égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez point attristés comme les autres qui n'ont pas d'espérance. Car si nous croyons que Jésus mourut, et qu'Il est ressuscité; de même aussi ceux qui dorment en Jésus, Dieu les amènera avec Lui. Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur: que nous, les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur Lui-même, avec un cri de commandement, et une voix d'archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel; et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous, les vivants, qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées, à la rencontre du Seigneur en l'air; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l'un l'autre par ces paroles». Nous voyons que, bien loin que la venue du Seigneur fût alors une doctrine étrange, Paul, tout en n'ayant pas l'idée que les chrétiens pussent mourir sans aller au ciel, ne leur présente pourtant point cette pensée comme sujet de consolation, mais bien celle qu'ils reviendraient avec Jésus. La mort ne pouvait pas les priver de cela — Dieu voulait les avoir avec Lui. Remarquez d'abord, chers amis, cette pleine assurance au sujet des saints vivants comme de ceux qui sont morts. Comment peut-on continuer à dire qu'il est impossible de rien savoir à cet endroit, de ce côté-ci du tombeau. L'Apôtre parle de ce qui se passe des deux côtés.

La première venue de Christ a si bien accompli l'oeuvre de la rédemption et de l'abolition du péché, que sa seconde venue n'est plus, pour les saints vivants, comme pour ceux qui sont morts, que gloire et réunion avec Lui. Voyez combien cette venue du Seigneur était alors présente à l'esprit des saints. Si j'allais consoler les amis d'un fidèle qui vient de mourir, en leur disant que Dieu l'amènera avec Jésus quand Celui-ci reviendra, que penseraient-ils de moi? Que je suis fou! Et pourtant telle est la consolation que Paul donne aux Thessaloniciens — il ne leur en donne aucune autre, quoiqu'il enseigne clairement ailleurs, que l'âme d'un saint va au ciel quand il meurt. — Ces exemples montrent combien la venue du Seigneur se mêlait à chaque pensée, à chaque sentiment du christianisme alors; — de même aussi ce souhait de l'Apôtre pour les chrétiens, au chapitre 5: 23: «Or, le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement; et que votre esprit, et l'âme, et le corps, soient conservés absolument sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ». Mais le monde rejette cette doctrine, l'église se mondanise et n'y attache plus de valeur; il n'en était pas ainsi pour les premiers disciples — leurs coeurs étaient attachés à leur Maître, ils désiraient de Le voir, de devenir semblables à Lui. L'attitude constante de leurs âmes était d'attendre du ciel le Fils de Dieu.

J'ai parcouru avec vous ces passages, non seulement pour prouver que la doctrine est scripturaire, mais encore pour vous montrer comme elle se lie à toute la vie du chrétien. Nous retournerons en arrière maintenant, pour examiner le témoignage constant que rend l'Ecriture à la vérité de cette doctrine, et les différents points de vue sous lesquels elle nous la présente.

D'abord, au chapitre 24 de Matthieu 30, 31: «Et alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel. Alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec une grande puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges avec un grand son de trompette: et ils assembleront ses élus, des quatre vents, depuis l'un des bouts du ciel jusqu'à l'autre bout».

Lorsque les disciples lui demandent quand ces choses arriveront, Il leur dit de veiller, et au verset 44: «C'est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts; car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas». Mais le Seigneur va plus loin dans les paraboles suivantes qui s'appliquent aux chrétiens. Le caractère du mauvais serviteur ici donné, consiste en ce qu'il dit dans son coeur: «Mon maître tarde à venir», et c'est pourquoi il se met à manger et à boire avec les ivrognes. Ils perdent de vue l'attente de l'Eglise, et tombent bien bas dans le pouvoir hiérarchique et dans le monde, dans les plaisirs et le confort. Mais l'époux tardait à venir, et l'église perdit l'attente constante de Christ et les fruits bénis que cette attente produit dans les âmes.

Matthieu 25: 1: «Alors le royaume de Dieu sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l'époux». Voilà l'essence de la vocation de l'église. — Ils sortirent, mais comme l'époux tardait à venir, ils s'endormirent tous, les saints aussi bien que les professants, sans exception; ils perdirent tous le sentiment de ce pourquoi ils étaient sortis et cessèrent de veiller. Et qu'est-ce qui vint les arracher à l'état de sommeil dans lequel ils étaient tombés? Verset 6: «Or au milieu de la nuit il se fit un cri: Voici, l'époux vient, sortez à sa rencontre». Ils durent être appelés encore une fois à sortir; ils étaient rentrés dans le monde, ils avaient cherché une place où ils pussent dormir plus commodément; c'est précisément là que se trouve maintenant l'église professante, mangeant et buvant avec les ivrognes, et ce cri, je le crois, se fait de nouveau entendre: «Voici, l'époux vient!».

Ce qui fit que l'église perdit le sentiment du fait pour lequel elle avait été appelée à sortir, c'est qu'elle dit précisément ce que le monde, ce que les chrétiens même disent maintenant: «Le Seigneur tarde à venir». Ils ne disent pas qu'Il ne viendra pas, mais qu'Il tarde à venir: nous n'avons donc pas à l'attendre.

Je laisserai de côté l'Evangile de Marc, non qu'il n'y ait là aussi plusieurs passages importants, mais parce que, en général, ces passages sont les mêmes que ceux de Matthieu. Nous passerons donc au chapitre 12 de Luc 35-38: «Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées; et vous-mêmes, soyez semblables à des serviteurs qui attendent leur Seigneur, quand il s'en reviendra des noces, afin que quand il viendra, et qu'il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt. Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu'il se ceindra et les fera mettre à table, et s'avançant, il les servira. Et s'il vient à la seconde veille, et s'il vient à la troisième, et qu'il les trouve ainsi, bienheureux sont ces esclaves-là». Remarquez ici que l'attente de la venue de Christ, est ce qui caractérise le chrétien, d'après la pensée de Christ. Les hommes parlent de la mort, mais la mort n'est pas «mon Seigneur».

Nous trouvons la même vérité présentée avec force aux hommes, au chapitre 17: 22-37, où l'exhortation est relative non pas au péché, mais à cette mauvaise pensée: que le monde pourrait ne jamais finir. Aussitôt que Noé fut entré dans l'arche, le déluge vint et les fit tous périr. Aussitôt que l'Eglise sera enlevée, Satan ayant rempli de mensonges le coeur des hommes, le jugement aura lieu. Et comme dans les jours de Noé et de Lot, ils mangeaient, ils buvaient, ils achetaient, ils vendaient, ils plantaient et bâtissaient, ils en sera de même au jour où le Fils de l'homme sera révélé. Remarquez ici qu'il est impossible d'appliquer cela au grand trône blanc. — Quand le Seigneur siégera sur le grand trône blanc, les cieux et la terre auront passé; il y a une destruction totale de toutes choses, les hommes ne pourront donc pas alors manger et boire, planter et bâtir.

Voyez maintenant au chapitre 21: 26-36. On applique généralement à la destruction de Jérusalem ce qui est dit au verset 21 de ce chapitre: «Alors que ceux qui sont en Judée s'enfuient aux montagnes; et que ceux qui sont au milieu de Jérusalem s'en retirent; et que ceux qui sont aux champs n'entrent pas en elle». Mais, après cela, Jérusalem est foulée par les Gentils, jusqu'à ce que les temps des Gentils soient accomplis (le temps qui s'écoule maintenant jusqu'au moment où l'iniquité de la dernière bête sera à son comble), puis viennent les signes, et le Fils de l'homme est révélé.

Jean 14: 1-3: «Que votre coeur ne soit pas troublé; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père: s'il en était autrement, je vous l'eusse dit; je vais vous préparer une place. Et quand je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi». Telle est la promesse qui nous est laissée, la consolation que Jésus donne à ses disciples au moment de les quitter: Il reviendra pour les prendre à Lui.

Actes des Apôtres 1: 9-11. «Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu'il s'en allait, voici, deux hommes en vêtements blancs se tinrent là à côté d'eux, qui aussi dirent: Hommes Galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel? Ce Jésus, qui a été élevé d'avec vous dans le ciel, viendra de la môme manière que vous l'avez vu s'en allant air ciel». Ceci aussi, quoique ce soit Christ venant dans les nuées, n'est pas le grand trône blanc, — mais ce qui est frappant ici, c'est qu'ils perdent Christ; et quelle est la parole que leur adressent les anges: «Pourquoi regardez-vous vers le ciel? — Il en reviendra de la même manière». Ce que les anges leur présentent pour les consoler, au moment où Jésus les quitte, c'est qu'Il reviendra et ce que l'Ecriture présente aux cœurs des saints pour les consoler et les fortifier, c'est qu'Il va revenir.

Ce qui est réservé aux hommes, c'est de mourir une fois, et après cela d'être jugés. Voilà le sort de la semence du premier Adam — mais comme c'est là le partage de l'homme, ainsi Christ a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs; et à ceux qui l'attendent, Il apparaîtra une seconde fois sans péché et pour le salut (Hébreux 9: 27, 28), et Christ attend seulement que la plénitude des Gentils soit entrée.

Nous ne devons pas même tous mourir. —«Nous ne mourrons pas tous» (1 Corinthiens 15: 51; Romains 11: 25): «Car, je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux, c'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël, jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée». Quand l'Eglise est complètement formée, que son dernier membre y est introduit, quand la plénitude des Gentils est entrée, alors Israël sera sauvé comme nation, et le Libérateur viendra de Sion. Christ apparaîtra pour leur délivrance.

Voyez encore 1 Corinthiens 1: 6, 7: «Selon que le témoignage du Christ a été confirmé au milieu de vous, — de sorte que vous ne manquez d'aucun don, pendant que vous attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ».

Toutes les promesses des prophètes seront accomplies à cette venue. Voyez Actes des Apôtres 3: 19-21: «Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés: en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la présence du Seigneur, et qu'il envoie Jésus Christ qui vous a été préordonné; et lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu'aux temps du rétablissement de toutes les choses dont Dieu a parlé de tout temps par la bouche de ses saints prophètes». — Christ leur avait été prêché auparavant, mais c'est le même Jésus dont on leur avait parlé; nous ne pouvons pas appliquer cela au Saint Esprit, puisque, c'est le Saint Esprit, alors descendu du ciel, qui parlait par la bouche de Pierre et déclarait qu'Il viendrait, Celui que les cieux avaient reçu. Au chapitre 17: 30, 31, l'apôtre témoigne que «Dieu, passant par-dessus les temps de l'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu'ils se repentent; parce qu'il a établi un jour, auquel il doit juger, en justice, le monde habitable, par l'homme qu'il a destiné pour cela; de quoi il a donné une preuve certaine à tous, en l'ayant ressuscité d'entre les morts».

La résurrection distincte des saints aura lieu à sa venue. 1 Corinthiens 15: 23: «Mais chacun dans son propre rang, Christ, les prémices, puis ceux qui sont de Christ à sa venue».

Les épîtres aux Ephésiens et aux Galates sont les seuls livres du Nouveau Testament, dans lesquels vous ne trouviez rien sur la venue du Seigneur. Les Galates s'étaient éloignés du fondement de la foi, l'absolue justification par la foi en Christ et Paul était obligé de revenir avec eux aux premiers principes de la justification.

L'Epître aux Ephésiens est à l'extrême opposé: là vous voyez l'Eglise en Christ dans le ciel — il ne peut donc pas être question de la venue de Christ pour la prendre à Lui, puisqu'elle est envisagée comme déjà unie à Lui là-haut. Mais nous voyons qu'il en est constamment parlé dans les autres épîtres. C'est un sujet présenté continuellement aux Chrétiens pour produire un effet pratique et immédiat.

Philippiens 3: 19-21: «Desquels la fin est la perdition, le dieu desquels est leur ventre, et desquels la gloire est dans leur honte, lesquels ont leurs pensées aux choses terrestres. Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur; qui transformera le corps de notre abaissement, afin qu'il soit rendu conforme au corps de sa gloire, selon l'opération de cette puissance par laquelle il peut même s'assujettir toutes choses».

Colossiens 3: 1-4: «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec Lui en gloire».

C'est le sujet principal des deux épîtres aux Thessaloniciens. Dans la première, sauf l'exhortation du chapitre 5, c'est la bénédiction que cette venue apportera aux saints. Dans la seconde épître, c'est le caractère judiciaire, quoique la gloire des saints y soit comprise aussi, car quand Il exécutera le jugement sur les vivants, nous paraîtrons avec Lui en gloire.

1 Timothée 6: 14: «…De garder ce commandement, sans tache et irrépréhensible, jusqu'à l'apparition de notre Seigneur Jésus Christ». L'apôtre exhorte Timothée à continuer à être fidèle et diligent, en attendant l'apparition. Si la parole de Dieu veut parler de joie aux saints, elle leur parle de la venue de Christ. Si elle parle de responsabilité au monde ou aux saints, c'est encore et toujours la venue de Christ qui est présentée. Pourquoi aurait-il été dit à Timothée de garder les commandements jusqu'à la venue de notre Seigneur, si cette attente n'était pas une chose actuelle et pratique? — et alors quelle influence puissante cette attente exerce sur la conscience: ce n'est pas le mobile le plus élevé, mais c'en est un dont nous avons tous besoin. Et si, par Sa grâce, le Seigneur à retardé sa venue, ne voulant pas qu'aucun périsse, ceux qui ont marché dans cette attente, n'auront pas perdu le fruit de leur fidélité — elle trouvera sa récompense en ce jour-là.

2 Timothée 4: 8: «Désormais, m'est réservée la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me rendra dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition». «Qui aiment». Aimez-vous, pouvez-vous aimer ce qui mettra un terme à tout ce qui est agréable dans ce monde? Ce grand fait sollicite le coeur. Comme cela montre un esprit totalement opposé à celui du monde!

Hébreux 2: 5, 6: «Car ce n'est pas aux anges qu'il a assujetti le monde habitable à venir, duquel nous parlons; mais quelqu'un a rendu ce témoignage quelque part, disant: Qu'est-ce que l'homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l'homme que tu le visites?». Christ est maintenant à la droite de Dieu, jusqu'à ce que Dieu mette toutes choses sous ses pieds.

Chapitre 9: 24: «Car le Christ n'est pas entré dans les lieux saints faits de mains, copies des vrais; mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu». Il y eut un temps d'épreuve avant que l'homme fût chassé du paradis; depuis lors l'homme a été éprouvé de toute manière pour le ramener à Dieu: la loi, les prophètes, l'envoi du Fils de Dieu, tout a été vain jusqu'à la mort de Christ! — Ce que l'homme découvre maintenant, c'est qu'il est perdu; mais que, alors que le péché de l'homme était à son comble, l'oeuvre de Dieu commença, et qu'il y a rédemption par la croix sur laquelle l'homme crucifia le Seigneur. Le péché était à son comble alors, mais Il est apparu pour abolir le péché par le sacrifice de Lui-même. Cette oeuvre est complète, et ceux qui, par grâce, croient et y ont part, attendent ce même Sauveur qui viendra pour leur délivrance finale.

Jacques 1: 8: «Vous donc aussi, usez de patience; affermissez vos coeurs, car la venue du Seigneur est proche». Ici encore, nous voyons qu'elle est présentée comme un motif actuel de patience, comme devant être attendue dans la vie de chaque jour, pour soutenir l'âme dans la patience; mais aussi, comme ce qui doit changer complètement l'état du monde.

Dans la première épître de Pierre, nous avons un témoignage remarquable de l'ordre des voies de Dieu à cet égard: D'abord les prophètes, qui apprenaient, en étudiant leurs propres prophéties, que ce dont ils rendaient témoignage ne devait pas être accompli de leur temps, ensuite l'Evangile, mais qui n'était pas l'accomplissement. Là, les choses sont annoncées par l'Esprit Saint envoyé du ciel. Il est recommandé aux saints d'être sobres et d'espérer parfaitement dans la grâce qui leur sera apportée à la révélation de Jésus Christ, que nous aimons, quoique ne l'ayant pas vu. Le moment où les saints reçoivent ce qui leur est promis, c'est celui de la révélation de Christ (1 Pierre 1: 10-13).

Dans la seconde épître de Pierre, vous pouvez remarquer, qu'il regarde le mépris de cette promesse, le doute à cet égard, — parce que le monde continue à être ce qu'il a été, — comme ce qui caractérise les moqueurs des derniers temps.

Dans la première épître de Jean, elle est mentionnée au chapitre 2: 28, comme sujet d'exhortation pour la conscience; — mais dans le troisième chapitre 1-3, elle est présentée au coeur et pour la marche des saints: «Nous sommes maintenant enfants de Dieu,- ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que quand Il sera manifesté, nous Lui serons semblables, car nous Le verrons, tel qu'Il est: et quiconque a cette espérance en Lui, se purifie comme Lui est pur». Notre espérance bénie et assurée est d'être semblables à Christ Lui-même. Nous le serons quand Il apparaîtra. L'effet présent de cette espérance spéciale — est que le saint se purifie comme Lui est pur, cherche à être, autant que possible, semblable à Lui, dès maintenant déjà; il fait, de sa part avec Lui à son apparition, le grand motif et la règle de sa marche.

Jude 14, 15: «Or Enoch aussi, le septième homme après Adam, a prophétisé de ceux-ci, en disant: «Voici, le Seigneur vient avec ses saintes myriades». L'épître est frappante en ce qu'elle montre le déclin de l'église, dans laquelle de faux frères se glissaient subrepticement, — ce qui indiquait l'état de l'église professante dans les derniers jours — et l'objet du jugement du Seigneur quand Il apparaîtrait.

Tout le livre de l'Apocalypse a rapport à cela; c'est un récit des jugements préparatoires de Dieu, jusqu'au chapitre 19, où le Seigneur sort pour exécuter le jugement. Il a accompli l'oeuvre du salut et Il est assis à la droite de Dieu, puis Il vient pour rétablir toutes choses. C'est ce qui donne une si grande importance à sa venue, à côté de la juste manifestation de sa propre gloire de Fils éternel de Dieu, comme homme, centre de toutes choses. — C'est là ce qui seul complète les conseils et les plans de Dieu. La gloire est fondée sur Sa première venue. Cette première venue, moralement parlant, surpasse toute gloire. C'est la parfaite manifestation de ce que Dieu est, quand le péché est entré, mais ce n'est qu'à Sa seconde venue, que le résultat actuel sera manifesté. Il vient pour prendre à Lui l'Eglise, le témoin de sa souveraine grâce, pour ordonner et s'assujettir le monde en puissance et en faire son royaume béni, et pour déployer ainsi le gouvernement de Dieu. Rien de tout cela ne peut avoir lieu jusqu'à ce qu'Il vienne. Nous jouissons de la pleine révélation de Celui, duquel découle toute bénédiction, et nous en jouissons ici-bas dans une nature qui y est appropriée et qui en procède, mais nous en attendons les résultats pour nous-mêmes et pour le monde qui est sous la servitude de la corruption. Nous aimons son apparition. En est-il ainsi de vous? Etes-vous liés au monde qu'Il détruira quand Il viendra, ou à Celui, qui apporte la plénitude de la bénédiction, quoique avec le jugement sur ce qui l'empêchait? S'Il venait maintenant, serait-ce pour vous la joie et le bonheur que vous attendriez, ou cette idée alarme-t-elle et éprouve-t-elle vos coeurs?

Que le Seigneur vous donne de répondre à cette question devant Lui. J'ai cherché à vous montrer, ce soir, que cette venue de Christ est le sujet constant des Ecritures, et qu'elle entrait, comme attente actuelle, dans tout l'ensemble des pensées habituelles de ceux qui étaient enseignés par les Apôtres, par l'Esprit de Dieu Lui-même; — que la perte de cette espérance est le signe du déclin de l'Eglise et de sa chute dans la mondanité et dans le monde. Je laisse à l'Esprit de Dieu d'appliquer cet enseignement divin à toutes nos consciences. Pour attendre véritablement Christ, nous devons avoir la conscience purifiée par Sa première venue et le coeur fixé sur «Celui qui vient!».

2.  Méditation sur Ephésiens 1 (*)

 (*) Ces méditations sur la seconde venue de Christ ont été prêchées par J.N. Darby à Toronto (Canada), en mars, avril et mai 1863. Elles ont été publiées en anglais, d'après des notes prises par un auditeur. Nous avons donné une traduction de la première, dans notre No 17, ci-dessus page 321 [voir paragraphe précédent]. Voici la seconde qui, si le Seigneur nous l'accorde, sera suivie de temps en temps des suivantes. Il y en a sept en tout.

J'ai fait remarquer, mercredi soir, que les deux seules épîtres, dans lesquelles la seconde venue du Seigneur n'est pas mentionnée, sont celle aux Galates et celle aux Ephésiens; il paraîtra donc étrange que j'aie choisi aujourd'hui le chapitre que nous venons de lire; je l'ai fait parce qu'il contient une vue générale de tout le conseil et du plan de Dieu qui seront accomplis à la seconde venue de notre Seigneur; j'aurai encore recours à d'autres passages dans le même but, désirant prouver, par l'Ecriture, tout ce que j'énonce. Ce chapitre ne parle point de la venue même de Christ, mais du but de Dieu qui trouvera alors son accomplissement: il indique aussi la manière dont l'Eglise de Dieu (les vrais chrétiens amenés à Christ par le Saint Esprit descendu du ciel) aura part à la venue du Seigneur, et quelle est la place de cette Eglise dans le grand plan de Dieu, qui a nécessairement pour centre l'exaltation du Fils, «le resplendissement de la gloire de Dieu». Il a été abaissé afin d'être élevé. Voici, bien-aimés, la manière dont Dieu a agi envers nous: Il nous a amenés à Lui parfaitement, ayant égard à toute la valeur de l'oeuvre de Christ; en faisant cela, Il nous a donné une place avec Christ et nous a rendus semblables à Lui; puis, nous ayant ainsi rapprochés de soi, Il nous découvre tous ses plans. Nous sommes non seulement sauvés, mais encore nous sommes les enfants de Dieu: «Toutes choses sont à vous et vous êtes à Christ et Christ est à Dieu». Après nous avoir ainsi amenés à Lui, Dieu nous traite en amis; tel est en effet le nom qu'Il donne à Abraham et que Christ donne à ses disciples: «Cacherai-je à Abraham ce que je m'en vais faire?». Dieu ne dit pas seulement à Abraham qu'il a trouvé grâce devant Lui, Abraham le savait bien; Il ne lui annonce pas seulement les promesses qui lui appartiennent ainsi qu'à sa postérité; mais, preuve spéciale de son amitié, Dieu lui découvre aussi les choses qui concerne le monde. Si j'ai affaire à une personne de ma connaissance, qui m'est plus ou moins indifférente, je l'entretiens, en termes convenables, des choses qui nous occupent; mais à un ami, je lui ouvre mon coeur. C'est ainsi que Dieu agit avec ses enfants. Christ disait à ses disciples: «Je ne vous appelle plus esclaves, car l'esclave ne sait pas ce que son maître fait, mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai ouï de mon Père».

En abandonnant son attente de la venue de Christ, l'Eglise prouve d'une manière frappante, combien elle a oublié son identité avec Lui. Or d'où vient cet oubli, si ce n'est que les coeurs de tant de chrétiens ne se sont point pénétrés de la pensée que Dieu nous a tellement rapprochés de Lui, qu'Il nous considère comme de sa propre famille? «Fils et filles», telle est l'expression biblique; mais fils et filles adultes, ce qu'ils n'étaient pas sous la loi; c'est pourquoi il est dit: «Aussi longtemps que l'héritier est en bas âge, il ne diffère en rien d'un esclave, quoiqu'il soit seigneur de tout; mais quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans vos coeurs, criant: Abba, Père!». Et puisque vous avez l'Esprit, puisque vous avez l'onction du Saint, vous savez toutes choses, ayant la conscience d'être enfants de Dieu, enfants adultes qui possèdent la confiance du Père.

Le même Esprit, qui est l'Esprit d'adoption, nous révèle toutes les choses qui nous ont été données de Dieu, comme il est écrit: «Ce que l'oeil n'a pas vu, et que l'oreille n'a point ouï, et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment» (Esaïe 64: 4). On s'arrête ordinairement à ces paroles, tandis que l'apôtre continue et ajoute, afin de montrer la différence entre cette position et la nôtre: «mais Dieu nous l'a révélé par son Esprit, car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu; — or pour nous, nous avons reçu non pas l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données par Dieu». N'est-il pas surprenant que l'on cite ce passage, qui déclare que le coeur de l'homme n'a point conçu les choses préparées par Dieu pour ceux qui l'aiment, et qu'on omette la déclaration qui vient immédiatement après, et qui met en contraste la position des Chrétiens avec celle des Juifs, en disant que Dieu nous a révélé ces choses, par le moyen de son Esprit, pour nous les faire comprendre? Et quand le Seigneur nous a placés si près de Lui, qu'à nous, pauvres créatures que nous sommes, il nous confie en un certain sens la gloire même de Christ, en nous communiquant toutes ses pensées à l'égard de Christ, n'est-ce pas bien triste que nous disions: «Nous ne saurions prétendre à de telles choses?». C'est là non seulement de l'ingratitude, mais un grand mépris de l'amour que Dieu nous a témoigné. Qu'un enfant dise: «Je ne prétends pas à la confiance de mon père, je n'en ai aucun besoin, et je désire simplement lui obéir», je répondrais à cet enfant: «Malheureux, tu ignores entièrement la position d'un enfant!».

Ce que je viens de dire, l'apôtre en parle au commencement de ce chapitre; il parle de la place que nous occupons devant Dieu: «afin que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter à lui, par Jésus Christ selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, par son sang, la rémission des péchés».

Vous êtes placés devant Dieu, en justice et en sainteté: «saints et irréprochables devant Lui en amour». Ayant l'adoption, vous êtes introduits dans la position d'enfants, vous avez la rémission de vos péchés et vous êtes acceptés dans le Bien-aimé. Telle est désormais votre place; pour le chrétien, il n'y en a pas d'autre. Maintenant, dit le Seigneur, vous ayant mis à cette place, je vais vous dire quel est mon plan touchant la gloire de Christ et votre gloire avec Lui. L'apôtre dit: «laquelle (c'est-à-dire sa grâce) il a fait abonder envers nous en toute sagesse et intelligence; nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, lequel il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps». Dieu ne nous a pas seulement accordé ce salut, de sorte que nous savons maintenant quelle est notre relation avec Lui, mais, une fois dans cette relation, Il nous a encore découvert son plan: «de réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre, en lui». Remarquez comment nous sommes en rapport avec ce plan de Dieu: «en lui, en qui nous aussi nous avons été faits héritiers». Nous sommes héritiers, comme l'apôtre le dit aux Romains, «héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ». Dieu dit: Je m'en vais donner toutes choses à Christ, je m'en vais rassembler en un toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, en Lui; et vous êtes cohéritiers avec Lui. Telle est la manière dont ce chapitre nous présente la pensée et le plan de Dieu.

Considérons maintenant différents passages qui nous indiquent comment Dieu accomplira ses desseins et comment il nous prendra pour nous mettre en possession de l'héritage, car c'est là ce que nous attendons: nous n'attendons pas d'être faits héritiers, mais nous attendons l'héritage. Nous n'attendons pas de devenir enfants — nous sommes enfants de Dieu par la foi en Jésus Christ — mais nous attendons de posséder ce qui nous appartient comme enfants. Pauvres vases de terre que nous sommes ici-bas dans le désert, voilà ce que nous attendons! Il nous a donné «le Saint Esprit de la promesse qui est les arrhes de notre héritage jusqu'à la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire». La gloire de sa grâce, nous l'avons, c'est la rédemption; mais la gloire que nous n'avons pas encore, celle-là nous l'attendons. Voici l'ordre général de la prière de l'apôtre: notre appel, notre proximité de Dieu; notre héritage, c'est-à-dire, toutes les choses dont nous sommes héritiers avec Christ; ensuite la puissance qui nous fait participer à l'héritage; la même puissance qui a ressuscité Christ d'entre les morts, a ressuscité chaque croyant de son état de mort dans le péché pour le mettre avec Christ dans la même place que Lui. Enfin cette puissance les ayant réunis en un, l'apôtre nous montre la place à laquelle Christ a été élevé: «à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité et puissance et domination et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'église qui est son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous». Cela nous fait entrevoir quelque peu la manière dont Dieu accomplit son plan, et j'ai lu ce chapitre afin de montrer quel est ce plan de Dieu: «pour l'administration de la plénitude des temps, de réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre, en Lui», — sous Christ comme chef. Or quand Christ prendra cette place, comme homme, (il va sans dire qu'Il est, comme Dieu, au-dessus de toutes choses), nous prendrons avec Lui possession de l'héritage. Nous sommes cohéritiers: «en qui nous aussi nous avons été faits héritiers», et dans l'épître aux Romains: «si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ». Voilà un fait que beaucoup de chrétiens perdent malheureusement de vue, n'ayant plus la conscience de la manière dont ils ont été mis par Dieu dans la même position que Christ, devenu homme, afin de nous mettre dans la même position que Lui: «La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée». Si Christ est fils, nous le sommes aussi. Il est notre vie, notre justice et nous partageons sa gloire, fruit de la justice. Lorsqu'Il fut transfiguré, Moïse et Elie apparurent dans la même gloire que Lui, s'entretenant familièrement avec Lui. Nous devrions considérer que le Seigneur est descendu parmi nous dans l'humiliation et la pauvreté, afin que nos coeurs puissent se rapprocher de Lui assez pour comprendre tout cela.

Ayant maintenant connaissance du plan de Dieu, examinons quelques passages qui nous montreront comment Il l'exécute. Au Psaume 2, nous voyons de quelle manière le Seigneur fut premièrement présenté sur la terre pour avoir la domination terrestre et fut rejeté (les mêmes paroles sont citées dans le Nouveau Testament, mais sans parler de notre participation à l'héritage; nous verrons tout à l'heure comment ces deux faits se relient ensemble): «Pourquoi s'agitent en tumulte les nations, et les peuples méditent-ils une chose vaine? pourquoi se soulèvent les rois de la terre et les princes consultent-ils ensemble contre Jéhovah et contre son oint?». Ce passage est cité par Pierre en parlant de Hérode et de Pilate. «Celui qui siège dans les cieux s'en rira, le Seigneur se raillera d'eux», — c'est-à-dire que Christ Lui-même se raillera d'eux. «Alors il leur parlera dans sa colère et, dans son courroux, il les fera trembler! Cela n'est pas encore arrivé. «C'est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté», — en dépit du rejet des hommes. — «Je raconterai le décret; Jéhovah m'a dit: Tu es mon Fils, c'est moi qui t'ai engendré aujourd'hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage, et pour ta propriété les bouts de la terre; tu les briseras avec un sceptre de fer, tels qu'un vase de potier tu les mettras en pièces». Il va sans dire que ces jugements n'ont pas encore eu lieu. Maintenant, pour confirmer ce que j'ai dit plus haut, j'ouvre l'Apocalypse à la fin du chapitre 2, qui montre comment nous sommes unis à Christ. «Celui qui vaincra et qui gardera mes oeuvres jusqu'à la fin, je lui donnerai autorité sur les nations, et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vaisseaux d'un potier, selon que moi aussi j'ai reçu de mon Père». Je rappelle ce passage, afin de montrer que, même en ces choses, les saints sont unis à Christ, quoiqu'il y en ait de plus bénies pour eux. Il est dit ensuite: «Et je lui donnerai l'étoile du matin», Christ lui-même, autrement précieux que tout le reste. Cependant les saints sont associés à toute sa gloire: Il reçoit les nations pour héritage et les met en pièces; si vous êtes fidèles, vous les briserez aussi avec Lui. Il est singulier de voir combien l'église de Dieu a perdu le sentiment de ce qui la concerne, et j'ai recours à ces passages, afin de prouver que les saints sont associés à Christ, même dans les jugements. «Ne savez-vous pas, dit Paul aux Corinthiens, que les saints jugeront le monde?». Il leur demande si, en conséquence, ils ne sont pas dignes aussi de juger les affaires les plus petites, tels que des procès entr'eux. «Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges?». Il fallait leur dire cela, parce qu'ils avaient une fausse idée de la position, dans laquelle Christ a placé les saints, ne comprenant pas toute la portée de leur association avec Christ. J'ai parlé de l'association avec Christ dans le jugement, afin de confirmer ce que je disais, en général, touchant notre association avec Lui. Remarquez que le Psaume 2 parle de la venue et du rejet de Christ; Pierre le cite dans ce sens, et Paul aussi: «Tu es mon Fils, je t'ai aujourd'hui engendré». Christ rejeté se raille ici de toute l'agitation des nations; il est dit que le temps viendra où Il siégera dans Sion en dépit d'elles, et où les bouts de la terre Lui seront donnés en héritage. Tout cela néanmoins ne Le représente pas à la place qu'Il occupe dans le Nouveau Testament. Dans le Psaume, Christ se trouve simplement en connexion avec le sort des Juifs et le jugement des nations au temps de la fin. Lors de sa première venue, Il fut rejeté comme le Christ, le Messie, l'Oint; aussi lisons-nous que Christ ordonne expressément à ses disciples de ne plus dire qu'Il est le Christ, parce qu'Il doit être rejeté, car «il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup». Comme s'Il avait dit: «Ce n'est point maintenant que je dois prendre ma place comme Roi de Sion; au contraire, je viens pour être le Fils de l'homme, souffrant, afin d'être plus tard exalté dans la gloire». Ouvrez maintenant le Psaume 8: «Jéhovah, notre Seigneur, que ton nom est grand dans toute la terre, qui porte ta gloire par-dessus les cieux! Par la bouche des petits enfants, même de ceux qui sont à la mamelle, tu fondes ta louange, à cause de tes adversaires, pour réduire au silence l'ennemi et le vindicatif». Cela, vous le savez, fut accompli lorsque Jésus entra à Jérusalem monté sur un ânon. «Qu'est-ce que l'homme, que tu te souviennes de lui et le fils de l'homme que tu le visites? Car tu l'as fait de peu inférieur aux anges, et tu l'as couronné de gloire et d'honneur; tu l'as fait régner sur les oeuvres de tes mains, tu as mis toutes choses sous ses pieds». Ce passage montre que le Seigneur, rejeté comme Christ, prend la position de Fils de l'homme, dans laquelle toutes choses seront mises sous ses pieds. Vous verrez dans le Nouveau Testament comment l'apôtre explique ce passage. Les Psaumes 2 et 8 montrent Christ venant au milieu des Juifs, rejeté par eux et, à la fin, prenant sa place au-dessus de ses adversaires, en dépit de leur révolte. Toutefois, comme conséquence immédiate de son rejet, Christ prend la position de Fils de l'homme, qu'il s'attribue constamment dans les Evangiles. Vous trouverez le Psaume 8 cité au premier chapitre des Ephésiens: «Il a assujetti toutes choses sous ses pieds» et, par conséquent, «Il l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'église qui est son corps». L'église est son corps, complément de la tête, c'est pourquoi elle est nommée «la plénitude de celui qui remplit tout en tous». Christ, quoiqu'un homme, est une personne divine et remplit toutes choses, mais c'est l'église qui le complète comme Fils de l'homme; elle achève ainsi ce qui est nommé le Christ mystique, dont Il est la tête et dont le corps est formé par tous les membres de l'église. C'est pourquoi l'église est aussi intimement unie avec Christ que le corps d'un homme avec lui-même, comparaison employée au chapitre 5 des Ephésiens: «Personne n'a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi Christ l'assemblée. Car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os». Et puisque dans ce corps, il n'y a qu'un seul esprit, l'église est associée avec Christ, comme étant chef sur toutes choses. Nous voyons Christ, le Fils de l'homme, établi, dans les conseils de Dieu, au-dessus de toutes choses dans les cieux et sur la terre; et nous, unis à Lui, sauvés par Lui, nous ses frères, ses cohéritiers et membres de son corps, nous sommes complètement identifiés avec Lui. Vous voyez ainsi le rapport qu'il y a entre l'église et la gloire de Christ, lors de sa seconde venue.

On trouve la même chose dans le chapitre 2 des Hébreux, où l'apôtre, citant le Psaume 8, indique en même temps jusqu'à quel point il se trouve accompli: «Mais quelqu'un a rendu quelque part ce témoignage, disant: Qu'est-ce que l'homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l'homme que tu le visites? Tu l'as fait un peu moindre que les anges, tu l'as couronné de gloire et d'honneur, tu as assujetti toutes choses, sous ses pieds. Car en ce qu'il lui a assujetti toutes choses, il n'a rien laissé qui ne lui soit assujetti; mais maintenant nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties; mais nous voyons Jésus qui a été fait un peu moindre que les anges, à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d'honneur». Faites bien attention à ce qui est dit ici: Dieu se propose d'assujettir toutes choses à Christ, sans rien laisser qui ne lui soit assujetti. De fait, c'est lui qui a créé toutes choses et, par conséquent, Il en est aussi héritier. Mais voici le point important: les choses qu'Il a créées comme Dieu, Il les hérite comme homme, afin que nous les héritions avec Lui. Le temps où cela doit avoir lieu, n'est pas encore venu; nous ne voyons pas que toutes choses Lui soient assujetties; mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges, couronné de gloire et d'honneur. Une moitié du passage est accomplie, l'autre ne l'est point encore — nous ne voyons pas que toutes choses soient assujetties à Christ. Voilà ce que l'apôtre indique; nous en trouvons l'explication au Psaume 110, cité aussi dans l'épître aux Hébreux et que le Seigneur Lui-même mentionne en discutant avec les Pharisiens sur ce sujet: «Jéhovah a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied».

C'est pourquoi l'apôtre dit au chapitre 10 des Hébreux: «Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés», c'est-à-dire: qu'il a rendu parfaite l'oeuvre de leur rédemption — «attendant désormais jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds». J'aurai l'occasion de revenir à cela. Mais quelle précieuse assurance pour les saints, que de savoir Christ assis à la droite de Dieu jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds! Ils ne le sont pas encore; s'ils l'étaient, le Seigneur ne laisserait point aller le monde comme il va. Jusque-là Dieu s'occupe de rassembler les cohéritiers de Christ et, dans ce but, Il Lui dit: «Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que tes ennemis soient mis pour ton marchepied». Quand cela arrivera-t-il? «Ce jour et cette heure-là, personne ne les connaît, pas même le Fils». Mais il est dit au Fils: assieds-toi à ma droite jusqu'au jour où cela arrivera. Voilà donc le plan de Dieu aussi clairement révélé que possible. Nous voyons Jésus, après avoir expié nos péchés, «assis à la droite du trône de la majesté dans les cieux», et par le moyen de l'Evangile, rassemblant ses cohéritiers. Or, nous sommes associés avec Lui, tandis qu'Il est à la droite de Dieu, étant unis à Lui par le même Esprit.

Un autre endroit de l'Ecriture, le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, nous fait savoir comment nous entrons dans cette place de gloire lors de la résurrection, toutes choses étant assujetties à Christ. «Comme dans Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront vivifiés, mais chacun en son propre rang: Christ les prémices, puis ceux qui sont de Christ, à sa venue» — ses cohéritiers, personne autre. —«Ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté et toute autorité et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. L'ennemi qui sera détruit le dernier, c'est la mort, car il a assujetti toutes choses sous ses pieds». Or quand il dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses est excepté». C'est-à-dire que Dieu le Père ne lui est pas assujetti; mais cette exception même prouve que tout le reste sera assujetti à Christ. Cependant nous ne voyons pas cela aujourd'hui; croyez-vous que l'oppression, la méchanceté, les horreurs, en un mot, qui remplissent l'histoire du monde, se verraient encore de nos jours, si toutes choses étaient assujetties à Christ? C'est Satan, et non pas Christ, qui est maintenant le prince et le dieu de ce monde. Il est étrange que tant de personnes s'imaginent que la croix a mis fin à tout cela; c'est bien le contraire qui est arrivé. La croix a démontré d'une manière terrible que Satan est le prince et le dieu de ce monde. «Le prince de ce monde vient, mais il n'a rien en moi», a dit le Sauveur. Avant le rejet de Christ, Satan n'a jamais été appelé le prince de ce monde. Jéhovah était sur la terre; dans le temple — la Schekinah de gloire. Mais après que Dieu fut entré dans ce monde en la personne de Christ, et qu'il eut été rejeté, Satan est devenu le prince de ce monde. C'est dans ce sens que l'apôtre dit: «chez lesquels le dieu de ce siècle a aveuglé l'entendement des incrédules». Quand le Seigneur viendra, c'est Lui qui sera le prince de ce monde; Satan l'est jusqu'alors. Au chapitre 19 de Luc, le Seigneur parle d'aller en un pays éloigné, afin de prendre le royaume, puis de revenir et d'exécuter le jugement: «Et comme ils entendaient ces choses, il ajouta et leur dit une parabole, parce qu'il était près de Jérusalem, et qu'ils pensaient qu'à l'instant le royaume de Dieu allait paraître». Ils attendaient ce royaume, pensant qu'au lieu d'être rejeté, Christ le recevrait immédiatement sur la terre, et qu'ils en jouiraient avec Lui. «Il dit donc: Un homme noble s'en alla dans un pays éloigné, pour recevoir un royaume et revenir. Et ayant appelé dix de ses propres esclaves, il leur donna dix mines et leur dit: Trafiquez jusqu'à ce que je vienne». Voilà le service des chrétiens, tandis que le Seigneur est absent; Il est parti afin de recevoir le royaume, et n'est pas encore revenu. A son retour Il juge ses serviteurs: «Et il arriva, à son retour, après qu'il eut reçu le royaume, qu'il commanda qu'on lui amenât ces esclaves auxquels il avait donné l'argent, afin qu'il sût combien chacun aurait gagné par son trafic». Après avoir pris connaissance de leur travail, il ajoute: «Mais ceux-là, mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici et tuez-les devant moi». Cela se passe après qu'il a reçu le royaume et qu'il est revenu; Il ne juge pas pendant son absence. Il est dit: «Le Père a remis tout jugement au Fils; afin que tous les hommes honorent le Fils comme ils honorent le Père». Mais si Christ commençait à juger maintenant, Il devrait mettre terme au temps de la grâce et au rassemblement de l'Eglise. Le Père juge les saints par le moyen de la discipline. — «Si vous invoquez le Père qui, sans avoir égard aux personnes, juge selon l'oeuvre de chacun». Mais quant au jugement définitif, il est dit dans l'évangile de Jean: «Le Père ne juge personne, mais Il a remis tout jugement au Fils». Lorsque le Fils reviendra, Il s'occupera de ses ennemis et les jugera; Il mettra terme à la méchanceté que nous voyons dans ce monde. Mais jusqu'à cette époque, nous devons veiller fidèlement, et trafiquer avec les talents, c'est-à-dire les dons spirituels qu'Il nous a confiés.

Vous trouverez tout cela présenté d'une manière remarquable dans le premier chapitre de l'épître aux Colossiens; je désire m'y arrêter quelque peu, afin que nous arrivions à une idée, aussi complète que possible, des pensées et des conseils de Dieu qui me paraissent être clairement énoncés dans l'Ecriture. Je commencerai au verset 12, qui nous montre, nous tous qui croyons, «rendant grâces au Père qui nous a rendus capables» — nous sommes capables, la chose est faite; nulle part dans l'Ecriture il n'est parlé de devenir capables; il est bien parlé de devenir conformes à Christ en toutes choses, mais cela est différent — «rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer à l'héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés, — qui est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création; car par Lui» — c'est la raison pour laquelle Il est au-dessus de toutes choses —«car par Lui ont été créées toutes choses, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, ou dominations, ou principautés, ou autorités; toutes choses ont été créées par lui et pour lui». Elles Lui seront toutes assujetties, mais non pas dans leur état actuel de perversité. «Nous ne voyons pas encore que toutes choses Lui soient assujetties». Or, comment les prend-Il en son pouvoir? c'est comme homme: — «qu'il a établi héritier de toutes choses» — (Hébreux 1: 2). Nous sommes ses cohéritiers. «Et lui est avant toutes choses et toutes choses subsistent par lui» — à cause de sa divinité — «et il est la tête du corps de l'assemblée, lui qui est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin qu'en toutes choses il tienne, Lui, le premier rang». Christ est à la fois le chef de toutes choses et le chef ou la tête de l'Eglise, comme nous l'avons lu dans le chapitre 1 des Ephésiens. «Car toute la plénitude s'est plue à habiter en lui, et à réconcilier par lui toutes choses avec lui-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, tant les choses qui sont sur la terre que celles qui sont dans les cieux. Et vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis en votre entendement, dans les mauvaises oeuvres, il vous a maintenant réconciliés dans le corps de sa chair par la mort». Il n'est jamais dit en parlant des saints: «Il réconciliera», mais «Il a réconcilié». Toutefois la réconciliation de toutes choses dans le ciel et sur la terre est future, parce que Satan n'est pas encore lié; et à cause de cela la chrétienté elle-même s'est corrompue d'une manière affreuse, tellement qu'il n'y a dans tout l'univers rien de plus corrompu qu'elle. L'apôtre dit: «à réconcilier par lui toutes choses avec lui-même, tant les choses qui sont sur la terre que celles qui sont dans les cieux», ou bien, comme dans l'épître aux Ephésiens: «de réunir en un toutes choses dans le Christ»; mais il ne dit pas que cela soit maintenant. Il ne parle pas non plus des choses qui sont sous la terre; lorsqu'il parle de sujétion, il dit bien: «Afin qu'au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes et terrestres et infernaux». Pour ces derniers il n'emploie pas le mot «réconcilier», mais «ployer»; «mais vous, dit-il, Il vous a réconciliés». Voilà donc Christ à la fois chef ou tête de l'Eglise et chef de toutes choses; voilà aussi la double réconciliation: la réconciliation et la rédemption actuelle de l'Eglise par la grâce, puis la réconciliation de toutes choses dans le ciel et sur la terre. Toutes choses ne sont pas encore mises sous ses pieds, mais, par la foi, nous voyons Christ assis à la droite de Dieu jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour son marchepied. Lorsque ce temps arrivera, Christ entrera en possession de l'héritage, dans le caractère attribué à Dieu par Melchisédec quand il vint pour bénir Abraham: «Le Dieu très-haut, possesseur des cieux et de la terre», et lorsque Christ deviendra, dans toute l'étendue du mot, Roi et Sacrificateur, sur son trône, alors Dieu aura ce titre-là.

Tandis qu'il nous est démontré que Christ réconciliera toutes choses dans les cieux et sur la terre et qu'il réunira en un toutes les choses qui sont aux cieux et sur la terre, nous voyons aussi, dans plusieurs des passages que j'ai cités, que l'Eglise, soit les saints dont elle se compose, sont cohéritiers avec lui. J'ai cherché à montrer que l'Eglise de Dieu, tous les saints que Dieu rassemble aujourd'hui par sa grâce, sont associés avec Christ comme centre des bénédictions, afin d'être élevés à la même place que Lui au-dessus de toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre. L'Ecriture nous apprend que cela n'arrivera qu'au temps où Christ recevra le royaume et qu'Il reviendra, lors de l'administration de la plénitude des temps. A cette époque, toutes choses entreront dans un état d'ordre et de bénédiction sous l'autorité de Christ. Quand Dieu le Père aura assujetti toutes choses sous ses pieds, Il y introduira l'ordre, puis Il remettra le royaume à son Père. Mais pendant l'administration de la plénitude des temps, ce sera l'Eglise qui formera le centre des lieux célestes, tandis que les Juifs seront le centre de la terre. Cela nous amène aux deux sujets qui, dans l'Ecriture, occupent la première place après la rédemption personnelle.

C'est dans l'Eglise que Dieu déploie sa grâce souveraine en faisant participer les membres de l'Eglise à la gloire de Christ. C'est au milieu des Juifs, comme centre de son action, que Dieu donne à connaître comment Il gouverne ce monde. L'Ecriture parle de l'Eglise de Dieu comme de ceux qui sont associés à Christ, héritiers de la gloire de Christ; chose merveilleuse! Des créatures aussi misérables que nous, participeront à la même gloire que Christ, auront la même place que Lui! L'oeuvre de la réconciliation embrassera toutes choses dans le ciel et sur la terre; ce monde ne restera point à toujours le théâtre des exploits de Satan; une fois le fils de David y aura aussi sa place en gloire et en domination; alors le monde sera changé: «on ne nuira et on ne fera aucun dommage dans toute la montagne de ma sainteté». Le temps vient, où Christ sera le Prince de la paix; mais Il a déclaré positivement que cela n'a pas encore lieu: «Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais plutôt la division. Car désormais ils seront cinq dans une maison, divisés, trois contre deux et deux contre trois. Le père sera divisé contre le fils et le fils contre le père; la mère contre la fille et la fille contre la mère; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère». Nous sommes donc au temps où l'apparition de la lumière réveille les passions des hommes qui continueront à se révolter contre elle, jusqu'à ce que la seconde venue de Christ les soumette et les détruise. Les chrétiens doivent par conséquent charger leur croix et suivre Jésus. Pensez-vous donc que si Christ régnait aujourd'hui, ses disciples n'auraient qu'une croix pour tout partage? Non, mais une couronne. Christ viendra «pour être glorifié dans ses saints», et quelle gloire sera la leur, quand Il aura le royaume! Alors l'Eglise de Dieu sera le centre de toutes choses dans les lieux célestes, et les Juifs seront le centre de toutes choses sur la terre, Christ étant le chef. C'est ce qui est dit dans le chapitre 1 des Ephésiens: «Afin que vous sachiez quelle est l'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d'entre les morts; et il l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance et domination et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'Eglise qui est son corps». C'est cette même puissance qui ressuscite les saint; aussi est-il dit plus loin au chapitre 2, en parlant de la résurrection comme d'une chose déjà acquise spirituellement: «il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus, afin qu'il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce par sa bonté envers nous dans le Christ Jésus».

Dieu nous faisant asseoir au-dessus des anges, et des principautés et des puissances du siècle à venir, montrant les immenses richesses de sa grâce, dans la position qu'il nous a donnée, par sa bonté envers nous: telle est la vérité que je désirais vous enseigner par divers passages de l'Ecriture. Les anges apprendront à connaître les immenses richesses de la grâce de Dieu, par notre participation à la gloire de Christ; de sorte qu'en voyant Marie Madeleine, le brigand, la pécheresse et chacun de nous dans une même gloire avec Christ, ils pourront admirer les immenses richesses de la grâce de Dieu. En nous appropriant ces choses déjà maintenant par la foi, instruits par l'Esprit de Dieu, nous pouvons trouver notre position actuelle très profitable quant à la discipline, à l'exercice et à l'éducation spirituelle; mais nous n'en jouirons pleinement que dans l'avenir, lorsque la bonté de Dieu envers nous sera révélée aux anges.

Je vais essayer maintenant de vous montrer comment le Seigneur nous associe ainsi avec Lui-même. Voyez d'abord le passage du chapitre 17 de Jean, où le Seigneur déclare positivement que les saints partagent sa gloire et l'amour du Père, passage admirable en ce qu'il découvre l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance: «Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, es en moi et moi en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé». Ces paroles se rapportent au temps actuel, ou du moins à ce qui devrait être actuellement; le reste concerne l'avenir: «Et la gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un; moi en eux et toi en moi; afin qu'ils soient consommés en un et que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé». Le Seigneur parle ici de la gloire que Dieu lui a donnée comme homme, car sa gloire comme être divin est éternelle; puis il ne dit pas: «afin que le monde croie», mais: «afin que le monde connaisse que tu m'as envoyé». En parlant du temps actuel, le Seigneur emploie le mot croire, parce que les saints devraient être un, témoignant ainsi qu'il y a en l'Esprit de Dieu une puissance qui surmonte toutes les différences terrestres; mais en parlant de l'avenir, le Seigneur emploie le mot «connaître». Le monde connaîtra pour sa propre condamnation que c'est Dieu qui a envoyé Jésus; ils le connaîtront pour leur condamnation, tous les hommes rebelles, en voyant arriver dans la gloire, avec Christ, ceux dont ils étaient accoutumés à se railler ici-bas! Cet amour de Dieu pour nous, nos coeurs devraient le connaître et l'apprécier et s'y confier, quoiqu'il soit insondable; le temps approche où le monde aussi connaîtra cet amour. «Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi je t'ai connu, et ceux-ci ont connu que tu m'as envoyé; et je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux». Ce dont nous jouissons maintenant, c'est d'avoir ainsi en nous-mêmes l'amour dont Christ est aimé; cet amour insondable, nous devons le posséder, le connaître, Christ étant en nous. Je n'ai pas besoin d'attendre que le monde voie que je suis avec Christ dans la gloire, pour connaître cet amour; car le Père m'aime, dès maintenant, comme il a aimé Christ. En lisant le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, vous y trouverez cette même vérité en rapport avec la résurrection.

J'insiste sur ces deux points importants que l'Ecriture nous enseigne: 1) que nous serons rendus parfaitement semblables à Christ, sauf qu'il est divin; 2) que cela aura lieu lors de notre résurrection; c'est alors que nous apparaîtrons avec Lui. Déjà maintenant nous ne sommes pas de ce monde; mais il est dit que le monde saura, seulement alors, que nous avons été aimés comme Christ a été aimé, quand il nous verra dans la même gloire que Lui. Lorsque le Seigneur nous aura pris pour être avec Lui et nous introduire dans sa gloire, alors il apparaîtra au monde et nous apparaîtrons avec Lui dans la même gloire. Il est dit au verset 47 du chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens. «Le premier homme est de la terre, poussière; le second homme est le Seigneur venu du ciel. Tel qu'est celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière; et tel le céleste, tels aussi les célestes», (c'est-à-dire, tels que Christ, sauf sa divinité); «et comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste». Nous ne serons pas seulement dans le ciel, mais exactement tels que Christ. Voilà qui est aussi clair que possible; puis l'apôtre ajoute, quant à la gloire future: «Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste. Or je dis ceci, frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu et que la corruption n'hérite pas non plus de l'incorruptibilité», comme il est dit plus haut: «le corps est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire».

Examinons maintenant quelques-uns des passages qui montrent comment Christ nous reçoit auprès de Lui. J'ai soin de me fonder en tout point sur l'Ecriture, afin que nous soyons bien assurés des choses que Christ nous communique. Voici ce qu'il dit: «Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père, s'il en était autrement, je vous l'eusse dit; je vais vous préparer une place; et si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous y soyez aussi». Christ est allé dans la maison de son Père; mais il reviendra et nous prendra auprès de Lui. Il est monté avec un corps glorieux, n'ayant point encore toutes choses sous ses pieds, mais couronné de gloire et d'honneur; et il dit à ses disciples d'attendre et de trafiquer jusqu'à son retour. Or maintenant, avant son retour, nous savons d'avance ce qu'il fera de nous qui sommes dans la même gloire que lui: «Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi». Au chapitre précédent: «Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi». C'était comme s'il avait dit: Je ne puis rester maintenant avec vous comme Roi et comme Messie; mais je vous lave, afin de vous rendre capables de régner avec moi, lorsque je reviendrai; je suis donc encore votre serviteur en intercédant pour vous, et par le moyen de mon intercession toute puissante, je vous laverai journellement, car pour avoir part avec moi à mon royaume, il faut que vous soyez rendus semblables à moi.

La même chose est, pour ainsi dire, publiquement annoncée dans le chapitre 4 de la 1e épître aux Thessaloniciens «Car si nous croyons que Jésus mourut et qu'il est ressuscité, de même aussi Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus avec Lui. Car nous vous disons ceci, par la parole du Seigneur, que nous les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis». L'apôtre attendait constamment la venue du Seigneur. On a osé dire qu'il se trompait en croyant que le Seigneur arriverait de son vivant; c'est tout le contraire, puisque l'époque précise de l'avènement de Christ n'avait jamais été révélée, et que Paul ne prétendait point la connaître; mais il savait que le temps était arrivé où nous devons, à toute heure, attendre le Seigneur, au lieu de dire: Mon Maître tarde à venir, et de nous mettre à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire avec les ivrognes. C'est pour cela que Paul se met du nombre des vivants qui demeurent jusqu'à la venue du Seigneur. Aussi sa vie était-elle conforme à cette attente et sera-t-il récompensé à la venue du Seigneur; tandis que ceux qui, repoussant de leur esprit l'arrivée de Christ et ne l'attendant pas, suivent leurs convoitises, recueilleront, eux aussi, les fruits de leurs oeuvres. Paul apprit plus tard, par révélation, qu'il mourrait bientôt, Pierre aussi, qu'il devrait bientôt quitter cette tente; mais l'époque de la venue du Seigneur n'avait été révélée ni à l'un ni à l'autre. Aussi Paul disait-il: «Nous ne dormirons pas tous, mais nous serons tous transmués», Christ ayant vaincu la mort. Nous pouvons tous mourir avant l'arrivée de Christ, et cependant nous pouvons dire: «Nous les vivants qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur». Il est dit de celui qui croit que le Seigneur tarde à venir, qu'il bat ses camarades et s'enivre; il est dit aussi que les vierges sages et les vierges folles s'endormirent toutes pendant que l'époux tardait à venir; l'Eglise a perdu le sentiment de l'attente journalière du Seigneur. Même les serviteurs sages durent être réveillés, et ce fut une grâce de les éveiller à temps, car pour son peuple Christ est toujours fidèle. Mais c'est l'attente qui caractérise les serviteurs fidèles. L'Eglise de Philadelphie attendait la venue de Christ; cela est nommé «la Parole de sa patience»: «Parce que tu as gardé la parole de ma patience».

Continuons le passage de l'épître aux Thessaloniciens: «Nous les vivants qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement et une voix d'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel et les morts en Christ ressusciteront premièrement». Il ne s'agit ici que des saints; le cri de commandement, la voix de l'archange et la trompette de Dieu ne s'adressent pas à tout le monde pour ressusciter les justes et les méchants. Le «cri de commandement» est un terme militaire, employé pour rappeler les soldats dans leurs rangs, après qu'ils s'étaient débandés. Seuls, les morts en Christ entendent ce rappel, ils forment ses bataillons. «Les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous les vivants qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l'un l'autre par ces paroles». Le Seigneur avait dit qu'il viendrait et nous prendrait à Lui; l'apôtre, instruit par une révélation, nous explique comment cela aura lieu. Le passage de 1 Corinthiens que nous avons lu, raconte le même événement: «Mais chacun dans son propre rang, Christ les prémices, puis ceux qui sont de Christ, à sa venue». Le point important, le voici: Cette résurrection n'est pas une résurrection des morts, mais une résurrection d'entre les morts. La résurrection de Christ n'était pas une résurrection des morts, mais d'entre les morts. Il a été pris d'entre les morts, parce que le Père avait ses délices en lui; et nous sommes pris, comme Lui, d'entre les morts, parce qu'Il a ses délices en nous. C'est pourquoi le Seigneur viendra (il n'est pas dit apparaîtra) et nous appellera pour être toujours auprès de Lui et partager cette gloire à laquelle il est fait allusion dans ces mots:  «Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste». Ce n'est donc pas la mort que nous avons à attendre (quoiqu'elle puisse arriver, et que ce soit une chose bénie de mourir), comme il est dit au chapitre 5 de 2 Corinthiens: «Non pas que nous désirions d'être dépouillés, mais nous désirons d'être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». Afin de montrer pleinement sa puissance sur la mort, Christ prend à soi des hommes mortels — morts, il les ressuscite — vivants, il les transforme en gloire. D'abord il ressuscite les morts, puis il transforme les vivants; tous vont alors à la rencontre du Seigneur en l'air. Il nous a prédestinés «à être conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères»; nous avons lu: «La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée». Telle est notre part aux choses célestes. Si vous ouvrez le chapitre 3 de l'épître aux Colossiens, vous verrez que lorsque Christ apparaîtra, nous apparaîtrons avec lui dans la même gloire. Après être venu et nous avoir pris auprès de lui, il vient se manifester au monde et nous apparaissons avec Lui. L'apôtre nous identifie complètement avec Christ: «Si vous êtes morts avec Christ» (2: 20), puis au chapitre 3: «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut et non pas à celles qui sont sur la terre, car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu». Christ est caché en Dieu, Christ est votre vie, par conséquent votre vie est cachée en Dieu. «Quand le Christ qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire». Nous ne saurions, en aucune façon, être séparés de Christ; nous sommes cachés en Dieu avec Lui, manifestés avec Lui, glorieux avec Lui, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ. La même vérité est présentée un peu différemment dans la 1e épître de Jean: «Voyez quel amour le Père nous a accordé, que nous soyons appelés enfants de Dieu». Nous avons le même titre que Christ, «c'est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu». Jésus disait: «Je m'en vais vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu», c'est-à-dire, j'ai accompli l'oeuvre de votre rédemption, et la suite en est, que je vous ai mis à la même place que moi. «Je déclarerai ton nom à mes frères, je chanterai tes louanges au milieu de l'assemblée». «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu», voilà pour le présent, «et ce que nous serons, n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est».

Quant à notre apparition avec Christ, je citerai l'Apocalypse; mais voyez auparavant le chapitre 14 de Zacharie; il y est dit que le Seigneur viendra et que tous ses saints seront avec lui et qu'en ce jour-là ses pieds seront debout sur la montagne des Oliviers. C'est à cela que l'ange fait allusion, en disant aux disciples après l'ascension: «Pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel? Ce Jésus, qui a été élevé d'avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel». L'apôtre Jude dit au verset 14: «Or Enoch aussi, septième homme après Adam, a prophétisé de ceux-ci, en disant: Voici, le Seigneur vient avec ses saintes myriades pour exécuter le jugement contre tous». Là, les saints se trouvent associés avec Christ pour l'exécution du jugement. Quelle position est la nôtre! L'Ecriture est si explicite sur ce point, qu'il n'y a pas moyen de la comprendre autrement. La même vérité est aussi exposée dans le chapitre 1 de la 2e épître aux Thessaloniciens. Les Thessaloniciens souffraient d'affreuses persécutions et l'apôtre leur disait: «Nous nous glorifions de vous dans les assemblées de Dieu, au sujet de votre patience et de votre foi dans toutes vos persécutions et dans les afflictions que vous soutenez, qui sont une démonstration du juste jugement de Dieu, pour que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez, puisque c'est une chose juste devant Dieu que de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent, et qu'il vous donne, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus, du ciel, avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et contre ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus Christ, lesquels seront punis d'une perdition éternelle loin de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force, quand il viendra pour être, en ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru». Ce sont là ces saintes myriades dont nous avons parlé plus haut. Elles se trouvent clairement dépeintes dans l'Apocalypse, chapitre 17. Tous les rois de la terre, au lieu de bénir Christ et de se joindre à lui, s'avancent, ligués avec la Bête, en bataille contre lui: «Ceux-ci combattront contre l'Agneau; mais l'Agneau les vaincra; car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui sont avec lui, sont appelés et élus et fidèles». D'autres passages nous apprennent que Christ aura des anges avec Lui, mais il n'en est pas question ici. Les anges peuvent bien être nommés «fidèles» et «élus», puisque l'Ecriture parle des anges «élus»; mais ceux qui sont ici avec Christ sont «appelés»; or les saints seuls sont «appelés par la grâce de Dieu».

Ouvrez maintenant le chapitre 19: «Et je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc; et celui qui était monté dessus, appelé fidèle et véritable; il juge et combat en justice». Nous avons vu partout, que Christ viendra pour juger les méchants de la terre, car il y aura un jugement des vivants aussi bien que des morts: «Comme dans les jours avant le déluge, on mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et ils ne connurent rien jusqu'à ce que le déluge vint et les emporta tous, il en sera de même aussi de la venue du Fils de l'homme». — «Ses yeux étaient comme une flamme de feu; et sur sa tête il y avait plusieurs diadèmes; et il portait un nom écrit que nul n'a connu que lui seul. Et il était vêtu d'une robe teinte dans le sang; et son nom s'appelle la Parole de Dieu. Et les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtus de fin lin blanc et pur», qui est, suivant un autre passage, la justice des saints.

Je termine ici mes citations. Nous avons vu la dernière fois que la venue du Seigneur est, dans l'Ecriture, présentée à l'Eglise comme l'objet constant de son espérance, que cette venue se rattache à toutes les pensées et à tous les sentiments des saints, qu'ils sont considérés comme étant convertis pour attendre le Fils de Dieu, que toutes les autres doctrines, renfermées dans l'Ecriture, se rattachent à cette venue, que le signe distinctif d'une église en décadence, c'est la pensée que le Seigneur tarde à venir, et que le cri qui la réveille est celui-ci: «Voici, l'époux vient». Aujourd'hui, nous avons vu que le Seigneur nous révèle avec sagesse et prudence son plan: «de rassembler toutes choses dans le Christ, tant celles qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre», les réconciliant toutes en Christ, non point seulement pour leur propre bien, mais pour la gloire de Christ. Dieu, dans ce but, nous a associés avec Christ comme chef de toutes choses, de sorte qu'étant associés avec lui comme héritiers de Dieu, nous partageons l'héritage avec lui. Lorsque Christ prendra l'héritage, nous le prendrons avec Lui, lorsqu'il apparaîtra, nous apparaîtrons avec Lui. Ayant été présenté à ce monde au milieu des Juifs, suivant la promesse de Dieu, et rejeté, Il a pris une autre place, celle de Fils de l'homme, qu'Il prendra dans sa résurrection et dans sa gloire; Il nous ressuscitera pour l'avoir avec Lui, au temps déterminé. Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties, mais nous voyons Jésus couronné de gloire et d'honneur et nous attendons avec Lui, que ses ennemis soient mis pour son marchepied. Ce moment-là, personne ne le connaît, Dieu ne l'a point révélé; mais alors Christ commencera par rassembler son corps: Il nous prendra pour aller à sa rencontre en l'air: morts, Il nous ressuscitera; vivants, Il nous transformera; Il nous prendra dans la maison de son Père, car c'est là notre place, et Il aura tout préparé pour nous y recevoir. Il ne peut entrer en possession de l'héritage sans avoir avec Lui ses cohéritiers, son corps, son épouse. Dans l'Apocalypse, vous avez d'abord les noces de l'Agneau, ensuite vous le voyez arriver avec ses armées; ce sont elles qui sont l'épouse, car il faut à l'Agneau une associée qui partage son héritage. Il n'a pas encore pris en main le pouvoir et le règne; mais après nous avoir élevés à Lui, Il apparaîtra et nous apparaîtrons avec Lui; nous l'accompagnerons quand Il exécutera ses jugements sur le monde et qu'Il le brisera en pièces comme un vaisseau de terre. Mais la part bénie de notre héritage sera d'être avec Lui. Quand Il apparaîtra, le monde nous verra avec Lui et nous porterons l'image de celui qui est céleste, de même que nous avons porté l'image de celui qui est poussière. Toutefois maintenant, pendant que Christ est assis à la droite de Dieu, Il a envoyé le Saint Esprit, afin de rassembler ses héritiers, et ce n'est que par la puissance de l'Esprit, que nous sommes capables de le suivre ici-bas; aujourd'hui son peuple doit porter la croix — demain, il aura le royaume et la gloire. Lorsque Christ reviendra, ce ne sera point pour notre jugement: «Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois et après cela d'être jugés; ainsi le Christ ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent». Maintenant je vous demanderai: avec qui êtes-vous associés? l'êtes-vous avec Christ rejeté du monde et assis à la droite de Dieu? Êtes-vous, par le Saint Esprit, associés en esprit avec Christ? ou bien l'êtes-vous avec ce monde qu'Il va venir juger, accompagné de tous ses saints? Pendant l'absence de Christ, qui est allé recevoir un royaume et une gloire bien supérieurs à ceux de cette terre, dont il a été rejeté, et qui vous a dit de trafiquer jusqu'à son retour, avec qui êtes-vous associés? Obligés de traverser ce monde qui a rejeté Christ, croyez-vous réellement que Satan en est le prince et le dieu, et vivez-vous selon cette pensée? Croyez-vous que Christ est assis à la droite de Dieu et qu'Il reviendra pour vous prendre auprès de Lui, pour vous faire partager, dans la maison de son Père, les bénédictions dont Il est béni, pour être témoins de la gloire de son Père, et partager son amour?

Y a-t-il dans nos coeurs quelque chose qui ressemble à la confiance d'un enfant en son père, quelque chose qui témoigne que nous sommes enfants par adoption? Y a-t-il en nous quelque chose qui nous identifie avec ceux qui sont les héritiers de cette bénédiction et de cette gloire? Pouvons-nous dire que le monde ne nous connaît pas, de même qu'il n'a pas connu Christ? Est-ce que nous Lui ressemblons dans notre position ici-bas? Lorsque Christ était sur cette terre, on ne voyait en Lui aucune beauté qui le fit désirer. Sont-ce les choses qu'on voit, ou celles qu'on ne voit pas, qui ont empire sur nos coeurs? Christ, qu'on ne voit pas, habite-t-il en nos coeurs par la foi de manière à être notre portion? S'il en est ainsi, quand il apparaîtra, nous apparaîtrons aussi avec Lui en gloire et, mieux encore, nous serons toujours avec Lui. Que le Seigneur nous donne de pouvoir l'attendre et dire toujours: «Oui, Seigneur Jésus, viens!». Que notre part, notre trésor, notre coeur soient identifiés avec Lui. Encore un peu, très peu de temps, et Celui qui doit venir, viendra et Il ne tardera pas.

3.  Méditation sur Apocalypse 12

Le sujet dont je veux parler ce soir, et dont ce chapitre contient allégoriquement l'idée, est d'abord le rassemblement de l'Eglise de Dieu, des saints célestes, pour être avec Christ; ensuite les promesses que nous avons et la certitude infaillible de la restauration des Juifs, comme nation sur la terre. Ces deux sujets se lient à la manifestation de divers jugements sur ce monde, avec cette différence, que l'enlèvement des saints les met hors de l'atteinte de ces jugements, tandis que les Juifs — restant, ainsi que des Gentils, sur la terre, — devront les traverser, comme à Sodome, Lot échappa à travers le feu, tandis qu'Abraham considérait d'en haut les jugements qui fondaient sur les cités de la plaine; — comme Noé aussi fut sauvé à travers le déluge, tandis qu'Enoch fut enlevé au ciel. Il est parlé de ces deux derniers faits comme étant analogues à ce qui arrivera lors de la venue du Fils de l'homme. Nous avons là les deux choses dont j'ai parlé: Une classe de personnes mises hors de l'atteinte des jugements à venir et ainsi épargnées; l'autre classe conservée à travers ces mêmes jugements. J'ai dit que cette dernière classe se compose de Juifs et de certains Gentils, mais, sans entrer maintenant dans des détails à ce sujet, je désire seulement présenter la pensée générale. Nous avons vu l'autre jour que l'Eglise forme le centre de la gloire céleste, naturellement sous Christ qui est le centre de toutes choses — et que les Juifs sont le centre de la domination et des bénédictions terrestres; voilà ce qui fait l'importance des deux points que je désire traiter aujourd'hui: 1° L'enlèvement des saints, aux derniers jours, pour être avec le Seigneur lui-même dans le ciel, et leur participation à sa gloire et à sa bénédiction. 2° Les Juifs introduits dans la bénédiction avec cette terre, sous le gouvernement de Christ et ne régnant pas avec Lui, quoiqu'ils soient une grande nation sur la terre. Ces deux faits forment les deux grands centres des voies de Dieu.

Dans le chapitre que nous venons de lire, nous avons d'abord Christ et l'Eglise personnifiés dans l'enfant mâle, puis, dans la femme qui fuit la persécution pendant 1260 jours, le résidu juif — ceux qui, épargnés dans le temps du jugement, ne sont pas encore introduits dans la gloire. C'est ainsi que vous trouvez, dans ce chapitre, les deux sujets dont j'ai parlé. J'ajoute que la considération de la bénédiction de l'Eglise nous conduira nécessairement à démontrer que ce qu'on nomme une résurrection générale, commune à tout le monde, est une chose entièrement inconnue à l'Ecriture. J'établis dès maintenant cette vérité. Je ne nie point que c'était une notion entretenue parmi les Juifs, au moins par les Pharisiens, qu'en tout cas tous les Juif, ressusciteraient ensemble — quant aux Gentils, ils les considéraient comme des chiens; mais notre Seigneur redressa cette erreur. Une vue juste là-dessus est nécessairement liée à l'intelligence de l'enlèvement de l'Eglise au ciel, puisque, pour être enlevés, les saints qui sont morts devront ressusciter. En disant saints, j'entends tous les saints, ceux de l'Ancien Testament, aussi bien que ceux du Nouveau.

Je veux mentionner un autre point pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces sujets-là; c'est que maintenant, pendant que Christ est assis à la droite de Dieu dans le ciel et pendant que Dieu rassemble les cohéritiers de Christ pour régner avec Lui, lorsqu'Il prendra l'héritage, Dieu ne s'occupe pas de ce monde comme Il s'en occupera plus tard, quoiqu'il le gouverne d'une manière providentielle. Dieu seul connaît le moment où Christ prendra son héritage; alors, lorsqu'Il aura mis les ennemis de Christ pour son marchepied, Christ quittera le trône de son Père, pour s'asseoir sur son propre trône. Mais pendant que Christ est assis sur le trône de son Père, le Saint Esprit, ayant été envoyé après l'ascension de Christ, rassemble hors du monde un peuple pour son Nom, peuple qui soit héritier de Dieu et cohéritier de Christ. Ce laps de temps, cette parenthèse dans les voies de Dieu, est indiqué très clairement à la fin du chapitre 9 de Daniel, et j'y fais allusion, parce que, sans cela, nous ne comprendrions jamais les voies de Dieu envers l'humanité. A la fin du chapitre 9 de Daniel, l'Esprit de Dieu montre qu'un certain laps de temps doit s'écouler, avant que Jérusalem entre dans sa pleine bénédiction; c'est là cette parenthèse à laquelle je fais allusion. Il est dit au verset 24: «Il y a soixante et dix semaines déterminées sur ton peuple, et sur ta sainte ville, pour abolir l'infidélité, consumer le péché, faire propitiation pour l'iniquité, pour amener la justice éternelle, pour sceller la vision et la prophétie et pour oindre le Saint des Saints. Sache donc et entends, que depuis la sortie de la parole, portant qu'on s'en retourne et qu'on rebâtisse Jérusalem, jusqu'au Christ le Conducteur (Messie, le Prince), il y a sept semaines et soixante-deux semaines; et les places et la brèche seront rebâties, et cela en un temps d'angoisse». Ceci a eu lieu; vous savez que cela a duré 46 ans: «Et, après ces soixante-deux semaines, le Christ sera retranché», — les soixante-deux semaines et les sept, en faisant soixante-neuf — «mais non pas pour lui», ou plutôt, au lieu de cela, prenons la leçon marginale qui est, sans contredit, le vrai sens: «Et il n'aura rien!» Le Christ n'a point eu le royaume; il a été retranché et n'a rien eu; au ciel, il a bien eu toute la gloire, mais il n'a pas encore reçu le royaume: «Et le peuple du Conducteur (Prince) qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et la fin en sera avec débordement, et les désolations sont déterminées jusqu'à la fin de la guerre». Presque tout le monde sait que cette prophétie fut accomplie par la venue de Titus et la destruction de la ville, jusqu'à ne laisser aucune pierre debout.

Mais il reste encore une semaine. Nous n'en avons eu que soixante-neuf; et ici, sans entrer dans les détails, je veux vous faire remarquer un grand principe: Nous avons donc soixante-neuf semaines, puis un laps de temps. Le Messie arrive, il est rejeté, retranché, ne reçoit pas le royaume, n'a rien, — il a la croix, il est vrai, mais c'est tout. Il monte au ciel et c'est pourquoi nos coeurs doivent le suivre en haut, là où Il est,

Puis vient le temps de la fin: «Et il confirmera l'alliance à plusieurs dans une semaine». Or souvenez-vous de ce qui est dit avant, que: «jusqu'à la fin de la guerre, les désolations sont déterminées», — quant à l'époque tout est laissé dans le vague. Ces désolations doivent continuer, on ne sait combien de temps, après la désolation de Jérusalem, le Messie s'en étant allé et n'ayant rien eu.

«Et il confirmera l'alliance à plusieurs dans la semaine, et à la moitié de cette, semaine il fera cesser le sacrifice et l'oblation (*); puis pour le débordement des abominations» (les abominations signifient idolâtrie, dans l'Ancien Testament) «il le rendra désolé même jusqu'à la consommation, et celle-ci déterminée sera répandue sur le désolé». Là donc nous avons le fait simple, mais important pour l'interprétation de la prophétie, qu'il y avait un terme de 70 semaines, déterminé sur la sainte cité — sur les nations aussi, mais spécialement sur les Juifs — jusqu'à ce que toute la prophétie qui les concerne fût accomplie. Mais après les 69 semaines, le Messie arrive et il est retranché (ceci est accompli) il n'a rien, puis viennent des guerres, la cité est détruite, alors les temps des Gentils continuent leur cours et, suivant le 11e aux Romains, un aveuglement partiel arrive à Israël jusqu'à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Dans l'Evangile de Luc, notre Seigneur aussi, après avoir parlé de la destruction de Jérusalem par Titus, ajoute que cette ville sera foulée aux pieds par les Gentils jusqu'à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Ceci a encore lieu maintenant; Jérusalem est encore foulée aux pieds, Christ n'a pas encore pris en main sa grande puissance et son royaume, dont il est parlé dans un des chapitres suivants de l'Apocalypse. Jérusalem est encore désolée et les temps des Gentils ont encore leur cours, quoique, je n'en doute pas, ils s'approchent de leur fin; et Christ est assis à la droite de Dieu le Père, selon cette parole: «Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds». Mais tandis qu'il est assis là, le Saint Esprit est descendu du ciel, afin de déclarer que, si l'homme l'a rejeté, le ciel l'a accepté et que, la rédemption ayant été accomplie, ainsi que la Grâce qui apporte le salut, il est assis là, afin d'associer à Lui-même les cohéritiers dont nous venons de parier. Mais pendant ce temps les Juifs sont mis de côté, «les temps des Gentils» ont leur cours, et rien n'est accompli, parce qu'il est occupé à rassembler les saints célestes. Or, ces saints célestes, comme nous l'avons vu dernièrement, sont complètement identifiés avec Christ lui-même; il n'a pas honte de les appeler ses frères; il est le premier-né d'entre plusieurs frères qui seront rendus conformes à l'image du Fils de Dieu et sont «membres de son corps, de sa chair et de ses os». «Car, est-il dit, personne n'a jamais eu en haine sa propre chair. mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l'assemblée. Car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os». Les saints sont aussi l'Epouse de Christ. Telle la place d'Eve vis-à-vis d'Adam, telle aussi celle de l'Eglise de Dieu vis-à-vis de Christ; et ce dont il est occupé maintenant, c'est de rassembler les saints pour qu'ils remplissent cette place. Ce n'est pas l'accomplissement des voies de Dieu relativement à la terre, mais c'est le rassemblement des saints pour le ciel; et pendant qu'il rassemble les saints pour le ciel, Christ est assis à la droite de Dieu. «Il est assis à la droite de Dieu jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour son marchepied». L'Apôtre exprime cela dans le chapitre 2 des Hébreux, en citant le Psaume 8. «Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties, mais nous voyons Jésus, qui a été un peu moindre que les anges, à cause de la souffrance de la mort, couronné de gloire et d'honneur». Il y a une fort belle pensée qui se rapporte à cela, mais je ne puis m'y arrêter maintenant, c'est que si vous cherchez l'Eglise dans l'Ancien Testament, vous ne trouvez que Christ; mais lorsque vous trouvez la bénédiction et la gloire de Christ, l'Eglise y participe. Il s'ensuit que l'Eglise doit, être enlevée au ciel avant l'accomplissement des prophéties de Dieu, parce que Dieu ne peut pas commencer ses voies avec les Gentils, dans la dernière semaine, avant que le rassemblement des saints pour être cohéritiers de Christ ne soit achevé. Jusqu'à ce qu'il ait ses cohéritiers, Christ ne peut pas entrer en possession de l'héritage; c'est pourquoi toutes ces voies de Dieu (ou de Christ, si vous voulez, qui est la puissance de Dieu; nous ne parlons naturellement pas de la providence de Dieu, car pas un moineau ne tombe à terre sans sa permission) envers le monde, par les Juifs, sont suspendues jusqu'à ce que l'Eglise soit enlevée. Mais, dans la prophétie jusqu'à la fin de l'Apocalypse, vous ne trouverez jamais l'Eglise révélée, excepté en connexion avec Christ. En voici quelques preuves: par exemple, je n'ai aucun doute que le fils mâle de notre chapitre ne se rapporte à l'Eglise aussi bien qu'à Christ. Mais c'est Christ qui est principalement représenté, car l'Eglise ne serait rien sans Christ; ce serait un corps sans tête. C'est Christ qui a été enlevé (verset 5), mais l'Eglise y est comprise, car dès que Christ commence à agir publiquement, même lorsqu'il s'agit de précipiter Satan, il faut qu'Il ait son corps, son Epouse avec Lui; il faut qu'Il ait ses frères, ses cohéritiers. Si vous examinez ce que nous avons ici, vous verrez que l'Eglise y est certainement aussi comprise. Nous lisons: «Et elle enfanta un fils mâle qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer; et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône»; le fils mâle doit paître toutes les nations avec une verge de fer, mais il y a une interruption. De même que nous avons vu que Christ — venu sur cette terre — fut retranché et n'eut rien, de même aussi nous avons l'autre côté du tableau. Il n'a rien reçu, mais il a été enlevé vers Dieu et vers son trône et il est assis à la droite de la Majesté, dans les cieux. Cette position n'appartient personnellement qu'à Christ, mais lorsqu'il s'agit de paître les nations avec une verge de fer, les saints sont associés avec Lui. Le Psaume 2 dit: «Demande-moi, et je te donnerai les nations pour ton héritage, et pour ta possession les bouts de la terre; tu les briseras avec une verge de fer, tu les mettras en pièces comme un vaisseau de potier». Cela n'a pas encore été demandé. Il a prié pour les saints, non pas pour le monde: «Je prie pour eux; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés» Il fera des demandes pour le monde seulement lorsqu'Il en demandera la domination, et il va sans dire qu'elle lui sera donnée; c'est dans les conseils de Dieu. Il prendra le jugement dans sa main, la verge de fer, mais alors les saints aussi jugeront le monde; cela est positivement révélé: «Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges? Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde?». Or, cela n'est pas dit seulement d'une manière générale, mais en détail, surtout en ce qui concerne la verge de fer. A la fin du chapitre 2 de l'Apocalypse, nous voyons que cette verge est donnée à l'Eglise tout comme à Christ: «Celui qui vaincra et qui gardera mes oeuvres jusqu'à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations: et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases d'un potier, selon ce que moi aussi j'ai reçu de mon Père». La même chose est dite dans le 7e chapitre de Daniel: «Jusqu'à ce que l'Ancien des jours vint, et que le jugement fût donné aux saints du Souverain», — les saints qui seront dans les lieux célestes avec Christ, lorsqu'Il arrivera, le jugement signifiant ici le jugement. Ce n'est pas la portion la plus bénie; celle-ci consiste à être avec Lui. Cependant il est vrai que c'est une partie des choses que nous avons à attendre. Il est dit de même au chapitre 20 de l'Apocalypse qui parle de ce temps-là: «Et je vis des trônes; et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné». Il est triste de voir combien les saints ont perdu le sentiment de cette bénédiction et de cette gloire, de leur identification avec Christ, de leur position de cohéritiers, de membres de son corps, son Epouse; l'Eglise a perdu le sentiment de tout cela. On dit communément qu'il est suffisant d'être assis au pied de la croix. Or je considère bien comme une bénédiction de voir une personne venir au pied de la croix; mais c'est affreux d'en rester là, parce que c'est comme si une telle personne disait qu'elle ne reconnaît pas que tout est accompli. C'est un manque de hardiesse «pour entrer dans les lieux saints… à travers le voile, c'est-à-dire la chair de Christ». C'est comme si l'on disait qu'on est indigne de traverser le voile déchiré, pour être sacrificateur dans le lieu saint. On dit: Non, il faut que je reste en dehors. A mon avis, c'est là une bien triste position; il faut bien venir vers la croix pour entrer, cela est parfaitement sûr; on ne saurait entrer par un autre chemin. Mais toujours rester dehors, toujours dire: Je reste au pied de la croix, ne sachant pas si j'ai le droit d'entrer ou non, c'est là une grande faute. Si vous dites que vous ne pouvez pas affirmer que vous êtes sauvé, comment pouvez-vous donc vous appeler chrétien? Il va sans dire que les chrétiens sont sauvés, pourquoi donc prenez-vous le nom de chrétien, tandis que vous êtes incapable de dire si vous êtes sauvé ou non?

(*) Depuis ici nous donnons la version textuelle de l'auteur.

Dans le chapitre de l'Apocalypse que nous venons de lire, il est positivement révélé que tout ce qui concerne les épreuves des saints et les accusations contre eux est terminé avant le temps où commencera l'épreuve du peuple Juif, pendant la dernière demi-semaine de Daniel.

Dans les six premiers versets de ce chapitre, vous trouvez ceux que concernent ces derniers jours. D'abord vous avez la femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. Ceci, je n'en doute pas, est le peuple Juif, parce que Christ n'est pas né de l'Eglise, mais que, considéré comme glorieux et régnant dans ce monde, il était né des Juifs: «desquels, pour ce qui regarde la chair, est sorti le Christ». L'idée que Christ est né de l'Eglise n'a aucun sens. «Etre revêtu du soleil» signifie être revêtu de la suprême autorité. Elle a la lune sous ses pieds, c'est-à-dire la représentation de tout son état précédent. «Et sur sa tête une couronne de douze étoiles». Ce nombre douze indique toujours la puissance de l'administration de Dieu parmi les hommes. Vous avez les douze apôtres assis sur douze trônes; la cité bâtie sur douze fondements et ayant douze portes, etc., ce nombre étant usité pour exprimer la puissance administrative de Dieu sur l'homme. Christ devait donc naître, et la femme «étant enceinte, criait étant en travail d'enfant et en grand tourment pour enfanter». Et dans le chapitre 9 d'Esaïe les Juifs disent: «Un fils nous est né»; l'Eglise ne peut pas dire cela du tout. Nous pouvons dire que, nous croyons qu'Il est le Fils de Dieu, mais nous ne disons pas qu'Il nous est né; pour ce qui concerne la chair, il était né en Israël. Puis nous en venons à la puissance qui s'oppose, — le pouvoir de Satan qui s'exerce par l'Empire romain. «Et il parut un autre signe dans le ciel; et voici, un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes dix diadèmes; et sa queue entraîne la troisième partie des étoiles du ciel, et elle les jeta sur la terre. Et le dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin que lorsqu'elle aurait enfanté, il dévorât son enfant». C'est là la puissance de Satan résistant à Christ et cherchant à mettre fin à son autorité. Naturellement, il ne le pouvait pas mais pendant un temps il avait l'air de l'avoir fait. Et elle enfanta un fils mâle, qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer», — Christ évidemment. — Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône». Il ne reçut pas le pouvoir, il ne reçut rien, mais il fut enlevé, vers Dieu. Maintenant ayant vu qui sont les personnes en scène, vous apprenez ce que devient la femme. «Et la femme s'enfuit dans le désert, où elle a un lieu préparé par Dieu, afin qu'on la nourrisse là, 1260 jours». Vous voyez maintenant pourquoi j'ai parlé d'une interruption toujours signalée par la prophétie, quoique sans indication de date, comme existant dans les voies de Dieu envers ce monde, entre le temps où Christ est enlevé, et celui où il enlève l'Eglise pour la réunir à Lui-même. Je l'ai déjà dit, cela n'est point simplement une doctrine humaine, mais il est positivement révélé comme un plan de Dieu, dans le chapitre 9 de Daniel — que le Messie serait manifesté, retranché et n'aurait rien — qu'un aveuglement partiel frapperait Israël jusqu'à ce que les temps des Gentils fussent accomplis, et qu'alors les Juifs seraient amenés à la repentance, comme Jésus Christ le dit dans l'Evangile de Matthieu: «Maintenant vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur». Nous venons de voir l'Eglise unie à Christ, enlevée vers Dieu et la femme qui s'est enfuie dans le désert; viennent ensuite des événements qui ne concernent point l'Eglise, mais Israël et le monde. «Et il y eut un combat dans le ciel: Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon combattait, ainsi que ses anges; et ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel». Toute la puissance de Satan sera mise dehors du ciel: ce qui est en contraste direct avec le résultat de la vie militante de l'Eglise ici-bas: «Notre lutte n'est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre les puissances spirituelles de la méchanceté qui sont dans les lieux célestes». Voilà notre lutte comme conséquence de notre privilège d'être assis dans les lieux célestes avec Christ. Le résultat de ce combat spirituel est le rejet de la puissance de Satan. Dans la prophétie que nous étudions, tout cela est terminé; puis vous voyez la joie qui en résulte parmi les habitants du ciel, les saints célestes: «Et le grand dragon fut précipité, le serpent ancien, appelé Diable et Satan, qui séduit le monde habitable tout entier; il fut, dis-je, précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. Et j'ouïs une grande voix dans le ciel, disant: Maintenant est venu le salut, la puissance, le royaume de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ, car l'accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit, a été précipité. Et ils l'ont vaincu à cause du sang de l'Agneau et à cause de la parole de leur témoignage; et ils n'ont point aimé leur vie, même jusqu'à la mort. C'est pourquoi réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer! Ici nous voyons que, lorsque tout le peuple céleste, c'est-à-dire l'Eglise de Dieu (parce que notre conversation est dans les cieux et que nous sommes un avec Christ dans le ciel) est appelée à se réjouir de ce que l'accusateur des frères est rejeté et qu'ils l'ont vaincu, c'est à ce moment même que Satan descend sur la terre, avec «une grande fureur, sachant qu'il a peu de temps». Voilà donc à la fois des réjouissances dans le ciel et de terribles lamentations sur la terre. Cela dessine nettement le contraste entre ceux qui sont dans les cieux et ceux qui habitent sur la terre, lesquels dans toute l'Apocalypse se trouvent en contraste avec les héritiers des cieux, dont le droit de bourgeoisie est dans les cieux. «C'est pourquoi réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez. Malheur aux habitants de la terre et de la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu'il a peu de temps».

«Or quand le dragon vit qu'il avait été précipité sur la terre, il persécuta la femme qui avait enfanté le mâle». Ici nous voyons clairement que la femme ne représente pas l'Eglise de Dieu, puisque l'Eglise de Dieu est appelée à se réjouir de ce que ses afflictions et de ce que les accusations qu'on portait contre elle sont terminées. Elle est appelée à se réjouir, parce qu'elle a vaincu par le sang de l'Agneau et par son propre témoignage. Mais la femme est dans une position bien différente, puisque toute la fureur de Satan se dirige maintenant contre elle. L'Eglise de Dieu a été mise hors d'atteinte et la fureur de Satan s'adresse à un autre objet qui est le peuple Juif. C'est, pour ce dernier, le temps de la grande tribulation dont il est parlé ailleurs. Christ disait aux Juifs: «Je suis venu au nom de mon Père et vous ne m'avez pas reçu, si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez». Puisqu'ils ne voulaient pas accepter le vrai Christ, ils seraient obligés, d'en avoir un faux. J'ai lu ce chapitre de l'Apocalypse, afin de montrer que, tandis qu'une classe de personnes — ceux qui sont associés à Christ — sont enlevés vers Dieu, et qu'il y a parmi eux un triomphe et des réjouissances, lorsque Satan est précipité, c'est précisément le moment où la tribulation commence sur la terre: «Or quand le dragon vit qu'il avait été précipité sur la terre, il persécuta la femme qui avait enfanté le mâle. Et deux ailes d'un grand aigle furent données à la femme, afin qu'elle s'envolât dans le désert, en son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps, et la moitié d'un temps, loin de la face du serpent». Là, dans le désert, pendant le temps de la tribulation, Dieu a soin d'elle. Elle échappe à la tribulation, au moyen d'une grande puissance qui lui est donnée pour s'enfuir, puissance qui est ici figurée par les ailes d'un grand aigle; Dieu la met en sûreté, non point comme il le fit pour Abraham qui voyait la destruction de Sodome du haut de la montagne, mais comme Lot qui échappa par la fuite. Le peuple qui se réjouit dans le ciel est comme Abraham, tandis que la femme sur la terre est comme Lot, — sauvée par Dieu qui lui donne les grandes ailes d'un aigle, pour qu'elle s'échappe, pendant que toute la puissance et toute la fureur de Satan se déploient: «Et le serpent jeta de sa bouche de l'eau, comme un fleuve, après la femme, afin de la faire emporter par le fleuve. Et la terre aida la femme, car la terre ouvrit sa bouche, et engloutit le fleuve que le dragon avait jeté de sa bouche». C'est-à-dire que des moyens providentiels seront employés pour sauver les Juifs des violentes persécutions auxquelles ils seront en butte: «Et le dragon fut irrité contre la femme, et s'en alla faire la guerre contre le résidu de la semence de la femme, qui garde les commandements de Dieu et qui a le témoignage de Jésus».

Je ferai maintenant allusion à une prophétie plus littérale, qui nous aidera à comprendre cet intervalle dont nous avons parlé, ces temps des Gentils en tant qu'ils ont leur cours actuellement, car je ne doute point qu'ils n'aient commencé aux jours de Nebucadnetsar. Ouvrez le chapitre 8 d'Esaïe, dans lequel il est dit: «Sanctifiez le Seigneur des armées, lui-même», après avoir parlé des circonstances qui amènent ce témoignage béni, rendu à la divinité du Seigneur Jésus et de Jéhovah: «Et qu'il soit votre crainte et votre épouvantement; et Il vous sera pour sanctuaire; mais il sera une pierre d'achoppement et un rocher de trébuchement aux deux maisons d'Israël; en piège et en filets aux habitants de Jérusalem; et plusieurs d'entre eux trébucheront et tomberont, et seront froissés, et seront enlacés, et seront pris». Vous savez que le Seigneur se disait être Lui-même cette pierre d'achoppement et que «quiconque tomberait sur elle serait brisé». «Empaquette le témoignage, cachette la loi parmi mes disciples. J'attendrai donc l'Eternel, qui cache sa face de la maison de Jacob, et je m'attendrai à Lui. Me voici, moi et les enfants que tu m'as donnés». Ces dernières paroles sont citées dans le chapitre 2 des Hébreux. Malgré que Dieu cache sa face loin de la maison de Jacob, Christ dit: «Je m'attendrai à l'Eternel», ou bien — comme dans les 70, — «j'ai mis ma confiance dans le Seigneur». Puis: «Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés». Ces derniers sont les disciples de Christ dans tous les âges. Enfin, au chapitre 9, vous avez la fin de tout cela: «Car tu as mis en pièces le joug dont il était chargé, et le bâton dont on lui battait ordinairement les épaules, et la verge de son exacteur, comme au jour de Madian; parce que tout choc de ceux qui se battent se fait avec tumulte, et que les vêtements sont vautrés dans le sang; mais ceci sera comme un embrasement, quand le feu dévore quelque chose. Car l'Enfant nous est né, le Fils nous a été donné; et l'empire a été posé sur son épaule; et on appellera son Nom, l'Admirable le Conseiller, le Dieu Fort et puissant, le Père d'éternité, le Prince de paix. Il n'y aura point de fin à l'accroissement de l'empire (son gouvernement) et à la prospérité sur le trône de David, pour l'affermir et l'établir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours: la jalousie de l'Eternel des armées fera cela». Nous avons dans ce chapitre le fait de la venue de Christ et de ce qu'il est une pierre d'achoppement; puis Il dit: «Je m'attendrai au Seigneur qui cache sa face de la maison de Jacob». Ensuite vient une période de terribles calamités pour Israël: «Ils regarderont vers la terre et voilà la détresse et les ténèbres, et une effrayante angoisse, et il sera enfoncé dans l'obscurité». Que vient-il ensuite? Une terrible bataille; mais elle contient en elle-même le feu du jugement de Dieu. «Ceci sera comme un embrasement, lorsque le feu dévore quelque chose», symbole du jugement de Dieu. Puis il est dit: «Car l'enfant nous est né»; Christ est cet Enfant qui est né; mais quand Il reviendra, on dira de Lui — comme au chapitre 53 d'Esaïe: «Nous avons estimé qu'étant, ainsi frappé, il était battu de Dieu et affligé». Je fais allusion à ce passage, parce qu'il contient la révélation de la venue de Christ et de son rejet, de sa confiance en l'Eternel, lequel cache sa face de la maison de Jacob, et du fait qu'à la fin il sort en puissance dans la terrible bataille du jugement de Dieu». «Il jugera et fera la guerre en justice». Puis il est dit: «Le Fils nous est né, l'Admirable, etc.» et Il est assis sur le trône de David pour donner la paix à la terre. Tout cela arrive après l'époque pendant laquelle Il a attendu. Il attend depuis son rejet, pendant que Dieu cache sa face de la maison de Jacob, comme Il le fait maintenant; mais cela n'aura pas toujours lieu. J'en parle, afin que nos âmes puissent avoir une idée générale de l'ensemble des voies de Dieu; c'est-à-dire que Christ vient, est rejeté et pris vers Dieu, puisqu'Il est assis sur le trône de son Père, avant de prendre en main son grand pouvoir et son royaume. En attendant, «les temps des Gentils» ont leur cours; Dieu a caché sa face loin de la maison de Jacob; et Jérusalem est foulée aux pieds des Gentils, jusqu'à ce que leurs temps soient accomplis. Pendant ce temps-là, pendant l'interruption des voies de Dieu pour ce qui concerne le gouvernement du monde, Christ, ayant envoyé le Saint Esprit, s'occupe de rassembler ses cohéritiers, afin qu'ils soient associés à Lui lorsqu'Il prendra en main sa grande puissance.

Considérons maintenant l'accomplissement de ces choses en rapport avec l'Eglise, c'est-à-dire quant à son enlèvement pour être réunie à Christ; puis, si le temps le permet, nous considérerons l'accomplissement de ces choses, par rapport aux Juifs. Je tâcherai de prouver que la résurrection des saints est une chose entièrement distincte, par sa nature, son époque et son caractère, de la résurrection des méchants, et que ces deux résurrections sont entièrement contraires; que la résurrection des saints est une faveur spéciale de Dieu, comme le fut celle de Christ Lui-même, parce qu'ils sont déjà sauvés, parce qu'ils ont la vie éternelle, parce qu'ils sont les délices de Dieu — non point en eux-mêmes, mais en Christ. Enfin les saints seront enlevés et considérés à part, comme n'appartenant pas au gouvernement de ce monde, sauf en ce qu'ils en sont les Rois, tandis que les méchants — quoiqu'il soit parfaitement vrai qu'ils ressusciteront, puisque Christ doit ressusciter tout le monde — ressusciteront non point parce qu'ils sont les délices de Dieu, mais précisément à cause du contraire; non parce qu'ils ont leur vie en Christ, car ils ne l'ont pas, mais ils ressusciteront pour le jugement, ce qui n'est pas autre chose que la condamnation. Que le jugement des nations et de la terre soit pour leur condamnation, c'est une autre partie de notre sujet, sur laquelle je ne m'arrêterai pas pour le moment.

Je me propose de parcourir tous les passages qui parlent de la résurrection et de montrer que celle des saints est tout à fait distincte dans sa nature, son époque et son caractère, qu'elle est la conséquence de la rédemption, de sorte que nous pouvons l'attendre dès maintenant, puisque nous sommes sauvés; qu'elle aura lieu à l'arrivée de Christ, tandis que, lorsque les méchants ressusciteront, Christ ne viendra point du tout. Quand Il viendra, Il ressuscitera les saints seuls, pour qu'ils soient avec Lui dans la bénédiction et la gloire. Remarquez, chers amis, combien il est solennel et pratique pour nous tous, que cette distinction soit si clairement établie: que Christ lorsqu'Il arrivera prendra dans sa propre gloire ceux qui ont part à sa vie et à la rédemption, et que ceux qui sont rachetés et ont part à la vie éternelle apparaîtront avec Lui en gloire, tandis que ceux qui n'ont pas de repentance et qui n'ont pas reçu Christ dans leur coeur, seront ressuscités en leur temps, seulement pour le jugement; et que tandis que tous doivent comparaître devant Christ, dès qu'une personne a affaire au jugement, elle est infailliblement condamnée. C'est pourquoi nous trouvons ces mots familiers à nous tous: «N'entre pas en jugement avec ton serviteur, ô Eternel, car en ta présence aucune chair vivante ne sera justifiée». Chers amis, vous sentez combien tout ceci est important. Le sujet que nous considérons maintenant est ainsi directement appliqué à l'état de nos âmes. Il n'y a pas de jugement sans condamnation. Aucun homme avec lequel Dieu entre en jugement ne peut être sauvé, car la sentence a déjà été prononcée aussi clairement que Dieu peut la prononcer: «Il n'y a pas un juste, non pas même un seul». Je ne sais pas ce que le grand trône blanc peut dire de plus clair. Telle est la déclaration qui est mise devant nos consciences; mais avant le jour du jugement qui exécutera «cette colère à venir», Christ vient pour nous délivrer. Et dès que Christ est reçu dans le coeur, nous en sommes délivrés, et nous sommes à la même place que Lui, Il est notre justice, notre vie, notre tout.

Avant d'examiner les passages qui parlent de la résurrection, j'ajouterai en passant qu'en réalité le jugement de Dieu ne saurait être autre chose que la condamnation. Je parle du jugement sur les hommes, non pas sur les anges rebelles, quoique cela soit vrai aussi, relativement à ceux-ci. De Dieu nous avons fait un juge par le péché; Dieu n'aurait pas pu juger Adam s'il était resté tel que Dieu l'avait créé; car, s'Il jugeait les choses qu'Il a créées, Il se jugerait Lui-même. Il ne pouvait donc juger Adam à moins que celui-ci n'eût péché. Dieu avait fait Adam tel qu'il était et il vit que cela était très bien; et aussi longtemps qu'Adam est resté tel, Dieu ne pouvait pas le juger. Ce qui amena Adam en jugement, ce fut qu'il avait abandonné Dieu, écouté Satan, et s'était tourné vers le péché. Que peut donc être le jugement, si ce n'est la condamnation. Dieu peut nous en délivrer par le moyen de Christ; c'est autre chose; mais notre prière doit être: N'entre pas en jugement avec nous, car il n'y a point de juste, non pas même un seul. La résurrection des saints est le résultat et la puissance de la délivrance de Christ, tandis que l'autre résurrection est la juste exécution du jugement sur ceux qui ont roidi leur cou contre la miséricorde de Dieu en Christ, «amassant contre eux-mêmes, un trésor de colère, pour le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu». Maintenant, quant au caractère et à la nature de la résurrection des saints, ouvrez le chapitre 8 des Romains, au verset 11: «Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts, habite en vous», c'est-à-dire si vous êtes chrétiens, car «si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il n'est pas de Christ», — «Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts, vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous». Cela n'est pas vrai pour les méchants. Les motifs de leur résurrection et ceux de la nôtre — si nous sommes des saints — sont tout à fait différents, car nous ressuscitons en vertu du Saint Esprit habitant en nous, c'est-à-dire parce que nous sommes déjà sauvés et scellés par l'Esprit de Dieu.

Voilà le principe; voyez maintenant comment le chapitre 5 de l'Evangile de Jean le met en évidence. Il n'est rien dit du temps, comparativement immatériel; mais ce passage est excessivement solennel et instructif par rapport au point que nous examinons. Christ dit dans le verset 21: «Car comme le Père réveille les morts, et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu'il veut. Car aussi le Père ne juge personne; mais il a donné tout jugement au Fils». Ils vivifient tous les deux; mais le Père ne juge pas; tout jugement est remis entre les mains du Fils: «Afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père», les méchants eux-mêmes, ils ne pourront s'empêcher de le faire: «Celui qui n'honore pas le Fils, n'honore pas le Père qui l'a envoyé. En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et croit à Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle». Vous voyez qu'après avoir dit que le Père et le Fils vivifient, mais que le jugement est donné au Fils, Il nous présente l'alternative: Serai-je l'objet de cette puissance vivifiante en Lui, ou bien serai-je l'objet du jugement? Voilà ce qu'Il nous demande ici: «Celui qui entend ma parole et qui croit à Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle». — Elle lui est donnée — «et il ne viendra pas en jugement, — mais il est passé de la mort à la vie». Christ a exercé sa puissance vivifiante, et Il ne la reniera pas, en amenant en jugement ceux sur lesquels Il l'a exercée: «En vérité, en vérité, je vous dis que l'heure vient, et qu'elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu et l'ayant entendue, ils vivront». Il s'agit sans doute ici de la vivification spirituelle. «Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi Il a donné au Fils aussi d'avoir la vie en lui-même. Et Il lui a donné autorité aussi de juger, parce qu'il est Fils de l'homme. Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres, entendront sa voix: et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront mal fait, en résurrection de jugement». Il s'agit donc d'une résurrection de vie et d'une résurrection de jugement. Quel espace de temps peut séparer ces deux résurrections l'une de l'autre, c'est une question qui n'a rien à faire avec le fait qu'il y aura une résurrection de vie et une résurrection de jugement. Là où une vivification spirituelle a eu lieu, là où il y a la vie éternelle, on ne viendra pas en jugement, mais on a passé de la mort à la vie; mais alors, si le corps est mort, il faut qu'on soit ressuscité pour que cette vie soit complète, les corps devant être en harmonie avec l'état dans lequel ils vont entrer. En revanche, ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour le jugement.

Il est dit: «L'heure vient dans laquelle… etc…». Mais ceci ne signifie nullement que les deux résurrections arrivent au même moment. C'est comme si je disais: «L'heure de la grandeur de Napoléon», voulant parler de la période de sa grandeur, en contraste avec celle de sa décadence. De même, quand il est dit: «L'heure vient et elle est maintenant, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu et l'ayant entendue, ils vivront», nous savons qu'elle a déjà duré plus de 1800 ans, depuis que Christ a prononcé ces paroles. Le vrai but du Seigneur était de mettre l'époque de sa vie en contraste avec celle qui allait suivre. C'est comme s'il disait qu'il y a un temps pour vivifier et un temps pour juger, par conséquent un temps aussi pour ressusciter. Ce passage montre deux caractères distincts de la puissance de Christ: vivifier et juger; ceux auxquels la vie spirituelle est donnée par grâce, ont part à la résurrection de vie; ceux auxquels elle n'est pas donnée ont part à la résurrection de jugement, c'est-à-dire: de condamnation. Voilà le grand principe qui s'y trouve, et je vais m'occuper d'autres passages qui développeront d'autres parties du même sujet.

Au chapitre 20 de Luc, les Sadducéens, s'appuyant sur la loi de Moïse, qui voulait que lorsqu'un homme était mort sans enfants, son frère épousât sa femme, supposent le cas où sept frères auraient eu la même femme l'un après l'autre, et demandent de qui celle-ci serait la femme lors de la résurrection; ils faisaient une querelle au Seigneur en l'éprouvant, et Celui-ci leur répondit: «Les fils de ce siècle se marient et sont donnés en mariage; mais ceux qui seront estimés dignes d'avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d'entre les morts…». Or que signifie: être «estimés dignes d'avoir part à ce siècle et à la résurrection d'entre les morts?». Nous voyons que c'est une faveur spéciale. Pourvu que vous obteniez la résurrection d'entre les morts, vous serez «pareils aux anges»; cela ne peut pas signifier que si vous ressuscitez pour être condamnés vous deviendrez pareils aux anges. Mais Il est dit que, si vous obtenez la résurrection d'entre les morts, vous serez pareils aux anges. «Et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection». Il est impossible que cela soit dit de ceux qui ressuscitent pour la condamnation. Si vous ouvrez le chapitre 15 de la 1re aux Corinthiens, vous y trouverez cela énoncé fort clairement: «Car comme dans l'Adam tous meurent, de même aussi, dans le Christ, tous seront vivifiés: mais chacun dans son propre rang», Puis voici l'ordre dans lequel la résurrection a lieu; voyons un peu si tout le monde y aura part à la fois: «Chacun dans son propre rang, Christ les prémices, puis ceux qui sont de Christ à son arrivée». Il n'y a rien de plus clair: «Ensuite la fin». Il vient donc un autre temps où d'autres ressusciteront. Mais ceux qui sont de Christ ressusciteront à son arrivée. Voilà ce que l'Ecriture révèle touchant la résurrection; et le fait dont je parle est intimement uni au fondement même des vérités de la rédemption. Beaucoup de personnes sont rachetées sans connaître cela, je l'admets; mais il n'en est pas moins vrai que c'est l'effet de la rédemption; et vous pouvez voir la lumière qui est ainsi jetée sur le fait, que je ne viens pas en jugement, parce que j'ai passé de la mort à la vie (Jean 5), et ce que l'Eglise a perdu en perdant cela de vue. Au chapitre 3, verset 9, des Philippiens, l'Apôtre parle de cela comme de son espérance: «Et que je sois, trouvé en Lui, n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par le moyen de la foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi; pour Le connaître, Lui, et la puissance de sa résurrection»; — vous voyez que c'est une chose présente — «et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort; si en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts». Maintenant quelle est la chose qui a assez d'importance pour que l'Apôtre désire être rendu conforme à Christ, si en quelque manière il peut atteindre quelque chose de très spécial, qui est la résurrection d'entre les morts? Lorsque l'Apôtre se sert d'un pareil langage, est-il possible que tous les hommes, tant les méchants que les justes, soient confondus ensemble dans la résurrection, pour qu'il y ait ensuite une séparation entre les justes et les méchants? La vérité est que l'Apôtre invente un nouveau mot, qui n'appartient pas au grec classique, pour exprimer une résurrection d'entre les morts, afin d'établir une distinction entre la résurrection des justes et celle des saints, d'entre les morts. Je n'aime pas à m'occuper de critique, mais le fait est que, dans une quantité de passages, la force est perdue lorsqu'on traduit: «résurrection des morts» là où le grec dit: «résurrection d'entre les morts». C'était le caractère de la résurrection de Christ, lorsqu'Il fut déclaré Fils de Dieu en puissance en étant ressuscité d'entre les morts. Or nous serons semblables à Christ, en ce qu'Il nous ressuscitera d'entre les morts, parce que nous avons l'Esprit de Christ et la vie de la part de Christ. La raison pour laquelle j'insiste là-dessus est que cela touche à la racine même de la question de notre rédemption. Rien n'est plus absurde, pardonnez-moi cette expression, que l'idée d'un jugement général; non que nous ne devions pas être manifestés devant le tribunal de Christ, ce qui est vrai. Prenez Paul lui-même. Voici 1800 ans qu'il est absent du corps et présent avec le Seigneur; comptez-vous encore le juger après cela? Il est avec le Seigneur, parce qu'il avait qualité pour cela, et parler de jugement après est une absurdité. Cela montre seulement que l'Eglise de Dieu, c'est-à-dire les vrais saints, ont perdu le sentiment de leur rédemption, comme d'une chose qui est déjà accomplie. Si la mort de Christ a ôté mes péchés et m'a donné une place avec Lui-même, si, ayant reçu le Saint Esprit, je suis uni au Seigneur comme un seul esprit, dois-je, malgré cela, être encore jugé? En l'affirmant j'oublie ma vraie position.

Je m'en vais maintenant fournir des preuves: ouvrez de nouveau le 15e chapitre de la 1re aux Corinthiens. Après y avoir vu l'ordre de la première résurrection, l'Apôtre, afin de montrer que les saints seuls ressusciteront alors et personne autre, ajoute: «Ainsi aussi est la résurrection des morts: le corps est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire». Comment peut-on appliquer cela à une résurrection générale? «Ressusciter en gloire», peut-on appliquer cela aux méchants? Il est impossible de lire un seul passage relatif à la première résurrection, sans voir — non pas que les autres ne ressusciteront pas, — mais que c'est distinctement et définitivement de la résurrection des saints qu'il est question, parce qu'ils sont rachetés et qu'ils ont la vie en Christ. Prenez encore le chapitre 4 de la 1re aux Thessaloniciens; je l'ai cité l'autre jour par rapport à la venue de Christ; et aujourd'hui nous y avons déjà vu «ceux qui sont de Christ à son arrivée». Il est dit au verset 16: «Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, et une voix d'archange, et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement» — nul autre. C'est en effet une vérité capitale du Nouveau Testament que, de même que Christ, par sa résurrection d'entre les morts, a été déclaré Fils de Dieu en puissance selon l'Esprit de sainteté, de même nous aussi, par la grâce, nous serons,- non pas comme Christ personnellement, mais comme ayant été adoptés — déclarés être les fils de Dieu en atteignant la résurrection du corps, lorsque le moment arrivera.

Mon seul but, en citant encore l'Apocalypse, est de montrer qu'il y aura mille ans, entre les deux résurrections. Mais, qu'il s'agisse de mille ans ou de mille jours, le point important est que ce sont deux choses totalement distinctes l'une de l'autre. La résurrection des saints consiste dans le fait que Dieu prend ceux dans lesquels Il a ses délices, qui sont déjà rachetés et vivifiés par l'Esprit, parce que son Esprit habite en eux; dans le fait, dis-je, que Dieu les prend pour être avec Christ dans la gloire. L'autre résurrection, qu'elle ait lieu cent jours ou cent années plus tard, est la résurrection pour le jugement, chose tout à fait différente.

Il y a encore un passage que je veux vous citer, afin de montrer comment la même vérité est partout affirmée; c'est le chapitre 14 de Jean: «Je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où je suis, moi, vous y soyez aussi». Voilà comment Christ nous prendra; à sa venue, Il nous prendra pour que nous soyons avec Lui, là où Il est. Il y a un passage que l'on cite pour prouver la doctrine erronée d'une résurrection générale. On ne peut pas faire servir à cet usage un seul des passages qui parlent de la résurrection, mais on cite le chapitre 25 de Matthieu, dans lequel il est parlé de la séparation entre les brebis et les boucs. Or il n'y a pas là une seule syllabe sur la résurrection. Au chapitre 24, le Seigneur a parlé des voies de Dieu envers le peuple Juif, jusqu'à la venue du Christ; puis, en trois paraboles, il décrit ses voies envers les saints; ensuite il décrit ses voies envers, les nations; enfin Il parle du temps où il vient en gloire, pour s'asseoir sur le trône de sa gloire, et pour rassembler devant Lui toutes les nations afin de les juger; et c'est là le jugement dont tant de personnes ont étrangement oublié l'existence. Elles ignorent qu'il y a un jugement des vivants aussi bien que des morts, et ce jugement des vivants sera terrible aussi.

Je m'occuperai maintenant du passage de l'Apocalypse qui parle des mille ans. Je viens de parler d'un autre passage, parce qu'on est disposé à croire que cette «première résurrection» est simplement l'exposition de quelques idées symboliques que nous avons trouvées dans l'Apocalypse. Mais, ainsi que je vous l'ai montré, il n'y a pas de passage dans l'Ecriture, parlant de la résurrection qui n'enseigne, au fond, qu'il y a une première résurrection des saints. Ouvrons le chapitre 20 de l'Apocalypse. Remarquez d'abord que, dans les chapitres précédents, Babylone a été détruite; «dans laquelle fut trouvé le sang des prophètes et des saints». Ensuite nous trouvons le jugement des méchants, sur la terre; puis les noces des saints avec l'Agneau et leur arrivée avec Lui lorsqu'Il vient pour détruire la Bête: «Les armées qui étaient dans le ciel le suivaient»; lorsque Christ viendra, ses saints célestes viendront avec Lui, selon qu'il est dit: «Le Seigneur mon Dieu viendra, et tous ses saints avec Lui». «Voici le Seigneur avec ses saintes myriades». «Lorsque Christ qui est notre vie apparaîtra, alors nous apparaîtrons aussi avec Lui, en gloire». Ici, dans l'Apocalypse, on les voit figurément s'avancer revêtus de vêtements blancs qui sont la justice des saints. Je parle de cela, seulement pour montrer la place qu'ils occupent. Alors Christ arrive avec ses saints, comme Roi des rois, et Seigneur des seigneurs, et la Bête et le faux prophète sont pris et détruits. Satan est lié et Jean ajoute: «Et je vis des trônes; et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné; et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu, et ceux qui n'avaient pas rendu hommage à la Bête, ni à son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main, et ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans». Nous voyons là les saints, ceux auxquels le jugement est donné et qui l'exécutent, assis sur des trônes et régnant avec Christ mille ans: «Mais le reste des morts ne revécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis». C'est la première résurrection. Voyez comme tout cela montre la parfaite absurdité de ce que l'on nomme le millenium spirituel. C'est une triste et solennelle chose que de voir l'influence qu'une telle erreur exerce sur les esprits, — non point que le Saint Esprit n'y ait rien à faire, car il y sera — mais vous voyez avant tout cela que les noces de l'Agneau avec l'Eglise, l'épouse de Christ, sont arrivées. Tout ce qui concerne l'Eglise est achevé, et Christ arrive pour exécuter le jugement sur la Bête et le faux prophète, accompagné des armées de ses saints, l'Epouse s'étant préparée, et les noces de l'Agneau ayant eu lieu auparavant. Malgré cela, on veut encore considérer le millenium comme un état futur de l'Eglise ici-bas. J'admets qu'il y ait ici une figure; mais il est certain que si l'Epouse est en haut et que les noces de l'Agneau soient accomplies, il ne s'agit pas de l'état de l'Eglise ici-bas. Car nous lisons aussi que Satan doit être lié alors, tandis que ce qui nous caractérise ici-bas, c'est que nous avons à vaincre Satan. «Satan sera bientôt écrasé sous vos pieds». Notre place ici est de combattre, non point contre la chair et le sang, mais contre les méchancetés spirituelles dans les lieux célestes; tandis que lorsque l'Agneau arrive avec ses saints, Satan est lié et la période de mille ans commence.

Je désire vous faire remarquer la connexion qui existe entre le passage du chapitre 15 de la 1re Epître aux Corinthiens, et le chapitre 25 d'Esaïe, parce que le rapport entre ces deux choses — la résurrection des saints et la restauration d'Israël — ressortiront ainsi d'une manière fort claire. L'Apôtre dit que, «lorsque ce corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que ce mortel aura revêtu l'immortalité, alors la parole qui est écrite s'accomplira: La mort a été engloutie en victoire». Si vous ouvrez maintenant le chapitre 25 d'Esaïe, vous verrez que cela arrive au temps que nous appelons le millenium, lorsque les Juifs, ayant été rétablis dans leur pays sur la terre, arrive cette ère de bénédiction parmi les nations, appelée communément millenium. Il est dit là: «Tu abaisseras la tempête éclatante des étrangers, comme le hâle est rabaissé dans un pays sec, le hâle, dis-je, par l'ombre d'une nuée; le branchage des terribles sera abattu. Et l'Eternel des armées fera à tous les peuples en cette montagne un banquet de choses grasses, un banquet de vins purifiés, de choses grasses et moelleuses, de vins sans aucune lie, bien purifiés. Et il enlèvera en cette montagne l'enveloppe redoublée qu'on voit sur tous les peuples et la couverture qui est étendue sur toutes les nations. Il engloutira la mort en victoire». Cela arrive lorsque la résurrection a lieu, car il est dit dans les Corinthiens: «Alors la parole qui est écrite s'accomplira: La mort a été, engloutie en victoire». Il parait ainsi que l'époque où cette résurrection aura lieu est aussi celle où le Seigneur rétablira Israël, lorsqu'Il l'établira en Sion et qu'Il ôtera le voile de dessus la face de toutes les nations. Il est dit: «Voici, n'est-ce pas de par l'Eternel, que les peuples travaillent pour nourrir abondamment le feu, et que les nations se fatiguent très inutilement? Mais la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Eternel, comme les eaux comblent la mer» (Habakuk 2: 13, 14). Telle sera la condition de la terre au temps du millenium, — après que «les nations auront travaillé pour le feu et se seront fatiguées pour la vanité». — Il est dit de nouveau (Esaïe 26): «Est-il fait grâce au méchant? il n'en apprend point la justice, mais il agira méchamment en la terre de la droiture, et il ne regardera point à la majesté de l'Eternel. Eternel, ta main est-elle haut élevée? ils ne l'aperçoivent point; mais ils l'apercevront et ils seront honteux à cause de leur jalousie contre ton peuple; et le feu dont tu punis tes ennemis les dévorera». Nous voyons ainsi que quoique la faveur soit montrée aux méchants, ils ne veulent pas apprendre la justice, mais «lorsque les jugements de Dieu sont en la terre, les habitants de la terre habitable apprennent la justice» (verset 9).

J'ajoute ces quelques textes pour montrer que le millenium n'est pas spirituel. Chaque fois que Dieu parle de la terre comme étant pleine de la connaissance de la gloire de l'Eternel, c'est toujours en connexion avec le jugement. Vous trouvez dans les Nombres que, lorsque Dieu dit qu'Il veut détruire Israël, il est écrit ensuite: «Toute la terre sera remplie de la gloire du Seigneur», et vous avez la même chose dans le passage d'Habakuk que je viens de citer. Jamais vous ne trouvez l'idée de l'Evangile répandu et amenant toutes les nations à son obéissance. Dans le chapitre 11 des Romains, l'Apôtre dit: «Or, je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux; c'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée; et ainsi tout Israël sera sauvé». C'est-à-dire qu'il traite leur attente, que l'Eglise professante ne sera pas retranchée, comme l'effet de leur propre sagesse. Dans un autre passage, il est déclaré que ce qui rassemble en bataille les rois de la terre, ce sont les trois esprits immondes qui sortent de la bouche du Dragon, de celle de la Bête et de celle du faux Prophète. Je n'entre pas actuellement dans les détails, mais il doit être évident pour vous que, lorsque ces trois esprits immondes sortent afin de réunir toute la terre pour la bataille du grand jour du Dieu Tout-Puissant, il ne peut pas être question là du rassemblement des saints. C'est le rassemblement de la puissance de Satan.

Je crois avoir parcouru tous les passages du Nouveau Testament qui parlent de la résurrection; et il me semble que vous devez comprendre clairement que tous ces passages démontrent positivement que la résurrection des saints est entièrement distincte de celle des méchants, puisqu'elle est fondée sur leur rédemption et sur le fait qu'ils ont reçu la vie de la part de Christ, vie dont la puissance est démontrée par la résurrection de leurs corps; puis que cette résurrection de vie est complètement distincte de la résurrection de jugement, puisqu'un laps de temps de mille ans les sépare — et enfin que tandis que la première résurrection est le résultat de la rédemption, l'autre est le résultat du rejet de la rédemption. Je n'ai pas le temps d'entrer dans le sujet de la restauration des Juifs; mais permettez-moi d'employer encore quelques mots à ces solennelles vérités: avant que le jugement n'arrive, Christ est venu pour sauver. S'il entre en jugement, personne ne peut être sauvé; lorsqu'Il viendra en jugement, aucune chair vivante ne pourra être justifiée, parce qu'il n'y a pas de juste, non pas même un seul. Et, à cause de cela, le Seigneur a envoyé un parfait salut, afin que nous puissions échapper au jugement; un salut qui nous délivre de la colère à venir; il y a une colère à venir, mais il y a une délivrance de cette colère. Lorsque Dieu intervient de cette manière pour nous délivrer de la colère à venir, Il ne nous sauve pas seulement de la colère, mais Il nous donne une place avec son propre Fils; non seulement nos péchés nous sont pardonnés, mais encore nous sommes unis à Christ, un seul Esprit avec Lui, Christ étant le premier-né entre plusieurs frères qui sont membres de son corps, de sa chair et de ses os, de sorte qu'Il nourrit l'Eglise comme un homme nourrit et soigne sa propre chair, et Il dit: «Père, je veux que ceux que tu m'as donnés soient avec moi, là où moi, je suis»; de sorte que, lorsqu'Il apparaîtra, nous apparaîtrons aussi avec Lui, et que, s'Il est juge, les saints aussi seront assis avec Lui sur des trônes et le jugement leur sera donné, car, dit l'Apôtre: «Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde?».

Chers amis, est-ce là l'idée que vous avez de la rédemption? Vos âmes ont-elles cru que ce monde est un monde condamné? Je sais bien que le monde ne peut pas supporter d'entendre cela; mais il faudra bien qu'il le supporte, lorsqu'Il ressuscitera pour le jugement. Les âmes sont éprouvées individuellement, mais il n'est pas vrai que le monde soit dans un état d'épreuve. Christ est venu pour chercher et pour sauver ce qui est perdu; or un homme qui est perdu n'est pas dans un état d'épreuve. Lorsque nous sommes jugés, nous sommes jugés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. Quant à celui-ci, sa condamnation est une chose résolue. Comment vos coeurs acceptent-ils que toute cette scène active, au milieu de laquelle vous vivez, est un monde condamné? que c'est ce même monde qui a dit: «Voici l'héritier; venez, tuons-le?» que ce monde a rejeté Christ et que Christ a dit: «Maintenant est le jugement de ce monde?» Il dit: «Le monde ne me verra plus», et «lorsque le Consolateur viendra, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement: de justice, parce que je vais vers mon Père et que vous ne me voyez plus»; mais parce que le monde est ainsi condamné, une rédemption nous est offerte, une nouvelle vie, un second Adam au lieu du premier, et toutes les promesses de Dieu sont en Lui; en Lui, oui, et en Lui, amen. Lorsque Adam pécha la promesse ne lui fut pas donnée, c'est à la semence de la femme que Dieu promit qu'elle briserait la tête du serpent. C'est-à-dire que la promesse fut donnée au second Adam et non point au premier. En Christ, nous n'avons pas seulement le pardon, mais la gloire. Nous sommes un avec Christ, l'Epouse de Christ, et nous avons notre place, non pas selon les mérites du premier Adam, mais selon les mérites du second. Saisissez-vous cette vérité bénie? Que le Seigneur vous donne de sentir plus profondément que vous ne l'avez encore fait, ce que c'est que d'être dans un monde qui a rejeté le Seigneur et de savoir, avec des coeurs joyeux, que vous lui avez rendu hommage et que vous l'avez reçu vous-mêmes comme votre Sauveur qui, dans son indicible amour, souffrit et mourut pour nous.

4.  Méditation sur Romains 11

L'Ecriture traite deux grands sujets, outre notre salut individuel, savoir l'Eglise et le Gouvernement de ce monde; le dernier de ces sujets nous conduit immédiatement aux Juifs qui en sont le centre, de même que l'Eglise est le centre de la gloire céleste sous Christ, sous lequel, comme sous leur tête, toutes choses dans les cieux et sur la terre doivent être réunies en un. Ce gouvernement du monde doit s'étendre sur toute la terre, mais la nation royale, le siège et le centre de ce gouvernement, sera le peuple juif. C'est à Jérusalem, comme centre de l'adoration et du gouvernement, que se rendront toutes les nations, ainsi que cela a été ordonné dès le commencement, selon le passage remarquable de Deutéronome 32: 8: «Quand le Souverain partageait les nations, quand il séparait les enfants des hommes les uns des autres, il établit les bornes des peuples, selon le nombre des enfants d'Israël; car la portion de l'Eternel, c'est son peuple; et Jacob est le lot de son héritage». Voici la difficulté que ce sujet fait naître chez plusieurs personnes: Si ce peuple a été rejeté à cause de ses péchés — son idolâtrie, et le rejet de Jésus Christ — et si l'Eglise et le Royaume des cieux ont été établis, comment ce peuple sera-t-il restauré? ne se confondra-t-il pas plutôt avec la Chrétienté? Cette objection ne tient aucun compte ni des prophéties de l'Ancien Testament, ni des déclarations du Nouveau. Je citerai d'abord ce dernier pour répondre à l'objection; nous passerons ensuite aux témoignages positifs et directs de l'Ancien Testament, relativement à ce peuple élu de Dieu. Cette question est traitée dans le 11e chapitre des Romains: «Je dis donc: Dieu a-t-il rejeté son peuple? Qu'ainsi n'advienne… Dieu n'a point rejeté son peuple, lequel il a préconnu». Puis, le fait de leur rejet étant établi, l'Apôtre montre que ce châtiment est la réconciliation du monde, et il ajoute: «Car si leur réjection est la réconciliation du monde, que sera leur réception, sinon une vie d'entre les morts! Or si quelques-unes des branches ont été arrachées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, as été enté, au milieu d'elles, et es devenu coparticipant de la racine et de la graisse de l'olivier, ne te glorifie pas contre les branches; car si tu te glorifies, ce n'est pas toi qui portes la racine, mais c'est la racine qui te porte. Tu diras donc: Les branches ont été arrachées, afin que je fusse enté. Bien! elles ont été arrachées par leur incrédulité, et toi, tu es debout par la foi: ne t'élève donc point par orgueil, mais crains (si en effet Dieu n'a pas épargné les branches qui sont telles selon la nature), qu'il ne t'épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu: sévérité sur ceux qui sont tombés; bonté envers toi, si tu persévères dans cette bonté; autrement toi aussi tu seras coupé. Et eux aussi, s'ils ne persévèrent pas dans l'incrédulité, ils seront entés, car Dieu est puissant pour les enter de nouveau. Car si toi, tu as été coupé de l'olivier qui, selon la nature, était sauvage, et as été enté en dehors de la nature sur l'olivier franc». L'Apôtre met donc les Chrétiens Gentils en garde contre l'erreur même à laquelle je fais allusion, les assurant qu'ils sont en danger d'être retranchés à leur tour, comme nous le verrons mieux lorsque nous traiterons ce sujet. Au verset 25, il ajoute: «Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci: qu'un aveuglement partiel est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon ce qui est écrit: Le libérateur viendra de Sion, et il détournera de Jacob l'impiété». Ils sont partiellement mis à part jusqu'à ce que l'Eglise soit enlevée, et alors un Libérateur, Christ, sortira de Sion, après que toute l'Eglise aura été rassemblée, et détournera leur impiété. Cela n'arrivera pas au moyen de l'Evangile, tel qu'il est prêché maintenant, car il ajoute: «Ils sont ennemis à l'égard de l'Evangile, à cause de vous», — les Gentils étant ainsi introduits: «mais ils sont bien-aimés selon l'élection, à cause des pères. Car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentir». Ici nous avons les voies de Dieu à leur égard clairement exposées. Aveuglement partiel pour un temps, pendant lequel l'Eglise, la plénitude des Gentils, est appelée; à la fin de ce temps, leur Libérateur sort de Sion. Notre Evangile ne sera pas le moyen; ils sont, comme nation, ennemis à l'égard de cet Evangile, mais ils n'ont pas cessé d'être bien-aimés à cause des pères. C'est l'affaire, l'élection de Dieu; or quant à ses dons et à ses voies, Il ne change pas d'idée (*). Il est donc certain que Dieu maintient ses desseins, à leur égard comme peuple, et que ce n'est pas par l'Evangile comme il est prêché, maintenant, qu'ils seront appelés. Quant à cet Evangile, ils sont ennemis. De même aussi, à la fin du chapitre 24 de Matthieu, le Seigneur dit, en parlant du jugement qui va fondre sur eux, que leur maison restera déserte, jusqu'à ce qu'ils s'écrient, selon le Psaume 118: «Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur». Puis il poursuit leur histoire jusqu'à son arrivée, après laquelle Il rassemblera les élus d'entre eux, des quatre vents; et les Juifs ne devaient pas cesser d'exister, comme une race à part, jusqu'à ce que tout soit accompli (Deutéronome 32: 5-20). Ensuite, le Seigneur montre ses voies envers ses serviteurs dans l'intervalle, et puis envers les Gentils lorsqu'Il reviendra.

 (*) Le verset 31 devrait être traduit ainsi: «De même aussi ceux-ci n'ont maintenant pas cru à votre miséricorde, afin qu'ils puissent être des objets de miséricorde». Les Gentils étaient clairement des objets des miséricordes; mais les Juifs avaient des promesses; mais ayant rejeté la grâce de l'Evangile, ils devinrent des objets de pure miséricorde, comme les Gentils. Cela excite l'admiration de l'Apôtre touchant les voies de Dieu.

Nous voyons ainsi distinctement ce que le Nouveau Testament, le Seigneur et l'Apôtre nous enseignent quant aux plans et aux voies de Dieu envers son peuple ancien et élu. Nous trouvons cela amplement confirmé, en comparant Deutéronome 32: 26, 27 et suivants. A la fin, le Seigneur jugera son peuple et se repentira en faveur de ses serviteurs; les nations seront appelées à se réjouir avec eux (*) et Jéhovah aura pitié de son pays et de son peuple. Je puis maintenant m'occuper des déclarations directes des prophètes; elles ne laissent aucun doute sur leur restauration et sur leur bénédiction, comme peuple, avec Jérusalem pour centre de leur domination et de leur gloire. Les passages eux-mêmes prouvent que ces prophéties n'ont jamais été accomplies; je veux cependant commencer par certaines considérations générales. Il est évident qu'à la première arrivée de Christ, Israël n'a pas été introduit, comme peuple, dans les bénédictions qui lui avaient été promises. Ce fut le temps de leur réjection; et les Gentils entés sur l'olivier des Juifs, le monde réconcilié et la réception des Juifs à nouveau sont mis en contraste avec leur réjection. Jérusalem fut détruite, non pas rebâtie. Le peuple dispersé, non pas rassemblé. Cependant on allègue quelquefois leur restauration après la captivité babylonienne, comme étant l'accomplissement des promesses. Mais celles-ci furent loin d'être accomplies. Les bénédictions promises aux Juifs doivent être réalisées sous la nouvelle alliance; mais alors la nouvelle alliance n'était pas établie. Elles auront leur réalisation sous le Messie, mais le Messie n'existait pas alors; les Juifs étaient encore sous la captivité, de sorte que Néhémie dit: «Voici, nous sommes aujourd'hui esclaves, même dans le pays que tu as donné à nos pères pour en manger le fruit et les biens; voici, nous y sommes esclaves; et il rapporte en abondance pour les rois que tu as établis sur nous, à cause de nos péchés, et qui dominent sur nos corps et sur nos têtes, à leur volonté; de sorte que nous sommes dans une grande angoisse». Lorsque le Christianisme fut introduit, non seulement Jérusalem fut détruite en jugement, mais les Gentils étaient alors en pleine gloire et en plein triomphe. Lorsque les Juifs seront rétablis selon la prophétie, ils seront jugés, puis soumis.

(*) L'Apôtre Paul cite ceci pour établir, comme principe, que Dieu bénira les Gentils. Mais il est évident que l'accomplissement en est encore futur; la plus petite attention à ce chapitre suffit pour rendre cela clair.

Je m'en vais maintenant citer les prophéties qui prédisent ce rétablissement du peuple Juif. Vous verrez qu'il est en connexion avec Christ, avec le jugement des Gentils, avec la nouvelle alliance, et même avec la première résurrection. Il y aura d'abord un résidu épargné pour devenir une grande nation. Je cite premièrement Esaïe qui nous fournit de très remarquables prophéties sur ce sujet. Après avoir décrit le mal universel et le jugement de cette nation, il termine ainsi son introduction prophétique (4: 2-6): «En ce temps-là le germe de l'Eternel sera plein de noblesse et de gloire, et le fruit de la terre plein de grandeur et d'excellence pour ceux qui seront réchappés d'Israël; et il arrivera que celui qui sera resté dans Sion, et qui sera demeuré de reste dans Jérusalem, seront tous marqués pour vivre. Quand le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion, et qu'il aura essuyé le sang de Jérusalem du milieu d'elle, en esprit de jugement, et en esprit de consomption. Aussi l'Eternel créera sur toute l'étendue du mont de Sion, et sur ses assemblées, une nuée de jour avec une fumée, et une splendeur de feu flamboyant de nuit; car la gloire se répandra partout. Et il y aura un tabernacle pour donner de l'ombre contre la chaleur, et pour servir de refuge et d'asile contre la tempête et la pluie». Ainsi la gloire sera restaurée en Sion, lorsque le Seigneur l'aura nettoyée de son péché par le jugement. Nous trouvons là deux causes de jugement: l'incrédulité d'Israël à l'égard de son premier appel, et son incapacité d'aller à la rencontre de la gloire du Seigneur, lorsqu'Il apparaîtra. Le chapitre 6 parle du jugement que l'Eternel prononce en rapport avec la seconde de ces deux causes: «Engraisse le coeur de ce peuple, et rends ses oreilles pesantes, et bouche ses yeux, de peur qu'il ne voie de ses yeux, et qu'il n'entende de ses oreilles, et que son coeur ne comprenne, et qu'il ne se convertisse, et qu'il ne recouvre la santé». Le prophète demande alors: «Jusques à quand?» Voici la réponse: «Jusqu'à ce que les villes aient été désolées, et qu'il n'y ait plus d'habitants, ni d'hommes dans les maisons, et que la terre soit mise en une entière désolation, et que l'Eternel ait dispersé au loin les hommes, et qu'il y aura eu un grand abandon au milieu du pays». Puis il ajoute: «Toutefois il y en aura en elle encore une dizaine, puis elle retournera et sera broutée; comme la fermeté des chênes et des rouvres consiste en ce qu'ils rejettent, ainsi la semence sainte sera sa fermeté». Rien ne pourrait dépeindre d'une manière plus frappante le long hiver de la désolation d'Israël; mais Dieu veut établir, par le résidu, un principe de restauration et de bénédiction. Paul le dit, Romains 11. Mais cela est cependant prophétisé d'une manière plus historique, dans les chapitres 8 et 9 d'Esaïe, où la réjection de Christ est positivement annoncée dans les versets 14 à 18. Sa manifestation en gloire en faveur d'Israël, quoique en jugement, est annoncée au chapitre 9, versets 5-7. Les chapitres 11 et 12, qui terminent cette série, annoncent la restauration d'Israël, en terminant ainsi: «Habitante de Sion, égaie-toi, et te réjouis avec chant de triomphe: car le Saint d'Israël est grand au milieu de toi». Dans les chapitres 24 et 25, qui terminent la série suivante, le témoignage de Dieu continue jusqu'à la désolation totale de la terre. «La terre chancellera entièrement comme un homme ivre, et sera transportée comme une loge; et son péché s'appesantira sur elle, tellement qu'elle tombera, et ne se relèvera plus», C'est le jugement final et définitif de la terre comme centre de la puissance de l'homme. Le prophète ajoute: «Et il arrivera, en ce jour-là, que l'Eternel punira l'armée d'en haut en haut, et les rois de la terre sur la terre… alors la lune rougira et le soleil sera honteux, quand l'Eternel des armées régnera en la montagne de Sion et en Jérusalem; et ce ne sera que gloire en la présence de ses anciens». Ici donc, nous trouvons de nouveau le jugement sur la terre et le peuple Juif amené dans la jouissance de la présence et de la bénédiction de Jéhovah. Mais il y a plus que cela. Au chapitre 25, une bénédiction universelle arrive enfin sur tous les Gentils: «Et sur cette montagne l'Eternel des armées fera à tous les peuples un banquet de choses grasses, un banquet de vins purifiés, de choses grasses et moelleuses, de vins sans aucune lie, bien purifiés. Et il enlèvera en cette montagne l'enveloppe redoublée qu'on voit sur tous les peuples, et la couverture qui est étendue sur toutes les nations». Alors aussi déjà a eu lieu la résurrection: «Il engloutira la mort en victoire; et le Seigneur l'Eternel essuiera toute larme de dessus tout visage, et il ôtera l'opprobre de son peuple de dessus toute la terre; car l'Eternel a parlé». C'est en la montagne de Sion que se trouve la bénédiction et la puissance qui mettront de côté tout ce qui est hostile. Au chapitre 26, tout cela est célébré dans un chant prophétique. Au 27, la puissance de Satan est détruite et les voies de Dieu envers Israël passées en revue. En examinant ces chapitres qui terminent les deux séries (5-12, et 24-27), la première contenant les voies de Dieu avec Israël, dans sa terre; la seconde, ses voies avec les Gentils, j'ai omis un chapitre remarquable au milieu de la série sur les Gentils, auquel je reviens; c'est le chapitre 18, difficile dans ses expressions, mais très clair quant à son but. Des messagers sont envoyés par une grande puissance protectrice vers une nation dispersée et faible, une nation merveilleuse dès son origine. Le Seigneur convoque tous les habitants de la terre. Lui-même se tient en haut, dans sa demeure; les Juifs reviennent avec l'espoir d'une grande bénédiction terrestre. Au moment où cette bénédiction semble fleurir, ils sont coupés de nouveau, et les bêtes des champs, les Gentils, passeront l'été et l'hiver sur eux. Cependant, en ce temps-là, ce peuple est amené comme un présent à l'Eternel, et ensuite ils Lui apportent eux-mêmes un présent en la montagne de Sion. Nous apprenons ainsi leur retour par suite de quelque mouvement politique, leur désolation subséquente dans leur pays; cependant ils sont amenés au Seigneur, puis eux-mêmes apportent leur offrande à Jéhovah en Sion. Vous trouverez, au chapitre 29, d'une manière remarquable dans le 32, et pleinement dans le 34 et le 35, le témoignage rendu par l'Esprit à la restauration finale d'Israël. Vous pouvez comparer les chapitres 54, 62, 65, 66, pour y trouver des témoignages plus étendus sur la restauration de Jérusalem en gloire. Les prophéties d'Esaïe ont le caractère d'une révélation générale des voies de Dieu, ayant les Juifs pour leur centre, y compris leur faute en se séparant de Dieu et en rejetant Christ, Babylone leur verge pendant qu'ils sont méconnus et l'Assyrien pendant qu'ils sont reconnus.

Mais Jérémie vivait du temps où la maison d'Israël avait accompli sa faute et où Jérusalem allait être mise en captivité par Babylone. Par conséquent, lorsqu'il plaide avec eux touchant leurs péchés, il entre dans des détails spéciaux sur la restauration des Juifs et de Jérusalem, annonçant, comme les autres prophètes, le jugement des orgueilleux Gentils. Je vais maintenant m'occuper des prophéties de Jérémie. Le contenu des chapitres 30-34, est digne de toute votre attention; je n'en puis citer que les passages les plus frappants. Dans le chapitre 30, le prophète mentionne ce jour de la détresse de Jacob, à nulle autre pareille, dont le Seigneur parle en Matthieu 24: mais il déclare que Jacob en sera délivré — déclaration qui, vous le savez, n'a pas été accomplie lors de la première destruction de Jérusalem par Titus; il ajoute qu'en ce jour-là l'Eternel des armées brisera le joug de dessus son cou, et que les étrangers ne l'asserviront plus; il mentionne la complète désolation de Jérusalem, mais il déclare que Jacob sera ramené de la captivité, que la cité sera rebâtie sur ses propres fondements, et que le palais sera aussi en sa place; enfin il annonce le jugement définitif des adversaires, lorsqu'Israël sera de nouveau son peuple, et que cela aura lieu dans les derniers jours. Nous voyons au chapitre 31 que les deux familles deviendront son peuple. Cela prouve tout d'abord qu'il ne s'agit pas seulement du retour de Babylone; il déclare que son amour est un amour éternel. Jacob racheté (verset 11) viendra chanter sur la montagne de Sion. Au verset 31 tout cela est fondé sur l'établissement d'une nouvelle alliance; puis le chapitre se ferme par ces mots remarquables: «Ainsi a dit l'Eternel qui donne le soleil pour être la lumière du jour, et le règlement de la lune et des étoiles pour être la lumière de la nuit; qui fend la mer et les flots en bruient; duquel le nom est l'Eternel des armées: Si jamais ces règlements disparaissent de devant moi, dit l'Eternel, aussi la race d'Israël cessera d'être jamais une nation devant moi. Ainsi a dit l'Eternel: si les cieux se peuvent mesurer par-dessus, et les fondements de la terre sonder par-dessous, aussi rejetterai-je toute la race d'Israël, à cause de toutes les choses qu'ils ont faites, dit l'Eternel. Voici, les jours viennent, dit l'Eternel, que cette ville sera rebâtie à l'Eternel, depuis la tour d'Hananeël, jusqu'à la porte du coin. Et encore le cordeau à mesurer sera tiré vis-à-vis d'elle, sur la colline de Gareb, et fera le tour vers Goath. Et toute la vallée de la voirie et des cendres, et tout le quartier jusqu'au torrent de Cédron, jusqu'au coin de la porte des chevaux vers l'orient, sera une sainteté à l'Eternel, et ne sera plus détruit, ni démoli à jamais». Au 32, il lui est commandé d'acheter un champ à Anathoth, et le chapitre se termine ainsi: le Seigneur déclare qu'il les rassemblera, et qu'ils seront son peuple, et qu'il sera leur Dieu: «Et je leur donnerai un même coeur, et un même chemin, afin qu'ils me craignent à jamais, pour leur bien et le bien de leurs enfants après eux. Et je traiterai avec eux une alliance éternelle, que je ne me retirerai point d'eux pour leur faire du bien; et je mettrai ma crainte dans leur coeur, afin qu'ils ne se retirent point de moi. Et je prendrai plaisir à leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays-ci solidement, de tout mon coeur et de toute mon âme. Car ainsi a dit l'Eternel: Comme j'ai fait venir tout ce grand mal sur ce peuple, ainsi je vais faire venir sur eux tout le bien que je prononce en leur faveur». L'occasion de la prophétie était ceci: «Voici, Hanameël, fils de Shallum, ton oncle, qui vient vers toi, pour te dire: Achète-toi mon champ qui est à Anathoth; car tu as le droit de retrait-lignager pour le racheter. Hanameël donc, mon oncle, vint à moi, selon la parole de l'Eternel, dans la cour de la prison, et me dit: Achète… ainsi j'achetai…». A la fin l'Eternel dit en rapport avec cela: «On achètera, dis-je, des champs à prix d'argent, on écrira des contrats… car je ferai retourner leurs captifs, dit l'Eternel».

Les promesses sont renouvelées au chapitre 33 et Dieu déclare qu'il ne manquera jamais à David d'homme assis sur le trône de la maison d'Israël: «Si vous pouvez abolir mon alliance touchant le jour, et mon alliance touchant la nuit, tellement que le jour et la nuit ne soient plus en leur temps, alors aussi mon alliance avec David, mon serviteur, sera abolie; tellement qu'il n'ait plus de fils régnant sur son trône; et avec les Lévites, mes sacrificateurs, faisant mon service. Car comme l'armée des cieux ne saurait être comptée, ni le sable de la mer mesuré, de même aussi, je multiplierai la postérité de David, mon serviteur, et les Lévites qui me servent. La parole de l'Eternel fut encore adressée à Jérémie, en disant: N'as-tu pas vu ce que ce peuple a prononcé, disant: L'Eternel a rejeté les deux familles qu'il avait élues? Ainsi ils ont méprisé mon peuple, tellement qu'à leur compte il ne sera plus une nation. Ainsi a dit l'Eternel: Si mon alliance n'est point avec le jour et la nuit, et si je n'ai point établi les ordonnances des cieux et de la terre, alors aussi je rejetterai la postérité de Jacob, et celle de David, mon serviteur, pour ne plus prendre de sa postérité des gens qui dominent sur la postérité de Abraham, d'Isaac et de Jacob; car je ferai retourner leurs captifs et j'aurai compassion d'eux». Rien de plus positif que ces promesses; le Seigneur se fonde sur son immuable fidélité, mentionne tout le mal dont Israël s'est rendu coupable et déclare qu'Il ne le rejettera pas pour cela, mais qu'il mettra sa loi dans leur coeur; puis il donne des détails locaux sur la réédification de Jérusalem; enfin il ajoute que, comme Il les a renversés et détruits, de même aussi il les rétablira. Il est donc impossible d'appliquer cela à d'autres qu'à eux.

Nous trouvons des détails sur leur restauration dans Ezéchiel. Au chapitre 20 il est dit, que les dix tribus seront ramenées d'entre les peuples et que, de même qu'aux jours de la sortie d'Egypte, les rebelles tombèrent dans le désert, de même aussi ils passeront sous la verge comme un troupeau compté par le berger, et que les rebelles n'entreront pas dans le pays (versets 34-38). Il n'en est pas ainsi des deux tribus; elles retourneront dans l'incrédulité, un résidu seulement étant fidèle «les sages» de Daniel. — «Et il arrivera dans toute la terre, dit l'Eternel, que deux parties seront retranchées en elle, et défaudront; mais la troisième partie y demeurera de reste; et j'amènerai la troisième partie au feu; je les affinerai comme on affine l'argent» (Zacharie 13: 8, 9). Je dois citer encore quelques passages d'Ezéchiel: Au chapitre 34, versets 11-22, Dieu juge les pasteurs. Il déclare qu'Il prendra le troupeau sous ses propres soins. Au verset 23, Il passe à un langage non figuré pour dire ce qu'Il fera aux derniers jours: «Je susciterai sur elles un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David il les paîtra, et lui-même sera leur pasteur; et moi l'Eternel, je serai leur Dieu; et mon serviteur David sera prince au milieu d'elles; moi, l'Eternel, j'ai parlé. Et je traiterai avec elles une alliance de paix, et je détruirai dans le pays les mauvaises bêtes, et les brebis habiteront au désert sûrement et dormiront dans les forêts. Et je les comblerai de bénédictions et tous les environs aussi de mon coteau, et je ferai tomber la pluie en sa saison; ce seront des pluies de bénédiction. Et les arbres des champs produiront leur fruit, et la terre rapportera son revenu; et elles seront en sûreté dans leur terre, et sauront que je suis l'Eternel, quand j'aurai rompu les bois de leur joug et que je les aurai délivrées de la main de ceux qui les asservissaient. Et elles ne seront plus en proie aux nations, et les bêtes de la terre ne les dévoreront plus; mais elles habiteront sûrement, et il n'y aura personne qui les épouvante. Je leur susciterai une plante célèbre; elles ne mourront plus de faim dans le pays, et elles ne porteront plus l'opprobre des nations. Et ils sauront que moi, l'Eternel leur Dieu, suis avec eux et qu'eux, la maison d'Israël, sont mon peuple, dit le Seigneur, l'Eternel. Or, vous êtes mes brebis, vous hommes, les brebis de mon pâturage; et je suis votre Dieu, dit le Seigneur, l'Eternel». Au chapitre 36, nous trouvons le passage bien connu, dans lequel la nouvelle naissance est déclarée être l'oeuvre que Dieu accomplira en eux, afin qu'ils jouissent de leur pays devant Lui: «Je vous retirerai donc d'entre les nations, je vous rassemblerai de tout pays, et je vous ramènerai en votre terre; et je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez nettoyés; je vous nettoierai de toutes vos souillures, et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un nouveau coeur, je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair. Et je mettrai mon Esprit au dedans de vous, je ferai que vous marcherez dans mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances et les ferez. Et vous demeurerez au pays que j'ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. Je vous délivrerai de toutes vos souillures, j'appellerai le froment, je le multiplierai, et je ne vous enverrai plus la famine. Mais je multiplierai le fruit des arbres et le revenu des champs, afin que vous ne portiez plus l'opprobre de la famine entre les nations». Alors les nations sauront que cette restauration est l'oeuvre de Jéhovah. Ce dernier fait que nous trouvons plus d'une fois en Ezéchiel est un élément important dans le rétablissement d'Israël; et comme les autres il n'a jamais été accompli, surtout quant à la simultanéité de tous ces faits. Le chapitre 37 insiste sur un autre point. Les os desséchés d'Israël seront revêtus de chair, le peuple sera ramené à la vie et replacé dans son propre pays (verset 14). Mais lorsque cela arrivera, aux derniers jours, les dix tribus longtemps séparées seront de nouveau réunies pour toujours à Juda, sous une même tête (versets 19, 20). David (le bien-aimé), c'est-à-dire Christ, régnera sur eux; le Tabernacle de Dieu sera au milieu d'eux; Lui, Jéhovah, sera leur Dieu et eux seront son peuple. Alors les nations connaîtront que Jéhovah sanctifie Israël, lorsque son sanctuaire sera au milieu d'eux à jamais. Cette demeure de Jéhovah au milieu d'eux n'a jamais eu lieu depuis la captivité de Babylone — sauf par la présence de Christ qu'ils ont rejeté. Ezéchiel passe complètement par-dessus les temps des Gentils, et introduit de nouveau Jéhovah au milieu des Juifs, dans le pays. Le récit de l'invasion de Gog, dans les deux chapitres suivants, est en rapport avec cela. Après qu'ils ont été rétablis dans leur pays et tandis qu'ils paraissent extérieurement ramenés à la bénédiction, Gog arrive contre eux; Dieu plaide contre lui et se sanctifie Lui-même dans ce jugement. Gog tombe sur les montagnes d'Israël, et Dieu fait connaître son saint Nom au milieu d'Israël. Il ne leur permet plus de souiller son nom, et les nations connaîtront que Lui, Jéhovah, est le Saint en Israël. «Voici, cela est arrivé et a été fait, dit le Seigneur, l'Eternel; c'est ici la journée dont j'ai parlé». Cette prophétie se termine par les paroles suivantes: «Et ils sauront que je suis l'Eternel leur Dieu, lorsqu'après les avoir transportés parmi les nations, je les aurai rassemblés en leur terre, et que je n'en aurai laissé demeurer là aucun de reste. Et je ne leur cacherai plus ma face, depuis que j'aurai répandu mon Esprit sur la maison d'Israël, dit le Seigneur, l'Eternel». Ainsi rien n'est plus clair que la révélation de la pleine restauration d'Israël dans les deux parties du royaume divisé, réunies en un sous Christ et sous la nouvelle alliance, en même temps que les Gentils sont jugés, et qu'ils apprennent que Jéhovah est au milieu d'Israël: Jérusalem est rebâtie et glorifiée, comme dans Esaïe 60.

Je veux cependant appuyer cela par quelques témoignages remarquables des petits prophètes. Il est dit, en Osée 3: 4, 5: «Car les enfants d'Israël demeureront plusieurs jours sans roi et sans prince, et sans sacrifice, sans statue, sans éphod et sans théraphim. Mais après cela, les enfants d'Israël retourneront et rechercheront l'Eternel leur Dieu, et David leur roi; ils révéreront l'Eternel et sa bonté aux derniers jours». Remarquez que c'est pour les derniers jours que la bénédiction de Jéhovah et David, si souvent nommés, est mentionnée; dans l'intervalle ils n'ont ni le vrai Dieu, ni de faux dieux, ni sacrifices, mais pas non plus d'images. Ils ont été et seront ainsi pendant longtemps. Aux derniers jours, il en sera autrement. Au chapitre 3 de Joël, nous trouvons de nouveau le jugement des Gentils, sommés de se réveiller et d'arriver, pour la grande journée de Dieu, à la vallée de Josaphat (Jugement de Dieu, verset 12). «Là, dit Jéhovah, je m'assiérai pour juger toutes les nations d'alentour»; puis la moisson, jugement qui sépare, et la vendange, jugement de pure vengeance. Il est dit des Juifs, versets 20 et 21: «Mais la Judée sera habitée éternellement, et Jérusalem d'âge en âge. Et je nettoierai leur sang que je n'avais point nettoyé; car l'Eternel habite en Sion».

Au chapitre 9 d'Amos, versets 14, 45, nous trouvons un fait qui n'a évidemment jamais été accompli et qui concerne des bénédictions temporelles dans la terre de Canaan: «Ils ne seront plus arrachés de leur terre, laquelle je leur ai donnée, dit l'Eternel, son Dieu». Cette parole de Dieu sera-t-elle accomplie? pour la foi ce n'est point une question.

En Michée, nous avons une magnifique description de ce que sera Israël, dans le monde, sous Christ, en ce jour-là. Ils ne seront pas ajoutés à l'Eglise un à un, disparaissant ainsi comme Juifs (verset 3), quoique bénis; ils seront rassemblés en tant qu'Israélites. Alors Christ sera leur force contre l'Assyrien, leur ennemi, lorsqu'Il sera reconnu dans le pays. Alors, comme une rosée qui vient de l'Eternel dans le monde, ils seront la bénédiction de Dieu coulant librement, mais ils seront comme un lion au milieu des bêtes de la forêt, pour tous ceux qui s'opposent à eux et aux conseils de Dieu en eux (verset 7), tandis qu'ils sont nettoyés de tout mal et que les Gentils sont jugés, ce qui n'a jamais eu lieu (versets 9-15).

Dans le chapitre 3 de Sophonie, nous trouvons un autre passage plein d'instruction quant aux voies de Dieu avec son peuple: d'abord la longue patience pleine de grâce de Jéhovah, mais sans résultats (verset 7). Ainsi les justes doivent attendre jusqu'à ce que le jugement arrive; les jugements sur les nations les soumettront et introduiront la bénédiction. Israël sera un pauvre résidu affligé et sanctifié (versets 12, 13); mais la paix sera leur portion. Alors Sion, Israël et Jérusalem seront appelés à se réjouir de tout leur coeur; Jéhovah est au milieu d'eux, ils ne verront plus le mal, «il se reposera dans son amour». La bénédiction sera si grande que son amour sera satisfait et se reposera. Pensée bénie, encore plus vraie quant à nous, lorsque Jésus verra le travail de son âme, et sera satisfait. Alors tous ceux qui affligent Israël seront défaits, et ce peuple deviendra célèbre au milieu de tous les peuples de la terre (versets 14-20).

Tout le chapitre 10 de Zacharie décrit la restauration d'Israël aux derniers jours, en mentionnant les deux parties de ce peuple, Juda et Ephraïm. Le chapitre 11 parle du rejet de Christ. Dans le 12, toutes les nations assemblées contre Jérusalem seront jugées; elle devient pour eux une pierre pesante, de sorte que cela ne peut point s'appliquer à des événements passés; et nous trouvons un récit détaillé de la manière dont Dieu sauve son peuple: «En ce jour-là, je ferai que les conducteurs de Juda seront comme un foyer de feu parmi du bois, et comme un flambeau de feu parmi des gerbes, et ils dévoreront à droite et à gauche tous les peuples d'alentour; et Jérusalem sera encore habitée à sa place, savoir à Jérusalem. Et l'Eternel garantira les tabernacles de Juda avant toutes choses, afin que la gloire de la maison de David et la gloire des habitants de Jérusalem ne s'élève point par-dessus Juda». Alors il y a un deuil à cause du rejet de Christ, et ils regarderont vers Celui qu'ils ont percé. Au chapitre 13, verset 9, ils sont criblés, deux tiers d'entre eux sont retranchés, et la troisième partie passe à travers le feu. Le chapitre 14 termine cette histoire frappante par le détail de toutes les choses qui arriveront. Le Seigneur arrive, ses pieds se posent sur la montage des Oliviers; le soir, lorsqu'on attendra l'obscurité, il fera jour. Des eaux vives sortiront de Jérusalem; Jéhovah sera roi sur toute la terre. Lui seul sera connu. Jérusalem sera habitée en son lieu il n'y aura plus de destruction, mais Jérusalem sera habitée en sûreté.

Les témoignages que j'ai cités suffisent amplement pour montrer à chacun qui reçoit le témoignage de Dieu comme étant vrai, qu'Israël sera certainement restauré dans son propre pays, pour être béni sous Christ et sous la nouvelle alliance. Les circonstances du retour d'Israël et de celui de Juda sont présentées d'une manière différente. Les rebelles d'Israël sont retranchés hors du pays, dans lequel ils n'entrent pas, tandis que ceux de Juda sont retranchés dans le pays même; le résidu de ces derniers passe par le feu. Ceci renferme l'histoire de l'Antichrist et celle des Gentils, dont nous parlerons à propos des prophéties qui les concernent. Mais Israël et Juda seront réunis sous un même Chef; puis dans la série des événements qui introduiront la bénédiction, les Gentils se rassemblent contre Israël et sont jugés, après cela bénis en rapport avec le peuple d'Israël, ils lui seront subordonnés. Jéhovah est Roi sur toute la terre. Ces événements sont aussi indiqués comme devant avoir lieu dans la période de la résurrection. La paix règne et la malédiction est ôtée. Jérusalem n'est plus jamais détruite et Israël ne perd plus jamais sa bénédiction.

Tel est l'établissement final au gouvernement de Dieu dans ce monde. C'est Israël qui en est le centre, suivant le propos arrêté et l'appel immuable de Dieu. Pour le moment, ils rejettent l'Evangile, mais ils sont bien-aimés à cause des pères. Ils croiront lorsqu'ils verront. Nos bénédictions sont plus brillantes, parce que nous croyons sans avoir vu. C'est là ce qui rend importante l'intelligence des prophéties relatives aux Juifs. Elles nous sont précieuses, non seulement comme annonçant une partie de la gloire de Christ; mais une claire intelligence de leur application aux Juifs, nous empêche de les appliquer à l'Eglise; ce serait ôter à celle-ci son caractère céleste; elle est le témoin de la souveraine grâce qui lui donne une place avec Christ, là où il n'y avait point de promesse; Israël est le témoignage de la fidélité à ses promesses, de Dieu, Jéhovah, qui était et qui viendra.

En effet Israël sera le peuple royal, le centre du pouvoir et de la domination terrestre de Christ; mais il sera gouverné. Nous, par pure grâce, nous régnerons avec Lui, après avoir souffert avec Lui. L'Eglise a sa place avec Lui, Israël a sa propre bénédiction sous Lui, selon ses anciennes promesses.

5.  Méditation sur Matthieu 13

La partie du sujet qui doit nous occuper ce soir, chers amis, en continuant nos recherches sur le retour de notre bien-aimé Seigneur, en présente le côté affligeant. Dans nos précédentes méditations, nous avons considéré les bénédictions et les joies des saints, fondées sur la sûre promesse de Christ lui-même, relativement à son retour; et nous avons vu que leur attente de voir cette promesse accomplie était en rapport intime avec chacune de leurs pensées et de leurs actions. Mais il est de la plus haute importance pour nous de considérer ce côté affligeant aussi soigneusement que l'autre, afin que l'homme voie la conséquence et l'effet de sa responsabilité.

La venue de Christ a un double aspect. Quand il s'agit de l'Eglise professante et aussi du monde en général, l'Ecriture parle de son apparition; parce que ce sera alors que le résultat de leur responsabilité sera manifesté.

Mais quand il s'agit du corps de Christ, l'Eglise, l'Ecriture parle plutôt de sa venue et de notre enlèvement auprès de Lui.

Autre chose est de reconnaître l'Eglise comme un corps responsable dans le monde — autre chose de la considérer comme une avec Christ. Quand nous tournons les yeux sur ce qui a été établi par Dieu comme système ici-bas, et que nous voyons sa chute, nous trouvons que cela doit être jugé relativement à cette chute, comme tout système établi par Dieu l'a été — chacun de ces systèmes ayant été établi, dans le principe, sur le pied de la responsabilité de l'homme. Quand il s'agit de l'homme nous ne trouvons jamais autre chose que chute. Parcourez les Ecritures, qui nous donnent l'histoire de l'homme dès le commencement même de la création, et vous ne trouverez que manquements, d'un bout à l'autre. Adam faillit de la manière la plus signalée dans ce que Dieu lui avait confié; puis, quand la loi fut donnée, même avant que Moïse descendît de la montagne, l'homme avait fait le veau d'or pour l'adorer. Lorsque Aaron et ses fils eurent été consacrés, au huitième jour, premier jour de leur service, deux d'entre eux offrirent un feu étranger: et comme conséquence, l'entrée libre et constante d'Aaron dans le lieu très-saint fut empêchée. Salomon, comme fils de David, avait reçu de Dieu gloire et richesses, mais son coeur fut détourné de Dieu par des femmes étrangères, il tomba dans l'idolâtrie et le royaume fut divisé. Dieu confie le pouvoir à Nebucadnetsar; il est la tête d'or parmi les Gentils: mais il s'enorgueillit et fait jeter les saints dans la fournaise; alors, figure des empires gentils, il perd la raison et les sens pendant sept ans et il mange l'herbe comme le boeuf. Il en est ainsi de toutes choses; il en est ainsi de l'Eglise et l'homme ne peut la rétablir. Après mon départ, dit Paul, il entrera parmi vous des loups redoutables; il y aura une apostasie et alors l'Antichrist sera pleinement révélé. L'Eglise elle-même, comme système confié à la responsabilité de l'homme a complètement failli.

Tout avait été établi dans le premier Adam, qui est tombé: tout sera rétabli dans le second Adam qui est parfait et qui a vaincu. Mais il est difficile de faire saisir aux saints la position entièrement nouvelle, dans laquelle tout est placé par la rédemption et par la résurrection de Christ. Le premier Adam tomba et fut chassé de l'Eden; le second Adam, l'homme parfait, est entré dans un meilleur paradis. Il en est ainsi de toutes choses. De la même manière, la loi que l'homme a violée sera écrite dans son coeur. Christ sera le vrai fils de David; Christ se lèvera pour régner sur les Gentils. Ainsi, quoique l'Eglise ait manqué, il sera cependant glorifié dans ses saints et rendu admirable dans tous ceux qui croient. L'Ecriture nous enseigne que l'homme a manqué à sa responsabilité dans quelque position que Dieu l'ait éprouvé, et que les plans de la grâce miséricordieuse de Dieu auront leur cours, jusqu'à ce que tout soit accompli en Christ.

Maintenant, si nous considérons cette responsabilité, nous avons sous les yeux deux sujets qui y sont impliqués. Le premier, c'est l'Eglise professante, et le second, le pouvoir sur la terre, représenté dans l'Ecriture par les Bêtes. Ces deux choses sont déclarées corrompues, ou en inimitié ouverte contre Dieu: ce qu'on appelle l'Eglise sera entièrement rejeté, — vomi de la bouche du Seigneur.

L'Ecriture ne nous enseigne nulle part, que nous remplirons le monde de bénédictions, mais elle nous dit précisément tout le contraire. Jusqu'à la moisson, aucun remède ne sera apporté au mal introduit par Satan, là où le christianisme avait été planté. Une pensée pareille est humiliante, mais elle ne doit pas nous décourager, car Christ est toujours fidèle. Pour ceux qui possèdent la grâce de Dieu, chers amis, elle devient l'occasion d'une marche toujours plus en accord avec cette grâce. Mais c'est une chose bien sérieuse, que l'objet placé au-devant de nous et vers lequel nous avons à regarder, soit le retranchement de l'église professante.

Géographiquement parlant, le christianisme, au sixième siècle, occupait une plus grande surface que de nos jours; le monde alors connu était plus au fait de l'Evangile que maintenant; quoi que l'homme puisse dire en parlant progrès et choses semblables, il n'en est pas moins constant qu'une grande partie de ce qui était alors le monde chrétien et avait entendu parler de Christ est maintenant envahi par le mahométisme ou le papisme; et là où il n'en est pas ainsi, combien l'infidélité et le puseysme n'ont-ils pas prévalu! Mais c'est cet objet même, qui réclame la sérieuse attention de ceux qui possèdent l'Esprit de Dieu. Il travaille certes, très spécialement de nos jours; et au milieu des flots envahissants du mal, nous avons le plus puissant motif pour nous pousser à l'énergie et à l'activité. C'est une chose bonne en tout temps, mais l'invasion du mal nous y appelle surtout comme aux jours de Noé, dans la conscience d'un prochain jugement. L'idée fausse de la conversion du monde pourra être un stimulant momentané, mais elle détruit le sentiment solennel de ce que Dieu est et affaiblit l'autorité de la parole de Dieu, qui ne donne point d'espérance pareille. De plus, quand on découvre peu à peu que le mal va croissant et que le monde ne se convertit pas, la réaction qui s'opère alors tend à renverser la foi et à jeter les âmes dans l'incrédulité. Le mal que nous voyons à l'oeuvre maintenant, a été déclaré dès le commencement, et il poursuivra son cours — selon la déclaration de l'Ecriture, — jusqu'à ce que Dieu intervienne; il n'y aura pas de remède jusqu'à la moisson. Tel est l'enseignement évident de la parabole que je vous ai lue. C'est une similitude du royaume des cieux. Bien des personnes pensent que le royaume des cieux est la même chose que l'Eglise de Dieu; mais il n'en est aucunement ainsi, quoique ceux qui composent l'Eglise soient dans le royaume. Supposons un moment que Christ n'eût pas été rejeté; alors le royaume aurait été établi sur la terre. Il n'en pouvait être ainsi sans doute; mais cela nous montre la différence qu'il y a entre le royaume et l'Eglise.

Tel qu'il était, le royaume de Dieu était là dans la personne de Christ, le Roi. Seulement comme Christ était sur la terre, ce n'était pas le royaume des cieux. Christ fut rejeté; il ne pouvait donc pas alors en prendre extérieurement possession, mais il monta dans les lieux célestes. Ainsi la sphère du règne de Christ est dans le ciel. Les cieux règnent, et le royaume est toujours le royaume des cieux, puisque le Roi est dans le ciel; seulement, à la fin, il sera subdivisé, pour ainsi dire, en deux parties: la partie céleste, le royaume de notre Père, et la partie terrestre, le royaume du Fils de l'homme. Si nous entendons par «royaume des cieux» le gouvernement de Christ, le Roi qui est dans le ciel, cela est fort simple. Si Christ avait établi un royaume pendant qu'il était avec les Juifs, ce royaume n'eût pas été celui des cieux, parce que Christ n'était pas dans le ciel. De là vient qu'il est dit: «le royaume de Dieu est parmi vous», mais: «le royaume des cieux est proche».

L'Evangile est le seul moyen que nous ayons pour rassembler des âmes dans le royaume, et tels sont proprement les enfants du royaume; mais au dedans de ces limites, Satan travaille et sème de l'ivraie, et cette ivraie se trouve dans le royaume. Prenez le papisme, le mahométisme, toute espèce d'hérésies, vous avez de l'ivraie semée là où la bonne semence l'avait été. Le mot Eglise signifie simplement une assemblée; c'est une idée qui n'a rien à faire avec celle d'un royaume.

La parabole de ce chapitre que je n'ai pas lue, celle du Semeur, où nous voyons Christ semant la bonne semence, n'est pas une similitude du royaume des cieux. Un royaume est une sphère où quelqu'un gouverne comme roi, tandis qu'ici, Christ nous est simplement présenté comme semant la parole dans les coeurs des hommes. Cette parabole du Semeur ne décrit pas le royaume des cieux, ni même le royaume commencé par le Roi, pendant qu'il était sur la terre; mais elle est individuelle. Du moment que le Seigneur en vient à la parabole que nous avons lue et aux deux suivantes, nous avons une similitude du royaume des cieux. Elles décrivent le résultat extérieur, dans ce monde, du fait que Christ, le Roi, se trouve dans le ciel. Vous remarquerez qu'elles sont adressées à la multitude, tandis que les trois dernières paraboles, ainsi que l'explication de celle de l'ivraie et du froment, sont adressées aux disciples. Celles-ci montrent la pensée et le dessein de Dieu: ce que l'intelligence divine connaît et accomplit, et non pas seulement le résultat public dans le monde. La parabole de l'ivraie et du froment fait voir le résultat extérieur de l'Evangile, dans le monde. Dans la parabole suivante, ce résultat devient un grand arbre qui, dans l'Ecriture, signifie une grande puissance. Voilà ce que le christianisme, sorti d'une petite semence, est devenu dans le monde: un grand pouvoir politique, comme les royaumes de la terre. La parabole, que nous trouvons ensuite, le montre comme une doctrine qui corrompt une masse d'une mesure limitée; c'est un peu de levain qui pénètre toute la pâte.

Après cela le Seigneur entre dans la maison et explique, au verset 36, la pensé de Dieu sur ces choses: «Alors Jésus, ayant laissé les troupes, s'en alla à la maison, et ses disciples vinrent à lui, et lui dirent: Explique-nous la similitude de l'ivraie et du champ». Les serviteurs demandent s'ils doivent cueillir l'ivraie. Il leur est défendu de le faire. Notre part dans ce monde n'est pas le jugement ou le retranchement: nous n'avons pas à en arracher le mal par la persécution. Nous vous pu voir souvent qu'en faisant cela, le froment a été arraché. L'ivraie et le froment doivent croître ensemble dans le champ, c'est-à-dire dans le monde, jusqu'à la moisson. «Et il leur dit: non, de peur qu'il n'arrive qu'en cueillant l'ivraie, vous n'arrachiez le blé en même temps. Laissez-les croître tous deux ensemble jusqu'à la moisson». Nous en tirons l'instruction, non seulement que le christianisme ne se répand pas de tous côtés, mais encore qu'il se corrompt là où, il se répand; et si nous regardons à l'état de la chrétienté, nous sommes obligés de convenir que tel est le cas. Nous voyons comment l'ivraie a été semée et a levé, comment de fausses doctrines se sont introduites, telles que le papisme et toutes sortes d'erreurs. Alors notre Seigneur, ayant renvoyé les troupes et étant entré dans la maison, expliqua la parabole à ses disciples.

Maintenant vous remarquerez que vous avez, dans ces paraboles, deux choses distinctes, comme je l'ai dit lors de l'explication de la première: le résultat extérieur et le développement du dessein de Dieu dans ce résultat. Ainsi, en ce qui concerne le grain de semence de moutarde, vous avez le résultat extérieur: il devient un grand arbre, ce qui, dans l'Ecriture, signifie simplement une grande puissance publique. Le roi d'Assyrie nous est représenté comme un grand arbre, Pharaon de même, et Nebucadnetsar était un grand arbre qui fut abattu, mais dont le tronc et les racines furent laissés dans la terre. Or le christianisme est devenu cela, c'est-à-dire une puissance dans le monde: le plus grand pouvoir qui s'y trouve. La figure que présente la parabole ne touche pas à la question de savoir, si c'était une chose bonne ou mauvaise mais représente simplement le fait d'une grande puissance publique dans le monde. La petite semence de la vérité, semée dans le principe, prit racine et crut jusqu'à devenir un grand arbre. Ainsi aussi du levain qui agit au milieu d'une certaine sphère, représentée par trois mesures de farine et cela jusqu'à ce que toute la pâte soit levée. Ainsi les doctrines du christianisme pénètrent toute la masse. Mais il n'est fait ici nulle mention de piété ou de sainteté; le christianisme étant représenté comme un objet public et extérieur, qui fait son chemin dans le monde. Cependant le Seigneur, après avoir renvoyé la multitude, prend un sujet entièrement nouveau et expose non plus l'effet extérieur, mais la pensée de Dieu dans les événements figurés dans ces paraboles. Il commence par expliquer la parabole de l'ivraie, verset 37: «Il leur répondit et dit: Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme; et le champ, c'est le monde».

Remarquez combien il est absurde de croire avec quelques-uns, qu'il soit ici question de l'Eglise. Le Fils de l'homme vient semer l'Evangile, la parole de Dieu, dans le monde et non dans l'Eglise, car l'Eglise l'a déjà reçue. Elle est composée de ceux qui, par profession ou en réalité, comme cela peut être le cas, ont déjà reçu la bonne semence. Ce n'est pas dans l'Eglise qu'Il la sème, puisque ce serait répéter ce qui a déjà été fait auparavant, mais c'est dans le monde; «le champ, c'est dans le monde» et rien ne peut être plus insensé que d'appliquer ces paroles à l'Eglise ou de les mettre en rapport avec une question ecclésiastique quelconque. «Le champ, est-il dit, c'est le monde; la bonne semence, ce sont les enfants du royaume; et l'ivraie, ce sont les enfants du malin». Cela ne signifie pas que le froment soit gâté, ou perdu; le Seigneur recueillera le blé et l'assemblera dans son grenier, mais la récolte est gâtée.

Le christianisme, comme système extérieur dans le monde, s'est corrompu par la prédominance de tous genres d'erreurs et de mal. «L'ennemi qui l'a semée [l'ivraie], c'est le Diable; et la moisson, c'est la consommation du siècle» (et non «la fin du monde», expression tout à fait étrangère au Nouveau Testament, sauf dans des traductions erronées); et les moissonneurs sont les anges. Comme donc l'ivraie est cueillie et brûlée au feu, il en sera de même à la consommation de ce siècle-ci. «Le Fils de l'homme enverra ses anges; et ils cueilleront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité, et les jetteront dans la fournaise de feu: là seront les pleurs et les grincements de dents». C'est-à-dire que le mal opéré par Satan continuera, jusqu'à ce que le Seigneur exécute le juste jugement de ce monde. La corruption du christianisme — la récolte gâtée — non pas le froment, parce que Dieu en prend soin et l'assemble dans son grenier — mais la récolte, la chose extérieure et publique que Satan s'est efforcé de corrompre — iront leur train jusqu'à la moisson. Sur ce point, nous avons quelque chose de plus précis encore. La première chose qui aura lieu, nous dit le Seigneur, c'est que l'ivraie (ceux qui ont crû comme le fruit de principes corrompus, semés par Satan, là où l'Evangile avait été planté) sera cueillie et liée en faisceaux pour être brûlée. Puis le Seigneur assemble son blé dans son grenier; il prend ses saints avec Lui. C'est là tout ce que dit la parabole. L'explication va plus loin, elle nous donne la manifestation du résultat, quand Jésus Christ apparaîtra: «Alors, les justes resplendiront» — ils ont déjà été recueillis — ils «resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père», tandis que les méchants sont jetés dans la fournaise de feu, là où il y a des pleurs et des grincements de dents.

Nous avons donc, d'abord, l'ivraie croissant jusqu'à la moisson, puis le Fils de l'homme fait cueillir et jeter hors de son royaume tous les scandales et tous ceux qui commettent l'iniquité. Il y aurait beaucoup d'instruction à recevoir ici, mais je ne m'arrêterai qu'à l'idée générale. Ce point ou ce fait nous est pourtant clairement exposé, c'est que tandis que le Seigneur prend son blé dans son grenier, la récolte semée dans le monde est encore gâtée: pendant que les hommes dormaient, le Diable vient et détériore le plant en semant les faux principes du judaïsme, du légalisme et de l'immoralité, ou de l'antinomianisme, et de fausses doctrines relativement au Christ. Tout cela gâte la récolte, qui n'est jamais améliorée dans le monde jusqu'à ce que vienne le jugement.

Vous verrez aussi, en comparant d'autres passages, que l'Eglise, ayant une certaine responsabilité à elle confiée sur la terre, n'a pas accompli ce que cette responsabilité exigeait d'elle, et qu'ainsi elle attire un jugement sur elle. Dans le chapitre 11 de l'Epître aux Romains, vous trouverez ce principe clairement exposé. Quant aux faits, nous renverrons à d'autres passages. Là, après avoir parlé du retranchement des Juifs, l'Apôtre dit: «Ne te glorifie pas contre les branches; car si tu te glorifies, ce n'est pas toi qui portes la racine, mais c'est la racine qui te porte. Tu diras donc: Les branches ont été arrachées, afin que je fusse enté. Bien! elles ont été arrachées par leur incrédulité, et toi, tu es debout par la foi: ne t'élève donc point par orgueil, mais crains (si en effet Dieu n'a pas épargné les branches qui sont telles selon la nature) qu'il ne t'épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu: la sévérité sur ceux qui sont tombés; la bonté envers toi, si tu persévères dans cette bonté; puisque autrement toi aussi, tu seras coupé… Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux: c'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des Gentils soit entrée». C'est précisément en étant sage à ses propres yeux, que l'Eglise professante est tombée. Elle a considéré les Juifs comme entièrement mis de côté, oubliant que «les dons et l'appel de Dieu sont sans repentir»; que ses pensées ne changent jamais; que, bien qu'il puisse créer, puis détruire, il ne perd jamais de vue ses plans et ses conseils; et que Dieu ayant appelé les Juifs comme nation, il n'oubliera, ni ne changera jamais ses décrets à leur égard. Mais l'Eglise a été sage à ses propres yeux, en pensant que les Juifs sont mis de côté et que l'Eglise ne peut jamais l'être. Or, quant à ce qui regarde l'Eglise, considérée comme quelque chose d'extérieur dans le monde, nous voyons exactement accompli ce qui en est dit dans ce chapitre, savoir que, si elle ne persévère pas dans la bonté de Dieu, elle sera retranchée. C'est ce qui est spécialement enseigné dans ce passage, relativement à ceux qui, par la foi, avaient été entés, après que les branchés naturelles avaient été coupées, c'est-à-dire la chrétienté; ils sont placés sur ce terrain, savoir que, s'ils ne persévèrent pas dans la bonté de Dieu, ils seront retranchés comme les Juifs. La seule question qui reste à faire, c'est jusqu'où la longue patience de Dieu peut s'étendre sur eux. «Tu diras donc: Les branches ont été arrachées, afin que je fusse enté». C'est parfaitement vrai, répond l'Apôtre, mais «elles ont été arrachées par leur incrédulité, et toi, tu es debout par la foi: ne t'élève donc point par orgueil, mais crains (si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles) qu'il ne t'épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu» etc. Or je demande: Est-ce que l'église professante a persévéré dans la bonté de Dieu? Ne voyons-nous pas le papisme et le mahométisme dominant là où le christianisme avait été originellement planté? A-t-on donc persévéré dans la bonté de Dieu? Il n'est pas dit un mot d'une restauration à ce sujet. Cela ne ferait rien; ce qui est exigé, c'est de «persévérer». C'est tout comme si un homme qui aurait transgressé la loi, eût dit: «Je l'observerai à l'avenir». Ce n'était pas là répondre aux exigences de la loi; il n'aurait pas «persévéré dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire». Je demande encore: L'Eglise a-t-elle persévéré dans la bonté de Dieu? Ce que nous voyons actuellement dans la chrétienté, est-ce ce que Dieu avait établi dans son Eglise au commencement, ou quelque chose qui y ressemble? L'église protestante n'a-t-elle pas recouru à des cérémonies, à des sacrements, et à toute espèce de choses en dehors de Christ, en y cherchant le salut! Non, les soi-disant chrétiens n'ont pas persévéré dans la bonté de Dieu. C'est ce qui saute aux yeux de tout homme spirituel. Notre propre conscience l'atteste. Mais s'ils ne persévèrent pas dans la bonté de Dieu, la chrétienté tout entière, dit l'Apôtre, sera retranchée, et les Juifs seront entés de nouveau. Il ne peut pas y avoir le moindre doute à cet égard: «Et eux aussi, s'ils ne persévèrent pas dans l'incrédulité, ils seront entés, car Dieu est puissant pour les enter de nouveau… Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux, c'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée». Aussitôt que le Seigneur a assemblé la vraie Eglise de Dieu, et l'a enlevée au ciel, il rétablit Israël.

Venons-en maintenant aux témoignages positifs. Les passages que je viens de citer sont conditionnels; ils annoncent ce qui aura lieu, si les hommes ne persévèrent pas dans la bonté de Dieu. Nous allons voir s'ils y ont persévéré. Vous verrez que Jude le déclare de la manière la plus frappante, parce, qu'il résume l'histoire tout entière du christianisme, du commencement à la fin: «Jude, esclave de Jésus Christ, frère de Jacques, aux appelés, sanctifiés en Dieu le Père, et conservés en Jésus Christ», c'est-à-dire, aux vrais saints «Que la miséricorde, et la paix, et l'amour vous soient multipliés. Bien-aimés, quand j'usai de toute diligence pour vous écrire du salut qui nous est commun, j'ai été dans la nécessité de vous écrire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints». Ce qui revient à dire: J'aurais voulu vous écrire pour vous édifier dans la vérité, mais, à cause de l'invasion du mal, je suis obligé de vous exhorter à combattre avec ardeur pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints: «Car certains hommes se sont glissés parmi les fidèles, inscrits d'ancienneté à l'avance pour ce jugement, impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul Maître et Seigneur, Jésus Christ». Nous voyons donc la cause de la déchéance — savoir que, déjà du temps de Jude, ces hommes s'étaient glissés clandestinement dans l'Eglise de Dieu et y introduisaient la corruption. Jude rappelle aux saints que la même chose était arrivée en Israël, après la sortie d'Egypte, et que c'était là ce qui les avait fait tomber dans le désert: ils n'étaient pas demeurés fidèles. Il leur rappelle aussi les anges qui n'ont pas gardé leur origine, parce que le principe de l'apostasie les avait gagnés. Et remarquez de quelle minière il parle de ces gens qui s'étaient glissés, de cette ivraie que Satan avait semée. Voyez le verset 14: «Or Enoch aussi, septième homme après Adam, a prophétisé de ceux-ci, en disant: Voici, le Seigneur vient avec ses saintes myriades pour exécuter le jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies d'entre eux de toutes leurs oeuvres d'impiété qu'ils ont impiement commises et de toutes les paroles dures que les pécheurs impies ont proférées contre lui». C'est-à-dire que, sous l'inspiration de l'Esprit prophétique de Dieu, il voit le mal produit par ces individus: il voit aussi que ce mal va en croissant et en mûrissant pour le jugement, comme nous le verrons bientôt apparaître ailleurs: il dit aux saints que le mal a commencé, c'est pourquoi il les exhorte «à combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints». Et le Seigneur exécute le jugement, parce que, au lieu de voir le monde se remplir des bénédictions de l'Evangile, l'Eglise s'est corrompue. Nous citerons d'autres passages qui vous montreront, de la manière la plus claire, que l'oeuvre de remplir le monde de bénédictions sera accomplie par Israël, et non par l'Eglise.

Mais ici, nous avons une prophétie remarquable, annonçant (comme il avait déjà été déclaré dans le 11e aux Romains, que si les chrétiens professants ne persévéraient pas dans la bonté de Dieu, ils seraient retranchés) qu'ils ne persévéreraient pas dans la bonté de Dieu, et elle nous donne l'histoire de l'Eglise depuis le commencement jusqu'à la fin de son existence, alors que le Seigneur viendra avec les dix milliers de ses saints pour exercer le jugement. C'est là une déclaration aussi simple et aussi claire que possible, et vous verrez que tout le témoignage des Ecritures concourt, comme évidemment il devait concourir, à établir la même vérité.

Examinons maintenant d'autres passages, où cette vérité n'est pas présentée conditionnellement, ni sous une forme prophétique générale, mais où vous sont donnés des détails précis sur ce qui arrivera. Prenez la 2e épître aux Thessaloniciens, et vous y trouverez réunis les détails de ce train de mal, dont Jude nous a annoncé le commencement. Mais le fait général, nous le voyons aussi exposé dans les Philippiens, où l'Apôtre dit: «Je n'ai personne qui soit animé d'un même sentiment… parce que tous cherchent leur intérêt particulier, et non pas ce qui est de Jésus Christ». C'était là une période bien précoce dans l'histoire de l'Eglise, pour que les chrétiens fussent déjà dans un tel état de déclin et de déchéance, au point de ne plus chercher ce qui était de Jésus Christ, mais seulement leurs propres intérêts. C'est ce qui est encore bien clairement déclaré dans la 2e épître aux Thessaloniciens: «Or, nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui, de ne pas vous laisser promptement ébranler de votre sentiment, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c'était par nous, comme si le jour du Seigneur était là» [et non pas: «comme si le jour de Christ était proche», ce qui n'est pas une traduction correcte]

L'expression «proche» à la fin de ce verset rend impossible l'intelligence du passage, le mot original veut dire «ici» ou «là», il est employé pour désigner des choses ou des personnes «présentes» en opposition avec d'autres «absentes» ou «à venir». Toute l'argumentation de l'Apôtre est basée sur ceci, c'est que les Thessaloniciens s'imaginaient que le jour du Seigneur était «là», qu'il était déjà arrivé, et que la preuve en était les terribles persécutions et tribulations par lesquelles ils passaient. Les Thessaloniciens pensaient que ce jour était, non pas proche, mais arrivé: c'est pourquoi l'Apôtre leur dit: «Que personne ne vous séduise en aucune manière, car ce jour-là ne viendra pas que l'apostasie ne soit arrivée auparavant», — c'est-à-dire un état de non persévérance dans la bonté de Dieu. Aussi, comme l'Apôtre avait déclaré, que ceux qui ne persévéreraient pas dans la bonté de Dieu seraient retranchés, nous avons ici la révélation positive ou la prophétie, annonçant qu'ils ne persévéreront pas dans la bonté de Dieu, qu'il y aura une apostasie, et que le jour du Seigneur ne peut venir que lorsque cette apostasie sera arrivée. En présence de cette révélation, il est clair que ce qu'on avait à attendre, c'était non pas que l'église professante persévérât dans la bonté de Dieu, mais précisément le contraire. L'Apôtre montre comment cette déchéance arrive et fait des progrès: «Que personne ne vous séduise en aucune manière, car ce jour-là ne viendra pas que l'apostasie ne soit arrivée auparavant, et que l'homme de péché ne soit révélé, le fils de perdition, lequel s'oppose et s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, de sorte que lui-même s'assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que, quand j'étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses? Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu'il soit révélé en son propre temps. Car le mystère d'iniquité se met déjà en train». — En d'autres termes, le point important dont il s'agit ici, c'est que, quant à ses principes généraux, l'apostasie avait commencé dès les jours de l'Apôtre. Même alors, l'ennemi était à l'oeuvre, semant l'ivraie; seulement c'était un mystère, cela se faisait secrètement, d'une manière clandestine. Il y avait le judaïsme et l'antinomianisme, faisant hautement profession de la grâce avec une conduite corrompue, et diverses autres, formes d'hérésie, telles que la dénégation de la réelle humanité du Christ etc., — elles sont toutes mentionnées dans l'Ecriture, en sorte que nous n'avons nul besoin de recourir à l'histoire ecclésiastique pour les trouver. On nia l'humanité du Seigneur, tout aussi tôt que sa divinité. Nous croyons donc que ce mystère d'iniquité était déjà en train au temps de l'Apôtre, — et s'il fut alors entravé par un obstacle dans son développement, il ne devait pas être mis de côté. Le temps viendra où il sera mis de côté, alors que Babylone sera détruite, mais cela n'aura pas lieu par la Parole. Je m'arrêterai un moment sur ce sujet.

Dans le chapitre 17 de l'Apocalypse, vous verrez que ce sont les dix cornes de la Bête qui détruiront la grande prostituée et la brûleront au feu; après quoi les hommes seront livrés à de plus grands maux encore. Ils donneront le pouvoir à la Bête, puis viendra le jugement. Si nous revenons à notre passage de l'épître aux Thessaloniciens, nous voyons que l'Apôtre dit: «Le mystère d'iniquité se met déjà en train; seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu'à ce qu'il soit ôté. Et alors sera révélé l'inique, lequel le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et anéantira par l'apparition de sa venue»; — ce qui nous apprend cette fort importante vérité, quant à ce qui concerne la responsabilité de l'Eglise, que ce qui agissait déjà pour la corrompre au temps de l'Apôtre, continuerait d'agir, jusqu'à ce que ce qui s'opposait à l'entier développement de l'iniquité fût ôté, et qu'alors l'inique serait révélé etc. C'est là, comme je l'ai dit, tout l'opposé d'une persévérance dans la bonté de Dieu. Il nous est annoncé, que ce qui opérait mystérieusement alors se développerait et mûrirait, jusqu'à la révélation visible de l'Homme de péché, que le Seigneur consumera et détruira: «Duquel la venue est selon l'opération de Satan en toute sorte de miracles, et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d'injustice dans ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela Dieu leur enverra une énergie d'erreur pour croire au mensonge». Telle est la dispensation réservée à l'Eglise professante. Ayant refusé de retenir la vérité, la vérité vraie de Dieu, Dieu leur enverra une énergie d'erreur pour croire au mensonge: «afin que tous ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice». Le Seigneur vient donc et détruit le méchant, le mal étant évident et public.

C'est là pour nous un aspect bien solennel des voies de Dieu. Ce n'en est certes pas le côté beau et brillant; celui-ci, c'est la bénédiction qui sera le partage des saints à l'arrivée du Seigneur pour les rassembler tous ensemble auprès de Lui. L'Apôtre dit aux saints: Vous serez tous ravis à la rencontre du Seigneur en l'air, et par conséquent vous ne pouvez ni ne devez penser que le jour du Seigneur soit là, car ce jour ne vous, trouvera pas ici-bas. Ce jour est l'exécution du jugement sur les impies. C'est comme si une rébellion avait lieu à Toronto, et que la Reine fit savoir, qu'elle veut que tous ses sujets fidèles se rendent d'abord auprès d'elle à Montréal, avant que le jugement des rebelles ait lieu. Tant, que vous ne seriez pas à Montréal, il serait évident que le jour du jugement ne serait pas encore arrivé. C'est la raison pourquoi, quand il serait dit du Christ — «Voici, il est ici, ou voici, il est là», nous savons que cela ne peut pas nous concerner. Pour un Juif, c'est autre chose. Si vous disiez à un Juif qui attend le Messie: «Voici, il est ici, ou voici, il est là», ce pourrait être un piège pour lui; mais si c'est à nous qu'on le dit, nous n'avons autre chose à répondre, sinon: C'est impossible, car nous allons être enlevés à la rencontre du Seigneur en l'air; nous ne le trouverons pas ici-bas et nous ne sommes pas encore là-haut. Aussi Paul conjure les Thessaloniciens, par notre rassemblement auprès de Christ, à ne pas être troublés comme si le jour du Seigneur était venu.

Ainsi, dans le passage que j'ai cité, vous avez la déclaration positive, que ce qui avait commencé au temps de l'Apôtre irait en progressant jusqu'à ce que Christ vint exécuter le jugement, et vous trouverez une autre déclaration du même genre, bien claire et bien explicite, dans le chapitre 4 de la première Epître à Timothée: «Or l'Esprit dit expressément qu'aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s'attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie et ayant leur propre conscience cautérisée». Puis, dans le chapitre 3 de la seconde Epître à Timothée, nous avons un tableau bien frappant et bien défini de ce que seront les derniers jours: «Or sache ceci, qu'aux derniers jours il surviendra des temps fâcheux» — non pas que la terre sera remplie de la connaissance de l'Eternel — c'est-à-dire un temps de bénédiction — mais que «dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, orgueilleux, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, profanes, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n'aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d'orgueil, amateurs des voluptés plutôt que de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». Tel est le caractère des derniers jours: il y aura une grande ostentation de piété, de culte superstitieux, mais une négation de la puissance de la piété. Ils ne persévéreront pas dans la bonté de Dieu, quand l'église professante des derniers jours, tout en conservant les formes de la piété, en reniera la puissance.

C'est une preuve remarquable du pouvoir de Satan que, en présence de tels passages, les hommes, sages à leurs propres yeux, entassent des raisonnements pour démontrer, qu'ils iront de progrès en progrès et finiront par remplir le monde tout entier de l'évangile. Qu'au moment même où les jugements sont imminents pour eux, les hommes se complaisent encore dans l'espérance de voir la terre remplie d'une bénédiction universelle, n'est-ce pas là la plus forte preuve possible de l'énergie de cette erreur, dont parle l'Apôtre? Ce n'est pas pourtant que Dieu ne travaille pas en grâce et ne fasse plus passer des hommes des ténèbres à la lumière. Il en était de même avant la destruction de Jérusalem: trois mille personnes furent converties en un jour. Si, aujourd'hui, trois mille âmes étaient converties, cela prouverait-il que le millenium est venu ou approche? non, mais plutôt que c'est le jugement qui va venir. C'est parce que le jugement était proche, qu'il en fut ainsi à Jérusalem — le Seigneur rassemblait ses saints avant le jugement, il ajoutait à l'Eglise ceux qui devaient être sauvés. Et si, maintenant, il travaille, d'une manière toute spéciale, à attirer et à convertir les âmes, ce n'est pas parce que l'évangile doit remplir le monde, mais parce que le jugement va venir sur les églises professantes.

L'Apôtre montre que la déchéance ira en croissant, qu'elle ne sera point interrompue: «Les hommes méchants et les imposteurs, dit-il, iront en empirant, séduisant et étant séduits». Puis il indique au fidèle quelles sont ses ressources dans de telles circonstances: «Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que dès ton enfance tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus», ce qui revient à dire: Tu ne peux te fier à l'Eglise, qui n'aura qu'une forme de piété, en en reniant la puissance, ta ressource doit être les saintes Ecritures de vérité.

Vous verrez encore comment ce mystère d'iniquité avait commencé d'agir dès les premiers commencements du christianisme, en cherchant le deuxième chapitre de la première épître de Jean, où ce sujet est aussi traité: «Jeunes enfants, c'est la dernière heure». Ne semble-t-il pas bien étonnant que l'Apôtre dise, de l'époque même où le christianisme commençait à se répandre, que c'était la dernière heure? La patience de Dieu a néanmoins continué à s'exercer depuis ce temps-là jusqu'à nos jours, car, devant Lui, un jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour «Et comme vous avez entendu que l'Antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs antichrists». Ce n'est pas de l'Antichrist qu'il parle, mais il affirme qu'il y a déjà plusieurs antichrists, — que déjà le mystère d'iniquité, l'esprit du mal était en train: «Par cela nous savons que c'est la dernière heure». Nous avons vu que les derniers jours seront des temps fâcheux, et ici nous voyons que l'Apôtre connaît que c'est le dernier temps, parce qu'il y a beaucoup d'antichrists. Est-il donc possible que le dernier temps soit une période où le monde entier sera rempli de bénédictions, comme plusieurs le disent? Tout le témoignage des Ecritures est aussi clair que possible pour affirmer le contraire: «Par quoi nous savons que c'est la dernière heure; ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres, car, s'ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous; mais c'est afin qu'ils fussent manifestés comme n'étant pas tous des nôtres». Ils adoptent de faux principes, leur christianisme se corrompt, et ils vont de l'avant.

Prenez maintenant le chapitre 18 de Luc, que ce que je viens de dire me rappelle, et qui montre jusqu'à quel point l'église professante est loin de persévérer dans la bonté de Dieu. Voyez le verset 6: «Et le Seigneur dit: Ecoutez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, quoiqu'il use de patience avant d'intervenir pour eux? Je vous dis que bientôt il leur fera justice. Mais quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre?» Ce ne sera donc certes pas le monde rempli de l'évangile. Le Seigneur pose cette question: Y aura-t-il alors quelques individus attendant son arrivée et son intervention? Mais il ne dit pas qu'il y en aura. L'Eglise de Dieu ne sera plus là, et la question est de savoir, s'il y aura sur la terre quelqu'un qui attende que le Seigneur y descende pour intervenir avec justice et avec puissance.

Il convient peut-être maintenant d'en venir à quelques passages — qui reviennent souvent à l'esprit de plusieurs quand ils s'occupent de ce sujet — savoir ceux qui parlent de l'évangile comme devant être prêché à toutes les nations, et passages analogues. Je crois que cela aurait dû être fait, dès le commencement, par ceux à qui Dieu avait fait part de sa grâce. Mais ce n'est pas la question. La question, la voici: l'Eglise n'a-t-elle pas failli quant à ce dont elle était responsable? Il ne s'agit pas de savoir si les chrétiens auraient dû répandre l'évangile — il va sans dire qu'ils l'auraient dû. Au sixième siècle, le christianisme était généralement professé en Chine, et il en reste encore des vestiges. Les limites de la chrétienté sont aujourd'hui beaucoup plus resserrées que dans les premiers temps. Jadis elles embrassaient tout le nord de l'Afrique et presque toute l'Asie. Maintenant elles seraient à peu près restreintes à l'Europe, si ce n'est que, dans ces derniers siècles, elles se sont aussi étendues aux populations dispersées en Amérique. Examinons donc les passages qui parlent de la propagation de l'évangile. En voici un dans Matthieu 24: «Et parce que l'iniquité sera multipliée, l'amour de plusieurs sera refroidi. Mais qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. Et cet évangile du royaume sera prêché dans toute la terre habitable, en témoignage à toutes les nations; et alors viendra» — non pas le millenium — mais «la fin». Il n'est rien dit ici des bénédictions remplissant le monde. Mais l'évangile du royaume sera prêché, en témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin — le jugement, la fin de ce siècle ou de cette dispensation. Pas un mot sur le monde rempli de bénédictions. Supposer cela, c'est être sages à nos propres yeux. Sans doute, il est écrit que «la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Eternel, comme les eaux comblent la mer», — mais il n'est pas dit qu'elle sera remplie de l'évangile — quoique des hommes, s'imaginant qu'ils ont le pouvoir d'accomplir cet oracle, l'expliquent comme si c'était l'évangile qui devait le faire.

Si vous lisez le chapitre 14 de l'Apocalypse, vous y verrez ce fait exprimé plus clairement encore, que la fin vient alors que l'évangile est envoyé en témoignage à toutes les nations. — Vous entendez souvent citer ce passage, pour montrer que l'évangile doit être prêché à toutes les nations, — ce qui, sans doute, est une vérité précieuse à sa place — mais pour juger si c'est bien de cela qu'il s'agit ici, il faut prendre le passage en entier, versets 6 et 7: «Et je vis un autre ange volant par le milieu du ciel, ayant l'évangile éternel, afin de l'annoncer à ceux qui habitent sur la terre, et à toute nation, et tribu, et langue et peuple, disant à haute voix: Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l'heure de son jugement est venue», Il est presque incroyable de voir avec quel manque d'intelligence on lit fréquemment les Ecritures. Ceux qui assistent aux assemblées générales, où les orateurs parlent du haut des tribunes, doivent avoir entendu, des centaines de fois, ce passage cité, comme s'il signifiait que l'évangile doit être prêché à toutes les nations, c'est-à-dire pour remplir le monde de lumière et de bonheur, tandis qu'il suffit d'un moment d'examen pour faire voir que cette prédication de l'évangile n'est qu'un précurseur du jugement (*).

(*) De même, il n'y a guère d'assemblée de missions, où l'on ne cite, pour encourager à cette oeuvre excellente, Psaumes 2: 8, mais toujours sans ajouter le verset 9, qui est pourtant inséparable de ce qui précède. Editeur

Revenons aux passages qui disent que la connaissance de l'Eternel couvrira toute la terre, comme les eaux couvrent le fond de la mer. Mais avant cela, laissez-moi vous citer un passage en Esaïe 26, où vous verrez que cela est amené, non par l'évangile, mais par des jugements. Verset 9: «De nuit je t'ai désiré de mon âme, et dès le point du jour je te rechercherai de mon esprit, qui est au dedans de moi; car lorsque tes jugements (non pas l'évangile) sont en la terre, les habitants de la terre habitable apprennent la justice. La grâce (c'est-à-dire l'évangile) est-elle offerte au méchant? il n'en apprend point la justice». Il doit y avoir jugement; le temps de la moisson doit venir, comme dans la parabole de l'ivraie. «Il agira méchamment en la terre de la droiture, et il ne regardera point à la majesté de l'Eternel. Eternel! ta main est-elle haut élevée (quand il est sur le point de frapper)? ils ne l'aperçoivent point; mais ils l'apercevront, et ils seront honteux à cause de leur jalousie contre ton peuple; et le feu dont tu punis tes ennemis les dévorera».

Venons-en maintenant au passage d'Habakuk, constamment rappelé, comme annonçant que l'évangile se répandra de plus en plus, jusqu'à ce qu'il remplisse le monde. Pour le moment je ne le cite, tout comme les suivants, que dans un but négatif, soit pour faire voir qu'il n'annonce rien de semblable; Habakuk 2: 12-14: «Malheur à celui qui cimente la ville avec le sang, et qui fonde la ville sur l'iniquité. Voici, n'est-ce pas de par l'Eternel des armées que les peuples se travaillent pour le feu, et que les nations se fatiguent pour le néant? Car la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Eternel, comme les eaux comblent la mer». Les peuples travaillent tous dans le feu même, et se fatiguent pour la vanité, alors la gloire de Jéhovah vient et couvre la terre.

Cherchons encore, dans le livre des Nombres, un autre des trois seuls passages, dans lesquels il soit fait mention, de cette manière, de l'idée ou du fait dont je parle; dans le chapitre 14, nous verrons ce que le Seigneur entend par: remplir la terre de sa gloire. Quand le peuple eut péché contre l'Eternel et murmuré contre Moïse, Dieu dit qu'il voulait les détruire, et Moïse intercéda pour eux: «Pardonne, je te prie, l'iniquité de ce peuple, selon la grandeur de la grâce, comme tu as pardonné à ce peuple, depuis l'Egypte jusqu'ici. Et l'Eternel dit: J'ai pardonné selon ta parole. Mais aussi certainement que je suis vivant, la gloire de l'Eternel remplira toute la terre. — Car quant à tous les hommes qui ont vu ma gloire, et les signes que j'ai faits en Egypte et au désert, qui m'ont déjà tenté par dix fois, et qui n'ont point obéi à ma voix; s'ils voient jamais le pays que j'avais juré à leurs pères de leur donner: tous ceux, dis-je, qui m'ont irrité par mépris, ne le verront point». Il est bien évident qu'il s'agit encore ici de jugement, et que la terre remplie de la gloire de Dieu n'a rien à faire avec l'évangile. Le Seigneur veut que toute la terre soit remplie de sa gloire, mais ce ne sera pas par le moyen de l'évangile que ce but sera atteint. Il envoie l'évangile et le présente aux hommes avec une patience et une bonté infinies, mais les hommes le rejettent, et alors vient le jugement.

La même expression se rencontre enfin dans un autre passage, que vous trouverez au chapitre 11 d'Esaïe: «Mais il jugera avec justice les chétifs, et il reprendra avec droiture pour maintenir les débonnaires de la terre, et il frappera la terre de la verge de sa bouche, et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses flancs. Alors le loup demeurera avec l'agneau… On ne nuira et on ne fera aucun dommage à personne dans toute la montagne de ma sainteté; parce que la terre aura été remplie de la connaissance de l'Eternel, comme le fond de la mer des eaux qui le couvrent». Voilà ce qui aura lieu alors que Dieu aura frappé la terre et fait mourir le méchant. «Et en ce jour-là, ajoute la prophétie, il arrivera que les nations rechercheront la racine d'Isaï, dressée pour être l'enseigne des peuples; et son séjour ne sera que gloire. Et il arrivera en ce jour-là que le Seigneur mettra encore sa main une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera demeuré de reste en Assyrie, en Egypte etc.». C'est-à-dire que le Seigneur rassemble les Juifs et détruit le méchant; et c'est alors que la terre est remplie de la connaissance de Jéhovah. «Et les oppresseurs de Juda seront retranchés; Ephraïm ne sera plus jaloux de Juda, et Juda n'opprimera plus Ephraïm. Mais ils voleront sur le collet aux Philistins vers la mer; ils pilleront ensemble les enfants d'Orient», — et ce qui suit: cela montre qu'il doit y avoir une exécution de jugement sur la terre.

Prenons maintenant le chapitre 66 d'Esaïe, où il est aussi parlé de la gloire de l'Eternel. En rappelant tous ces passages, si constamment cités pour chercher à prouver le contraire de ce qu'ils annoncent, il convient toujours de lire le contexte pour bien en saisir le sens et la portée. Ici, c'est, par le feu et par l'épée que la gloire de l'Eternel se manifeste. Verset 15 et suivants — «Car, voici, l'Eternel viendra avec le feu, et ses chariots seront comme la tempête, afin qu'il tourne sa colère en fureur, et sa menace en flamme de feu. Car l'Eternel exercera jugement contre toute chair par le feu et avec son épée; et le nombre de ceux qui seront mis à mort par l'Eternel sera grand… Mais pour moi, voyant leurs oeuvres et leurs pensées, le temps vient d'assembler toutes les nations et les langues; ils viendront et verront ma gloire». Ici, la gloire du Seigneur vient avec l'exécution du jugement; il n'est pas du tout question de l'évangile.

Vous remarquerez donc ces trois points. D'abord, vous avez vu que, après que le Seigneur eut semé la bonne semence, l'ennemi vint et sema le mal. Puis, vous avez entendu la déclaration conditionnelle, que si l'Eglise professante ne persévérait pas dans la bonté de Dieu, elle serait, comme système extérieur, retranchée. Ensuite, vous avez ouï la déclaration que ce mal, qui avait commencé dès le temps des apôtres, continuerait jusqu'à la fin, le Seigneur seulement en retenant la manifestation publique jusqu'aux approches du jugement à la venue de Christ, la plénitude des Gentils étant entrée, et qu'alors le méchant serait détruit; vous avez vu aussi que, dans les derniers jours, il surviendrait des temps fâcheux, et que l'Antichrist paraîtrait. Nous avons encore montré que les passages, relatifs à la terre remplie de la connaissance de la gloire de l'Eternel, et les textes semblables, sont tous en rapport avec le jugement, et que quand la grâce est annoncée au méchant, comme dans l'évangile, il n'en apprend pas la justice.

Si vous revenez à l'Apocalypse, vous y trouverez quelques détails de plus sur la chute et la défection, et sur le caractère de ce mal qui est en train. Mais avant de faire des citations de l'Apocalypse, laissez-moi vous faire observer que les deux grands caractères du mal depuis le commencement ont été la corruption et la violence. Avant le déluge, la terre était corrompue devant Dieu et remplie de violence. Et dans l'Apocalypse, «Babylone» est l'expression de la corruption, tandis que «la Bête» est l'expression de la violence. Je ne puis, ce soir, entrer dans les détails quant à cette parti du sujet, mais je désire vous montrer comment l'un de ces caractères du mal conduit à l'autre. Dans ce chapitre 17, «la grande prostituée» indique la puissance de la corruption. Au 15e verset, il est dit: «Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, et des foules, et des nations, et des langues», — ici, cela se rapporte à l'influence qu'a exercée sur les nations un christianisme corrompu. «Et les dix cornes que tu as vues et la Bête, — celles-ci haïront la prostituée, et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu». Evidemment, ce n'est pas là l'évangile; c'est la violence mettant fin à la corruption. «Car Dieu a mis dans leurs coeurs d'accomplir sa pensée, et d'accomplir une seule pensée, et de donner leur royaume à la Bête». Ce n'est pas quand Babylone est détruite que le royaume est donné au Fils de l'homme. Alors il est donné à la Bête. L'effet de la destruction de toute cette influence corruptrice du christianisme extérieur, nominal, de l'affreuse corruption du système papal, qui était le centre de tout cela — de cette «mère des abominations de la terre», — l'effet, dis-je, de cette destruction, provoquée par la haine et le dégoût qu'éprouvent pour cette influence tous ceux qui sont en rapport avec elle et qui en sont fatigués, sera de mettre la puissance du monde entre les mains de la Bête. Il n'y a rien là du tout qui se rapporte à l'évangile. C'est la violence de l'homme refusant de se soumettre plus longtemps au pouvoir sacerdotal.

Quand on lit les Ecritures, en désirant simplement d'y trouver et d'y apprendre ce qu'elles enseignent, on ne peut qu'être profondément surpris de tous les systèmes que plusieurs en font sortir. Ils formulent quelque principe abstrait, puis en cherchant à le développer, ils en viennent a le trouver dans l'Ecriture comme ils s'y attendaient. En étudiant la Bible, ils commencent par formuler ce qu'elle devrait enseigner selon eux, au lieu de se contenter de recevoir seulement ce qu'elle dit. Prenez maintenant le chapitre 16, et vous trouverez de nouvelles lumières au sujet de l'époque où le jugement tombera sur Babylone, quoique nous ne puissions aujourd'hui nous occuper de ses divers détails. «Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, comme des grenouilles». Ce sont les puissances du mal. «Car ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s'en vont vers les rois de toute la terre habitable, pour les assembler pour le combat de ce grand jour du Dieu Tout-Puissant. Voici, je viens comme un larron». C'est le Diable qui rassemble la monde entier pour cette grande bataille. On peut discuter sur ce que l'Esprit entend par le dragon, et la bête, et le faux prophète. Je n'ai pas de doute sur ce point et je puis dire, sans entrer dans des détails, que le dragon est la puissance de Satan, que la bête est l'empire romain, et que le faux prophète est le faux Messie au temps de la fin. Je n'insiste pas là-dessus, mais, quoi qu'il en soit, il est bien évident que les trois esprits impurs, qui rassemblent les nations pour la bataille du grand jour du Dieu Tout-Puissant, ne sont pas l'évangile. C'est la bataille, dont il est dit dans Esaïe (9: 5) que «ce sera comme un embrasement, quand le feu dévore». Les nations sont rassemblées à Armagédon, et alors vient le jugement. La Bête et ses cornes détruisent Babylone, ce grand système de corruption, puis la Bête et les rois de la terre sont rassemblés par de mauvais esprits contre la puissance de Christ, après que Satan a été précipité du ciel.

Au chapitre 19 de l'Apocalypse, l'Apôtre voit le ciel ouvert, et il en sort, monté sur un cheval blanc, Celui qui a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs; puis il est dit que la Bête, et les rois de la terre, et leurs armées sont assemblés pour livrer combat à Celui qui était monté sur le cheval, et à son armée; «et la Bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle et qui avait fait devant elle les miracles, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu la marque de la Bête, et ceux qui avaient rendu hommage à son image; ils furent tous deux jetés vifs dans l'étang de feu embrasé par le soufre. Et le reste fut tué par l'épée de Celui qui était monté sur le cheval». Nous voyons bien positivement dans ce passage qu'il y a une exécution de jugement. Et après cela, après le jugement exécuté — Satan est lié. Puis nous avons un passage, qui est la seule base que nous ayons pour affirmer qu'il doit y avoir un millenium — ou mille ans de bénédiction.

Nous avons vu des déclarations générales, affirmant que le monde sera rempli de la connaissance de la gloire du Seigneur, mais que cela aura lieu par le moyen du jugement. Mais le seul argument que nous ayons à l'appui des mille ans de durée de cette période de bénédiction — la seule preuve de ce trait particulier de la gloire à venir — c'est le chapitre 20 de l'Apocalypse qui nous la fournit. Nous avons abondance de témoignages, attestant qu'il y aura un temps de bénédiction, mais ce caractère spécial de la bénédiction — sa durée ne se trouve mentionné qu'ici — savoir, après que le Christ est venu comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, après qu'il a exercé le jugement et que Satan a été lié. Satan a tout corrompu; mais quand il est lié, il ne peut plus corrompre: alors commencent les mille ans, — et des trônes et le jugement sont donnés aux saints. Les saints jugeront le monde et les anges, car Dieu l'a révélé dans sa parole (1 Corinthiens 6: 2, 3). N'y a-t-il pas bien des chrétiens de profession qui, si vous leur disiez: «Ne savez-vous pas que vous jugerez les anges?» vous regarderaient comme un fou? Et pourtant c'était aux Corinthiens, qui étaient bien loin d'être d'excellents chrétiens, qui, au contraire, marchaient fort mal, que cela était dit. La portée de la connexion de l'Eglise avec Christ a été presque entièrement oubliée. Plusieurs parlent de leur espérance d'être sauvés et de vivre pieusement, mais la connexion de l'Eglise avec le second Adam a été pratiquement oubliée. La puissance de la rédemption et les grands privilèges qui s'y rattachent, sont perdus de vue.

Revenons un instant au chapitre 17 de l'Apocalypse, pour y voir comme les saints sont intimement associés à Christ dans ce jour. Nous lisons que la Bête et les rois de la terre combattront contre l'Agneau, et que l'Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois; «et ceux qui sont avec lui sont appelés, et élus et fidèles». Cela ne s'applique pas à des anges. Sans doute, il viendra avec les saints anges, mais les mots: «appelés, et élus et fidèles» s'appliquent aux saints, «vêtus de fin lin, blanc et pur», qui est «les justices des saints». Ainsi vêtus, ils viennent avec le Seigneur. Nous serons enlevés à la rencontre du Seigneur en l'air, et quand il sera manifesté, nous serons aussi avec lui manifestés en gloire.

Il est un autre point que je veux vous indiquer, sans pouvoir, ici encore, entrer dans des détails, vu que tout ce que je puis faire, c'est de toucher aux grands principes, en rapport avec le sujet que nous étudions, et de passer rapidement sur chacun d'eux. Vous vous rappelez un passage de l'Histoire Sainte, au temps d'Elie, rapporté dans le premier livre des Rois. Dieu avait vu qu'il y avait sept mille hommes en Israël, qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal, bien qu'Elie s'imaginât qu'il était demeuré lui seul, et qu'ils cherchaient sa vie pour la lui ôter. Lorsqu'il agissait avec et sous l'autorité de Dieu, Elie avait soulevé la question de savoir si Baal était Dieu, ou si Jéhovah était Dieu, et il avait voulu la résoudre par une démonstration publique, en présence de tout le peuple. Il leur proposa de la prouver de cette manière: celui qui répondrait par le feu serait reconnu comme Dieu. En conséquence des sacrifices furent préparés, et les prêtres de Baal se mirent à crier depuis le matin jusqu'à midi: «Baal, exauce-nous!» Et Elie se moquait d'eux et disait: «Criez à haute voix, car il est dieu; mais il pense à quelque chose, ou il est après quelque affaire, ou il est en voyage; peut-être il dort, et il s'éveillera». Ils criaient donc à haute voix, et ils se faisaient des incisions avec des couteaux et des lancettes jusqu'au soir, mais il n'y avait ni voix, ni réponse. Alors Elie bâtit un autel, et y mit le sacrifice sur le bois, et le fit couvrir d'eau, dont il remplit le conduit qui l'entourait, puis il invoqua l'Eternel; et le feu de l'Eternel tomba et consuma l'holocauste, le bois, les pierres, et huma toute l'eau qui était au conduit. Et tout le peuple voyant cela, tomba sur son visage, et dit c'est l'Eternel qui est Dieu; c'est l'Eternel qui est Dieu». Or nous voyons dans l'Apocalypse, que le faux prophète fait de grands miracles, en sorte que même il fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes. Tout cela n'est que mensonge, sans doute, mais il le fait de manière à séduire les hommes. Cela même que fit Elie pour prouver que Jéhovah était le vrai Dieu, le faux prophète ou le faux Messie semble aussi le faire — en faisant descendre le feu du ciel à la vue des hommes; que par là il parvienne à séduire les hommes, cela montre qu'ils sont livrés à l'énergie d'erreur pour croire le mensonge.

Cela se rapporte au gouvernement du monde, quant à ce qui concerne les Juifs. Si vous reprenez la 2e épître aux Thessaloniciens, vous verrez la même chose relativement à la chrétienté, en connexion avec l'apostasie: «Alors sera révélé l'inique… duquel la venue est selon l'opération de Satan en toute sorte de miracles, et signes et prodiges de mensonge». «De mensonge» évidemment; néanmoins ce sont «des miracles, des signes et des prodiges», termes identiques, dans l'original, avec ceux employés par Pierre, parlant de «Jésus de Nazareth, homme approuvé de Dieu dans vous par les miracles; les prodiges et les signes etc.» (Actes des Apôtres 2: 22). C'est-à-dire que l'Antichrist fait les mêmes choses, mensongères, il est vrai, mais les mêmes choses, selon ce que l'homme peut en juger, que celles qui prouvaient que Jésus était le Christ, les mêmes choses qui démontraient que Jéhovah était le vrai Dieu. Par ce moyen il aveugle et égare les hommes et les amène à adorer le dragon et la bête, à reconnaître le faux Christ comme étant le véritable.

Impossible de concevoir quelque chose de plus redoutable et de plus solennel que ce fait, savoir que les hommes soient ainsi livrés à une énergie d'erreur pour croire le mensonge, et pour se soumettre au pouvoir de celui dont la venue est selon l'opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge; il n'est donc pas étonnant que l'apôtre exhorte les saints avec tant de force, en leur disant: «Sachez ceci, qu'aux derniers jours, il surviendra des temps fâcheux». Eh! bien, chers amis, plus vous sonderez les Ecritures, plus vous y trouverez ces grands principes clairement révélés. Mais l'église professante ne veut pas les voir, et cela se rattache à ce que j'ai signalé en commençant: savoir que tout ce qui, dans les grands plans de Dieu, a été confié à l'homme, est en chute. C'est pendant que les hommes dormaient, que l'ennemi est venu et a semé l'ivraie; puis nous avons l'expresse révélation que l'église, ne persévérant pas dans la bonté de Dieu, sera retranchée. C'est pourquoi, l'idée que l'église extérieure de Dieu, après être corrompue, sera de nouveau rétablie, est une complète illusion. Je dis: l'église extérieure de Dieu — car quant aux individus croyants, ce qui est révélé n'est qu'un motif à une plus grande fidélité de leur part. C'est tout une autre question. Pour ce qui concerne le devoir des individus, l'Ecriture donne d'amples directions là-dessus, même en parlant des derniers jours, où l'on aura une forme de piété en en reniant la puissance. «Evite de telles gens», dit l'Esprit. Il en sera des saints comme il en était d'Elie: il n'y aura jamais eu un temps où, individuellement, ils auront plus réellement conscience de la puissance de Christ, que le temps de la défection générale.

Ce n'est pourtant pas là ce dont il est question ici, il s'agit de la manifestation extérieure et de l'effet extérieur dans le monde. On se console par la pensée d'une église invisible, en oubliant qu'il est dit: «Vous êtes la lumière du monde». A quoi sert une lumière invisible? Il est dit encore: «Que votre lumière luise devant les hommes»; c'est-à-dire que votre profession de christianisme soit bien manifeste, — «en sorte qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est aux cieux». «Et maintenant, chers amis, retenez bien ceci, savoir que, durant ce temps du support de Dieu jusqu'à ce que le Seigneur vienne exécuter le jugement, une grande responsabilité est imposée à chacun de vous. Que chacun prenne garde à ce qu'il croit et comment il croit. Rappelez-vous bien que c'est par de fausses doctrines que Satan a corrompu l'Eglise par le judaïsme, par le culte des saints et par toute sorte d'erreurs. Le temps nous manquerait pour les énumérer, mais c'est par l'introduction de ces doctrines hérétiques et fausses que Satan est parvenu à corrompre le christianisme, à tel point que si vous vouliez contempler les plus sombres aspects du mal, c'est parmi les chrétiens que vous les trouveriez — naturellement j'entends les chrétiens de nom seulement, mais qui ne se glorifient pas moins de l'idée que leur christianisme est le seul vrai dans le monde.

Je n'ajoute plus que cette pensée: Combien il importe, à mesure que nous approchons davantage des scènes solennelles du jugement, que nous comprenions bien quelle est la destinée de l'Eglise, au lieu de nous imaginer que tout ira de mieux en mieux jusqu'à ce que le monde entier soit rempli de bénédiction. Combien il importe, que nous comprenions que ce mystère d'iniquité, déjà à l'oeuvre aux jours de l'Apôtre, doit continuer d'agir jusqu'à ce que Dieu lâche, pour ainsi dire, la bride, à toute la puissance du mal pour se porter à l'extrême; — que le mal est en activité jusqu'à ce que les saints soient enlevés à la rencontre du Seigneur en l'air, et qu'alors le pouvoir final de Satan commencera à opérer. C'est assurément une pensée bien sérieuse pour nous, si nous avons quelque sollicitude pour l'Eglise, de savoir comment nous nous sommes acquittés de notre responsabilité, lorsque la question est posée comme dans Jérémie (13: 20) — «Où est le troupeau qui t'avait été donné, ton magnifique troupeau? Que diras-tu quand il te punira?» Lisez les Actes, et voyez ce qu'est la chrétienté actuellement, et dites quel rapport il y a entre ces deux époques. Demandez-vous non seulement: «Y a-t-il la même doctrine? mais encore: où en est aujourd'hui la pratique?» Néanmoins le Seigneur est fidèle; et quand le jugement arrivera, le Seigneur, ayant acheté le champ, a acquis le trésor, et a su et saura le garder en sûreté jusqu'alors.

Nous reprendrons plus tard cette partie de notre sujet, qui rattache plus spécialement aux Juifs les dispensations de Dieu envers le monde. En définitive, que le Seigneur nous donne de garder ceci dans nos coeurs — savoir la différence qui existe entre ce qui est appelé l'église, la chose extérieure, et ce que l'Eglise devait et devrait réellement être — et examinons aussi ce que nous sommes moralement, s'il y a en nous quelques fruits en harmonie avec le travail du Fils de Dieu, et avec la descente du Saint Esprit comme Consolateur et Sanctificateur. Il est toujours bon, quand on fait des applications de ces vérités, de commencer par nous-mêmes. Voyons donc si, vraiment, nous aimons le Christ, si nous avons à coeur ses intérêts et l'état dans lequel se trouve l'Eglise de Dieu, ou si nous cherchons à nous tromper nous-mêmes, en nous imaginant qu'elle est dans l'état voulu pour réformer le monde. Dès le temps où ces choses ont pénétré dans mon âme, j'ai toujours attendu et espéré que l'Esprit de Dieu agirait; et je bénis Dieu de ce qu'il opère tant de bien de nos jours. Je n'en suis pas moins convaincu, d'après ce que je vois dans les Ecritures, que c'est du jugement que cette opération de Dieu doit être suivie.

6.  Méditation sur Daniel 2: 19, jusqu'à la fin

J'ai lu ce chapitre, parce qu'il contient une esquisse d'une partie de la prophétie, dont les détails sont contenus dans d'autres portions de l'Ecriture. Nous avons commencé par voir que l'Eglise, par la promesse immuable de Dieu, possède une espérance sûre et certaine d'être enlevée avant que Christ vienne juger le monde, afin d'être pour toujours avec Lui. Nous avons vu aussi que le désir et l'attente de son arrivée, lorsque le coeur est réellement à Christ, sont la brillante et joyeuse force des Chrétiens dans leur marche. Nous avons vu, la dernière fois, que ce qui est appelé l'Eglise, l'Eglise professante, considérée comme étant dans le monde, sera à la fin complètement rejetée de Dieu, sévèrement jugée à cause de sa corruption, vomie de la bouche de Christ. Quant aux voies de Dieu dans le monde, nous avons vu que les Juifs ont toujours été le centre de son gouvernement. Quant à son gouvernement providentiel, Il l'exerce toujours. Il fait tourner toutes choses au bien de ceux qui l'aiment; pas un passereau ne tombe à terre sans la volonté de Celui qui est notre Père. Mais lorsqu'il s'agit de son gouvernement direct, de ses voies immédiates relativement à la conduite des hommes ici-bas, et de la manifestation publique de son intervention sur la terre, alors les Juifs entrent en scène pour en être le point de départ. Mais les voies de Dieu, dans leur plein développement, s'étendent nécessairement aussi aux Gentils qui entourent les Juifs et qui les ont si longtemps opprimés. Par conséquent, les passages qui concernent les Juifs, se rapportent aussi aux Gentils, comme à ceux qui arrivent devant Dieu, lorsqu'Il prend en main ce gouvernement, dans lequel les Juifs ont la première et principale place sur la terre. Quelques-uns de ces passages, que je vais citer, ont donc déjà été produits au sujet des Juifs. Il nous faut auparavant distinguer deux classes de Gentils, auxquelles ils font allusion et auxquelles correspondent deux classes de prophéties. La première concerne les Gentils qui étaient ennemis des Juifs, lorsque Dieu était avec eux sur la terre et qu'il les reconnaissait, et ceux qui seront ennemis, lorsque Dieu connaîtra de nouveau son peuple sur la terre. La seconde concerne les Gentils qui oppriment les Juifs pendant le temps où Dieu a écrit sur eux «Lo-Ammi», c'est-à-dire: Pas mon peuple; depuis que les temps des Gentils ont commencé. Ces deux classes sont entièrement distinctes l'une de l'autre. Il y a certaines puissances, avec lesquelles Dieu entre en relations, qui sont en dehors d'Israël et qui sont ses ennemies, pendant que la présence de Dieu et son trône sont encore au milieu de ce peuple. Les représentants de ces puissances se retrouveront, dans les derniers jours, lorsque Dieu s'occupera de nouveau d'Israël. Mais après que les Juifs se furent tournés vers l'idolâtrie et quelle qu'ait été la patience de Dieu, se levant de bon matin et envoyant ses prophètes, jusqu'à ce qu'il n'y eût plus de remède, Il fut obligé de les abandonner au jugement. Alors il suscita Nebucadnetsar, et les temps des Gentils ont commencé, ils ont encore leur cours. L'empire a passé de Babylone à la Perse, de la Perse à la Grèce, et les Juifs étaient esclaves des Romains, des Gentils, lorsque Christ arriva. Leur état ecclésiastique leur était encore laissé, mais la puissance civile était dans les mains de leurs oppresseurs. Ces temps des Gentils continuent jusqu'à ce que Christ exécute le jugement; jusqu'à ce que ceux qui furent les oppresseurs du peuple de Dieu, pendant qu'Il ne reconnaissait pas ce peuple, soient détruits, et que ceux qui, en dehors de ces oppresseurs, sont aussi ennemis d'Israël, soient anéantis au moment où ils croiront qu'ils sont les maîtres; alors les Juifs sont délivrés. En un mot, l'Ecriture nous montre que les Juifs sont le centre des voies de Dieu sur la terre, et que, quant à ce qui concerne les Gentils, il y a deux classes de prophéties — l'une se rapportant aux ennemis du peuple de Dieu, pendant qu'Il le reconnaît; l'autre se rapportant aux oppresseurs d'Israël pendant qu'il est rejeté et que Dieu ne le reconnaît pas.

Le chapitre 32 du Deutéronome établit, à l'origine même de toute l'histoire du peuple d'Israël, le fondement prophétique de tout ce qui doit arriver. Le verset 8, montre que les Juifs sont le centre des voies de Dieu: «Quand le Souverain partageait les nations, quand Il séparait les enfants des hommes les uns des autres, il établit les bornes des peuples selon le nombre des enfants d'Israël». Rapprochez cela du jugement général des Gentils. Le Prophète annonce d'abord qu'après sa mort Israël se corrompra; puis, au verset 21, il parle de la méchanceté dont nous voyons encore les fruits aujourd'hui. Au verset 26, il montre que la bonté de Dieu s'élèvera au-dessus de la méchanceté, de manière à ne pas détruire le peuple, et à montrer qu'Il est Dieu. Ensuite il continue jusqu'au temps où Dieu se lèvera pour juger, nous amenant ainsi au sujet dont nous nous occupons. Lorsque Israël est amené au degré le plus bas possible, l'Eternel jugera son peuple, mais il se repentira en faveur de ses serviteurs (verset 35). Il est dit (verset 41) que sa main saisit le jugement en vengeance de ses ennemis, car les puissances des Gentils se trouveront être telles, ainsi que les Juifs apostats. «Ses flèches s'enivreront de sang, et son épée dévorera la chair». C'est cependant par ces moyens que seront introduites les bénédictions milléniales, où «les nations se réjouiront avec son peuple; car Il vengera le sang de ses serviteurs» — ce qui n'est pas encore accompli — «il se vengera de ses adversaires et (remarquez cette expression) il aura miséricorde de son pays et de son peuple». Voilà donc son peuple jugé, ses serviteurs vengés, ses adversaires châtiés, puis son pays et son peuple devenus les objets de sa miséricorde, et les Gentils se réjouissent avec eux. En un mot, le jugement, la destruction des adversaires du Seigneur — Gentils et Juifs apostats — la vengeance en faveur de ses serviteurs, la restauration d'Israël, et la bénédiction des nations avec Israël qui est seul son peuple. Avant de montrer la différence qui existe entre les ennemis d'Israël reconnu de Dieu, et ses oppresseurs lorsqu'il est rejeté, je vais m'occuper du témoignage général de Dieu sur le jugement des nations.

Ouvrez le 66 et dernier chapitre d'Esaïe, au verset 15: «Car voici, l'Eternel viendra avec le feu, et ses chariots seront comme la tempête, afin qu'Il montre sa colère en fureur, et sa menace en flamme de feu. Car l'Eternel exercera jugement contre toute chair». Voilà le grand fait général du jugement des nations; du verset 6 au 14e, vous voyez le rétablissement des Juifs; (verset 12): «Voici, je vais faire couler vers Jérusalem la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent débordé». Nous trouvons, au verset 17, les Juifs incrédules et, de là jusqu'au 24, la manifestation de la gloire de Jéhovah. Ceux qui échappent aux jugements qui accompagnent cette gloire, allant vers les nations leur annoncer l'apparition de cette gloire et ramenant à Jérusalem les Juifs dispersés. Nous avons ainsi le grand fait de l'arrivée du Seigneur pour juger toute chair; Il retranche tous ceux qu'Il trouve en rapports hostiles avec Israël.

Les Paumes 9 et 10 célèbrent le jugement et la destruction des ennemis d'Israël dans son pays. Le psalmiste introduit ce sujet aux versets 4 et 5: «Car tu m'as fait droit et justice; tu t'es assis sur le trône, toi, juste juge; tu as réprimé fortement les nations; tu as fait périr le méchant, tu as effacé leur nom pour toujours et à perpétuité. Afin que je raconte toutes tes louanges dans les portes de la fille de Sion. Je me réjouirai de la délivrance que tu m'as donnée. Les nations ont été enfoncées dans la fosse qu'elles avaient faite; leur pied a été pris au filet qu'elles avaient caché. L'Eternel s'est fait connaître; il a fait jugement; le méchant est enlacé dans l'ouvrage de ses mains. Higgaïon. Sélah. Les méchants retourneront vers le sépulcre toutes les nations qui oublient Dieu» (versets 14-17). «L'Eternel est roi à jamais et à perpétuité, les nations ont été exterminées de dessus sa terre» (Psaumes 10: 16). Ces deux Psaumes, après avoir parlé de la réjection du Christ, comme Roi en Sion, et du fait qu'il prend son caractère de Seigneur universel, comme Fils de l'Homme (Psaumes 8), servent d'introduction au témoignage tout entier des Psaumes: l'état et les sentiments du résidu d'Israël aux derniers jours, et le jugement que Dieu exécutera sur les Gentils. C'est à cause de cela que nous trouvons, dans les Psaumes, ces appels réitérés au jugement qui ont souvent achoppé les Chrétiens, lorsque, ces passages étaient invoqués par les ennemis du Christianisme. Ces Psaumes ne sont point l'expression de sentiments chrétiens; car nous laissons ce monde et nous allons au ciel. Nous n'avons, en aucun sens, à demander la destruction de nos ennemis pour passer dans la gloire. Israël, au contraire, ne peut pas avoir son repos sur la terre, avant que les méchants n'aient été détruits, et c'est pourquoi ils demandent ce juste jugement; c'est là la manière dont ils seront délivrés.

Je reviens à mon sujet. Ouvrons le chapitre 24 d'Esaïe au verset 13 et suivants: «Car il arrivera au milieu de la terre, parmi les peuples, comme quand on secoue l'olivier, et quand on grappille, après avoir achevé de vendanger. Ceux-ci élèveront leur voix; ils se réjouiront de devers la mer, à cause de la majesté de l'Eternel. C'est pourquoi glorifiez l'Eternel dans les vallées, le Nom de l'Eternel, le Dieu d'Israël, dans les îles de la mer. Nous avions entendu du bout de la terre des cantiques disant que le Juste était plein de noblesse: mais j'ai dit: Maigreur sur moi! maigreur sur moi! malheur à moi! les perfides ont agi perfidement; et ils ont imité la mauvaise foi des perfides. La frayeur, la fosse et le piège sont sur toi, habitant du pays. Et il arrivera que celui qui s'enfuira à cause du bruit de la frayeur, tombera dans la fosse; et celui qui sera remonté hors de la fosse, sera attrapé au filet; car les bondes d'en haut sont ouvertes, et les fondements de la terre tremblent. La terre s'est entièrement brisée, la terre s'est entièrement écrasée, la terre s'est entièrement remuée de sa place. La terre chancellera entièrement comme un homme ivre…». Voilà l'effet du terrible jugement de Dieu. Aux versets 21 et 22, nous voyons le jugement des puissances de méchanceté en haut; du prince de la puissance de l'air et de ses anges; et des rois de la terre, sur la terre; puis le Seigneur régnant glorieusement en Sion, en présence de ses anciens. Ouvrez maintenant le chapitre 25 de Jérémie au verset 15: «Car ainsi m'a dit l'Eternel, le Dieu d'Israël: Prends de ma main la coupe de ce vin, de cette fureur-ci, et en fais boire à tous les peuples auxquels je t'envoie. Ils en boiront, et ils en seront troublés…». Le Prophète parle ainsi des diverses nations, puis, du verset 29 au verset 33, il déclare le jugement universel des Gentils, décrivant la terrible descente de Jéhovah pour les juger. Passons au chapitre 5 de Michée: «Et je ferai vengeance avec colère et avec fureur de toutes les nations qui ne m'auront point écouté». Mais alors aussi, Israël est béni et rétabli en puissance (versets 7, 8), par le moyen de Christ, qui « s'agrandira jusqu'aux bouts de la terre». «Et il se tiendra debout et gouvernera par la force de l'Eternel, avec la magnificence du Nom de l'Eternel son Dieu; et ils demeureront fermes; car en peu de temps, il s'agrandira jusqu'aux bouts de la terre. Et cet homme sera la paix, lorsque l'Assyrien sera entré, dans notre pays; et lorsqu'il aura mis le pied dans nos palais, alors nous élèverons contre lui sept pasteurs et huit chefs» (version anglaise). Ouvrez le chapitre 3 de Joël, versets 9-17: «Publiez ceci parmi les nations; préparez la guerre réveillez les hommes forts; que tous les gens de guerre s'approchent, et qu'ils montent. Forgez des épées de vos hoyaux, et des javelines de vos serpes, que le faible dise: Je suis fort. Amassez-vous, et venez, toutes nations d'alentour, et soyez assemblées; l'Eternel abattra là ses hommes forts. Que les nations se réveillent, et qu'elles montent à la vallée de Josaphat (vallée de jugement); car je serai assis là pour juger toutes les nations d'alentour. Mettez la faucille, car la moisson est mûre; venez, et descendez, car le pressoir est plein; les cuves regorgent, car leur malice est grande. Peuples, peuples, à la vallée du jugement, car la journée de l'Eternel est proche dans la vallée du jugement. Le soleil et la lune ont été obscurcis, et les étoiles ont retiré leur lueur. Et l'Eternel rugira de Sion, et fera ouïr sa voix de Jérusalem, et les cieux et la terre seront ébranlés, et l'Eternel sera un asile à son peuple, et la force des enfants d'Israël. Et vous saurez que je suis l'Eternel votre Dieu, qui habite en Sion, la montagne de ma sainteté; et Jérusalem ne sera que sainteté, et les étrangers n'y passeront plus». Ce qui augmente l'importance de ce passage, c'est que Jérusalem est ramenée à la bénédiction pour n'être plus jamais foulée aux pieds: «Les étrangers ne la traverseront plus», mais les Gentils qui ont coopéré à son affliction seront détruits pour toujours. Au temps de Nebucadnetsar, lorsque Jérusalem était troublée, et plus lard, lorsque Titus l'assiégea et la prit, les Gentils ne furent nullement détruits. Lorsque Cyrus renvoya un résidu à Jérusalem, celui-ci demeura captif; aujourd'hui encore les étrangers dominent dans cette ville. Nous trouvons de nouveau, dans les passages cités plus haut, toutes les nations rassemblées, les Gentils détruits, et les Juifs réhabilités.

Il est dit au chapitre 3 de Sophonie, du verset 3 jusqu'à la fin, que la résolution de Jéhovah est de rassembler toutes les nations. Elles seront dévorées par le feu de sa jalousie; et là encore, nous lisons qu'Israël ne sera plus jamais rejeté. Il les ramènera de leur captivité et en fera un sujet de louange parmi tous les peuples. Il chassera leur ennemi, et ils ne verront plus de mal. Jéhovah est au milieu de Jérusalem; Dieu se reposera dans son amour. Je veux citer encore un passage, avant de montrer la différence qui existe entre les deux classes des ennemis d'Israël. Aggée 2: 5-9: «C'est donc la parole de l'alliance que je traitai avec vous, quand vous sortîtes d'Egypte, et mon Esprit, demeurant au milieu de vous. Ne craignez point. Car ainsi a dit l'Eternel des armées: Encore une fois et dans peu j'ébranlerai les cieux et la terre, la mer et le sec; et j'ébranlerai toutes les nations; et le désiré de toutes les nations viendra; et je remplirai de gloire cette maison, a dit l'Eternel des armées. L'argent est à moi, et l'or est à moi, dit l'Eternel des armées. La dernière gloire de cette maison sera plus grande que celle de la première, a dit l'Eternel des armées, et je mettrai la paix en ce lieu-ci, dit l'Eternel des armées». L'apôtre cite ce passage dans l'épître aux Hébreux, en montrant que l'accomplissement n'en est pas encore arrivé: «Prenez garde que vous ne refusiez pas celui qui parle; car si ceux-là ne sont pas échappés qui ont refusé celui qui leur parlait, en oracles sur la terre, combien moins échapperions-nous si nous nous détournions de celui qui parle ainsi des cieux» (Hébreux 12: 25)? Il les exhorte à ne pas se reposer sur les choses terrestres et créées, — montrant que le temps de l'ébranlement universel de la première et passagère création est encore à venir, et que toute cette création serait ébranlée et passerait.

Passons maintenant l'Ecriture en revue, quant aux deux classes des ennemis d'Israël dont j'ai déjà parlé. L'Assyrien était le principal ennemi d'Israël pendant que ce peuple était encore reconnu de Dieu, avant la captivité de Babylone. Il y avait eu encore d'autres ennemis, tels que la Syrie; mais la Syrie succomba sous l'Assyrien. L'Egypte, alors, chercha à remplir la scène du monde; elle conquit la Judée et affronta la puissance de Babylone à Karkemisch, mais son pouvoir fut brisé et Nebucadnetsar devint la tête d'or sur toute la terre; alors les temps des Gentils commencèrent. Ils auront leur cours jusqu'à ce que le Seigneur prenne en main sa grande puissance, et qu'Il règne. Sans doute les Juifs, ou au moins un petit résidu d'entre eux revinrent de Babylone, afin que le Messie leur fût présenté. Mais ils avaient été si méchants et si idolâtres, que Dieu les avait livrés à la captivité; et, même de retour dans leur pays, ils furent soumis aux Gentils. La gloire de Dieu et son trône n'habitèrent plus au milieu d'eux: Après leur retour, ils n'eurent plus la Schechinah, ou la nuée qui manifestait la présence de Dieu. Ils n'avaient plus ni l'Arche, ni l'Urim et le Thummim. Les choses qui constituaient le témoignage de la présence de Dieu n'étaient plus là; elles ne revinrent jamais. Voilà les temps des Gentils. Les quatre bêtes constituaient les temps des Gentils. Quant à la terre, ceci était de la dernière importance. Le trône de Dieu a cessé d'être sur la terre; la prophétie est bien demeurée jusqu'à ce que, l'ordre extérieur ait été rétabli; mais il est remarquable que les prophètes, postérieurs à la captivité, n'ont jamais mis de côté le jugement prononcé en Osée: «Vous n'êtes pas mon peuple». Ils ne parlent jamais des Juifs comme étant le peuple de Dieu, sauf lorsqu'ils parlent de ce Jour futur où ils seront ramenés à la grâce divine. Enfin, lorsque Christ vint, il fut rejeté et s'assit sur le trône de son Père; la puissance et la gloire divines sont en haut, objet de la foi pour l'âme fidèle. Le peuple, que Dieu avait appelé et qui avait le trône de Dieu au milieu de lui, a été complètement retranché, quoique conservé. Le trône de Dieu avait ainsi cessé d'être sur la terre, au commencement de ces temps des Gentils; c'est pourquoi nous ne trouvons jamais, en Daniel, le Dieu de la terre, mais «le Dieu du ciel», parce qu'Il n'était pas ici-bas avec eux. Cet abandon temporaire en Dieu du gouvernement direct de la terre, avec Israël pour centre, son trône étant au milieu d'eux entre les Chérubins, et son retour pour le gouvernement de la terre, sont d'une immense importance. En Ezéchiel, nous trouvons ce jugement sur Jérusalem, Nebucadnetsar en étant l'instrument. Dieu arrive sur les Chérubins en voie de providence — ces roues si hautes qu'elles étaient terribles. — Il épargne les siens qu'Il a marqués, et abandonne le reste à la destruction. Il exécute le jugement, les laisse et va dans le ciel. La domination est laissée aux Gentils sous la direction de la Providence de Dieu et exposés au jugement final. Israël, avec le trône de Dieu au milieu de ce peuple, est mis de côté. Quatre grands empires se lèvent successivement: Babylone, la Perse, la Grèce et Rome. L'Empire romain, tout en dévastant le monde, ne réussit pas à soumettre toutes les nations à sa puissance; mais il continue la grande puissance du monde jusqu'au jugement, quoique sous une forme spéciale. Alors l'Assyrien revient sur la scène à la fin; c'est-à-dire, géographiquement, ce qui est maintenant la Turquie d'Asie et une partie de la Perse: mais, dans les derniers jours, l'Assyrie apparaîtra sur la scène dans la puissance russe, suivant le témoignage d'Ezéchiel 37, 38 (passage appliqué à cette puissance par l'ancien Lowth, il y a près de deux cents ans). Le monde, en rapport avec Israël et avec les derniers conseils de Dieu à l'égard de la terre, est divisé, en Europe occidentale, y compris le bassin de la Méditerranée, — l'Empire romain — et l'Europe orientale, ou la Russie; ces deux divisions ne sont jamais confondues dans l'Ecriture. L'Assyrien fut la puissance qui combattait contre Israël, pendant que Dieu reconnaissait ce peuple; et l'autre fut la puissance qui l'opprimait et le tenait captif, lorsqu'il n'était pas reconnu.

Dans Esaïe et dans les prophètes qui précédèrent la captivité, nous trouvons toujours l'Assyrien; tandis que la Bête y est à peine mentionnée: une fois, comme Roi, pour compléter la scène, et même alors, je présume qu'il est un allié subordonné de la Bête. Tandis qu'en Daniel nous ne trouvons pas l'Assyrien, si ce n'est, peut-être obscurément, dans un chapitre — toutefois non pas comme tel (Assyrien). La même chose se retrouve en Zacharie, sauf que dans tous les deux toutes les nations se trouvent mentionnées d'une manière générale, amenées comme des gerbes sur l'aire, dès qu'elles s'élèvent contre Jérusalem. J'ai parlé jusqu'ici du jugement général; maintenant, après avoir signalé la différence qui existe entre les Bêtes et le pouvoir Assyrien du dernier jour, je m'en vais citer les passages qui s'appliquent à chacune de ces classes à part.

Ouvrez Daniel; vous y trouverez les Bêtes, mais non pas l'Assyrien; examinons d'abord le chapitre 2, du verset 19 à la fin: Nous y trouvons Nebucadnetsar, la tête d'or; l'Empire Perse indiqué par l'argent; le Grec, par l'airain; le Romain, par le fer; tandis que le fer mêlé avec l'argile représente l'état actuel des choses. Après que ces derniers ont été mélangés, une pierre est coupée sans mains, — oeuvre souveraine de Dieu — frappe la statue et le tout devient comme la paille d'une aire d'été, «et il ne fut plus trouvé aucun lieu pour eux». Puis, la pierre qui a frappé la statue «devient une grande montagne qui remplit toute la terre». Remarquez qu'il n'y a ici aucune trace d'une influence exercée sur les parties qui composaient primitivement la statue, de manière à produire en elles un changement de caractère. On s'imagine que le Christianisme s'étendra et envahira ces contrées. Or la pierre ne grandît pas du tout avant qu'ils ne soient entièrement détruits. Il n'y a aucune influence exercée; aucune modification n'a lieu; il n'est parlé d'aucun changement. La petite pierre détruit tout avant de grandir; ce qui grandit, c'est la, pierre qui a détruit la statue. Nous avons ici l'arrivée du Royaume de Christ en jugement, et une destruction totale des Empires qui ont précédé l'action de la pierre, action qui s'est exercée sur le dernier Empire, et plus particulièrement sur les pieds de fer et d'argile, dernière forme de la statue, considérée au point de vue de sa distribution géographique et de son état, en partie fort, en partie faible. Le fait qui donne à la statue son caractère particulier, c'est que la pierre ne grandit pas avant d'avoir complètement détruit la statue et qu'après avoir terminé son oeuvre de jugement, elle devient une grande montagne. Ce n'est point là ce qui se passe maintenant. Christ est monté en haut, et Il attend en esprit de grâce, assis à la droite du trône de son Père, tandis que les saints, ses cohéritiers, l'Eglise, sont rassemblés hors de ce monde, jusqu'à ce que, au moment connu de Dieu seul, il se lève du trône de son Père pour prendre en main son grand pouvoir et son Royaume, ses ennemis étant alors mis sous ses pieds. Voici maintenant l'interprétation qui est parfaitement claire. Le pouvoir dans ce monde est confié à l'homme, dans la personne de Nebucadnetsar; trois Empires succèdent au sien; et, à la fin, quoique le dernier de ces Empires possède une force qui met en pièces et s'assujettit tout ce qui l'entoure, cependant sa dernière forme est caractérisée par un conflit de principes différents (les éléments Germains et Latins, je n'en doute pas) et elle est en partie forte, en partie faible; mais alors arrive la fin (verset 44): «Et au temps de ces Rois, le Dieu des cieux suscitera un Royaume qui ne sera jamais détruit, et ce Royaume ne sera point laissé à un autre peuple; mais il brisera et consumera tous ces Royaumes, et il sera établi éternellement».

7.  Méditation sur Daniel 7

Nous avons vu, l'autre soir, une esquisse générale des voies de Dieu envers les Gentils, en rapport avec les Juifs, son peuple terrestre qu'Il a choisi; les Juifs étant le centre de toutes les voies de Dieu sur la terre. Lors de la restauration des Juifs le jugement des Gentils aura lieu, les nations étant divisées en deux classes: Les ennemis du peuple de Dieu pendant que Dieu le reconnaissait et que son trône était au milieu d'Israël; et ceux qui emmenèrent ce peuple captif et qui l'opprimèrent pendant que Dieu ne le reconnaissait pas. Le pouvoir de ces deux classes de Gentils sera annulé.

Il est évident que, pour ce qui concerne le monde, c'est un fait de toute importance, que Dieu en ôte son trône. Lorsque cela eut lieu, il cessa d'être le Dieu de la terre, quoiqu'il domine sur toutes choses d'une manière providentielle; mais Il n'exerce plus le gouvernement direct, comme lorsque son trône était au milieu d'Israël; aussi Daniel l'appelle-t-il «le Dieu du ciel», et Il ne reprend son nom de «Dieu de la terre», «Seigneur de toute la terre» (Zacharie 14), que lorsqu'Il reviendra pour juger ce monde. Le temps, pendant lequel Dieu abandonne son trône sur la terre, est appelé: «les temps des Gentils». Pendant ces temps-là, les Juifs qui ont été emmenés captifs par Nebucadnetsar ont cessé pour le moment d'être le peuple de Dieu; ils sont assujettis aux Gentils, dont les temps continuent jusqu'à ce que Dieu arrive pour exécuter la vengeance. Alors il les reprend à Lui, rejetant ceux qui les ont opprimés pendant qu'ils n'étaient pas reconnus; et ceux qui étaient leurs ennemis pendant le temps où ils étaient reconnus, ayant le trône de Dieu au milieu d'eux. Il est important pour nous de distinguer ces deux classes, parce que nous sommes dans les temps des Gentils; elles ne sont jamais confondues dans les prophéties. L'Assyrien, et finalement Gog, est le grand ennemi d'Israël, tant que le peuple est reconnu. Les quatre Bêtes on les empires des Gentils sont leurs oppresseurs pendant qu'ils ne sont pas reconnus. Les prophètes jusqu'à la captivité, ainsi qu'Ezéchiel, parlent du premier; Daniel et Zacharie, des derniers; il faut ajouter à cela l'Apocalypse, lorsque nous arrivons au Nouveau Testament. Toute l'histoire du Nouveau Testament se passe sous la dernière Bête; le premier récit, le plus général et le plus complet touchant les quatre Bêtes, se trouve dans le chapitre 7 de Daniel.

Ce chapitre est divisé en plusieurs portions dont chacune commence par les mots: «Je vis dans les visions de la nuit». Nous avons d'abord (versets 1-6) l'existence des quatre grands Empires et une brève mention de trois d'entre eux. La seconde division (versets 7-12) contient une description spéciale de la quatrième Bête; puis un trône et le jugement. Dans la troisième division qui commence au verset 13, le Royaume est donné au Fils de l'homme. Après cela, depuis le verset 16, nous avons l'explication donnée par l'ange à Daniel. L'état des saints sous les Bêtes, surtout sous la dernière, et finalement sous le Fils de l'homme, y est exposé. Ce sont des Bêtes, parce qu'elles ont perdu leur intelligence par rapport à Dieu — ne le reconnaissant pas, et faisant leur propre volonté autant que possible. La folie de Nebucadnetsar en fut un type. Ces quatre premiers grands Empires sont Babylone, le lion, la tête d'or; la Perse, l'ours, l'argent; la Grèce, le léopard, l'airain. Je ne m'arrête pas à ces Bêtes puisqu'elles sont passées. La quatrième Bête, décrite à part plus particulièrement, est l'Empire romain; elle est représentée comme fort terrible, puissante, déchirant et dévorant; elle ne se borne pas à conquérir, mais elle foule aux pieds tout ce qu'elle ne dévore pas (où l'Europe occidentale n'a-t-elle pas cherché à établir sa puissance?) et, chose plus importante encore, elle s'oppose directement à Dieu (versets 7, 8) — «Après cela, je regardais dans les visions de la nuit; et voici, la quatrième bête qui était épouvantable, affreuse et très forte; elle avait de grandes dents de fer; elle mangeait et brisait, elle foulait à ses pieds ce qui restait; elle était différente de toutes les bêtes qui avaient été avant elle et avait dix cornes. Je considérais ses cornes; et voici, une autre petite corne montait entre elles, et trois des premières cornes furent arrachées par elle; et voici, il y avait en cette corne des yeux semblables aux yeux d'un homme, et une bouche qui disait de grandes choses». Vous remarquerez qu'il y a ici un pouvoir spécial (une corne, le symbole de la puissance, ou un royaume); devant lui trois des royaumes tombent. Nous avons là son caractère général; nous verrons les détails plus tard. Il a des yeux d'homme, — les yeux signifient ici l'intelligence, la perspicacité. — Sa bouche profère de grandes choses, disant: Qui est Seigneur sur nous? Ce n'est pas tout, «que ses lèvres soient avec lui», comme dit le Psaume 12: 4; mais il ne veut pas admettre de Dieu. «Je regardais jusqu'à ce que des trônes fussent placés; et que l'Ancien des jours s'assît; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine nette; son trône était des flammes de feu, ses roues un feu ardent. Un fleuve de feu sortait et se répandait de devant lui; mille milliers le servaient et dix mille millions assistaient devant lui; le jugement se tint, et les livres furent ouverts. Et je regardais, à cause de la voix des grandes paroles que cette corne proférait; je regardais donc jusqu'à ce que la bête fût tuée, et que son corps fût détruit et donné pour être brûlé au feu». Les trois premiers pouvoirs (Bêtes) perdirent leur domination, leur puissance fut détruite; mais ils continuèrent à subsister ensuite comme royaumes indépendants; tandis que lorsque l'Empire romain perdra sa domination, il sera entièrement détruit; c'est de celui-ci que nous allons nous occuper.

Il a une importance plus grande que tous les autres, quoique Babylone ait un caractère spécial. C'était l'Empire romain qui avait la puissance, lorsque Christ naquit, et qui prit part à sa réjection, par le moyen de Pilate; plus tard, il se joindra à l'Antichrist, lorsque celui-ci viendra. Le prophète regarde jusqu'au moment où des trônes sont placés, et que l'Ancien des jours s'assied. L'Empire romain subsistera alors et, quelle que soit sa forme ou sa destruction apparente, il n'est supplanté par aucune autre Bête jusqu'à ce que le jugement arrive. Des trônes donc sont placés et l'Ancien des jours s'assied, c'est un élément important dans l'histoire de la quatrième Bête, puisqu'il a pour conséquence la destruction totale de la Bête, dès qu'elle cesse d'être un empire.

En parlant du chapitre 2, j'ai attiré votre attention sur ce fait important, que le Fils de l'homme ne prend pas le royaume jusqu'à ce que le jugement soit exécuté. Vous en voyez ici la preuve. Il peut détruire et Il détruira la Bête, par sa puissance; mais son propre royaume ne sera établi qu'après cela; il ne saurait subsister à côté du mal. Telle est, au Psaume 94: 22, la question du Juif qui attend dans la souffrance. Ce n'est point à présent, mais après le jugement que le règne de Christ grandira. Il est assis à la droite de Dieu; mais Il vient de là, pour prendre le Royaume en gloire et en puissance. Actuellement, Il rassemble ses cohéritiers. Nous voyons ensuite ici, que ce sont les paroles de blasphème prononcées par la petite corne, qui sont la cause du jugement. On ne saurait mieux établir que la gloire et le règne de Christ suivent le jugement. J'insiste là-dessus, parce que cela touche à toutes les choses dont nous nous occupons, et détermine tout notre point de vue touchant la nature du règne de Christ; il n'y a point de changement dans le principe du péché chez le premier Adam, mais ce principe subsiste jusqu'à la fin. L'homme était sans loi au commencement; violant la Loi lorsqu'elle fut donnée; dans sa haine contre Dieu, il s'éleva contre le Seigneur lorsqu'Il fut fait chair et habita parmi nous; Satan ayant complètement corrompu l'Eglise, il est permis à sa puissance de se manifester dans les Bêtes; dans la dernière Bête, elle arrive à l'autorité, et conduit les rois de la terre à la guerre contre l'Agneau; l'homme sans loi, l'homme de péché est alors manifesté. Notre portion à nous est dans le Seigneur, et la puissance féconde de sa grâce envers nous ne cessera pas jusqu'à ce que nous Lui soyons semblables. Mais quoique les rois de la terre se rassemblent et que les princes consultent ensemble, cependant Dieu établira son Roi sur la sainte montagne de Sion. Ici, cependant, Sa puissance paraît sous un aspect un peu différent; Il est considéré comme Fils de l'homme, ce qui indique une domination plus étendue que l'expression: «Fils de David», point de vue sous lequel le Psaume 2 l'envisage; mais là, même les Gentils Lui sont donnés en héritage, et Il les met en pièces comme un vase de potier. La différence est que, en Daniel, le royaume est donné et possédé comme une domination, tandis qu'au Psaume 2, il est établi par une puissance judiciaire.

Venons à l'interprétation donnée à Daniel, dans laquelle il est parlé de ce même jugement, — quelques autres vérités importantes y étant mises en lumière. Dans la prophétie rien n'avait été dit des saints célestes ou terrestres. Ici nous les trouvons tous les deux. Je ne dis pas l'Eglise, mais cependant les saints célestes; en effet, lorsqu'il s'agit de l'interprétation de la pensée de Dieu et non pas seulement des faits extérieurs, la connexité de ces faits avec les saints est le point principal (verset 17): «Les quatre grandes Bêtes sont quatre rois, qui s'élèveront sur la terre. Et les saints du Souverain recevront le Royaume, et obtiendront le Royaume, jusqu'au siècle et au siècle des siècles». Ce sont les saints, et non pas seulement le Fils de l'homme (verset 21): «J'avais regardé comment cette corne faisait la guerre contre les saints et les surmontait; jusqu'à ce que l'Ancien des jours fût venu, et que le jugement fût donné aux saints du Souverain, et que le temps vînt auquel les saints obtinssent le Royaume». Vous remarquerez ici d'abord — et cela est très important — que c'est l'Ancien des jours, Lui-même, qui arrive; car quoique Christ, comme homme, s'en soit allé pour recevoir le Royaume et revenir, cependant c'est le Fils de l'homme qui est l'Ancien des jours. Il est dit de même en Timothée, que le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs montrera Christ en gloire. Mais dans l'Apocalypse, Christ vient comme Roi des rois et Seigneur des Seigneurs — et j'ajouterai que, sous un autre rapport, les traits de l'Ancien des jours de Daniel se retrouvent chez le Fils de l'homme qui marche au milieu des chandeliers d'or. Là, Christ réunit distinctement en Lui les deux personnages — Fils sur sa propre maison, lequel a bâti toutes choses. Remarquons encore cette autre expression: «Les saints du Très-Haut» ou, comme dans la marge (version anglaise) «des lieux célestes», que nous retrouvons en Ephésiens comme l'habitation des saints. Cela est cependant en rapport immédiat avec le nom que Dieu prend, comme «Possesseur des cieux et de la terre». Ce n'est point ici l'Eglise, mais tous les saints, qui ont leur habitation dans les lieux célestes, en rapport avec le Royaume, quoique dans un état de gloire éternelle. Dieu a pris le nom de Dieu Tout-puissant, dans sa relation avec Abraham; de Jéhovah avec Israël; de Père, en grâce, avec nous. Ainsi Abraham devait être parfait, marchant devant le Dieu Tout-Puissant; Israël devait être parfait avec Jéhovah son Dieu. Nous sommes appelés à être parfaits comme notre Père qui est dans les cieux est parfait. Nous sommes devant Dieu comme Christ; mais puisqu'Il est en nous, nous sommes appelés à manifester la nature divine; à être imitateurs de Dieu comme ses chers enfants, et à marcher dans l'amour comme Dieu nous a aimés. Mais le nom de Très-Haut est l'expression de la domination souveraine de Dieu, au-dessus de tout ce qui est appelé dieu; ainsi lorsque Abraham revenait de la défaite des rois — type de la délivrance d'Israël et de la victoire finale aux derniers jours — Melchisédec, figure de Christ comme Roi et comme sacrificateur; Sacrificateur sur son trône dans le monde à venir; roi de justice, roi de paix; Melchisédec arrive et bénit Abraham de la part du Dieu Très-Haut, Possesseur du ciel et de la terre, et bénit le Dieu Très-Haut de la part d'Abraham. Dans notre chapitre le nom donné aux saints est en rapport avec ce titre de Dieu, qui, en effet, s'applique à Dieu avec la seule différence d'être au singulier au lieu d'être au pluriel: les saints des lieux célestes doivent recevoir le Royaume. En attendant, la tribulation et l'épreuve sont la portion des saints qui sont sur la terre.

La petite corne qui blasphème, qui prononce de grandes choses, fait la guerre aux saints; voilà son caractère général; par conséquent les saints doivent être ici-bas. Elle ne peut que blasphémer ceux qui sont en haut. Je ne crois pas que cette petite corne soit l'Antichrist. La source des persécutions est toujours le pouvoir religieux traditionnel. L'Antichrist sera en association directe avec lui, et le poussera à la persécution. J'en parlerai plus tard; mais c'est ici la dernière puissance active du mal, dans l'Empire romain — ou la Bête sur laquelle sont les noms de blasphème.

Cette persécution continuera jusqu'à ce que la puissance de Dieu intervienne; cela est établi dans un verset très important: Il surmontait (eut le dessus), jusqu'à ce que l'Ancien des jours vint (voyez verset 22). — Ici nous voyons que le Fils de l'homme est l'Ancien des jours, puisque nous savons que le Fils de l'homme doit venir. — Et ainsi un changement total a lieu: le jugement est donné aux saints des lieux hauts, et le temps est arrivé, auquel les saints obtiennent le Royaume (verset 22). Il n'est pas dit dans ce dernier cas: «les saints du Très-Haut» car c'est sur la terre et dans la bénédiction, que les saints terrestres posséderont le Royaume, comme dans Matthieu 25. Mais le jugement n'est donné qu'aux saints du Très-Haut ou des lieux hauts. L'Ancien des jours arrive alors, le jugement est donné aux saints célestes (voyez Apocalypse 20: 4, où nous lisons que le jugement leur fut donné et qu'ils vécurent et régnèrent avec Christ mille ans), et les saints posséderont le Royaume. Quand les chrétiens apprendront-ils à connaître leur position? Christ n'est jamais appelé notre Roi, mais il est le Roi des nations, du monde. Nous régnerons avec Lui. Rien n'est si difficile que de faire accepter aux saints la position qu'ils ont en Christ, de leur faire comprendre qu'en Lui, par le moyen de son sang précieux, ils sont un avec Lui, dès maintenant, devant Dieu et dans son conseil: et qu'après avoir été enlevés vers Christ en l'air, ils viendront avec Lui lorsqu'Il descendra pour juger les nations. Je poursuis l'interprétation (verset 24): «Mais les dix cornes sont dix rois qui s'élèveront de ce royaume, et un autre s'élèvera après eux, qui sera différent des premiers, et il abattra trois rois. Il proférera des paroles contre le Très-Haut, et détruira les saints du Très-Haut et pensera pouvoir changer les temps et la loi; et ils seront livrés en sa main jusqu'à un temps, et des temps, et une moitié de temps». Le Très-Haut, mentionné la première fois ici, est Dieu Lui-même; «les temps et la loi» se rapportent entièrement aux Juifs; ce sont des termes qui signalent leurs statuts et leurs ordonnances. Ce sont ces temps et ces lois qui sont livrés entre les mains de l'autre roi. Dieu ne livre jamais ses saints entre les mains de leurs ennemis, quoiqu'Il puisse se servir de ces derniers comme d'une verge. Lorsque ce temps arrive, la Bête fait d'abord alliance avec Israël (Daniel 9: 27); puis, après s'être alliée avec lui, elle rompt cette alliance et fait cesser le sacrifice et l'oblation.

Tout l'ordre Juif, qui a été rétabli avec orgueil et avec pompe, sera complètement renversé, comme cela est dit en Esaïe 18: «Ils seront tous ensemble abandonnés aux oiseaux de proie… les oiseaux de proie seront sur eux tout le long de l'été, et toutes les bêtes du pays passeront l'hiver sur eux». Il seront dans une angoisse, telle qu'il n'y en a jamais eu une semblable sur la terre et qu'il n'y en aura plus. C'est la grande tribulation qui dure «un temps, des temps et la moitié d'un temps». Le verset 25, indique en peu de mots mais d'une manière précise, l'état de choses pendant lequel la petite corne persécute les saints de Dieu (*). Satan sera précipité du ciel, et sera alors descendu avec une grande fureur, sachant qu'il n'a que peu de temps.

(*) Les saints du Très-Haut sont ici, je n'en doute pas, spécialement ceux dont il est parlé en Apocalypse 20: 4, qui refusent d'adorer la Bête, sont tués et ont leur place en haut.

Avant cette période, tout est remis au pouvoir de la Bête. Alors le Seigneur, l'Ancien des jours qui est venu (verset 22), prend tout en main. «Le Seigneur fera une oeuvre abrégée sur la terre», car le jugement s'établira. Le royaume sera donné au peuple des saints du Très-Haut, c'est-à-dire au peuple Juif, mis en rapport avec le gouvernement céleste, et sauvegardé par Lui. Afin d'éclaircir cela, passons au chapitre 13 de l'Apocalypse, où nous trouvons révélée l'histoire de cette Bête. J'en ferai usage plus tard; maintenant je veux seulement indiquer son caractère et ce qu'elle est; c'est la Bête romaine avec sept têtes et dix cornes. Elle reçoit son pouvoir du Dragon, elle blasphème contre Dieu et ceux qui sont dans le ciel, et fait la guerre aux saints. Elle est servie spirituellement par le pouvoir mensonger de Satan. Elle est l'instrument de la puissance de Satan sur la terre, lorsqu'il est chassé du ciel. Déjà, comme le Dragon, les Romains s'étaient joints aux Juifs pour rejeter Christ. La Bête romaine est la seule qui ait fait cela, dans la personne de Pilate. Mais alors Christ reconnaissait le pouvoir comme étant de Dieu, ainsi qu'il l'était en réalité. Il disait: «Tu n'aurais pas de pouvoir, s'il ne t'avait été donné d'en haut»; quoique l'influence de Satan, comme prince de ce monde, dirigeât l'emploi de cette puissance. Alors le jugement était d'un côté, et la parfaite justice de l'autre. Lorsque Christ reviendra, le jugement retournera à la justice; ces deux seront réconciliés en un (Psaumes 94): «L'Eternel ne rejette point son peuple et n'abandonne point son héritage; car le jugement revient à la justice, et tous ceux qui sont droits de coeur le suivent».Jusqu'alors les saints ne doivent pas attendre cette union. Dieu peut tenir les rênes et diriger, selon ses conseils, les puissances qui existent et qu'Il a ordonnées. Il peut aussi nous donner du repos; nous en jouissons et nous avons à l'en remercier; mais nous ne devons pas nous attendre à ce que les motifs des gouvernements soient la justice, telle que Dieu la voit. C'est le temps de faire le bien et de souffrir patiemment pour le bien, comme Jésus l'a fait. Lorsque Dieu lâchera les rênes au mal — lorsque Satan sera venu sur la terre — alors le vrai caractère de la puissance du mal de la part de Satan, sera pleinement manifesté. «Le Dragon lui donna sa puissance, et son trône est un grand pouvoir». Telle est la Bête romaine dans son dernier état, «pendant un temps, des temps et une moitié de temps». La place et le caractère distinct et défini de cette période deviennent aussi clairs que possible, en consultant la fin du chapitre 9 de Daniel: L'ange donne au prophète l'assurance que les Juifs seront rétablis: «Tu sauras donc et tu entendras que, depuis la sortie de la parole portant qu'on s'en retourne et qu'on rebâtisse Jérusalem, jusqu'au Christ le conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines; et les places et la brèche seront rebâties et cela en un temps d'angoisse. Et après ces soixante-deux semaines, le Christ sera retranché et Il n'aura rien; puis le peuple du conducteur qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et la fin en sera avec débordement, et les désolations sont déterminées jusqu'à la fin de la guerre. Et il confirmera l'alliance à plusieurs dans une semaine, et à la moitié de cette semaine, il fera cesser le sacrifice et l'oblation; puis, par le moyen des ailes abominables qui causeront la désolation, même jusqu'à une consomption déterminée, la désolation fondra sur le désolé». Il y a d'abord sept semaines, pendant lesquelles Jérusalem est rebâtie; puis soixante-deux semaines; en tout soixante-neuf. Le Messie a été retranché; mais il est resté une semaine ou une partie d'une semaine. Après la fin de la soixante-neuvième semaine, le Christ fut retranché et Il n'eut rien pour Lui. Là-dessus, la nation juive, au lieu d'être restaurée, fut complètement dispersée. Nous lisons dans Luc: «Et ils tomberont sous le tranchant de l'épée, et seront menés captifs dans toutes les nations; et Jérusalem sera foulée par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis». Donc la dernière semaine reste encore. Dans la première demi-semaine, en effet, le Messie est là, rejeté par la nation et reconnu seulement par le résidu. A la fin, l'Antichrist est reconnu par la nation, mais rejeté par le résidu. La Bête fait alliance avec les Juifs pour cette semaine-là, mais elle la rompt au milieu de la semaine; la demi-semaine demeure non accomplie. Il reste donc trois ans et demi qui doivent s'accomplir, lorsque les abominations, c'est-à-dire l'idolâtrie, seront répandues sur le peuple Juif et que les temps et les lois seront changés; dans ce même instant, Satan est descendu, comme nous le voyons au chapitre 12 de l'Apocalypse; et la femme, le résidu fidèle dans Jérusalem, s'enfuit au désert pour un temps, des temps et la moitié d'un temps. C'est le demi-semaine de Daniel. Voilà qui est clairement établi. Le résidu reconnaîtra Christ, mais les Juifs ne le reconnaîtront pas.

Il y a soixante-neuf semaines; puis une longue parenthèse, pendant laquelle Christ est mis de côté sur la terre et les Juifs aussi, des désolations étant déterminées. Cette parenthèse dure jusqu'à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Pendant ce temps a lieu l'appel — la vocation — de l'Eglise, la chose céleste. Ainsi le temps dans lequel nous sommes n'entre pas du tout en ligne de compte; et les prophètes, qui ne parlent pas des Gentils comme Daniel le fait, passent par-dessus cette parenthèse, et relient la seconde venue de Christ sur la terre avec la première. Nous avons une preuve très remarquable de cela, donnée par le Seigneur Lui-même, lorsqu'Il cite Esaïe 61: «L'Esprit du Seigneur l'Eternel est sur moi; c'est pourquoi l'Eternel m'a oint pour évangéliser aux débonnaires: Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour publier aux captifs la liberté, et aux prisonniers, l'ouverture de la prison; pour publier l'année de la bienveillance de l'Eternel…». Le prophète ajoute: «et le jour de la vengeance de notre Dieu». Christ ne lit pas ces derniers mots, mais il s'arrête court au milieu de la phrase; après avoir lu: «pour annoncer l'année de la bienveillance de l'Eternel», «il ferma le livre et s'assit»; parce que le reste de la prophétie s'étendait — au delà de la période dans laquelle se trouvait alors les assistants et dans laquelle nous sommes encore — à un temps qui est encore à venir: celui de la vengeance de l'Eternel. Pendant tout ce temps donc l'intervalle intercalé parmi les semaines de Daniel s'écoule sans être compté. Nous ne compterons pas le temps, dans le ciel; et cet intervalle est le temps de l'appel céleste. Cela est évident en Daniel 9; car les semaines continuent et se suivent jusqu'après la soixante-neuvième; puis tout est vague jusqu'à la semaine finale; mais dès que Dieu s'occupera de nouveau des Juifs, alors le cours des semaines recommencera. Si vous appliquez donc ces expressions: «le temps, les temps et la moitié d'un temps»; ou les «42 mois»; ou: les «1260 jours» (360 jours faisant une année) à l'époque intercalée, vous êtes nécessairement sur une fausse route. De même qu'il y a plusieurs Antichrists, quoiqu'ils ne soient pas l'Antichrist, de même aussi je crois qu'on peut dire que, sous le rapport moral, nous avons été dans la dernière demi-semaine depuis le temps des apôtres. Mais quoiqu'il y ait une analogie, dès qu'on veut préciser, tout disparaît. La supputation des temps est uniquement en rapport avec les Juifs, et les trois ans et demi commencent lorsqu'ils sont de nouveau en scène, lorsque Satan a été précipité, et que la Bête a pris un caractère diabolique, et qu'elle est montée hors de l'abîme. Dans le chapitre 13, verset 2 de l'Apocalypse, nous trouvons les détails de la Bête: «Et la Bête que je vis était semblable à un Léopard, et ses pieds étaient comme les pieds d'un ours, et sa bouche était comme la bouche d'un lion; et le dragon lui donna sa puissance, et son trône et un grand pouvoir». Voilà l'autorité directe de Satan. Les saints du Très-Haut ne reçoivent pas alors le royaume; nous serons enlevés et mis entièrement hors des atteintes de cette puissance du mal. Il est dit au verset 3: «Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort et sa plaie mortelle fut guérie, et toute la terre était dans l'admiration de la Bête». Je ne doute pas que nous n'ayons ici la tête impériale autrefois détruite, mais maintenant ramenée à la vie: «Et ils rendirent hommage au Dragon, parce qu'il avait donné pouvoir à la Bête, et ils rendirent hommage à la Bête, disant: Qui est semblable à la Bête, et qui peut combattre contre elle» (verset 4)? Voilà le pouvoir direct de Satan dominant et publiquement reconnu. La Bête romaine impériale ainsi restaurée entraîne après elle tout le monde enthousiasmé: «Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes et le pouvoir d'agir 42 mois lui fut donné. Et elle ouvrit sa bouche en blasphème contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son habitation et ceux qui habitent au ciel» (versets 5, 6). Remarquez qu'elle ne peut pas les atteindre dans le ciel; mais elle blasphème contre eux. Satan a été précipité; il n'est plus un accusateur et ne peut que blasphémer contre ceux qui sont en haut. Il y en aura qui auront une place dans le ciel et dont les coeurs sont détachés de la terre. La Bête les injurie. Ceux qu'elle aurait pu tourmenter et tuer seront enlevés, sans quoi ils auraient perdu la bénédiction terrestre par leur fidélité, et n'en aurait pas eu encore une céleste.

Il y en aura qui refuseront d'adorer la Bête. Mais ceci est un détail dans lequel je n'entre pas pour le moment, vu que notre sujet est le pouvoir des Gentils et leur jugement. Mais (verset 8): «tous ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n'a pas été écrit, dès la fondation du monde, au livre de vie de l'Agneau immolé, lui rendront hommage». Dieu préserve un résidu, mais la puissance complète est dans la main de Satan et de ses instruments. Mais en rapport avec cela, nous avons maintenant un autre pouvoir qui sort de la terre: «Et je vis une autre bête monter de la terre; et elle avait deux cornes semblables à un agneau; et elle parlait comme un dragon». Voilà, je n'en doute pas, l'Antichrist ou le faux Messie, l'instrument immédiat de la fausseté de Satan sur la terre; il n'est ici ni un sacrificateur, ni un antisacrificateur. Il est un faux prophète (19: 20); et il a deux cornes comme un agneau. Les cornes sont la puissance d'un royaume; et il se prépare à l'avoir comme l'Agneau, il prétend à la puissance du Royaume du Messie et à être le Roi désiré; mais lorsqu'on entend sa voix, c'est évidemment celle de Satan. L'Antichrist nie le Père et le Fils, c'est-à-dire le Christianisme; il en nie ouvertement les vérités, et il nie que Jésus soit le Christ; ce qu'il rejette c'est la première forme, pour ainsi dire, juive, du Christianisme, quoique certainement toujours vraie; c'est ce qu'un Juif était et sera appelé à reconnaître» (versets 12, 13) — «Et elle exerce tout le pouvoir de la première Bête devant elle, et fait que la terre et ceux qui habitent sur elle, rendent hommage à la première Bête dont la plaie mortelle avait été guérie. Et elle fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes». Cette puissance de séduction est bien solennelle. Elie employa la même preuve pour montrer que Jéhovah était le vrai Dieu et non point Baal. Ici ce pouvoir actif de Satan emploie le même signe, pour montrer que son témoignage doit être reçu, qu'on doit reconnaître la Bête et l'adorer.

Les hommes sont tellement livrés à l'efficace d'erreur qu'ils croient au mensonge. Nous avons vu ailleurs qu'il fait encore faussement ce que Christ a fait pour prouver sa mission. Il amène ainsi les hommes à renier ouvertement le Christ; il renie le Christianisme et dit qu'il est lui-même le Christ; il les conduit, par ce moyen, à l'idolâtrie et à faire une image à la Bête rétablie (versets 14-16). «Elle séduit ceux qui habitent sur la terre, à cause des miracles qu'il lui fut donné de faire devant la Bête, disant à ceux qui habitaient sur la terre de faire une image à la Bête qui a la plaie de l'épée et qui vit. Et il lui fut donné de donner la respiration à l'image de la Bête (non pas la vie; personne ne le peut que Dieu), afin que l'image de la Bête parlât, et qu'elle fit que tous ceux qui ne rendraient pas hommage à l'image de la Bête, fussent mis à mort. Et elle fait qu'à tous, petits et grands, et riches et pauvres, et libres et esclaves, on leur donne une marque à la main droite, ou à leur front». Il les force donc à devenir ses esclaves et à faire ouvertement profession de le servir.

En somme, nous trouvons une seconde Bête qui se sert d'une diabolique puissance spirituelle et qui est au service de la première Bête, laquelle a reçu son trône de la main de Satan. Voilà une espèce de trinité du mal, et une espèce de résurrection. Le Dragon donne le trône à la Bête, comme le Père à Christ; et la seconde Bête exerce le pouvoir de la première en puissance spirituelle en sa présence, comme le Saint Esprit le fait, quant à Christ. Voilà le résultat de l'apostasie de la Chrétienté. La première Bête a donc été tuée et sa blessure mortelle a été guérie. Au chapitre 17: 9-11, nous trouvons d'autres aspects de la Bête ou du pouvoir gentil. L'Empire a été donné; mais la. Bête montera hors de l'abîme; elle deviendra définitivement diabolique et s'en ira à la perdition. «Ici est l'entendement qui a de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes où la femme est assise. Ce sont aussi sept rois (formes de pouvoir): cinq sont tombés; et l'un est; l'autre n'est pas encore venu, et quand il sera venu, il faut qu'il demeure peu de temps. Et la Bête qui était et qui n'est pas, est, elle aussi, un huitième, et elle est d'entre les sept, et elle va à la destruction».

C'est à dire que cinq formes de gouvernement étaient tombées au temps de l'apôtre, et, l'une était ou existait alors, la forme impériale, une septième devait arriver et durer peu de temps; puis la dernière qui est d'entre les sept — je pense, impériale quant à sa forme — mais il est une huitième. C'est sous cette dernière forme que la Bête sort de l'abîme, et qu'elle a un caractère diabolique. Elle sera un empereur romain; c'est lui qui sera la huitième tête et qui est la Bête, c'est-à-dire, qui concentre tout le pouvoir en sa personne. C'est lui que le monde suivra, sauf les élus seuls, en voyant revivre, dans cette huitième tête, la forme de puissance longtemps perdue. Il s'agit bien de Rome, car les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Nous parlerons de cette dernière plus tard. Un autre élément important est ajouté au verset 12. «Et les dix cornes que tu as vues, sont dix rois qui n'ont pas encore reçu de royaume, mais reçoivent pouvoir comme rois, une heure, avec la bête». Remarquez ces derniers mots, car ils prouvent jusqu'à l'évidence que cela n'a pas eu lieu, à partir de la chute de l'empire romain, par l'invasion des nations barbares. Ces nations ont détruit la Bête pour un temps et lui ont fait une blessure mortelle; tandis que ceux-là reçoivent le pouvoir une heure avec la Bête; par conséquent la Bête doit surgir de nouveau. D'abord, elle a existé sans ces rois; ensuite ces rois ont existé sans elle, et vous avez les dix rois sans la Bête. A la fin, les dix rois sont avec la Bête.

On a beau imaginer bien des combinaisons, mais dès que l'on consulte l'Ecriture, on peut affirmer avec certitude que la Bête n'existe pas encore sous cette forme. Ce qui est présenté ici, ce sont des royaumes qui subsistent, mais qui, sans cesser d'être des royaumes, ont cédé leur pouvoir à un chef (une seule tête) qui les conduit tous ensemble. «Ce sont eux qui feront la guerre à l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui sont avec lui, appelés et élus et fidèles». Cette Bête-là, avec les royaumes qui se trouvent sous ses ordres, entre en hostilité directe contre l'autorité de Christ; tandis que Christ arrive avec ses armées pour les juger tous et les détruire. Les armées du ciel descendent; les saints arrivent avec Christ (versets 15, 16); «Et il me dit: Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, et des foules, et des nations et des langues. Et les dix cornes que tu as vues et la Bête — celles-ci haïront la prostituée, et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu». Ceci nous amène au jugement de Babylone — de Rome, de la grande prostituée, la mère des prostituées et des abominations. Nous voyons ici, non pas un changement spirituel, mais sa destruction totale au moyen de la Bête et des dix Rois, la ruine du mensonge sacerdotal: et ils la mettent en pièces, et ils dévorent ses richesses et la détruisent totalement, fatigués de sa domination et de sa fausseté. Elle l'a mérité; mais ses ennemis ne représentent pas la puissance du bien: «Car Dieu a mis dans leur coeur d'accomplir sa pensée, et d'accomplir une seule pensée, et de donner leur royaume à la Bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies».

C'est une chose incroyable de voir comment des personnes qui professent de recevoir les Ecritures ont inventé toute sortes de systèmes sur le cours d'événements qui sont en rapport avec le christianisme dans ce monde. Dès que je m'en tiens à l'Ecriture, tous ces systèmes s'évanouissent. On a beau parler de l'accroissement continu de la religion dans ce monde, et de la manière dont la Parole de Dieu y détruira la puissance du mal; — il est clairement enseigné que lorsque la Bête et les dix rois auront détruit le pouvoir corrompu qui les a longtemps dominés et qui a enivré les nations de ses impudicités, ils donneront leur royaume à la Bête. Vous trouverez, à la fin du chapitre 19, les voies de Dieu avec la Bête (versets 14-21): «Et les armées qui sont au ciel, le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur. Et une épée tranchante sortait de sa bouche, afin qu'il en frappe les nations; et lui les gouvernera avec une verge de fer, et c'est lui qui foule la cuve du vin de la fureur de la colère du Dieu tout-puissant. Et il a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Et je vis un ange se tenant dans le soleil, et il cria à haute voix, disant à tous les oiseaux qui volent par le milieu du ciel: Venez et assemblez-vous au grand souper de Dieu; afin que vous mangiez la chair des rois, et la chair des chiliarques, et la chair des puissants, et la chair des chevaux et de ceux qui sont montés dessus, et la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands. Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était monté sur le cheval et à son armée. Et la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle qui avait fait devant elle les miracles par lesquelles il avait séduit ceux qui avaient reçu la marque de la bête, et ceux qui avaient rendu hommage à son image; ils furent tous deux jetés dans l'étang de feu et de soufre. Et le reste fut tué par l'épée de celui qui était monté sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche, et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair». — Cette figure frappante de la destruction et du jugement est tirée d'Ezéchiel. Là, nous voyons qu'un pouvoir est venu, non pas l'influence de la Parole, ni la Loi, ni l'Evangile, mais un pouvoir qui abat la puissance du mal.

Le chapitre 20 contient un complet développement du 7e de Daniel. Dans l'Apocalypse nous trouvons plus entièrement développée l'histoire de la dernière Bête, c'est-à-dire de l'Empire romain qui a déjà rejeté Christ sur la terre, d'accord avec les Juifs. En conséquence de l'exaltation de Christ à la droite de Dieu, les Juifs étant mis de côté comme nation, l'Eglise fut formée. Elle n'appartient pas au monde; mais elle est l'Epouse de Christ dans les lieux célestes. Puis, quand l'Eglise est enlevée, la Bête qui paraissait avoir été détruite se retrouve sous une nouvelle forme, sa plaie mortelle étant guérie et, de même qu'elle avait participé au rejet de Christ, elle se trouve maintenant en association intime avec l'Antichrist. D'abord, elle entre en rapports avec les Juifs, et fait alliance avec eux; mais dans la dernière demi-semaine de Daniel, elle se tourne contre eux, les persécute, change les temps et les lois, et fait cesser le sacrifice et l'oblation. Le Roi, l'Antichrist, établit l'idolâtrie et divise leur pays. Vous trouvez ce caractère de l'Antichrist au verset 36 de Daniel 11: «Ce roi donc fera selon sa volonté et s'enorgueillira; et s'élèvera par-dessus tout Dieu; il proférera des choses étranges contre le Dieu des dieux; et prospérera jusqu'à ce que l'indignation ait pris fin: car ce qui a été déterminé sera fait». En un mot, dans Daniel, ainsi que dans la portion de l'Apocalypse que j'ai mentionnée, le témoignage de la Bête est la dernière forme du pouvoir qui opprime Israël pendant sa captivité, jusqu'à ce que le Seigneur arrive, et qu'Il le délivre, tout en le jugeant.

Vient maintenant une autre puissance: l'Assyrien; le grand ennemi d'Israël, lorsque Dieu reconnaît son peuple; ennemi qui, lui aussi, apparaîtra sur la scène, dans sa dernière forme aux derniers jours, espérant tout accaparer après la destruction de la Bête, mais il viendra à sa fin. Nous lisons en Esaïe 10: 5: «Malheur à Assur, la verge de ma colère; quoique le bâton qui est en leur main, soit mon indignation». Après avoir énuméré les divers instruments dont Dieu s'est servi pour châtier Israël, il en vient au dernier et terrible envahisseur. Telle sera l'indignation de Dieu pour son peuple rebelle — l'indignation qui décrit la dernière et terrible visitation de Dieu. Comparez Esaïe 26: 20, 21 avec Daniel 11: 36, dont les derniers mots sont aussi une expression technique de l'oeuvre abrégée que Dieu fera à la fin sur la terre, comme dans Daniel 9: 27 et Esaïe 10: 23; comparés avec Esaïe 28: 22. Si vous lisez maintenant Esaïe 10: 25, vous verrez clairement l'ensemble de tout cela: Car encore un peu de temps, un peu de temps, et mon indignation sera consommée; et ma colère sera à leur destruction» — c'est-à-dire le jugement tout entier de Dieu sur Israël. Son indignation se termine par la destruction de l'Assyrien.

Avant de passer à Esaïe 30, lisons 28: 14-16: «C'est pourquoi écoutez la parole de l'Eternel, vous hommes moqueurs qui dominez sur ce peuple qui est à Jérusalem: Car vous avez dit: Nous avons fait accord avec la mort, et nous avons intelligence avec le sépulcre: quand le fléau débordé traversera, il ne viendra point sur nous; car nous avons mis le mensonge pour notre retraite, et nous sommes cachés sous la fausseté. C'est pourquoi, ainsi a dit le Seigneur, l'Eternel: Voici, je mettrai pour fondement une pierre en Sion, une pierre éprouvée, la pierre de l'angle le plus précieux, pour être un fondement solide; celui qui croit ne se hâtera pas». — C'est-à-dire qu'ils feront une alliance avec le pouvoir du mal, mais en vain. Mais le résidu qui se confie en Dieu et compte sur sa promesse, quoique non délivré et ne connaissant pas encore la rédemption comme nous, mais regardant, par le moyen du témoignage donné alors, au Fils de l'Homme — la Branche que Jéhovah a rendue forte pour Lui-même — ce résidu, dis-je — les sages de Daniel, dans tous les cas, avec tous les fidèles qui se reposent sur des témoignages tels que celui-ci, et Esaïe 8, — ne se hâtent pas et ne se joignent pas à l'Antichrist, — tandis que, quant à la masse, l'espérance qu'elle a mise en lui et dans la Bête est confondue, et que le fléau débordé traversera. Ensuite à la fin, comme nous le voyons au chapitre 29: 4-7, c'est précisément le contraire qui a lieu: Les ennemis qui étaient prêts à dévorer sont détruits. Considérons maintenant la fin d'Esaïe 30; vous y trouverez cet ennemi et sa fin: «Car l'Assyrien qui frappait du bâton sera renversé par la voix de l'Eternel; et partout où passera le bâton que l'Eternel aura fait reposer sur lui, et par lequel il aura combattu dans les batailles à bras élevé, on y entendra des tambours et des harpes. Car Topheth est déjà préparée, et même elle est apprêtée pour le roi; il l'a faite profonde et, large; son bûcher, c'est du feu, et il y a beaucoup de bois: le souffle de l'Eternel l'allumant comme un torrent de soufre». Le bâton, c'est la verge décrétée par l'Eternel. Lorsqu'elle est posée sur l'Assyrien, elle devient une source de joie et de triomphe à cause de la délivrance (d'Israël), la fin de l'indignation. Ouvrez maintenant Michée 5. Nous y trouvons Christ en connexion avec le jugement de l'Assyrien et la bénédiction subséquente d'Israël; rien n'a autant frappé un rabbin avec lequel je conversais, que ce passage, versets 1-9: «Maintenant assemble-toi par troupes, fille de troupes; on a mis le siège contre nous, on frappera le gouverneur d'Israël avec la verge sur la joue. Mais toi, Bethléhem Ephrata, petite pour être entre les milliers de Juda, de toi me sortira quelqu'un pour être dominateur en Israël, et ses issues sont d'ancienneté, dès les jours éternels. C'est pourquoi il les livrera jusqu'au temps où celle-ci qui est en travail d'enfant aura enfanté, et le reste de ses frères retournera avec les enfants d'Israël. Et il se maintiendra et gouvernera par la force de l'Eternel, avec la magnificence du nom de l'Eternel son Dieu, et ils demeureront fermes, car en peu de temps il s'agrandira jusqu'aux bouts de la terre. Et c'est lui qui fera la paix. Après que l'Assyrien sera entré dans notre pays, et qu'il aura mis le pied dans nos palais, nous établirons contre lui sept pasteurs, et huit princes pris du commun. Et ils ravageront le pays d'Assyrie avec l'épée, et le pays de Nimrod, à ses portes, et il nous délivrera des Assyriens, quand ils seront entrés dans notre pays, et qu'ils auront mis le pied dans nos quartiers. Et le reste de Jacob sera au milieu de plusieurs peuples, comme une rosée qui vient de l'Eternel, et comme une pluie menue qui tombe sur l'herbe, laquelle on n'attend point d'aucun homme, et qu'on n'espère point des enfants des hommes. Aussi le reste de Jacob sera parmi les nations, et au milieu de plusieurs peuples, comme un lion parmi les bêtes des forêts, et comme un lionceau parmi les troupeaux de brebis, lequel, y passant, foule et déchire, sans que personne en puisse rien garantir. Ta main sera élevée sur tes adversaires, et tous tes ennemis seront retranchés».

Le Christ rejeté va maintenant s'agrandir jusqu'aux bouts de la terre. Il est la paix; il assure la paix d'Israël lorsque l'Assyrien, leur dernière verge, est dans le pays, lui dont la destruction met fin à l'indignation. D'abord il foulera les palais d'Israël; mais, à la fin, la puissance du Messie le détruit, et Israël sera comme un lion parmi les Gentils, quoique aussi comme une rosée, de bénédiction divine. Les ennemis du Seigneur seront retranchés; quant à Israël rebelle, Il le jugera entièrement; mais Il exécutera aussi sur les nations la vengeance et la fureur, telles qu'elles n'en ont jamais vu. Dans ce temps-là, les Juifs sont reconnus, vus dans leur pays et, là, jugés comme, le peuple de Dieu. Nous avons vu que Daniel s'occupe des Gentils pendant qu'Israël est en captivité, Jérusalem et le pays désolés. Il décrit toutes ces puissances jusqu'à leur fin; mais jamais il ne s'occupe des bénédictions subséquentes. Le sujet qu'il traite, c'est le temps des Gentils; tandis qu'Ezéchiel fait justement le contraire; lui-même, un captif, il remonte jusqu'à la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar, et de là se transporte directement à la fin, lorsqu'Israël sera restauré et que les ennemis montent contre lui dans son pays.

Nous allons donc nous occuper d'Ezéchiel, où cette autre grande puissance se trouve amplement exposée. Chapitre 38: 1, 2: «La parole de l'Eternel me fut adressée, en disant Fils d'homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, prince des chefs de Méshec et de Tubal, et prophétise contre lui». Au lieu de prince des chefs de Méshec», il faut lire: «Prince de Rosh, Méshec et Tubal»; puis suivent les noms des contrées qui correspondent aux noms de celles qui sont aujourd'hui sous l'influence de Rosh (Russie). Vous remarquerez que les deux chapitres précédents (36 et 37), contiennent la restauration et la divine revivification d'Israël; maintenant qu'il est restauré et tranquille dans son pays, Gog monte contre lui (38: 8), pour piller et prendre le pays; mais c'est afin que les Gentils connaissent Jéhovah; lorsqu'il sera sanctifié en Gog, devant leurs yeux (verset 16); alors ils connaîtront, par ses jugements, qu'Il est Jéhovah (versets 23). Au 39, Jéhovah laisse une sixième partie d'entre eux, et lorsque le jugement est ainsi exécuté, le saint Nom de Dieu est connu au milieu de son peuple d'Israël. Il ne permettra plus qu'ils souillent son saint Nom: «Et les Gentils sauront que je suis Jéhovah, le Saint en Israël». Alors Il appelle tous les oiseaux de l'air pour venir et faire un festin des victimes qu'Il a tuées pour un sacrifice; il y en a tant qu'il faut sept mois avant que le pays en soit débarrassé. Celui-ci aussi est celui duquel Il a parlé dans les anciens temps, par ses serviteurs les prophètes, l'Assyrien des derniers jours, dans lesquels l'indignation cesse, comme ces chapitres le montrent clairement. Chapitre 38: 14-20: «Toi donc, fils d'homme, prophétise, et dis à Gog: Ainsi a dit le Seigneur l'Eternel: En ce jour-là, quand mon peuple d'Israël habitera en assurance, ne le sauras-tu pas? Et ne viendras-tu pas de ton lieu, du fond de l'Aquilon, toi, et plusieurs peuples avec toi, eux tous gens de cheval, une grande multitude, et une grosse armée? Et ne monteras-tu pas contre mon peuple d'Israël, comme une nuée pour couvrir la terre? Tu seras aux derniers jours, et je te ferai venir sur ma terre, afin que les nations me connaissent, quand je serai sanctifié en toi, ô Gog! en leur présence. Ainsi a dit le Seigneur, l'Eternel: N'est-ce pas de toi que j'ai parlé autrefois par le ministère de mes serviteurs, les prophètes d'Israël, qui ont prophétisé en ce jour-là pendant plusieurs années, qu'on te ferait venir contre eux? Mais il arrivera, en ce jour-là, au jour de la venue de Gog sur la terre d'Israël, dit le Seigneur, l'Eternel, que ma colère éclatera. Et je parlerai en ma jalousie et en l'ardeur de ma fureur, si en ce jour là il n'y a une grande agitation sur la terre d'Israël! Et les poissons de la mer, et les oiseaux des cieux, et les bêtes des champs, et tout reptile qui rampe sur la terre; et tous les hommes qui sont sur le dessus de la terre, seront épouvantés par ma présence: les montagnes seront renversées, les tours et les murailles seront abattues». 39: 1-8: «Toi donc, fils d'homme, prophétise contre Gog, et dis: Ainsi a dit le Seigneur l'Eternel: Voici, j'en veux à toi, Gog, prince de Rosh, de Méshec et de Tubal. Et je te ferai retourner en arrière, n'en laissant que de six l'un, après t'avoir fait monter du fond de l'aquilon, et t'avoir fait venir sur les montagnes d'Israël. Car je romprai ton arc dans ta main gauche, et je ferai tomber tes flèches de ta main droite. Tu tomberas sur les montagnes d'Israël, toi et toutes les troupes, et les peuples qui seront avec toi; je t'ai livré aux oiseaux de proie entre tous les oiseaux, et aux bêtes des champs pour en être dévoré. Tu tomberas sur le dessus des champs, parce que j'ai parlé, dit le Seigneur l'Eternel. Et je mettrai le feu en Magog, et parmi ceux qui demeurent en assurance dans les îles; et ils sauront que je suis l'Eternel. Et je ferai connaître le Nom de ma sainteté au milieu de mon peuple d'Israël; et je ne profanerai plus le Nom de ma sainteté; les nations sauront que je suis l'Eternel, le Saint d'Israël. Voici, cela est arrivé et a été fait, dit le Seigneur l'Eternel, c'est ici la journée dont j'ai parlé» (versets 21, 22): «Et je mettrai ma gloire entre les nations, et toutes les nations verront mon jugement que j'aurai exercé, et comment j'aurai mis ma main sur eux. Et la maison d'Israël connaîtra dès ce jour-là, et dans la suite, que je suis l'Eternel leur Dieu» (versets 28, 29): «Et ils sauront que je suis l'Eternel leur Dieu, lorsqu'après les avoir transportés entre les nations, je les aurai rassemblés en leur terre, et que je n'en aurai laissé demeurer là aucun de reste. Et je ne leur cacherai plus ma face, depuis que j'aurai répandu mon Esprit sur la maison d'Israël, dit le Seigneur l'Eternel».

Je trouve ici cet autre principe fondamental: quand Israël est rétabli, les nations elles-mêmes, après avoir été jugées, comprennent que Jéhovah, le Dieu d'Israël, est le Très-Haut ou le Souverain sur toute la terre, et elles se soumettent à Lui. Voyez cette pensée exprimée dans le Psaume 8: «Jéhovah, notre Seigneur», dit Israël, alors que Christ est élevé, non pas seulement comme Fils de David, selon le Psaume 2, qui sera aussi alors accompli, mais comme Fils de l'homme, — «Jéhovah, notre Seigneur! que ton nom est magnifique par toute la terre». C'est encore là l'objet de la prière du Psaume 67. Ces citations seraient beaucoup trop multipliées si je voulais indiquer tous les Psaumes qui parlent de ce sujet.

Je ferai seulement allusion à une remarquable série de Psaumes — 94 à 100. Le 94 appelle le jugement; le 95 invite Israël à la repentance; dans le 96, les nations sont exhortées à reconnaître Jéhovah, car Il vient pour juger le monde en justice; dans le 97, Il arrive, en effet, sur les nuées; dans le 98, le Seigneur est venu et a fait connaître son salut; dans le 99, Il est de nouveau connu sur la terre, et de nouveau assis entre les chérubins; et le 100, convie toutes les nations à venir l'adorer maintenant que son trône est établi sur la terre pour la bénédiction.

Le cri appelant la vengeance et la délivrance est le cri du résidu depuis le moment où Dieu ramène le peuple jusqu'à celui où Il s'assied sur le trône du jugement. Il enverra la délivrance par sa puissance. Le trône de l'iniquité ne partage pas le pouvoir avec Lui. Maintenant, la grâce appelle les âmes à sortir du mal pour venir à Dieu et aller au ciel, et la grâce caractérise le chrétien, quoiqu'il sache que le jour de la vengeance arrivera.

J'ai parcouru les passages qui nous donnent l'histoire de la Bête, et un nombre suffisant de ceux qui nous parlent de l'Assyrien; en sorte que l'on peut se faire une idée claire et distincte de ces deux puissances, de nos jours concentrées dans l'Europe occidentale et orientale. Zacharie ne parle jamais de l'Assyrien. Ce prophète appartenait, au fond, à la captivité d'Israël, quoiqu'un certain nombre de Juifs eussent été ramenés, afin que le Messie pût leur être présenté; mais les prophètes postérieurs à la captivité ne donnent pas aux Juifs le nom de peuple de Dieu, si ce n'est quand ils parlent de leur avenir, et les autres prophètes, ceux qui ont précédé la captivité, ne parlent jamais de la Bête comme telle, parce que Israël était reconnu de Dieu, dont le trône était encore au milieu d'eux. Ezéchiel, nous l'avons vu, passe par-dessus Babylone jusqu'à Israël établi de nouveau dans le pays. Nous avons dû parler surtout de la Bête, parce que le temps vient où elle dominera: seulement, en dernier résultat, cela aura lieu par une rébellion ouverte; il y aura comme une résurrection de la Bête, à la suite d'une blessure qui semblait mortelle, résurrection avec un caractère entièrement diabolique. Dieu mettra alors au coeur d'un petit résidu juif de regarder à Lui. La nation fleurira et bourgeonnera et semblera commencer une période de parfaite prospérité dans son propre pays. Mais alors même elle est ruinée et désolée, elle devient le siège des bêtes et des oiseaux de proie. Ceux-ci sont jugés et Israël est réintégré et béni. Or si, dit l'Apôtre, leur chute est la richesse des nations, quelle sera leur réception, sinon une vie d'entre les morts pour le monde?

Tout cela, bien-aimés, appelle nos coeurs à une intelligence, beaucoup plus divinement éclairée, de ce fait, que notre portion est au ciel, tandis que Christ est rejeté, et que Christ ayant été rejeté, les chrétiens le sont aussi, et que Christ étant au ciel, leur conversation ou leur bourgeoisie est aussi au ciel. Nous n'avons plus du tout à vivre dans ce monde, quoique nous le traversions comme étrangers et voyageurs. Ce que nous avons à faire, c'est de convaincre le monde qu'il est une puissance qui délivre de lui, c'est de manifester Christ et les conseils de Christ dans le monde. Si, en faisant bien, vous souffrez et que vous l'enduriez, cela est agréable à Dieu. Le danger pour les saints, actuellement, c'est que, au lieu de voir le mal aller en empirant et s'élevant de plus en plus contre Dieu, ils ne se laissent séduire par les hommes, qui pensent à l'amélioration du monde ou qui prétendent le rendre bon. Ce que nous avons au-devant de nous, c'est que, dans les derniers jours, il surviendra des temps fâcheux. Mais les hommes, qui sont sages à leur propres yeux, s'imaginent qu'ils feront mieux que Christ et les Apôtres, c'est-à-dire, non pas faire des chrétiens pour Dieu, mais améliorer ou amender le monde. Le témoignage de Dieu est que l'église professante et le monde mûrissent l'un et l'autre dans le mal et pour le jugement, et que le Seigneur vient pour nous prendre auprès de Lui, et pour juger la terre habitable en justice, régner ensuite en bénédiction pour elle, et tout premièrement sur le peuple juif restauré.