Le témoignage de Dieu - L'épreuve de l'homme, la grâce et le gouvernement de Dieu

A part le salut personnel et la communion de l'âme avec Dieu, rien n'a plus d'importance et ne peut avoir plus d'intérêt pour le chrétien que le témoignage que Dieu a rendu de Lui-même dans le monde de ténèbres au milieu duquel nous vivons; le salut même et la communion, nous le savons, dépendent de ce témoignage. Quelle serait la condition de l'homme sans lui, et quelle est cette condition là où ce témoignage n'a pas pénétré? N'est-ce pas un privilège immense que de posséder les pensées de Dieu lui-même, par-dessus tout relativement à ce qui nous concerne nous-mêmes moralement, d'être appelés ses amis, et de jouir de fait de cette précieuse relation avec Lui par la possession des plus vrais et plus intimes témoignages de ses pensées et de ses affections? Or, c'est l'homme qui est le grand objet des affections divines, et celles-ci se déploient et se manifestent dans les voies de Dieu envers lui, en sorte que les anges désirent regarder de près dans ces voies (comparez 1 Pierre 1: 3-12).

Comme nous venons de le dire, l'homme, selon les conseils de Dieu, est l'être au sujet duquel le caractère et toutes les voies morales de Dieu se manifestent le plus complètement et de la manière la plus parfaite et la plus admirable, non pas que l'homme soit redevable, en aucune manière, de ce privilège à sa capacité intellectuelle ou à sa puissance morale, car en ne tenant même pas compte de la chute, ce n'est pas le jugement que l'homme peut se former sur ce que Dieu est qui est capable de révéler Dieu. Ce jugement, en effet, par le fait que l'homme est une créature faible et imparfaite, sera toujours inférieur à la vérité dans la proportion même dans laquelle l'homme est inférieur à Dieu. De plus, l'homme, s'il était innocent, n'aurait ni le besoin ni le désir de prononcer un jugement au sujet de Dieu, car il jouirait de la bonté de Dieu avec actions de grâces. Mais si l'homme est pêcheur, il est absolument incapable de juger justement de sa propre condition ou de sa position devant Dieu; il n'en a même pas le désir. Si Dieu doit être connu il faut qu'il se révèle Lui-même, et il le fait dans ses propres voies à l'égard de l'homme: un ange ne Lui en fournit pas l'occasion de la même manière. Un ange, en effet, n'a aucun besoin de miséricorde, de grâce, de pardon, de justice divine, d'un sacrificateur, d'une puissance qui, tandis qu'elle le soutient dans sa faiblesse, le ressuscitera d'entre les morts; un ange n'est pas, en conséquence de toutes ces choses, fait semblable à Christ, l'homme glorieux, identifié avec, ses intérêts par l'incarnation. Les anges sont un témoignage de la puissance créatrice et conservatrice de Dieu; ils «excellent en force» (Psaumes 103: 20); ils sont des créatures que Dieu a gardées, en sorte qu'ils n'ont pas perdu leur état originaire. Or, la grâce et la rédemption, la patience, la miséricorde, la justice divine n'ont pas d'application à un état de ce genre, mais elles sont pour l'homme déchu, et les anges sont appelés à sonder les voies merveilleuses de Dieu à l'égard de l'homme. L'homme est descendu au plus bas de l'échelle des êtres intelligents; vil esclave de ses passions, il ressemble, hélas! à la brute dans ses désirs, à Satan dans son orgueil, il a de hautes prétentions en fait de science et d'intelligence; il a la connaissance du bien et du mal, mais dans une conscience qui le condamne; il souffre avec la création déchue, et il soupire après un monde meilleur, sans toutefois pouvoir y atteindre, et en craignant d'y parvenir; il a le sentiment qu'il devrait être en relation avec Dieu, seul objet digne d'une âme immortelle, mais il est séparé de Dieu par ses passions et par un tel désir d'indépendance qu'il refuse à Dieu la seule place qui lui appartienne, s'il est réellement Dieu, et qu'il cherche, par conséquent, à démontrer qu'il n'y a point de Dieu; il est capable des plus hautes aspirations dont son orgueil même se nourrit, et il est capable en même temps des convoitises les plus dégradantes, que sa conscience cependant réprouve et flétrit: mais Dieu a choisi le coeur de l'homme pour en former la harpe divine sur laquelle toute l'harmonie de ses louanges pourra résonner et résonnera aux siècles des siècles.

Par l'introduction de la grâce et de la puissance divine qui se déploie dans une nouvelle vie communiquée à l'homme, et par la manifestation du Fils de Dieu dans la nature humaine, l'homme déchu est amené à juger tout le mal selon les affections divines qui ont été formées en lui par la foi, et à jouir du bien selon la parfaite révélation du bien en Dieu Lui-même manifesté en Christ: en même temps l'homme donne avec joie à Dieu la place qui lui appartient, parce qu'il le connaît comme un Dieu qui est amour. L'homme reprend ainsi sa position de dépendance, la seule qui convienne à une créature, et il en jouit dans l'intelligence de toutes les perfections de Dieu, duquel il dépend et dépend avec joie, comme un fils dans sa relation avec son père, comme Christ lui-même qui a pris cette position afin de nous y amener avec lui.

Mais pour que le caractère de Dieu, tout ce que Dieu est, puisse être manifesté dans la condition de l'homme, et pour que nos coeurs et nos consciences puissent en prendre connaissance, il faut que l'homme passe par les différentes phases qui fournissent à Dieu l'occasion de se manifester ainsi en grâce. Il faut que l'homme soit, de par Dieu, une créature innocente et heureuse, déchue par sa propre volonté, et coupable et placée ainsi dans un état dans lequel toute la grâce de Dieu se manifeste, et dans lequel Dieu déploie toutes les richesses de cette grâce en justice, tandis que sa souveraine bonne volonté élève l'homme à une hauteur qui dépend entièrement de cette bonne volonté et glorifie Dieu lui-même dans le résultat qui est produit, mais glorifie un Dieu qui est amour. La souveraine bonté est manifestée à l'égard de la plus parfaite misère, et amène à sa communion la plus parfaite excellence.

Ce sont ces voies de Dieu à l'égard de l'homme que nous nous proposons d'examiner brièvement.

Dieu créa l'homme innocent, c'est-à-dire sans méchanceté, ni corruption, ni convoitise, et sans le discernement du bien et du mal, discernement dont il n'avait nul besoin, puisqu'il n'avait qu'à jouir avec gratitude du bien qui l'environnait. En même temps l'homme devait être obéissant, et son obéissance fut mise à l'épreuve par la défense qui lui fut faite de manger d'un seul des arbres qui était au milieu du jardin (comparez Genèse 2).

On a supposé, faute de saisir l'enseignement divin, que l'homme avait la connaissance du bien avant la chute, et qu'il acquit par celle-ci la connaissance du mal. Mais c'est là une grande erreur: ce que l'homme n'avait pas, et ce qu'il acquit, c'est la connaissance de la différence qu'il y a entre le bien et le mal, en lui-même. L'homme commença à juger touchant ce qui est bien et ce qui est mal. Manger du fruit, défendu n'était mal que parce que le fruit était défendu; ce n'était pas un mal en soi-même comme le meurtre ou le mensonge. Dieu a pris soin que, dans une condition de péché, l'homme eût la conscience avec lui.

Dans l'état d'innocence l'homme eût eu l'occasion de jouir des visites de Dieu (comparez Genèse 3: 8) et de soutenir un commerce avec Dieu; mais Dieu n'habitait pas avec l'homme, ni l'homme avec Dieu.

L'homme ne tomba pas sans avoir été tenté. Le serpent suggéra à son esprit un doute à l'égard de Dieu, et ce doute, séparant son coeur de Dieu, donna lieu à sa propre volonté et à sa convoitise, aussi bien qu'à cet orgueil qui voudrait être égal à Dieu (comparez Genèse 3: 1-6). Or la volonté propre, la convoitise et l'orgueil, sont les caractères de la condition actuelle de l'homme naturel. L'homme donc se sépara de Dieu en se rendant lui-même, pour autant qu'il s'agissait de sa volonté, indépendant de Dieu, c'est-à-dire aussi indépendant que le péché peut rendre de Dieu et que la dégradation morale peut rendre du souverain bien. Dans cet état, l'homme ne pouvait pas supporter la présence de Dieu: loin de là, cette présence qui venait éclairer de sa lumière la condition de l'homme et lui faire sentir ce qu'il était devenu, cette présence qui lui rappelait sa faute et ce qu'il avait perdu, ne pouvait qu'être pour lui la plus intolérable de toutes les choses. Il pouvait se couvrir à ses propres yeux pour se soustraire à la honte du péché, mais devant Dieu, il savait qu'il était nu, comme s'il ne s'était pas trouvé une feuille de figuier dans le jardin (comparez Genèse 3: 7-10).

La question de Dieu: «Adam, où es-tu?» — était à la fois touchante et accablante pour l'homme. Pourquoi, en effet, l'homme, lorsqu'il entendait la voix de Dieu qui se promenait dans le jardin, à la fraîcheur du jour, avec cette divine familiarité d'une bonté qui pouvait entrer en communication avec une créature innocente…, pourquoi l'homme ne courait-il pas au-devant de Lui? Où était Adam? — Il étai dans le péché et la nudité.

Tel est l'effet de la parole de Dieu: elle met, l'homme à découvert devant Dieu (comparez Hébreux 4: 12, 13). Vérité terrible quand la conscience est mauvaise! Devant elle se dissipe, comme la fausseté devant la vérité, toute prétention à l'indépendance, et une seule chose demeure: la honteuse cupidité du vain orgueil de l'homme, sa folie et son ingratitude qui ont voulu trouver l'indépendance, l'indépendance du souverain Bien.

Mais Dieu fit une promesse (Genèse 3: 15): mais la promesse fut faite au «dernier Adam», à «la semence de la femme», ce que le «premier Adam» n'était pas; en même temps, la promesse fut faite avant qu'Adam déchu eût été chassé du paradis. L'homme s'enfuit loin de Dieu, avant que Dieu l'eût mis hors de la paisible demeure dans laquelle il l'avait placé. Mais il fallait que l'autorité de Dieu fût maintenue; il n'était pas possible que le péché restât impuni; il fallait que le jugement intervînt. La sainteté de Dieu abhorre le péché et le repousse; la justice de Dieu maintient l'autorité de Dieu selon sa sainteté, en exécutant un juste jugement contre celui qui fait le mal (Genèse 3: 24).

L'homme fut ainsi banni du paradis, et le monde commença. L'homme pécha contre son frère dans le monde, comme il avait péché contre Dieu dans le paradis, et la mort d'Abel le «juste» devint l'image frappante de celle du vrai «Juste», le Seigneur lui-même (comparez Genèse 4: 1-15). Chassé de la présence de Dieu, l'homme, accablé sous le sentiment de sa peine, cherche à embellir la terre et à mettre de l'ordre dans le monde, car il ne lui restait rien autre (Genèse 4: 16-24): la civilisation, les arts et les plaisirs d'une vie de luxe occupèrent et développèrent l'intelligence d'un être qui, n'ayant plus aucune relation avec la sainteté et les perfections divines, se perdit lui-même dans ce qui était plus bas que lui, tandis qu'il s'enorgueillissait des fruits de son intelligence pervertie. Mais là où la volonté de l'homme n'est pas réprimée par un pouvoir supérieur, la civilisation, bien qu'elle puisse, pour un moment, tromper le jugement de l'homme quant à l'état de son coeur, en occupant son intelligence, ne peut pas mettre un frein à l'ardeur des convoitises, ni à la violence de la volonté qui cherche à les satisfaire et à ouvrir une voie à ses passions à travers tous les obstacles. «Et la terre était corrompue devant Dieu et remplie de violence» (Genèse 6: 11).

Mais la grâce de Dieu ne se laissa pas sans témoignage. Le jugement que Dieu avait prononcé sur le Serpent annonçait «la semence de la femme»; Abel qui, quoique étant mort, parle encore» (Hébreux 11: 4), rendait témoignage de la puissance du mal et de Satan dans le monde, mais rendait témoignage aussi à la réception que Dieu réservait au juste qui s'approchait de Lui par un sacrifice, qui reconnaît le péché et qui en fait l'expiation, et il pose ainsi la base d'une espérance étrangère à ce monde, dans lequel celui que Dieu a reçu a été rejeté et sacrifié à la haine des méchants. L'enlèvement d'Hénoc qui «marcha avec Dieu» (Genèse 5: 21-24; Hébreux 11: 5, 6), confirma cette espérance et tendit à assurer la foi, qui croit que Dieu est et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le craignent, qu'il y a une félicité dans sa présence pour le juste que Dieu aime, une félicité que le monde ne donne ni n'ôte. Ces choses, quoiqu'elles fussent obscures, nourrirent et soutinrent la foi de ceux qui cherchèrent à marcher avec Dieu, tandis que le mal allait toujours croissant; et quand celui-ci fut près de son apogée, Dieu suscita encore un autre témoignage dans la personne de celui qui dut traverser le jugement qui mit fin à l'effrayant développement du mal, prévalant en dépit des témoignages déjà donnés. Ce témoignage (Genèse 6: 8-22; 7-9; Hébreux 11: 7) n'était pas pour les affections des saints, il n'était pas d'une nature qui les menât hors du monde, mais il était un témoignage du jugement du monde lui-même, jugement devenu nécessaire selon les principes du gouvernement divin, mais qui fut le moyen de préserver de la ruine générale un petit résidu juste, dans l'arche du salut que Dieu lui avait révélée.

Durant toute cette longue période, qui s'étend depuis l'expulsion d'Adam du paradis terrestre jusqu'au déluge de Noé, l'humanité ne formait qu'une seule famille, une seule race unique; il n'y avait point d'idolâtrie dans le monde; Dieu abandonnait l'homme à ses propres voies, non pas qu'il se laissât sans témoignage, mais il n'y avait pas de répression extérieure du mal. Il en fut ainsi jusqu'à ce que le mal devint insupportable et que le déluge y mit fin.

Après ce jugement de Dieu, dont les eaux du déluge sont l'expression, un monde nouveau commença, et le principe du gouvernement, fut introduit sur la terre. L'homme qui verserait le sang de l'homme devait être mis à mort (Genèse 9: 5, 6). Dieu mettait un frein à la violence et à la pratique du mal; mais le coeur de l'homme, dans un monde éloigné de Dieu, demeurait ce qu'il était. Il n'y avait pas encore de nations, la formation et les destinées des diverses races, telles qu'elles existent encore aujourd'hui, apparaissaient déjà, au moins prophétiquement. Comme Adam avait fait dans le paradis, comme il est arrivé toujours à l'homme, à toute créature qui n'a pas été directement soutenue par Dieu, Noé faillit à la position dans laquelle il avait été placé après le déluge (*).

 (*) Je ferai remarquer ici, en passant, qu'Adam est la figure de Celui qui devait venir, le dernier Adam (Romains 5: 14) et que Noé est aussi une image de Christ, pour autant que le gouvernement du monde et la répression du mal étaient désormais confiés à l'homme.

Deux grands principes, qui subsistent encore de nos jours, caractérisent le monde qui se forma après Noé. Ces principes sont liés à l'histoire de la tour de Babel. Jusqu'à elle, soit avant, soit après le déluge, il n'y avait eu qu'une seule race humaine, une seule famille. Désormais, en conséquence du jugement de l'homme qui cherche à s'élever lui-même sur la terre et à se faire un nom, ou un centre qui lui donne de la force, Dieu, ayant dispersé ceux qui bâtissaient la tour de Babel, il y eut «des peuples, des familles et des langues». La forme actuelle du monde fut établie, pour ce qui est des divisions de l'humanité en tribus et en nations. De plus l'énergie individuelle forma un empire qui eut Babel pour centre et pour point de départ (Genèse 10: 8-12).

Le monde est maintenant constitué et nous avons à faire désormais avec le témoignage et les voies de Dieu.

Il y avait, dans ce grand ensemble de peuples, «des langues, des familles et des nations», (Genèse 10: 5); le jugement de Dieu avait ainsi disposé le monde. Mais un fait d'une importance immense apparaît dès maintenant dans l'histoire du monde: le péché de l'homme n'est plus seulement le péché contre Dieu, manifesté dans la corruption et dans l'activité d'une volonté indépendante, mais des démons prennent la place de Dieu lui-même devant les yeux et l'imagination des hommes. L'idolâtrie paraît et règne au milieu des nations, même dans la race que Dieu avait le plus rapprochée de Lui, la race de Sem. Quoiqu'au fond, cette idolâtrie fût par tout la même, cependant chaque nation avait ses dieux; mais l'ordre de choses tout entier que Dieu avait établi depuis le jugement de la race humaine, à la tour de Babel, reconnut des démons pour ses dieux.

Ce fait donne lieu à la vocation d'Abraham. Le Dieu de gloire apparaît à Abraham et l'appelle à quitter son pays, sa famille et la maison de son père (Genèse 12: 1-3; comparez Actes des Apôtres 7: 2, 3; Josué 24: 2, 3). Il faut qu'Abraham rompe entièrement avec tout l'ordre de choses établi par Dieu dans les plus intimes de ses relations: il faut qu'Abraham soit pour Dieu et pour Dieu seul. La grâce souveraine l'a choisi: étant appelé, de Dieu, il marche par la foi et les promesses lui sont données; et ici apparaît un autre principe important. Il y avait eu déjà d'autres fidèles qui avaient «marché avec Dieu», les Abel, les Hénoc, les Noé; mais aucun d'eux n'était semblable à Adam, le chef du mal, la souche d'une race. Or Abraham, étant appelé, devint le chef d'une race qui devait hériter des promesses, en dehors du monde. Le principe ainsi posé peut trouver soit application en une manière spirituelle dans les chrétiens, ou selon la chair dans le peuple d'Israël, mais en quelque manière que ce soit, même lorsqu'il s'agit de Christ lui-même, l'héritier de la promesse tient ses droits de ce qu'il est «la semence d'Abraham» (Romains 4: 9-18; Galates 3: 7-18, 29; Actes des Apôtres 3: 25 etc.). Si «les langues, les familles et les nations» ont pris des démons pour dieux, Dieu prend un homme dans sa grâce et en fait le chef d'une famille, la souche d'une race qui lui appartienne en propre (comparez Romains 11: 16, 17). La graisse de l'olivier se retrouve dans ceux qui croissent sur la racine d'Abraham, que ce soit dans un peuple la semence selon la chair, ou dans une semence qui a part aux bénédictions promises parce qu'elle est «de Christ», la vraie semence de la promesse.

Cet appel et cette vocation demeurent toujours fermes; quelles que soient d'ailleurs les phases que traversent ceux qui en sont les objets (comparez Romains 11: 29). Christ lui-même vint pour accomplir les promesses faites aux pères, comme témoin de l'immuable vérité de Dieu (Romains 15: 8).

L'état des premiers héritiers, toutefois, change, et bientôt nous avons devant nous un peuple qui se soucie peu des promesses, et qui, bien éloigné de la foi d'Abraham, soupire sous le joug d'une impitoyable tyrannie (Exode 1).

Cet état du peuple de Dieu amène un événement, dans lequel un principe de la plus haute importance est manifesté, savoir le principe de la rédemption ou de la délivrance du peuple de Dieu des conséquences du péché et de l'esclavage sous lequel il était retenu. Les fruits de la rédemption nous montreront d'autres faits d'un grand intérêt pour nous.

Le cri du peuple monta jusqu'à Jéhovah des armées, et il descendit pour délivrer les siens (Exode 3; 6: 2-9; comparez Actes des Apôtres 7: 32 et suivants). Mais le Sauveur est le juste Juge, et il fallait que, dans ses voies envers les siens, il maintînt ces deux caractères: s'il doit sauver, il faut que sa justice soit satisfaite, car un Dieu qui ne serait pas juste, ne pourrait pas, moralement, être un Sauveur, et c'est sous ce caractère que Dieu apparaît quand il veut délivrer son peuple. Il avait manifesté sa puissance en sommant Pharaon de laisser aller son peuple, en déclarant les droits qu'il avait sur ce peuple; mais il faut nécessairement que la délivrance soit accomplie sans la bonne volonté de l'homme et par le jugement de Dieu, par la pleine manifestation de ce qu'il est à l'égard du mal et dans son amour aussi, en sorte qu'il soit connu. Or les enfants d'Israël étaient, en un sens, plus coupables que les Egyptiens, et Dieu intervient comme un Juge; mais le sang de l'Agneau pascal est placé sur les linteaux des portes (Exode 11; 12) et Israël échappe au jugement qu'il avait mérité, selon la valeur que le sang de la Pâque avait aux yeux de Dieu (Exode 12: 7, 12, 13, 23). Dieu juge et, à cause du sang reconnu par la foi, passe par-dessus son peuple coupable. Mais Israël était encore en Egypte: sa délivrance n'était pas encore effectuée, quoique le prix de la rédemption, en figure, eût été payé. A la mer Rouge il faut que le sort du peuple se décide, il sera sauvé ou il périra. Pharaon sûr de la victoire le poursuit; Israël n'a que le désert autour de lui, il semble perdu, car nulle issue ne s'offre pour lui et la Mer Rouge, figure de la mort et du jugement, était droit devant lui. Mais le matin, Israël vit les corps morts de ses ennemis que la mer avait engloutis (Exode 14; 15: 1-21): ainsi la mort et la résurrection de Christ nous font passer «à sec» bien loin du lieu où nous étions esclaves, car la rédemption est plus que le simple fait que nous sommes mis à l'abri du jugement de Dieu; elle est une délivrance opérée par Dieu. Dieu Lui-même intervient pour nous et nous place dans une position toute nouvelle par l'exercice de sa propre puissance (comp. Romains 1-8; 2 Corinthiens 6: 17; Colossiens 1: 12-14 etc.).

La délivrance d'Israël nous présente les figures des grands faits sur lesquels notre bénédiction éternelle est fondée. Elle nous montre la propitiation, la rédemption, la justification sous un double aspect. D'un côté nous voyons la propitiation par le sang qui nous délivre de toute imputation du péché dans la présence de la justice de Dieu; de l'autre, nous pouvons contempler notre introduction, en vertu de la valeur du même sang, dans une position toute nouvelle par la résurrection. Christ a été livré pour nos offenses et est ressuscité pour notre justification (Romains 4: 25; 5: 1, 2).

Mais, nous l'avons déjà dit, d'autres principes importants sont placés sous nos yeux en conséquence de la délivrance par la rédemption. Dieu habite avec les rachetés, il habite au milieu d'eux. Dieu n'habitait ni avec Adam innocent, ni avec Abraham appelé par sa grâce et héritier de la promesse; mais aussitôt qu'Israël est racheté et délivré par la rédemption, Dieu habite au milieu du peuple (comparez Exode 15: 2; 29: 45, 46; 40: 34-38).

La sainteté de Dieu et de ses relations avec son peuple apparaît alors pour la première fois. A part le seul passage où il est question de la sanctification du septième jour dans le paradis, la Genèse ne fait jamais mention de la sainteté d'aucune chose, ni de celle, du caractère de Dieu. Mais les chapitres 15 et 19 de l'Exode et 19, verset 26, du Lévitique, nous montrent qu'une fois que la rédemption est accomplie, Dieu se présente sous ce caractère et en manifeste la nécessité pour tout ce qui est en relation avec Lui (comparez Exode 3: 5).

Une autre vérité, qui se lie immédiatement à celle-ci, découle de la rédemption, savoir le fait que les rachetés ne sont plus à eux-mêmes, mais à Dieu qui les a acquis pour Lui; ils sont consacrés à Dieu, mis à part pour Lui. Ensuite ils sont amenés jusqu'à Lui (comparez Exode 19: 4).

Après la rédemption Israël entre dans le désert, qui nous présente l'image du caractère du monde pour le peuple de Dieu qui a la conscience de sa rédemption; et la fidélité de Dieu prend, là, soin de son peuple. Puis Dieu fait entrer ce peuple en Canaan, dont il l'appelle à prendre effectivement possession, nous montrant que les victoires, que nous sommes appelés à remporter là, sont celles que nous devons gagner pour jouir dans ce monde des privilèges célestes qui nous appartiennent. Ces privilèges sont nôtres avant que nous ayons livré un seul combat, remporté une seule victoire; mais pour que nous en jouissions, il faut que nous en prenions possession par des victoires.

Le désert et Canaan préfigurent ainsi les deux parties de la vie chrétienne: dans l'une, il s'agit de patience sous la main de Dieu qui nous conduit; dans l'autre, il s'agit de victoires dans nos combats contre Satan, afin que nous jouissions de nos privilèges spirituels et que nous devenions des instruments pour que d'autres encore en jouissent.

Ce n'est pas tout ce que nous apprend le séjour d'Israël au désert. Un examen attentif des chapitres 15 à 18 de l'Exode, montrera que tout, dans cette portion de l'histoire d'Israël, est grâce de la part de Dieu pour son peuple; mais au chapitre 19 le peuple se place lui-même sous la loi, acceptant de jouir des promesses sous la condition d'obéir d'abord à tout ce que Jéhovah dirait. L'obéissance était un devoir: nul doute à cet égard; mais faire dépendre la bénédiction de cette condition, c'était pour Israël oublier sa faiblesse et assurer sa perte qui ne se fit pas attendre; car avant même que Moïse fût redescendu de la montagne de Sinaï, le peuple avait déjà fait le veau d'or.

Dieu, dans sa patience, maintint néanmoins dès lors ses relations avec son peuple par le moyen de l'intercession de Moïse, jusqu'à ce que, selon l'expression de Jérémie, il n'y eût plus de remède.

Les promesses de Dieu avaient été faites à Abraham sans condition, et, en conséquence, Dieu n'avait pas soulevé la question de la justice. Mais, à Sinaï, la question est soulevée; et d'abord, comme cela devait être, Dieu exige la justice de la part de l'homme, car la justice était le devoir de la créature. La question ne pouvait pas ne pas être soulevée, mais le résultat qu'elle produisit et qu'elle devait produire, puisque l'homme était un pécheur, c'est qu'elle aggrava l'état de l'homme qui viola la loi au lieu d'accomplir la justice que celle-ci exigeait. Avec une règle qui eût fait son bonheur s'il l'avait gardée, l'homme fut seulement un transgresseur de la loi et devint d'autant plus coupable devant Dieu. Mais la loi qui traduisit ainsi le péché en transgressions positives, avait été donnée à l'homme, au fond, afin de le convaincre de son état de péché (comparez Romains 3: 19, 20; 4: 15; Galates 3: 19-21; etc.). Dieu n'eut jamais la pensée de sauver par une loi, et l'homme a besoin d'être sauvé. La loi de Dieu doit proposer une règle qui soit l'expression de la perfection d'un homme, et plus que cela, de toute créature intelligente. Mais une règle de cette nature, alors que l'homme était déjà un pécheur, ne pouvait produire d'autre résultat que de mettre à découvert le péché: trop souvent, on l'oublie, quand on parle de la loi! En même temps la loi doit être la parfaite expression de ce que l'homme devrait être, ce qui revient à dire qu'elle doit condamner l'homme, qui est un pécheur. Une mesure juste et exacte n'ajoute rien à l'insuffisance d'une pièce d'étoffe; elle ne fait que manifester cette insuffisance: «par la loi, est la connaissance du péché» (Romains 3: 29). La question de la justice humaine a été posée et résolue par la loi. Ordonnée avec une promesse de vie en faveur de celui qui aurait obéi, la loi, de fait, a été un ministère de mort et de condamnation pour ceux qui en ont porté le joug (2 Corinthiens 3: 6-11; Galates 3: 10-12; Actes des Apôtres 15: 10). Elle a démontré que la justice humaine n'existait pas et a manifesté la culpabilité de l'homme: c'est là un fait et un principe de la plus haute importance.

Nous voyons, dans l'histoire d'Israël, que Dieu manifesta toute sa patience envers l'homme sous la loi, le préparant pour une meilleure espérance. Il envoya ses prophètes pour avertir son peuple et pour chercher du fruit dans sa vigne; mais ils furent tous rejetés. A la fin, il envoya son Fils; tout fut inutile; les cultivateurs le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Un autre caractère du péché apparaît ainsi: les hommes ont rejeté la miséricorde de Dieu, alors qu'ils avaient failli aux justes exigences de la loi. «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui même, ne leur imputant pas leurs offenses» (2 Corinthiens 5: 19). Mais l'homme n'avait aucun désir de cette réconciliation, aucun désir de Dieu: il ne voulait de Dieu à aucun prix. En réponse à son amour, Christ trouva la haine; lorsqu'il apparut, les hommes ne virent aucune beauté en Lui pour qu'ils le désirassent (comparez Esaïe 52: 14; 53: 2, 3; Jean 12: 37-43).

Le péché de l'homme est ainsi mis entièrement à découvert. Innocent, il a abandonné Dieu; laissé à lui-même après la chute, sans loi, quoique Dieu ne se laissât pas sans témoignage; il a fait de ce monde une scène de corruption et de violence que Dieu a dû effacer de devant Lui par le déluge; placé sous la loi, il a violé la loi et s'est prosterné devant d'autres dieux, l'oeuvre de ses mains; enfin, quand Dieu vint dans sa miséricorde visiter ce monde de péché, manifestant le plus parfait amour et une puissance qui était capable de rétablir l'homme dans la bénédiction sur la terre, l'esprit charnel de l'homme, qui est inimitié contre Dieu, s'est manifesté dans la réjection et la mise à mort de Jésus. La croix de Jésus est la preuve que l'homme hait Dieu, et elle exprime cette haine de l'homme dans la réjection du Sauveur.

Moralement parlant, la croix est la fin de l'histoire de l'homme, qui est désormais, après la plus complète épreuve, démontré un pécheur corrompu et violent, un transgresseur coupable, et bien plus, un être qui hait le Dieu de bonté.

Nous avons parcouru jusqu'ici l'histoire de l'homme au point de vue de sa probation, il nous reste à faire de même maintenant pour l'histoire de la grâce de Dieu envers l'homme et le gouvernement du monde de la part de Dieu.

Il ne peut pas y avoir de question plus sérieuse pour une âme que celle-ci: Où trouverai-je la justice devant Dieu? Nous avons montré plus haut que la loi soulevait cette question; mais il est nécessaire d'examiner ce sujet de plus près.

Dès l'origine de l'existence de l'homme sur la terre, la question entre la responsabilité et la grâce a été posée. Il y avait, dans le paradis terrestre, «l'arbre de vie» qui communiquait seulement la vie; et «l'arbre de la connaissance du bien et du mal» (Genèse 2: 9). L'homme innocent ne mangea pas de l'arbre de vie, et une fois qu'il fut devenu un pécheur, la miséricorde de Dieu, aussi bien que sa justice et l'ordre moral de son gouvernement, lui en fermèrent le chemin (comparez Genèse 3: 22-24). Un pécheur immortel sur la terre eût été une anomalie insupportable dans l'ordre du gouvernement de Dieu; l'homme avait d'ailleurs mérité d'être chassé du paradis, il avait failli à sa responsabilité. Avant la chute, il ne connaissait pas le péché, mais il se trouvait avec Dieu dans la relation d'une créature vis-à-vis du Créateur. Il n'y avait pas de péché dans le fait de manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, si ce n'est parce que Dieu l'avait défendu, car le fruit de l'arbre était réellement «très bon».

 Aussitôt après la chute, celui qui devait être la «semence de la femme», «le dernier Adam» fut annoncé. Les espérances de la race humaine se trouvèrent placées désormais sur un terrain nouveau; la délivrance présentée ne devait pas consister en quelque chose qui deviendrait un moyen de relèvement fondé sur l'activité morale de l'homme déjà déchu, mais Dieu annonçait une autre personne qui, tout en étant de la race humaine, deviendrait une source de vie indépendante d'Adam, et qui détruirait la puissance de l'ennemi; une personne qui ne représenterait pas Adam, mais qui le remplacerait devant Dieu, qui serait la semence de la femme, ce qu'Adam n'était pas, et qui en même temps serait un objet de foi pour Adam et pour ses enfants, objet qui, reçu dans le coeur, deviendrait la vie et le salut de quiconque l'aurait ainsi reçu. Le premier homme, Adam, fut fait âme vivante, et il fut perdu; le dernier Adam est un esprit vivifiant (comparez 1 Corinthiens 15: 45). Jusqu'à Christ, la promesse seule était la source d'espérance; elle seule, par la grâce, engendrait et soutenait la foi. Nous, chrétiens, nous croyons à l'accomplissement de la promesse. Quand Dieu appela Abraham, il lui donna l'a promesse qu'en lui toutes les nations de la terre seraient bénies (Genèse 12). Plus tard (Genèse 22) cette promesse fut confirmée à sa semence. Celui qui devait être la semence de la femme devait être aussi la semence d'Abraham. Les voies de Dieu envers l'homme étaient ainsi établies sur une indéfectible promesse. La promesse était inconditionnelle, une simple promesse; par conséquent elle ne soulevait pas la question de la justice ni celle de la responsabilité de l'homme.

Quatre cent trente ans après, la loi intervient (comparez Galates 3: 17), et pose, comme nous l'avons dit, la question de la justice, et cela sur le pied de la responsabilité de l'homme, en donnant à celui-ci une règle ou mesure parfaite de ce que, comme homme et comme enfant d'Adam, il devrait être. Or l'homme était un pécheur, il faut bien se le rappeler.

La loi avait un double aspect: elle avait un principe de vérité absolue que le Seigneur Jésus a été capable de tirer de son obscurité, savoir l'amour pour Dieu et l'amour pour le prochain (comparez Matthieu 22: 34-40); elle était la règle parfaite de la bénédiction de la créature comme créature: les anges la réalisent dans le ciel, mais l'homme est aussi loin que possible de l'avoir accomplie sur la terre. D'un autre côté, cette loi est développée dans les détails des divers devoirs, qui découlent pour l'homme de la relation dans laquelle il se trouve de fait devant Dieu, et de la relation dans laquelle il se trouve vis-à-vis de ses semblables dans le monde d'ici-bas. Or dans les circonstances dans lesquelles l'homme était ainsi placé, ces détails se rapportaient nécessairement à l'état moral dans lequel il se trouvait; ils supposaient le péché et les convoitises et les défendaient. La loi de Dieu, donnée à l'homme dans son état actuel, condamne nécessairement le péché, d'un côté, et le démontre nécessairement, de l'autre. Comment la loi, en un cas pareil, serait-elle autre chose qu'un «ministère de mort et de condamnation» (comparez 2 Corinthiens 3: 6-11)? Elle exigeait la justice selon une règle que la conscience de l'homme ne pouvait qu'approuver et qui, en même temps, démontrait sa culpabilité; et c'est en cela que consiste, de fait, l'utilité de la loi: elle donne la connaissance du péché. Jamais Dieu ne la donna pour produire la justice: celle-ci ne peut être le fruit que d'une puissance morale intérieure, mais la loi écrite sur des tables de pierre n'est pas cette puissance. La loi exige de l'homme la justice et prononce le juste jugement de Dieu; elle rend le péché excessivement pécheur et amène la colère de Dieu; mais aucune loi ne produit une nouvelle nature. Or la nature de l'homme était pécheresse; et le commandement vient démontrer que l'homme cherchera à satisfaire cette nature, en dépit de la défense de Dieu. La loi devient ainsi, et cela parce qu'elle est «juste et bonne», la «puissance du péché»; elle est intervenue afin que l'offense abondât. Ceux qui sont des oeuvres de la loi (non pas ceux qui font de mauvaises oeuvres; l'Apôtre parle de tous ceux qui marchent d'après ce principe) sont sous la malédiction qu'elle prononce contre ceux qui lui désobéissent. La chair ne se soumet pas à la loi de Dieu, et elle ne le peut pas (comparez Romains 3: 19, 20; 4: 15; 7: 7-13; 8: 5-8; 1 Corinthiens 15: 56; Galates 3: 10, 19-21). Les promesses de Dieu demeurent fermes et assurées; mais l'homme est mis à l'épreuve, afin que, la question, de savoir s'il peut produire une justice humaine soit tranchée.

La loi fut présentée à l'homme sous un double aspect: la première fois, au Sinaï, la loi est donnée purement et simplement; plus tard elle est donnée, unie à la grâce, elle est donnée à l'homme après l'intervention de la grâce, laissant l'homme à sa propre responsabilité après un pardon accordé par la grâce.

L'histoire de la loi au premier de ces deux points de vue n'est pas longue: avant que Moïse fût descendu de la montagne de Sinaï, Israël avait fait le veau d'or (Exode 32). Les tables de la loi n'entrèrent jamais dans le camp; elles n'étaient pas capables de former jamais la base des relations de l'homme avec Dieu. Comment réconcilier les commandements avec le culte du veau d'or?

A la suite de ce péché du veau d'or, Moïse intercède pour le peuple, et Dieu, agissant en grâce selon sa souveraineté et proclamant sa grâce et sa miséricorde, donne la loi une seconde fois (Exode 32: 30-35; 33; 34). La relation du peuple avec Dieu est fondée sur le pardon que Dieu accorde, et elle n'existe plus comme relation immédiate, mais elle repose sur la médiation de Moïse. Le peuple toutefois est placé sous la loi, et chacun est effacé du livre de Dieu par son propre péché, s'il se rend coupable. En même temps, la loi est cachée dans l'arche, et Dieu lui-même habite dans l'obscurité derrière un voile, au dedans duquel l'aspersion du sang devait se faire sur le propitiatoire qui formait, avec les chérubins, le trône de Dieu.

Mais l'union de la grâce et de la loi ne pouvait pas plus que la loi toute seule, servir à établir entre Dieu et l'homme des relations qui pussent subsister. Elle pouvait servir à démontrer que, quelle que fût la patience de Dieu, l'homme, responsable de sa conduite, ne pouvait pas obtenir la vie par une justice qu'il aurait à accomplir lui-même. Elle pouvait faire ressortir aussi dans une figure remarquable (voyez 2 Corinthiens 3, comparez avec Exode 34: 29-35) l'impossibilité qu'il y avait pour l'homme de subsister en présence des exigences de la gloire de Dieu, quelque faible qu'en fût la révélation. Le peuple pria Moïse de voiler sa face qui resplendissait encore de la réflexion de la gloire de Jéhovah, avec lequel il avait été en communication sur le mont Horeb. L'homme est incapable de supporter la révélation de Dieu, quand Dieu exige de l'homme qu'il soit ce qu'il devrait être devant Lui. Le voile, au fond, proclamait la même vérité: il faut que Dieu reste caché; le chemin du lieu très-saint n'était pas encore manifesté (comparez Hébreux 9 et 10), Dieu donnait une loi pour diriger la vie de l'homme, il établissait une sacrificature pour maintenir les relations du peuple avec Lui, en dépit des fautes dont le peuple pouvait se rendre coupable; mais l'homme ne pouvait pas s'approcher de Dieu. Quel triste état que celui-là! La révélation de la présence de Dieu, seule source de toute bénédiction, ne pouvait que repousser celui qui avait besoin de la bénédiction! Nous verrons que, dans le christianisme, c'est tout juste le contraire qui a lieu: le voile est déchiré!

Mais nous en sommes encore aux voies de Dieu envers l'homme sous la loi. Nous avons vu déjà que, sous le régime que nous considérons dans ce moment, la vie était proposé, à l'homme comme fruit de sa fidélité. Quelle que soit d'ailleurs la patience et la grâce de Dieu, tout dépend de cette fidélité, et non seulement la responsabilité de l'homme est entièrement en jeu, mais tout dépend de la manière dont l'homme satisfait à cette responsabilité. Sans doute, Dieu usa de patience et manifesta sa grâce; il supporta Israël au désert et l'introduisit dans le pays de Canaan en dépit de toutes les infidélités du peuple, le mettant en possession du pays et lui donnant la victoire sur ses ennemis (voyez les livres des Nombres et de Josué), Il lui suscita ensuite des juges pour le délivrer, quand ses infidélités l'avaient fait tomber sous le joug de ses puissants voisins (voyez le livre des Juges et, en particulier, chapitre 2: 6-23). Plus tard il lui envoya des prophètes pour le rappeler à l'observation de la loi (2 Rois 17: 12 et suivants); puis enfin, avec une bonté qui ne voulait pas le juger avant d'avoir usé de tous les moyens pour gagner son coeur, il envoya son Fils pour recevoir le fruit de sa vigne, objet de tous ses soins et de tant de témoignages de son amour. Mais la vigne de Dieu ne rapporta que du verjus et les cultivateurs, ceux auxquels il l'avait confiée, rejetèrent ses serviteurs les prophètes et jetèrent son Fils hors de la vigne et le tuèrent (comparez Matthieu 21: 33-46). Telle fut la fin de l'épreuve à laquelle l'homme fut soumis sous le régime de la loi, toute la grâce et toute la patience de Dieu ayant été mises en oeuvre pour engager Israël à obéir et pour le maintenir dans l'obéissance: mais tout fut en vain!

Si nous considérons la portée de la loi sur la conscience, nous trouverons que la loi apporte la condamnation et la mort, aussitôt qu'elle est comprise spirituellement; et avant d'aller plus loin dans notre étude des voies de Dieu, je voudrais exhorter mon lecteur à bien peser ce fait. Si la loi est appliquée à votre conscience et à votre vie devant Dieu, si vous êtes vous-même responsable, et vous l'êtes assurément, si tout ce que vous pouvez faire est de reconnaître la justice et l'excellence de ce que la loi requiert, quelle sera pour vous la portée de la loi? Si vous voyez que vous devriez éviter ce que la loi condamne, et que les deux commandements qui forment la partie positive de la loi (voyez Matthieu 22: 34-40), sont les deux piliers de la bénédiction de la créature; si vous reconnaissez que vous avez constamment fait et aimé ce que la loi et votre propre conscience condamnent, et que vous avez entièrement failli dans ce que votre conscience est forcée de reconnaître comme la perfection de la créature, si tout cela est vrai, où est la vie promise à l'obéissance? Comment échapper à la condamnation qui est prononcée contre la violation de la loi, si vous vous placez vous-même sur le terrain de votre propre responsabilité et si vous devez être jugé selon une règle dont vous reconnaissez vous-même la perfection? Trouver une autre loi est impossible! Etre sans loi? — dans ce cas le bien et le mal deviendraient indifférents, la corruption est d'autant plus grande, la conscience naturelle même, est détruite, le bien n'existe plus et l'homme vit sans frein dans le mal, sauf pour autant que la violence de son voisin ou le juste jugement de Dieu, dans un événement comme le déluge, lui posent une barrière. Non, la loi est «sainte, juste et bonne», et l'homme le sait; sa conscience le lui dit. Mais si la loi est sainte, juste et bonne, l'homme, sur le pied de sa propre responsabilité, est perdu. La vie que la loi promettait à l'obéissance, l'homme ne l'a pas obtenue; le jugement, qui donnera satisfaction à l'autorité et à la justice de la loi, attend celui qui lui a désobéi et sera prononcé en même temps contre l'audacieuse impudence d'une volonté sans frein. Tous les coupables seront atteints; et quant à la loi, selon les paroles mêmes de l'Ecriture — (et heureusement pour une conscience réveillée), ce qui était donné pour la vie a été trouvé pour l'homme pour la mort (Romains 7: 10).

Mais revenons à notre sujet. La venue du Fils de Dieu dans ce monde n'avait pas seulement pour objet d'exiger, de la part de Jéhovah, du fruit,de sa vigne: cette venue avait un but autrement vaste et glorieux. Elle était nécessaire, sans doute, pour mettre en évidence l'état dans lequel l'homme se trouvait comme fils d'Adam, responsable devant Dieu, mais ce n'était pas là tout le but des conseils de Dieu dans l'envoi de son Fils, ni même le principal objet qui fut révélé par sa manifestation en chair. D'ailleurs le fait que l'homme n'a pas donné le fruit que Dieu avait le droit d'attendre de lui, ne mettait pas encore le comble au péché de l'homme. Dieu a été manifesté en chair; il est apparu; il est amour, et l'amour a été manifesté. Il a été manifesté en rapport avec les besoins, la faiblesse, la misère, les péchés de l'homme. Il était divin dans sa perfection, mais il montra cette perfection en s'adaptant parfaitement à la condition, dans laquelle il trouvait l'homme. Son amour était au-dessus de toutes nos misères, mais il s'adaptait à toutes ces misères et ne se fatiguait d'aucune d'elles. Le Sauveur a manifesté ici-bas dans sa vie une puissance qui anéantissait entièrement la puissance de Satan sur les hommes: il guérissait tous les malades, il chassait les démons, ressuscitait les morts, nourrissait ceux qui avaient faim. Christ, comme homme, avait lié l'homme fort, et il pillait ses biens (comparez Matthieu 12: 28, 29), mais ce qui est plus important encore, il ouvrait pour l'homme, le plus abandonné au péché, un chemin par lequel celui-ci pouvait retourner à Dieu. Dieu était venu chercher ce qui était perdu; il montrait qu'aucun péché n'était trop grand pour son amour, aucune souillure trop repoussante pour son coeur. Satan avait perdu l'homme en détruisant sa confiance en Dieu; Dieu, avec une condescendance parfaite, ne négligeait rien pour rétablir cette confiance; son intervention était l'expression d'un amour qui ne pouvait agir autrement, elle était l'expression de son coeur qui trouvait, dans les misères, les fautes, la faiblesse des hommes, l'occasion de donner à ceux-ci l'assurance qu'il y avait un amour sur lequel ils pouvaient toujours compter.

Nous voyons, en effet, dans l'histoire de la pécheresse qui entra chez Simon (Luc 7: 36 et suivants) et dans celle de la Samaritaine que le Seigneur rencontra au puits de Jacob (Jean 4: 1-42), combien l'amour du Sauveur attirait les coeurs vers lui, une fois que le réveil de la conscience avait créé le besoin de sa bonté. L'amour de Jésus produisait une confiance qui faisait revivre les coeurs et les détournait du mal, une confiance qu'aucun homme ne sait comment inspirer et qui délivre l'âme de la crainte des hommes et de l'influence pernicieuse des choses qui l'entourent et qui la possèdent, la tournant vers Dieu avec une sincérité qui prouve qu'elle est dans la lumière avec Lui, mais qui démontre en même temps que la grâce de Dieu a trouvé le chemin du coeur, de telle manière que l'âme n'a aucun désir de sortir d'une position, dans laquelle toute sa misère est manifestée, mais manifestée là où tout est amour, et où on peut se reposer, parce que tout est connu. C'est un amour qui inspire de la confiance, parce que, quand tout est connu, Dieu demeure toujours amour. La divinité de Christ apparaît ici, en ce qu'il est la lumière qui manifeste tout, et l'amour qui aime quand tout est manifesté, qui connaît tout à l'avance, qui produit la parfaite intégrité dans le coeur, parce que c'est une consolation et un repos pour celui-ci qu'un tel amour sache toutes choses.

Tel a été Christ sur la terre: Un avec Dieu (Jean 10: 30; 14: 10, etc.). Le pécheur, qui eût eu honte de paraître devant l'homme, pouvait cacher sa face dans le sein de Jésus, certain qu'il était de ne pas trouver là un reproche. Aucun péché, s'il y en avait eu, n'était toléré, car autrement la confiance n'aurait pu exister, puisque Christ n'eût pas révélé le Dieu saint, mais il y avait là un coeur qui, au milieu du péché qui l'entourait, recevait le pécheur dans ses bras, et ce coeur, c'était le coeur de Dieu. Christ a été tout cela ici-bas; il a été plus que ma pauvre plume ne peut dire, et les hommes l'ont rejeté; il a été tout cela au travers de l'opposition, de la haine, des outrages et de la mort, et tout a été en vain pour ce qui regarde l'homme. C'est là ce qui a définitivement démontré l'état dans lequel l'homme se trouve. L'homme n'est pas seulement un pécheur, il n'a pas seulement violé la loi et rejeté les appels des prophètes; mais lorsque Dieu lui-même est apparu en grâce, il n'a pas voulu de Dieu; son cœur s'est montré ennemi de Dieu pleinement manifesté, non dans sa gloire qui accablera tous ceux qui s'élèvent contre Lui, mais dans tout l'attrait de la parfaite bonté.

La gravité de la condition de l'homme ne consiste pas tant en ce que Dieu a chassé l'homme du paradis, mais plutôt en ce que, pour autant qu'il dépendait de lui, l'homme a rejeté de cette terre Dieu venu en grâce dans un monde tel que l'avait fait le péché de l'homme. «Pourquoi suis-je venu, et il ne s'est trouvé personne? J'ai crié, et il n'y a personne qui ait répondu» (Esaïe 50: 2). «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu» (Romains 8: 7). Au commencement de son ministère, nous l'avons fait remarquer, Christ avait lié l'homme fort et avait pillé ses biens; mais le résultat de l'exercice de ce ministère fut que l'homme ne se souciait pas d'un Dieu — Sauveur et ne voulait de Dieu à aucun prix. L'homme, enfant d'Adam, fut entièrement condamné dans la mort de Jésus; toute espérance pour lui fut ensevelie là; il n'y avait plus en Dieu lui-même aucune ressource ou aucun moyen à employer, avec l'espoir de réveiller le désir du bien dans le coeur de l'homme. Non seulement, celui-ci était un pécheur, mais encore rien ne pouvait plus le ramener à Dieu. Tous les moyens avaient été mis en oeuvre, sauf le moyen exceptionnel, fondé sur l'intercession de Jésus à la croix, intercession à laquelle le Saint Esprit répond par la bouche de Pierre, en annonçant aux Juifs le retour de Jésus pour le cas où ils voudraient se repentir: mais Israël refusa cette offre aussi. Dieu épuisa toutes les ressources de la grâce souveraine; et le coeur de l'homme les repoussa toutes.

Il fallait à l'homme une nouvelle nature et la rédemption; il lui fallait une justification valable, pour un pécheur devant le trône d'un Dieu juste, et une justice qui rendît l'homme recevable devant Dieu, sans qu'il restât, de quelque côté que ce fût, du péché dont Dieu eût à s'occuper en jugement, et qui fit bien plus, qui rendit l'homme parfaitement agréable aux veux de Dieu et propre pour la gloire que Dieu avait préparée pour lui. Il fallait à l'homme un nouvel état qui ne laisserait subsister sur lui aucune trace de son précédent état de péché, un état qui satisfit à la gloire de Dieu et qui rendît l'homme parfaitement capable de jouir de cette gloire.

Selon la doctrine du christianisme, la question de la responsabilité de l'homme est entièrement vidée. Le christianisme reconnaît pleinement cette vérité, mais il déclare que l'homme est perdu. L'Evangile est un message de pur amour, mais d'un amour qui trouve le point de départ de son exercice dans le fait, que l'homme a déjà été mis à l'épreuve et qu'il est perdu. L'Evangile annonce que «le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 19: 10). Le jour qui verra l'exécution du juste jugement de Dieu, a été anticipé, pour la foi, par la déclaration claire et positive de l'évangile: «la colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et iniquité des hommes qui possèdent la vérité, tout en vivant dans l'iniquité» (Romains 1: 18); «mais la justice de Dieu est aussi révélée sur le principe de la foi pour la foi» (Romains 1: 17).

Ce sont la mort et la résurrection de Jésus qui nous apprennent ces choses: sa mort clôt l'histoire de l'homme responsable; sa résurrection recommence à nouveau l'histoire de l'homme selon Dieu. La mort de Jésus est le point où le bien et le mal se rencontrent dans toute leur puissance pour le triomphe du bien. La résurrection de Jésus est l'exercice, et la manifestation de la puissance qui place l'homme dans la personne de Christ qui a triomphé, et en vertu de ce triomphe, dans une nouvelle position, digne de l'oeuvre par laquelle Christ a remporté la victoire, digne de la présence de Dieu. Dans ce nouvel état l'homme est quitte du péché (comparez Romains 6: 7 et suivants) et en dehors de son empire et de l'atteinte de Satan.

Dans la nouvelle position, dans laquelle la résurrection de Jésus nous a introduits, nous voyons l'homme dans la vie de Dieu, là où la rédemption, la purification et la justification l'ont placé; nous le voyons propre pour l'état dans lequel les conseils de Dieu veulent l'introduire, c'est-à-dire propre pour la gloire qui est attachée à cette résurrection de Jésus. L'homme est, aussi, agréable à Dieu, comme nouvelle création de sa main, le fruit de l'oeuvre dans laquelle Dieu s'est parfaitement glorifié Lui-même. Il vaut la peine de nous arrêter un moment sur ce point.

J'ai dit que le bien et le mal se rencontrèrent dans toute leur puissance à la croix, et il faut bien saisir ce fait pour comprendre l'importance morale de la croix dans les voies éternelles de Dieu. La croix est l'expression de la haine, sans cause, de l'homme contre Dieu manifesté en grâce (comparez Jean 15: 22-25; Luc 22: 53). Christ, qui était l'expression parfaite de l'amour de Dieu au milieu de la misère que le péché avait amenée dans le monde, avait apporté sur la terre le remède à cette misère partout où il la rencontrait. En lui l'amour divin était en continuel exercice en dépit du mal; Christ n'était jamais las, jamais arrêté par l'excès du mal ou par l'ingratitude de ceux qui avaient profité de sa bonté. Le péché, quelque repoussant qu'il fût, n'arrêta jamais le cours de l'amour de Christ; il ne fut que l'occasion de l'exercice de l'amour divin. Dieu était manifesté en chair, attirant la confiance de l'homme en le cherchant, là où il était dans son péché et en montrant qu'il y avait quelque chose de supérieur au mal, à la misère et à la souillure, savoir Dieu lui-même. Christ parfaitement saint, saint d'une sainteté que rien ne pouvait jamais ternir, pouvait porter son amour au milieu du mal, de manière à inspirer de la confiance au misérable. Si un homme touchait un lépreux, il devenait souillé lui-même (comparez Lévitique 13: 46; Nombres 19: 22); mais Christ étend sa main, et touche le lépreux, disant: «Je le veux, sois net», et incontinent il fut nettoyé de sa lèpre (Matthieu 8: 3).

L'homme, qui pouvait craindre d'approcher de Dieu à cause de son péché, trouva dans la grâce qui le cherchait et qui faisait du péché une occasion pour rendre témoignage à l'amour de Dieu pour l'homme, ce qui était propre à lui inspirer de la confiance. Le coeur du pécheur pouvait se soulager en déversant dans le coeur de Dieu, qui connaissait tout, le fardeau d'une conscience coupable. Tout fut inutile — la croix fut la récompense de cet amour de Christ; l'homme ne voulait pas de Dieu.

Mais la croix manifesta la puissance du péché sous d'autres faces: La conséquence du péché, la mort, règne à la croix: elle règne à la croix. Gethsémané, qui n'est qu'une autre partie de cette scène solennelle, l'anticipation de la croix dans l'âme de Jésus, en rend témoignage: «Mon âme est de toute part saisie de tristesse jusqu'à la mort» ( Matthieu 26: 38). La mort comme puissance du mal pesait de tout son poids sur l'être de Jésus tout entier. La mort est le jugement actuel de l'homme dans la chair, exercé par la puissance de Celui qui en a ainsi la puissance; mais elle implique le péché de l'homme et la colère de Dieu contre le péché. Or c'est cette mort que Jésus a soufferte: il est vrai qu'en se soumettant absolument à la volonté de son Père, il accepta l'a coupe de sa main dans une parfaite obéissance qui ne prêtait aucun côté à Satan, mais c'était là la perfection du Sauveur. Il fut mis à l'épreuve de la manière la plus complète. La mort était la puissance de Satan sur l'homme à cause du péché, mais elle était en même temps le jugement de Dieu: elle était aussi la faiblesse de l'homme jusqu'à l'anéantissement, pour ce qui regarde son existence dans ce monde. Si nous considérons la croix de plus près, nous voyons le péché se développer sous le pouvoir de Satan à cette heure de son pouvoir (comparez Luc 22: 53; Jean 14: 30): s'agit-il d'un juge, il condamne l'innocent et se lave les mains disant: Je suis innocent du sang de ce juste…; s'agit-il d'un sacrificateur, de quelqu'un qui devait intercéder pour les égarés, il s'élève en accusateur contre l'innocent et le juste; s'agit-il d'amis, l'un trahit, l'autre renie, les autres abandonnent Celui qui avait incessamment manifesté l'abondance de son affection! Dans les hommes, il n'y a point de crainte de Dieu, point de compassion pour l'homme. Le Sauveur descendit assez bas pour qu'un misérable brigand, qui souffrait la juste punition de ses crimes, l'insultât dans sa mort!

En un mot, le bien avait été pleinement manifesté en Jésus, et le mal atteignit son apogée moral dans la réjection du Sauveur. Jésus meurt, mais il est mort au péché (Romains 6: 10); il n'admit jamais le péché dans sa nature, mais maintenant il a laissé la vie dans laquelle il a soutenu la lutte; il a abandonné toute relation avec l'ordre de choses dans lequel le péché se trouve, le brisant par la mort qui détruit cette relation. Christ n'a plus désormais de lien avec l'homme dans la chair, pas même extérieurement, ou dans la ressemblance de la chair de péché, et c'est là ce que Paul veut dire en 2 Corinthiens 5: 16. L'homme a brisé tout lien entre lui et Dieu, et Christ en a fini avec ces relations, dans lesquelles il ne permit jamais au péché d'entrer dans sa sainte nature, mais dans lesquelles il eut affaire avec le péché et l'homme. L'homme et le péché ont trouvé leur fin. L'homme est laissé dans le péché, pour autant qu'il est dans la chair, et il y a un nouvel homme, un homme entièrement en dehors de la condition des enfants d'Adam, un homme mort, n'existant pas en relation avec l'état dans lequel l'homme se trouve comme vivant dans ce monde, mais vivant à Dieu en dehors du péché.

Vérité d'une portée immense…! Christ qui a eu une vie parfaite, Christ qui était la vie et qui, tenté en toutes choses comme nous, a passé cette vie présente dans l'obéissance et la fidélité envers Dieu, Lui qui ne manifesta dans sa vie que la puissance du Saint Esprit, qui ne regarda qu'à Dieu seul et qui passa au travers de toute la puissance que l'Ennemi avait sur l'homme, quant au corps et quant à l'âme, par la mort, Christ a clos l'histoire de l'homme en cessent d'exister en relation avec lui, l'homme, conduit par Satan, ayant consommé son iniquité en mettant Christ à mort. Néanmoins ce fut Christ qui s'offrit Lui-même; et de plus, pour lui, ce chemin qu'il traversa est le chemin de la vie, et il ressuscita au-delà de la sphère du pouvoir de Satan, soit comme tentateur, soit comme celui qui a la puissance de la mort.

Contemplons maintenant le bien se manifestant dans toute sa perfection, et comme supérieur au mal.

La vie de Jésus, d'abord, nous a montré l'obéissance de l'homme par l'Esprit au travers d'un monde de péché, et en dépit de toutes les tentations par lesquelles le diable peut tenter une âme. Sa vie a été selon l'Esprit de sainteté, sa mort, obéissance parfaite. Toute cette puissance du péché dont nous avons parlé, n'a fait que rehausser le caractère et la valeur de l'obéissance. Mais il n'y a plus: l'homme est maintenant, par la mort, absolument délivré du mal; il meurt au péché; la mort rompt sa relation avec le mal, parce que la nature, qui peut être une relation avec le mal, n'existe plus désormais, du moins si la vie est là. Nous avons vu que Christ, quoiqu'il soit venu en ressemblance de chair de péché, n'admit jamais un instant le péché dans son être; mais le péché termina et termina pour nous toute relation avec la sphère où le péché existe, avec toute cette sphère d'existence, et il a clos cette relation en Christ dans une vie qui est sainte. Christ meurt et nous mourons en Lui par la puissance d'une vie qui est divine.

En même temps, l'amour parfait a été manifesté, et quand l'homme rejeta cet amour, celui-ci ne faiblit pas, mais il accomplit l'oeuvre nécessaire pour la réconciliation de ceux qui étaient ses ennemis. Le bien, l'amour, Dieu Lui-même se montrant supérieur au mal et en une telle manière que, dans l'acte même dans lequel la haine de l'homme contre Dieu fut pleinement manifestée et l'iniquité du coeur de l'homme arriva à son comble, l'amour de Dieu en Christ triomphe dans l'acte que le péché, venu à son comble, accomplit; et cet acte, c'est la mort de Christ. Le plus grand péché du monde est, de la part de Dieu et de Christ qui s'offre lui-même en sacrifice pour le péché, la propitiation faite pour le péché.

Ainsi, pour celui qui est en Christ, pour quiconque croit, le péché de la vieille nature est entièrement effacé, et celui qui croit vit comme ressuscité en Christ, dans une nouvelle vie en relation avec Dieu (Romains 6). Quelle sagesse de Dieu! Nous sommes «morts au péché» par l'acte qui manifesta ce péché à son plus haut degré, et l'amour de Dieu est constaté et manifesté dans ce qui est l'expression de la haine de l'homme (Jean 15: 22-25; Matthieu 27: 1, 20-25, 39-44; Jean 3: 16, 17; 2 Corinthiens 5: 19; Romains 5: 6-10; 8: 32; 3: 24-26; 6: 3-11; Galates 1: 4; Ephésiens 1: 7; 2: 13-17; 1 Jean 3: 16, etc.). Dieu est-il indifférent au mal et permet-il le mal en intervenant ainsi? — Tout au contraire, le juste jugement de Dieu est manifesté en même temps, si son Fils prend le péché sur Lui, s'il est fait péché pour nous, il faut qu'il souffre; la justice de Dieu est exécutée contre le péché, dans la personne de Christ, et la grâce règne par la justice magnifiée en Christ (Jean 3: 15; 2 Corinthiens 5: 21; Matthieu 26: 36-39; 27: 45-50; Romains 5: 21, etc.). Si le péché a mûri et a porté tous ses fruits, le bien a triomphé avec une perfection divine. Toute bénédiction et toute gloire ne seront que les effets de cette oeuvre qui forme le centre de toutes les voies de Dieu en jugement et en grâce.

Il nous reste à rappeler les fruits de cette oeuvre dans les voies de Dieu.

La mort de Christ avait parfaitement glorifié Dieu et manifesté son amour. Elle avait glorifié Dieu dans l'obéissance de l'homme; elle l'avait glorifié quant à sa justice et, dans le jugement prononcé contre le péché, quant à sa sainte colère contre le péché. En même temps, elle avait manifesté l'amour parfait de Dieu dans le don de son Fils, de son Unique, pour de pauvres pécheurs, afin qu'il portât les péchés de tous ceux qui croiraient en lui. L'amour désormais peut s'exercer librement, parce que ce qui a glorifié l'amour, exalte la justice.

Quels sont donc les fruits de cette oeuvre et de cet amour?

D'abord, Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père (Romains 6: 4); tout ce qu'il y a dans la gloire du Père: la révélation de sa nature, de son amour, de sa justice; sa relation avec Christ comme Fils, parfaite satisfaction dans la vie du Sauveur ici-bas, et dans l'oeuvre par laquelle Christ l'avait glorifié et avait rendu moralement possible l'accomplissement de ses conseils, tout ce qu'il y avait dans le coeur du Père, comme réponse à l'excellence de Celui qui était couché dans la tombe, tout cela était engagé dans la résurrection du Fils de l'homme. Les prémices de la puissance de Dieu, en réponse à cette oeuvre, dans laquelle le bien triompha au prix du sacrifice de Christ, sont la résurrection de Christ. Par elle, nous l'avons vu, l'homme entra dans une position entièrement, absolument nouvelle. Il a laissé la mort derrière lui; le péché, pour autant qu'il nous sépare de Dieu, n'existe plus, la vie divine est la vie de l'homme; la justice est manifestée dans l'acceptation de l'homme, non pas dans sa condamnation; et l'homme ne subsiste pas dans la faiblesse de sa propre responsabilité, et sous la puissance de la mort, mais comme le fruit de la puissance de Dieu qui a été glorifié déjà quant à sa justice.

Je parle ici d'une manière abstraite, de la position en elle-même, car si je parlais de Christ personnellement, je devrais nécessairement modifier les expressions dont je me sers. Christ a acquis cette position pour nous; nous en jouissons comme d'une position nouvelle. Lui s'y trouve lui-même; la vie divine a été en Lui toujours. S'il s'agit de la responsabilité, Lui n'a pas été faible; même dans la chair, il était né de Dieu. En même temps, sa propre position était bien différente dans sa vie d'ici-bas, de ce qu'elle est maintenant: avant sa mort, il était «en ressemblance de chair de péché» il ne l'est plus après sa résurrection; avant sa mort, il vivait dans la chair et le sang, il n'y est plus maintenant qu'il est ressuscité; il a été réellement mort, quoiqu'il fût impossible que la mort le retint; maintenant il ne meurt plus. Il est le premier qui soit entré dans la position qu'il acquit pour les siens; mais maintenant que le Saint Esprit nous a été donné, cette position, et même la gloire sont déjà la part de ceux qui croient en Lui, par la foi et par la possession de la vie divine et de l'Esprit, quoique, d'un autre côté quant au fait actuel, nous soyons encore dans nos corps mortels.

Mais quoique la résurrection ait placé le Sauveur, et nous en Lui, dans une position, qui est le fruit de la puissance de Dieu, non pas de la responsabilité de l'homme, et qui en même temps, en vertu de l'oeuvre de Christ, est le résultat de l'exercice de la justice de Dieu; et quoique Christ ait été ainsi «déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sainteté», nous n'avons pas là encore tout le résultat, même quant à sa personne, car il faut qu'il soit exalté à la droite de Dieu, dans la proximité la plus immédiate de Dieu, et glorifié de la gloire de Dieu. Fait merveilleux! transcendante justice divine…! Un homme est dans la gloire de Dieu, est assis à la droite de Dieu sur son trône!

En se plaçant là Lui-même, Christ prend personnellement la place qui lui était due en vertu de la valeur de son oeuvre sur la terre: «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié», — il est glorifié, moralement, en accomplissant l'oeuvre de la croix; — «et Dieu est glorifié en Lui. Si Dieu est glorifié en Lui, Dieu aussi le glorifiera en Lui-même, et incontinent, il le glorifiera» (Jean 13: 31, 32). «Je t'ai glorifié sur la terre; j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donné à faire; et maintenant, glorifie-moi, toi, Père, de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût» (Jean 17: 4, 5). Ce que Christ demandait, il l'a reçu. Les paroles: «Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds» (Psaumes 110: 1; Hébreux 1: 13), placent le Seigneur à la droite de Dieu pour exécuter le jugement qui mettra un terme au mal. Envisagé comme entré dans la gloire du Père, Christ assure à ceux qui le connaissent là, toute la plénitude de la bénédiction qui se lie à cette gloire.

Mais il vaut la peine, avant d'aller plus loin, de considérer la portée de ce fait étonnant: un homme, le Fils de l'homme, assis à la droite de Dieu dans la gloire divine!

Nous pouvons voir, d'un côté, le premier Adam responsable, déchu et dans le péché; plus tard, la loi et le jugement; d'un autre côté, le Fils de Dieu, le Dieu souverain descendu du ciel et devenu homme, en grâce, et, après qu'il a manifesté la parfaite grâce de Dieu envers l'homme, — la grâce surabondante là où le péché abondait, — et qu'il a accompli l'oeuvre de la propitiation pour le péché et glorifié Dieu à l'égard de la position dans laquelle l'homme se trouvait, montant et prenant place à la droite de Dieu, selon la justice de Dieu et en vertu de cette oeuvre accomplie, en sorte que l'homme est placé dans la gloire de Dieu. Nous voyons, d'un côté, la responsabilité de l'homme et le jugement; de l'autre, la grâce de Dieu, l'oeuvre de Dieu,le salut et la gloire, la justice de Dieu pour nous aussi bien que son amour, et cette justice de Dieu devenue nôtre aussi, en vertu de l'oeuvre de Christ (Romains 3: 25, 26; 8: 31 etc.; 2 Corinthiens 5: 21 etc.).

La porte est ouverte maintenant à tout pécheur, et Dieu, en vertu du sang de Christ, qui a glorifié son amour, sa justice, sa majesté, sa vérité (*), tout ce qu'il est, peut recevoir le pécheur à Lui.

L'homme a pris sa place dans la gloire selon les conseils de Dieu, pour être le chef (la tête) de tout ce qui existe (Psaumes 8: 3-7; 1 Corinthiens 15: 25-27; Ephésiens 1: 20-23; Hébreux 2: 5-9; comparez Colossiens 1: 15 etc.). Telle est la vérité dans toute sa grandeur. Christ, comme homme, est établi Chef sur toutes choses dans les cieux et sur la terre; sous ce rapport le premier Adam a été seulement la figure du dernier. En même temps, comme le premier Adam a eu une aide semblable à lui (Genèse 2: 20-25), il en est de même pour Christ: l'Eglise, qui tire son existence et son être de Lui, lui est associée. Eve ne faisait pas partie de la création inférieure dont Adam était seigneur; elle n'était pas non plus le seigneur, mais l'Epouse et la compagne d'Adam, dans la même nature et la même gloire que lui. Il en sera ainsi de l'Eglise, lorsque Christ, entrera dans son règne pour dominer sur toutes choses (comparez Ephésiens 5: 25-27 et les passages cités un peu plus haut); mais dans le temps présent, Christ est assis à la droite de Dieu et ses ennemis ne sont pas encore mis pour le marchepied de ses pieds.

(*) Si Dieu avait tout pardonné sans propitiation, il se serait montré indifférent au péché; s'il avait simplement condamné le pécheur, il n'eût pas manifesté son amour. Par la mort de Christ la justice est glorifiée, l'amour parfait exercé, l'immuable vérité de Dieu prouvée. Le péché a reçu son salaire, et la majesté divine a été sauvegardée et maintenue de la manière la plus complète et au degré le plus élevé.

Il nous reste à jeter un coup d'oeil sur l'étendue de cette domination que Christ exercera. Les anges, les autorités et les puissances lui sont soumis (1 Pierre 3: 22; comparez Ephésiens 1: 22); mais son règne doit s'étendre aussi sur la terre. Or cette domination qu'il exerce sur la terre est divisée relativement à la race humaine: les Juifs lui seront soumis, les nations aussi. Il est, en vertu d'un titre impérissable, roi des Juifs; il régnera aussi sur les nations et elles se confieront en Lui. Toute créature lui sera aussi assujettie; la création tout entière soupire après son règne (Romains 8: 21). En même temps, tout jugement est remis au Fils, parce qu'il est le Fils de l'homme (Jean 5: 27); Il a autorité sur toute chair (Jean 17: 2), et le jugement lui est remis, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père (Jean 5: 22, 23). Dans ce jugement sont compris le jugement des vivants et le jugement des morts; le premier se lie au gouvernement de la terre par Dieu, bien qu'il soit en même temps un jugement final pour ce qui concerne ceux qui en seront les objets, individuellement; le second forme la limite extrême de toutes les voies révélées de Dieu, alors que les secrets des coeurs de tous les méchants et leurs motifs cachés seront produits à la lumière.

Quand une fois l'homme Christ se sera assujetti toutes choses et qu'il aura mis tout en ordre, alors, il cédera le royaume au Père et Dieu sera tout en tous (1 Corinthiens 15: 28). L'abandon du royaume ne change rien à sa divinité, il faut bien soigneusement le remarquer. Jusqu'à ce moment l'homme avait la possession du royaume selon les conseils de Dieu: ce règne médiatorial a une fin. Christ toutefois n'est ni plus, ni moins, Dieu. Il était Dieu sur la terre et dans son humiliation; il sera Dieu dans la gloire du royaume sur lequel il dominera comme homme; il sera Dieu encore et toujours, quand, comme homme, il sera assujetti à Dieu, le premier-né éternellement entre plusieurs frères, dans la joie de la grande famille des hommes éternellement bénie devant Dieu.

Jetons encore un regard sur les voies de Dieu qui doivent amener ce glorieux résultat et établir la gloire médiatoriale de Christ.

Pendant le temps de la séance du Sauveur à la droite de Dieu, Dieu rassemble l'Eglise par l'action du Saint Esprit sur la terre: la bonne nouvelle de la grâce est annoncée dans le monde, afin de convaincre le monde de péché, et de péché, particulièrement, parce qu'il a rejeté le Fils de Dieu (Jean 16: 7-9). Ce message n'est pas la prédication de la rémission des péchés, Dieu appelant les hommes à croire à cette rémission; mais il est la proclamation de l'état d'iniquité dans lequel le monde gît, démontré par le grand fait que le monde a rejeté le Fils de Dieu, et en même temps le témoignage de Dieu, que le sang est placé sur le propitiatoire, Dieu invitant tous les hommes à venir à Lui qui les recevra selon la valeur que ce sang a devant ses yeux (1 Pierre 1: 12; 2 Corinthiens 5: 20; Colossiens 1: 23; Marc 16: 15; Luc 24: 47; 1 Corinthiens 15: 3 etc.).

D'autres précieuses vérités procèdent de cette descente du Saint Esprit du ciel. L'Esprit vient en conséquence du fait que Christ est monté au ciel (Jean 7: 39; 16: 7). La justice divine a été exercée et manifestée dans ce fait, que l'homme (Christ) est élevé à la droite de Dieu, parce qu'il a glorifié Dieu et qu'il a fait la parfaite propitiation pour le péché (Jean 13: 31, 32; 17: 4, 5; Philippiens 2: 8, 9). Or, Christ glorifia Dieu par son oeuvre accomplie pour ceux qui croient en Lui; le Saint Esprit, en conséquence, descend sur ceux qui croient déjà en Lui (Jean 7: 39; Luc 24: 49; Actes des Apôtres 1; 2) et annonce par eux ce glorieux salut; il annonce à tous les hommes que le sang est sur le propitiatoire et les invite tous à s'approcher.

De plus, le Saint Esprit, par sa demeure dans le croyant, donne à celui-ci l'assurance que tous ses péchés ont été portés par Christ (1 Pierre 2: 24), que tous ses péchés sont effacés pour toujours (Apocalypse 1: 5; Hébreux 1: 3 etc.); que lui, qui croit, est fait justice de Dieu en Christ (2 Corinthiens 5: 21), car la justice de Dieu doit recevoir et glorifier le croyant, autrement l'oeuvre de Christ aurait été faite en vain et la justice de Dieu n'entrerait pas en exercice en relation avec elle; Dieu ne reconnaîtrait par la valeur de cette oeuvre, et ne rendrait pas à Christ ce qu'il mérite de toute manière; ce qui est absolument impossible.

Le Saint Esprit est aussi, dans le croyant, le sceau pour le jour de la rédemption (Ephésiens 4: 30), le sceau de son entrée effective dans la gloire de Christ; il donne, en même temps, à celui en qui il habite, la conscience qu'il est avec Christ, qu'il est en Christ, et que Christ est en lui (Jean 14: 16-20); qu'il est enfant de Dieu, héritier de Dieu et cohéritier de Christ (Romains 8: 16, 17; Galates 4: 5-9); et finalement, il prend les choses de Christ et les lui montre, tout en le conduisant à travers le désert par le sentier qui mène à la gloire (Romains 8: 14).

Tout ce qui précède est pour le croyant individuellement. Mais il n'y a qu'un seul Esprit dans tous les croyants, et ce seul Esprit les unit tous à Christ, et, par conséquent, tous ensemble comme un seul corps, le corps de Christ qui est Chef sur toutes choses (Romains 12: 4, 5; 1 Corinthiens 12: 13, etc.). L'Eglise est une avec Christ; elle est son corps, les chrétiens étant membres de Christ et membres les uns des autres; elle est «l'Epouse de l'Agneau, la femme», (Ephésiens 5: 25, etc.), et l'Esprit la porte à attendre l'Epoux, les noces de l'Agneau (Apocalypse 22: 17; 19: 6-9). Mais ces noces auront lieu dans le ciel; or les croyants, par l'Esprit, sont dans le ciel maintenant déjà (Ephésiens 2: 6; Philippiens 3: 20, 21), unis par Lui à Celui qui est là, ayant une vocation céleste et étant séparés du monde, afin qu'ils regardent vers le ciel; c'est pourquoi ils seront ravir, dans les nuées, en l'air, au-devant de Christ, qui vient pour les prendre auprès de Lui selon sa promesse, les ressuscitant ou les changeant, afin qu'ils soient avec Lui dans la maison de son Père: et ainsi ils seront toujours avec le Seigneur (Jean 14: 2; 1 Thessaloniciens 4: 15-17). Les croyants qui ont souffert, sont enfants (*) du Père dans la gloire et ils forment tous ensemble l'Epouse et le corps de Christ.

(*) Voyez le précieux enseignement de l'Ecriture sur tout ce sujet (Ephésiens 1); les chrétiens en relation avec Dieu comme Christ Lui-même l'est à l'égard de son Dieu et Père (comparez Jean 20: 17) sont spirituellement semblables à Dieu et ses enfants, pour autant qu'il est le Père; ils sont héritiers de toutes choses, et ils sont le corps de Christ.

Ceci n'établit pas encore le royaume, mais rassemble les cohéritiers qui doivent régner avec Christ et leur donne leur place avec Lui, bien au-dessus de tout royaume, quel qu'il soit, sur la terre, quoique ce royaume doive aussi être établi et en soit la glorieuse conséquence. Satan est précipité du ciel, où il ne rentrera plus jamais (Apocalypse 12: 12; 16: 13, 14; 17: 13, 14; 19: 18, etc.). Puis, les saints reviennent avec Christ (Apocalypse 19: 11, etc.; Colossiens 3: 4; Jude 14; Zacharie 14: 5) et le pouvoir de Satan est détruit sur la terre délivrée du mal. Satan est jeté dans l'abîme (Apocalypse 20: 1-3), non par encore dans l'étang de feu et de soufre; il n'est plus le prince de ce monde que les anges mêmes ne gouvernent plus comme administrateurs de la part de Dieu. Christ et ceux qui sont les siens, l'homme prend la place qui lui appartient selon les conseils de Dieu (Psaumes 8, cité en 1 Corinthiens 15; Ephésiens 1; Hébreux 2) au-dessus de toutes choses, au-dessus de toutes les oeuvres des mains de Dieu (comparez Colossiens 1: 16-20). Christ apparaît en gloire, et les saints aussi apparaissent avec lui en gloire (Colossiens 3: 4; comparez Jean 17: 22-23). Le royaume de Dieu est établi en puissance (Matthieu 16: 28; 17: 1, etc.; Marc 9: 1, etc.; Luc 9: 26, etc.); la justice règne, et les hommes, le monde tout entier, sont en paix (Ephésiens 1: 10); Dieu établit par Christ un état de choses, qui est la réalisation de tout ce que les prophètes ont dit touchant la paix et la bénédiction de la terre, temps bienheureux où la guerre et l'oppression cesseront entièrement, où tout le monde jouira des fruits de la bonté de Dieu, sans que les passions, enflammées par Satan, poussent les hommes à s'arracher les uns aux autres les objets de leurs convoitises. Christ maintiendra la bénédiction de tous; si le mal apparaît, il sera immédiatement jugé et ôté de la terre.

Quelques faits accessoires ont leur place ici: le royaume du Fils de David est établi; toutes les promesses de Dieu à l'égard d'Israël sont accomplies en faveur de ce peuple; la loi étant écrite dans leurs coeurs, la grâce et la puissance de Dieu accompliront la bénédiction du peuple, cette bénédiction qu'il n'a pu obtenir aussi longtemps qu'elle dépendait de sa fidélité et qu'il était placé devant Dieu sur le pied de sa propre responsabilité. En même temps, le Seigneur dominera sur les nations, subordonnées à Israël, le peuple roi sur la terre.

Toutes choses sont ainsi réunies sous un seul Chef, — Christ, soit anges, soit principautés, soit l'Eglise dans le ciel, soit Israël, soit les nations — et Satan est lié.

Mais avant l'introduction de cette bénédiction universelle, «l'homme de péché» (2 Thessaloniciens 2: 3 etc.), s'élèvera ouvertement et publiquement contre Dieu; les Juifs s'uniront à lui, au moins la grande majorité du peuple, et les nations se rassembleront ensemble contre Dieu. Cette rébellion amènera un temps de tribulation extraordinaire sur le pays de Juda, et de tentation générale sur le monde pour l'épreuve des nations. Mais le témoignage de Dieu parcourra toute la terre et le jugement viendra et sera exécuté contre les apostats de la chrétienté, sur les Juifs rebelles et sur toutes les nations qui ont rejeté le témoignage de Dieu. C'est là le jugement des vivants qui aura lieu après la première résurrection; et le commencement de la plénitude des temps.

Nous avons vu plus haut ce que seront le règne et les effets du règne de Christ. — Après que les habitants de la terre auront joui ainsi d'une longue paix et d'une bénédiction ininterrompue, et qu'ils auront vu la gloire de Christ, Satan sera délié et sortira de l'abîme; alors ceux qui ne sont pas vitalement unis à Christ tomberont; Satan conduira le monde contre le siège de la gloire de Dieu sur la terre à Jérusalem et contre tous ceux qui sont fidèles au Seigneur; mais ceux qui suivront Satan seront détruits (Apocalypse 20: 7-10).

Le jugement des morts a lieu (Apocalypse 20: 11-15) et l'état éternel commence (Apocalypse 21: 1-4).

Il y a un nouveau ciel et une nouvelle terre, où la justice habite; le royaume ayant été remis à Dieu le Père, Christ, qui aura alors assujetti toutes choses, sera lui-même assujetti comme homme: et c'est là une vérité d'un prix infini pour nous, parce qu'il demeure toujours le «premier-né entre plusieurs frères». Je ne pense pas non plus que l'Eglise doive non plus perdre sa place d'Epouse de Christ et d'habitation de Dieu (comparez Ephésiens 3, et Apocalypse 21); le règne seul, dont l'existence suppose la subjugation du mal, prendra fin. Toutes choses seront faites nouvelles, et Dieu sera tout en tous (comparez 1 Corinthiens 15: 24-28). Nous jouirons de Lui dans une parfaite félicité et nous le connaîtrons selon les voies dans lesquelles il s'est manifesté dans l'histoire de l'humanité. Son Fils sera l'éternelle expression de ses pensées et le Premier de ceux qui seront éternellement bénis par son moyen, la bénédiction étant fondée sur le prix de son sang, qui ne peut jamais perdre sa valeur dans la mémoire toujours fraîche des bienheureux.