Quelques réflexions pratiques sur l'épître aux Hébreux

L'Epître aux Hébreux nous est d'un grand secours dans la pratique, en ce qu'elle nous prend là où nous sommes de fait, ici-bas, ayant dû, comme les Hébreux, laisser une position terrestre, le monde, et n'ayant en échange que des choses invisibles, tout en devant marcher au milieu des choses visibles, qui sont toujours là avec tout leur attrait pour la chair, mais qui ne sont plus à nous, comme nous ne sommes plus à elles. Nous n'avons encore rien vu de ce que nous avons en échange (je parle de réalité palpable) et nous devons marcher comme étrangers dans ce milieu difficultueux, et attendre la réalité de notre position dans l'avenir; tout cela nous place, extérieurement comme hommes, dans une position pénible, et dans un combat (pas débat) continuel, dans lequel il s'agit de remporter la victoire; mais comment? Par la foi, la foi de la marche ou la marche de la foi, car il s'agit toujours de cela dans cette épître. Alors cette foi, si elle est en activité constante, nous établit dans une position morale toute nouvelle; là, nous pouvons être constamment en paix, constamment calmes, quoique les choses extérieures et la chair intérieurement ne changent nullement jusqu'au bout.

Mais qu'est-ce que cette foi saisit pour nous faire ainsi remporter la victoire sur tout? Elle saisit les provisions pour la course, révélées dans cette épître, elle regarde toujours en avant et toujours en haut, et là elle rencontre son objet, le précieux Seigneur Jésus qui est là assis; cette attitude implique la sûreté de la victoire. Car il est là après avoir tout accompli comme sacrificateur; voilà le repos de la conscience. Il est là comme souverain sacrificateur s'occupant constamment de nous; voilà le repos du coeur. — Il est là comme précurseur des enfants de Dieu qu'il a amenés à la gloire, et il est couronné de gloire et d'honneur après avoir goûté la mort pour tout. Mais avant d'être là, il a traversé de fait le chemin où nous sommes. Il y a été dans les mêmes conditions que nous, à part le péché, même jusqu'à avoir souffert étant tenté. Il peut donc, d'une manière parfaite, sympathiser et secourir en tout et partout; c'est pourquoi il est dit: «Allons donc avec assurance au trône de la grâce», car il y a là des provisions pour le temps du besoin.

Au chapitre 1, le Saint Esprit, voulant porter nos regards sur le Seigneur assis là-haut, commence par nous parler de sa gloire comme personne divine, comme bien supérieur aux Anges, qui étaient les intermédiaires de la religion juive, et aux prophètes par lesquels Dieu avait parlé autrefois aux pères en Israël. — Il est le Créateur, il soutient tout, il est héritier de tout. Et bien! c'est Celui-là qui a fait par lui-même la purification de nos péchés, et qui est maintenant assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux.

Chapitre 2. Ce précieux Seigneur Jésus a voulu se faire homme, non seulement pour venir nous parler de Dieu, mais voulant nous amener comme enfants à la gloire, il a été consommé par les souffrances, il a goûté la mort pour tout. Or il a parfaitement glorifié Dieu comme homme (mais second homme) et Dieu l'a couronné de gloire et d'honneur, et a mis toutes choses sous ses pieds. Cela n'a pas encore lieu de fait, mais notre foi se plaît à voir ce précieux Jésus, qui a voulu, pour nous sauver et pour glorifier Dieu, être pour un peu de temps inférieur aux Anges, être consommé par les souffrances, et goûter la mort pour nous.

Mais aussi avant d'être là, il a participé à la chair et au sang, il a voulu expérimenter ce que c'est que de marcher comme homme de Dieu dans un monde souillé. Il est donc à même de secourir ceux qui sont tentés, et de sympathiser à leurs faiblesses (non pas avec le péché). Il est donc là pour moi, non seulement fidèle, mais aussi miséricordieux souverain sacrificateur.

Chapitre 3. C'est pourquoi, considérons-le là, établi de Dieu pour prendre soin de nous; et n'allons pas nous croire seuls, sans secours et sans provisions pour marcher en luttant contre les principes du mal en nous, et les difficultés autour de nous. N'allons pas courber la tête vers la terre; mais en regardant à Lui, tenons ferme jusqu'à la fin (un jour après l'autre) la confiance et la gloire de l'espérance. Confiance dans le secours constant que nous avons là-haut, et glorieuse espérance en regardant au résultat et au but de la course. — C'est justement dans ces deux choses qu'Israël a failli dans le désert. N'allons pas faire comme eux.

Prenons garde que nous n'ayons un méchant coeur d'incrédulité et que nous n'abandonnions le Dieu vivant (toujours quant à la marche). Prenons garde aussi à la séduction du péché, mais tenons ferme jusqu'au bout, en regardant toujours en haut et toujours en avant. Car (chapitre 4) nous avons une précieuse promesse pour marcher avec patience et constance; c'est qu'au terme de la course nous entrerons dans le repos de Dieu. Il reste un repos pour nous, quel bonheur! C'est le repos de Dieu. C'est la cessation du travail, des exercices spirituels pour pouvoir l'accomplir. C'est la cessation de la vigilance, de la patience, de la persévérance, de la tempérance, de l'espérance, de la foi. C'est «LE REPOS». Appliquons-nous donc d'entrer par la foi dans ce repos-là, afin de ne pas tomber en imitant l'incrédulité des Israélites. Entrons par la foi dans ce repos-là, n'en cherchant point ailleurs, et puisque celui-là est à venir, acceptons le chemin comme un chemin. Car, continue l'épître, nous ne sommes pas sans ressources pour marcher. Nous sommes faibles, vacillants, chancelants, c'est vrai. Mais pour répondre à cela, nous possédons la Parole de Dieu et la sacrificature de Christ.

La Parole de Dieu, pour découvrir en nous tout ce qui tendrait à nous faire broncher, dans le chemin de la foi, pour discerner la chair qui voudrait trouver son profit même dans les choses que nous faisons pour Dieu, et pour nous maintenir, ainsi avisés, dans la pure lumière de ce Dieu de la grâce qui nous a amenés à Lui, et avec lequel nous avons le bonheur d'avoir affaire. — Mais, je suis faible et chancelant dans le combat et dans la vigilance, rendus nécessaires par la découverte que la Parole me fait faire des tendances de la chair en moi. — Oui, sans doute, mais il y a du secours là-haut pour me faire retenir ferme ma profession; j'ai un souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, lequel a été tenté en toutes choses comme moi, à part le péché. Il sympathise à mes infirmités, il les connaît; il connaît aussi par expérience la souffrance des tentations; je puis donc compter sur son secours et sur sa sympathie. Quelle sûreté! Je puis donc aller avec confiance au trône de la grâce, aussi souvent que j'en ai besoin, toujours certain d'y trouver du secours pour résister au mal, de la miséricorde pour mes pas chancelants, et la grâce, parce que Dieu sait que je n'aime pas le péché contre lequel je combats, mais qui m'enveloppe facilement. — Ce sujet de la sacrificature se poursuit jusqu'au chapitre 10, avec d'autres sujets intercalés; toujours pour montrer la supériorité de Christ et de son oeuvre, avec ce qui en était les types.

Dans les derniers chapitres se continue le même courant de pensées: Puis donc que nous avons du secours pour tous les cas de besoin, et le repos de Dieu au bout de la course, nous sommes exhortés, à la fin du chapitre 10, à retenir la profession de notre espérance sans chanceler, car celui qui a promis est fidèle; — à ne pas rejeter loin de nous notre confiance qui a une grande récompense. Dieu sait que nous avons besoin de patience dans le chemin où nous sommes; mais encore très peu de temps et Celui qui doit venir viendra, il ne tardera pas; jusque-là, nous avons à vivre de la foi. Or cette foi rend présentes, pour le coeur, les choses que nous espérons, elle est la démonstration, pour l'âme, de celles qu'on ne voit pas. Nous avons aussi une nuée de témoins, qui, avant nous, ici-bas, ont remporté la victoire par la foi, qui ont tout laissé pour aller à la rencontre des choses qu'ils n'avaient jamais vues.

Puis par-dessus tous ceux-là, le Seigneur Jésus a marché aussi dans ce chemin, où il a consommé la foi, et cette voie lui a fait rencontrer, de la part des pécheurs, la contradiction contre lui-même. Il a enduré la croix et méprisé la honte. Nos coeurs trouvent du repos à penser que le Seigneur a été dans le chemin où nous sommes, il en connaît les difficultés. Mais il est arrivé, et nous arriverons comme lui. — Rejetant donc tout fardeau et le péché qui veut nous empêcher de marcher, regardons à Jésus, et courons avec patience la course de la foi. Ne soyons pas découragés, ni las dans nos âmes. Car nous n'avons pas encore fait, comme le Seigneur Jésus, qui a préféré mourir plutôt que de céder au mal; et c'est pour cela que Dieu, nous soignant comme ses enfants, voulant absolument nous rendre pratiquement saints et pratiquement heureux, intervient, même par des châtiments, afin de nous séparer du mal qui nous fait la guerre en venant troubler notre bonheur. Nous pouvons donc nous fier à Lui. — Car Lui-même a dit: «Je ne te laisserai point, et je ne t'abandonnerai point».

Voilà un faible résumé, à l'aide duquel, je l'espère, vous pourrez trouver, en lisant cette épître, les richesses qu'elle contient comme provisions pour la marche. Que Dieu nous donne d'aller avec une entière confiance puiser là, afin de ne pas nous traîner misérablement à côté de pareilles ressources… Que nous soyons heureux d'attendre le repos qui reste pour nous, et que nous n'en cherchions point d'autre, car non seulement ce serait une perte de temps; mais, de plus, il y a un repos d'esprit dans la renonciation à la recherche d'un repos quelconque ici-bas, extérieurement. Puis, intérieurement, cela introduit dans la jouissance du repos de nos âmes, qui consiste à accepter les choses telles que Dieu les a faites pour nous.