La paix de la conscience et la paix du cœur - Jean 14

L'Evangile nous apporte deux choses qui nous sont également indispensables, dans nos relations avec Dieu. Il nous donne la paix de la conscience en nous plaçant dans la lumière; et il nous fait connaître les pensées et les sentiments de Dieu envers nous, selon la révélation que Dieu nous en a donnée en Christ. Il nous donne la connaissance de l'oeuvre de Christ pour nous, par laquelle notre conscience est purifiée: «Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé» (Jean 3: 14), et il assure nos coeurs de l'amour de Dieu pour nous: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique» (Jean 3: 16). Ces deux vérités ne peuvent s'apprendre que dans la présence de Dieu. Une âme qui est amenée à Dieu, est amenée dans la lumière, «car ce qui manifeste tout, c'est la lumière» (Ephésiens 5: 13), et la parole de Dieu, qui est l'expression de ce que Dieu est, «juge des pensées et des intentions du coeur, car il n'y a aucune créature qui soit cachée devant Lui» (Hébreux 4: 12, 13). Nous sommes amenés dans la lumière, où toutes choses sont manifestées selon la sainteté de Dieu. La lumière est en elle-même parfaitement pure, et elle met en évidence tout ce sur quoi elle luit, «car toutes choses qui sont reprises, sont manifestées par la lumière» (Ephésiens 5: 13). «C'est ici le message que nous avons entendu de lui, et que nous vous annonçons, savoir que Dieu est lumière, et qu'il n'y a en lui nulles ténèbres»; et: «Si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché» (1 Jean 1: 5, 7). Ce fait met en évidence l'absolue nécessité qu'il y a pour nous d'être entièrement et parfaitement purifiés, car autrement la lumière ne pourrait que nous condamner. Ce n'est pas que la conscience soit insensible, car il est dit: «Réveille-toi, toi qui dors et te réveille d'entre les morts, et le Christ t'éclairera» (Ephésiens 5: 14).

Dans la présence de Dieu nous sommes, à la fois, convaincus de péché et purifiés; nous apprenons ainsi la perfection et le caractère immuable de la paix de Dieu, car toutes choses sont portées dans la présence de Dieu, et nous sommes placés en cette présence dans une rédemption éternelle. Etant amenés devant Dieu, il faut qu'il nous bannisse loin de Lui pour toujours, ou bien qu'il en bannisse le péché. La révélation de cette glorieuse rédemption ne fut faite qu'après que le voile eut été déchiré par la mort de Christ: «Or, nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur», nous ne sommes pas condamnés par cette gloire, — qui non plus n'impute pas le péché; mais «nous sommes transformés dans la même imagé, de gloire en gloire» (2 Corinthiens 3: 18).

Il ne peut pas y avoir de paix véritable dans une âme, avant que la conscience soit parfaitement et à toujours purifiée, autrement la présence de Dieu, qui révèle le péché, ne serait pour l'esprit qu'une source, de trouble et d'angoisse. C'est par ce point que la paix, chez beaucoup de chrétiens, fait défaut: leurs affections sont tournées vers Dieu, et ils sont heureux ainsi peut-être, car lorsque l'âme est attirée par Christ et qu'elle vient à Lui, s'appuyant sur son amour, elle a la paix; mais d'autres fois, quand ce sentiment fait défaut, ils se troublent et sont tourmentés. Toutes les fois que la conscience vient à être exercée, l'âme est angoissée, parce que Dieu ne l'a pas encore conduite dans la pleine clarté de la lumière, pour qu'elle fasse la découverte de sa propre dégradation et qu'elle apprenne que tout ce qui était nécessaire pour qu'elle en fût tirée pour toujours, a été complètement accompli.

Il peut arriver que, tout en croyant que nos péchés passés nous sont pardonnés, nous nous sentions mal à l'aise dans la présence de Dieu, parce que nous découvrons du mal en nous. Adam n'a pas eu à dire seulement: «J'ai mangé du fruit défendu», mais: «Je suis nu»; ainsi il faut aussi que l'âme, dans la présence de Dieu, sente que le péché est en elle, et que devant Dieu il ne peut être caché. Or, il arrive souvent que, même dans une âme qui connaît la vérité du pardon par le sang de Christ, la présence,de Dieu produise du malaise: au moment même où elle se sent devant Dieu, elle ne peut pas dire: «Tout est en règle», parce qu'elle ne s'est jamais jusque-là réellement trouvée encore dans la présence de Dieu. Comment cela se fait-il? Job dit: «J'avais ouï de mes oreilles parler de toi, mais maintenant mon oeil t'a vu, c'est pourquoi j'ai horreur de moi» (Job 42: 5, 6). Job comprit ce qu'il était dans la présence de Dieu, lorsqu'il se trouva dans cette présence. C'est ainsi que, en grâce, l'âme est amenée devant Dieu, pour que tout soit réglé pour elle maintenant et non pas au jour du jugement; l'âme apprend à discerner la nouvelle nature que Dieu a formée en elle, et ce n'est que dans cette nouvelle nature que nous pouvons apprendre la dépravation de la vieille nature, et cela dans la présence de Dieu.

Faute d'en être encore venu là et d'avoir été ainsi enseigné, le chrétien est souvent complètement bouleversé; et s'il s'est attaché à la loi il ne peut pas en être autrement, car dans ce cas on a toujours l'idée qu'il y a quelque chose à faire. Mais si j'ai la certitude qu'il n'y a en moi aucun bien (comparez Romains 7: 18), je ne penserai pas à rien faire, car sachant que l'arbre même est mauvais, je sais que le fruit aussi ne peut être que mauvais. Si j'ai été laissé sous la loi, c'est afin que j'apprenne cette leçon; mais pour autant que nous sommes participants de la nouvelle nature, nous serons capables de reconnaître l'impossibilité absolue qu'il y a à ce que la vieille nature se tienne dans la présence de Dieu. Nous voyons ainsi combien il est nécessaire que la conscience soit parfaitement purifiée, et Dieu, en nous amenant devant Lui, nous montre le sang de Christ, comme ce qui a entièrement ôté le péché, selon la sainteté de Dieu Lui-même; et alors la conscience est affranchie pour toujours. Dieu, qui sait ce que c'est que le péché, l'a aboli, selon sa propre estimation du péché, par le sang de Christ, pour toujours. Lorsque l'oeuvre était tout entière entre Christ et Dieu, «il a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même». «Maintenant en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché» (Hébreux 9: 26), et «ceux qui rendent culte, étant une fois purifiés, n'ont plus aucune conscience de péché». «Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés» (Hébreux 10: 2, 14), par la rédemption éternelle qu'il nous a obtenue, selon la valeur infinie de son oeuvre, accomplie dans la présence et selon la nature éternelle de Dieu, et qui est, par conséquent, d'une perpétuelle efficacité.

C'est ainsi que la conscience trouve la paix. Mais, comme nous l'avons dit, l'Evangile nous apporte une autre chose encore, savoir: l'assurance du coeur; car Christ ne dit pas seulement «je vous donne la paix», mais «ma paix», et il est très important de bien connaître cette paix solide que Dieu voudrait que nous possédions. Quand Christ dit: «ma paix», il ne veut pas parler simplement de la paix, mais de sa paix, c'est-à-dire la paix qu'il a Lui-même en Dieu. Le Père voudrait que, dans sa présence, nous eussions la paix de Christ. Quelle était cette paix? Y eut-il jamais le moindre nuage entre l'âme de Christ et Dieu? Christ n'a-t-il pas dit: «Je savais que tu m'entends toujours» (Jean 11: 42)? Christ avait conscience que la faveur éternelle du Père reposait sur Lui, comme aussi il en reçut le témoignage lors de son baptême par Jean; et il trouvait son repos dans ce bon plaisir éternel du Père en Lui. Ce bon plaisir découlait de la nature même de Dieu, en sorte que l'âme de Christ pouvait se reposer éternellement dans cette faveur, avec une paix qui demeurait, et qui ne pouvait être altérée jamais. La source même de l'amour divin était renfermée en Lui, qui devait en être le vase pour toujours. Or Christ nous place dans la même position de relation, dans laquelle il se trouve Lui-même, car il dit: Va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers «mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu», (Jean 20: 17); il y a une révélation non interrompue de l'intérêt qu'il prenait Lui-même à assurer les coeurs des siens de ce qu'il y avait pour eux dans son coeur à Lui, en sorte que l'âme ne fût pas accablée; il était prêt aussi toujours pour les soutenir et les assister dans toutes leurs épreuves et dans toutes leurs détresses. Est-il jamais tombé de ses lèvres une seule parole qui pût accabler leur esprit? Jamais! Mais il y avait abondamment de quoi briser le coeur, afin que Jésus pût déployer sa miséricorde. Le brigand sur la croix dit: «Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume». Jésus répondit: «AUJOURD'HUI tu seras avec moi dans le paradis» (Luc 23: 42, 43). La femme Syrophénicienne, qui venait comme «un petit chien», demandait des miettes seulement, et Jésus donnait des miettes aux «chiens»; il releva ainsi le coeur de la femme et l'attira à Lui. A la femme adultère, il dit: «.Je ne te condamne pas non plus, va et ne pèche plus» (Jean 8: 11). A Pierre qui «faisait des imprécations et jurait: je ne connais pas cet homme» (Marc 14: 71), il avait dit: «j'ai prié pour toi, que ta foi ne défaille point» (Luc 22: 32). Jésus avait prié, afin que la confiance de Pierre en son amour ne fût pas ébranlée, quoiqu'il fût nécessaire que la confiance que Pierre avait en lui-même fût détruite. Mais cette grâce restaure, car Jésus ajoute: «quand tu seras revenu, fortifie tes frères». Il voulait que Pierre eût confiance en Lui, non seulement à cause de son amour invariable, mais comme ayant aussi appris que «là où le péché abondait, la grâce a surabondé». Et alors même que les hommes diraient, comme dans le cas de Jaïrus: «ta fille est morte, pourquoi tourmentes-tu encore le maître?» Jésus répond aussitôt: «Ne crains pas, crois seulement» (Marc 5: 35, 36). Une conscience mauvaise ne peut pas avoir de confiance. Il faut donc que Dieu amène la conscience au sentiment du péché, afin que nous n'ayons pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu. Que nous disent les souffrances qui nous entourent de tous les côtés, sinon que nous ne devons pas mettre notre confiance en l'homme. «Maudit est celui qui se confie en l'homme» (Jérémie 17: 5). Nous ne devons pas davantage nous confier dans les saints, car aucun homme ne peut être un appui pour son frère. Dieu ne veut pas même que nous mettions notre confiance en un ange, parce qu'il veut intervenir Lui-même en notre faveur, et sanctifier nos coeurs pour Lui, car il est amour. Il est amour parfait, et il l'est, même au milieu de nos péchés, afin que nous puissions nous confier en Lui en toutes choses, et dire: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» C'est ainsi que l'âme est amenée à placer sa confiance en Dieu.

Jésus dit: «Je vous donne ma paix». Ayant fait la paix pour nous, il nous place dans la présence de Dieu, avec autant de certitude de la faveur divine qu'il est Lui-même. S'il n'en était pas ainsi, si le moindre doute subsistait pour nous à cet égard, nous serions d'autant plus malheureux que nous réaliserions davantage la présence de Dieu. «Je vous donne ma paix». «Que votre coeur ne soit point troublé, vous croyez en Dieu» (vous croyez que le Père vous a prouvé son amour par le don de son Fils, en sorte que vous pouvez vous reposer sur cet amour, non pas dans le sentiment de quoi que ce soit de bon qui serait en vous, mais avec la pleine conscience que tout est en Lui, et dans ce qu'il est), «croyez aussi en moi». «Je vais vous préparer une place». L'amour du Sauveur pour ses disciples leur donnait non seulement la même paix dont Lui jouissait; mais il voulait les amener auprès de Lui. Il voulait qu'ils eussent une place avec Lui, là où Lui s'en allait, afin que nous pussions nous reposer dans son amour; il ne pouvait pas être heureux sans nous avoir auprès de Lui. Au repas de la Cène il dit: «J'ai fort désiré de manger cette pâque avec vous» (Luc 22: 15). Non pas eux, mais Lui avait désiré; il se réjouissait pour Lui-même de jouir de ce dernier souper avec eux, d'avoir cette dernière occasion d'être avec ses disciples avant qu'il souffrit. Son amour pour eux trouvait son propre bonheur à s'exprimer ainsi et à être avec eux. Nous retrouvons la même pensée dans la parabole de la drachme perdue et du fils prodigue. Plusieurs, comme le fils prodigue, sont tourmentés et inquiets de savoir comment le Père les recevra. Mais c'est la joie du Père (c'est de la joie de Dieu qu'il est question), qui se manifestait dans le caractère et les voies du père à l'égard du fils. La source de l'amour et de la joie était dans le coeur du Père, et c'est en cela que l'âme trouve la paix. «L'amour parfait bannit la crainte» (1 Jean 4: 18). Si vous avez la moindre crainte, vous ne pouvez pas ne pas avoir du tourment; votre coeur n'est pas tranquille: il ne jouit pas de cette paix que Christ appelle «ma paix». Christ intervient, en premier lieu, envers nous comme pécheurs, quand nous sommes convaincus de péché, et il ne nous laisse pas qu'il n'ait amené nos âmes dans sa propre paix. Il s'en allait, et ses disciples auraient pu dire: «si seulement Christ restait avec nous toujours pour nous conduire et nous diriger, nous serions heureux»; mais cela n'était pas possible, parce que la pensée de Dieu était de nous introduire dans la joie de la maison du Père. Toutefois il ne devait pas y avoir simplement un travail d'âme en eux, dans lequel ils seraient occupés de Lui, ici-bas; mais Jésus dit. «Je m'en vais, pour m'occuper de vous — je vais vous préparer une place, — et je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi». — Il ne se reposera pas avant de nous avoir amenés dans une même joie et une même gloire avec Lui-même. Il nous a donné sa paix (non pas la paix dans le monde, car Lui n'avait certes pas la paix dans le monde); sa conscience ne Lui reprochait rien; il était toujours parfait, et son coeur pouvait toujours se reposer dans l'amour parfait du Père. C'est là ce que Christ appelle: «ma paix». Il nous donne sa paix, une paix qui convenait à Christ, et il est allé nous préparer une place, comme le résultat et la conséquence nécessaires de l'amour qui nous donna sa paix. Son coeur veut quelque chose; il veut nous avoir auprès de Lui-même. «Père, je veux quant à ceux que tu m'as donnés, que là où je suis, ils y soient aussi avec moi» (Jean 17: 24). Son coeur n'a pas de repos qu'il n'ait fait tout ce qu'il fallait faire, ainsi que Naomi apprit à Ruth à l'égard de Boaz.

Maintenant, je vous le demande, pourquoi y a-t-il tant de travail et de trouble dans les âmes, si la propre paix de Christ nous appartient? Pourquoi l'épreuve nous exerce-t-elle? N'y a-t-il pas bien des choses qui nous distraient et qui s'attachent à nos coeurs? Et pourquoi? Parce que nos affections ne sont pas formées de manière à nous faire «croître en Lui en toutes choses», «à la mesure de la stature de la plénitude de Christ» (Ephésiens 4: 13). Christ ne dit pas, que nos coeurs ne seront pas troublés, mais il dit: «que vos coeurs ne soient pas troublés!» Il faut nécessairement qu'il y ait du trouble, quand le nuage qui couvre le coeur doit être ôté; mais nous avons l'Esprit de Dieu en nous, qui nous nourrit, prenant les choses de Christ et nous les communiquant, et la main de Dieu qui brise tout ce qui est de la chair, en sorte que Paul pouvait dire: «Nous nous glorifions dans les tribulations» (Romains 5: 3). Mais pourquoi cela est-il ainsi? Parce que cela est avantageux, car c'est par ce moyen que nous sommes amenés à juger, dans notre chair, ce qui fait obstacle à notre joie et à notre bonheur. Ce n'est pas seulement après que nous avons connu la paix depuis un certain temps, mais depuis le premier moment où nous connaissons la paix de Christ, que nous pouvons nous confier en Christ. La confiance est parfaite en Christ; et si je ne puis pas dire comme Paul: «Je puis toutes choses en Christ qui me fortifie» — (Philippiens 4: 13), je puis dire au moins: «Je sais que cela est vrai».

J'ajouterai une chose encore. Le Saint Esprit nous est donné afin que nous jouissions de l'amour de Dieu, et cette jouissance est liée au chemin dans lequel l'Esprit nous fait marcher. Nous devons être amenés à la conviction qu'il y a du péché et qu'il y a de la grâce, en face de tout ce péché, afin de l'effacer. Dieu gouverne comme un père dans sa famille, et la faveur du père dépend nécessairement toujours de la conduite de l'enfant. C'est pourquoi Jésus dit: «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour» (Jean 15: 10). Quand il est question de la grâce de Dieu envers nous comme pécheurs, nous lisons: «en ceci est l'amour, non que nous ayons aimé Dieu…» (1 Jean 4: 10). Dans le sentier de l'Esprit, nous saurons quel est cet amour de Dieu, comme Christ dit: «Moi, j'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour, si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour!».