Le vrai sentier du chrétien - Ephésiens 4 & 5

Les chapitre 4 et 5 de l'épître aux Ephésiens nous font connaître le vrai sentier du chrétien ou, pour mieux dire, le principe et la mesure de sa marche, faisant ressortir ainsi toute l'élévation morale de cette marche. Permettez-moi de vous communiquer en quelques mots ce qui m'a frappé à ce propos dans la lecture des chapitres dont je parle: je ne m'occuperai que des grands principes, désirant qu'il soit donné à quelque autre que moi d'ajouter à ces lignes une parole d'exhortation.

L'apôtre avait développé, dans la première partie de l'épître, la doctrine chrétienne relativement à nos relations avec le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, car nos relations avec Dieu comme chrétiens sont fondées sur ce double nom; il avait parlé ensuite des relations de l'Eglise avec Christ; et maintenant, à partir du chapitre 4, il exhorte les chrétiens au sujet de leur conduite. Les chrétiens ne doivent pas marcher, comme le reste des nations, dans la corruption qui est liée à l'état de ténèbres dans lesquelles celles-ci sont plongées; ils n'ont pas ainsi appris le Christ, si réellement ils connaissent ce qu'est la vérité en Jésus Christ.

La vérité, telle qu'elle est en Jésus, en effet, c'est que, quant à la conversation précédente, nous avons dépouillé le vieil homme qui est corrompu selon les convoitises trompeuses et que nous avons revêtu (*) le nouvel homme, créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité. Nous voyons ainsi de prime abord quel est le véritable caractère du nouvel homme: il est «créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité». Il ne s'agit pas encore de l'amour, quoique celui-ci ne puisse jamais être séparé de la nouvelle nature, mais Dieu nous apprend quelle est en elle-même la nature morale du nouvel homme relativement au bien et au mal.

(*) C'est ainsi qu'il faut lire ces versets 23 et 24: «savoir que… vous avez dépouillé le vieil homme… et que vous avez revêtu le nouvel homme…»; et non pas: «savoir que vous dépouilliez… et que vous revêtiez…».

Dieu a été parfaitement révélé par l'oeuvre de Christ, et il l'a été à l'égard du mai et du péché. Dieu a été révélé dans ses voies à l'égard d'autres que Lui-même, — à l'égard du mal et du bien là où ils sont, — à l'égard de ce qui le glorifie, c'est-à-dire à l'égard de Christ. Dieu est juste! Dieu a été révélé aussi dans sa propre nature, à l'égard du bien et du mal, haïssant le mal et faisant ses délices de ce qui est pur et bon. Dieu est saint! Adam était innocent; il n'a pas connu le bien et le mal avant d'avoir mangé le fruit défendu.

Nous connaissons le bien et le mal maintenant, et si nous devions être «selon Dieu», il faut que nous soyons élevés à une nature bien plus excellente que l'innocence d'Adam; il faut que nous soyons «crées, selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité». La puissance de la Parole divine révélant Dieu (comme Christ assis maintenant à la droite de la Majesté dans les cieux l'a manifesté) et nous vivifiant, montre quel est le véritable, caractère de sainteté dans lequel nous sommes créés selon Dieu (comparez Jean 17: 17, 19). Dieu est connu maintenant, non seulement comme un Créateur qui voit que tout ce qu'il a fait est «très bon» (comp. Genèse 1: 31), mais comme un Dieu dont la nature tout entière est révélée dans les voies et dans l'oeuvre de la rédemption, alors que le mal et le bien sont pleinement manifestés, alors que le mal est entré dans le monde et qu'il est mûr. Mais la rédemption, en laquelle, de notre état de mort dans le péché, nous avons été vivifiés et ressuscités comme Christ est sorti du tombeau, la rédemption a fait de nous une nouvelle création, nous ayant transportés entièrement, en dehors de cet état de mort dans lequel nous étions plongés, dans un autre état où, vivifiés désormais, nous sommes, comme tels, l'expression vivante de la nature divine ainsi pleinement révélée. Nous sommes créés de nouveau «selon Dieu en justice et sainteté de la vérité» (comparez Colossiens 3: 9-11). — Ce que Dieu est quant au bien et au mal, nous le sommes par nature comme ayant revêtu le nouvel homme créé de nouveau en Jésus Christ, et cette position nouvelle est liée, comme nous l'apprenons par l'épître aux Colossiens, à une pleine connaissance de Dieu ainsi révélé. Nous sommes devenus, par une nouvelle création, participants de la nature divine révélée en Christ (comparez aussi 2 Corinthiens 5: 17; 2 Pierre 1: 4).

Tel est le premier principe de notre marche chrétienne: telle est notre vie, ce que nous sommes en tant que chrétiens.

Le second principe, c'est la présence du Saint Esprit demeurant en nous (chapitre 4: 30): Dieu lui-même habite en nous par son Esprit et verse son amour dans nos coeurs; nous avons été ainsi scellés pour le jour de la rédemption finale et complète. Nous ne devons donc pas attrister un hôte aussi saint et aussi précieux; nous ne devons rien tolérer dans nos coeurs qui soit incompatible avec la présence de Celui en qui tout respire l'amour, la pureté, la paix. Ce n'est pas simplement que nous possédions maintenant une nouvelle nature, sainte et juste en elle même, et qui est capable de jouir de Dieu révélé en Christ, mais Dieu lui-même habite en nous, répandant son amour dans nos coeurs, nous scellant pour le temps où nous jouirons pleinement de Lui. Il nous guide, nous dirige, révèle à nos esprits les choses de Christ, nous communique ce qui nous est bon, nous remplissant de ce qui est divin; mais, ici, tout spécialement, il demeure avec nous, il habite en nous, de sorte que rien d'incompatible avec la présence de Dieu lui-même en amour ne doit être toléré en nous et que nous devons marcher selon l'amour de la nature divine.

Tels sont les deux grands principes de la marche chrétienne. Le chrétien a dépouillé le vieil homme, le vieil Adam, avec toutes ses convoitises et sa volonté, et il a revêtu le nouvel homme, qui, avec la connaissance de l'estimation que Dieu fait de la justice et de la sainteté, est créé selon Dieu, selon cette justice et cette sainteté; ensuite le Saint Esprit demeure avec le chrétien et habite en lui, et le chrétien ne doit pas l'attrister: aucune parole ne doit sortir de ses lèvres, aucune pensée ne doit trouver place dans son coeur, qui soient indignes de cet hôte saint qui répand l'amour de Dieu dans nos coeurs et nous scelle pour le jour où tout sera sainteté et bonheur. En un mot, la nature divine avec tout son effet moral, et la présence de Dieu en amour, et la puissance d'une sainte espérance forment le chrétien et le conduisent sur les pas de Celui qui a été l'expression de cette nature divine dans l'homme ici-bas.

Dieu exprime par deux noms ce qu'il est: Dieu est lumière et Dieu est amour (comparez 1 Jean 1: 5; 4: 8); et Dieu relève ici, au chapitre 5, ces deux noms comme étant les deux caractères essentiels de la marche du chrétien. Christ lui-même est la mesure et le modèle pratique de cette marche, Lui en qui nous voyons la vie de Dieu, Dieu lui-même dans un homme. Nous apprenons ainsi quelle est l'élévation morale de la vie pratique à laquelle le chrétien est appelé. «Soyez les imitateurs de Dieu!» Nous avons été faits participants de la nature divine, étant créés selon Dieu; le Saint Esprit nous a été donné; nous sommes scellés de lui, ainsi la mesure du chrétien n'est pas ce que l'homme devrait être, mais ce que Dieu est, et a été pour lui. Il est clair que je ne parle pas ici de la Toute-science, ou de la Toute-puissance de Dieu, ou d'autres choses semblables, mais de ce que Dieu est et a été moralement en sainteté et en amour.

Il faut remarquer ici qu'il n'est jamais dit que nous soyons amour: c'est la prérogative de Dieu d'être amour, et d'aimer sans aucun motif pour le faire que ce qu'il est, mais nous, afin que l'amour soit saint, et parce que nous sommes des créatures, nous avons besoin d'un objet et d'un motif. Nous ne pouvons pas être amour et aimer souverainement, car nous ne sommes pas souverains, mais des créatures dépendantes. Nous allons voir cependant, de quelle manière merveilleuse le divin caractère de cet amour en nous est sauvegardé, quoique Dieu lui-même en devienne le vrai et final objet. Pour ce qui est de la lumière, il est dit que nous sommes lumière, car nous pouvons avoir une nature pure et nous l'avons dans le nouvel homme.

Nous sommes donc appelés à être «imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants». Etant nés de Dieu, nous devons l'imiter et le suivre dans nos actions et notre esprit, comme participants de sa nature divine et étant vis-à-vis de Lui dans la position d'enfants. Nous sommes appelés à être les imitateurs de Dieu et à marcher dans l'amour manifesté sous un double caractère, qui, comme je viens de le dire, maintient sa divine perfection. Il faut que nous soyons bons et pleins de compassion les uns envers les autres, nous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu nous a pardonné et nous a montré sa grâce (comparez Matthieu 5: 48 et les versets qui précèdent; voyez aussi Colossiens 3: 13); mais il y a un autre élément de l'amour divin dans l'homme qui porte au plus haut degré l'empreinte de la perfection et que nous retrouvons également et nécessairement en Christ, puisque Christ, comme nous l'avons remarqué, est le modèle de la manifestation du caractère de Dieu dans l'homme. «Soyez les imitateurs de Dieu… et marchez dans l'amour, comme le Christ nous a aimés et s'est donné lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en odeur de bonne senteur» (chapitre 5: 1, 2). L'amour parfait fut manifesté ici-bas en Christ, en ce qu'il s'est donné Lui-même, et ainsi nous aussi nous sommes appelés à livrer nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est notre service intelligent (Romains 12: 1). Deux principes caractérisent cette perfection. En premier lieu, Christ s'est offert lui-même: ce n'est pas là seulement aimer son prochain comme soi-même — (ce qui est un principe vrai et parfait, alors que le mal n'existe pas, ou un état que la loi comme telle produirait, si elle en était capable), ôtant ainsi tout vestige de mal dans le monde; — mais c'est là où le péché, moral ou extérieur, ou bien la misère l'exige, se donner entièrement, s'offrir soi-même. Christ s'est dévoué, il s'est offert lui-même, parfait en amour. Notre sentier est de le suivre, c'est pourquoi nous lisons: «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que Lui a laissé sa vie pour nous, et nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3: 16). En second lieu, Christ s'est offert à Dieu. L'objet, et le motif de son amour étaient également parfaits: s'il s'était seulement donné pour nous, il aurait pu avoir été mû par un touchant sentiment de générosité et de noblesse de coeur, mais l'objet qui l'aurait conduit eût été imparfait et par conséquent incapable de rendre parfait l'acte dont il était le motif, que cet objet, c'est-à-dire les hommes, fussent bons ou qu'ils fussent simplement mauvais; car l'amour de Christ était l'amour dans un homme, un amour qui avait un motif, quoiqu'il fût l'amour divin: et c'est en cela que Christ est un modèle pour nous. Mais Christ s'est offert Lui-même à Dieu pour nous; et ici notre indignité même ne fait que rehausser et rendre plus glorieuse la preuve de la perfection. L'offrande étant faite à Dieu, l'objet qui en était le motif était parfait, et l'acte de l'amour était parfait. C'est pourquoi aussi nous sommes invités à joindre à «l'affection fraternelle, l'amour», que Dieu nous apprend être «le lien de la perfection» (comparez 2 Pierre 1: 7; Colossiens 3: 14). L'amour souverain, absolu, n'a d'autre motif que lui-même, et nous sommes appelés à imiter Dieu sous ce rapport, alors que quelqu'un nous a offensés ou nous a fait tort (chapitre 4: 32; comparez Colossiens 3: 13); mais quand il s'agit d'un amour qui a un objet ou un motif dans un homme, lorsque c'est le motif qui donne à l'amour son véritable caractère, alors, pour que l'amour soit moralement parfait, il faut que l'on s'offre soi-même à Dieu. Le moi, quel qu'il soit, fût-ce, quand il s'agit de nous, notre mauvais moi, est offert à Dieu: nous livrons nos corps en sacrifice vivant (Romains 12: 1).

L'Ecriture ne dit donc jamais que nous soyons amour, parce que nous ne pouvons pas être amour souverain; mais Dieu nous appelle à être ses imitateurs dans cet amour et à pardonner comme Lui, qui reste élevé toujours au-dessus du mal, a pardonné; et il veut que nous marchions dans un amour qui offre le moi tout entier à Dieu comme Christ a fait: précieux privilège!

Le second nom, par lequel Dieu exprime ce qu'il est, c'est la lumière, c'est-à-dire la pureté essentielle de la nature, et à cet égard ce qui est dit de Dieu est dit de nous en Christ. «Dieu est lumière…»; et: «maintenant, vous êtes lumière au Seigneur» (1 Jean 1: 5; Ephésiens 5: 8), car pour autant que Christ est notre vie, — parce que nous avons revêtu le nouvel homme et dépouillé le vieil homme, — nous sommes tels — Christ est notre vie. Ceci n'est pas, comme l'amour, une prérogative de Dieu qui aime sans autre motif que ce qu'il est: c'est une nature qui nous a été donnée. Nous étions autrefois ténèbres; mais, maintenant, nous sommes lumière au Seigneur. La lumière ne peut pas être séparée de l'amour, parce que c'est elle qui donne la pureté des motifs, mettant de côté le moi (comparez 1 Thessaloniciens 3: 12, 13); cependant la lumière est différente de l'amour; elle est la pureté de nature, de pensée et d'objet qui fut manifestée en Christ. — Je n'ajoute pas «de conduite», parce que ceci est matière d'exhortation: «Marchez comme des enfants de lumière». Dieu est lumière, la pureté même, et manifestant toutes choses; quand Christ était dans le monde il était la lumière du monde: «en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes» (Jean 1: 4), et en Lui nous avons la vie, et nous devenons ainsi «lumière dans le Seigneur», au milieu d'une génération tortue et perverse, parmi laquelle nous reluisons comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie (comparez Philippiens 2: 15), comme Christ a été la manifestation de la Parole de vie (1 Jean 1). «Dieu a relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu en la face de Jésus Christ» (2 Corinthiens 4: 6); alors sans doute Dieu le faisait pour l'accomplissement de son propos dans le témoignage apostolique; mais maintenant encore, en nous qui avons Christ pour notre vie, les fruits de la lumière sont manifestés, une intelligence divine du bien, telle qu'elle a été manifestée en Christ en contraste avec les ténèbres du monde (ténèbres qui faisaient partie de notre nature) et la séparation du bien d'avec le mal, par la parole, mais par la connaissance vivante de Christ tel qu'il est, ce dont toute sa vie a été l'expression pratique. Il est écrit,: «Sanctifie-les par ta vérité; ta parole est la vérité»; «et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité»; et pareillement, quand il s'agit de notre communion avec Dieu un tel souverain sacrificateur nous convenait, saint innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux» (Jean 17: 17, 19; Hébreux 7: 26). C'est la révélation de Christ, tel qu'il est maintenant, qui agit par le Saint Esprit sur nos âmes: «Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image de gloire en gloire…» (2 Corinthiens 3: 18); et l'effet de cette révélation sur notre marche, c'est de nous faire marcher comme Lui a marché sur la terre, c'est pourquoi aussi il a pu parler alors de Lui-même, comme du «Fils de l'homme qui est dans le ciel» (Jean 3: 13; 1 Jean 1: 6). C'était là, sans doute, la gloire de sa personne; mais pour autant que nous sommes introduits par la foi, vitalement, par la puissance du Saint Esprit, dans ce qui est céleste, nous sommes purifiés par ces choses, quant à l'objet et aux motifs qui nous conduisent, dans notre marche ici-bas, en même temps que l'humble sentier du Sauveur sur la terre engage nos affections et nous le fait imiter et suivre. Ce qui s'est révélé, en puissance, dans ce qu'il est, a été manifesté au coeur intelligent dans sa vie ici-bas: il a été déterminé Fils de Dieu en puissance, selon «l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts» (Romains 1: 4). En nous, c'est une nature, un nouvel homme, mais une nature qui, comme il faut que cela soit pour une créature, a un objet, savoir Christ, «Je suis crucifié avec Christ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi; — et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils de Dieu» (Galates 2: 20): et encore: «Vous êtes lumière dans le Seigneur» (Ephésiens 5: 8). Alors, non seulement les choses répréhensibles sont manifestées par la lumière, mais Christ lui-même est le parfait modèle de la lumière de l'âme: «Réveille-toi, toi qui dors», toi, chrétien, qui t'es endormi dans les délices ou dans l'insouciance et l'apathie, comme les morts, quoique tu ne sois pas mort, «et le Christ t'éclairera» (chapitre 5: 13, 14). Dieu est lumière; nous sommes lumière dans le Seigneur; et la parfaite expression de cette lumière dans l'homme, à laquelle nous sommes appelés à marcher, c'est Christ. Le regard est tourné vers Christ: «Et le Christ vous éclairera! »

Telle est donc la vraie mesure de la marche chrétienne, savoir ce que Dieu est dans sa nature, comme amour et comme lumière, manifesté dans sa vraie, parfaite et bienheureuse expression, sur la terre, dans un homme, en Christ. Ainsi nous sommes appelés à être imitateurs; de Dieu comme de bien-aimés enfants, en sorte que le fruit de la lumière, la pureté de la nature divine, soit manifestée en nous.