Qu'il est doux,
chers frères, de penser à cette «grande miséricorde», cet
amour éternel de notre Dieu, qui nous «appelle à son propre royaume et à sa
propre gloire» (1 Thessaloniciens 2: 12), nous donnant «une espérance vivante
par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, pour un héritage
incorruptible, sans souillure et qui ne peut se flétrir, conservé dans les
cieux pour nous!» Qu'il est doux aussi de considérer l'immuable sécurité dans
laquelle nous sommes: «gardés par la puissance
de Dieu, par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé aux derniers
temps!» Dans l'original, l'expression de gardés a
une force toute particulière, et présente la position de l'Eglise comme étant
fortifiée, enfermée, protégée, par le pouvoir de Dieu contre toutes les
puissances des ténèbres. «Les portes de l'enfer ne
prévaudront point contre elle» (Matthieu 16: 18). Et quand il y a des hommes
qui veulent tirer parti de cette vérité précieuse, et disent que puisqu'ils
sont «gardés», ils peuvent vivre comme il leur plaît,
nous avons à leur répondre: «non, nous sommes «gardés par la foi». Ce
n'est qu'autant que nous vivons par la foi, réalisant la puissance de la foi —
cette foi qui rend, victorieux du monde, que nous comprenons quelle est cette
puissance de Dieu par laquelle nous sommes «gardés».
Chers amis,
cette puissance devrait être manifestée; nous
devrions la faire voir, nous qui sommes «gardés» par elle. Il faudrait
que le monde pût voir ce que nous sommes, tout comme nous voudrions savoir
ce que nous serons. «Nous sommes maintenant enfants de
Dieu» (1 Jean 3: 2). Ah! considérons quelle est cette
relation; pensons à ce que nous devons être comme des «enfants de Dieu» — des
«enfants d'obéissance». — Comment devons-nous vivre? avec
Dieu! en Dieu! — non pas «dans le monde». Que devons-nous faire? aimer, garder les paroles de Jésus, «ne nous
conformant pas à nos convoitises d'autrefois, pendant notre ignorance», et
alors Jésus viendra et le Père viendra, et ils feront leur demeure chez nous»
(Jean 16: 23). «Vous êtes la lumière du
monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Aussi
n'allume-t-on pas une lampe pour la mettre sous un boisseau, mais sur un pied
de lampe, et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison. Que votre
lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est aux cieux» (Matthieu 5: 14, 15, 16).
Mais que fait
l'Eglise, chers amis? Vit-elle dans le ciel ainsi
qu'elle doit le faire? Est-ce qu'elle éblouit le monde
par la manifestation glorieuse de la sainteté et de la puissance de Dieu? Est-elle le reflet de la splendeur de son image? Est-elle «la lumière du monde»
en effet? — Hélas non! Les chrétiens se traînent dans
la boue; leur religion est un scandale même au monde,
et mieux vaudrait ne faire aucune profession: un pareil christianisme
fait des incrédules. Hélas! Hélas!
— comment se fait-il que l'Eglise ait ainsi perdu la puissance, la force, la
paix! Comment a-t-elle oublié la pensée de Dieu et s'est-elle jetée hors de sa
véritable place! Au lieu de rendre témoignage contre
le mal, de porter l'image de Christ sur la terre, les chrétiens se sont joints
au mal, ils se sont unis au monde, ils se sont embarrassés dans ses filets, et
ont lié leurs pieds de chaînes. Au lieu de vivre dans l'attente de ce qui est
annoncé ici comme étant «prêt à être révélé au dernier
temps», ayant le coeur rempli de la vive espérance de
la venue de leur Seigneur (ainsi que cela devrait être, et ainsi que cela
serait, s'ils étaient fidèles), où en sont-ils? La plupart voudraient que
Christ ne vint pas encore, et même qu'Il retardât sa
venue de quelques siècles de plus!
Ceci n'est-il
pas la preuve, chers amis, que nous attendons quelque chose de la terre? que nous avons et cherchons à avoir notre portion ici bas? Je crois que rien ne détache autant le coeur des choses visibles que la réalisation de la venue de
Christ. Nous en voyons l'effet dans l'Eglise primitive:
alors les chrétiens ne calculaient pas combien d'années pouvaient s'écouler
avant le retour de leur Seigneur. Ils L'attendaient;
ils espéraient qu'Il viendrait de leur temps. Alors ce serait le jour du «salut» pour l'Eglise, le moment de sa gloire. Ils
verraient leur Seigneur face à face, et ils Lui seraient semblables!
Ceux qui s'en étaient allés avant eux étaient heureux, inexprimablement
heureux, sans doute — ils étaient «avec Christ» —
cependant ils ne Lui étaient pas encore semblables, ils n'étaient pas encore
rendus conformes à son image — ils attendaient encore la venue de leur Seigneur
(1 Thessaloniciens 4: 16). Et c'est vers cette même perspective, mes
bien-aimés, que nous devrions tourner nos regards;
c'est en vue de ce moment que nous devrions nous tenir prêts, ayant nos reins
ceints et nos lampes allumées.
Ah! suivons l'exemple de ces hommes qui couraient dans
une lice terrestre, pour remporter un prix terrestre: avec quel soin ils
regardaient à leurs pieds pour que rien ne vint entraver leur course! comme ils
tenaient leurs yeux fixés sur les lauriers du but! Et nous, nous qui
courons pour obtenir une couronne incorruptible, un héritage qui ne se peut
flétrir, est-ce à nous de nous arrêter dans le chemin, de nous détourner
pour chaque babiole, même la moindre, qui se présente à nous?
Quand une gloire pareille nous est promise, devons-nous nous laisser séduire
par les fausses lueurs des gloires de Satan?
Devons-nous placer nos affections sur ce qui n'est que cendre et poussière, —
sur ce qui sera jeté aux flammes à la venue de Christ?
C'est une triste vérité pour l'homme du monde, que tout ce qui a fait son
orgueil, tout ce qu'il s'est amassé pour lui-même, il ne l'a amassé en réalité
que pour le jour de la colère de Dieu.
Chers amis, nous
ne pouvons pas saisir à la fois les choses qui sont «devant»
et celles qui sont «derrière». Si nous «courons,
regardant au but, vers le prix de la céleste vocation de Dieu dans le Christ
Jésus»; si nous «tendons avec effort vers les choses qui sont devant»
(Philippiens 3: 14), nous devons oublier celles qui sont derrière. Si nous
regardons en haut vers cet héritage qui est conservé pour nous dans les cieux,
nous ne pouvons pas demeurer couchés dans la poussière de ce monde, à la
recherche de ce qu'il pourrait avoir à nous donner. La foi est la démonstration
des choses qu'on ne voit point; c'est une ferme
confiance dans les vérités de Dieu.
Nous ne pouvons
comprendre ce que c'est que d'être «héritiers de Dieu» — héritiers de
Dieu! — quelle pensée! La foi la plus vivante ne saurait la réaliser. Il
nous est dit que la reine de Sheba, malgré tout ce qu'elle avait appris de la
gloire de Salomon, s'écria, éblouie par ce qu'elle voyait:
«Voici, on ne m'en avait pas rapporté la moitié» (1 Rois 10: 7)! — eh! bien, il
en sera de même pour nous, quand nous «contemplerons le roi dans sa beauté»,
quand «nous regarderons la terre éloignée» (Esaïe 33: 17). Ah!
déjà maintenant mon âme voudrait s'épanouir dans les rayons — oui, dans la
pleine lumière de la gloire éternelle, cette gloire qui surpassera toutes les
autres gloires, autant que la splendeur du soleil surpasse toutes les autres
clartés. — Chers frères, combien nous serons étonnés alors, en nous
souvenant des choses qui maintenant ont la puissance de détourner notre
pensée et d'occuper notre coeur.
Remarquons cette
parole: «maintenant le salut est plus près de nous
que lorsque nous avons cru» (Romains 13: 11). Quand on criait de Séhir: «Sentinelle! qu'y a-t-il depuis le soir? Sentinelle! qu'y a-t-il depuis le soir? La sentinelle a dit: le matin est venu» (Esaïe 21: 11, 13); il en est de
même quand nous rencontrons, dans ces derniers jours, «des moqueurs marchant
selon leurs propres convoitises, et disant: Où est la promesse de son
avènement?» (2 Pierre 3: 3). Nous pouvons leur
répliquer avec joie: «le matin est venu». «La nuit est fort avancée et le jour s'est approché,
rejetons donc les oeuvres des ténèbres, et
revêtons les armes de la lumière» (Romains 13: 13). Ne nous contentons pas
d'enlever un peu de mal ici, un peu de mal là, mais obéissons au commandement
du Seigneur Dieu, quand Il dit: «Sortez du milieu
d'eux et vous en séparez» (2 Corinthiens 6: 17). Ne souffrons pas que le mal
nous entrave dans notre marche, ne fût-ce que de l'épaisseur d'un cheveu.
Débarrassons-nous de ce joug du monde qui pèse sur nos épaules, et nous empêche
de lever la tête et de voir que notre délivrance approche. «Puis
donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles gens
devriez-vous être en sainte conduite et piété, attendant et hâtant la venue
du jour de Dieu, dans lequel les cieux étant en feu, seront dissous, et les
éléments embrasés se fondront. Mais nous attendons, selon sa promesse, de
nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite. C'est
pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, étudiez-vous à être trouvés sans
tâche et irréprochables devant Lui, en paix» (2 Pierre
3: 11-14). Montrons au monde «que notre conversation
est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme
Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement, afin qu'il soit
rendu conforme au corps de sa gloire, selon l'opération de cette puissance par
laquelle Il peut même s'assujettir toutes choses» (Philippiens 3: 20, 21).— «Tenons
fermes dans le Seigneur» (1 Thessaloniciens 3: 8).
Les paroles nous
manquent pour donner une idée de la gloire future des saints, ou pour dire ce
que ce sera que d'être «semblables à Jésus»; nous ne pouvons aller plus loin
que l'apôtre, quand il dit: «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de
Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que
lorsqu'Il sera manifesté, nous Lui serons semblables, car nous Le verrons
comme Il est» (1 Jean 3: 2); toutefois Dieu veut que ce qui nous est révélé
de cette gloire future, ait son influence pratique actuelle sur
nos coeurs, c'est pourquoi l'apôtre ajoute: «et
quiconque a cette espérance en Lui, se purifie comme Lui est pur». Ah! que la puissance de Dieu soit plus visible en nous!
Relevons-nous hors de la poussière, relevons-nous dans toute la gloire qui nous
appartient! Que le monde voie quelles sont nos espérances
et quelle est notre attente. Montrons-lui qu'elles portent le cachet de
l'éternité, et que nos actions le portent comme elles!
Lorsque toutes
les choses, dans lesquelles le monde se complaît et se glorifie maintenant,
seront l'objet de la colère de Dieu et de son jugement terrible;
quand, les hommes «diront aux montagnes et aux rochers: tombez sur nous et
cachez-nous» (Apocalypse 6: 16), alors les saints porteront des couronnes incorruptibles
et posséderont un héritage qui ne se peut flétrir. «C'est
pourquoi, ceignant les reins de votre entendement, et étant sobres, espérez
parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus
Christ, comme des enfants d'obéissance, ne vous conformant point à vos
convoitises d'autrefois, pendant votre ignorance; mais comme celui qui vous a
appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, parce
qu'il est écrit: «soyez saints, car moi je suis saint».