«La fin du Seigneur» - Hébreux 12: 1-11

Dans quelque circonstance que l'on se trouve, il n'est pas de communion possible avec Dieu, sur un autre fondement que celui de la grâce. Jamais il n'y en eut. Bien des dispensations sont venues le prouver: entre Dieu et l'homme, il ne peut y avoir de communion en dehors du principe de la grâce. Aucun acte de Dieu envers des pécheurs n'aurait pu avoir d'autre but, que de les rejeter, à moins que ce ne fût uniquement en grâce que Dieu allât vers eux. Cette vérité se montre partout dans les voies de Dieu, dans celles de sa providence comme dans d'autres; elle les caractérise toutes. Nos coeurs ne peuvent être droits devant Dieu, si ce n'est pas sur le fondement de la grâce que nous nous tenons devant Lui; même quand Il nous châtie, c'est la patience de sa grâce que Dieu manifeste, en prenant ainsi toutes sortes de peines avec ses enfants. Si moi, comme père, je ne m'occupe de mon enfant que dans ce qu'il a d'aimable, il me sera facile d'agir envers lui en amour et de le réjouir; mais c'est faire preuve d'une tendresse bien plus grande, que d'user de patience et ne pas se lasser lorsque l'enfant est rebelle et désobéissant. Si, pendant que nous sommes sous le châtiment, ou quand nous tendons à la sainteté, nous perdons de vue notre position en grâce, nous nous écartons du seul terrain où la communion avec Dieu soit possible. Il peut sembler difficile, au premier abord, de voir comment Dieu peut agir en grâce envers un pécheur; mais nous le comprendrons, si nous considérons les voies de Dieu envers Adam, au commencement du monde. Il n'y avait, chez Adam, aucun signe de repentance; au contraire, il rejetait la faute sur Dieu et sur la femme: «La femme que tu m'as donnée pour être avec moi, m'a donné du fruit de l'arbre et j'en ai mangé» (Genèse 3: 12). Alors Dieu intervient immédiatement sur le principe de la grâce, en disant que la semence de la femme briserait la tête du serpent (Genèse 3: 15). Lorsqu'aucune promesse ne pouvait être faite à l'homme, comme homme (car rien ne pouvait être promis à la chair), la grâce intervient, qui place l'homme en communion avec «la semence de la femme».

Tout comme il nous est dit que notre bien-aimé Seigneur «avançait en sagesse et en stature» (Luc 2: 52), le chrétien a à croître en grâce et en expérience de Dieu. Mais le «vieil homme», ce côté en nous auquel Satan s'adresse, cherche à entraver ceci, et par suite le Seigneur agit envers nous à ce sujet. Par le moyen du mal qui se trouve dans notre nature, les circonstances du dehors viennent s'unir à ce qui est au-dedans de nous, de là un conflit — et alors arrive la secrète action de Dieu. C'est ainsi que ce qui exerce le coeur pendant que nous luttons avec Satan, s'identifie avec le châtiment de Dieu.

Notre Seigneur Lui-même «a appris l'obéissance par les choses qu'Il a souffertes» (Hébreux 5: 8), seulement son point de départ fut tout différent du nôtre. Nous avons à apprendre l'obéissance parce que nous sommes désobéissants, tandis que Lui, en souffrant, en étant éprouvé et tenté («la patience ayant en Lui son oeuvre parfaite »). (Jacques 1), Il apprenait pratiquement l'obéissance dans un chemin par lequel il n'aurait jamais passé, s'Il ne s'était anéanti et n'avait pris la forme d'un serviteur (Philippiens 2). On peut dire de Lui dans la vérité, qu'Il «produisit du fruit avec patience» (Luc 8: 15).

Ce qu'il nous faut, c'est de réaliser davantage cette foi qui, ayant fait l'expérience des soins de Dieu, sait se confier en Lui pour tout, et peut dire comme l'apôtre: «Je puis toutes choses en Christ qui me fortifie» (Philippiens 4: 13). Il y a une différence complète entre connaître ceci comme un principe au début de notre carrière chrétienne, ou pouvoir dire: «J'ai appris à être content dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l'abondance» etc. (Philippiens 4: 11, 12). Chers amis, nous savons parfaitement que nous n'avons pas tous «appris» ceci, quoique, comme vérité abstraite, cela puisse nous être familier. Je le répète, il y a une différence énorme entre un jeune chrétien qui dit: «je puis toutes choses en Celui qui me fortifie», et un homme comme Paul, le vieillard, disant: «J'ai appris». Il pouvait le dire dans une communion pratique avec Christ: il avait passé à travers toutes les difficultés qu'il énumère, et avait éprouvé que la grâce du Seigneur suffisait au milieu de tout.

D'où vient que Paul pouvait parler ainsi par expérience, plutôt qu'un jeune chrétien? — Parce qu'il avait mieux appris à en avoir fini avec lui-même, et connaissait davantage l'inébranlable fidélité de Christ. Quel que fût l'instrument par lequel lui arrivât l'épreuve, il «avait affaire» à Dieu; il discernait le Seigneur au milieu de tout, et savait qu'«il ne châtie qu'afin que nous participions à sa sainteté» (verset 10).

Qu'est-ce qui met obstacle au développement et à la manifestation de la sainteté chez les chrétiens? — C'est la vieille nature, qui n'est pas mortifiée. Eh! bien, en nous châtiant, en nous disciplinant, Dieu nous met pratiquement en contact avec «sa sainteté». Il s'adresse à nos coeurs, et par la difficulté même dans laquelle Il nous place, Il nous amène à reconnaître, dans la pleine conscience de notre péché, que «nul n'est bon que Dieu seul» (Marc 10: 18).

Quel fut le résultat de la lutte contre le péché, à laquelle ces chrétiens hébreux étaient appelés? — De faire voir le mal dans la chair. Le monde voulait les faire marcher comme lui-même marche: Satan les rencontrait dans son royaume comme des rebelles, — et leur épreuve consistait à être épouvantés par les terreurs de l'Ennemi. Le Seigneur permit que toutes ces difficultés et ces exercices les atteignissent, afin que le mal qui était en eux fût mis à découvert dans ses tendances, et pour qu'ils fussent rendus capables de se séparer du mal et d'avoir communion avec Dieu. C'était la rencontre de Satan et de l'homme ou de la chair, qui occasionnait cette lutte — mais elle avait pour but de faire voir ce qu'il y avait dans le coeur.

Le résultat de la tentation, placée devant Jésus, fut de montrer qu'Il était parfait en toutes choses; tandis que pour nous, elle fait voir ce qui tendrait à émousser l'ardeur de notre service spirituel, et à empêcher que nous ne croissions en sainteté. Un chrétien peut marcher pendant un temps assez long dans une pleine communion avec Dieu, le mal n'ayant pour le moment aucune puissance, ou, si le péché se montre, il est combattu; mais si certaines choses sont tolérées, par la raison que nous n'en discernons pas la véritable tendance, le châtiment du Père doit intervenir. Il se peut alors que nous regardions ce qui nous arrive, comme provenant de la contradiction d'hommes pécheurs, ou du pouvoir de Satan (et cela peut être en effet); mais après tout, c'est, toujours l'amour du Père qui agit sans relâche, désirant nous rendre participants de sa sainteté.

Chers frères, que la patience ait donc son oeuvre parfaite; il n'y a pas un de nous qui n'en ait besoin. S'il y a du trouble ou du conflit, examinons si ce n'est pas parce que notre propre volonté a été contrariée. Nous avons à être patients en face des circonstances, sans doute; mais nous avons aussi à être patients en face de l'oeuvre parfaite de Dieu. Ce que Elihu reprochait à Job, c'était qu'il avait choisi l'iniquité de préférence à l'affliction. Dieu avait ses vues à Lui dans ses dispensations à l'égard de Job. «Le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux» (Jacques 5: 11).

Il est dit: «Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'Il vous élève quand il en sera temps» (1 Pierre 5: 6). Si l'homme s'élève, il sera abaissé; mais quand c'est Dieu qui élève un homme, il n'y a rien à craindre. Christ s'humilia sous la puissante main de Dieu, en buvant la coupe amère qui Lui était donnée à boire, c'est pourquoi aussi Dieu l'a haut élevé. Si nous voulons nous délivrer nous-mêmes, et sortir du chemin de l'épreuve, ce ne pourra être que par quelque sentier de traverse, et nous serons privés de la bénédiction. Il faut nous souvenir qu'il est ajouté que Dieu nous élèvera quand il en sera temps — pas une minute avant. Quand Il aura accompli tout le dessein de son amour, alors Il nous élèvera.