«Jésus, le Fils de Dieu»

 «Dieu ayant autrefois parlé aux pères par les prophètes, en plusieurs fois et en plusieurs manières, à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui, étant le resplendissement de sa gloire et l'empreinte de sa substance, et soutenant toutes choses par la parole de se puissance, avant fait par lui-même la purification de nos péchés, s'est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux; étant devenu d'autant plus excellent que les anges, qu'il a hérité d'un nom supérieur au leur» (Hébreux 1: 1-4).

C'est sur la personne de notre Seigneur Jésus que ce premier chapitre de l'épître aux Hébreux veut surtout concentrer notre attention; c'est la gloire de sa personne, qui, à l'exclusion d'autres sujets, nous est présentée. Au milieu de tant de souffrances où nous sommes placés, comme chrétiens, il importe que nous prenions garde à nous-mêmes, pour que, en contemplant les fruits bénis de l'oeuvre de Christ, nous ne perdions pas de vue sa gloire personnelle. Nous n'y sommes que trop portés. C'est dans cette personne mystérieuse, dont il est dit: «le mystère de la piété est grand — Dieu a été manifesté en chair, justifié en esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru au monde et élevé dans la gloire» (1 Timothée 3: 16), que se trouve tout ce qui répond aux besoins du coeur, et que la vie, l'amour, la puissance, le bonheur, ont leur seule et véritable source.

Pour que le coeur soit en repos, il faut qu'il s'oublie lui-même, qu'il oublie ses besoins, pour regarder à ce que Dieu est; et ce que Dieu est nous est révélé dans toute sa plénitude, dans la personne du Fils. La plénitude est venue jusqu'à nous en Celui qui, après être descendu dans les parties inférieures de la terre, est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplit toutes choses (Ephésiens 4). Ceci, toutefois, tel qu'il nous est révélé dans les Ecritures, est loin d'être généralement connu et accepté par les saints. Le résumé de l'histoire de l'humanité, non pas seulement dans ses pages les plus souillées par le mal et la corruption, nous montre l'homme limitant, contrariant, entravant les bénédictions que la main de Dieu répand sur lui avec tant de libéralité. Cela ressort d'une manière très marquée dans l'histoire de l'Eglise, et nous savons, par notre propre expérience individuelle, combien cela est vrai aussi pour nous. A la fin de notre journée, quoique nous puissions penser à Dieu comme nous ayant beaucoup donné, et à nous-mêmes comme ayant beaucoup reçu, — en général, cependant, le sentiment qui devra prédominer dans nos coeurs, n'est pas comment nous avons profité de ces bénédictions, mais bien comment nous les avons entravées, contrariées, empêchées.

En recherchant ce qui est écrit au sujet du Fils, nous voyons qu'il est parlé de Lui, en,premier lieu, comme de Celui qui, «au commencement», avant la fondation du monde, était «avec Dieu», et qui pourtant «était Dieu», le Fils dans le sein du Père, un avec Lui en honneur et en gloire (Jean 1). Ceci dépasse la portée de notre intelligence. Avant qu'aucune chose ne fût, Il était d'éternité en éternité «Même de siècle en siècle tu es le Dieu Fort» (Psaumes 90: 2). Devant ces révélations nous ne pouvons que dire: «Ses voies sont impossibles à trouver!» Telle est toutefois la vérité. Celui qui était au commencement avec Dieu; éternel comme Dieu, étant Lui-même Dieu, Celui-là était aussi le Fils de Dieu. Eternel dans sa nature, étant le «Je suis», Il était le Fils de Dieu. Il y a ici un mystère, où la raison n'a rien à voir. C'est une révélation de Dieu. Dieu a nommé ce Personnage «le Fils unique», et la foi s'incline. La foi ne cherche pas à comprendre les mystères; tout ce qu'elle veut, c'est de savoir, au sujet de certaines choses, qu'elles sont révélées de Dieu, alors elle croit, quoiqu'elle puisse ne pas comprendre. Quand le moment sera venu pour nous de «connaître comme nous avons été connus» (1 Corinthiens 13: 12), ces choses nous seront expliquées; mais jusque-là, il se peut que des pensées soient présentées à notre foi, que nous ne pouvons sonder, qui dépassent la mesure de notre intelligence. Dieu permet qu'il y ait des mystères, en partie pour éprouver la soumission de notre coeur, car Il l'exige aussi bien que l'obéissance dans la vie extérieure. Dieu regarde si quelque présomptueux raisonnement ne s'élève pas en nous pour vouloir fouiller dans ces choses, et si, lorsqu'il en est ainsi, nous lui imposons silence. Cette soumission du coeur devant Dieu fait partie de la sainteté, et le Saint Esprit seul la donne. Lui seul peut apaiser et soumettre ces puissances intérieures de la pensée, qui s'élèvent contre les choses de Dieu et osent les juger, refusant d'accepter ce qui ne peut être compris; — révolte et orgueil qui ne peuvent être comparées qu'à la révolte et à l'orgueil de Satan. Veillons donc sur nous-mêmes, chers amis; il est bien nécessaire que nous le fassions; car lorsque Dieu nous communique des choses qui nous paraissent difficiles à comprendre, il nous convient non seulement de nous incliner humblement devant cette révélation de Dieu, mais de nous souvenir que bien souvent d'autres révélations nous sont faites au sujet de nous-mêmes et de Dieu, qui sont bien plus obscures, qui même paraissent se contredire. — Mais la foi les accepte et se soumet, reconnaissant qu'elles sont en bénédiction au coeur qui a besoin de grâce et d'amour.

C'est dans cet insondable mystère de l'existence du Fils dans le sein du Père, et de l'égalité absolue du Fils avec le Père, que nous trouvons le premier mot de l'amour, ainsi qu'il est dit: «car tu m'as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17: 24). L'expression «dans le sein du Père» dépeint avec force la mystérieuse plénitude de l'amour, et nous décrit, pour ainsi dire, la place où l'amour se recèle. A peine est-il fait mention ici de la gloire, il n'est question que d'amour, un amour inexprimable, qui va bien au delà de la gloire. Sans doute Dieu a voulu, avant tout, attacher nos pensées et nos affections sur le fondement de l'amour, et non pas seulement enseigner notre intelligence. Le Père et le Fils sont également Dieu, également bienheureux; mais il y a entre eux cette parfaite existence de l'amour. Dieu se révèle à nous dans le Fils unique, en Celui qui «est dans le sein du Père».

Dès le commencement, le but de Dieu a été de se révéler Lui-même; toutefois, au temps dont nous avons parlé, Il n'était pas révélé, car il n'y avait personne à qui cette révélation pût être faite. Il n'y avait ni anges, ni principautés, ni puissances, rien n'existait ni sur la terre ni dans le ciel, car «Lui (Christ) est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par Lui» (Colossiens 1: 17). Pas une seule chose n'était là lorsque cet amour parfait existait entre le Fils et le Père, que le Fils allait révéler; et par conséquent, la première manifestation de la puissance du Fils de Dieu, qui nous est rapportée, c'est la création: «par lequel aussi Il a fait les mondes» (verset 2). — Il devint le Créateur. Il n'y a pas une étoile dans le ciel, pas un brin d'herbe sur la terre, il n'y a rien ayant, vie, qui n'ait été créé par la volonté expresse du Fils de Dieu, qui créa toutes choses.

C'est la toute-puissance qui est manifestée ici. Ce fut le Fils qui dit: «Que la lumière soit! et la lumière fut» (Genèse 1: 3). Je le répète, nous reconnaissons ici l'action d'un pouvoir tout-puissant, car il n'y a pas de puissance plus grande que celle qui crée, qui forme toutes choses de rien. «Car Il a dit, et ce qu'il a dit a eu son être; Il a commandé et la chose a comparu» (Psaumes 33: 9), Rien n'existait; mais «par la foi nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu; de sorte que les choses qui se voient n'ont pas été faites de choses qui paraissent» (Hébreux 11: 3). Ces choses n'existaient auparavant sous aucune forme; elles n'avaient pas d'être, même dans les éléments qui les constituent, cependant à la parole du Fils, elles se trouvèrent là. Nous ne comprenons pas ceci de la manière dont l'homme cherche à, comprendre; les difficultés nous entourent de tous les côtés; mais Dieu l'a ainsi révélé, c'est pourquoi nous croyons.

Le Fils a créé les anges. Nous ne connaissons guère quelle est leur nature; ils étaient avant que le monde fût; et, comme étant capables de la recevoir et d'en jouir, il leur fut donné de voir la puissance du Fils manifestée dans la création: «Les étoiles du matin se réjouissaient ensemble, et les fils de Dieu chantaient en triomphe» (Job 38: 7). L'Ecriture parle de plusieurs variétés d'anges, de principautés et de puissances; mais ces armées célestes sont presque autant au-dessus de notre intelligence que Dieu Lui-même. Il est dit qu'il «fait de ses anges des vents, et ses ministres des flammes de feu» (verset 7), et nous pouvons difficilement comprendre comment l'expression de «flammes de feu» peut s'appliquer à un être capable d'adorer Dieu et de servir les autres, comme il est dit: «Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut» (verset 14)?

Ensuite il y a la relation de Dieu avec la création inférieure, sous toutes ses formes de beauté, et avec l'homme créé à l'image même de Dieu. Ceci aussi est l'oeuvre du Fils.— Tout le long de l'Ancien Testament nous avons des manifestations du Fils de Dieu. Partout où la gloire de Dieu se fait entrevoir, c'est la gloire du Fils, car Dieu ne peut être vu d'aucun homme. «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L'a fait connaître» (Jean 1: 18). — Il y a dans tout ceci un caractère de grandeur paisible, heureuse, pleine de grâce; c'est la grandeur de Celui qui a créé toutes choses, et par qui toutes choses subsistent.

Mais soudain la scène change, et immédiatement après, il nous est parlé — non pas du Fils comme vu des anges, comme le resplendissement de la gloire du Père, — mais «du petit enfant emmailloté et couché dans une crèche» (Luc 2: 12), en dehors de l'hôtellerie! Un pauvre, faible enfant, pour lequel il n'y avait pas de place dans la maison! C'était là, en vérité le signe d'un abaissement profond; mais qui doit nous apprendre quelle est la condition véritable du monde, où les fondements de toutes choses sont sortis de leur place.

Et ici, en pensant à Jésus comme à la Parole faite chair, nous devons nous rappeler ce qu'était la chair, telle que l'Ancien Testament nous la fait voir, pleine de mal et d'iniquité. Et pourtant c'est la nature de ceux à qui la chair appartenait, que le Fils de Dieu prit à Lui, dans une union étroite avec Lui-même. Mais en Lui il ne pouvait y avoir de péché; aussi du moment où le Fils de Dieu revêtît la nature humaine, elle fut sainte en Lui; ce fut une nature humaine sainte. Conçu du Saint Esprit, il fut fils de la Vierge. L'ange Gabriel dit à Marie: «L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre, c'est pourquoi aussi l'être saint qui naîtra de toi, sera appelé FILS DE DIEU» (Luc 1: 25). — C'est alors que l'on a pu dire: «L'Eternel a créé une chose nouvelle sur la terre» (Jérémie 31: 22).

«Emmanuel» (Esaïe 7: 14; Matthieu 1: 23) fut une chose nouvelle. Celui qui était véritablement et parfaitement homme, et qui pourtant était le Seigneur du ciel. Comme étant fait chair, Il était sujet à toutes les douleurs et à toutes les souffrances humaines, exposé à la tentation et aux ténèbres; Il savait ce que c'était que d'avoir l'épée entrant dans son âme, et trouvait devant Lui tout ce qui fait frissonner le coeur, quand on comprend un peu ce qu'est le mal; — et pourtant Il était le Fils de Dieu, le Seigneur du ciel, soutenant toutes choses par la parole de sa puissance; quoique se présentant aux regards sous l'aspect d'un faible enfant (et il me semble qu'il n'y a rien de plus chétif qu'un petit enfant nouveau-né), cet être si faible était le Seigneur du ciel!

Sur quoi donc repose la foi, chers amis, quand on pense à Jésus? Est-ce sur la souffrance, la faiblesse, la patience? Oui — mais sur bien plus encore! Sur son pouvoir comme le Dieu vivant. Nous savons ce qu'est la faiblesse, mais la pensée de la plénitude de Dieu entrant dans cette faiblesse, voilà ce dont nous sommes peu en état de nous rendre compte. C'était sa perfection, son excellence, sa gloire que la foi avait à discerner sous cette apparence, voyant et contemplant à travers tout le Seigneur du ciel.

Et c'était aussi à cela que Dieu prenait plaisir à rendre témoignage, au milieu de cette humiliation si profonde. Là où elle se montrait plus complète, dans la crèche, au désert, à Gethsémané, ou sur la croix, Dieu Lui rendait toujours témoignage comme au Fils.

Dans la crèche, repoussé par les hommes, les anges célèbrent ses louanges, et Dieu envoie l'étoile pour servir de guide aux rois d'Orient, qui viennent Lui rendre hommage et Lui offrir leurs dons: de l'or, de l'encens, de la myrrhe (Matthieu 2).

Dans le désert, où Il avait été tenté par Satan, «les anges s'approchèrent et Le servirent» (Matthieu 4).

A Gethsémané «un ange du ciel Lui apparut, Le fortifiant» (Luc 22).

Et sur la croix, quand on L'accable d'outrages et d'ignominie, les rochers se fendent, la terre tremble, le soleil est obscurci, le voile, du temple se déchire en deux, depuis le haut jusqu'en bas, et le centenier et ceux qui étaient avec lui sont forcés de s'écrier: «Certainement Celui-ci était le Fils de Dieu». (Matthieu 27)!

Dieu prenait occasion des moments où l'humiliation était la plus profonde, pour donner à connaître que Celui qui était là dans la faiblesse, méprisé, outragé, était «le Fils», nom qui renfermait toute la gloire déjà mentionnée.

Nous voyons donc en Lui Celui qui, même quand Il s'anéantissait ainsi, ne cessait pas d'être le Fils unique dans le sein du Père. Et quel service que celui qu'Il accomplit pour nous! En Lui il y avait ce dont nous avons le plus besoin: la perfection de l'homme devant Dieu. Nous sentons combien nous en sommes éloignés, car Dieu nous a donné la conscience de la nécessité de cette perfection devant Lui, et cette parole: «Comment l'homme mortel se justifierait-il devant Dieu» (Job 25: 4)? est des plus sérieuses. Jésus répond à cette demande: Il accomplit toute la volonté de Dieu d'une manière parfaite. Au milieu des afflictions, de la faiblesse, et quoique ayant en Lui-même une volonté qui était parfaite, nous ne Le voyons ne jamais faire usage de cette volonté, si ce n'est dans une soumission entière à celle de Dieu.

Y a-t-il un seul croyant qui ait essayé pendant un jour, même seulement pendant une heure, de soumettre sa volonté propre à Dieu d'une manière absolue, de Lui être complètement soumis en toutes choses? Il pourra, dans ce cas, se faire une idée de ce qu'a été le chemin de Christ ici-bas, Lui qui, toujours et en tout, ne faisait pas sa volonté, mais celle du Père qui L'avait envoyé. Il connut la tentation et la souffrance; «Il exposa son dos à ceux qui Le frappaient, et ses joues à ceux qui Lui tiraient le poil; Il ne cachait pas son visage en arrière des opprobres, ni des crachats» (Esaïe 50: 6); et pourquoi? — De sa propre volonté Il n'aurait pas cherché ces choses, mais Il s'y soumettait en obéissance à la volonté du Père. «L'Eternel L'ayant voulu froisser, L'a mis en langueur» (Esaïe 53: 10). Il y avait chez Lui abandon de la volonté propre, non seulement dans l'accomplissement de l'acte même, mais dans la manière de l'accomplir, dans le moment choisi pour cela. En tout, Christ montra une obéissance parfaite, et pourtant sa volonté à Lui était une volonté parfaite aussi. Tout ce qu'Il était dans le ciel, «dans le sein du Père», où Il ne connaissait ni la souffrance, ni la tentation, Il le fut toujours ici-bas, dans la douleur, dans l'épreuve; et quand Il fut attaché au bois, abandonné de tous, nous L'entendons dire: «Toutefois tu es le Saint, habitant au milieu des louanges d'Israël» (Psaumes 22: 3).

Tel fut le caractère du service de Christ, et en terminant Il peut dire: «Je t'ai glorifié sur la terre» (Jean 17: 4). Dans le ciel, Il avait glorifié le Père en créant toutes choses, et ensuite, sur la terre, les regards des anges, de Satan, des hommes, et au-dessus de tout, les regards de Dieu, L'avaient suivi tout le long de son chemin, et n'avaient trouvé aucun défaut. Christ pouvait dire avec assurance et selon la vérité «Je t'ai glorifié sur la terre; j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donné à faire».

Que l'on tâche de se représenter ce que c'est que de se trouver en face de la sainteté de Dieu; de se figurer la nécessité d'être sans aucune souillure, d'avoir un coeur aussi pur que la neige la plus intacte, si l'on veut se tenir devant Lui, et l'on pourra se faire une idée de la perfection de Jésus comme homme, qui Le rendait capable de dire: «Je t'ai glorifié sur la terre».

Quel effet cela doit-il produire sur nous? Est-ce de nous retenir loin de Dieu? Non; mais cela doit nous mettre à l'épreuve. Le contraste entre nous-mêmes et le Seigneur doit nous humilier profondément; toutefois, par la bonté de Dieu, tout cela est pour nous Jésus ayant glorifié Dieu sur la terre, Dieu peut donner une justice et une gloire éternelles à quiconque croit en Jésus. «Vous êtes de Lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice sanctification et rédemption» (1 Corinthiens 1: 30). Nous avons ici les fruits de la justice de Christ pour nous. «Il nous a été fait de la part de Dieu»; de sorte que les rayons de l'amour arrivent jusqu'à nous, qui sommes par nature, dans les ténèbres de l'ombre de la mort. La même puissance merveilleuse qui trouvait à s'exercer dans la création des anges et de toutes les choses qui ont été créées, a trouvé aussi un moyen de s'exercer en opérant une justice pour ceux qui, à travers tous les siècles, auront à bénir Dieu de leur avoir donné cette justice.

En toutes choses Jésus était parfait, que nous Le contemplions dans les détails de sa vie, ou dans son obéissance jusqu'à la mort. Mais cette perfection ne doit pas être matière à spéculation: nous avons à la recevoir et à en jouir par la foi comme nous appartenant. Je m'exprime ainsi, parce que, dans la chrétienté professante, il y a souvent une façon relâchée de parler des voies de Jésus, de l'exemple de Jésus, des beautés du caractère de Jésus, laquelle ne sert qu'à tenir le coeur loin de Lui; ruse de Satan pour empêcher les saints de savoir que cette perfection est à eux, et de pouvoir avec joie dire: «Tout cela est à moi».

Or, c'est parce que Dieu voyait cette perfection en Christ que Christ pouvait laisser sa vie pour les autres, ainsi que cela est dit ici: «ayant fait par Lui-même la purification de nos péchés» (verset 3). Ce qui caractérise surtout l'effusion du sang, c'est que la vie était donnée en expiation pour le péché. Jésus se courba sous le poids de la colère de Dieu; et dés ce moment, le cours des voies de Dieu fut changé. La justice avait eu son cours; le sépulcre avait reçu Jésus, et alors Dieu agit autrement. Il commence à agir envers Jésus, comme nous le voyons dans ce chapitre. Dieu place Jésus dans la gloire; Il répand sur Lui ses bénédictions; Il L'oint et Lui parle sous ce caractère. Ce n'est plus un homme qui s'approche de Dieu, un homme qui agit envers Dieu, c'est Dieu qui verse toute la plénitude de ses faveurs sur un homme, sur quelqu'un qu'Il nomme son «Compagnon» (Zacharie 13: 7). Le Seigneur Jésus était couché dans le sépulcre, et Dieu déclare devant les hommes et devant les anges, qu'Il est Son compagnon. De sorte que lorsque Dieu ressuscite Jésus d'entre les morts, l'homme est placé dans une position où il peut recevoir l'honneur et la bénédiction, car Dieu, en abaissant ses regards, voit un homme qu'Il peut glorifier de sa propre gloire, ainsi que cela est dit: «Tu L'as couronné de gloire et d'honneur. Tu L'as établi dominateur sur les oeuvres de tes mains; Tu as mis toutes choses sous ses pieds» (Psaumes 8: 5, 6).

Est-ce donc que nous perdons notre union avec Jésus ici-bas? Non; ce qui est vrai de Christ, est vrai de chacun des croyants, de tous les saints. C'est pourquoi Dieu les bénit, et agit envers eux comme envers les «héritiers du salut». Il agit envers toute la famille des rachetés, selon la mesure de son amour pour Jésus; ils sont «enracinés et fondés dans l'amour» (Ephésiens 3: 18); et il en est ainsi parce que Celui qui a fait «par Lui-même la purification de nos péchés», est le Fils unique du Père — le FILS qui est dans le sein du Père.

Où est Jésus maintenant? «Il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux» (verset 3). «Nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges, couronné de gloire et d'honneur» (verset 9). «Toute puissance Lui a été donnée dans le ciel et sur la terre» (Matthieu 28: 18). Jusqu'à présent Il soutient toutes choses d'une manière cachée, mais bientôt sa puissance sera une puissance manifestée. Ce monde où Jésus a été humilié, méprisé, rejeté, ce monde verra bientôt la pleine manifestation de sa gloire. «Toutes choses» seront alors publiquement mises sous ses pieds, à Lui, comme Fils de l'homme (comp. Psaumes 8). Dieu a des desseins de miséricorde envers la création elle-même, mais il ne sont pas déployés jusqu'à présent; car, ni l'incarnation de Jésus, ni sa vie, ni sa mort, ni même sa résurrection, n'ont en rien altéré l'état extérieur des choses. Il n'y aura aucun changement avant le retour de Christ.

C'est de ce temps encore à venir que l'apôtre parle, en disant: «Quand Il introduira de nouveau le premier-né dans le monde habitable, Il dit: Et que tous les anges de Dieu Lui rendent hommage» (verset 6). Voilà comment Jésus reviendra: tous les anges de Dieu l'adorant, toutes choses étant mises sous ses pieds, tandis que les saints seront avec Lui et partageront sa gloire. — Comme ceci nous lie à Dieu! — Etes-vous donc prêts, chers frères, à vivre pour un temps humbles et méprisés? Si le Saint Esprit nous conduit à l'attente de la gloire future de Christ comme nous appartenant, Il nous conduira, je n'en doute pas, dans une position ici-bas qui correspondra à cette attente; et ainsi enseignés par Lui, nous comprendrons bientôt que désormais nous ne pouvons avoir aucune part à la gloire du monde. Nous possédons une part bien plus excellente, et avec autant de certitude que Christ la possède, quoique nous ayons à l'attendre.

Si Dieu, chers amis, nous a réellement donné cette part dont je parle, et si la valeur de cette part ne peut être mesurée que par le prix que Christ a aux yeux de Dieu, que notre bonheur est immense! La mesure du prix que nous avons pour Dieu est conforme à la mesure de la valeur de Christ Lui-même! Cela nous remplit de confiance et de paix; et s'il y a des joies, si l'âme désire connaître l'amour, avoir communion avec la pensée de Dieu, avec toute connaissance — quoiqu'elle puisse ne pas trouver déjà maintenant tout ce qu'elle désire, — qu'elle attende! — Tout est gardé pour nous en Christ caché. Et sachant cela, nous saurons nous contenter pour un temps d'une place humble.

Regardons autour de nous ce que l'homme fait. Dans un sens nous avons plus de sujet de connaître le mal que Jésus Lui-même lorsqu'Il était ici-bas, car nous avons vu son sang rejeté, et non seulement cela, mais nous avons vu des hommes reconnaître la puissance de ce sang et s'en servir contre Dieu, tellement que l'Eglise professante est devenue l'image de ceux qui, dans le désert, «s'assirent pour manger et pour boire, puis se levèrent pour jouer» (Exode 32: 6). Ce n'est pas, qu'étant gardés des désordres de ceux qui nous entourent, nous ayons à endurcir nos coeurs à leur égard, et à nous tenir à distance dans un esprit d'orgueil; — non, — nous aurons, au contraire, pitié d'eux et nous les aimerons. — Nous discernerons la souffrance, de là la pitié; — et nous connaissons la grâce de Dieu, de là l'amour.

Qu'il y ait en nous plus de simplicité de foi quant à ces choses. Dieu est honoré par une foi simple à ce qui concerne la personne de SON FILS; c'est ainsi aussi que nous serons de plus en plus rendus capables de dire: «Grâces soient rendues à Dieu pour son don inexprimable» (2 Corinthiens 9: 15)!