«Dieu ayant autrefois parlé aux pères par les
prophètes, en plusieurs fois et en plusieurs manières, à la fin de ces jours-là,
nous a parlé dans le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel
aussi il a fait les mondes, qui, étant le resplendissement de sa gloire et
l'empreinte de sa substance, et soutenant toutes choses par la parole de se
puissance, avant fait par lui-même la purification de nos péchés, s'est assis à
la droite de la majesté dans les hauts lieux; étant devenu d'autant plus
excellent que les anges, qu'il a hérité d'un nom supérieur au leur» (Hébreux 1:
1-4).
C'est sur la personne
de notre Seigneur Jésus que ce premier chapitre de l'épître aux Hébreux veut
surtout concentrer notre attention; c'est la gloire de sa personne, qui,
à l'exclusion d'autres sujets, nous est présentée. Au milieu de tant de
souffrances où nous sommes placés, comme chrétiens, il importe que nous
prenions garde à nous-mêmes, pour que, en contemplant les fruits bénis de
l'oeuvre de Christ, nous ne perdions pas de vue sa gloire personnelle. Nous n'y
sommes que trop portés. C'est dans cette personne mystérieuse, dont il est dit:
«le mystère de la piété est grand — Dieu a été manifesté en chair, justifié en
esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru au monde et élevé dans la
gloire» (1 Timothée 3: 16), que se trouve tout ce qui répond aux besoins du
coeur, et que la vie, l'amour, la puissance, le bonheur, ont leur seule et
véritable source.
Pour que le
coeur soit en repos, il faut qu'il s'oublie lui-même, qu'il oublie ses besoins,
pour regarder à ce que Dieu est; et ce que Dieu est nous est révélé dans toute
sa plénitude, dans la personne du Fils. La plénitude est venue jusqu'à nous en
Celui qui, après être descendu dans les parties inférieures de la terre, est
monté au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplit toutes choses (Ephésiens
4). Ceci, toutefois, tel qu'il nous est révélé dans les Ecritures, est loin
d'être généralement connu et accepté par les saints. Le résumé de l'histoire de
l'humanité, non pas seulement dans ses pages les plus souillées par le mal et
la corruption, nous montre l'homme limitant, contrariant, entravant les
bénédictions que la main de Dieu répand sur lui avec tant de libéralité. Cela
ressort d'une manière très marquée dans l'histoire de l'Eglise, et nous savons,
par notre propre expérience individuelle, combien cela est vrai aussi pour nous.
A la fin de notre journée, quoique nous puissions penser à Dieu comme nous
ayant beaucoup donné, et à nous-mêmes comme ayant beaucoup reçu, — en général,
cependant, le sentiment qui devra prédominer dans nos coeurs, n'est pas comment
nous avons profité de ces bénédictions, mais bien comment nous les avons
entravées, contrariées, empêchées.
En recherchant
ce qui est écrit au sujet du Fils, nous voyons qu'il est parlé de Lui,
en,premier lieu, comme de Celui qui, «au commencement», avant la fondation du
monde, était «avec Dieu», et qui pourtant «était Dieu», le Fils
dans le sein du Père, un avec Lui en honneur et en gloire (Jean 1). Ceci
dépasse la portée de notre intelligence. Avant qu'aucune chose ne fût, Il était
d'éternité en éternité «Même de siècle en siècle tu es le Dieu Fort» (Psaumes
90: 2). Devant ces révélations nous ne pouvons que dire: «Ses voies sont
impossibles à trouver!» Telle est toutefois la vérité. Celui qui était au
commencement avec Dieu; éternel comme Dieu, étant Lui-même Dieu, Celui-là était
aussi le Fils de Dieu. Eternel dans sa nature, étant le «Je suis», Il était le
Fils de Dieu. Il y a ici un mystère, où la raison n'a rien à voir. C'est une
révélation de Dieu. Dieu a nommé ce Personnage «le Fils unique», et la foi
s'incline. La foi ne cherche pas à comprendre les mystères; tout ce qu'elle
veut, c'est de savoir, au sujet de certaines choses, qu'elles sont révélées
de Dieu, alors elle croit, quoiqu'elle puisse ne pas comprendre.
Quand le moment sera venu pour nous de «connaître comme nous avons été connus»
(1 Corinthiens 13: 12), ces choses nous seront expliquées; mais jusque-là, il
se peut que des pensées soient présentées à notre foi, que nous ne pouvons
sonder, qui dépassent la mesure de notre intelligence. Dieu permet qu'il y ait des
mystères, en partie pour éprouver la soumission de notre coeur, car Il l'exige
aussi bien que l'obéissance dans la vie extérieure. Dieu regarde si quelque
présomptueux raisonnement ne s'élève pas en nous pour vouloir fouiller dans ces
choses, et si, lorsqu'il en est ainsi, nous lui imposons silence. Cette
soumission du coeur devant Dieu fait partie de la sainteté, et le Saint Esprit
seul la donne. Lui seul peut apaiser et soumettre ces puissances intérieures de
la pensée, qui s'élèvent contre les choses de Dieu et osent les juger, refusant
d'accepter ce qui ne peut être compris; — révolte et orgueil qui ne peuvent
être comparées qu'à la révolte et à l'orgueil de Satan. Veillons donc sur
nous-mêmes, chers amis; il est bien nécessaire que nous le fassions; car
lorsque Dieu nous communique des choses qui nous paraissent difficiles à
comprendre, il nous convient non seulement de nous incliner humblement devant
cette révélation de Dieu, mais de nous souvenir que bien souvent d'autres
révélations nous sont faites au sujet de nous-mêmes et de Dieu, qui sont bien
plus obscures, qui même paraissent se contredire. — Mais la foi les accepte et
se soumet, reconnaissant qu'elles sont en bénédiction au coeur qui a besoin de
grâce et d'amour.
C'est dans cet
insondable mystère de l'existence du Fils dans le sein du Père, et de l'égalité
absolue du Fils avec le Père, que nous trouvons le premier mot de l'amour,
ainsi qu'il est dit: «car tu m'as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17:
24). L'expression «dans le sein du Père» dépeint avec force la
mystérieuse plénitude de l'amour, et nous décrit, pour ainsi dire, la place où
l'amour se recèle. A peine est-il fait mention ici de la gloire, il n'est
question que d'amour, un amour inexprimable, qui va bien au delà de la gloire.
Sans doute Dieu a voulu, avant tout, attacher nos pensées et nos affections sur
le fondement de l'amour, et non pas seulement enseigner notre intelligence. Le
Père et le Fils sont également Dieu, également bienheureux; mais il y a entre
eux cette parfaite existence de l'amour. Dieu se révèle à nous dans le Fils
unique, en Celui qui «est dans le sein du Père».
Dès le
commencement, le but de Dieu a été de se révéler Lui-même; toutefois, au
temps dont nous avons parlé, Il n'était pas révélé, car il n'y avait personne
à qui cette révélation pût être faite. Il n'y avait ni anges, ni principautés,
ni puissances, rien n'existait ni sur la terre ni dans le ciel, car «Lui
(Christ) est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par Lui»
(Colossiens 1: 17). Pas une seule chose n'était là lorsque cet amour parfait
existait entre le Fils et le Père, que le Fils allait révéler; et par
conséquent, la première manifestation de la puissance du Fils de Dieu, qui nous
est rapportée, c'est la création: «par lequel aussi Il a fait les mondes»
(verset 2). — Il devint le Créateur. Il n'y a pas une étoile dans le ciel, pas
un brin d'herbe sur la terre, il n'y a rien ayant, vie, qui n'ait été créé par
la volonté expresse du Fils de Dieu, qui créa toutes choses.
C'est la toute-puissance
qui est manifestée ici. Ce fut le Fils qui dit: «Que la lumière soit! et la
lumière fut» (Genèse 1: 3). Je le répète, nous reconnaissons ici l'action d'un
pouvoir tout-puissant, car il n'y a pas de puissance plus grande que
celle qui crée, qui forme toutes choses de rien. «Car Il a dit, et ce qu'il a
dit a eu son être; Il a commandé et la chose a comparu» (Psaumes 33: 9), Rien
n'existait; mais «par la foi nous comprenons que les mondes ont été
formés par la parole de Dieu; de sorte que les choses qui se voient n'ont pas
été faites de choses qui paraissent» (Hébreux 11: 3). Ces choses n'existaient
auparavant sous aucune forme; elles n'avaient pas d'être, même dans les
éléments qui les constituent, cependant à la parole du Fils, elles se
trouvèrent là. Nous ne comprenons pas ceci de la manière dont l'homme
cherche à, comprendre; les difficultés nous entourent de tous les côtés; mais
Dieu l'a ainsi révélé, c'est pourquoi nous croyons.
Le Fils a créé
les anges. Nous ne connaissons guère quelle est leur nature; ils étaient avant
que le monde fût; et, comme étant capables de la recevoir et d'en jouir, il
leur fut donné de voir la puissance du Fils manifestée dans la création: «Les
étoiles du matin se réjouissaient ensemble, et les fils de Dieu chantaient en
triomphe» (Job 38: 7). L'Ecriture parle de plusieurs variétés d'anges, de
principautés et de puissances; mais ces armées célestes sont presque autant
au-dessus de notre intelligence que Dieu Lui-même. Il est dit qu'il «fait de
ses anges des vents, et ses ministres des flammes de feu» (verset 7), et nous
pouvons difficilement comprendre comment l'expression de «flammes de feu» peut
s'appliquer à un être capable d'adorer Dieu et de servir les autres, comme il
est dit: «Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir
en faveur de ceux qui vont hériter du salut» (verset 14)?
Ensuite il y a
la relation de Dieu avec la création inférieure, sous toutes ses formes de
beauté, et avec l'homme créé à l'image même de Dieu. Ceci aussi est l'oeuvre du
Fils.— Tout le long de l'Ancien Testament nous avons des manifestations du Fils
de Dieu. Partout où la gloire de Dieu se fait entrevoir, c'est la gloire du
Fils, car Dieu ne peut être vu d'aucun homme. «Personne ne vit jamais Dieu; le
Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L'a fait connaître» (Jean 1: 18).
— Il y a dans tout ceci un caractère de grandeur paisible, heureuse, pleine de
grâce; c'est la grandeur de Celui qui a créé toutes choses, et par qui toutes
choses subsistent.
Mais soudain la
scène change, et immédiatement après, il nous est parlé — non pas du Fils comme
vu des anges, comme le resplendissement de la gloire du Père, — mais «du petit
enfant emmailloté et couché dans une crèche» (Luc 2: 12), en dehors de
l'hôtellerie! Un pauvre, faible enfant, pour lequel il n'y avait pas de place
dans la maison! C'était là, en vérité le signe d'un abaissement profond; mais
qui doit nous apprendre quelle est la condition véritable du monde, où les
fondements de toutes choses sont sortis de leur place.
Et ici, en
pensant à Jésus comme à la Parole faite chair, nous devons nous rappeler
ce qu'était la chair, telle que l'Ancien Testament nous la fait voir, pleine de
mal et d'iniquité. Et pourtant c'est la nature de ceux à qui la chair
appartenait, que le Fils de Dieu prit à Lui, dans une union étroite avec
Lui-même. Mais en Lui il ne pouvait y avoir de péché; aussi du moment où le
Fils de Dieu revêtît la nature humaine, elle fut sainte en Lui; ce fut une
nature humaine sainte. Conçu du Saint Esprit, il fut fils de la Vierge. L'ange
Gabriel dit à Marie: «L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du
Très-Haut te couvrira de son ombre, c'est pourquoi aussi l'être
saint qui naîtra de toi, sera appelé FILS DE DIEU» (Luc 1: 25). — C'est alors
que l'on a pu dire: «L'Eternel a créé une chose nouvelle sur la terre» (Jérémie
31: 22).
«Emmanuel»
(Esaïe 7: 14; Matthieu 1: 23) fut une chose nouvelle. Celui qui était
véritablement et parfaitement homme, et qui pourtant était le Seigneur du ciel.
Comme étant fait chair, Il était sujet à toutes les douleurs et à toutes les
souffrances humaines, exposé à la tentation et aux ténèbres; Il savait ce que
c'était que d'avoir l'épée entrant dans son âme, et trouvait devant Lui tout ce
qui fait frissonner le coeur, quand on comprend un peu ce qu'est le mal; — et
pourtant Il était le Fils de Dieu, le Seigneur du ciel, soutenant toutes choses
par la parole de sa puissance; quoique se présentant aux regards sous l'aspect
d'un faible enfant (et il me semble qu'il n'y a rien de plus chétif qu'un petit
enfant nouveau-né), cet être si faible était le Seigneur du ciel!
Sur quoi donc
repose la foi, chers amis, quand on pense à Jésus? Est-ce sur la souffrance, la
faiblesse, la patience? Oui — mais sur bien plus encore! Sur son pouvoir comme
le Dieu vivant. Nous savons ce qu'est la faiblesse, mais la pensée de la
plénitude de Dieu entrant dans cette faiblesse, voilà ce dont nous sommes peu
en état de nous rendre compte. C'était sa perfection, son excellence, sa gloire
que la foi avait à discerner sous cette apparence, voyant et contemplant à
travers tout le Seigneur du ciel.
Et c'était aussi
à cela que Dieu prenait plaisir à rendre témoignage, au milieu de cette
humiliation si profonde. Là où elle se montrait plus complète, dans la crèche,
au désert, à Gethsémané, ou sur la croix, Dieu Lui rendait toujours témoignage
comme au Fils.
Dans la crèche, repoussé par les hommes, les anges célèbrent ses
louanges, et Dieu envoie l'étoile pour servir de guide aux rois d'Orient, qui
viennent Lui rendre hommage et Lui offrir leurs dons: de l'or, de l'encens, de
la myrrhe (Matthieu 2).
Dans le désert, où Il avait été tenté par Satan, «les anges
s'approchèrent et Le servirent» (Matthieu 4).
A Gethsémané «un ange du ciel Lui apparut, Le fortifiant» (Luc
22).
Et sur la
croix, quand on L'accable d'outrages et d'ignominie, les rochers se
fendent, la terre tremble, le soleil est obscurci, le voile, du temple se
déchire en deux, depuis le haut jusqu'en bas, et le centenier et ceux qui
étaient avec lui sont forcés de s'écrier: «Certainement Celui-ci était le
Fils de Dieu». (Matthieu 27)!
Dieu prenait
occasion des moments où l'humiliation était la plus profonde, pour donner à
connaître que Celui qui était là dans la faiblesse, méprisé, outragé, était «le
Fils», nom qui renfermait toute la gloire déjà mentionnée.
Nous voyons donc
en Lui Celui qui, même quand Il s'anéantissait ainsi, ne cessait pas d'être le
Fils unique dans le sein du Père. Et quel service que celui qu'Il accomplit
pour nous! En Lui il y avait ce dont nous avons le plus besoin: la perfection
de l'homme devant Dieu. Nous sentons combien nous en sommes éloignés, car Dieu
nous a donné la conscience de la nécessité de cette perfection devant
Lui, et cette parole: «Comment l'homme mortel se justifierait-il devant Dieu»
(Job 25: 4)? est des plus sérieuses. Jésus répond à cette demande: Il accomplit
toute la volonté de Dieu d'une manière parfaite. Au milieu des afflictions, de
la faiblesse, et quoique ayant en Lui-même une volonté qui était parfaite, nous
ne Le voyons ne jamais faire usage de cette volonté, si ce n'est dans une
soumission entière à celle de Dieu.
Y a-t-il un seul
croyant qui ait essayé pendant un jour, même seulement pendant une heure, de
soumettre sa volonté propre à Dieu d'une manière absolue, de Lui être
complètement soumis en toutes choses? Il pourra, dans ce cas, se faire une idée
de ce qu'a été le chemin de Christ ici-bas, Lui qui, toujours et en tout, ne
faisait pas sa volonté, mais celle du Père qui L'avait envoyé. Il connut la
tentation et la souffrance; «Il exposa son dos à ceux qui Le frappaient, et ses
joues à ceux qui Lui tiraient le poil; Il ne cachait pas son visage en arrière
des opprobres, ni des crachats» (Esaïe 50: 6); et pourquoi? — De sa propre
volonté Il n'aurait pas cherché ces choses, mais Il s'y soumettait en
obéissance à la volonté du Père. «L'Eternel L'ayant voulu froisser, L'a mis en
langueur» (Esaïe 53: 10). Il y avait chez Lui abandon de la volonté propre, non
seulement dans l'accomplissement de l'acte même, mais dans la manière de
l'accomplir, dans le moment choisi pour cela. En tout, Christ montra une
obéissance parfaite, et pourtant sa volonté à Lui était une volonté parfaite
aussi. Tout ce qu'Il était dans le ciel, «dans le sein du Père», où Il ne
connaissait ni la souffrance, ni la tentation, Il le fut toujours ici-bas, dans
la douleur, dans l'épreuve; et quand Il fut attaché au bois, abandonné de tous,
nous L'entendons dire: «Toutefois tu es le Saint, habitant au milieu des
louanges d'Israël» (Psaumes 22: 3).
Tel fut le
caractère du service de Christ, et en terminant Il peut dire: «Je t'ai glorifié
sur la terre» (Jean 17: 4). Dans le ciel, Il avait glorifié le Père en créant
toutes choses, et ensuite, sur la terre, les regards des anges, de Satan, des
hommes, et au-dessus de tout, les regards de Dieu, L'avaient suivi tout le long
de son chemin, et n'avaient trouvé aucun défaut. Christ pouvait dire avec
assurance et selon la vérité «Je t'ai glorifié sur la terre; j'ai achevé
l'oeuvre que tu m'as donné à faire».
Que l'on tâche
de se représenter ce que c'est que de se trouver en face de la sainteté de
Dieu; de se figurer la nécessité d'être sans aucune souillure, d'avoir un coeur
aussi pur que la neige la plus intacte, si l'on veut se tenir devant Lui, et
l'on pourra se faire une idée de la perfection de Jésus comme homme, qui Le
rendait capable de dire: «Je t'ai glorifié sur la terre».
Quel effet cela
doit-il produire sur nous? Est-ce de nous retenir loin de Dieu? Non; mais cela
doit nous mettre à l'épreuve. Le contraste entre nous-mêmes et le Seigneur doit
nous humilier profondément; toutefois, par la bonté de Dieu, tout cela est pour
nous Jésus ayant glorifié Dieu sur la terre, Dieu peut donner une justice et
une gloire éternelles à quiconque croit en Jésus. «Vous êtes de Lui dans le
Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice
sanctification et rédemption» (1 Corinthiens 1: 30). Nous avons ici les fruits
de la justice de Christ pour nous. «Il nous a été fait de la part
de Dieu»; de sorte que les rayons de l'amour arrivent jusqu'à nous, qui sommes
par nature, dans les ténèbres de l'ombre de la mort. La même puissance
merveilleuse qui trouvait à s'exercer dans la création des anges et de toutes
les choses qui ont été créées, a trouvé aussi un moyen de s'exercer en opérant
une justice pour ceux qui, à travers tous les siècles, auront à bénir Dieu de
leur avoir donné cette justice.
En toutes choses
Jésus était parfait, que nous Le contemplions dans les détails de sa vie, ou
dans son obéissance jusqu'à la mort. Mais cette perfection ne doit pas être
matière à spéculation: nous avons à la recevoir et à en jouir par la foi comme
nous appartenant. Je m'exprime ainsi, parce que, dans la chrétienté
professante, il y a souvent une façon relâchée de parler des voies de Jésus, de
l'exemple de Jésus, des beautés du caractère de Jésus, laquelle ne sert qu'à
tenir le coeur loin de Lui; ruse de Satan pour empêcher les saints de savoir
que cette perfection est à eux, et de pouvoir avec joie dire: «Tout cela est
à moi».
Or, c'est parce
que Dieu voyait cette perfection en Christ que Christ pouvait laisser sa vie
pour les autres, ainsi que cela est dit ici: «ayant fait par Lui-même la
purification de nos péchés» (verset 3). Ce qui caractérise surtout l'effusion
du sang, c'est que la vie était donnée en expiation pour le péché. Jésus se
courba sous le poids de la colère de Dieu; et dés ce moment, le cours des voies
de Dieu fut changé. La justice avait eu son cours; le sépulcre avait reçu
Jésus, et alors Dieu agit autrement. Il commence à agir envers Jésus, comme
nous le voyons dans ce chapitre. Dieu place Jésus dans la gloire; Il répand sur
Lui ses bénédictions; Il L'oint et Lui parle sous ce caractère. Ce n'est plus
un homme qui s'approche de Dieu, un homme qui agit envers Dieu, c'est Dieu qui
verse toute la plénitude de ses faveurs sur un homme, sur quelqu'un qu'Il nomme
son «Compagnon» (Zacharie 13: 7). Le Seigneur Jésus était couché dans le
sépulcre, et Dieu déclare devant les hommes et devant les anges, qu'Il est Son compagnon.
De sorte que lorsque Dieu ressuscite Jésus d'entre les morts, l'homme est placé
dans une position où il peut recevoir l'honneur et la bénédiction, car Dieu, en
abaissant ses regards, voit un homme qu'Il peut glorifier de sa propre gloire,
ainsi que cela est dit: «Tu L'as couronné de gloire et d'honneur. Tu L'as
établi dominateur sur les oeuvres de tes mains; Tu as mis toutes choses sous
ses pieds» (Psaumes 8: 5, 6).
Est-ce donc que
nous perdons notre union avec Jésus ici-bas? Non; ce qui est vrai de Christ,
est vrai de chacun des croyants, de tous les saints. C'est pourquoi Dieu les
bénit, et agit envers eux comme envers les «héritiers du salut». Il agit envers
toute la famille des rachetés, selon la mesure de son amour pour Jésus; ils
sont «enracinés et fondés dans l'amour» (Ephésiens 3: 18); et il en est ainsi
parce que Celui qui a fait «par Lui-même la purification de nos péchés», est le
Fils unique du Père — le FILS qui est dans le sein du Père.
Où est Jésus
maintenant? «Il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux»
(verset 3). «Nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges,
couronné de gloire et d'honneur» (verset 9). «Toute puissance Lui a été donnée
dans le ciel et sur la terre» (Matthieu 28: 18). Jusqu'à présent Il soutient
toutes choses d'une manière cachée, mais bientôt sa puissance
sera une puissance manifestée. Ce monde où Jésus a été humilié, méprisé,
rejeté, ce monde verra bientôt la pleine manifestation de sa gloire.
«Toutes choses» seront alors publiquement mises sous ses pieds, à Lui,
comme Fils de l'homme (comp. Psaumes 8). Dieu a des desseins de miséricorde
envers la création elle-même, mais il ne sont pas déployés jusqu'à présent;
car, ni l'incarnation de Jésus, ni sa vie, ni sa mort, ni même sa résurrection,
n'ont en rien altéré l'état extérieur des choses. Il n'y aura aucun changement
avant le retour de Christ.
C'est de ce temps
encore à venir que l'apôtre parle, en disant: «Quand Il introduira de
nouveau le premier-né dans le monde habitable, Il dit: Et que tous les
anges de Dieu Lui rendent hommage» (verset 6). Voilà comment Jésus reviendra:
tous les anges de Dieu l'adorant, toutes choses étant mises sous ses pieds,
tandis que les saints seront avec Lui et partageront sa gloire. — Comme ceci
nous lie à Dieu! — Etes-vous donc prêts, chers frères, à vivre pour un temps
humbles et méprisés? Si le Saint Esprit nous conduit à l'attente de la gloire future
de Christ comme nous appartenant, Il nous conduira, je n'en doute pas, dans une
position ici-bas qui correspondra à cette attente; et ainsi enseignés par Lui,
nous comprendrons bientôt que désormais nous ne pouvons avoir aucune part
à la gloire du monde. Nous possédons une part bien plus excellente, et avec
autant de certitude que Christ la possède, quoique nous ayons à l'attendre.
Si Dieu, chers
amis, nous a réellement donné cette part dont je parle, et si la valeur de
cette part ne peut être mesurée que par le prix que Christ a aux yeux de Dieu,
que notre bonheur est immense! La mesure du prix que nous avons pour Dieu est
conforme à la mesure de la valeur de Christ Lui-même! Cela nous remplit de
confiance et de paix; et s'il y a des joies, si l'âme désire connaître l'amour,
avoir communion avec la pensée de Dieu, avec toute connaissance — quoiqu'elle
puisse ne pas trouver déjà maintenant tout ce qu'elle désire, — qu'elle
attende! — Tout est gardé pour nous en Christ caché. Et sachant cela, nous
saurons nous contenter pour un temps d'une place humble.
Regardons autour
de nous ce que l'homme fait. Dans un sens nous avons plus de sujet de connaître
le mal que Jésus Lui-même lorsqu'Il était ici-bas, car nous avons vu son sang
rejeté, et non seulement cela, mais nous avons vu des hommes reconnaître la
puissance de ce sang et s'en servir contre Dieu, tellement que l'Eglise
professante est devenue l'image de ceux qui, dans le désert, «s'assirent pour
manger et pour boire, puis se levèrent pour jouer» (Exode 32: 6). Ce n'est pas,
qu'étant gardés des désordres de ceux qui nous entourent, nous ayons à endurcir
nos coeurs à leur égard, et à nous tenir à distance dans un esprit d'orgueil; —
non, — nous aurons, au contraire, pitié d'eux et nous les aimerons. — Nous
discernerons la souffrance, de là la pitié; — et nous connaissons la
grâce de Dieu, de là l'amour.
Qu'il y ait en
nous plus de simplicité de foi quant à ces choses. Dieu est honoré par une foi
simple à ce qui concerne la personne de SON FILS; c'est ainsi aussi que nous
serons de plus en plus rendus capables de dire: «Grâces soient rendues à Dieu
pour son don inexprimable» (2 Corinthiens 9: 15)!