Ce que je désire
placer devant vous en ce moment, chers frères, c'est cette bénédiction actuelle
et positive, dont nous avons le privilège de jouir, et qui découle de ce que
nous connaissons l'amour dont le Père aime le Fils. Il y a en effet, de quoi
nous émouvoir profondément, lorsque nous apprenons que l'amour dont Dieu nous
aime, est semblable à celui dont Il aime Jésus: «comme
tu m'as aimé» (verset 23). Notre association avec le Seigneur dans la gloire en
sera la manifestation; alors le monde même le
connaîtra; mais en attendant que ce jour vienne, Jésus parle ici de nous en
donner déjà maintenant, par le Saint Esprit, la joie et la consolation.
De quelle
manière l'amour du Père a-t-il été manifesté envers nous, mes frères? En ce qu' «il envoya son
Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4: 10) — qui de nous ne
le sait pas? Mais nous pouvons aller plus loin, et parler de l'Esprit
qui nous rend capables de croire dans le Fils et de l'apprécier. Qui de nous
mettrait si peu de prix à la capacité de croire au Fils, au point d'affirmer
qu'elle peut provenir du coeur de l'homme?
Il n'est pas au pouvoir de «l'esprit de l'homme», de
comprendre la valeur de ce don de Dieu, le meilleur et le plus précieux: — «Le
Fils». Nous n'estimons pas, comme nous le devrions, cette grâce qui
nous a amenés à la foi. — Mais allons plus loin encore. Nous savons tous que la «grâce» n'est pas d'origine humaine; qu'elle nous est venue
du ciel d'où Jésus est venu, qu'elle a suivi le «don» — mais n'avons-nous pas
l'habitude de nous arrêter là? Je voudrais vous parler de cet amour du Père
pour le Fils, auquel nous avons part par notre union avec le Fils,
en nous rappelant que la grâce par laquelle nous croyons au Fils, n'a fait que
nous placer sur un terrain, où nous avons à mieux apprendre quelle est la
profondeur et la plénitude de l'amour. L'amour spécial du Père est à
nous. Je ne parle pas maintenant de Christ comme étant à nous, mais de ce
qui est à Christ, comme étant à nous.
Remarquez les
versets 25 et 26. N'est-il pas ici question d'un amour qui repose sur nous parce,
que nous avons cru en Jésus et que nous l'aimons?
Nous reconnaissons, sans doute tous, que nous ne pouvons aimer le Seigneur
Jésus que par l'Esprit; mais quand nous l'avons reçu
comme notre Sauveur; quand nous découvrons-en lui cette bonté, sur laquelle
reposent les délices et la faveur du Père — le coeur,
s'appuyant ainsi sur Jésus, rencontre tout l'amour du Père. Mes frères,
aviez-vous pensé, qu'en nous reposant ainsi sur le Seigneur Jésus, nous pouvons
nous attendre à une plus complète manifestation de l'amour du Père?
Au chapitre 16
de cet évangile nous lisons: «Je ne vous dis pas que
moi je ferai des demandes au PERE pour vous, car le PERE Lui-même vous aime,
parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti d'auprès de
Dieu» (versets 26, 27). Qu'est-ce que cela veut dire?
Cela doit-il nous enlever la douceur de savoir que Jésus intercède pour nous? Nullement; mais cette
déclaration a pour but de nous faire comprendre, que le Seigneur Jésus n'est
pas la cause première de l'amour du Père. Il n'a fait que fournir à cet
amour la liberté de se déployer; il lui a frayé le
chemin pour arriver jusqu'à nous. C'est une grave erreur, une idée tout à fait
subversive, que de supposer que le Seigneur Jésus est là-haut pour détourner de
dessus nous le jugement d'un Dieu irrité. L'amour de Dieu ne pouvait, il est
vrai, avoir son libre cours avant que l'oeuvre du
Fils ne fût accomplie; mais le don du Fils fut un
effet de l'amour de Dieu.
Encore: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon
PERE l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui»
(14: 23). Ici, nous avons la communion avec le Père et avec le Fils liée
à l'obéissance: il est promis une jouissance
plus grande de l'amour du Père, comme une conséquence de l'obéissance.
L'obéissance elle-même doit avoir sa source dans l'amour, mais alors elle nous
introduit dans une réalisation plus entière de l'amour du Père. Or,
n'était-ce pas dans cet amour-là que demeurait Jésus Lui-même ici-bas? comme il le dit: «J'ai gardé les commandements de mon
Père, et je demeure dans son amour» (15: 10). Et ceci ne nous dit-il pas
clairement, que nous aussi, en vertu de notre union avec Christ, nous pouvons
marcher de manière à jouir de cette pleine manifestation de l'amour du Père? — Cette manifestation, du reste, sera toujours
en proportion de notre mesure d'obéissance. En réalisant notre union avec Jésus
à la droite de Dieu, l'obéissance sera produite en nous, et alors chaque pas
que nous faisons, chaque oeuvre d'amour, chaque
parole d'amour en intercession pour les autres, ouvrira la voie à une manifestation
plus entière de l'amour du Père. L'âme, stimulée par son amour pour
Celui qui l'a tant aimée, sera amenée à une jouissance toujours plus grande de
cet amour. C'est un effet de la grâce de Dieu de pousser l'âme à
l'obéissance, et c'est un autre effet de cette même grâce, de venir à elle et
de la bénir dans l'obéissance.
Nous voyons que
le sommaire des commandements de Jésus, c'est que nous nous aimions l'un
l'autre, et le caractère de cet amour, que nous sommes appelés à nous témoigner
mutuellement, doit être celui de l'amour de Jésus pour nous:
— le renoncement à nous-mêmes, — le sacrifice de nous-mêmes, — savoir devenir
pauvres pour en enrichir plusieurs, abandonner non seulement ce qui est
mauvais, mais aussi parfois ce qui en soi-même est parfaitement innocent. La
marche sainte et joyeuse du chrétien doit être de renoncer pour lui-même, à
toute chose, dès qu'en faisant ainsi il peut devenir un instrument pour
procurer la vie, la force, la bénédiction, à d'autres. — Ce n'est que de cette
manière qu'il peut espérer de trouver ce que trouvera Jésus (l'amour
manifesté du Père). Vous me comprendrez si je vous dis, que ce fut
ici-bas que le Fils bien-aimé de Dieu apprit ce qu'il n'aurait jamais pu
apprendre aussi pleinement ailleurs l'amour du Père. Ce fut sur la
terre, dans l'infirmité, dans l'épreuve, dans la souffrance qu'il connut cet
amour, comme il n'aurait jamais appris à le connaître à la droite de Dieu. Et
c'est aussi ici-bas, dans les orages et les luttes de la vie, que nous aussi,
nous sommes appelés à apprendre à connaître le caractère particulier de l'amour
du Père. Pensez-vous qu'un homme qui se tient isolé, et qui croit que la
vie d'un saint ne consiste qu'à être droit, irréprochable, et non pas à
se renoncer lui-même, pensez-vous qu'un tel homme saura quelque chose de
l'amour du Père? Non!
— Ce fut dans l'affliction, dans le sacrifice de lui-même, dans la mort, que le
Seigneur Jésus connut cet amour spécial du Père;
et ce n'est qu'en étant conduits par la grâce à le suivre dans ce chemin, que
nous pourrons comprendre et expérimenter pour nous-mêmes la nature de cet amour
qui reposait sur Lui. Ce n'est qu'autant que nous nous oublions nous-mêmes, en
ne parlant pas de nous-mêmes, en étant contents d'être faibles pour que d'autres
soient forts, en donnant notre vie pour d'autres, en étant méprisés pour
d'autres, que nous serons amenés à une intelligence plus parfaite de l'amour du
Père.
Comment
pourrions-nous être heureux dans l'épreuve, si nous n'y étions pas avec Christ? Et ces mêmes épreuves, chers amis, ne
proviennent-elles pas bien souvent de l'absence de ce que produirait en nous la
communion avec Christ? Et s'il en est ainsi, ces
épreuves ne seront pas de nature à nous permettre d'élever nos regards vers le
Père, dans l'attente de son approbation et de son amour. Mes frères, la
mesure de joie après laquelle nos âmes devraient soupirer, n'est rien moins que
le plein resplendissement de l'amour du Père qui reposait sur Christ.