L'amour du Père - Jean 17

Ce que je désire placer devant vous en ce moment, chers frères, c'est cette bénédiction actuelle et positive, dont nous avons le privilège de jouir, et qui découle de ce que nous connaissons l'amour dont le Père aime le Fils. Il y a en effet, de quoi nous émouvoir profondément, lorsque nous apprenons que l'amour dont Dieu nous aime, est semblable à celui dont Il aime Jésus: «comme tu m'as aimé» (verset 23). Notre association avec le Seigneur dans la gloire en sera la manifestation; alors le monde même le connaîtra; mais en attendant que ce jour vienne, Jésus parle ici de nous en donner déjà maintenant, par le Saint Esprit, la joie et la consolation.

De quelle manière l'amour du Père a-t-il été manifesté envers nous, mes frères? En ce qu' «il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4: 10) — qui de nous ne le sait pas? Mais nous pouvons aller plus loin, et parler de l'Esprit qui nous rend capables de croire dans le Fils et de l'apprécier. Qui de nous mettrait si peu de prix à la capacité de croire au Fils, au point d'affirmer qu'elle peut provenir du coeur de l'homme? Il n'est pas au pouvoir de «l'esprit de l'homme», de comprendre la valeur de ce don de Dieu, le meilleur et le plus précieux: — «Le Fils». Nous n'estimons pas, comme nous le devrions, cette grâce qui nous a amenés à la foi. — Mais allons plus loin encore. Nous savons tous que la «grâce» n'est pas d'origine humaine; qu'elle nous est venue du ciel d'où Jésus est venu, qu'elle a suivi le «don» — mais n'avons-nous pas l'habitude de nous arrêter là? Je voudrais vous parler de cet amour du Père pour le Fils, auquel nous avons part par notre union avec le Fils, en nous rappelant que la grâce par laquelle nous croyons au Fils, n'a fait que nous placer sur un terrain, où nous avons à mieux apprendre quelle est la profondeur et la plénitude de l'amour. L'amour spécial du Père est à nous. Je ne parle pas maintenant de Christ comme étant à nous, mais de ce qui est à Christ, comme étant à nous.

Remarquez les versets 25 et 26. N'est-il pas ici question d'un amour qui repose sur nous parce, que nous avons cru en Jésus et que nous l'aimons? Nous reconnaissons, sans doute tous, que nous ne pouvons aimer le Seigneur Jésus que par l'Esprit; mais quand nous l'avons reçu comme notre Sauveur; quand nous découvrons-en lui cette bonté, sur laquelle reposent les délices et la faveur du Père — le coeur, s'appuyant ainsi sur Jésus, rencontre tout l'amour du Père. Mes frères, aviez-vous pensé, qu'en nous reposant ainsi sur le Seigneur Jésus, nous pouvons nous attendre à une plus complète manifestation de l'amour du Père?

Au chapitre 16 de cet évangile nous lisons: «Je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes au PERE pour vous, car le PERE Lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti d'auprès de Dieu» (versets 26, 27). Qu'est-ce que cela veut dire? Cela doit-il nous enlever la douceur de savoir que Jésus intercède pour nous? Nullement; mais cette déclaration a pour but de nous faire comprendre, que le Seigneur Jésus n'est pas la cause première de l'amour du Père. Il n'a fait que fournir à cet amour la liberté de se déployer; il lui a frayé le chemin pour arriver jusqu'à nous. C'est une grave erreur, une idée tout à fait subversive, que de supposer que le Seigneur Jésus est là-haut pour détourner de dessus nous le jugement d'un Dieu irrité. L'amour de Dieu ne pouvait, il est vrai, avoir son libre cours avant que l'oeuvre du Fils ne fût accomplie; mais le don du Fils fut un effet de l'amour de Dieu.

Encore: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon PERE l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui» (14: 23). Ici, nous avons la communion avec le Père et avec le Fils liée à l'obéissance: il est promis une jouissance plus grande de l'amour du Père, comme une conséquence de l'obéissance. L'obéissance elle-même doit avoir sa source dans l'amour, mais alors elle nous introduit dans une réalisation plus entière de l'amour du Père. Or, n'était-ce pas dans cet amour-là que demeurait Jésus Lui-même ici-bas? comme il le dit: «J'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour» (15: 10). Et ceci ne nous dit-il pas clairement, que nous aussi, en vertu de notre union avec Christ, nous pouvons marcher de manière à jouir de cette pleine manifestation de l'amour du Père? — Cette manifestation, du reste, sera toujours en proportion de notre mesure d'obéissance. En réalisant notre union avec Jésus à la droite de Dieu, l'obéissance sera produite en nous, et alors chaque pas que nous faisons, chaque oeuvre d'amour, chaque parole d'amour en intercession pour les autres, ouvrira la voie à une manifestation plus entière de l'amour du Père. L'âme, stimulée par son amour pour Celui qui l'a tant aimée, sera amenée à une jouissance toujours plus grande de cet amour. C'est un effet de la grâce de Dieu de pousser l'âme à l'obéissance, et c'est un autre effet de cette même grâce, de venir à elle et de la bénir dans l'obéissance.

Nous voyons que le sommaire des commandements de Jésus, c'est que nous nous aimions l'un l'autre, et le caractère de cet amour, que nous sommes appelés à nous témoigner mutuellement, doit être celui de l'amour de Jésus pour nous: — le renoncement à nous-mêmes, — le sacrifice de nous-mêmes, — savoir devenir pauvres pour en enrichir plusieurs, abandonner non seulement ce qui est mauvais, mais aussi parfois ce qui en soi-même est parfaitement innocent. La marche sainte et joyeuse du chrétien doit être de renoncer pour lui-même, à toute chose, dès qu'en faisant ainsi il peut devenir un instrument pour procurer la vie, la force, la bénédiction, à d'autres. — Ce n'est que de cette manière qu'il peut espérer de trouver ce que trouvera Jésus (l'amour manifesté du Père). Vous me comprendrez si je vous dis, que ce fut ici-bas que le Fils bien-aimé de Dieu apprit ce qu'il n'aurait jamais pu apprendre aussi pleinement ailleurs l'amour du Père. Ce fut sur la terre, dans l'infirmité, dans l'épreuve, dans la souffrance qu'il connut cet amour, comme il n'aurait jamais appris à le connaître à la droite de Dieu. Et c'est aussi ici-bas, dans les orages et les luttes de la vie, que nous aussi, nous sommes appelés à apprendre à connaître le caractère particulier de l'amour du Père. Pensez-vous qu'un homme qui se tient isolé, et qui croit que la vie d'un saint ne consiste qu'à être droit, irréprochable, et non pas à se renoncer lui-même, pensez-vous qu'un tel homme saura quelque chose de l'amour du Père? Non! — Ce fut dans l'affliction, dans le sacrifice de lui-même, dans la mort, que le Seigneur Jésus connut cet amour spécial du Père; et ce n'est qu'en étant conduits par la grâce à le suivre dans ce chemin, que nous pourrons comprendre et expérimenter pour nous-mêmes la nature de cet amour qui reposait sur Lui. Ce n'est qu'autant que nous nous oublions nous-mêmes, en ne parlant pas de nous-mêmes, en étant contents d'être faibles pour que d'autres soient forts, en donnant notre vie pour d'autres, en étant méprisés pour d'autres, que nous serons amenés à une intelligence plus parfaite de l'amour du Père.

Comment pourrions-nous être heureux dans l'épreuve, si nous n'y étions pas avec Christ? Et ces mêmes épreuves, chers amis, ne proviennent-elles pas bien souvent de l'absence de ce que produirait en nous la communion avec Christ? Et s'il en est ainsi, ces épreuves ne seront pas de nature à nous permettre d'élever nos regards vers le Père, dans l'attente de son approbation et de son amour. Mes frères, la mesure de joie après laquelle nos âmes devraient soupirer, n'est rien moins que le plein resplendissement de l'amour du Père qui reposait sur Christ.