Pour pouvoir
être pratiquement en communion avec la pensée de Dieu, par le moyen des Ecritures,
pendant que la lutte entre la chair et l'esprit est là, il faut que l'âme soit
bien établie dans la grâce. Or, Satan cherche à nous cacher la simplicité de
cette grâce; mais c'est elle seule qui est venue
au-devant de nous, quand nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés.
De même que le serpent fut élevé dans le desert,
ainsi Jésus fut élevé sur la croix, et Dieu le place devant nous comme l'objet
de notre foi. Quand nous regardons vers Jésus, Dieu nous dit que nous avons la
vie. — Une autre chose encore que Satan cherche à nous faire perdre de vue, par
toutes sortes de ruses et d'inventions de son propre fonds, c'est cette grâce
de Dieu par laquelle nous sommes gardés. Dieu nous garde par une puissance qui
est cachée dans les cieux. Nous sommes portés à nous appuyer sur notre
expérience, sur des observances, sur une sacrificature extérieure;
mais si nous ne regardons pas à ce qui est caché dans les cieux, en rapport
avec le précieux sang de Christ, et avec sa sacrificature à Lui, c'est Satan
qui en détourne nos regards, lui qui est «le père du mensonge». Tout ce qui
tend à nous faire croire que nous sommes gardés en dehors de Christ, ne sert
qu'à nous égarer.
Il y a donc,
pour tous ceux qui croient, une acceptation certaine et éternelle, par le sang
de Jésus qui a été répandu pour eux. «Christ étant
venu, souverain sacrificateur des biens à venir, par le tabernacle plus grand
et plus parfait qui n'est pas fait de main, c'est-à-dire, qui n'est pas de
cette création, et non avec le sang des veaux et des boucs, mais avec son
propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu
une rédemption éternelle» (Hébreux 9: 11, 12); Ceci assure à jamais notre paix
et notre bonheur.
Mais nous
connaissons d'autres bénédictions encore. Dieu veut que nous le comprenions et
que nous l'aimions dans ses voies ici-bas; —
dans tout ce qu'il fait au milieu d'un monde impur où Satan règne. Il veut que
nous soyons en communion avec lui-même et avec ses pensées au sujet de ce qui
nous entoure. Bientôt l'Eglise partagera avec le Seigneur l'exercice de la
puissance envers la terre, — nous aurons part à sa gloire, car nous sommes «cohéritiers de Christ» (Romains 8); mais, en outre, nous
sommes associés avec Christ dès maintenant pour le service, ce qui ne peut
avoir lieu que dans l'humiliation. — Jésus Servit Dieu dans une situation où le
mal avait le dessus, et devant «la contradiction de la part des pécheurs», et Dieu veut que nous le servions fidèlement dans
ce monde qui est le domaine de Satan, et où nous n'avons pas seulement à lutter
contre le mal qui est en nous-mêmes, mais contre le mal chez les autres. Il n'y
a que sa grâce qui puisse nous en rendre capables. C'est aussi bien la «grâce de Dieu» qui nous donne de servir, et la «grâce de Dieu»
qui nous rend propres au service, que c'est la «grâce de Dieu» qui nous a
sauvés au commencement.
Lorsque Christ «est monté en haut, il a donné des dons aux hommes, les uns
apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et
docteurs; en vue de la perfection des saints, pour l'oeuvre
du service, pour l'édification du corps de Christ» (Ephésiens 4). Nous voyons par là comment la grâce de Dieu tend vers ce but,
c'est-à-dire, à fortifier et à qualifier pour le service. C'est pourquoi,
lorsque nous sommes enseignés par un homme, ce n'est pas seulement pour que
nous en recevions du bien pour nous-mêmes, mais pour que nous en recevions tellement
de bien que nous devenions les serviteurs des autres;
pour que la vie qui est en nous les vivifie, fortifiant en eux ce qui a besoin
d'être raffermi. Quand ceci n'est pas compris, que nous ne reconnaissons pas
nos privilèges à cet égard, nous pourrons jouir beaucoup d'être enseignés, mais
notre foi sera faible et nos prières seront languissantes, par la raison que
nous n'aurons pas devant les yeux ce qui doit être notre véritable objet.
L'enseignement parmi les saints ne doit pas seulement avoir pour but de leur
développer la vérité, de leur dire ce qu'est le salut, ou de leur offrir des encouragements; il doit tendre aussi à diriger les coeurs vers ces choses dont Dieu veut qu'elles soient les
objets de notre service, dans la foi, ainsi qu'il est dit: «votre oeuvre de foi, votre travail d'amour, votre patience
d'espérance de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Thessaloniciens 1). Je n'ai pas
besoin de dire, chers amis, combien souvent nous manquons à cet égard, nous
contentant de nos jouissances personnelles. Mais quand une fois nous avons
compris que l'intention de Dieu, en nous donnant de nouvelles forces, est que
nous le servions en servant les autres, nous avons un motif d'agir tout
nouveau, un but pour lequel il vaut la peine de vivre.
Je ne connais
rien de plus important, et de plus doux en même temps, que d'être capable de discerner
le vrai serviteur de Christ dans le monde; rien ne
distingue davantage une âme enseignée de l'Esprit de celle qui ne l'est pas.
Lorsque le Seigneur Jésus était sur la terre, c'était une chose précieuse,
c'était la grande pierre de touche de la foi, que de pouvoir le reconnaître
pour ce qu'il était en effet, le Fils, l'Envoyé de Dieu, et de pouvoir le
confesser comme tel. Maintenant encore, le Saint Esprit tend toujours à nous
faire voir clairement ce qui, dans le monde, est de Dieu;
et, jusqu'à ce que Jésus revienne, cela ne se trouvera que dans des conditions
humbles, qui ne sont pas agréables à la chair, mais que l'Esprit distingue.
Lui-même conduit l'âme à dire: «C'est là que je
prendrai ma place, car là est la bénédiction».
Les récits de
l'Ecriture, tels que celui dont nous nous occupons en ce moment, nous mettent
en rapport avec les serviteurs de Dieu, la famille de la foi, des temps
écoulés. Nous y voyons que, dans le principe, leurs épreuves étaient semblables
à nos épreuves, leurs luttes semblables à nos luttes, de sorte que nos coeurs sont unis aux leurs, comme rien autre ne saurait le
produire.
David avait pris
la place où nous le trouvons ici, parce qu'il marchait par la foi, ce que Saül
ne faisait pas. David est la figure de l'homme avec lequel est la vérité et la
vocation de Dieu. Déjà comme «jeune garçon» (1 Samuel
17: 33), David avait appris à se confier dans le Seigneur, le Dieu d'Israël.
Quand le lion et l'ours se présentèrent, ce fut dans la foi qu'il alla
au-devant d'eux et les terrassa. Ceci se passait dans le secret entre
David et Dieu; mais bien peu de temps après, David
fut, par la foi, rendu capable de se mettre en avant, non pas pour sa propre
délivrance, mais pour celle de l'Israël de Dieu. La foi le fait entrer dans le
courant des pensées de Dieu. A mesure qu'un chrétien marche en avant, lors même que les épreuves qu'il rencontre deviennent
toujours plus grandes, il suit le courant des conseils de Dieu, et comme le dit
l'apôtre Paul: «il est mené en triomphe dans le
Christ» (2 Corinthiens 2). Il peut être appelé à accomplir des choses de plus
en plus pénibles, mais dans un sens, elles lui paraîtront moins difficiles,
parce qu'il connaîtra mieux la puissance de Dieu. Seulement les premiers pas
dans ce chemin doivent se faire dans le secret, alors Dieu nous conduira
plus loin.
Mais revenons à
notre sujet. Dieu avait oint David comme roi; Saül
était toujours au pouvoir, remplissant des charges, etc., que celui-là seul qui
était de la foi, aurait dû remplir. David ne lève pas sa main contre Saül, il renonce
à tout ce qui était de la chair, et prend sa place, simplement et uniquement,
comme un exilé dans le désert; — et quand il
fut là, il jouissait de la moindre preuve de bienveillance, du moindre secours.
Il en est de même, à cette heure, de tous les serviteurs de Dieu, qui cherchent
à marcher selon la vérité, et qui, dans le sens spirituel, sont des descendants
de David. Plus ils seront fidèles, plus ils seront sensibles au moindre
témoignage de bonté et d'affection qu'ils trouveront sur leur chemin, car leurs
coeurs seront souvent épuisés et fatigués. Il n'est
rien de plus doux pour celui qui désire le bien des autres et la gloire de
Dieu, que de voir quelqu'un se joindre à lui pour l'amour de la vérité. Le «verre d'eau froide», la plus petite marque de bon vouloir,
met en rapport celui qui les donne avec la vérité de Dieu, et devient un
service réel et précieux. «En tant que vous avez fait
ces choses à l'un des plus petits de ceux-ci, qui sont mes frères, vous me les
avez faites à Moi-même» (Matthieu 25: 40). Dieu seul lit dans les coeurs;
mais pour celui qui accueille, qui assiste ceux qui marchent dans la vérité et
souffrent pour la justice, et qui s'associe à leurs souffrances, il y a de la
bénédiction.
David était dans
le besoin; près de là était un homme qui n'était pas
dans le besoin — un riche de la terre, environné des biens de ce monde, vivant
dans l'abondance. C'était Nabal (verset 2). David ne
lui enviait pas ses richesses (au contraire, sans doute, il n'aurait pas voulu
changer son sort contre celui de Nabal), et le
message qu'il lui faisait parvenir n'avait rien de désobligeant (versets 6-8): «Que ces gens donc soient dans tes bonnes grâces, puisque
nous sommes venus en un bon jour. Nous te prions de donner à tes serviteurs, et
à David, ton fils, ce qui te viendra en main». Le cœur
de David était assez large pour qu'il pût se réjouir de tout ce qui aurait
identifié la position de Nabal avec la sienne. Il en
sera toujours ainsi chez le chrétien dont le coeur
est rempli de la grâce; il n'enviera rien à ceux qui
l'entourent, et ne sera nullement porté à dire: «vois ce que je suis et ce que
tu n'es pas» — non, il cherchera plutôt le lien qui peut unir les autres avec
lui-même.
Dieu agit en
grâce — Dieu savait quelle serait la fin de Nabal; néanmoins Il le met
miséricordieusement à l'épreuve, et s'il y avait eu, dans le coeur de Nabal, un atome de
grâce, ou d'un sentiment quelconque selon Dieu, il aurait répondu à cet appel.
Mais il n'y avait rien de pareil dans ce coeur. Les
circonstances extérieures l'occupent seules. Il suppute avec dureté la position
de David et dit: «qui est David, et qui est le fils
d'Isaï? Aujourd'hui est multiplié le nombre des serviteurs qui se débandent
d'avec leurs maîtres» (verset 10). Et ici nous avons à
nous souvenir, chers amis, que tous par nature nous avons les mêmes sentiments
que Nabal;
il n'y a pas de coeur qui ne les renferme, aussi bien
que tout autre mal; et à ce sujet, nous avons, même comme chrétiens, à veiller
et à nous juger. Puisque nous désirons servir Dieu, y a-t-il en effet cette
bonne volonté, en toute franchise de coeur, pour
soutenir, encourager, autant que nous le pouvons, ceux qui en ont besoin, en
les assistant, en les soulageant, en leur montrant de la sympathie dans les
choses temporelles comme dans les choses spirituelles?
L'amour sait trouver bien des moyens.
Il y a, dans les
temps où nous vivons, bien des chrétiens qui paraissent craindre et vouloir
éviter les circonstances dans lesquelles ils sont placés. — Prenons garde,
toutefois, de les juger légèrement, et de dire ce que Nabal
dit, sans égard pour les luttes intérieures et la profonde angoisse par
lesquelles ils ont peut-être passé. David avait renoncé à bien des choses: avant de prendre sa place d'exilé, il avait rompu
plus d'un lien, passé par plus d'un combat avec lui-même, de sorte que,
quoiqu'il fût vrai que, dans un sens, il se fût enfui loin de son maître,
l'action était bien différente aux yeux de Dieu qu'à ceux de l'homme. Ce qui
est extérieur attire promptement le regard, tandis que souvent il faut une
recherche patiente et active pour découvrir la vérité cachée. Si l'on veut
vivre dans la communion de Dieu, de ses pensées, de ses voies, cette recherche
doit être là, sinon nous ne saurons jamais ce qu'il faut ou non encourager. Soyons
assurés que plus une vérité sera connue et acceptée, plus elle nous isolera du
reste des hommes.
Il y a pour nous
une leçon profondément pratique dans ce qui est mis à découvert ici du coeur de David. Il était encore dans la chair et (ainsi que
cela nous arrive fréquemment quand une chose vient à nous inattendue), il
n'était pas préparé à recevoir, dans la fermeté de la grâce, ce qui, par
la volonté de Dieu, se trouvait ici sur son chemin. Sans nul doute, il
considérait l'affront que Nabal lui infligeait, comme
étant plus qu'il ne pouvait supporter. — Que de fois il en est de même chez les
saints de Dieu! Ils s'arrêtent aux circonstances, au
lieu de s'en détourner pour regarder à Dieu et d'agir alors selon Lui en toutes
choses! Ils se plaignent, ils murmurent — et c'est
ainsi que le témoignage de la grâce se perd. Une foule de choses agissent sur
nous qui nous affectent d'une manière sensible et douloureuse. — Si elles nous
trouvent en communion avec Dieu, elles seront certainement une occasion de
produire des fruits à sa gloire; sinon, nous serons
souillés par elles, et nous aurons à confesser le péché, de manière que Satan,
au lieu de trembler et de s'enfuir loin de nous à chaque difficulté, a au
contraire l'avantage sur nous. C'est un grand bonheur quand nous pouvons louer
Dieu de ce qu'Il nous a rendus capables de triompher pratiquement et de
remporter la victoire. Et c'est à cela que nous devrions tendre. L'apôtre Paul
pouvait dire: «J'ai combattu le bon combat; j'ai
achevé la course; j'ai gardé la foi» (2 Timothée 4: 7). Nous pouvons toujours
bénir Dieu ce qu'Il est en Lui-même, et de ce qu'Il nous a faits en Christ,
mais nous pourrions aussi arriver à Le bénir de la victoire que nous remportons
sur Satan et sur le monde.
Malheureusement,
la condition morale dans laquelle nous nous trouvons est souvent, un obstacle à
ce que nous puissions bénir Dieu ainsi. Je ne dis pas cela pour que nous soyons
découragés, mais plutôt pour que nous distinguions ce que nous sommes en
Christ, et ce que nous sommes pratiquement comme vainqueurs. Voyez
encore David. Non seulement il était en danger de ne pas vaincre, mais d'être
lui-même vaincu et de faire une chute profonde. Car comment le voyons-nous agir? Est-ce comme un serviteur de Dieu?
Supportant avec douceur les paroles ironiques et mordantes de Nabal — les acceptant pour l'amour de Dieu?
Hélas! non. C'est dans un esprit d'orgueil blessé
qu'il les reçoit.
Cependant il y
avait dans la maison de Nabal un être bien différent
de Nabal, et qui lui était uni par des liens que Dieu
seul pouvait rompre: c'était une femme, appartenant au
Seigneur et marchant par la foi. Abigaïl avait su discerner en David, exilé et
dans le besoin, celui que le Dieu d'Israël avait oint, et auquel Il devait
donner la puissance comme au chef élu de son peuple:
«L'Eternel ne manquera point d'établir une maison ferme à mon seigneur, car mon
seigneur conduit les batailles de l'Eternel» (verset 28). Abigaïl pouvait
suivre du regard de la foi le chemin de David, et anticiper le moment de sa
gloire, et ceci nous montre qu'elle avait été enseignée de Dieu. Mais à cause
même de cet enseignement, sa position dans la maison de Nabal
devait être d'autant plus pénible, et sa relation avec lui un pesant fardeau.
Journellement éprouvée, n'ayant aucune communion avec celui à qui elle était
unie, mais rencontrant de sa part toutes sortes de difficultés — voyant la
conduite insensée de Nabal en contraste avec le
témoignage de l'homme de foi — elle pouvait se dire que les voies de Dieu
envers elle étaient étranges. — Et plus d'une âme est ainsi placée, par le seul
désir de servir Dieu, dans des circonstances pénibles et difficiles
qu'elle-même n'a pas cherchées. Mais si ce désir est véritable, il ne sera pas
déçu. Dieu peut nous donner les moyens de Le servir d'une manière ou d'une
autre déjà maintenant, et le moment viendra où nous Le servirons à notre
entière satisfaction. En attendant il y a un grand profit et une bonne
discipline pour le coeur, d'avoir ainsi à nous
courber sous le joug, et à être amenés à nous soumettre à Dieu. Moïse n'était
pas lié à la maison de Pharaon, c'est pourquoi il la quitta par fidélité pour
le Seigneur; il en fut de même pour Abraham dans sa
parenté. Mais il peut y avoir des positions comme celle d'Abigaïl, où il faut
supporter et porter le joug, s'attendant à Dieu, et il en résultera
certainement d'abondantes bénédictions. On y passe par un brisement secret de
la volonté et une mortification de la chair, dont, en servant Dieu plus tard,
on reconnaît toute la nécessité.
Abigaïl, dans sa
vie isolée, était bien plus en communion avec la vérité que David, tel que ce
chapitre nous le présente, et ce fut à elle qu'il fut donné de réprimer le
sentiment coupable qui s'élevait dans le coeur de cet
homme de foi lui-même. Tandis que David était comme perdu dans les ténèbres de
ses propres pensées, Abigaïl apportait et faisait luire devant lui la pure
lumière de la vérité: et David l'écouta et rendit
grâces à Dieu, «Béni soit l'Eternel, le Dieu d'Israël, qui t'a aujourd'hui
envoyée au-devant de moi! Et béni soit ton conseil, et bénie sois-tu, qui m'as
aujourd'hui empêché d'en venir au sang, et qui en as préservé ma main!» (versets 32, 33). Telles
furent les paroles de David, lorsqu'il eut vu le péché dans lequel son orgueil
l'avait entraîné.
Qui aurait pu
croire qu'Abigaïl serait jamais le conseiller de David — lui qui passait par
tant de souffrances pour la cause du Seigneur, — lui, le bien-aimé de Dieu —
son serviteur — haut élevé dans la grâce, dans la foi — bien au-dessus
d'Abigaïl, ainsi qu'elle-même le pensait sans doute! —
Et pourtant Abigaïl fut mise à l'épreuve et retenue là où elle était seule,
jusqu'à ce que le moment fût venu pour elle de montrer à David son devoir et
d'intercéder pour Nabal.
Remarquez de
quelle manière Dieu enseigne. Ce fut à Abigaïl qu'il fut donné de faire
intercession, lorsque David dans sa colère, était sur le point de frapper, de
se venger lui-même, au lieu de tout abandonner à Dieu;
et ainsi un des plus beaux côtés du caractère de David, celui de remettre
toutes choses entre les mains de Dieu, aurait été perdu. Les paroles d'Abigaïl,
au contraire, nous font voir la puissance suprême de la foi:
«l'âme de mon seigneur sera liée dans le faisceau de la vie par devers
l'Eternel, ton Dieu; mais il jettera au loin, comme avec une fronde, l'âme de
tes ennemis. Et il arrivera que l'Eternel fera à mon seigneur selon tout le
bien qu'il t'a prédit, et il t'établira conducteur d'Israël. Que ceci donc ne
te soit point en achoppement, ni un sujet de regret dans l'âme de mon seigneur,
d'avoir répandu du sang sans cause et de s'être vengé lui-même. Et quand
l'Eternel aura fait du bien à mon seigneur, tu te souviendras de ta servante» (versets 29-31).
Si David s'était
placé par la pensée au temps de sa gloire future, il n'aurait jamais songé à
lever le bras pour répandre le sang innocent; car peu
s'en fallut, nous le savons, que ses mains ne se fussent trempées dans celui du
jeune homme, qui parla de lui à Abigaïl avec tant de bienveillance (versets
14-17). S'il s'était demandé sous quel jour cette action lui apparaîtrait au
temps de sa gloire, il se serait arrêté. — La foi nous fait regarder au delà des circonstances présentes vers le moment de la
fin, et de cette manière on apprend à considérer et à juger les choses selon
Dieu. Abigaïl agissait ainsi; et si nous réalisions
notre union avec Dieu et le but promis de gloire, nous ferions comme elle. Si
dans les choses pénibles qui nous arrivent, nous pouvions, par la foi, nous
identifier avec Dieu et voir en Lui notre ami, Celui qui dit:
«A moi la vengeance; moi, je rendrai la pareille, dit le Seigneur» (Romains 12:
19), nous ne songerions jamais à nous venger nous-mêmes, ou à nous préoccuper
d'autre chose que d'intercéder pour ceux qui nous ont affligés ou maltraités.
Les voies actuelles de Dieu sont en grâce et en miséricorde. Nous devons plutôt
chercher à ramener, à subjuguer, à adoucir. «Ne sois
pas surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien» (Romains 12: 21).
Rien ne convient mieux, maintenant, que d'agir en grâce, et de tâcher
d'en faire sentir la puissance à tout ce qui se trouve sur notre chemin, à
chacun de nous individuellement. — Quel honneur pour cette pauvre femme
éprouvée, témoin solitaire de Dieu dans la maison de Nabal!
L'heure doit
venir où la main du Seigneur portera le coup final. David avait épargné Nabal, mais Dieu allait le rencontrer dans son propre
chemin. Nabal ne se souciait de rien de ce qui se
passait autour de lui. Il ne comprenait pas. On avait intercédé pour lui, il ne
s'en préoccupait guère, et quant à la grâce, peu lui importait. «Et voici, il faisait un festin en sa maison, comme un
festin de roi; et Nabal avait le coeur
joyeux, et était entièrement ivre» (verset 36). Mais quand tout fut terminé, sa
femme lui fit part, simplement de ce qui s'était passé — ce récit, empreint de
miséricorde et de grâce, fait dans la simplicité de la vérité, fut pour Nabal comme une parole de mort. — Son coeur
s'amortit en lui, et «il devint comme une pierre»
(versets 37, 38). La main de Dieu s'était levée contre lui.
Ceci donne au
chapitre un caractère profondément solennel. Telle est la fin de tout ce qui
n'est pas de la foi. Les choses mêmes qui sont faites pour bénir, deviennent
une puissance de destruction; et ceux-là le
reconnaîtront un jour dans toute son étendue, qui, en faisant le compte des
appels de la grâce qu'ils ont entendus, se trouveront séparés de toute
bénédiction et loin de Dieu qui la donne. Ce sera le remords;
— et rien ne sera plus affreux; car ce sera la conscience d'avoir laissé passer
pour toujours les occasions où la grâce venait à nous, et d'être séparé de Dieu
pour toute l'éternité!
«La voie» de Nabal était
celle «du fou», et sa fin fut celle de «l'insensé». Il en sera de même de tous
ceux qui refusent de prendre part aux souffrances et à l'humiliation du vrai
David. Nabal disait: «Et
prendrai-je mon pain, et mon eau, et la viande que j'ai apprêtée
pour mes tondeurs, afin de la donner à des gens que je ne sais d'où ils
sont» (verset 11)? Abigaïl savait «d'où ils étaient»,
et ces choses auxquelles Nabal attachait tant de prix
n'étaient rien pour elle, en comparaison du service de Dieu. Nous ne sommes
peut-être pas tout à fait comme Nabal, toutefois
chacun de nous a le même penchant à vaincre, la même pensée qui fait dire: «mon pain — ma réputation — ma
position», aussitôt que le moi peut se mettre en travers du privilège de
l'identification avec Christ dans l'abaissement. Rien ne peut nous rendre plus
malheureux que d'avoir la conscience que l'Esprit nous condamne, et du moment
qu'il y a cette recherche des choses qui sont de nous et non de celles qui sont
de Christ, l'Esprit de Dieu doit nous condamner.
Nous avons vu la
fin de Nabal; mais quelque terrible qu'elle fût, elle délivra Abigaïl de
son état de souffrance, et l'unit à celui dont elle savait que la bénédiction
du Seigneur reposait sur lui (versets 39-42). Elle abandonna sa maison, ses
richesses, tout, à ce qu'il paraît, pour partager le sort de cet étranger,
pourchassé et «poursuivi comme une perdrix dans les
montagnes» (1 Samuel 26: 20). — C'est à nous de voir dans quelle condition nous
nous trouvons. Nous pouvons ne pas être en état de prendre la position élevée
de David — mais alors il y a celle d'Abigaïl, et nous pouvons du moins nous
associer à ceux qui souffrent pour la cause de Jésus, et renoncer à tout, ou à
une partie de ce que nous possédons. Il s'agit moins de la mesure ou de la
valeur de ce que nous abandonnons, que du lien qui existe entre ces choses et
nous.
Ce n'est qu'en
entrant dans les épreuves et les difficultés des autres, que nous apprendrons à
mieux connaître les Ecritures, et que notre pensée sera éclairée quant aux
choses de la vie et quant aux serviteurs de Dieu avec lesquels nous devions
chercher à nous identifier. Apprenons à juger les circonstances présentes, en
nous plaçant, par la foi, au temps de la fin. Alors David verra devant lui Urie
— Paul verra Etienne, à la mort duquel il consentit. — Etonnante pensée! — mais le bonheur de Paul ou de David en sera-t-il
affaibli? Nullement: — il y aura alors une puissance
de bénédiction comme Dieu seul peut la donner, et qui éloignera tout souvenir
amer de ce genre. Croyez que si je m'exprime ainsi, ce n'est pas que je fasse
peu de cas du péché, mais c'est afin de familiariser nos âmes avec ce moment.
Rien ne peut annuler les conséquences des péchés passés — mais tâchons de ne
pas avoir devant l'esprit maintenant le souvenir des personnes ou des choses,
auxquelles nous ne pouvons penser avec sérénité. En nous plaçant devant la
perspective de ce dernier jour, nous serons rendus capables de discerner la
véritable nature de tout ce qui nous entoure. Jamais un homme ne s'est placé
sérieusement en face du jugement de Dieu, sans glorifier Dieu, et c'est à cela
que la foi, quelque faible quelle soit, doit nous
amener. Souvent nous avons de la foi pour les choses ordinaires, eh! bien, c'est là que nous éprouvons combien Dieu est près.
Par conséquent, que nous soyons menacés par un danger à venir ou tourmentés par
des choses passées ou actuelles, recherchons la puissance de la foi — que Dieu
soit notre conseiller. Que votre refuge et votre force soient réellement en
Dieu. Cela seul peut soutenir le coeur. «Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu
par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous
sauvés par sa vie. Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même en
Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu
la réconciliation» (Romains 5: 10, 11).
Notre bonheur
est de savoir non seulement que nous avons la paix avec Dieu, mais aussi qu'Il
veille sur nous et nous conduit dans le chemin du service. Puissions-nous en
faire l'expérience, comme nous trouvant sous sa main, et si nous désirons être
amenés dans une communion pratique avec Lui-même et avec ses voies, recherchons-la
par des prières et des supplications.