«Je reviendrai» - Jean 14: 1-3

Ces paroles, auxquelles le coeur de tout chrétien a dû s'arrêter bien souvent, nous font passer, par-dessus tout l'espace de temps qui lie le moment du départ, alors prochain, du Seigneur, sujet de la tristesse de ses disciples, au moment de son retour, qui leur est présenté comme l'unique et seul objet de leur espérance. Les circonstances intermédiaires que les disciples auront à traverser entre ces deux moments, ne sont pas mentionnées; mais ce qui est intermédiaire dans la position du Seigneur leur est communiqué pour leur consolation. Pour un temps, il faut qu'ils le connaissent comme étant séparé d'eux, comme étant allé dans la maison de son Père; mais, là, s'intéressant à eux, et s'occupant d'eux autant qu'il l'avait jamais fait sur la terre. Mais s'il s'en allait il reviendrait pour les prendre auprès de Lui. Il avait été avec eux dans ce monde, il savait ce qu'il y avait été pour eux et quelle place il avait dans leurs affections. — Eh! bien, il s'en allait, mais il reviendrait et ils seraient avec lui dans sa demeure, comme Lui avait été avec eux dans leurs demeures. Cette assurance devait adoucir leur peine et animer leur espérance. Ils n'avaient pas besoin d'autre chose. Ils avaient renoncé à tout ce à quoi ils attachaient jadis quelque prix sur la terre, et en avaient été privés, afin d'être avec Lui. Si c'était peu de chose qu'ils avaient eu à quitter, ils avaient trouvé leur tout en Lui. Que n'avait-il pas été pour eux ici-bas! Qu'est-ce qui pouvait remplir le vide de leurs coeurs, quand une fois il ne serait plus là? Rien, absolument rien, si ce n'est d'être réunis de nouveau à l'objet de leurs affections. Ce n'est pas la perspective des souffrances qui les attendaient sur la terre qui les troublait, c'était la pensée de le perdre, Lui. — Quand Lui ne fut plus là, le monde devint si absolument vide pour eux, que leurs affections (au moins celles de l'une d'entre eux) se seraient attachées à son corps mort, comme à leur seul trésor au milieu de la solitude désolée qui les entourait.

L'amour ne demande pas de richesses; il ne demande pas qu'on lui parle de bonheur et de gloire, il veut être avec l'objet qu'il aime. — Et ce coeur qui avait gagné les affections des disciples, ne savait-il pas quelle est la véritable rémunération de l'amour? Oui, il le savait bien; c'est pourquoi Jésus dit: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi». Un ciel glorieux peut bien être la demeure que le Dieu de gloire a préparée pour ceux dont son appel et sa grâce ont fait ici-bas des étrangers et des voyageurs; il prend son plaisir à dire à ses pèlerins, au milieu de leurs fatigues présentes, qu'«il reste un repos pour le peuple de Dieu» (Hébreux 4: 9). Mais à sa saints qui pleurent ceux qu'ils aimaient, il dit: «Ceux qui se sont endormis, Dieu les amènera par Jésus, avec Lui, — puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». C'est pourquoi, ajoute l'apôtre: «Consolez-vous donc l'un l'autre par ces paroles» (1 Thessaloniciens 4: 14, 17, 18). Ces paroles en effet renferment ce qui seul peut satisfaire l'amour. Paul le savait bien: son ciel à lui, c'était «d'être toujours avec le Seigneur». Et le nôtre, quel est-il, s'il n'est pas celui-là? — Qu'est-ce que notre christianisme? Est-ce de savoir que nos péchés sont pardonnés? que nous sommes sûrs d'être acceptés par le sang de Christ, à la fin de notre oeuvre? Est-ce la certitude que lorsque la terre ne sera plus, nous aurons le ciel — un ciel que nous connaissons comme une doctrine ou par le raisonnement? — Non — mais c'est ici le christianisme: «Christ m'a aimé et s'est livré Lui-même pour moi» (Galates 2: 20); et Christ a dit: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, car tu m'as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17: 24).