Ces paroles, auxquelles le coeur de tout chrétien a dû s'arrêter bien souvent, nous
font passer, par-dessus tout l'espace de temps qui lie le moment du départ,
alors prochain, du Seigneur, sujet de la tristesse de ses disciples, au moment
de son retour, qui leur est présenté comme l'unique et seul objet de leur
espérance. Les circonstances intermédiaires que les disciples auront à
traverser entre ces deux moments, ne sont pas mentionnées;
mais ce qui est intermédiaire dans la position du Seigneur leur est communiqué
pour leur consolation. Pour un temps, il faut qu'ils le connaissent comme étant
séparé d'eux, comme étant allé dans la maison de son Père;
mais, là, s'intéressant à eux, et s'occupant d'eux autant qu'il l'avait jamais
fait sur la terre. Mais s'il s'en allait il reviendrait pour les prendre auprès
de Lui. Il avait été avec eux dans ce monde, il savait ce qu'il y avait été
pour eux et quelle place il avait dans leurs affections. — Eh!
bien, il s'en allait, mais il reviendrait et ils seraient avec lui dans sa
demeure, comme Lui avait été avec eux dans leurs demeures. Cette
assurance devait adoucir leur peine et animer leur espérance. Ils n'avaient pas
besoin d'autre chose. Ils avaient renoncé à tout ce à quoi ils attachaient
jadis quelque prix sur la terre, et en avaient été privés, afin d'être avec
Lui. Si c'était peu de chose qu'ils avaient eu à quitter, ils avaient trouvé
leur tout en Lui. Que n'avait-il pas été pour eux ici-bas!
Qu'est-ce qui pouvait remplir le vide de leurs coeurs,
quand une fois il ne serait plus là? Rien, absolument
rien, si ce n'est d'être réunis de nouveau à l'objet de leurs affections. Ce
n'est pas la perspective des souffrances qui les attendaient sur la terre qui
les troublait, c'était la pensée de le perdre, Lui. — Quand Lui
ne fut plus là, le monde devint si absolument vide pour eux, que leurs
affections (au moins celles de l'une d'entre eux) se seraient attachées à son
corps mort, comme à leur seul trésor au milieu de la solitude désolée qui les
entourait.
L'amour ne demande pas de richesses; il ne demande pas qu'on lui parle de bonheur et
de gloire, il veut être avec l'objet qu'il aime. — Et ce coeur qui avait gagné les affections des disciples, ne
savait-il pas quelle est la véritable rémunération de l'amour?
Oui, il le savait bien; c'est pourquoi Jésus dit: «Je
reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi,
vous, vous soyez aussi». Un ciel glorieux peut bien être la demeure que le Dieu
de gloire a préparée pour ceux dont son appel et sa grâce ont fait ici-bas des
étrangers et des voyageurs; il prend son plaisir à
dire à ses pèlerins, au milieu de leurs fatigues présentes, qu'«il reste un
repos pour le peuple de Dieu» (Hébreux 4: 9). Mais à sa saints qui pleurent
ceux qu'ils aimaient, il dit: «Ceux qui se sont
endormis, Dieu les amènera par Jésus, avec Lui, — puis nous, les vivants qui
demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du
Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur».
C'est pourquoi, ajoute l'apôtre: «Consolez-vous donc
l'un l'autre par ces paroles» (1 Thessaloniciens 4: 14, 17, 18). Ces paroles en
effet renferment ce qui seul peut satisfaire l'amour. Paul le savait bien: son ciel à lui, c'était «d'être toujours
avec le Seigneur». Et le nôtre, quel est-il, s'il n'est pas celui-là? — Qu'est-ce que notre christianisme?
Est-ce de savoir que nos péchés sont pardonnés? que
nous sommes sûrs d'être acceptés par le sang de Christ, à la fin de notre oeuvre? Est-ce la certitude que lorsque la terre ne sera
plus, nous aurons le ciel — un ciel que nous connaissons comme une doctrine ou
par le raisonnement? — Non — mais c'est ici le christianisme: «Christ m'a aimé et s'est livré Lui-même pour
moi» (Galates 2: 20); et Christ a dit: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as
donnés, que là où je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma
gloire, la gloire que tu m'as donnée, car tu m'as aimé avant la fondation du
monde» (Jean 17: 24).