«De grandes pierres, et des pierres de prix»

 «Et il prit d'entre eux des maçons pour tailler des pierres de taille, afin d'en bâtir la maison de Dieu» (1 Chroniques 22: 2).

Je n'ai pas besoin de dire que la construction du temple de Salomon est un des faits de l'histoire ancienne les plus intéressants à étudier, et lorsque ce bâtiment, élevé sur le mont de Morija, est considéré comme type de la céleste maison de Dieu, il devient infiniment plus intéressant encore.

Relativement à cette construction, voici en résumé, ce que nous présente la Bible: D'abord, David, le père, fait provision à l'avance des matériaux de ce temple, savoir des pierres, du fer de l'airain en abondance, sans poids. Il dit: «J'ai préparé pour la maison de l'Eternel cent mille talents d'or» — le talent d'or valait environ 137.000 fr. — «et un million de talents d'argent» — le talent d'argent valait 8550 francs. On peut ainsi calculer l'immense valeur des ressources préparées par David, pour ce temple somptueux, outre une quantité incalculable d'airain, de fer, de bois et de pierres. Telle avait été la provision faite par David pour ce magnifique bâtiment. Outre cela, les richesses de Salomon, le fils, étaient égales à celles de David, le père. Le chapitre 10 du premier livre des Rois nous donne quelque idée des richesses de Salomon. L'or seul qui lui revenait chaque année équivalait à plus de 90 millions de francs (verset 14).

Plus de 150.000 hommes étaient employés à la construction de ce merveilleux édifice (1 Rois 5: 15). «Et par le commandement du Roi, on amena de grandes pierres, des pierres de prix, pour faire le fondement de la maison» (1 Rois 5: 17).

Maintenant que veut-on dire par de grandes pierres? Dans nos pays, une pierre qui aurait trois pieds cubes serait considérée comme une grande pierre. Mais nous voyons que ces grandes pierres de fondement, sciées et taillées, étaient en effet «des pierres de prix, de grandes pierres; des pierres de dix coudées et des pierres de huit coudées» (1 Rois 7: 10, 11). Une coudée avait pour le moins un pied, six pouces; c'est la longueur du bras d'un homme depuis le coude jusqu'aux extrémités de ses doigts. Ainsi ces grandes pierres avaient au moins douze et quinze pieds en tout sens. Si l'on veut en faire le calcul, on trouvera qu'elles pesaient environ 250.000 kilogrammes chacune. Il y avait dans le temple, après sa restauration, une pierre de trente pieds de longueur sur treize de largeur et sept et demi d'épaisseur. On trouve des pierres semblables dans les ruines de Balbec, qu'on suppose avoir été bâtie par Salomon, et appelée «la maison du parc du Liban». Salomon bâtit trois maisons, qui répondent, je n'en doute pas, à la triple gloire de Christ, et comme des pierres de même mesure formaient les fondements des trois (1 Rois 7: 11), ainsi Christ est à la fois la pierre de fondement de l'Eglise de Dieu dans les lieux célestes, du royaume futur d'Israël, et de la bénédiction milléniale du monde entier. Nous verrons que la croix est le fondement de tout.

Mais revenons à ce qui nous occupe maintenant, au temple. Une grande quantité de cèdres furent amenés du Liban. Mais pendant bien des siècles, la difficulté a été de savoir et comment on a pu se procurer ces grandes pierres, ces pierres de prix. Un ami qui demeure près de Jérusalem, m'a dit, il y a quelques années, qu'il existe, sous Jérusalem, d'immenses cavernes; et le fait qu'une grande quantité de pierres brisées, mais surtout quelques grandes pierres à moitié taillées se trouvent là, rend évident que ces grandes pierres ont été tirées de ces cavernes, puis préparées de la manière suivante: le dessus était d'abord nivelé et marqué, puis on en taillait les côtés, enfin le dessous. Pensez au travail qu'il fallait pour monter ces énormes pierres hors de la caverne, les transporter et les mettre à leur place. Il se peut qu'Esaïe ait fait allusion à ces cavernes, quand il parle des pierres de la fosse (Esaïe 14: 19).

Le temple était bâti sur un rocher, au bord d'un affreux précipice. Les historiens parlent de 600 pieds d'ouvrage de fondement, qui dut être construit pour arriver au niveau d'un des côtés, à l'endroit où était le porche de Salomon. Les pierres de fondement étaient en queue d'aronde ou emmortaisées d'une manière admirable dans le roc même. Le tout était si bien travaillé qu'on pouvait à peine découvrir où elles se joignaient. Ainsi elles étaient enracinées, posées et fondées dans le roc même.

Et la maison, pendant qu'elle se bâtissait, était construite de pierres amenées toutes telles qu'elles devaient être, «de sorte qu'en bâtissant la maison on n'entendit ni marteau, ni hache, ni aucun outil de fer» (1 Rois 6: 7). Ainsi l'accroissement silencieux de ce temple terrestre représentait l'édifice céleste, prédestiné dans les conseils de Dieu. Et comme David, le père, donne les matériau à Salomon son fils, ainsi Jésus dit: «Mon Père qui me les a données est plus grand que tous: et personne ne les ravira de ma main». Et encore: «Comme tu lui as donné autorité sur toute chair, afin qu'il donne la vie éternelle A TOUS CEUX QUE TU LUI AS DONNES» (Jean 17: 2). «Tout ce que le Père me donne viendra à moi; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi» (6: 37). «Or, c'est ici la volonté du Père qui m'a envoyé, que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour» (6: 39).

Maintenant, celui-là ne serait-il pas un insensé bâtisseur, qui aurait commencé une maison sans savoir s'il avait les matériaux pour l'achever? Et qu'il est précieux de se rappeler que Dieu, le grand architecte et fondateur, a préconnu chaque pierre, choisie et précieuse, qui est entrée et entrera dans la structure du temple céleste.

Il est parfaitement clair qu'aucune de ces grandes pierres, de 250 tonnes de poids, n'est jamais sortie de la caverne par aucun effort ou travail de leur part. Jamais elle n'auraient vu le jour, si elles n'eussent pas été tirées dehors. Vous auriez tout aussi bien pu mettre une échelle de dix pieds, puis dire à ces pierres de la monter et de sortir des ténèbres, que de placer les dix commandements devant un pécheur mort, en lui disant de les pratiquer et ainsi de sortir de la fosse du péché. A ceux qui depuis longtemps essayaient de ce moyen, Jésus a dit: «Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire, et moi je le ressusciterai au dernier jour» (Jean 7: 44).

Au jugement de quelqu'un qui s'y connaît, il n'y avait aucun moyen de tirer ces grandes pierres de la caverne, à moins d'y entrer, de les détacher et de les sortir. Et toutes celles qui en étaient tirées étaient dehors, et celles-là seules. Maintenant la croix de notre Seigneur Jésus Christ ne nous révèle-t-elle pas en ceci le jugement de Dieu quant aux pécheurs? Si David avait calculé la dépense de ce temple terrestre, en or et en argent, Dieu aussi a calculé la dépense. Le prix a été le sang de l'Agneau. «Sachant que vous avez été rachetés, non par des choses corruptibles, argent ou or, mais par le précieux sang de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache» (1 Pierre 1: 18).

Et si ces pierres étaient de grandes pierres, des pierres de prix, certes les croyants sont des pierres grandes et de prix aussi. «Il n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré pour nous tous». Une pierre mesurant 15 pieds cubes ne pouvait être de peu de valeur. Et toi aussi, mon compagnon de foi, pierre vivante, comme moi, dans le temple de Dieu, pense à ce que tu as coûté.

Ainsi Dieu n'a pas eu d'autre moyen de sortir des pécheurs de la mort, qu'en envoyant son Fils pour mourir à leur place. «Nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous aussi sont morts». Et étant mort pour nos péchés selon les Ecritures, il a été compté parmi les morts. Là était la fin de tout jugement dû à nos péchés. Le prix du rachat a été payé en entier. Celui qui l'a payé a assurément été méprisé des hommes; jamais pierre ne fut si entièrement rejetée des hommes que ne le fut celle-ci par les bâtisseurs de Juda. Mais quelles étaient les pensées de Dieu au sujet de son bien-aimé Fils, pendant qu'il était ainsi couché dans le tombeau? Dieu voyait en Lui la pierre de fondement. En tant que notre substitut, tous nos péchés avaient été mis sur lui. «Ainsi le Christ a porté les péchés de plusieurs». Et maintenant une expiation pleine et entière étant faite par son précieux sang, cette pierre rejetée par l'homme, Dieu l'a relevée d'entre les morts. «C'est cette pierre, méprisée par vous qui bâtissez, qui est devenue la pierre angulaire; et il n'y a point de salut en aucun autre; car aussi il n'y a point sous le ciel d'autre nom qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés» (Actes des Apôtres 4: 11, 12). La langue ne peut trouver des mots pour exprimer»l'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d'entre les morts» (Ephésiens 1: 19, 20). L'acte d'élever ces grandes pierres était certainement une figure de ceci; mais quelle puissance n'eût pas été nécessaire si l'on avait dû élever à la fois chaque pierre du temple, avec la pierre de fondement, toutes ensemble!

Ce temple céleste, béni de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes, avait été élu en Christ, avant la fondation du monde. Cependant chaque pierre de ce temple vivant avait été une fois morte dans les offenses et dans les péchés — morte, hélas! comme les pierres. «Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2: 4-6). Maintenant, que nous pensions, soit à ce que nous étions, en tant que pécheurs perdus, morts et enterrés, soit à ce qu'était la terrible entreprise de Celui qui devait se présenter comme notre substitut, et supporter la colère de Dieu entière et sans mélange, due à nos péchés, — soit encore à ce que nous serons pendant toute l'éternité, comme pierres vivantes dans le temple céleste, — certes, ce relèvement de Christ — pierre fondamentale — d'entre les morts, et en lui de l'Eglise rachetée, Eglise dont la destinée éternelle, la destinée de tout pécheur sauvé, repose également sur Lui,- je dis que la résurrection de Christ était le plus grand événement, la plus grande oeuvre que Dieu ait jamais accomplie. Oh! qu'il est étrange qu'une telle oeuvre soit si peu appréciée de nos jours!

Le temple était bâti sur le rocher de Morija, lieu où le jugement divin avait été arrêté par l'autel des holocaustes et des sacrifices de prospérité, car là le Seigneur répondit par le feu sur l'autel de l'holocauste (1 Chronique 21: 26, 27). C'est ainsi que l'offrande volontaire de Jésus, et l'effusion de son précieux sang, est la base sur laquelle tout pécheur est sauvé, par grâce, de la juste colère de Dieu. Une chose est certaine, c'est que là où fut posée la pierre de fondement, là fut bâti le temple. Posée sur ce fort rocher de Morija, «la maison qu'il faut bâtir à l'Eternel, doit être magnifique en excellence, en réputation et en gloire dans tous les pays». Or, lorsque Dieu a ressuscité Jésus, pierre fondamentale, d'entre les morts, où l'a-t-il placé? «Au-dessus de toute principauté et autorité etc.» (Ephésiens 1: 21). «Et il est le chef du corps, de l'assemblée, lui qui est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin qu'en toutes choses il tienne le premier rang» (Colossiens 1: 18). Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, non pour améliorer la vieille création, mais pour être le commencement de la création nouvelle; pour bâtir, non pas une maison terrestre, une société terrestre, mais un temple céleste. «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, dans les lieux célestes en Christ… qui nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus». Ce mot DANS le Christ Jésus est très précieux. Toutes ces grandes pierres étaient couvertes de bois de cèdre. «Et les ais de cèdre, qui étaient au dedans de la maison, étaient entaillés de boutons et de fleurs épanouies, relevées en bosse; tout le dedans était de cèdre, on n'y voyait pas une pierre» (1 Rois 6: 18). Ainsi dans l'édifice céleste, on ne voit plus un seul pécheur. Chacun des sauvés, bien qu'une fois le plus grand des pécheurs, est maintenant entièrement recouvert de Christ — caché en Christ. Et non seulement la pierre était couverte de cèdre, mais le cèdre était recouvert d'or pur. «Et Salomon couvrit d'or toute la maison entièrement» (verset 22). Il est écrit. «Vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité» (Colossiens 2: 10). Ce n'étaient pas les pierres elles-mêmes qu'on voyait, mais l'or qui était sur elles; ainsi ce n'est pas nous-mêmes, mais Christ sur nous. Oui, la gloire de Dieu brille en la face de Christ, en qui nous sommes accomplis. Et dans tout ce qui était à l'intérieur, quelle perfection! De magnifiques sculptures de boutons de fleurs épanouies, le tout recouvert d'or pur.

Et vous remarquerez, quant à ces pierres, que tout leur avait été fait. Elles-mêmes n'y avaient contribué en rien. Elles avaient été détachées, tirées dehors, placées dans le temple et recouvertes de cèdre. L'or pur avait été mis sur elles. Il en est de même du pauvre pécheur. Le salut vient de Dieu, du commencement à la fin. Regardez le malheureux fils prodigue. Il n'avait pas l'ombre de mérite. Le père alla au-devant de son fils, quelque fût l'état misérable de celui-ci, il se jeta sur son cou, et le couvrit de baisers. Le fils n'eut pas à se procurer une nouvelle robe. Non, la robe, les souliers, l'anneau, tout était prêt. Il en fut de cette nouvelle robe comme de l'or qui recouvrait les pierres; le fils n'eut pas même à s'en revêtir, mais le père dit «Revêtez-le». Ce fut précisément comme dans le cas de Joshua, lorsqu'on lui ôte les vêtements sales. Dieu dit: «Regarde, j'ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je t'ai revêtu de nouveaux vêtements. Et on lui mit sur la tête une tiare nette». Oui, l'oeuvre de la nouvelle création est complètement de Dieu. «Si donc quelqu'un est EN CHRIST, c'est une nouvelle création; les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont faites nouvelles, et toutes sont de Dieu» (2 Corinthiens 5: 17). Le fait est que tout ceci parait trop beau pour être vrai, et le pauvre coeur est si lent à croire Dieu! et c'est cependant vrai en effet. Et si le temple devait parler de la gloire dans tous les pays du monde le temple céleste de Dieu est pour sa gloire pendant tous les siècles, prédestiné «à la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle IL nous A rendus agréables dans le bien-aimé» (Ephésiens 1: 6).»Afin qu'il montrât dans les siècles à venir les richesses de sa grâce, par sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» (2: 7). Oui, «afin que la sagesse de Dieu, si diversifiée dans ses formes, soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes par l'assemblée» (3: 10).

Si, pour chaque pierre, le changement était grand, alors qu'elle était tirée hors de la caverne de ténèbres, et placée dans ce temple de splendeur et de gloire éblouissante, quel n'est-il pas aussi pour un pécheur, au moment où il est tiré de la prison d'obscurité, «et édifié sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin; EN Qui tout l'édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur» (Ephésiens 2: 20, 21) ?

Ah! combien de milliers de pauvres pécheurs ont été, dernièrement, édifiés dans ce temple céleste! Dieu se hâte silencieusement de tirer dehors les pierres désignées.

A tous les croyants Dieu dit, non pas: «vous serez, mais vous êtes édifiés». Oh! puisse chaque croyant réaliser, dans sa plénitude, la joie d'être accompli en Christ! car tel est l'achèvement béni que Dieu a mis à son oeuvre au dedans et au dehors.

Mais, dira-t-on peut-être, en supposant le salut si entièrement de Dieu, qu'est-ce que la personne ainsi sauvée a à faire? Elle ne peut certes pas plus faire pour son salut, que les grandes pierres, les pierres de prix, ne pouvaient faire pour leur préparation et leur transport hors de la caverne. Mais voyons ce que nous trouvons dans 1 Pierre 2: 4-10: «Duquel vous approchant, comme d'une pierre vivante, rejetée des hommes, mais précieuse, choisie auprès de Dieu, vous aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés pour être une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. «C'est Dieu qui a posé cette maîtresse pierre du coin, élue et précieuse, «et celui qui croira en elle ne sera point confus». Oh! certainement, plus je comprends ce que Dieu l'a fait être pour moi, plus il me devient précieux, ainsi qu'il est écrit: «C'est donc pour vous qui croyez, qu'ELLE A CE PRIX, mais pour les désobéissants, la pierre, que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la pierre angulaire». Oui, c'est ici la pierre de touche pour tout coeur d'homme: — Qu'est ce que Christ est pour vous? Pouvez-vous dire: Il est tout pour moi. Avant lui je n'avais rien, après lui je ne saurais rien avoir? Je ne vous demande pas ce que vous professez. Tout bâtisseur religieux, qui essaye, d'une manière quelconque, d'améliorer l'humanité, fait peu de cas de Christ. Ce monde tout entier est une vaste caverne de ténèbres, de péché et de mort. Dieu, d'après l'Evangile, ne pense pas plus à améliorer cette sombre fosse que Salomon ne pensait à améliorer la caverne de perpétuelle obscurité, quand il en retirait les grandes pierres. Il tirait les pierres dehors et voilà tout. Dieu tire maintenant hors de ce monde des pécheurs pour lui-même. Or l'homme désapprouve cela. Il ne voit nullement la nécessité d'une nouvelle création. Pourquoi, dit-il, ne pas travailler à améliorer l'ancienne? Et ainsi le temple de nouvelle création, temple bâti sur le Christ ressuscité d'entre les morts, se trouve être presque oublié par les bâtisseurs; et au lieu d'attendre la venue du Seigneur, et la manifestation de ce bâtiment céleste, les hommes rêvent vainement que le christianisme va peu à peu améliorer cette sombre caverne de péché. La folie des maçons de Salomon n'eût pas été plus grande, si, au lieu de continuer à tailler et à tirer dehors les pierres, ils se fussent mis à bâtir dans l'obscure caverne.

Non, mon frère en la foi, je te le demande, contemple là-haut Christ ressuscité d'entre les morts. Là, tu verras la pierre choisie de Dieu pour fondement. Christ est-il précieux pour toi? Es-tu bâti sur lui? La foi qui repose sur lui ne sera jamais confondue. C'est à toi que l'Esprit de Dieu dit: «Mais vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple que Dieu s'est acquis, pour que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière». Voilà ce que le pécheur sauvé devrait faire (1 Pierre 2: 9).

Rien ne saurait être plus agréable à Dieu que de nous voir ainsi annoncer ses vertus, à Lui qui nous a pris comme les pierres de la caverne; et comme sur ces pierres étaient posées les lames d'or, qui reflétaient et déployaient les richesses et la magnificence de celui qui les avaient formées, ainsi puissions-nous de même présenter Christ, reflétant et manifestant les richesses insondables de la grâce divine. Et quelle grâce brillait dans toutes les voies de Jésus! Même alors qu'il était suspendu à l'arbre maudit, la grâce brillait encore. «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font». Ce fut un beau reflet de Christ en Etienne, lorsque, pendant qu'ils le lapidaient, il disait: «Seigneur, ne leur impute point ce péché. «Oh! plût à Dieu qu'on vît davantage de ce brillant rayonnement de Christ dans toutes nos voies! Dieu veut que nous entrions dans la plénitude du bonheur, de pouvoir rendre grâces à celui qui nous a rendus capables de participer à l'héritage des saints dans la lumière; qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés (Colossiens 1: 12-14).

Lecteur, est-ce là votre joie? Pouvez-vous ainsi donner à Dieu toute la gloire? Êtes-vous dans la caverne, ou bien dans le temple? couvert de péché, ou recouvert de Christ? Hélas! lors même que ces pierres eussent été coupées, taillées et sciées, d'un côté ou de tous les côtés, tout cela n'eût servi à rien, si elles eussent été laissées dans la caverne. Alors nulle place pour elles dans le temple, pas de couverture d'or, pas de boutons, ni de fleurs épanouïes. Ces pierres, à demi-détachées dans les cavernes de Jérusalem, sont de solennels avertissements. Vous pouvez avoir ressenti pendant longtemps la hache et la scie de la conviction, mais êtes-vous hors de la caverne? Ceci doit être l'oeuvre de Dieu. Paul a planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a donné l'accroissement. «De sorte que, ni celui qui plante, ni celui qui arrose ne sont rien, mais Dieu qui donne l'accroissement». Dieu est celui qui bâtit. «Car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ» (1 Corinthiens 3: 5-7). «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu; et que l'Esprit de Dieu habite en vous» (ibid. verset 16)?

Maintenant, voici comment Dieu agit pour tirer ces pierres: L'Esprit de Dieu prend la hache de la conviction, et frappe profondément dans le coeur; la parole de Dieu est la puissance de Dieu, à salut à tout croyant. Je rencontrai l'autre jour un pauvre vieux pécheur, qui croyait que personne n'avait subi autant de coups de ciseau que lui dans la caverne du péché. L'Esprit de Dieu me rendit capable de lui exposer la mort et la résurrection de Christ, et au moment où je citais ces paroles: «Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui», à ce moment-là, il sortit, tiré et délivré par la puissance de Dieu. Oh! combien il est réjouissant de voir de grandes pierres tirées hors de la caverne. «Quel bonheur, disait le vieillard, de m'en retourner, sachant que je suis sauvé!» — «Oui, certes, répondis-je; et puis écoutez ces paroles de Jésus: «En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle, et ne viendra pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5: 24). Oui, de même que Lazare entendit la voix de Jésus au fond du sépulcre, ainsi ce vieillard fut «régénéré par la parole de Dieu, vivante et permanente à toujours» (1 Pierre 1: 23). «L'heure est venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et l'ayant entendue ils vivront» (Jean 5: 25).

Si mon lecteur n'a pas encore entendu cette voix, puisse le moment actuel être pour lui cette heure. Dieu veuille que, dès cet instant, vous vous abandonniez à Lui, comme la pierre dans les mains du maçon, ou l'argile entre les mains du potier.

Nous ne voulons pas cependant pousser la comparaison trop loin, car, tandis qu'un pécheur est, quant au bien, aussi complètement mort qu'une pierre, il est terriblement en vie quant au mal; oui, c'est un rebelle vivant contre Dieu, un contempteur volontaire de Christ, seule pierre fondamentale. «N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures: La pierre que ceux qui bâtissent ont rejetée, est devenue la maîtresse pierre du coin; celle-ci est de par le Seigneur, et est admirable devant nos yeux? Et celui qui tombe sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle le broiera» (Matthieu 21: 42-44).

Au jour du jugement, vous ne serez pas condamné pour avoir été dans la fosse de ténèbres, mais bien pour avoir refusé de vous en laisser tirer dehors. «Or c'est ici le sujet du jugement, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises». Le souvenir de l'amour de Dieu, en envoyant son Fils dans cette sombre caverne de péché, sera comme un ver qui ne meurt point. Oh! quel remords inexprimable!

N'était-ce pas par amour pour les pauvres Israélites mordus, que Dieu ordonna à Moïse d'élever le serpent dans le désert? Eh bien! c'est ainsi que le Fils de l'homme a été élevé. Jésus est mort pour des pécheurs, — pour des pécheurs impies, des pécheurs perdus. Oui, ce sont de tels êtres que Dieu a ainsi aimés. S'il vous avait simplement demandé de sortir de la fosse vous-mêmes, vous auriez pu dire: Comment le pourrais-je, puisque je n'ai pas plus de force qu'une pierre? Mais il a envoyé son Fils, et vous l'avez rejeté: vous avez refusé d'être sauvé. Oh! plût à Dieu que votre coeur eût été brisé dans le sentiment de son amour! Mais s'il ne l'a pas été, il devra être brisé devant lui au jour du jugement, dans le sentiment de son éternelle colère. Encore un peu de temps, et la fin de la scène actuelle viendra. La pierre coupée de la montage brisera les nations, et elles deviendront «comme la balle de l'aire d'été» (Daniel 2: 34-45). Cette terrible journée se terminera par ces solennelles paroles: «Et ceux-ci s'en iront dans les tourments éternels, et les justes dans la vie éternelle» (Matthieu 25: 32-46).

Il y a cependant, entre le temple terrestre et l'édifice céleste, un point de contraste que nous devons signaler. En voyant ces immenses blocs de pierre, ainsi bâtis dans le rocher, on eût pensé qu'ils devaient y demeurer à toujours; mais le temps vint où les Chaldéens les démolirent. Et encore après que les Juifs eurent été rétablis plus tard, comme notre Sauveur l'avait prédit, les Romains eurent le dessus, au point qu'il ne fut laissé pierre sur pierre. Où sont ces deux colonnes, «Jakin», qui signifie, «il établira», et «Boaz, en elle est la force», lors même que c'étaient des colonnes d'airain à nulles autres semblables? Elles avaient pour le moins vingt-sept pieds de haut et six de diamètre; cependant elles ont été ôtées et enlevées, et il n'en reste plus aucun vestige. Mais Jésus, seul vrai fondement, dit en parlant de lui-même: «Sur ce rocher je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront point contre elle». Jésus n'a pas dit à Pierre: tu es ce Rocher, mais tu es pierre. Oui, Pierre, en tant que pierre, avait tout autant besoin d'être lui-même bâti sur le rocher que tout autre homme. Il sentit ce besoin, tout autant dans la cour du souverain sacrificateur, que sur les vagues mugissantes de la mer. Christ est le Rocher de fondement, et ce Rocher n'est pas à Rome, mais dans le ciel, et là où est le fondement, là doit être l'édifice. Dieu ne bâtit pas son Eglise à Rome, mais dans les lieux célestes en Christ. Contre cette Eglise les portes du hadès ne prévaudront pas. Comment le pourraient-elles? L'Eglise, épouse sans tache de Christ, au dedans et au dehors toute pleine de gloire, est bâtie en Christ, tellement que «nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os» (Ephésiens 5: 30). Et nul ne nous ravira de sa main. Et lorsque le temps ne sera plus, alors ce saint édifice de Dieu sera vu «descendant du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu; et son luminaire sera semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin». Alors, ce ne sera plus comme les plaques d'or recouvrant les pierres. Nous serons changés; nous serons semblables à Lui, transformés à la ressemblance du corps de sa gloire; pas une trace de péché, pas une ombre de douleur, pas un nuage de tristesse, et cela pour toujours! «La rue de la cité sera d'or pur, comme du verre transparent». Nos pieds, qui maintenant parcourent les rues boueuses de cette terre souillée par le péché, fouleront bientôt les rues d'or de la cité de Dieu. Quel coeur d'homme saurait concevoir ce que sera le privilège d'y avoir place? Là, il n'y aura plus de temple pour renfermer et cacher la gloire; non, Dieu et l'Agneau sont là; eux-mêmes en sont le temple. Il n'est pas non plus besoin de soleil ni de lune. «La gloire de Dieu l'a illuminée, et l'Agneau est sa lampe!» Et tout cela t'appartient, ô croyant! oui, t'appartient, quoique ce soit trop glorieux pour des yeux mortels. Mais encore un peu de temps; encore quelques luttes, encore quelques victoires sur toi-même, sur le péché et Satan, par Celui qui te fortifie. Jakin et Boaz ont pu être enlevées et disparaître, mais «celui qui vaincra, je le ferai être une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus dehors; et j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel de devers mon Dieu, et mon nouveau nom». Ainsi parle Jésus, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu. Ecoutez! Il parle à Dieu aussi: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donné, que là où je suis ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée». Sauveur béni, ta volonté sera faite. Nous serons bientôt avec toi. Nous ne demandons rien de plus; tu ne pouvais demander pour nous rien de plus précieux que de nous avoir avec toi.

Encore un point, et je termine. Lisez 1 Chroniques 22: 17-19. Si David commanda aux principaux d'Israël d'aider Salomon, en disant: «L'Eternel, votre Dieu, n'est-il pas avec vous, et ne vous a-t-il pas donné du repos de tous côtés?» combien plus Dieu ne nous a-t-il pas donné repos et paix parfaite par le sang de l'Agneau! Et maintenant il dit: « Allez donc, faites disciples toutes les nations. Et voici, le suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation du siècle». Si toi, lecteur, n'as pas encore ce «repos de tous côtés», alors ne pense pas que tu l'obtiendras en allant agir ou prêcher; permets-moi de t'adresser à Celui qui le donne, à Jésus. Mais si tu as la paix avec Dieu, alors a applique ton coeur et ton âme à rechercher l'Eternel ton Dieu; LEVE-TOI ET BATIS.

Quel privilège d'être ouvrier avec Dieu. Il y a de l'ouvrage pour chaque maçon, pour tout homme qui a trouvé le repos de son âme. Les uns peuvent abattre, de superbes cèdres; d'autres frapper profond dans la mine avec la hache de la conviction, d'autres attirer avec les puissants cordages de l'amour divin, d'autres ajuster ensemble les pierres de l'édifice.

Ne dites pas que vous ne pouvez rien. «Le Seigneur votre Dieu n'est-il pas avec vous?» «Levez-vous donc et bâtissez».

Dieu veuille nous donner plus de franche volonté, un oeil plus simple, plus de simplicité de foi, et pendant que le bâtiment s'accroît puissamment dans le silence, tout comme lorsque la pierre la plus haute sera apportée avec des cris de joie, qu'à Lui soit toute gloire!