Dans un article précédent (*), je
me suis occupé de cette parole de l'apôtre Jean: «Dieu
est lumière», — je l'ai considérée comme une vérité mère, et j'en ai examiné
les fruits ou les résultats. La parole: «Dieu est
amour», est également une vérité mère. Je voudrais maintenant, et dans la
mesure qui m'est donnée, suivre aussi, à travers les Ecritures, la vérité que «Dieu est amour». Mais qui est suffisant pour ces choses! Le sujet a été plus ou moins entrevu dans la
méditation précédente; toutefois j'ai un grand désir
de m'en occuper un peu. — Que le Saint Esprit me dirige et me guide!
(*) Voir le Messager du 31 mai 1864 [au
titre «Dieu est lumière»]
La création manifesta Dieu comme étant « amour». — Le jardin d'Eden en rendit témoignage par tout ce
qui était là, et lorsque plus tard le paradis terrestre eut été perdu, le
témoignage demeura le même.
Nous lisons au chapitre 3 de la 2e
épître aux Corinthiens, que la loi était une dispensation qui devait prendre
fin, et au chapitre 8 de l'épître aux Hébreux, il nous est dit que la loi
n'était pas «irréprochable» (verset 7). Ces passages
nous font clairement comprendre, que la loi n'était pas entièrement selon le coeur de Dieu; qu'il n'y trouvait
pas son repos. Ce n'est pas qu'elle fût mauvaise en elle-même, il nous
est dit au contraire, que «le commandement est saint
et juste et bon» (Romains 7: 12); tout aussi bien que l'Evangile, la loi
répondait au but pour lequel elle était donnée. Cependant la loi n'était pas
irréprochable, parce qu'elle ne s'accordait pas entièrement avec les pensées de
Dieu. Et nous le comprenons sans difficulté, car «Dieu
est amour». Par là le secret nous est révélé: Dieu et
l'amour sont Un. La loi ne pouvait pas satisfaire Dieu, vu qu'elle ne Lui
fournissait aucune occasion de se manifester Lui-même, ou d'agir en rapport
avec sa nature. Le ministère de la loi devait donc «prendre
fin». La loi ne pouvait pas subsister devant Dieu, car elle n'était pas l'oeuvre propre de Dieu. La promesse l'était, et de même que
le jardin d'Eden et l'état de choses lors de la création, disaient ce que Dieu
était, la même chose nous est révélée, lorsque le péché entra;
c'est la promesse qui fut alors donnée et non la loi (Genèse 3). La loi
vint plus tard, pour servir, il est vrai, à de grands desseins;
mais la promesse était l'oeuvre spéciale de Dieu
Lui-même; et à ce sujet nous pouvons remarquer que, dans le chapitre 31 du
livre du Deutéronome et au chapitre 3 de l'épître aux Galates (sans parler
d'autres passages), Dieu s'associe avec «le cantique» et avec «la promesse»,
tandis que «Moïse» et «la loi» sont mentionnés ensemble.
Mais cela seulement en passant. Il est
évident que la loi n'était pas la propre affaire de Dieu, et la raison s'en
trouve dans la nature même de Dieu, que son Nom en soit béni!
Ayant donc vu Dieu en rapport avec la promesse, ayant appris qu'Il est «amour», nous pouvons Le suivre dans ses voies merveilleuses
et parfaites. C'est ainsi qu'il nous est dit que «Dieu
a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit
en Lui, ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle (Jean 3: 16). «Dieu est amour». — Ce fut d'après ce qu'il est en Lui-même,
qu'Il abaissa ses regards sur le monde, et que la corruption profonde qu'il y
découvrit, provoqua de sa part le remède. Dieu a aimé un monde perdu et
souillé, de la seule manière toutefois dont Il pouvait l'aimer, et d'après
laquelle Il pouvait agir envers un objet pareil, c'est-à-dire, d'un amour de miséricorde,
et Il donna son Fils pour secourir et racheter le monde.
Ce fut donc là l'origine des voies de Dieu,
car «Dieu est amour». Le courant ne peut qu'être en
rapport avec sa source. La vérité mère détermine la nature de ce qu'elle
produit. C'est le caractère qui fait comprendre la manière d'agir;
et à mesure que nous suivons le courant, nous trouvons que l'eau est toujours
la même. Les dispensations se suivent et se déroulent devant nous, et chacune
d'elles nous fait voir ce que Dieu est en Lui-même. Il y a des manifestations
importantes de personnages et de ministères, mais toutes se rapportent à un
seul. Que ce soit le Père, que ce soit le Fils, que ce soit l'Esprit Saint,
dont nous reconnaissons l'action, c'est une même relation de Dieu, et «Dieu est amour».
C'est ainsi que, regardant en arrière vers
les dispensations passées, Jésus dit: «Mon Père
travaille jusqu'à maintenant»; et revenant à la dispensation alors présente,
Il ajoute: «et moi je travaille» (Jean 5: 17). Ce sont des oeuvres
semblables, qu'elles soient accomplies par le ministère du
«Père» ou par celui du «Fils» — des oeuvres de
grâce, de miséricorde envers de pauvres pécheurs, des guérisons de Béthesda.
Puis, en prévoyant l'économie qui allait venir, le Fils dit en parlant du Saint
Esprit: «Il demeurera avec vous éternellement». — «Il prendra du mien et vous l'annoncera». — «Il vous conduira dans toute la vérité» (Jean 14; 15). Il
viendra au-devant de vos besoins et de votre joie. — C'est encore de l'amour; tout cela nous dévoile Dieu, pour parler ainsi.
C'est Dieu, manifesté dans les personnes du Père, du Fils, et du Saint Esprit,
— mais toujours comme étant «amour».
C'est en considérant comment cet amour a
été mis à l'épreuve et s'est déployé, que nous en reconnaissons le caractère
d'infatigable patience; car de génération en génération, depuis Adam
jusqu'à Christ, le «Père» qui travaillait a vu sa grâce méprisée ou méconnue,
et pourtant «Il travaille jusqu'à maintenant»;
le «Fils», travaillant selon une même grâce, a été rejeté, et a enduré toute
espèce de haine et d'indignités de la part des hommes; — mais Il a aimé et a
travaillé jusqu'à la fin, jusqu'au moment où Il a été jeté dehors et crucifié.
L'Esprit Saint, qui travaille maintenant, est contristé par les saints; — cependant Il est toujours le même, ne se lassant
pas, demeurant le Consolateur, l'Esprit de vérité qui est en eux. Ainsi c'est
toujours l'amour, et le même amour. «L'amour ne périt
jamais»: le Père, le Fils et le Saint Esprit, agissant selon un même amour, mis
à l'épreuve de bien des manières, mais toujours également constant, immuable et
plein de patience.
Mais cet amour ne se montre et ne s'exerce
pas seulement par la miséricorde et la patience — miséricorde
envers un monde de pécheurs — patience, longanimité envers les croyants. Dieu a
cherché encore un autre moyen d'être au milieu de nous, par un amour qui prend
en nous son bon plaisir. Il a placé ses saints devant Lui de telle
manière, Il les a tellement identifiés avec Christ, Il a eu tant de conseils de
grâce à leur égard et a tellement multiplié ses pensées envers eux, qu'Il peut
ne plus voir en eux ni tache, ni souillure, trouver en eux ses délices et se
reposer dans son amour. L'apôtre Jean nous enseigne à considérer cette forme de
l'amour: — «Mon Père l'aimera» — «Je l'aimerai», dit
Jésus; — «et nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui» (Jean
14). C'est l'amour sous le caractère du bon plaisir, un amour qui se
complaît dans son objet et qui réjouit le coeur de
Dieu.
Il est bien doux de contempler Dieu dans
les exercices de son amour, envers nous qui en sommes les objets;
sans cesse, ils nous rappellent cette vérité première, que «Dieu est amour»;
sans cesse ils nous disent d'où ils découlent, fermant ainsi le canal, tantôt
plus étroit, tantôt plus large,d'une seule et même
source divine. C'est l'amour sous le caractère de miséricorde, de patience et
de bon plaisir, mais c'est l'AMOUR, un amour heureux et fécond dans son
exercice constant, quoique si varié.
Et de quelle autre manière pourrait-il
s'exercer encore? S'il le pouvait, il le ferait. Mais
c'est sous cette forme de bon plaisir qu'il existe à toujours. «Dieu se reposera dans son amour»; (Sophonie 3: 17). — Un
jour, la gloire sera le don de ce bon plaisir de Dieu, comme le salut est le
don de sa miséricorde, et les secours donnés aux saints, l'effet de sa
patience. Toutefois la manifestation la plus excellente de l'amour est celle de
ce caractère de bon plaisir, qui sera l'élément même de la présence de Dieu,
dans lequel les saints vivront et demeureront à toujours, à travers les siècles
de la gloire éternelle. C'est alors que cet amour, qui eut d'abord compassion
d'eux quand ils étaient dans leurs péchés, qui les supporta avec patience,
dans leurs manquements, et fut consommé envers eux en leur donnant toute
assurance pour le jour du jugement, — c'est alors que cet amour aura terminé
son travail, merveilleux travail!
Après que l'amour aura été exercé et
manifesté dans chacune des épreuves par lesquelles il est appelé à
passer, il y aura ce qui le réjouira éternellement, quand il pourra se reposer
avec satisfaction et délices dans son objet. C'est ainsi que l'amour a
communiqué son caractère aux voies de Dieu. En même temps, nous voyons qu'il
est aussi ce qui doit caractériser la personne et les actions de ses enfants.
La vérité que «Dieu est amour», demeure à jamais la
grande vérité pour la famille de Dieu.
L'amour est le principe même de la nature
divine chez les saints, ainsi il est écrit: «Quiconque
aime est né de Dieu»; et encore: «Celui qui n'aime pas, n'a pas connu Dieu» (1
Jean 4: 7, 8). En dehors de l'amour, il n'y a pas de fruit de la puissance ou
de l'Esprit de Dieu; il n'y a pas de communion avec
Lui dans la connaissance. — «Si quelqu'un aime Dieu,
celui-là est connu de Lui» (1 Corinthiens 8: 3). — Et cela étant ainsi, le
Saint Esprit nous enseigne encore qu'il y a deux choses que Dieu demande et
attend de nous, comme de ses enfants, — ce sont la «confiance»
et «l'imitation». «Dieu est amour», et dans nos
rapports avec Lui, par conséquent, rien de moins qu'une parfaite confiance ne
peut Le satisfaire. C'est la réponse à laquelle l'amour a le droit de prétendre; c'est la seule que, par sa nature même, il puisse
accepter. Il n'y a que l'amour qui puisse satisfaire l'amour, ou le rendre
heureux, et Dieu l'attend de nous dans son Evangile. Aussi l'apôtre déclare
(quoique nous puissions déjà l'inférer de la vérité fondamentale) que nous aimons
Dieu parce qu'il nous a aimés le premier» (1 Jean 4: 19). Nous n'avons pas peur
de Dieu, nous ne nous méfions pas de Lui, mais nous L'aimons,
parce qu'Il nous a aimés le premier. «Il n'y a
pas de crainte dans l'amour; mais l'amour parfait chasse la crainte» (1 Jean 4:
8). L'amour ne laisse pas de place à la crainte;
celle-ci ne peut pas se trouver là où est l'amour. Ce sont des éléments qui se
détruisent mutuellement. Si nous savons que c'est l'amour, un amour parfait qui
agit envers nous, nous ne craignons plus. La confiance est la seule réponse qui
convienne à l'amour, comme c'est la seule qu'il demande.
Il en est de même dans nos rapports les uns
avec les autres. Dieu ne peut prendre son plaisir que dans ce qui est une
imitation de Lui-même. — Tous les apôtres nous le disent, et ceci découle encore
de la même vérité fondamentale. D'ailleurs l'Esprit se plaît à nous le faire
connaître amplement: et Si Dieu nous aima ainsi, nous
aussi nous devons nous aimer l'un l'autre». — «Si nous
leur fermons nos entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en nous» (1
Jean 4: 11; 3: 17) ? «Si je parle dans les langues des
hommes et des anges, et que je n'aie pas l'amour, cela ne me profite de rien»
(1 Corinthiens 13).
Ainsi, dans nos rapports, soit avec Dieu
dans le ciel, soit les uns envers les autres sur la terre, cet amour créera en
nous ces principes de confiance et d'imitation. Et l'Esprit nous enseigne que,
si nous disons que nous «aimons Dieu», sans que nous
ayons cette confiance et ce désir d'imiter Dieu, nous nous séduisons
nous-mêmes. Car je trouve ces deux passages: «Nous
L'aimons, parce qu'Il nous a aimés le premier»; et «Celui qui aime Dieu aime
aussi son frère» (1 Jean 4: 21). Le premier nous dit que nous ne pouvons aimer
Dieu, qu'en apprenant qu'Il nous a aimés le premier, c'est-à-dire, que nous
L'aimons parce que nous avons confiance en son amour pour nous. S'il en
était autrement, ce serait prétendre que notre amour est plus grand que celui
de Dieu; si nous nous disons plus certains de notre
amour pour Lui, que nous ne le sommes de son amour envers nous, ce n'est qu'une
prétention à être meilleurs que Dieu. Par conséquent le seul amour de Dieu,
vrai, spirituel et selon l'Evangile, naît de ce que nous croyons à son amour
pour nous. Aussi le second passage nous dit, que vouloir prétendre que nous
aimons Dieu sans nous aimer les uns les autres, c'est un blâme jeté sur Dieu.
Car comment pouvons-nous supposer que Dieu veuille accepter l'amour d'un homme
qui n'aime pas son frère? Ce serait une autre manière
encore de se faire meilleur que Dieu, car nous-mêmes nous ne voudrions pas
d'une affection semblable.
Qu'elles sont simples, ces deux saintes
paroles ou ces jugements de l'Esprit de Dieu! Combien
elles sont nécessairement vraies, quand nous pensons à la vérité mère que «DIEU EST AMOUR». Il faut donc, d'abord, avoir confiance en
son amour, avant que nous puissions L'aimer. Nous devons aussi aimer les
autres, aussi bien que Lui-même — aimer nos frères aussi bien que Dieu.
C'est ainsi que la vérité mère que «Dieu est amour», nous fournit le principe des actes
individuels des enfants de Dieu, aussi bien que celui des voies de Dieu
Lui-même. En marchant dans l'amour, nous prenons une position morale qui est
celle de Dieu. «Nous savons que nous sommes passés de
la mort à la vie, parce que nous aimons les frères; celui qui n'aime pas son
frère demeure dans la mort». Par l'amour, nous comprenons que nous sommes là où
est Dieu, et en communion avec Lui. Cela assure le coeur.
«Et par ceci nous savons que nous sommes de la vérité,
et nous assurerons nos coeurs devant Lui» (1 Jean 3:
14, 15, 17). Le caractère même de la demeure de Dieu, l'élément qui la remplit,
le commandement ou la voix qui s'y fait entendre, c'est:
«que nous croyions au nom de son Fils Jésus Christ, et que nous nous aimions
l'un l'autre» (1 Jean 3: 23). Ce qui veut dire que nous avons à nous assurer
nous-mêmes de l'amour de Dieu pour nous, et à exercer l'amour entre nous, les
uns envers les autres. C'est là le commandement, l'ordonnance, le caractère,
l'élément du lieu où Dieu habite. Et,celui
qui garde ce commandement, qui respire cette atmosphère, celui-là demeure en
Dieu, et Dieu eh lui.
Telle est la région où nous sommes placés.
Voilà le séjour actuel des saints, «transportés dans
le royaume du Fils de son amour» (Colossiens 1: 13). — Bientôt ce sera
une région de gloire. — «Son propre royaume et sa
propre gloire» (1 Thessaloniciens 2: 12). Mais les éléments qui le forment
seront là ensemble et rempliront le lieu tout entier. L'amour, comme quelqu'un
l'a dit, n'est qu'une gloire cachée; — la gloire sera
l'amour manifesté. L'amour vivifiera à jamais les sources cachées et les
courants, d'affections selon Dieu, et la gloire illuminera toute la scène, où
ces affections seront répandues, et où elles poursuivront leur bienheureux
cours aux siècles des siècles.
Il est précieux et glorieux, en effet, ce
témoignage constant, que «Dieu est amour!» et que
celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui.