Abba, Père

N'y a-t-il pas chez la plupart des rachetés un défaut de connaissance réelle du Père, et de leur relation avec Lui comme fils? — N'y a-t-il pas chez la plupart d'entre nous un manque d'affection filiale et de communion avec le nom, la grâce et l'amour de notre Père céleste? — Assurément, et la conséquence en est que beaucoup de chrétiens sont ainsi privés de la bénédiction attachée à cette sainte relation, et ne sont pas en état de comprendre cette merveilleuse parole du Seigneur Jésus — «Je ne vous dis pas que je ferai des demandes au Père pour vous, car le Père Lui-même vous aime» (Jean 16: 26, 27). Notre bien-aimé Seigneur, on peut le dire, en enseignant ses pauvres disciples, cherchait à amener leurs pensées et leurs coeurs, à la connaissance du Père plus qu'à tout autre chose. Sans doute, il leur parlait de son amour: — «Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés» (Jean 15: 9); — il se faisait connaître à eux comme Celui qui laverait les pieds des siens (Jean 13: 1-19); il leur parlait des demeures célestes, de son retour auprès d'eux, ainsi que d'autres précieuses vérités, qui tombaient de ses lèvres à mesure qu'elles montaient de son coeur aimant. — Toutefois, il me semble qu'il n'insiste sur rien, autant que sur le besoin qu'il y avait pour eux (et pour nous), de connaître l'amour et les soins du Père. Lui qui pouvait dire de Lui-même: «Celui qui m'a vu, a vu le Père», venait pour révéler le Père, et il est merveilleux et infiniment précieux de l'entendre, aux jours de sa dépendance comme homme «abaissé» sur la terre, s'écrier: «Abba, Père» (Marc 14: 36). Le Saint Esprit place la même parole dans la bouche des fils: «Vous avez reçu l'esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba, Père» (Romains 8: 15); et encore dans ce passage remarquable de l'épître aux Galates: «Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant: Abba, Père» (4: 6).

Bien des croyants, il faut le reconnaître, n'ont pas encore une paix stable et bien établie avec Dieu, par la raison que ne s'étant pas jugés eux-mêmes comme étant entièrement perdus et sans ressource, ils n'ont pas été rejetés sur Christ lui-même, pour se trouver ainsi devant Dieu, faits «justice de Dieu en Lui» (2 Corinthiens 5: 21). Ils n'ont pas une conscience parfaite dans la présence de Dieu, et ne peuvent par conséquent jouir d'une paix stable, fondée sur l'oeuvre efficace et la personne glorieuse de Christ (comp. Hébreux 9: 6-14; 10: 1-18). D'autres chrétiens, hélas! par une marche négligente, par le péché, et par leur moi, contristent le Saint Esprit de Dieu, cet hôte sacré de l'enfant de Dieu, qui est venu demeurer en nous pour faire de notre corps un temple de Dieu (1 Corinthiens 6: 19). — Comment des chrétiens tels que ceux-là pourraient-ils avoir la paix? Un Esprit qui est contristé, parce qu'il est l'Esprit Saint, ne peut pas être une source de paix et de joie, ni de communion avec le Père. Tous ces chrétiens, cela est naturel, éprouveront plutôt le besoin de regarder à un Sauveur et de rechercher la connaissance de la rédemption, qu'ils n'entreront dans la joie d'avoir «accès au près du Père par un seul Esprit» (Ephésiens 2: 18), et ne comprendront pas cette précieuse parole, que: «notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» (1 Jean 1: 3).

Mais, comme l'apôtre bien-aimé pouvait en rendre témoignage: «Voyez quel amour le Père nous a accordé, que nous soyons appelés enfants de Dieu» (1 Jean 3: 1) ! Le coeur plein d'amour du Père est l'origine, la source vivante, de toute bénédiction et de toute miséricorde pour nous. Tout découle de lui selon sa propre grâce et sa «bonté qui demeure à toujours» (comp. Psaumes 136). Il n'a pas épargné «son propre Fils», «le Fils unique qui est dans le sein du Père» (Romains 8: 32; Jean 1: 18); il l'a donné de sa libre volonté, et de son côté le Fils a pu dire au sujet des siens: «Père saint, garde-les en ton nom, le nom que tu m'as donné» (Jean 17: 11). — L'Ecriture nous fournit de nombreux témoignages (venant, pour ainsi dire, de toutes parts au-devant des enfants de Dieu) à l'égard de l'amour du Père, comme à l'égard de ce qui devait former notre marche, et attirer vers Lui les affections de nos âmes. Dans les évangiles de Matthieu et de Luc, nous entendons la voix du Seigneur, disant aux siens: «Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez»; et «les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés» (Matthieu 6: 8; 10: 30). Et encore: «Il a plu à votre Père de vous donner le royaume» (Luc 12: 32); et: «Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait» (Matthieu 5: 48). Et quelle douce parole que celle-ci: «Si donc vous, qui êtes méchants, savez bien donner à vos enfants des choses bonnes, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent!» C'est pourquoi: «Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez» (Matthieu 7: 11, 7).

Cher lecteur, je voudrais vous demander, en toute vérité et simplicité, si vous avez cette confiance dans l'amour de votre Père, dont le Sauveur parle ici; cette conscience de votre relation avec lui et du droit que vous avez de dire: «Abba, Père», — ce lien, le plus fort qui puisse lier un coeur d'homme; — en sorte que vous puissiez vous présenter devant Dieu sans crainte, pour lui rendre culte, pour lui exposer vos requêtes avec des actions de grâces, ayant une pleine liberté pour lui confesser toutes choses (comp. Hébreux 4: 14-16; 10: 18-22) ? Quelle position que celle-là! — Quelle assurance que de savoir que le coeur d'un Père, vous suit toujours; — que son regard est toujours sur vous; — que son oreille est attentive à chacune de vos requêtes, à chacun de vos soupirs; — que par son pouvoir (il est le Tout-Puissant) «toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qu'il aime, de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté» (voyez Romains 8: 26-28).

Dans l'évangile de Jean, où le Seigneur Jésus n'apparaît pas comme le Messie, mais dans toute sa gloire divine comme Fils de Dieu et Fils du Père, quelles précieuses révélations n'avons-nous pas au sujet du Père! «Les vrais adorateurs adorent le Père en esprit et en vérité; car aussi le Père en cherche de tels qui l'adorent) (Jean 4: 23); «afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne» (Jean 15: 16); «si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à Lui; et nous ferons notre demeure chez lui» (Jean 14: 23). Quelle grâce, quelle douceur dans ces paroles, et dans celle-ci encore, excellente par-dessus toutes: «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux» (17: 26) ! Lecteur, je m'adresse encore à vous, comme je le ferais à ma propre âme et à ma propre conscience: comprenez vous ces choses? Jouissez-vous de l'amour de Dieu votre Père et d'un amour qui a ce caractère, qui est l'amour dont le Père a aimé son Fils? Bienheureux est celui qui connaît cet amour en quelque mesure, et qui marche dans la puissance d'un Esprit non attristé, de «l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba, Père».

La lecture des saintes Ecritures, qui nous font connaître le Père dans les richesses de sa grâce et de sa gloire, est tout particulièrement précieuse et bénie pour nos âmes. Ecoutez le témoignage que rend l'épître aux Ephésiens (1: 3): «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ», ce glorieux témoignage, lié, je n'en doute pas, à la déclaration du Seigneur Lui-même, après sa résurrection:  «Va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20: 17). Le Seigneur Jésus nous apprend ainsi que nous sommes associés avec Lui dans la position et la relation, dans lesquelles il est entré auprès de son Père en vertu de la rédemption. Cette grande et précieuse vérité pénètre toute l'épître: comme DIEU, «il nous a élus en Lui, avant la fondation du monde»; comme Père, il nous a «prédestinés pour nous adopter à Lui par Jésus Christ» (Ephésiens 1: 4, 5). Admirable révélation de grâce et d'amour! Il voulait des enfants pour lui-même; des fils auprès de lui-même! Ensuite, comme la plupart d'entre nous le savent, la prière du chapitre 1 est adressée et au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire» (1: 17); tandis qu'au chapitre 3, nous lisons: «Je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ» (3: 14). Ici, il s'agit de la communion; là, de la puissance. Jean nous dit, dans sa première épître, que «notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ»: «le sang de Jésus Christ nous ayant purifié de tout péché, de manière que nous pouvons «marcher dans la lumière comme lui-même est dans la lumière» (1 Jean 1: 7), et dans un passage déjà cité plus haut, le même apôtre n'essaye pas d'expliquer ou de définir, mais il appelle notre attention sur «l'amour que le Père nous a accordé», en sorte que nous sommes appelés «enfants de Dieu», cette relation précieuse «d'enfants» découlant de son coeur qui nous aime, et qui nous rassure par une parole comme celle-ci: «Si quelqu'un a péché, nous avons un Avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste» (1 Jean 2: 1). Quelque affreux que soit le péché, une provision est faite à son sujet, car «la grâce règne par la justice» (Romains 5: 21), et Christ intercède.

Si j'ai cité plusieurs passages de l'Ecriture, cher lecteur, c'était pour faire ressortir ce que l'Esprit Saint nous révèle au sujet du Père et de la céleste et glorieuse bénédiction qui nous appartient comme fils: «Va vers mes frères et leur dis: «Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu», Et maintenant je voudrais ajouter: cherchons à mieux connaître cette position de fils, — l'affection filiale. Confions-nous avec plus de simplicité en notre Père; servons-le davantage comme de bien-aimés enfants. Notre connaissance de notre Seigneur Jésus Christ, notre obéissance et notre dépendance de Lui, n'en souffriront pas; elles s'accroîtront au contraire. Le coeur et le regard du Père sont sans cesse tournés vers Lui, et c'est dans la communion avec le Père que nous discernerons véritablement quelle est la dignité de la personne de Christ, quelles sont sa beauté et sa gloire comme «Fils de l'homme qui est dans le ciel». Dieu s'est révélé lui-même dans la personne de son cher Fils, et en Lui nous trouvons tout ce dont nous avons besoin: vie, justice, motifs, force et sagesse. La vraie connaissance de la gloire de la personne de Christ nous ouvre l'intelligence des conseils de Dieu, et c'est en Lui, véritablement, que nous connaissons le Père. Puissions-nous, par la puissance de l'Esprit éternel qui habite en nous, et qui est ici-bas la source de toute notre connaissance du Père et du Fils (car même le nouvel homme en nous ne peut pas prendre des choses de Christ pour se les annoncer à lui-même, nous dépendons absolument du Saint Esprit) — puissions-nous, dis-je humblement, par la puissance et sous la direction de cet Esprit divin, sans le contrister ou l'entraver, chercher à réaliser plus abondamment que «notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ» Amen.