Explications de passages

Explications de passages. 1

1ère série : Evangile du …, de … , …  évangile éternel. 1

2ème série : Matthieu 5: 17. 3

 

1ère série : Evangile du …, de … ,  évangile éternel.

Nous avons reçu, il y a une année déjà, une lettre de notre frère E. M. à M. G., qui nous disait entre autres: «Je profite de cette occasion pour vous présenter quelques passages de la Parole de notre Dieu, que, depuis longtemps, j'étudie sans pouvoir me rendre bien compte de la différence qui existe entre des expressions que le Seigneur emploie avec raison. Ces expressions sont dans les passages suivants:

«Matthieu 4: 23: L'évangile du royaume. — Actes des Apôtres 20: 24: L'évangile de la grâce de Dieu. — Romains 1: 1: L'évangile de Dieu. — Romains 1: 9: L'évangile de son Fils. — 1 Thessaloniciens 3: L'évangile du Christ (dans Romains 1: 16, il faut lire simplement «l'évangile»). — Romains 2: 16: Mon évangile. — Ephésiens 6: 15: l'évangile de paix. — 1 Timothée 1: 11: l'évangile de la gloire du Dieu bienheureux. — Apocalypse 14: 6: l'évangile éternel».

Voici ce que nous pouvons répondre à notre cher frère, et il en est bien temps. Le mot évangile est purement grec; comme chacun le sait, il signifie: «bonne nouvelle». Il suffirait presque de le traduire toujours par cet équivalent, pour lever toute difficulté.

Ainsi quant à l'expression: «l'évangile du royaume», en Matthieu 4: 23; 9: 35; 24: 14, ou «du royaume de Dieu», en Marc 1: 14, elle s'explique très bien par le fait, que Jean le Baptiseur, le Seigneur Jésus et les apôtres ont d'abord prêché la «bonne nouvelle» du royaume de Dieu, dont l'établissement aurait eu lieu immédiatement, si la nation juive avait reçu le Fils de Dieu comme son Messie et son Roi. Le Roi était là, c'est pourquoi le royaume était proche: c'était une bonne nouvelle pour je résidu fidèle, mais tout a manqué ou plutôt tout a été ajourné, parce que les Juifs ont repoussé leur Roi, en disant: «Nous n'avons point d'autre roi que César», et après l'avoir crucifié, s'obstinant dans leur haine pour le Christ, ils lui ont encore, dans la personne d'Etienne, le premier martyr, envoyé un messager pour lui dire: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous».

Néanmoins l'évangile du royaume a continué d'être prêché, et il doit être «prêché dans toute la terre habitable, en témoignage à toutes les nations; et alors viendra la fin» (Matthieu 24: 14), parce que ce royaume s'établira un jour après d'effroyables jugements. La prédication du royaume a surtout eu lieu après la Pentecôte, comme le grand motif pour les Juifs à se repentir et à se convertir à Dieu (Actes des Apôtres 4: 19, 20). Cette prédication faisait partie de l'évangile de Paul, comme le prouvent Actes 17: 7 et 28: 31. Nous devons, nous aussi, le prêcher, comme puissant moyen d'atteindre les consciences des inconvertis, et aussi d'encourager les chrétiens et de les maintenir ou de les ramener dans le chemin de l'obéissance et de la sainteté. — En d'autres termes, nous ne pouvons pas parler des diverses faces du retour du Seigneur Jésus, comme Sauveur et comme Fils de l'homme, sans prêcher, plus ou moins explicitement, l'évangile du royaume. Au lieu de cet évangile du règne, les théologiens ont imaginé le règne de l'évangile, c'est-à-dire que, en dépit de textes aussi nombreux que formels, ils attendent les progrès de l'Evangile qui, selon eux, doit, dans cette économie-ci, embrasser toutes les nations. C'est ce qu'ils appellent le règne spirituel de Christ, (lui exclut le règne personnel, le seul dont parle l'Ecriture.

Quand l'Evangile est appelé: l'évangile de Dieu (Romains 1: 1; 15: 16; 2 Corinthiens 11: 7; 1 Thessaloniciens 2: 2, 8, 9; 1 Pierre 4: 17), cette expression se comprend aisément: c'est la bonne nouvelle, dont le fondement a été posé par Dieu avant la fondation du monde; dont Dieu a opéré la réalisation en envoyant son Fils et en le livrant pour nous; enfin c'est la bonne nouvelle que Dieu fait annoncer aux pécheurs. Paul avait été mis à part pour cela. C'est donc bien à juste titre que ce message est nommé: «La bonne nouvelle de Dieu», ou «La bonne nouvelle de la grâce de Dieu», comme dans Actes 20: 24.

«L'évangile de son Fils [de Dieu]» (Romains 1: 9), «l'évangile de Jésus Christ», (Marc 1: 1), «l'évangile de Christ» (Romains 15: 19; 1 Corinthiens 9: 12, 18; 2 Corinthiens 2: 12; 9: 13; 10: 14; Galates 1: 7; Philippiens 1: 27; 1 Thessaloniciens 3: 2) et «l'évangile de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Thessaloniciens 1: 8), indiquent également que la prédication du Seigneur Jésus Christ est une «bonne nouvelle» pour les pécheurs, la meilleure des nouvelles. Quel bonheur, quelle joie pour ceux, qui la croient. «L'évangile du Christ», c'est celui — le seul vrai et divin — qui parle de Christ, qui annonce Christ comme un parfait Sauveur; c'est celui qui répète après l'apôtre:

«Cette parole est certaine et digne d'être entièrement reçue, que le Christ Jésus est venu au monde pour sauver des pécheurs, desquels moi je suis le premier» (1 Timothée 1: 15).

«L'évangile de la paix» (Ephésiens 6: 15), c'est «la bonne nouvelle de la paix», que le Nouveau Testament proclame, selon qu'il est écrit dans la même épître (2: 17): «Et étant venu, il [Christ] a annoncé la bonne nouvelle de la paix, à vous [Gentils.] qui étiez loin, et à ceux [Juifs] qui étaient près. De même (Ephésiens 1: 16), «l'évangile ou la bonne nouvelle de votre salut».

«L'évangile de la gloire de Christ» (2 Corinthiens 4: 4) ou «l'évangile de la gloire du Dieu bienheureux» (1 Timothée 1: 11); eh bien! c'est «la bonne nouvelle de la gloire» avec Christ et de Christ, auprès «du Dieu bienheureux», gloire que l'évangile place devant nous pour nous réjouir et nous encourager, C'est là «l'espérance de l'évangile» (Colossiens 1: 23), «la bonne espérance par grâce» (2 Thessaloniciens 2: 16), «l'espérance de la gloire de Dieu, dans laquelle nous nous glorifions» (Romains 5: 2), «la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ», qui, lui-même est «notre espérance» (Tite 2: 13; 1 Timothée 1: 1).

Quand l'apôtre Paul dit «mon évangile», comme dans Romains 2: 16; 16: 25; 2 Timothée 2: 8; ou «notre évangile», comme dans 2 Corinthiens 4: 3; 1 Thessaloniciens 1: 5; 2 Thessaloniciens 2: 14, cela revient à ce qu'il dit ailleurs: «l'évangile que je vous ai annoncé» (1 Corinthiens 15: 1)  «l'évangile annoncé par moi» (Galates 1: 11); et encore: «l'évangile que je prêche» (Galates 2: 2). Il ne faut pas oublier que Paul avait reçu la révélation du mystère de l'Eglise, et qu'il devait proclamer «avec hardiesse le mystère de l'évangile» (Ephésiens 6: 19), ce qui donnait un caractère tout particulier à «la bonne nouvelle» qu'il prêchait.

Il est encore parlé de «la parole de l'évangile» (Actes des Apôtres 15: 7), de «la parole de la vérité de l'évangile» (Colossiens 1: 5), expressions qui ne présentent aucune difficulté. Ailleurs nous avons: «les souffrances de l'évangile» (2 Timothée 1: 8); «les liens de l'évangile» (Philémon 13). On comprend que cela veut dire: des souffrances et des liens endurés pour la cause ou pour la prédication de l'évangile.

Il est encore une quantité de passages, où le mot évangile se trouve seul, sans qualificatif, et un grand nombre d'autres où le verbe qui en dérive, en français: «évangéliser», se rencontre. On le rend ordinairement par: annoncer, prêcher; mais c'est toujours: «annoncer, prêcher la bonne nouvelle». Il est pris dans son sens le plus littéral dans 1 Thessaloniciens 3: 6, où il y a: «Timothée nous ayant évangélisé votre foi», c'est-à-dire, comme on a dû nécessairement traduire: «nous ayant apporté de bonnes nouvelles de votre foi». Ailleurs, on trouve littéralement: «l'évangile que je vous ai évangélisé» (1 Corinthiens 15: 1). Une étude complète sur ce sujet important devrait tenir compte de tous ces détails qui, se trouvant dans les Ecritures inspirées de Dieu, ont tous leur portée et leur signification.

Mais je reviens à mon sujet, et je vois qu'il n'est plus qu'un point sur lequel j'aie à répondre au frère qui me demande ces explications: c'est Apocalypse 14: 6, où se trouvent ses mots: «l'évangile éternel». Si l'on traduisait, comme on le devrait, je crois: «une éternelle bonne nouvelle», on saisirait plus aisément le sens du passage entier. Le voici: «Et je vis un autre ange, volant par le milieu du ciel, ayant l'évangile éternel, afin de l'annoncer [littéralement: de l'évangéliser] à ceux qui habitent sur la terre, et à toute nation, et tribu, et langue, et peuple, disant à haute voix: Craignez Dieu et donnez-lui gloire, — car l'heure de son jugement est venue; et rendez hommage à celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer et les fontaines d'eaux».

«L'évangile éternel», ici, consiste dans les paroles prononcées par l'ange. Or, il y a divers évangiles. Un évangile était donné à Adam, après la chute, dans la sentence dénoncée au serpent. Un évangile fut annoncé à Abraham, quand Dieu lui dit: «Toutes les nations seront bénies en toi» (Galates 3: 8). Il a été évangélisé à Israël dans le désert (Hébreux 4: 2, 6). Il y a l'évangile du royaume dont nous avons parlé. Il y a l'évangile de la grâce de Dieu, celui qui nous appartient, nous réjouit, nous sanctifie; celui que nous devons porter au-devant de nous et prêcher dans le monde.

«L'Evangile éternel» n'est aucun de ceux-là; c'est une tout autre bonne nouvelle, mais parfaite à sa place et appropriée aux circonstances de ceux à qui elle sera un jour annoncée. En effet, quelle ne sera pas la nécessité de ce message, lorsque les efforts de Satan auront amené la grande apostasie, représentée par l'Inique qui s'élèvera contre Dieu. La prédication de l'ange donnera un démenti à tout ce que la Bête et le Dragon chercheront à effectuer. Le monde entier se trouvera plongé dans l'idolâtrie — adorant la Bête et se prosternant devant elle. Comme il sera à propos de dire à haute voix: «Craignez Dieu, et donnez-lui gloire. Rendez hommage à Celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer et les fontaines d'eaux».

Cet évangile de la fin est appelé «une éternelle bonne nouvelle», parce que ce qu'il exprime est toujours vrai, l'a toujours été et le sera toujours. Le motif mis ici en avant: «car l'heure de son jugement est venue», ne peut pas sans doute avoir toujours une application actuelle, quoique ce soit là, comme le montrent tant de passages, surtout dans les Psaumes, «une bonne nouvelle» pour le fidèle résidu; mais la parole: «Craignez Dieu… et adorez Celui qui a fait le ciel et la terre», n'en demeure pas moins une vérité immuable et essentielle. En outre, les conséquences de cet évangile, comme celles de tout évangile: sa réception ou son rejet, la foi ou l'incrédulité, la soumission ou la rébellion — en seront éternelles. Ici encore, comme toujours, c'est «une bonne nouvelle éternelle» pour ceux qui la croient et qui y obéissent.

2ème série : Matthieu 5: 17

Je ne crois pas que la loi ou l'autorité de la loi soit détruite. Ceux qui ont péché en la loi seront jugés par la loi. Elle sera écrite dans le coeur de Juda et d'Israël sous la nouvelle alliance, dont nous avons la substance dans l'Esprit, mais non pas dans la lettre. Elle ne passera pas avant que tout ne soit accompli. Mais Christ en est la fin — le t™lov, — l'achèvement, l'accomplissement — en justice à tout croyant. On fait donc un raisonnement faux en concluant de ce passage que Christ est venu placer les chrétiens sous la loi. La loi n'est pas abrogée, c'est là ce qu'il affirme; mais nous ne sommes pas sous la loi, en sorte que si la loi subsiste, ce n'est pas pour nous.

on sera plus supportable au jour du jugement que le vôtre» (versets 21, 22).

La pensée que nous sommes une «bonne odeur de Christ pour Dieu, à l'égard de ceux qui périssent»,aussi bien que «à l'égard de ceux qui sont sauvés» (2 Corinthiens 2), est bien sérieuse. En voyant son témoignage rejeté, l'âme de Jésus trouve son repos en Dieu. Il pouvait se dire qu'il avait fait la volonté de Dieu; que le nom de Dieu avait été glorifié, par conséquent son repos pouvait être doux et complet. Nulle part, le Seigneur Jésus ne s'élève au-dessus des circonstances et ne se réjouit en esprit, autant qu'il le fait ici; au milieu de ce monde hostile, son âme trouve son repos dans la soumission à la volonté de Dieu.

«En ce temps-là», dans le moment même où il est rejeté, «Jésus répondit et dit: Je te célèbre, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant tes yeux» (versets 25, 26). Il s'inclinait devant la juste souveraineté de Dieu.

Je crois que telle serait aussi la position de l'âme du chrétien qui marcherait dans la communion avec Dieu; c'est bien là le véritable esprit qui devrait nous animer, car c'est reconnaître Dieu comme «opérant toutes choses selon le conseil de sa volonté» (Ephésiens 1: 11). Combien cela diffère de l'impatience que l'on rencontre chez un grand nombre d'entre nous! — Quand notre témoignage est rejeté, que nos désirs sont frustrés, nos motifs méconnus; quand l'épreuve vient du côté d'où nous l'attendions le moins, de la part de chrétiens, de notre famille, ou de ceux que nous avons cherché à servir, c'est alors qu'il convient de nous courber devant la juste souveraineté de Dieu et de dire: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant les yeux». — O mes amis, si nous comprenions un peu mieux la merveilleuse grâce qui nous a été manifestée dans le don de Dieu, Jésus, quand nous avons été vivifiés, nous qui étions morts dans nos offenses et dans nos péchés, et que Dieu a déployé en notre faveur le bras de sa puissance — nous ne perdrions pas notre temps en vains murmures, en regrets inutiles, comme nous ne le faisons que trop souvent, mais nous serions en état de dire: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant tes yeux». Si tu l'as trouvé bon, ne dois-je pas le trouver bon?»

Il y a du bonheur à pouvoir parler ainsi, car c'est reconnaître que la volonté de Dieu est «bonne, agréable et parfaite» (Romains 12), et l'on ne raisonne pas. Chez le prophète Jérémie nous trouvons des plaintes: il maudit le jour auquel il est né; Habakuk argumente; Job cherche à se justifier lui-même; — ici, il n'y a rien de semblable; il n'y a qu'une soumission simple à «la volonté de Dieu», comme étant ce qu'il y a de meilleur. «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant tes yeux». Ce que le Père avait «trouvé bon» devant ses yeux, était bon aux yeux de Jésus, et il en était de même toujours: «Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Hébreux 10). Voilà une vraie résignation. Ce n'est pas véritablement de la résignation que de se soumettre à ce que l'on ne peut éviter; non: la vraie résignation reconnaît qu'une chose est bonne et convenable, parce que Dieu la veut ainsi, quelque pénible, quelque douloureuse qu'elle puisse nous paraître d'ailleurs. — «Je te célèbre, ô Père!»

Une autre précieuse vérité est là. — Quand Jésus se voit ainsi rejeté par tous ceux qui étaient autour de Lui, à quoi se rattache son âme? A la conscience que «toutes choses lui sont livrées par le Père». De toute manière repoussé par les hommes, le Père a livré toutes choses entre ses mains. — Chers amis, lorsque notre volonté a été contrariée, quand il y a eu du renoncement, et que nous nous sommes soumis à la volonté de Dieu, que de fois n'avons-nous pas fait l'expérience de quelque chose qui s'épanouissait en bénédictions devant notre âme? — Il est toujours et pratiquement vrai que  «quiconque s'abaissera, sera élevé» (Matthieu 23: 12).

Jésus est ici de fait le Rejeté — il est rejeté par le monde; toutefois, il est Celui que le Père a haut élevé — et désormais il peut dire: «personne ne connaît le Fils, sinon le Père». Si le monde ne Le connaissait pas, le Père Le connaissait; — si le monde ne prenait pas en Lui son plaisir, le Père faisait de Lui ses délices; — si le monde ne L'aimait pas, le Père L'aimait… «Ni personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler». Ayant en Lui-même la connaissance du Père, le Seigneur Jésus est soutenu tout le long de son rejet de la part des hommes, et maintenant il s'avance pour révéler à d'autres le nom du Père. Le Père n'est connu que par la révélation que le Fils fait de Lui. «Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi, je t'ai connu; et ceux-ci ont connu que tu m'as envoyé. Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux» (Jean 17: 25, 26).

Si vous appartenez au monde, vous n'éprouverez aucun besoin de connaître ce nom que Jésus est venu manifester. — Si vous avez choisi le monde comme votre portion, ce nom, qui était la portion de Jésus quand le monde l'eut rejeté, ce nom ne sera d'aucun prix pour vous. «N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde; si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde» (1 Jean 2: 15, 16).

Il y a une différence marquée entre ces deux paroles de Jésus: «Je vous donnerai du repos» et «vous trouverez du repos», différence d'une très grande importance. Jésus ne nous dit pas de faire quelque chose, afin qu'il puisse nous donner le repos; il dit simplement: «Venez à moi». Mais pour que nous puissions trouver le repos, il dit: «Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur» (versets 28, 29). Une soumission pratique est devenue nécessaire. Il est d'une égale importance de discuter le rapport que ces deux choses ont l'une avec l'autre, et souvent, en n'y prenant pas garde, les saints perdent la jouissance présente de la paix que Jésus leur a donnée. C'est dans la conscience de posséder «toutes choses» — toutes choses Lui étant livrées par le Père, toute puissance Lui étant donnée dans le ciel et sur la terre, tout jugement étant remis entre ses mains, toutes choses étant à Lui (car il n'y a aucune chose que le Père n'ait remise entre les mains de Jésus), c'est dans cette conscience, dis-je, que Jésus dit: «Venez à moi».

Il ne dit pas: «Venez à moi», comme à celui qui est rejeté et méprisé par les hommes, — non, il dit: «Venez à moi», qui, bien que méprisé et rejeté en effet, possède cependant en Moi-même tout ce que les hommes recherchent avec tant d'ardeur, tout ce qu'ils estiment, tout ce qu'ils ambitionnent. Il est «digne de recevoir puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire et louange» (Apocalypse 5). En Lui que le monde a rejeté, il y a non seulement tout ce qui répond à nos besoins comme pécheurs, mais aussi tout ce qui peut satisfaire les désirs les plus ardents de nos coeurs; c'est pourquoi il nous dit: «Venez». Combien cela est précieux! Toute la grâce du coeur de Jésus se révèle dans cette parole. Quand nous le voyons, Lui le Rejeté, se tourner vers nous, disant: «Venez à moi! Venez à moi! vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos», nous apprenons véritablement ce qu'est la grâce!

Aller à Lui, croire à son Nom, voilà le grand secret de la paix qu'il nous offre. Les Scribes, les Pharisiens, les Docteurs de la loi, toute cette multitude orgueilleuse et satisfaite d'elle-même, tous L'avaient rejeté; — mais Jésus savait qu'il y avait là, autour de Lui, des coeurs fatigués et pesamment chargés, — des pécheurs qui faisaient de vains efforts pour se délivrer de leur fardeau de péché. La loi ne pouvait leur apporter aucun soulagement, elle ne pouvait ôter leurs péchés; — et c'est à eux que Jésus s'adresse: «Venez à moi, moi je vous donnerai le repos». Puis, il y en avait d'autres qui avaient cherché le repos dans le monde, parmi des amis, et à eux aussi il dit: «Venez à moi». Le repos, un repos véritable est donné à ceux qui vont simplement à Jésus; — et que faut-il de plus à mon âme? «Venez à moi», dit Jésus — tout ce dont nous avons besoin est entre ses mains, pardon des péchés, vie éternelle, repos, tout ce que notre coeur peut désirer — tout est là — tout.

Je veux faire remarquer ici l'ordre dans lequel ces choses nous sont présentées. Le Seigneur Jésus ne nous parle pas de trouver le repos, avant qu'il ne nous l'ait premièrement donné. Je crois que l'on a souvent interverti cet ordre, et cherché à prendre le joug, avant que cela nous fût commandé. Jésus sait exactement ce qu'il faut au pécheur (le Père, qui a livré toutes choses, entre les mains de Jésus, le savait aussi); ce dont le pécheur a besoin comme un simple don; non pas comme une chose qu'il ait à acquérir, ou à mériter — mais qu'il trouve tout d'un coup — un don gratuit; et j'insiste sur ceci, c'est que l'on ne doit, en aucune façon, chercher à agir comme un chrétien, soit dans le culte, soit dans le service, avant d'avoir trouvé, en allant à Jésus, un repos parfait pour l'âme. Nous devons être tranquillisés quant à nous-mêmes, avant de pouvoir penser agir pour Dieu. Un pécheur doit avoir le repos de son âme, avant de pouvoir agir comme un saint, avant de pouvoir prendre sur lui «le joug» de Christ. Avant de pouvoir porter son fardeau, je dois être débarrassé du mien propre, je dois l'avoir laissé auprès de Jésus.

Si je ne vais pas à Jésus pour recevoir de Lui le repos, comme un don gratuit, je vais à Lui comme à un maître qui a le droit d'être exigeant, et ainsi je ne fais que charger sur moi un double fardeau, au lieu de trouver pour mon âme ce bienheureux sabbat, dans lequel moi, pauvre pécheur, je puis me reposer et me réjouir, et Dieu, le Dieu Saint, peut trouver ses délices. — Jésus est ce véritable sabbat, dans lequel Dieu a son bon plaisir; il est aussi le vrai repos pour l'âme. Il a été l'homme obéissant — «obéissant jusqu'à la mort, la mort même de la croix. C'est pourquoi aussi, Dieu L'a haut élevé, et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes et terrestres et infernaux; et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Philippiens 2). L'homme a crucifié Jésus, mais Dieu l'a ressuscité d'entre les morts; et maintenant Dieu déclare que le nom de Jésus est le seul nom sous le ciel, par lequel les hommes puissent être sauvés. Jésus a accompli la volonté de Dieu, c'est pourquoi toutes choses Lui sont livrées par le Père, et il dit: «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai le repos». Chers amis, je le répète encore, Jésus ne nous dit pas de prendre sur nous son «joug» ou son «fardeau» avant d'avoir mis de côté le nôtre propre. Avant d'être placés dans la liberté de l'Esprit par la connaissance de l'oeuvre de Jésus sur la croix, nous ne sommes pas capables de servir comme il convient.

Quoi que ce soit que nous pensions de nous-mêmes, ou que d'autres puissent penser de nous, — si nous sommes méprisés, rejetés par ceux qui nous entourent — toutefois, comme étant allés à Jésus, «toutes choses sont à nous», il n'est rien qui ne nous soit donné, car Jésus est le grand don de Dieu, et en Lui se trouvent concentrés tous les autres dons — justice, vie, paix, tout.

«Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau est léger» (versets 29, 30). Jésus avait porté le «fardeau, Lui-même», il avait porté le «joug», c'est pourquoi, il pouvait dire: «Apprenez de moi» — (il ne s'agit pas ici du fardeau de nos péchés). Jésus était aussi venu pour «apprendre l'obéissance par les choses qu'il a souffertes» (Hébreux 5). Jésus fut Celui qui connut toute l'amertume du mépris et du rejet, et qui pourtant pouvait dire «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon»; par conséquent il dit: «apprenez de moi». — Au chapitre 50 d'Esaïe, nous lisons: «Qui est celui d'entre vous qui craigne l'Eternel, et qui écoute la voix de son serviteur? que celui qui a marché dans les ténèbres, et qui n'avait point de clarté, ait confiance au nom de l'Eternel, et qu'il s'appuie sur son Dieu» (verset 10). Jésus était dirigé au milieu des ténèbres de la terre; il n'avait jamais de volonté à Lui; il était l'homme obéissant: «chaque matin il me réveille soigneusement, afin que je prête l'oreille aux discours des sages; c'est pourquoi «l'Eternel lui a donné la langue des savants, pour savoir assaisonner la parole à celui qui est accablé de maux» (Esaïe 50: 4). Il peut nous dire comment il a Lui-même porté le joug, s'abaissant toujours davantage, et il petit dire aussi: «Mon joug est aisé, et mon fardeau est léger».

Chers amis, si le Christ Jésus a trouvé le joug aisé et le fardeau léger — s'il a pu dire: j'ai vaincu, d'où cela venait-il? De ce qu'il se courbait sous ce joug, de ce qu'il s'y soumettait. Et nous, comment pouvons-nous vaincre?En endurant toujours, et jamais en essayant de changer les circonstances, jamais en cherchant le repos ici-bas. Souvent on s'efforce d'avoir le dessus sur les choses pénibles en les modifiant — mais ce n'est pas la manière d'agir d'un fidèle disciple de Christ. Lorsqu'un chrétien se plaint de n'être pas heureux dans son âme, et qu'il cherche pratiquement du repos dans un changement de circonstances, il ne possède pas cette paix que Jésus a promise: «Vous aurez de l'affliction dans le monde, mais en moi vous aurez la paix» (Jean 16). Souvent nous parlons l'un à l'autre bien légèrement, et nous avons l'air de penser qu'un changement de circonstances amènera le repos; mais un changement de circonstances n'a, par lui-même, rien à faire avec la paix de l'âme. Ecoutons plutôt cette parole: «Apprenez de moi». — Jésus ne changea rien aux circonstances; la coupe ne passa point loin de lui. — Non! il se soumit et dit: «Non pas comme moi je le veux, mais comme toi tu le veux» (Matthieu 26: 39).

Il n'y a pour nous que deux chemins à prendre: nous devons nous frayer la route à travers le monde en combattant, ou nous devons souffrir. Or, je lis: «Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres — à ceux qui sont contentieux, et qui se rebellent contre la vérité et obéissent à l'iniquité, colère et indignation, tribulation et angoisse»; et au contraire: «à ceux qui, en persévérant dans les bonnes oeuvres, cherchent la gloire, l'honneur et l'incorruptibilité — la vie éternelle» (Romains 2: 7, 8). J'apprends ici que la persévérance dans les bonnes oeuvres,- la patience, est le caractère par excellence du chrétien. C'est là le chemin de la gloire et de la vertu; c'est là le chemin où Jésus marcha; c'est là le «joug» qu'il a porté. Il endura, et il y trouva de grandes bénédictions. Jésus triompha par une patiente persévérance à bien faire, et il nous dit: «Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes», — non pas le repos inquiet et agité du chrétien qui cherche constamment à changer l'état des choses autour de Lui, mais le repos de Jésus: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant tes yeux».

Nous allons à Jésus comme des pécheurs fatigués et chargés; il nous donne le repos et il ne reprend pas ce qu'il a donné: le repos est désormais notre part éternelle. Cependant nous sommes encore au milieu d'un monde qui nous éprouve, nous sommes exposés aux tentations et aux ruses de Satan, ayant au dedans de nous un méchant coeur d'incrédulité. Nous voudrions bien que tout en nous et autour de nous fût déjà comme il sera plus tard… Mais il n'en est pas ainsi, et sans doute il y a là bien des causes d'agitation, de dépit, de mécompte. — Mais si Dieu ne trouve pas à propos de changer l'état des choses, ni la chair, ni le diable, ni le monde — à quoi nous sert-il de nous impatienter? «Considérez Celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre Lui-même, afin que vous ne soyez pas, en étant découragés, las dans vos âmes» (Hébreux 12: 3). La foi dit: c'est là le chemin que Dieu a choisi pour moi, afin que j'y marche. Le repos se trouve dans le renoncement de la volonté propre, en prenant sa croix chaque jour et en suivant Jésus, en courbant la tête pour dire: «Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon». Le Seigneur Jésus a expérimenté ce second caractère du repos, quand il devint obéissant jusqu'à porter le joug placé sur ses épaules; c'est pourquoi il nous dit ici: «Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes».

Il y a encore une chose dont je voudrais dire quelques mots. Je veux parler de ce grand principe d'humilité chrétienne, dont le saint doit faire preuve, parce qu'il est un saint, et non parce qu'il est un pécheur. Un pécheur sauvé par grâce a, en effet, des motifs d'être humble; mais l'humilité d'un saint, parce qu'il est un saint et un héritier de la gloire, est d'une nature bien plus profonde. Rien ne nous mettra plus bas et ne nous disposera mieux pour le service le plus infime. Voyez le Seigneur Jésus. Il est là dans la conscience de posséder toutes choses: «toutes choses m'ont été livrées par mon Père»; pourtant il dit: «Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur». Pouvez-vous unir ces deux choses? Je pense que vous le pouvez; l'âme du saint, qui a été vraiment enseigné de Dieu, doit discerner leur relation si nécessaire. Le Seigneur Jésus, sachant que toutes choses étaient à Lui, pouvait s'abaisser: «ce qui est vrai en Lui et en vous» (1 Jean 2: 8). Rien ne nous rend capables de laver les pieds des saints, de nous mettre par terre devant eux, comme la connaissance de notre grandeur réelle; alors nous pouvons être humbles, — nous pouvons nous abaisser pour servir les autres, au lieu de vouloir qu'on nous serve. L'enfant de Dieu n'a besoin de rien qui ajoute à sa dignité, dignité qui lui a été conférée de Dieu. Il a toutes les dignités, toutes choses en Christ, et c'est là ce qui communique véritablement la puissance de s'abaisser pour servir. La conscience que toutes choses sont à nous, et nous à Christ, et Christ à Dieu (1 Corinthiens 3: 22), nous mettra en état de nous placer au-dessous de quoi que ce soit.

C'est donc en prenant le joug de Christ, que nous trouverons cette paix réelle et stable et ce repos pour nos âmes; c'est en n'estimant pas les choses élevées, mais en nous associant aux choses humbles (Romains 12: 16). Le Seigneur Jésus a dit: «Quiconque voudra être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave» (Matthieu 20: 27); et «Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes». — C'est un grand bonheur que d'être un disciple à l'école de Christ.

Le Saint Esprit, qui a pour office et pour jouissance de placer le Seigneur Jésus devant nos âmes comme notre modèle, ne le fait jamais sans nous établir d'abord solidement dans la foi à l'oeuvre que Christ a accomplie pour nous à la croix; et s'il y a une position de bénédiction positive pour le serviteur, c'est d'être là où était son Maître. Christ est ce qu'il est en Lui-même; ce que nous sommes, nous le sommes en Lui.