Nous pouvons considérer le Seigneur Jésus
sous différents aspects, j'ai à peine besoin de le dire. Nous pouvons regarder
à Lui comme au Fils de Dieu, dans la gloire qu'il avait auprès du Père, avant
que le monde fût; il est aussi Fils de l'homme;
il est Souverain Sacrificateur de son peuple. Il était la manifestation
de la vérité, et toutes choses sont rendues manifestes par la vérité: il n'y a pas de vérité réelle où que ce soit en
dehors de Christ. Si je veux savoir ce que Dieu est, il n'est véritablement
connu qu'en Christ; si je veux savoir ce que l'homme est dans la perfection, je
le vois en Christ; si je veux savoir ce qu'est le péché, je l'apprends à la
croix: Christ «a été fait péché»; si je veux savoir ce qu'est la puissance de
la mort, — je l'apprends en lui; l'amour? — c'est en lui que je le cherche; la
haine? — elle ne se trouvait, pas en lui, il est vrai, mais elle a été
manifestée par lui. C'est par lui que tout est réellement connu. «La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ». «La vérité vous affranchira»; et «si le Fils vous
affranchit, vous serez véritablement libres» (Jean 1: 17; 8: 32, 36).
Nous avons vu ailleurs Christ comme le
second Adam, et la puissance de la rédemption, la vraie délivrance qu'il a
accomplie pour nous: Il est le «second homme», «le
Seigneur venu du ciel»; et: «tel qu'est le céleste, tels aussi sont les
célestes» (1 Corinthiens 15: 47, 48). Nous avons vu aussi, au Psaume 22, dont
la mort et la résurrection forment le sujet, dans quelle position Christ nous a
amenés: étant sorti du lieu de la mort, ressuscité par
la gloire du Père, il loue Dieu dans la grande assemblée, et nous fait chanter
le même cantique avec lui, nous ayant introduits dans la condition du second
Adam devant Dieu, quoique nous possédions le trésor, maintenant, dans des
«vases de terre» (2 Corinthiens 4: 7).
Il y a deux autres caractères de Christ qui
sont très précieux pour nous, parce qu'ils réveillent nos affections jusqu'au
jour prochain où nous le verrons. Christ n'a pas seulement la puissance qui
délivre, soit par la vie, soit par la mort; mais il
est lui-même un «objet», dans la gloire, comme dans l'humiliation. Puis, en
troisième lieu, il est sacrificateur pour nous;
revêtant pour nous cet office dans lequel il est en rapport avec nous, non pas
comme objet, mais en relation avec les nouvelles affections dont il est
l'objet.
Christ dit: «Je
monte vers mon Père et votre Père» (Jean 20: 17). «En
ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en
vous» (Jean 14: 20). Il ne faut pas que l'assemblée soit en désaccord avec sa
louange, c'est pourquoi ceux qui la composent sont placés dans la même position
que lui, devant «son Père et leur Père». Notre place
devant Dieu, maintenant, est en lui, le Christ dans la gloire. Dieu nous a
donné cette place, et nous sommes prédestinés à porter l'image du «Céleste». C'est ce qui nous donne la puissance
d'espérance, ce qui nous encourage à courir la course qui nous est proposée
(Hébreux 12: 1). Ce n'est pas tant la dépendance qui
caractérise cette position (bien que nous devions toujours être dans la
dépendance, ou tomber), que l'énergie et la joie de l'espérance. «Nous, par l'Esprit, sur le principe de la foi, nous
attendons l'espérance de la justice» (Galates 5: 5), nous n'attendons pas la
justice, car nous avons la justice, ou plutôt, nous sommes la justice (2
Corinthiens 5: 21). Christ est la justice; il est
entré, dans la gloire, qui est la conséquence de la justice. «Nous
attendons l'espérance de la justice»; nous attendons la gloire. L'Esprit,
maintenant, prend des choses qui sont à Christ et nous les annonce ici-bas; après, ce sera dans la gloire. La loi était un
ministère de condamnation; le ministère de l'Esprit
est le ministère de la justice. Lorsque Christ eut été glorifié, il envoya le
Saint Esprit ici-bas, pour sceller nos personnes et nous rendre participants de
la gloire à venir; et ainsi, contemplant Christ, à
face découverte, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire.
Il s'agit ici de réalisation pratique, et des fruits que cette réalisation
produit en nous. Voir, par l'Esprit, Christ glorifié, regarder à Lui dans la
gloire, produit cet effet, dans nos coeurs, que nous
lui sommes rendus conformes (2 Corinthiens 3: 18).
Une autre chose très importante, c'est que
nous regardons à Christ comme Sacrificateur. «Jésus
sachant que son heure était venue… prit un linge, et s'en ceignit» (Jean 13:
1-4). Il devint, en un certain sens, le serviteur des siens. Toutes les fois
que nous le voyons prendre ici-bas une place de serviteur, nos
affections sont réveillées, mais elles le sont d'une manière différente de
celle selon laquelle, comme objet, dans la gloire, il stimule l'énergie de
l'espérance. Dieu avait placé devant Christ un objet d'espérance; car nous
lisons de Lui que, «à cause de la joie qui lui était proposée, il a enduré la
croix…» (Hébreux 12: 2); et, pareillement, il place devant nous un objet, pour
nous encourager et aviver notre espérance tout le long du chemin nous
n'estimons pas avoir atteint le but; mais «tendant avec effort vers les choses
qui sont devant nous, courons regardant au but» (Philippiens 3: 13, 14). Mais,
courir ainsi est autre chose que de penser à nous-mêmes dans le sentiment de notre
faiblesse et de notre infirmité, et de notre dépendance de quelqu'un qui doit
nous garder et nous faire avancer, ou nous ramener et restaurer notre âme. Dans
ce sentier nous rencontrons chaque jour toute sorte d'exercices d'âme,
nécessaires pour que nous soyons gardés et que nous marchions toujours devant
Lui (sans toucher à ce que nous sommes en Christ) et cela est bon et très
profitable (1 Jean 1: 7). Suis-je sous la loi?- Non! «Nous avons un Avocat
auprès du Père» (1 Jean 2: 1, 2). Dois-je courir à lui pour être pardonné? — Non! Nous nous sommes
éloignés de lui quand nous avons péché. Il nous restaure, comme Pierre (voyez
Luc 22: 31-34, 55-62; Jean 21: 15-22). Au moment où
Pierre a commis la faute, Christ le regarde et le ramène:
de la même manière, maintenant, il ramène nos âmes par l'Esprit. Il est l'Avocat,
Celui qui s'occupe de nos affaires et les conduit devant Dieu. Le même nom est
donné au Saint Esprit (traduit alors par le Consolateur) qui conduit nos
affaires ici-bas. Quand nous tombons, ou que, à cause de notre confiance en
nous-mêmes, il est nécessaire que nous tombions, alors, c'est l'oeuvre de Christ dans le ciel de nous ramener à la
communion avec le Père et avec le Fils: je ne dis pas
que nous devions aller à Lui pour qu'il intercède et nous ramène, mais je veux
dire que nous dépendons de Lui pour être ramenés. «Afin
de t'humilier et de t'éprouver, pour connaître ce qui était en ton coeur» (Deutéronome 8: 2). Dieu nous fait passer par ce
chemin pour nous apprendre à discerner entre le bien et le mal, car, par la
chute, il est devenu nécessaire que nous l'apprenions. Dieu nous place d'abord
dans la justice; et ensuite, il nous fait avancer par
la sacrificature, nous maintenant ainsi dans la dépendance, tout le long du
chemin. Christ, dans tous ces services, n'est pis
tant pour nous un objet qu'un agent.
Dans le Psaume 16, dont je voudrais
m'occuper un moment, ici, Christ est davantage l'objet de notre âme, notre
nourriture, non pas un agent exerçant un certain office:
il est proprement le bien de nos âmes, — non pas Christ dans la gloire, mais
Christ ici-bas dans l'humiliation: «Je suis le pain vivant qui est descendu du
ciel…» (Jean 6: 51). Jésus ne dit pas: «Je suis le
pain qui est monté au ciel». Manger sa chair est donc une condition nécessaire
pour vivre. Il faut que nous le connaissions comme un Christ mort. Nous ne
pouvons pas nous nourrir de lui comme Christ vivant et glorifié, mais comme
Christ mort. Ce qui attire nos affections à Christ, c'est ce que Christ était
ici-bas: il passait ici-bas par toutes les difficultés
et traversait toutes les choses, à l'égard desquelles il a à intercéder pour
nous. Dieu se nourrissait de l'offrande; elle était sa
«viande» (comp. Lévitique 21: 6, 8, 17, 22); mais les
sacrificateurs mangeaient l'offrande du gâteau et une partie du sacrifice de
prospérité (comp. Lévitique 2: 3, 10; 6: 14-18; 7:
11-21; 22: 29, 30). Christ dit: «A cause de ceci le
Père m'aime, c'est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (Jean 10:
17). Nous voyons que le Père nous a donné l'objet même de ses délices pour être
l'objet de nos affections. Le Père ne pouvait pas ne pas exprimer sa
satisfaction à l'égard de son Fils, lorsque celui-ci était sur la terre: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé
mon plaisir» (Matthieu 3: 17; 17: 5). La perfection de l'objet explique
l'imperfection de la mesure selon laquelle nous le saisissons;
mais c'est de cette manière que Dieu met nos affections en accord avec
Lui-même. Il a pu dire, au commencement, à cause de la perfection intrinsèque
de son Fils, et à la fin, à cause de sa perfection développée et manifestée: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé!» Et nous, que
disons-nous? Faiblement et pauvrement, sans doute; mais réellement et sans hésitation, chacun de nous,
nous pouvons dire: je sais qu'il est parfait! Nous ne pouvons atteindre à sa
perfection, mais nos coeurs sont attirés par elle et
en jouissent, quelque pauvres et faibles qu'ils soient. Le Père nous a montré
quelque chose de sa perfection; il nous fait part de
ce qui fait ses délices: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé
mon bon plaisir». Dieu ne dit pas: Celui-ci est mon
Fils en qui vous devriez trouver votre plaisir (ce qui est vrai aussi);
mais il trouve bon de faire connaître aux disciples son amour pour
Christ. C'est quelque chose de merveilleux que Dieu parle de l'amour qu'il a
pour Christ, et cela lorsque Christ était ici-bas, au milieu de nous, le fils
de l'homme sur la terre, au milieu d'hommes pécheurs.
Avant qu'une âme puisse être attirée par
cette communication, il faut qu'elle sache qu'elle est juste en Christ. La
femme pécheresse, qui entra dans la maison du pharisien (Luc 7:
36-50) fut attirée là vers Christ et l'aima beaucoup à cause de ce qui lui fut
révélé en Christ, non pas à cause de ce qu'elle reçut de lui. L'excellence de
ce qui était en Christ avait pour elle un tel attrait et absorbait tellement
son esprit, qu'elle trouva le chemin de la maison du pharisien, où Jésus était,
sans penser au dîner, aux convives, ou à aucune autre chose, si ce n'est à
Jésus. Elle est remplie de Lui. Elle pleurait, mais elle n'avait rien à dire: Jésus était là; il gouvernait toutes ses pensées; ses
larmes, son silence, son acte d'amour ont leur source en Lui. Jésus a tout vu,
et a rendu témoignage à tout, avant qu'elle sache ce que Lui a fait pour elle.
Attirée auprès de lui par ce qu'elle voyait en lui, elle reçoit de sa part la
réponse qui apporte la paix dans sa conscience. Une âme peut être attirée par
Christ, mais ce qui en Lui l'attire, produit dans cette âme la conviction de
son péché, et si elle ne connaît pas le pardon, la présence de Christ sera pour
elle exactement l'opposé de la justice de Dieu, et la sainteté prendra la forme
d'une loi. Plusieurs se contentent d'être simplement attirés ainsi pour un
temps, pour glisser ensuite, peut-être, et retourner à n'importe quelle vanité,
parce qu'ils ne connaissent pas la justice dans leur conscience. La justice
nous place, dans nos consciences, devant Dieu, comme Christ est,-
dans la lumière. Si je n'ai pas la paix, je ne puis avoir communion avec un
autre chrétien; mes péchés occupent toute ma pensée,
si ma conscience est réveillée. «Si nous marchons dans
la lumière, comme Lui-même est dans la lumière, nous avons communion» (1 Jean
1: 7). La question n'est pas ici, si nous marchons selon la lumière; mais Jean pose le cas où on est dans la
lumière. L'état chrétien, c'est d'être dans la lumière, et nous avons communion
les uns avec les autres, et nous sommes purs devant Dieu. Il n'y a pas de
communion dans le péché, mais il y a misère et tourment. Quand nous sommes dans
la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous pouvons nous nourrir de
lui. On ne se nourrit pas réellement de lui comme étant le pain descendu du
ciel, quand on ne mange pas sa chair et qu'on ne boit pas son sang. Il faut que
nous connaissions la puissance de la mort, avant que notre coeur
puisse être occupé de Lui. Le Seigneur se donne lui-même à nous, et s'attend à
ce que nos coeurs, étant occupés de lui, nos
affections soient réellement en exercice à son égard. «Si
vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père»
(Jean 14: 28). Quelle position! Le Seigneur descend si
bas, il prend une place si humble au milieu des hommes, qu'il compte de leur
part sur une affection telle qu'ils se réjouissent de la joie qu'il a de s'en
aller, bien que son départ ait pour conséquence de les laisser seuls, sans lui.
On ne peut connaître cette affection à laquelle il s'attend maintenant, à moins
qu'on ne le connaisse lui-même comme salut.
«Je me suis confié en toi». —
Ces paroles sont citées au chapitre 2, de l'épître aux Hébreux pour prouver
l'humanité de Christ. Deux choses constituent la perfection dans l'homme,
savoir la dépendance et l'obéissance. Ces deux choses étaient en Christ, et
sont l'opposé de ce qui était en Adam lorsqu'il pécha. Christ fut toujours
l'homme dépendant et obéissant. L'indépendance est le péché:
le principe du péché se trouve en elle. Toute pensée de liberté et
d'affranchissement de la volonté d'un autre, là où la volonté propre est en
activité, est quelque chose d'effrayant. Christ n'avait d'autre volonté que
celle de son Père: cette volonté de son Père n'avait
point pour lui le caractère d'un frein, mais d'un motif. Il est d'un grand prix
pour nous de voir Christ prendre cette position de dépendance. Il est naturel
pour nous de dire: Il faut que je fasse quelque chose.
Mais non. Nous ne devrions ni boire, ni manger, à moins qu'il ne nous le dise. «Quoi que vous fassiez, faites tout à la gloire de Dieu» (1
Corinthiens 10: 32; comp. Colossiens 3: 17);
cependant tout est liberté. Il n'y a personne qui, avant ses affections
continuellement tournées vers son père, voulût faire quoi que ce soit sans
désirer de lui plaire. Peu importe à un enfant qui aime, ce qu'il doit faire; ce qu'il fait, il le fait pour plaire à son père. Un
enfant ne désirerait-il pas, même en mangeant et en buvant, de plaire à son père? Ce n'est pas la chose faite qui a par elle-même de
l'importance, mais la relation du fils avec son père et son affection pour lui
Lorsque Christ eut faim, Satan le tenta, cherchant à lui faire changer des
pierres en pain, et Christ aurait pu le faire, comme il aurait pu demander et
recevoir douze légions d'anges (Matthieu 26: 53); mais
il avait pris une position de dépendance, et il attend.
Christ pouvait non seulement montrer sa
puissance en opérant des miracles, mais son coeur
pouvait être ému de compassion; et c'est en voyant la
position de dépendance et d'obéissance qu'il prend ici-bas, que le coeur est nourri. Quels traits nous voyons en lui! Endormi sur l'oreiller, il peut se lever pour calmer
les craintes de ses disciples. Assis fatigué sur le puits, il petit
s'entretenir avec la pauvre femme, qui venait là dans sa misère. — Il pouvait,
en amour, traverser tout: il était parfaitement homme;
— il était capable de toucher les autres, mais le mal ne pouvait pas le
toucher, Lui (Matthieu 8: 15; 9: 29; 17: 7; 20: 34; Marc 10: 13). Sa sainteté
incorruptible le faisait aller à tous, en amour, pour leur distribuer ses
bienfaits.
«Mon
âme, tu as dit à l'Eternel: Tu es le Seigneur»
(verset 2). Maintenant je prends la place d'un serviteur. Tu es mon Maître. Il
dit au jeune homme dans l'évangile: «Pourquoi
m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul»
(Matthieu 19: 17). Je suis à mon Maître; je me rends
dépendant, je me fais Serviteur, m'appuyant sur toi, regardant à toi. Alors
vient la communion.
«Mon
bien ne va pas jusques à toi; mais aux saints qui sont sur la terre, et à ces
personnes distinguées, je prends tout mon plaisir». (verset 3). Peu importe leur pauvreté, leur faiblesse, leur ignorance; ils sont «les excellents». Il ne s'agit pas de ce
qu'ils ont, mais de ce qu'ils sont. Il a pris place au milieu d'eux; il va devant les brebis, découvrant toutes les difficultés,
parce que c'est lui qui conduit, et rencontrant tous les dangers dans le chemin
qui est placé devant elles. Il n'y a pas un pas du chemin de la vie par lequel
Il n'ait passé. Il nous a tracé le chemin de la vie divine, tout du long,
jusqu'à la félicité. «En eux je prends tout
mon plaisir». Toute son affection se portait sur eux. Il prend plaisir en
eux non pas nécessairement en leur état. Il y avait en lui ce qui satisfaisait
le Père et faisait ses délices; il attirait
l'affection du Père sur lui, comme homme ici-bas (et, cela va sans dire, comme
Fils éternel aussi), dans ce chemin de la vie. «Tu
me feras connaître le chemin de la vie» (verset 11). Quelle dépendance pour
toutes choses! Le Christ ne dit pas:
Je me livrerai; mais: «Tu me feras connaître»… Il passe par la mort dans la
dépendance de son Père. Il y avait là la bienheureuse perfection d'un homme
avec Dieu; et a la fin de sa
carrière, «sachant que le Père lui avait donné toutes choses entre les mains,
et qu'il était venu de Dieu et s'en allait à Dieu, il se lève du souper» (Jean
13: 3). Il peut s'en retourner pur au trône de Dieu, et introduire l'homme avec
lui dans la gloire de laquelle il était venu. L'humanité est maintenant dans la
présence de Dieu. Nous lisons dans Matthieu (chapitre 3) que tous venaient au
baptême de Jean, confessant leurs péchés: il fallait
du «fruit convenable à la repentance». Le commencement de tout ce qui est bon,
c'est de confesser que nous n'avons point de bien en nous (comp.
Romains 7: 18). Le «fruit»
que Dieu voulait, c'était la confession qu'ils n'en avaient point produit. Dès
que l'Esprit de Dieu agit en eux, Jésus vient pour être baptisé avec eux,
n'ayant point, cela va sans dire, de péchés à confesser, mais faisant la
volonté de son Père. Il prend place avec «les
excellents»; il était venu pour cela, et la conséquence en est, qu'il prend
place ensuite dans la grande assemblée pour louer Dieu (Psaumes 22: 22). Il
faut que le Christ soit seul dans la mort: mais il
n'est pas plutôt ressuscité, qu'il faut qu'il ait les siens avec lui; il veut
avoir des compagnons (comp. Hébreux 1: 8, 9; 3: 14).
«Je
me suis toujours proposé l'Eternel devant moi»
(versets 4-8); toujours la dépendance, — la perfection: — «Parce que tu es à
ma droite, je ne serai point ébranlé»; «Tu me feras connaître le chemin de la
vie». Il est très précieux d'entendre Christ parler ainsi. Au verset 10, le
chemin est le chemin de la mort; comment a-t-il trouvé
le chemin de la vie? Adam trouva le chemin de la mort, dans sa chute et dans sa
propre volonté; mais le chemin qui en ramène, il ne le
trouva jamais! Dans le jardin d'Eden, l'homme ne devait jamais toucher l'arbre
de vie. Adam avait pris le chemin opposé, le chemin de la mort. Il y a donc
deux arbres dans le monde, l'arbre de la responsabilité ou de la
connaissance du bien et du mal, et l'arbre du don de Dieu, qui est la vie.
Tout ce que l'homme fait aboutit à la mort; il est
mort dans ses fautes et dans ses péchés; mais Christ vint apporter la vie dans
un monde qui l'a rejeté, un monde où était Satan, «le prince de ce monde», et
où tout était marqué de son sceau. Dans ce lieu de la mort, Christ nous trace
un chemin. Le Père lui montre «le chemin de
la vie». Il était la vie; mais il fallait que le
chemin de la vie fût frayé au travers de ce lieu de la mort, où rien ne parle
de Dieu, — ce vaste désert où il n'y a point de chemin. Christ a lui-même frayé
le chemin: c'est pour le chrétien que je parle
maintenant. L'Evangile nous montre que Christ donne ce chemin à ceux qui
croient. Il a dû, dans l'obéissance, à travers un monde de péché et de misère,
tracer le chemin de la vie jusqu'à Dieu. Il a fallu qu'il passât par la mort
pour nous, parce que nous sommes des pécheurs. Maintenant, il nous dit: «Si quelqu'un me sert, qu'il me suive» (Jean 12: 26).
Il faut que nous chargions la croix. Pour lui, la croix était l'expiation, —
c'était là le chemin! Comme il vint pour nous, il a
fallu qu'il passât par la croix. Il a traversé le chemin parfaitement, et
absolument. Quelle en est la conséquence? «Ta face est un rassasiement de joie!» Il
voulut plutôt mourir que de désobéir (Romains 6: 10;
Matthieu 26: 36-46). Remarquez-le bien: la mort n'est
plus, pour nous; le but est atteint; — mais nous avons à suivre le même chemin
que lui a suivi, jusque dans sa présence, là où il y a «un rassasiement de
joie». Christ est le glorieux objet, présenté à nos affections;
mais, hélas! combien peu nous lui en portons. Dans ce désert de péché, cette «terre déserte, altérée et sans eau», il a pu dire: «Ta
faveur est meilleure que la vie» (Psaumes 63: 3). Pourquoi tout cela? C'était pour sa propre gloire et pour celle de son
Père, sans doute, mais c'était aussi pour ces «excellents
de la terre». «Il y a plusieurs demeures
dans la maison de mon Père… je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi,
afin, que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 2, 3).
Nous sommes appelés à suivre Christ. Ce
n'est pas d'après la quantité de nos oeuvres que Dieu
mesure notre service, mais d'après la mesure dans laquelle nous reproduisons Christ,
dans un monde où tout est l'opposé de ce que Dieu est. «Tout
ce qui est dans le monde… n'est pas du Père, mais du monde» (1 Jean 2:
15-17). C'est dans ce monde que le Fils du Père a tracé le chemin qui mène
jusqu'au Père. «Que mon droit sorte de la
présence» (Psaumes 17: 2), dit-il, dans la controverse qu'il soutient avec
l'homme dans ce chemin; puis à la fin, dans le même Psaume, il dit: «Je
verrai ta face en justice; je serai rassasié de ta ressemblance, quand je serai
réveillé». Nous avons ici les deux parties de la bénédiction pour nous: être avec Christ, et être comme lui, dans la présence
du Père. Si nous étions constamment devant Christ, avec la conscience que nous
ne lui sommes pas semblables, ce serait une souffrance constante. Maintenant, pratiquement,
nous ne lui sommes pas semblables, hélas! mais: «En
ta présence, il y a un rassasiement de joie». Avec lui, et comme lui, nous
jouirons de la clarté de la face du Père. Dans le chapitre 4 de l'Apocalypse,
on voit les anciens, d'abord assis en repos, ensuite prosternés dans
l'adoration. Dans les Psaumes, nous voyons Christ marchant avec le résidu juif; Christ d'abord humilié, et à la fin glorifié; les
Psaumes nous donnent ses propres expériences.
Christ est l'objet que nous avons à
étudier, quand une fois nous avons la justice en lui. Quand nous avons été
amenés à la bénédiction, nous pouvons étudier Celui qui nous y a amenés. C'est
là ce qui juge nos pensées, nos affections et nos motifs tout le long du chemin; il faut qu'il soit notre vie, afin que nous
puissions marcher dans le chemin; ensuite nous passons par la mort en chargeant
sa croix et à la fin, nous lui serons semblables. Le Seigneur nous fasse
connaître le bonheur qu'il y a à être identifiés avec lui, le suivant dans le
chemin qu'il a tracé pour nous (comp. Jean 21: 19-22) !