Psaume 16

Nous pouvons considérer le Seigneur Jésus sous différents aspects, j'ai à peine besoin de le dire. Nous pouvons regarder à Lui comme au Fils de Dieu, dans la gloire qu'il avait auprès du Père, avant que le monde fût; il est aussi Fils de l'homme; il est Souverain Sacrificateur de son peuple. Il était la manifestation de la vérité, et toutes choses sont rendues manifestes par la vérité: il n'y a pas de vérité réelle où que ce soit en dehors de Christ. Si je veux savoir ce que Dieu est, il n'est véritablement connu qu'en Christ; si je veux savoir ce que l'homme est dans la perfection, je le vois en Christ; si je veux savoir ce qu'est le péché, je l'apprends à la croix: Christ «a été fait péché»; si je veux savoir ce qu'est la puissance de la mort, — je l'apprends en lui; l'amour? — c'est en lui que je le cherche; la haine? — elle ne se trouvait, pas en lui, il est vrai, mais elle a été manifestée par lui. C'est par lui que tout est réellement connu. «La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ». «La vérité vous affranchira»; et «si le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres» (Jean 1: 17; 8: 32, 36).

Nous avons vu ailleurs Christ comme le second Adam, et la puissance de la rédemption, la vraie délivrance qu'il a accomplie pour nous: Il est le «second homme», «le Seigneur venu du ciel»; et: «tel qu'est le céleste, tels aussi sont les célestes» (1 Corinthiens 15: 47, 48). Nous avons vu aussi, au Psaume 22, dont la mort et la résurrection forment le sujet, dans quelle position Christ nous a amenés: étant sorti du lieu de la mort, ressuscité par la gloire du Père, il loue Dieu dans la grande assemblée, et nous fait chanter le même cantique avec lui, nous ayant introduits dans la condition du second Adam devant Dieu, quoique nous possédions le trésor, maintenant, dans des «vases de terre» (2 Corinthiens 4: 7).

Il y a deux autres caractères de Christ qui sont très précieux pour nous, parce qu'ils réveillent nos affections jusqu'au jour prochain où nous le verrons. Christ n'a pas seulement la puissance qui délivre, soit par la vie, soit par la mort; mais il est lui-même un «objet», dans la gloire, comme dans l'humiliation. Puis, en troisième lieu, il est sacrificateur pour nous; revêtant pour nous cet office dans lequel il est en rapport avec nous, non pas comme objet, mais en relation avec les nouvelles affections dont il est l'objet.

Christ dit: «Je monte vers mon Père et votre Père» (Jean 20: 17). «En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (Jean 14: 20). Il ne faut pas que l'assemblée soit en désaccord avec sa louange, c'est pourquoi ceux qui la composent sont placés dans la même position que lui, devant «son Père et leur Père». Notre place devant Dieu, maintenant, est en lui, le Christ dans la gloire. Dieu nous a donné cette place, et nous sommes prédestinés à porter l'image du «Céleste». C'est ce qui nous donne la puissance d'espérance, ce qui nous encourage à courir la course qui nous est proposée (Hébreux 12: 1). Ce n'est pas tant la dépendance qui caractérise cette position (bien que nous devions toujours être dans la dépendance, ou tomber), que l'énergie et la joie de l'espérance. «Nous, par l'Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l'espérance de la justice» (Galates 5: 5), nous n'attendons pas la justice, car nous avons la justice, ou plutôt, nous sommes la justice (2 Corinthiens 5: 21). Christ est la justice; il est entré, dans la gloire, qui est la conséquence de la justice. «Nous attendons l'espérance de la justice»; nous attendons la gloire. L'Esprit, maintenant, prend des choses qui sont à Christ et nous les annonce ici-bas; après, ce sera dans la gloire. La loi était un ministère de condamnation; le ministère de l'Esprit est le ministère de la justice. Lorsque Christ eut été glorifié, il envoya le Saint Esprit ici-bas, pour sceller nos personnes et nous rendre participants de la gloire à venir; et ainsi, contemplant Christ, à face découverte, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire. Il s'agit ici de réalisation pratique, et des fruits que cette réalisation produit en nous. Voir, par l'Esprit, Christ glorifié, regarder à Lui dans la gloire, produit cet effet, dans nos coeurs, que nous lui sommes rendus conformes (2 Corinthiens 3: 18).

Une autre chose très importante, c'est que nous regardons à Christ comme Sacrificateur. «Jésus sachant que son heure était venue… prit un linge, et s'en ceignit» (Jean 13: 1-4). Il devint, en un certain sens, le serviteur des siens. Toutes les fois que nous le voyons prendre ici-bas une place de serviteur, nos affections sont réveillées, mais elles le sont d'une manière différente de celle selon laquelle, comme objet, dans la gloire, il stimule l'énergie de l'espérance. Dieu avait placé devant Christ un objet d'espérance; car nous lisons de Lui que, «à cause de la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix…» (Hébreux 12: 2); et, pareillement, il place devant nous un objet, pour nous encourager et aviver notre espérance tout le long du chemin nous n'estimons pas avoir atteint le but; mais «tendant avec effort vers les choses qui sont devant nous, courons regardant au but» (Philippiens 3: 13, 14). Mais, courir ainsi est autre chose que de penser à nous-mêmes dans le sentiment de notre faiblesse et de notre infirmité, et de notre dépendance de quelqu'un qui doit nous garder et nous faire avancer, ou nous ramener et restaurer notre âme. Dans ce sentier nous rencontrons chaque jour toute sorte d'exercices d'âme, nécessaires pour que nous soyons gardés et que nous marchions toujours devant Lui (sans toucher à ce que nous sommes en Christ) et cela est bon et très profitable (1 Jean 1: 7). Suis-je sous la loi?- Non! «Nous avons un Avocat auprès du Père» (1 Jean 2: 1, 2). Dois-je courir à lui pour être pardonné?Non! Nous nous sommes éloignés de lui quand nous avons péché. Il nous restaure, comme Pierre (voyez Luc 22: 31-34, 55-62; Jean 21: 15-22). Au moment où Pierre a commis la faute, Christ le regarde et le ramène: de la même manière, maintenant, il ramène nos âmes par l'Esprit. Il est l'Avocat, Celui qui s'occupe de nos affaires et les conduit devant Dieu. Le même nom est donné au Saint Esprit (traduit alors par le Consolateur) qui conduit nos affaires ici-bas. Quand nous tombons, ou que, à cause de notre confiance en nous-mêmes, il est nécessaire que nous tombions, alors, c'est l'oeuvre de Christ dans le ciel de nous ramener à la communion avec le Père et avec le Fils: je ne dis pas que nous devions aller à Lui pour qu'il intercède et nous ramène, mais je veux dire que nous dépendons de Lui pour être ramenés. «Afin de t'humilier et de t'éprouver, pour connaître ce qui était en ton coeur» (Deutéronome 8: 2). Dieu nous fait passer par ce chemin pour nous apprendre à discerner entre le bien et le mal, car, par la chute, il est devenu nécessaire que nous l'apprenions. Dieu nous place d'abord dans la justice; et ensuite, il nous fait avancer par la sacrificature, nous maintenant ainsi dans la dépendance, tout le long du chemin. Christ, dans tous ces services, n'est pis tant pour nous un objet qu'un agent.

Dans le Psaume 16, dont je voudrais m'occuper un moment, ici, Christ est davantage l'objet de notre âme, notre nourriture, non pas un agent exerçant un certain office: il est proprement le bien de nos âmes, — non pas Christ dans la gloire, mais Christ ici-bas dans l'humiliation: «Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel…» (Jean 6: 51). Jésus ne dit pas: «Je suis le pain qui est monté au ciel». Manger sa chair est donc une condition nécessaire pour vivre. Il faut que nous le connaissions comme un Christ mort. Nous ne pouvons pas nous nourrir de lui comme Christ vivant et glorifié, mais comme Christ mort. Ce qui attire nos affections à Christ, c'est ce que Christ était ici-bas: il passait ici-bas par toutes les difficultés et traversait toutes les choses, à l'égard desquelles il a à intercéder pour nous. Dieu se nourrissait de l'offrande; elle était sa «viande» (comp. Lévitique 21: 6, 8, 17, 22); mais les sacrificateurs mangeaient l'offrande du gâteau et une partie du sacrifice de prospérité (comp. Lévitique 2: 3, 10; 6: 14-18; 7: 11-21; 22: 29, 30). Christ dit: «A cause de ceci le Père m'aime, c'est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (Jean 10: 17). Nous voyons que le Père nous a donné l'objet même de ses délices pour être l'objet de nos affections. Le Père ne pouvait pas ne pas exprimer sa satisfaction à l'égard de son Fils, lorsque celui-ci était sur la terre: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» (Matthieu 3: 17; 17: 5). La perfection de l'objet explique l'imperfection de la mesure selon laquelle nous le saisissons; mais c'est de cette manière que Dieu met nos affections en accord avec Lui-même. Il a pu dire, au commencement, à cause de la perfection intrinsèque de son Fils, et à la fin, à cause de sa perfection développée et manifestée: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé!» Et nous, que disons-nous? Faiblement et pauvrement, sans doute; mais réellement et sans hésitation, chacun de nous, nous pouvons dire: je sais qu'il est parfait! Nous ne pouvons atteindre à sa perfection, mais nos coeurs sont attirés par elle et en jouissent, quelque pauvres et faibles qu'ils soient. Le Père nous a montré quelque chose de sa perfection; il nous fait part de ce qui fait ses délices: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon bon plaisir». Dieu ne dit pas: Celui-ci est mon Fils en qui vous devriez trouver votre plaisir (ce qui est vrai aussi); mais il trouve bon de faire connaître aux disciples son amour pour Christ. C'est quelque chose de merveilleux que Dieu parle de l'amour qu'il a pour Christ, et cela lorsque Christ était ici-bas, au milieu de nous, le fils de l'homme sur la terre, au milieu d'hommes pécheurs.

Avant qu'une âme puisse être attirée par cette communication, il faut qu'elle sache qu'elle est juste en Christ. La femme pécheresse, qui entra dans la maison du pharisien (Luc 7: 36-50) fut attirée là vers Christ et l'aima beaucoup à cause de ce qui lui fut révélé en Christ, non pas à cause de ce qu'elle reçut de lui. L'excellence de ce qui était en Christ avait pour elle un tel attrait et absorbait tellement son esprit, qu'elle trouva le chemin de la maison du pharisien, où Jésus était, sans penser au dîner, aux convives, ou à aucune autre chose, si ce n'est à Jésus. Elle est remplie de Lui. Elle pleurait, mais elle n'avait rien à dire: Jésus était là; il gouvernait toutes ses pensées; ses larmes, son silence, son acte d'amour ont leur source en Lui. Jésus a tout vu, et a rendu témoignage à tout, avant qu'elle sache ce que Lui a fait pour elle. Attirée auprès de lui par ce qu'elle voyait en lui, elle reçoit de sa part la réponse qui apporte la paix dans sa conscience. Une âme peut être attirée par Christ, mais ce qui en Lui l'attire, produit dans cette âme la conviction de son péché, et si elle ne connaît pas le pardon, la présence de Christ sera pour elle exactement l'opposé de la justice de Dieu, et la sainteté prendra la forme d'une loi. Plusieurs se contentent d'être simplement attirés ainsi pour un temps, pour glisser ensuite, peut-être, et retourner à n'importe quelle vanité, parce qu'ils ne connaissent pas la justice dans leur conscience. La justice nous place, dans nos consciences, devant Dieu, comme Christ est,- dans la lumière. Si je n'ai pas la paix, je ne puis avoir communion avec un autre chrétien; mes péchés occupent toute ma pensée, si ma conscience est réveillée. «Si nous marchons dans la lumière, comme Lui-même est dans la lumière, nous avons communion» (1 Jean 1: 7). La question n'est pas ici, si nous marchons selon la lumière; mais Jean pose le cas où on est dans la lumière. L'état chrétien, c'est d'être dans la lumière, et nous avons communion les uns avec les autres, et nous sommes purs devant Dieu. Il n'y a pas de communion dans le péché, mais il y a misère et tourment. Quand nous sommes dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous pouvons nous nourrir de lui. On ne se nourrit pas réellement de lui comme étant le pain descendu du ciel, quand on ne mange pas sa chair et qu'on ne boit pas son sang. Il faut que nous connaissions la puissance de la mort, avant que notre coeur puisse être occupé de Lui. Le Seigneur se donne lui-même à nous, et s'attend à ce que nos coeurs, étant occupés de lui, nos affections soient réellement en exercice à son égard. «Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père» (Jean 14: 28). Quelle position! Le Seigneur descend si bas, il prend une place si humble au milieu des hommes, qu'il compte de leur part sur une affection telle qu'ils se réjouissent de la joie qu'il a de s'en aller, bien que son départ ait pour conséquence de les laisser seuls, sans lui. On ne peut connaître cette affection à laquelle il s'attend maintenant, à moins qu'on ne le connaisse lui-même comme salut.

 «Je me suis confié en toi». — Ces paroles sont citées au chapitre 2, de l'épître aux Hébreux pour prouver l'humanité de Christ. Deux choses constituent la perfection dans l'homme, savoir la dépendance et l'obéissance. Ces deux choses étaient en Christ, et sont l'opposé de ce qui était en Adam lorsqu'il pécha. Christ fut toujours l'homme dépendant et obéissant. L'indépendance est le péché: le principe du péché se trouve en elle. Toute pensée de liberté et d'affranchissement de la volonté d'un autre, là où la volonté propre est en activité, est quelque chose d'effrayant. Christ n'avait d'autre volonté que celle de son Père: cette volonté de son Père n'avait point pour lui le caractère d'un frein, mais d'un motif. Il est d'un grand prix pour nous de voir Christ prendre cette position de dépendance. Il est naturel pour nous de dire: Il faut que je fasse quelque chose. Mais non. Nous ne devrions ni boire, ni manger, à moins qu'il ne nous le dise. «Quoi que vous fassiez, faites tout à la gloire de Dieu» (1 Corinthiens 10: 32; comp. Colossiens 3: 17); cependant tout est liberté. Il n'y a personne qui, avant ses affections continuellement tournées vers son père, voulût faire quoi que ce soit sans désirer de lui plaire. Peu importe à un enfant qui aime, ce qu'il doit faire; ce qu'il fait, il le fait pour plaire à son père. Un enfant ne désirerait-il pas, même en mangeant et en buvant, de plaire à son père? Ce n'est pas la chose faite qui a par elle-même de l'importance, mais la relation du fils avec son père et son affection pour lui Lorsque Christ eut faim, Satan le tenta, cherchant à lui faire changer des pierres en pain, et Christ aurait pu le faire, comme il aurait pu demander et recevoir douze légions d'anges (Matthieu 26: 53); mais il avait pris une position de dépendance, et il attend.

Christ pouvait non seulement montrer sa puissance en opérant des miracles, mais son coeur pouvait être ému de compassion; et c'est en voyant la position de dépendance et d'obéissance qu'il prend ici-bas, que le coeur est nourri. Quels traits nous voyons en lui! Endormi sur l'oreiller, il peut se lever pour calmer les craintes de ses disciples. Assis fatigué sur le puits, il petit s'entretenir avec la pauvre femme, qui venait là dans sa misère. — Il pouvait, en amour, traverser tout: il était parfaitement homme; — il était capable de toucher les autres, mais le mal ne pouvait pas le toucher, Lui (Matthieu 8: 15; 9: 29; 17: 7; 20: 34; Marc 10: 13). Sa sainteté incorruptible le faisait aller à tous, en amour, pour leur distribuer ses bienfaits.

«Mon âme, tu as dit à l'Eternel: Tu es le Seigneur» (verset 2). Maintenant je prends la place d'un serviteur. Tu es mon Maître. Il dit au jeune homme dans l'évangile: «Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul» (Matthieu 19: 17). Je suis à mon Maître; je me rends dépendant, je me fais Serviteur, m'appuyant sur toi, regardant à toi. Alors vient la communion.

«Mon bien ne va pas jusques à toi; mais aux saints qui sont sur la terre, et à ces personnes distinguées, je prends tout mon plaisir». (verset 3). Peu importe leur pauvreté, leur faiblesse, leur ignorance; ils sont «les excellents». Il ne s'agit pas de ce qu'ils ont, mais de ce qu'ils sont. Il a pris place au milieu d'eux; il va devant les brebis, découvrant toutes les difficultés, parce que c'est lui qui conduit, et rencontrant tous les dangers dans le chemin qui est placé devant elles. Il n'y a pas un pas du chemin de la vie par lequel Il n'ait passé. Il nous a tracé le chemin de la vie divine, tout du long, jusqu'à la félicité. «En eux je prends tout mon plaisir». Toute son affection se portait sur eux. Il prend plaisir en eux non pas nécessairement en leur état. Il y avait en lui ce qui satisfaisait le Père et faisait ses délices; il attirait l'affection du Père sur lui, comme homme ici-bas (et, cela va sans dire, comme Fils éternel aussi), dans ce chemin de la vie. «Tu me feras connaître le chemin de la vie» (verset 11). Quelle dépendance pour toutes choses! Le Christ ne dit pas: Je me livrerai; mais: «Tu me feras connaître»… Il passe par la mort dans la dépendance de son Père. Il y avait là la bienheureuse perfection d'un homme avec Dieu; et a la fin de sa carrière, «sachant que le Père lui avait donné toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu et s'en allait à Dieu, il se lève du souper» (Jean 13: 3). Il peut s'en retourner pur au trône de Dieu, et introduire l'homme avec lui dans la gloire de laquelle il était venu. L'humanité est maintenant dans la présence de Dieu. Nous lisons dans Matthieu (chapitre 3) que tous venaient au baptême de Jean, confessant leurs péchés: il fallait du «fruit convenable à la repentance». Le commencement de tout ce qui est bon, c'est de confesser que nous n'avons point de bien en nous (comp. Romains 7: 18). Le «fruit» que Dieu voulait, c'était la confession qu'ils n'en avaient point produit. Dès que l'Esprit de Dieu agit en eux, Jésus vient pour être baptisé avec eux, n'ayant point, cela va sans dire, de péchés à confesser, mais faisant la volonté de son Père. Il prend place avec «les excellents»; il était venu pour cela, et la conséquence en est, qu'il prend place ensuite dans la grande assemblée pour louer Dieu (Psaumes 22: 22). Il faut que le Christ soit seul dans la mort: mais il n'est pas plutôt ressuscité, qu'il faut qu'il ait les siens avec lui; il veut avoir des compagnons (comp. Hébreux 1: 8, 9; 3: 14).

«Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi» (versets 4-8); toujours la dépendance, — la perfection: — «Parce que tu es à ma droite, je ne serai point ébranlé»; «Tu me feras connaître le chemin de la vie». Il est très précieux d'entendre Christ parler ainsi. Au verset 10, le chemin est le chemin de la mort; comment a-t-il trouvé le chemin de la vie? Adam trouva le chemin de la mort, dans sa chute et dans sa propre volonté; mais le chemin qui en ramène, il ne le trouva jamais! Dans le jardin d'Eden, l'homme ne devait jamais toucher l'arbre de vie. Adam avait pris le chemin opposé, le chemin de la mort. Il y a donc deux arbres dans le monde, l'arbre de la responsabilité ou de la connaissance du bien et du mal, et l'arbre du don de Dieu, qui est la vie. Tout ce que l'homme fait aboutit à la mort; il est mort dans ses fautes et dans ses péchés; mais Christ vint apporter la vie dans un monde qui l'a rejeté, un monde où était Satan, «le prince de ce monde», et où tout était marqué de son sceau. Dans ce lieu de la mort, Christ nous trace un chemin. Le Père lui montre «le chemin de la vie». Il était la vie; mais il fallait que le chemin de la vie fût frayé au travers de ce lieu de la mort, où rien ne parle de Dieu, — ce vaste désert où il n'y a point de chemin. Christ a lui-même frayé le chemin: c'est pour le chrétien que je parle maintenant. L'Evangile nous montre que Christ donne ce chemin à ceux qui croient. Il a dû, dans l'obéissance, à travers un monde de péché et de misère, tracer le chemin de la vie jusqu'à Dieu. Il a fallu qu'il passât par la mort pour nous, parce que nous sommes des pécheurs. Maintenant, il nous dit: «Si quelqu'un me sert, qu'il me suive» (Jean 12: 26). Il faut que nous chargions la croix. Pour lui, la croix était l'expiation, — c'était là le chemin! Comme il vint pour nous, il a fallu qu'il passât par la croix. Il a traversé le chemin parfaitement, et absolument. Quelle en est la conséquence? «Ta face est un rassasiement de joie!» Il voulut plutôt mourir que de désobéir (Romains 6: 10; Matthieu 26: 36-46). Remarquez-le bien: la mort n'est plus, pour nous; le but est atteint; — mais nous avons à suivre le même chemin que lui a suivi, jusque dans sa présence, là où il y a «un rassasiement de joie». Christ est le glorieux objet, présenté à nos affections; mais, hélas! combien peu nous lui en portons. Dans ce désert de péché, cette «terre déserte, altérée et sans eau», il a pu dire: «Ta faveur est meilleure que la vie» (Psaumes 63: 3). Pourquoi tout cela? C'était pour sa propre gloire et pour celle de son Père, sans doute, mais c'était aussi pour ces «excellents de la terre». «Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père… je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin, que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 2, 3).

Nous sommes appelés à suivre Christ. Ce n'est pas d'après la quantité de nos oeuvres que Dieu mesure notre service, mais d'après la mesure dans laquelle nous reproduisons Christ, dans un monde où tout est l'opposé de ce que Dieu est. «Tout ce qui est dans le monde… n'est pas du Père, mais du monde» (1 Jean 2: 15-17). C'est dans ce monde que le Fils du Père a tracé le chemin qui mène jusqu'au Père. «Que mon droit sorte de la présence» (Psaumes 17: 2), dit-il, dans la controverse qu'il soutient avec l'homme dans ce chemin; puis à la fin, dans le même Psaume, il dit: «Je verrai ta face en justice; je serai rassasié de ta ressemblance, quand je serai réveillé». Nous avons ici les deux parties de la bénédiction pour nous: être avec Christ, et être comme lui, dans la présence du Père. Si nous étions constamment devant Christ, avec la conscience que nous ne lui sommes pas semblables, ce serait une souffrance constante. Maintenant, pratiquement, nous ne lui sommes pas semblables, hélas! mais: «En ta présence, il y a un rassasiement de joie». Avec lui, et comme lui, nous jouirons de la clarté de la face du Père. Dans le chapitre 4 de l'Apocalypse, on voit les anciens, d'abord assis en repos, ensuite prosternés dans l'adoration. Dans les Psaumes, nous voyons Christ marchant avec le résidu juif; Christ d'abord humilié, et à la fin glorifié; les Psaumes nous donnent ses propres expériences.

Christ est l'objet que nous avons à étudier, quand une fois nous avons la justice en lui. Quand nous avons été amenés à la bénédiction, nous pouvons étudier Celui qui nous y a amenés. C'est là ce qui juge nos pensées, nos affections et nos motifs tout le long du chemin; il faut qu'il soit notre vie, afin que nous puissions marcher dans le chemin; ensuite nous passons par la mort en chargeant sa croix et à la fin, nous lui serons semblables. Le Seigneur nous fasse connaître le bonheur qu'il y a à être identifiés avec lui, le suivant dans le chemin qu'il a tracé pour nous (comp. Jean 21: 19-22) !