Apocalypse 2
La chute de l'homme et même celle de
l'Eglise n'affectent en rien la source de grâce divine:
— la bonté de Dieu. Depuis Adam jusqu'à maintenant, tout ce qui a été placé
entre les mains de l'homme a manqué; mais Dieu s'est
servi de ces manquements mêmes et du mal dans l'homme, pour déployer une grâce
toujours plus grande et plus abondante. Dieu juge le manquement, et puis il
place devant l'homme un objet d'espérance. Lorsque Adam eut péché, «la semence
de la femme» fut promise. Quand la loi eut été
transgressée et qu'Israël fut tombé, le témoignage des prophètes intervint,
avec toutes les promesses concernant le Messie. La promesse, — voilà sur
quoi peut se reposer la foi, quand tout le reste fait défaut.
Des temps de décadence et d'infidélité dans
le corps donnent lieu à des manifestations plus prononcées de la grâce
chez des individus, qui sont alors amenés à jouir d'une communion intime
et bénie avec Dieu. Voyez Elie, Moïse, etc. — Moïse devait sortir du camp,
parce que le veau d'or était là, et aller «hors du
camp» (Exode 33); mais en agissant ainsi, il fut placé dans une proximité de
Dieu plus grande qu'auparavant. «Et l'Eternel parlait
avec Moïse face à face, comme un homme parle avec son intime ami».
Au début de la dispensation évangélique, la
puissance de l'Esprit Saint se manifestait dans l'Eglise avec tant d'évidence,
que l'homme n'était rien, Dieu était tout. Il en est ainsi pour la foi, tout le
long de la dispensation. Toutefois, avant même que les épîtres aux Eglises
fussent données, les choses avaient subi un triste changement. Dans ce chapitre
et dans le suivant, le Seigneur porte ses regards vers ce qui aurait dû être le «siège du jugement», et voici, «il y avait de l'iniquité»
(Ecclésiaste 4: 16). C'est pourquoi il faut que le jugement commence par la
maison de Dieu, ainsi qu'il est dit: «Le Seigneur
jugera son peuple» (Hébreux 10: 30). Ceci a lieu d'abord par le moyen d'un
témoignage rendu contre le mal, car le Seigneur envoie toujours des
avertissements, avant d'exécuter le jugement, et dans celui-ci même, il se
souvient d'avoir pitié.
Le Seigneur prend connaissance de chaque
détail, de chaque nuance différente dans ces Eglises, comme
chez les individus qui en font partie, montrant ainsi qu'il n'est pas
indifférent à l'état des siens, à leur marche de tous les jours, bien qu'il
leur ait assuré la bénédiction pour la fin. Son amour n'est pas un amour
insouciant. Tous, nous avons plus ou moins perdu de vue le jugement que le
Seigneur exerce sur sa «propre maison»,
et trop souvent l'on croit que, parce que le salut du chrétien est un chose
certaine, Dieu ne s'occupe pas de la manière dont il marche ici-bas. Mais
l'amour ne peut agir ainsi. Il est bien sûr qu'un enfant héritera, selon toute
probabilité, de la propriété de son père; mais quel
père, aimant son enfant, — se contentera de cette certitude? Est-ce que, au
contraire, il ne tâchera pas d'élever son enfant avec soin, de surveiller les
développements de son intelligence et de ses facultés, et de tout combiner,
dans son éducation, pour qu'il devienne propre à sa destination future? Combien plus l'amour du Seigneur agit-il ainsi
envers les siens! Cette pensée est bien faite pour
nous encourager et nous fortifier et, en effet, il est bien doux de voir que
l'amour est le motif de tout ce que Dieu fait envers nous;
quoiqu'en même temps cela soit destiné à agir avec force sur notre conscience,
et comme un avertissement.
Nous devons nous souvenir que l'Eglise
(aussi bien que chaque chrétien individuellement) est placée dans une lutte
directe avec Satan, et cela surtout à cause de la position élevée, et des
privilèges, que nous possédons en Christ. Il se peut toutefois que la victoire
soit remportée, ainsi qu'il est dit: «Or le Dieu de
paix brisera bientôt Satan sous vos pieds» (Romains 16: 20). Nous savons que,
pour que le conseil de gloire de Dieu ait son accomplissement, manifesté
bientôt quand Christ établira son royaume, il faut que Satan soit véritablement
et entièrement détrôné; cependant, pour que déjà
maintenant (avant que ce moment arrive), nous puissions réaliser notre
bénédiction dans les lieux célestes (Ephésiens 1: 3), il faut que, par la
puissance du Saint Esprit, Satan soit pratiquement détrôné dans le coeur. Bien qu'il soit tout à fait certain qu'il sera «bientôt» brisé sous nos pieds (car il n'y a pas de
doute, naturellement, que Jésus ne soit puissant pour le faire), la certitude
de la victoire finale de Christ avec l'Eglise ne doit cependant, en aucune
manière, affaiblir en nous la conscience du pouvoir de l'Ennemi dans
l'intervalle. Ce pouvoir est tellement grand, qu'il faut une vigilance
continuelle, à défaut de quoi nous lui fournissons une arme directe contre
nous. La chair, par laquelle Satan agit, est toujours là, et elle doit être «mortifiée». Bien des fois sans doute, les chutes profondes
que nous faisons ou que d'autres font nous ont étonnés;
— mais si nous manquons de vigilance contre la chair, il n'est en vérité
nullement étonnant que le résultat soit ce qu'il est une fidélité habituelle à
juger la chair dans les petites choses, tel est le secret pour ne pas tomber.
La promesse, qui se trouve à la fin de
chacun des messages aux Eglises, est faite à «celui
qui vaincra». Ainsi que nous l'avons remarqué plus haut, c'est toujours
dans des temps de déchéance générale, que les promesses de Dieu ont été
annoncées avec le plus de grâce, et que ses fidèles ont joui d'une plus
grande communion, se trouvant plus entièrement rejetés sur Lui. Lorsque, par
suite d'une certaine mesure de fidélité, nous sommes exercés et dans l'épreuve
à cause de la déchéance générale du corps, le moment est là précisément pour
nous attendre à une révélation plus intime de la grâce de Dieu et de son amour
à nos coeurs, et cela en nous donnant, non seulement
une intelligence claire et positive des promesses de Dieu, mais aussi une
connaissance plus entière de tout ce qui, en Christ, est fait pour répondre à
nos besoins. Celui qui est fidèle peut toujours compter là-dessus;
et ce principe se discerne avec évidence dans ces épîtres, aussi bien dans les
promesses qui sont faites, que dans les différents caractères sous lesquels le
Seigneur Jésus se présente, en rapport avec les circonstances dans lesquelles
chacune des Eglises se trouve.
Il est bien affligeant de voir l'homme
toujours faillir, que ce soit en Israël, dans l'Eglise, ou ailleurs;
cependant ceux qui sont fidèles au milieu du manquement général obtiennent par
cela même une révélation plus profonde et plus abondante de la grâce de Dieu,
que lorsque tout va bien. C'est une grande consolation.
* * *
D'après le message à «l'Eglise qui est à
Ephèse» (versets 1-7), nous voyons qu'il y avait déjà eu du manquement,
c'est-à-dire un abandon du «premier amour»; aussi, au lieu de recevoir des
communications (comme dans l'Epître de Paul à cette assemblée) au sujet des
choses saintes et élevées qui se rattachent à l'Eglise en général, et d'être
signalée comme occupant la place de témoin et de témoignage pour d'autres,
l'Eglise à Ephèse est appelée à porter ses regards au dedans d'elle-même, vers
sa propre condition, preuve évidente du déclin profond où elle était tombée.
Quand une assemblée, ou un chrétien individuellement, marche dans la lumière et
ne contriste pas l'Esprit, il peut y avoir jouissance des privilèges qui
appartiennent à l'Eglise de Dieu tout entière; mais
quand l'Esprit est contristé, cette révélation ne peut plus exister, chacun
étant occupé de son état propre et particulier, et jugé à ce sujet.
Le message vient de la part de «Celui qui tient les sept étoiles dans sa
droite, et qui marche au milieu dés sept chandeliers
d'or» (verset 1). — Le Seigneur prend la place d'inspection et de jugement.
La victoire, dont il est parlé au
verset 7 et, de fait, tout le long du chapitre, n'est pas tant la victoire sur
le monde et sur ce qui est au dehors, que sur le mal qui est mis à
découvert comme existant au dedans. Il y avait un abandon du «premier amour», et lorsqu'il en est ainsi, même au plus
faible degré, le Seigneur dit: «J'ai quelque chose contre toi». Il
remarque le moindre manquement, et aussitôt qu'il s'en manifeste il parle de
châtiment, et il l'inflige, à moins qu'il n'y ait repentance. Lorsque Dieu
juge, nous voyous toujours qu'il remonte en arrière au péché primitif. Quand
Etienne accuse les Juifs (Actes des Apôtres 7), bien qu'ils eussent crucifié le
Seigneur Jésus, c'est vers leur péché primitif, d'avoir fait le veau d'or,
qu'il les ramène. Et il en est de même du chrétien individuellement. Il y a
souvent du manquement quand la première ardeur du zèle s'est perdue — et alors
nous avons à examiner, non seulement où le manquement s'est manifesté,
mais aussi à quel moment nous nous sommes détournés du Seigneur pour la
première fois. Presque toujours nous découvrirons que ce fut en négligeant la
communion de Dieu — en abandonnant le «premier amour».
Cela ne devrait pas être — et n'est pas inévitable;
mais alors même que cela arrive, la grâce du Seigneur surpassera, toujours tout
le mal qui se trouve exister au dedans.
Il est parlé, au verset 7, d'une
bénédiction d'une nature spéciale. C'est au regard et à l'oreille de la
foi, que le Seigneur fait la promesse de «l'arbre
de vie qui est dans le paradis de Dieu». Il voit combien l'Eglise manque
dans la communion avec Dieu, c'est pourquoi il place devant elle «l'arbre de vie et le paradis de Dieu». C'est le paradis
de Dieu — précieuse sécurité! il ne peut y avoir
de déchéance là. Auparavant c'était le paradis de l'homme, mais la chute
intervint, et de crainte que l'homme ne prit du fruit de l'arbre de vie, et
qu'il n'en mangeât et ne vécût à toujours, Dieu «chassa
l'homme du paradis» (Genèse 3: 24). Mais maintenant il est promis «à celui qui vaincra», qu'il mangera du fruit
de l'arbre de vie, librement et en sécurité, dans «le paradis de Dieu». Et
tandis que nous nous nourrissons du fruit de cet arbre, ses feuilles
seront «pour la guérison des nations» (Apocalypse 22:
2). L'Eglise dans la gloire ne perdra pas le caractère de la grâce. Dieu nous donne
à manger maintenant du pain de vie: notre première
jouissance doit être en Dieu; mais ensuite, et subsidiairement, nous avons le
bonheur d'être appelés à être des instruments de bénédiction pour d'autres. Il
en sera de même dans la gloire: la grâce sera notre
part; mais nous serons rendus capables d'être aussi des serviteurs de la grâce
pour les autres.
* * *
Quant à «l'Eglise
à Smyrne» (versets 8-11), elle avait commencé à déchoir, mais le Seigneur était
intervenu dans une grâce infinie et avait arrêté sa chute par des tribulations.
Je dis: dans une grâce infinie, car nous descendons
bien rapidement, si une main puissante n'est pas là pour nous retenir.
Il y avait donc de la tribulation, de la
pauvreté, de la persécution et comment le Seigneur se révèle-t-il? Comme Celui que rien ne peut ébranler, qui n'est affecté
ni par l'obscurité ou l'orage, ni par les difficultés ou les épreuves — comme «LE PREMIER et LE DERNIER».
Oui, dira-t-on, cela est vrai quant à Lui,
mais, pour nous, l'orage gronde sur nos têtes, et menace de nous accabler, nous
n'avons aucune puissance contre lui! Mais le Seigneur
se révèle, non seulement comme «le PREMIER et le
DERNIER, comme Celui sur qui nous pouvons donc compter pour avoir toujours de
la force, mais aussi comme Celui «qui A ETE MORT, et qui VIT».
C'est comme s'il nous disait: J'ai passé par toutes
ces choses; je sais quelle est la faiblesse d'un homme, et j'ai subi toute la
puissance de ce qui peut s'attaquer à elle; j'ai tout éprouvé, car j'ai été
mort, et cependant je vis. Il n'est rien sous ce rapport que le
Seigneur n'ait expérimenté; le dernier effort du
pouvoir de Satan, c'est la mort; son pouvoir s'arrête là, pour le pécheur,
aussi bien que pour le saint: car même les inconvertis sont hors de la portée
du pouvoir de Satan, quand ils meurent; s'ils meurent dans leurs péchés, ils
tombent naturellement sous le jugement de Dieu; mais quant à Satan, il n'a
aucun pouvoir dans l'enfer. Il y aura peut-être la première place dans les
tourments, mais il n'y a aucune autorité; celle-ci
n'existe que dans l'imagination des poètes. C'est ici-bas qu'il règne,
et cela au moyen de l'orgueil et de la vanité, des passions mauvaises et de
l'oisiveté des hommes. Il est «le dominateur des
ténèbres» de ce monde-ci, et non pas de
l'autre. Toutefois quelle que puisse être l'étendue du pouvoir qu'il tâche
d'exercer maintenant contre les enfants de Dieu, le Seigneur dit:
«J'ai tout subi — j'ai été mort». Il est donc impossible que nous nous
trouvions dans une difficulté ou une épreuve, par laquelle le Seigneur n'ait
pas passé, car c'est là, qu'il a rencontré la puissance de Satan, et
cependant il est vivant. Et maintenant «il vit aux siècles des siècles» (Apocalypse 4: 9), non pas seulement pour nous
fortifier pendant que nous traversons l'orage, mais pour sympathiser, pour
sentir avec nous, comme ayant expérimenté bien plus encore que le poids des
circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Il peut compâtir
avec la plus grande tendresse, car il est descendu jusqu'au plus profond de
notre misère.
«Je
connais tes oeuvres»
(verset 9). Le Seigneur reconnaît tout ce qu'il peut reconnaître en nous. Si
nous disons que nos oeuvres ne sont pas ce que nous
voudrions qu'elles fussent — cela est bien vrai sans doute, mais telles
qu'elles sont, le Seigneur les connaît. Quoi qu'il soit bon et utile de
nous juger nous-mêmes, pour découvrir le mal et l'ôter, il est mauvais et
malsain pour nous d'être toujours occupés à nous demander si nos oeuvres seront ou non approuvées de Dieu. La réponse à
toutes ces questions et à toutes ces appréciations quant à nous-mêmes, c'est «Je connais tes oeuvres, ton
affaire est de me connaître, moi». C'est Lui-même qu'il place devant nous comme
notre objet, ce ne sont pas nos oeuvres.
Les fidèles dans cette Eglise rencontraient
toute sorte d'opposition; mais que leur dit le
Seigneur: «Ne crains rien des choses que tu vas souffrir» (verset 10).
Quand nous passons par l'épreuve, Satan s'efforce constamment de produire en
nous de la crainte et du découragement, mais le Seigneur dit:
«ne crains rien». C'est ainsi qu'il est dit aux Philippiens de n'être «en rien épouvantés par les adversaires» (1: 28). Pierre
aussi nous dit: «Ne craignez pas leurs craintes et ne
soyez pas troublés» (3: 14). Notre sagesse est de nous reposer toujours avec
confiance sur Celui qui est «le PREMIER et le
DERNIER», et qui est ressuscité avec un pouvoir aussi grand à la fin qu'au
commencement. Le Seigneur ne dit pas à cette Eglise qu'il lui épargnera la
souffrance, car il était nécessaire qu'elle souffrît, pour ne pas déchoir complètement; tout comme Israël fut obligé, à cause de son
péché, de faire un long détour dans le désert. Toutefois le Seigneur dit à
quelques-uns d'entre le peuple, qui étaient fidèles;
«Ne craignez point et ne vous effrayez de rien» (Deutéronome 1: 21): et c'est
ainsi aussi qu'il dit ici: «Ne crains rien des choses que tu vas souffrir».
Au début de la déchéance dans «les églises», il fut promis à celui qui serait «vainqueur»
au milieu de l'infidélité, qu'il mangerait de «l'arbre de vie» dans la sécurité
et la paix; de même ici, dans une époque de souffrance particulière et
d'épreuve, une récompense en rémunération est annoncée, comme un stimulant
(pour l'homme renouvelé, cela va sans dire). S'ils faisaient la perte de
toutes choses, ils trouveraient toutes choses, et c'est la propre voix
du Seigneur qui les encourage: «Sois fidèle jusqu'à
la mort, et je le donnerai la couronne de vie. Que celui qui a des oreilles,
écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées: celui qui
vaincra n'aura point à souffrir de la seconde mort» (versets 10, 11). Il
pourra être atteint par la première mort, mais non pas par la seconde, la seule
véritable exclusion de la présence de Dieu.
* * *
Dans l'épître à l'Eglise à Pergame (versets
12-17), nous voyons le Seigneur exerçant le pouvoir judiciaire sous une forme
particulière, comme Celui «qui a l'épée
aiguë à deux tranchants». Au chapitre 4 de l'épître aux Hébreux, il est dit: La Parole de Dieu est vivante et opérante et plus
pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu'à la division de
l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles, et jugeant des pensées et des
intentions du coeur» (verset 12); et le Seigneur nous
apparaît ici comme possédant cette puissance pénétrante, qui discerne et juge
les mouvements secrets du coeur et de la conscience.
«Je
connais tes oeuvres et où tu habites, là où est le
trône de Satan», — C'est là que se trouvait
l'assemblée à ce moment, «là où est le trône de Satan», — dans le monde, car il
est le «Chef du monde» (Jean 14: 30). Et si l'Eglise est là, les fidèles aussi
peuvent se trouver là (Caleb et Josué eurent à tournoyer par le chemin du
désert avec le peuple, quoiqu'ils ne partageassent point son incrédulité). Nous
devons nous séparer du mal qui nous entoure, bien que nous ne puissions
pas nous séparer des conséquences du mal; et si
nous sommes faibles et chétifs, comme l'étaient les fidèles dans cette église,
notre consolation, comme la leur, est de savoir que le Seigneur dit: «Je
connais les oeuvres et où tu habites».
Dieu, dans sa grâce, prend pleinement
connaissance de tout ce qui nous concerne, non seulement de notre conduite, de
notre marche et de l'état dans lequel nous sommes, mais aussi des circonstances
où nous nous trouvons; et il nous dit en quelque sorte: «Je sais que tu es là
où est le trône de Satan!» quand même il peut avoir encore et «quelque chose»
contre nous (verset 14), il y a un grand encouragement à le savoir. Par des
causes indépendantes de notre volonté, nous pourrions nous trouver dans une
position très pénible, où la marche chrétienne serait très difficile, mais que
cependant nous ne pourrions abandonner sans agir contre la pensée du Seigneur: comme, par exemple, celle d'un enfant converti
dans une famille mondaine et impie, où rien ne témoigne de l'Esprit de Christ.
Dans ce cas, Dieu ne se contenterait pas de juger la conduite de son enfant,
dans les choses où il aurait pu manquer; il
s'occuperait aussi de tous les détails des circonstances où il se trouve et
même de tout ce qui, au moindre degré, en augmenterait la difficulté. Le
Seigneur connaissait la puissance de Pharaon et tous les côtés de sa tyrannie,
tout aussi bien qu'il entendait les gémissements et les soupirs des Israélites: «Je sais» dit-il, «qu'il ne vous
permettra pas de vous en aller» (Exode 3). C'est une grande consolation, en
effet, de savoir que Dieu connaît parfaitement où nous habitons;
car il se peut que ce ne soit pas toujours sa volonté de nous ôter de là, ou de
changer les choses autour de nous. Il désire peut-être que nous le glorifiions
là où nous sommes, et que nous apprenions, par ces difficultés mêmes, ce que
nous n'aurions pu apprendre ailleurs. Nous sommes souvent trop enclins à penser
que nous avons à faire de grandes choses pour le nom du Seigneur, afin
de le glorifier — et l'occasion ne s'en présente pas toujours. Il ne paraît pas
que, dans cette assemblée, il y ait eu lieu à faire de grandes oeuvres pour le service au dehors;
mais le Seigneur regarde si au moins nous retenons ferme son nom, au milieu
d'une situation, où même une telle mesure de fidélité est difficile: «Tu
tiens ferme mon nom, et tu n'as pas renié ma foi» etc. (versets 14, 15).
Le Seigneur donne aux siens tous ces
encouragements, et pourtant il dit: «J'ai quelques
choses contre toi». En premier lieu, ils retournaient peu à peu dans le
monde, et même quelques-uns d'entre eux s'étaient laissés aller à «manger et à boire avec les ivrognes» (Matthieu 24: 49),
ensuite, ils commençaient à tolérer le mal dans l'église, sous prétexte de
liberté.
C'est pourquoi le Seigneur leur donne cet avertissement: «Repens-toi donc, autrement je viens à toi
promptement et je combattrai contre eux par l'épée de ma bouche» (verset
16). Le danger spécial que courait cette église était la mondanité, et il
fallait «l'épée à deux tranchants» pour faire
séparation entre le mal qui était en elle et les circonstances où elle se
trouvait et si cette séparation n'était pas effectuée, il est dit «Je
combattrai contre toi par l'épée de ma bouche».
Mais en même temps que les fidèles sont ainsi
avertis, il leur est donné bien des encouragements, — des promesses qui doivent
réagir contre leurs tentations. S'ils étaient entraînés «à
manger des choses sacrifiées aux idoles» (1 Corinthiens 8), il est promis à «celui
qui vaincra», qu'il lui sera donné à manger «de la manne cachée»
(verset 17) S'ils avaient assez de grâce pour se séparer du mal public,
ils étaient encouragés par la promesse d'être nourris de cette «manne cachée».
Ensuite, s'ils étaient tentés de renier le nom et la foi de Christ, il leur est
promis «un caillou blanc, et sur le caillou
un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit»;
c'est-à-dire, une bénédiction particulière pour le coeur,
lorsque, par cette séparation du mal, ils encouraient nécessairement la désapprobation
du grand nombre.
Le «caillou
blanc» semble être le signe de l'approbation individuelle de Christ; le «nouveau
nom», celui d'une relation spéciale entre Christ et l'individu, différente
de celle à laquelle tous participeront; — différente aussi de la joie publique.
Il y aura une joie publique. Tous les saints jouiront ensemble des
douceurs de l'amour de Christ, et entreront dans «la joie de leur Seigneur», chantant ses louanges d'une même voix et d'un
même coeur. Il y aura aussi de la joie quand nous
verrons le fruit de nos travaux, ainsi qu'il est dit:
«Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous
glorifions? N'est-ce pis vous qui l'êtes devant notre Seigneur Jésus Christ à
sa venue» (1 Thessaloniciens 2: 19) ? Et il y aura une
autre joie encore, à la vue de la multitude des rachetés, tous, selon le coeur de Christ, dans la sainteté et dans la gloire. Mais à
côté de cette joie publique, il y aura l'approbation personnelle, particulière,
intime de Christ — le «caillou blanc» — et le «nouveau
nom», que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit.
Nous devons mettre du prix à cette
approbation personnelle de Christ, aussi bien que nous devons penser à
l'approbation publique. Cette dernière sera une grande jouissance, mais elle ne
renferme aucune affection spéciale, rien qui imprime sur l'individu le sceau
d'un amour particulier. La gloire sera commune à tous;
mais la gloire n'est pas l'affection. Ce «nouveau nom»
est une chose toute différente: c'est la preuve de la valeur qu'a pour Christ
un homme qui a été fidèle au milieu de circonstances difficiles et pénibles,
qui a agi selon la connaissance de la pensée de Dieu, et a vaincu par la
communion avec Lui. Il y aura une joie et une approbation publiques, sous
divers caractères, et il sera manifeste que le Père nous aime comme il aime
Jésus. Toutefois ce n'est pas là tout ce qui est placé devant nous, pour nous
encourager dans notre conduite individuelle au milieu de l'épreuve, des
manquements et des difficultés: il y a aussi la joie
intime et spéciale de l'amour.
Lorsque la marche commune de l'Eglise n'est
pas droite, qu'elle n'est pas selon la pleine énergie du Saint Esprit, on sera
exposé au désordre, bien qu'il puisse y avoir beaucoup de fidélité. On voit
que, dans ce cas, le Seigneur s'adresse plutôt à la marche des saints
individuellement, et approprie ses promesses à l'état particulier dans lequel
ceux-ci se trouvent. Cela ôte tout prétexte à une marche de fantaisie (danger
spécial que l'on court dans un pareil état de choses):
chacun, selon sa propre volonté, se traçant à lui-même un sentier, à cause de
la marche infidèle, et en dehors de l'obéissance, du corps professant. Ce qu'il
y a alors à faire pour la foi, c'est de saisir avec intelligence, sobrement et
sérieusement, la pensée du Seigneur, et de marcher en conséquence, fortifié par
les promesses qu'il a rattachées à un chemin tel qu'il peut le reconnaître.
Quelle consolation, chers amis, quel
précieux encouragement pour le saint le plus faible, de savoir qu'il est ainsi
dirigé par le Seigneur, et qu'il a la promesse de son approbation particulière
— (si particulière, qu'elle n'est connue que de celui qui la
reçoit) — lorsque la marche de l'Eglise est telle, qu'il ne reste presque que
la responsabilité individuelle pour se conduire!
Toutefois, alors, et tandis que cette promesse nous donne de la force pour
marcher, elle place l'âme dans une responsabilité directe avec le Seigneur et
brise la volonté de l'homme. Quand l'Eglise professante s'est mêlée avec le
monde, «mangeant et buvant avec les ivrognes»
(Matthieu 24: 49), ceux qui cherchent à être fidèles ont souvent à marcher
seuls, et à être accusés de folie et de volonté propre (même de la part de
leurs frères), parce qu'ils refusent de suivre la route battue: et en effet, le
danger est grand, et d'une conséquence naturelle, que, lorsque la marche en
commun est interrompue, la volonté individuelle n'agisse. La tendance naturelle
de l'homme est toujours de suivre la volonté propre;
et notre unique sécurité est d'être placés sous la conscience d'une responsabilité
directe vis-à-vis de Dieu, bien que, en même temps, nous puissions nous trouver
dans la nécessité d'agir dans l'indépendance de tout ce qui nous
entoure.
Il devrait y avoir de la joie pour
quiconque aime le Seigneur Jésus, à la pensée de posséder sa faveur et son
approbation personnelles et particulières;
de trouver qu'il a approuvé notre conduite dans telle ou telle circonstance,
quand même il n'y a que nous à le savoir. Mais, chers amis, cela nous
satisfait-il réellement d'avoir une approbation qui n'est connue que de Christ seul? Examinons-nous nous-mêmes à ce sujet:
ne sommes-nous pas trop désireux d'être loués par les hommes? ou du moins, ne
souhaitons-nous pas qu'ils connaissent et honorent les motifs qui nous font
agir? Et quand nous faisons ce qui est bien, nous suffit-il que personne n'en
sache rien? et même dans l'assemblée, sommes-nous
contents de n'être pas considérés, de ne recevoir que de Christ seul le
«caillou blanc» de son approbation, et le «nouveau nom que nul ne connaît,
sinon celui qui le reçoit?» Ne cherchons-nous rien de plus?
Ah! pensons à ce que doivent être la malignité et la
trahison de ce coeur, auquel la faveur spéciale de
Christ ne suffit pas, mais qui cherche (comme nous le faisons) l'honneur de la
part des hommes! Je vous le demande, chers amis, qu'aimeriez-vous mieux,
qu'est-ce qui aurait pour vous le plus de prix, d'entendre le Seigneur vous
reconnaissant publiquement pour un bon et fidèle serviteur, ou de savoir que
l'amour personnel, intime, de Christ, repose sur vous, et que sa faveur et son
approbation vous sont assurées? Pour celui dont le coeur est véritablement attaché au Seigneur, la réponse ne
peut être douteuse. Si nous sommes fidèles, les deux témoignages nous seront
donnés, mais le dernier surtout aura pour nous de la valeur, et rien ne
nous fera marcher plus directement vers le but, comme de l'attendre.
* * *
Dans le message à l'Eglise à Thyatire
(versets 18-29), c'est plutôt la gloire extérieure qui nous est présentée comme
la part de «celui qui vaincra». C'est un
témoignage public de l'approbation de Christ, et, dans ce sens, il doit
être d'une grande valeur pour nous; mais, après tout,
ce qui rend la promesse particulièrement précieuse et douce, c'est qu'elle nous
identifie avec Christ — «selon que moi aussi j'ai reçu de mon Père»
(verset 27). Quelque pauvres, faibles, misérables, que nous soyons maintenant,
le Seigneur veut nous placer dans une même gloire avec Lui-même. Jamais nous ne
nous ferons une idée juste de nos privilèges, et des bénédictions qui s'y
rattachent, avant d'avoir compris que nous sommes unis au Seigneur Jésus en
toutes choses. Pour pouvoir juger de ce que nous sommes, nous devons regarder
directement à Lui-même. Ce n'est pas seulement en sachant que nous avons été
lavés de nos péchés par son sang, et qu'ainsi nous avons la paix avec Dieu, non: — ce qui donne à notre espérance son véritable
caractère, c'est une union vivante avec le Seigneur Jésus (non pas une union
mystique, quoiqu'il y ait du vrai en cela), car nous avons été crucifiés avec
Christ (Galates 2: 20, etc.). C'est ainsi que dans nos espérances et dans la
pratique, nous sommes placés en identité de circonstances avec Lui. Etant unis
à Lui, tout ce qui est à Lui est à nous, ainsi qu'il est dit:
«Héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ» (Romains 8: 17); et toute notre
conduite devrait découler de cette vérité ou de ce fait. Tout ce qui glorifie
Christ, il nous sied de le faire, et cela nous concerne;
c'est la vraie mesure de notre marche, et tout ce qui ne porte pas ce
caractère, ne convient pas à un chrétien. Nous sommes unis à Celui qui est «saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé
plus haut que les cieux» (Hébreux 7: 26), et nous aussi, par conséquent, nous
sommes tels. Vérité sublime! et pourtant qu'elle est
simple et pratique! Si nous la réalisons, elle doit se refléter dans chaque
détail de notre vie. Comment pourrions-nous, étant élevés
«plus haut que les cieux», rechercher les choses terrestres? désirer,
par exemple, d'être riches? Comme quelqu'un l'a dit:
«si un ange descendait du ciel, il serait aussi disposé à balayer les rues qu'à
être un roi; combien plus devrait l'être un homme qui a en lui-même cette
conscience intime, personnelle de son union avec Christ». Plus il sera
un serviteur, plus heureux il sera. — C'est l'amour qui fit de Jésus un
serviteur ici-bas.
Mais en agissant ainsi, il ne faut pas
oublier, que nous aurons à rencontrer bien des difficultés. Nous avons
constamment affaire à l'opposition de Satan. Nous avons à le vaincre
dans une infinité de circonstances et d'épreuves; non
seulement à lutter avec lui, mais à le vaincre; et cela, dans une chair
qui, si elle n'est pas mortifiée, est toujours disposée à tendre la main à
Satan, de manière que, bien que nous soyons placés dans une position aussi
privilégiée, tout n'est pas joie. Tenir la chair à l'état de mort, voilà la
grande chose, le secret de toute force dans les difficultés de la vie, et rien
ne nous en rendra capables, sinon une vie en la présence et dans la communion
du Seigneur. Nous devons veiller contre les premiers efforts et les premiers
désirs de la chair, sinon, avant que nous nous en doutions, elle ouvrira une
porte aux tentations de l'Ennemi. Si, comme les fidèles de Pergame, approuvés en
cela par le Seigneur, nous tenons ferme le nom de Christ, nous remporterons la
victoire sur Satan; il perdra son pouvoir; alors nous
pourrons nous réjouir, même dans la souffrance (car nous souffrirons en
conséquence de notre union avec Christ et pour son nom), et il n'y aura que de
la joie. Mais s'il n'y a pas chaque jour une vigilance continuelle pour
résister à la puissance des difficultés de chaque jour, pour réprimer le mal de
chaque jour, nous aurons à lutter contre la chair au lieu de lutter contre
Satan, avec lequel nous devrions combattre. Il en profitera, pour s'introduire,
au moment où nous ne serons pas préparés à le recevoir, et ce sera quand il
faudrait combattre que nous aurons à revêtir l'armure.
Prenez à coeur ce
que je vous dis, chers amis; car si nous négligeons ce
jugement et cet assujettissement journaliers de la chair, nous perdons la force
de triompher de Satan: il aura l'avantage sur nous dans la lutte, ou, du moins,
nous ne ferons que défendre notre terrain au lieu d'en gagner sur lui et de
remporter la victoire. Dans ce cas, nous sommes infidèles à Christ, car nous
Lui devons de gagner du terrain sur le monde où Satan
règne — de nous trouver dans une position qui nous permette d'aller en avant et
de délivrer des âmes que Satan tient de diverses manières sous sa puissance.
S'il n'en est pas ainsi, c'est que nous ne regardons pas à la grâce et que nous
ne tenons pas ferme le nom de Christ.
Je vous demande donc, au nom de l'amour que
le Seigneur a pour vous, et à cause des privilèges que vous possédez, de vous
juger, et de voir si vous êtes préparés, pour le combat, ou si Satan ne
trouverait pas en vous la chair — tellement vivante, qu'il pourrait s'en servir
comme d'une anse. — Mais, tout en vous jugeant ainsi, souvenez-vous que, quels
que soient vos manquements et votre humiliation, vos âmes doivent se reposer
dans la joie de la parfaite justice de Christ; bien
que, si nous avons vaincu, il y aura pour nous une jouissance plus
grande au jour de son apparition, et pour Lui, maintenant, il y aura plus de
gloire.
Que le Seigneur nous donne de marcher par
l'Esprit, de manière à discerner et à connaître toujours davantage la grâce
pleinement suffisante qui est en Lui pour chacun de nos besoins, et à réaliser
dans nos âmes l'efficacité et la puissance de sa promesse.