Lisez 2 Corinthiens 5
L'espérance du chrétien, ce n'est pas la mort; ce n'est pas «d'être dépouillé» — mais «d'être
revêtu, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». Le chrétien
n'a pas besoin d'être dépouillé, je veux dire, dépouillé de lui-même. Le
dessein de Dieu est que nous soyons rendus conformes à l'image de Christ, et
rien de moins (Romains 8: 29); notre espérance, c'est
de voir Christ comme il est, et de lui être semblables (1 Jean 3: 2). Nous
attendons que la puissance de la vie divine, nous rende conformes à Christ, le
Chef, et c'est à cela même que Dieu nous a formés. Etant entièrement perdus,
nous ne pouvons que regarder maintenant à ce que sont les pensées et les
desseins de Dieu à notre égard, c'est pourquoi l'espérance apparaît devant nous
comme un secours très nécessaire; cependant
l'espérance ne fait pas toute notre joie ici-bas; et quand nous serons dans le
ciel, il n'y aura plus d'espérance (Romains 8: 24; 1 Corinthiens 13: 13). Notre
joie, comme chrétiens n'est point l'espérance, bien que, maintenant, voyant
qu'il n'y a rien ici-bas qui puisse nous satisfaire, l'une de nos plus grandes
joies soit l'espérance. La position dans laquelle Dieu nous a placés
maintenant, n'est nullement un sujet d'espérance: nous
n'espérons pas la nature divine ou l'amour de Dieu; la joie divine du chrétien
est de les posséder, pendant qu'il se réjouit «dans l'espérance de la gloire de
Dieu» (comp. Romains 5: 1, 2; 1 Jean 3: 1, 2).
Nous avons une espérance dans la mort; mais la mort n'est pas notre espérance. Il y a eu dans
la mort ce qui est plus que l'espérance, savoir la possession de la vie; et cette vie, la mort ne peut pas l'atteindre; — au
contraire, elle la met en liberté. Il y a des choses avec lesquelles nous
devrions être familiarisés: nous devrions nous sentir
à l'aise dans l'amour du Père; — et devant le tribunal de Christ, étant
semblables à Christ, nous pouvons nous sentir chez nous, en liberté. Il est
vrai que nous sommes «chez nous» aussi dans la lutte,
les afflictions, la tentation, ici-bas; — la promesse est faite «à celui qui
vaincra» (Apocalypse 2; 3). Mais, malgré la lutte, nous devrions nous sentir «chez nous», là où Dieu nous a placés. Nous ne pouvons pas
être «chez nous», là où il n'y a point d'eau; et dans
la mesure dans laquelle l'Esprit de Dieu nous anime et nous remplit, nous ne
trouverons pas d'eau ici-bas.
Quand la mort vient, elle anéantit
absolument tout ce qui est de la nature (comp.
Psaumes 146: 4; Ecclésiaste 9: 6; etc.); dans ce sens,
elle est effrayante! Toute pensée de l'homme anéantie;
rien en quoi se confier; — tout ce qui appartient à la nature renversé et
anéanti!
De plus la mort est la puissance de Satan,
à laquelle personne ne peut se soustraire. Dieu a la puissance de vie; mais s'il avait mis en question la puissance de Satan
dans la mort, il aurait annulé la sentence qu'il avait Lui-même prononcée. La
mort doit intervenir, brisant tous les liens de la nature, et apportant avec
elle toutes les terreurs qui se rattachent à Satan. La sentence doit être
exécutée par Dieu lui-même, c'est pourquoi la mort est le jugement de Dieu: après la mort vient le jugement. «Il
est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d'être jugés» (Hébreux
9: 27). Quel peut être ce jugement? Si je meurs et que
Dieu m'amène sous le jugement, il faut que je sois condamné à cause du péché
qui m'a amené là. «La mort a passé à tous
les hommes, en ce que tous ont péché» (Romains 5: 12). (Je ne parle pas,
ici, de la délivrance.) — A tous égards, la mort est une chose effrayante! A côté de la crainte naturelle qu'elle inspire
même à un animal, elle épouvante, parce qu'elle rompt tous les liens; tout, même ce qu'il y a de plus aimant, est détruit,
aussitôt que la mort s'en empare. La puissance de Satan, nous a menant sous le
jugement, ne peut apporter que la condamnation pour le
péché.
La mort est aussi ce que Dieu a imprimé sur
l'homme comme un sceau; et aucune science humaine ne
peut en délivrer. Elle s'avance, avec un ricanement amer, au milieu du progrès
dont l'homme se glorifie.
Tout cela nous apprend ce que la mort est
par elle-même, comme «les gages du péché».
Mais il y a un autre aspect sous lequel la
mort se présente, l'aspect sous lequel Dieu s'en est occupé et nous en a
délivrés (nous qui croyons); et dès lors, s'il y a un
point lumineux dans la vie d'un homme (d'un chrétien), c'est le moment de sa
mort! La mort apporte avec elle un brillant rayon de l'avenir, entièrement par
Christ. Car «si un est mort pour tous, tous aussi sont morts…» (2 Corinthiens 5: 14, 15); et: «afin que, par la
mort, il rendit impuissant celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire,
le Diable; et qu'il délivra tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient
assujettis toute leur vie à la servitude» (Hébreux 2: 14, 15). Cette
précieuse vérité est simple en elle-même et nous est familière:
que le Fils de Dieu, dont il est dit qu'«il n'était pas possible qu'il fût
retenu par la mort» (Actes des Apôtres 2: 24), s'abaissa jusqu'à la mort, passa
par elle, et est ressuscité. Le second Adam descendit là où était le premier
Adam.
Ensuite, nous étions sous la puissance du
péché, sous le jugement, la colère et la condamnation, et Christ a passé sous
tout cela; — Il a été fait péché. Dieu n'avait-il ras
mesuré le péché? Sans doute. N'en connaissait-il pas
les conséquences? Certainement, et il «n'a pas épargné son propre Fils, mais, il l'a
livré pour nous» (Romains 8: 32). Christ ne savait-il pas tout ce que ceci impliquait? Oui, — et il vint, dans la plénitude de l'amour
de son coeur, pour accomplir le dessein de Dieu, pour
boire la coupe; mais telle fût son angoisse à la
pensée, de ce qu'était cette coupe, que sa sueur devint comme des grumeaux de
sang (Luc 22: 44). C'était la pensée du péché, de la mort, du jugement, qui le
faisait reculer devant la coupe, — toutefois il la vida, avec Dieu. La
puissance de la mort n'existait plus, dans un sens, lorsque ceux qui vinrent
pour le prendre, le virent. «Ils reculèrent
et tombèrent par terre» (Jean 18: 6). Il n'avait alors qu'à s'éloigner; mais il ne le fit pas: il s'offrit Lui-même en
sacrifice. Les disciples pouvaient se lever et partir, car Lui se tenait à la
brèche. Il prend ainsi la coupe comme jugement, portant la peine du péché. Ce
n'est plus à Satan qu'il a affaire maintenant, comme dans l'angoisse du combat
dans le jardin, mais à Dieu. Lorsqu'il est sur la croix, il s'écrie:
«Mon Dieu! mon, Dieu! pourquoi m'as tu abandonné»
(Matthieu 27: 46) ? Il vide la coupe tout entière à la croix, et alors il
meurt. Son corps descendit dans le sépulcre. Etait-il
sous la puissance de Satan quand il dit: «Père!
entre tes mains je remettrai mon esprit» (Luc 23: 46) ? Non;
il remettait son esprit, attendant la résurrection. Il passa par la mort; il prit tout sur Lui, le péché, la puissance de Satan,
la colère. Il fut fait péché pour nous. «Il est mort
une fois pour toutes au péché» (Romains 6: 10).
Nous avons vu ainsi ce que la mort a été
pour Christ. Voyons maintenant ce qu'elle est pour nous. Pour l'homme naturel,
elle est la colère éternelle; mais pour celui qui
croit, il ne reste pas un atome de colère, car il ne reste pas un atome du
péché. Dieu jugera-t-il le péché qu'il a ôté? Non assurément: il n'en reste aucune trace. «Il
a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même» (Hébreux 9: 26), «il a
condamné le péché en la chair» (Romains 8: 3). La puissance de tout cela
gît en ce qu'il a été «fait péché», parce qu'il
n'avait pas de péché en Lui-même. «Christ a
souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes» (1 Pierre 3:
18); «Dieu a condamné le péché en la chair». Dieu l'a fait une fois pour
toutes, et maintenant Christ vit, il n'est plus question du péché. «Christ ayant été offert une fois pour porter les
péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux
qui l'attendent» (Hébreux 9: 28), n'ayant plus à s'occuper du péché, et, en
dehors de toute question de péché, pour nous placer dans la gloire.
Considéré dans sa nature, Christ n'avait
pas de péché; mais moi j'avais du péché, et celui-ci
est aboli; le péché est entièrement effacé; il est aboli pour toujours (Hébreux
9: 26). Christ est sorti de dessous les conséquences de la mort, après que le
péché a été effacé. La vie qu'il a reprise est selon «la puissance d'une vie
impérissable»
(Hébreux 7: 16). J'ai une vie nouvelle en Lui, une vie née de l'Esprit «et
ce que je vis maintenant en la chair, je le vis dans la foi, la foi du Fils
de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi»
(Galates 2: 20). Que dire alors du vieil homme, pratiquement?
Comme j'ai cette vie nouvelle, le vieil homme est tenu pour mort;
je suis mort. Qui est-ce qui est mort? Le vieil homme: nous avons été baptisés pour sa mort (la mort
de Christ) (Romains 6). Le «grain de
froment» devait mourir. La mort a mis fin à tout ce qui était du vieil
homme, car mourir, c'est mourir «à ce en quoi j'étais
tenu» (Romains 7: 6). La loi m'a tué. L'effet de la loi, si nous discernons sa
portée, est qu'elle m'a tué, et j'ai la vie en Christ (Romains 7: 1-6; Galates 2: 19, 20). L'Ecriture ne dit pas que nous
mourions au péché, ou que nous mourions à nous-mêmes;
elle dit que nous «sommes morts», et que nous avons à nous «tenir
pour morts»: «Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi
établissez-vous des ordonnances, comme si vous étiez encore en vie dans
le monde» (Colossiens 2: 20) ? Le vieil homme est un antagoniste dans sa volonté; mais il a été crucifié avec Christ et je suis mort
au péché; j'en ai fini avec ce qui m'empêchait d'aller à Dieu. Un homme n'en
a-t-il pas fini avec ce à quoi il est mort? Or, dans
un sens littéral, quand la mort viendra, j'en aurai fini avec ce qui est
mortel. Ce qui est mortel doit être «absorbé
par la vie». La vieille nature est une écharde dont je serai heureux d'être
délivré; elle est mortelle et corrompue, et
maintenant, par le péché, sous la puissance de Satan; mais alors elle ne sera
plus; cette corruption et cette mortalité ne seront plus. Le corps mortel étant
mort, je n'aurai plus rien à faire avec la mort ou la vieille nature.
Mais la nouvelle nature?
Sera-t-elle aussi détruite? Au contraire, elle sera
amenée chez elle, là où ses affections auront libre cours. Dans la mort, nous
en avons fini avec la vieille nature, le premier Adam, et nous sommes amenés à
une position bien plus excellente dans le second Adam. Cela est «de beaucoup
meilleur» (Philippiens 1: 23). Je serai
débarrassé, de ce qui est mortel, quand je mourrai. «Nous
avons donc toujours confiance, et nous savons qu'étant présents dans le corps,
nous sommes absents du Seigneur.» Quelle est la personne qui parle ainsi? C'est le nouvel homme, Quand je meurs, je suis «absent du corps, présent avec le Seigneur».
Quitter ce misérable pauvre corps mortel, pour être avec Christ, est «un gain» positif (Philippiens 1: 21). Ce sera meilleur
encore d'être dans la gloire avec Lui, accompli en toutes choses avec Christ; toutefois, maintenant, c'est «un gain» que de
mourir.
Quelle était la pensée de Christ Lui-même
quant à la mort? Ce qu'il dit au brigand nous l'apprend: «Aujourd'hui tu seras avec moi au paradis»
(Luc 23: 43); — et à ses disciples, il dit: «Si vous m'aviez aimé, vous vous
seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père» (Jean 14: 28). Christ avait
la conscience positive que pour Lui mourir était «un
gain». Etienne était-il moins heureux, dans sa mesure, quand il mourut? Ecoutez-le, disant: «Seigneur
Jésus, reçois mon esprit» (Actes des Apôtres 7: 59). Mourir, c'est laisser
derrière soi le vieil homme tout entier, et s'en aller «pour
être avec Christ». Il y a un gain positif d'en avoir fini avec ce qui est
mortel, maintenant, chacun dans sa mesure, par la foi, ou bientôt de
fait.
Il y a aussi ce que Paul exprime quand il dit: «Je meurs chaque jour». Toutefois il n'y a pas
une seule chose en laquelle la mort puisse venir, sans qu'elle soit un gain
positif, et pour la vie de l'esprit. L'affliction qu'amène le brisement des
liens de la nature, agit en bénédiction, elle subjugue la chair, etc. S'il y a
de la volonté dans l'affliction, cela est mauvais;
mais l'épreuve doit être sentie. Pierre n'aimait pas la pensée de la croix; sa chair n'était pas brisée selon la mesure de la
révélation qui lui avait été faite de la part de Dieu (comp.
Matthieu 16: 16-26); et alors on a à passer par un exercice qui mortifie la
chair, soit dans le secret avec Dieu, soit par la discipline.