Lisez 2 Corinthiens 5
La rédemption nous place dans le repos et
la paix en la présence de Dieu. Le caractère de la vie chrétienne tout entière découle
de ce que nous sommes ramenés à Dieu; et ainsi nous
sommes appelés à marcher avec Dieu. Croire que nous sommes amenés dans la
présence de Dieu n'est pas de l'orgueil, mais de la foi. C'est de l'orgueil que
de croire que nous pouvons être sauvés d'une autre manière. Le caractère de
notre vie, comme chrétiens, est une dépendance constante de la puissance
divine. Si nous sommes «affligés de toute
manière» (2 Corinthiens 4), sans être «réduits à l'étroit», ce doit
être parce que la puissance de Dieu agit: si nous sommes «dans la
perplexité», mais «non pas sans ressource», c'est parce que la
puissance de Dieu est avec nous. Mais s'il en est ainsi, je dois me considérer
moi-même entièrement comme un homme mort quant à la nature, et en possession
d'une vie nouvelle en Christ; «portant toujours,
partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit
manifestée dans notre corps» (2 Corinthiens 6: 10). Paul ne
permettait pas à la chair d'interrompre la puissance de cette vie divine, en sorte
qu'elle poursuivait son cours sans obstacle. C'est un bienheureux état que
celui-là, et nous devrions le connaître selon notre mesure. Chaque fois que
cette vie est en activité, elle a le regard fixé sur son objet, en même temps
que son caractère est celui de l'obéissance parfaite et de la simple
dépendance. L'obéissance de Christ est bien différente de ce que nous entendons
généralement par l'obéissance; dans nos pensées
l'obéissance suppose souvent une volonté opposée à Dieu, et implique, en nous,
bien des choses dont il faut s'abstenir, aussi bien que d'autres auxquelles il
faut se soumettre. Chez Christ, la volonté du Père était le mobile, le motif
unique de tout ce qu'il faisait ou souffrait. Par conséquent, le motif que j'ai
dans mon activité, pour autant que je suis une nouvelle créature, c'est de
faire la volonté de Dieu.
C'est un fait important que les saintes
Ecritures ne me disent jamais de mourir au péché, car je ne pourrais jamais le faire; mais les Ecritures me disent que «je suis
mort», — mort avec Christ, et c'est là la liberté chrétienne. Je commence par
être mort avec Christ, car je ne puis pas mourir au péché,
alors que le péché est ce qui caractérise toute ma vie en dehors de Christ.
Mais de quelle manière suis-je ainsi mort? — J'ai une
autre vie: Je suis vivant en Christ. J'ai à
mortifier «mon corps», les «membres» du vieil
homme, «les actions du corps» assurément
(Romains 8: 13; 1 Corinthiens 9: 27; Colossiens 3: 5; etc.); mais ce n'est que
dans la puissance de cette vie que j'ai en Christ, que je suis capable de le
faire; et les voies de Dieu à mon égard me viendront en aide. Mais quand je
regarde à moi-même, ce n'est pas là de la foi; je ne
puis voir en moi quelle est cette vie que j'ai reçue, car tout en moi est
entaché de faiblesse; mais lorsque, par la foi, je regarde à Christ,
l'objet de la foi, je vois la vie dans sa perfection et dans sa plénitude, —
l'amour, la joie, la patience, l'obéissance. Et nous avons part à cette
vie, comme Christ l'a dit: «Parce que je vis, vous
aussi vous vivrez» (Jean 14: 19). Et encore: «Dieu
nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils» (1 Jean 5:
11). De cette manière, j'apprends à me confier en Lui, et puis sa perfection
qui m'éclaire comme lumière me montre toutes mes inconséquences;
et plus je les vois à la clarté de la perfection de Christ, mieux cela vaut.
Dans la puissance de cette vie, je me
trouve pratiquement mort, et je vois ma maison dans les cieux, selon
l'expression du verset 2 du chapitre qui nous occupe. Ceci me fait gémir. Mais
pourquoi est-ce que je gémis? Parce que j'ai vu et
goûté la gloire du Seigneur Jésus Christ; mais que
personnellement je n'y suis point encore. Mes soupirs ne proviennent pas de
désappointement, mais d'un ardent désir: «Désirant
avec ardeur de revêtir notre domicile qui est du ciel» (verset 2). Jusqu'à
présent, nous ne sommes pas entrés dans la possession positive de cette gloire,
mais nous désirons la posséder; car la foi se repose
sur le fondement de notre position dans la délivrance qui a été opérée pour
nous. Aussi n'y a-t-il pas de chrétien, quelque faible qu'il soit, qui n'ait le
droit de soupirer après cette gloire à laquelle il a été prédestiné. Il est
vrai de tout croyant, que: «Celui qui nous a formés
à cela même, c'est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l'Esprit»
(verset 5).
Mais nous ne devons pas penser que les
arrhes de l'Esprit soient les arrhes de l'amour de Dieu. L'Esprit est les
arrhes de l'héritage, les arrhes de la gloire, comme
nous le dit l'épître aux Ephésiens: «Auquel aussi
ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les
arrhes de notre héritage jusqu'à la rédemption de la possession acquise, à la
louange de sa gloire» (chapitre 1: 14). Ce que Dieu a fait pour nous
sauver, il l'a fait parfaitement. Il nous a aussi aimés parfaitement, et à
cause de cela «nous avons toute assurance au
jour du jugement» (1 Jean 4: 17). Non seulement nous avons de la confiance
devant le trône de la grâce, mais nous avons «toute
assurance au jour du jugement».
Christ aussi, dans la présence duquel nous
entrons, si nous mourons, et devant le tribunal duquel nous comparaîtrons,
Christ s'est donné Lui-même pour nous, comme Paul dit:
«Ce que je vis… je le vis dans la foi du Fils de Dieu qui m'a aimé, et qui
s'est livré Lui-même pour moi» (Galates 2: 20). Christ ne donna pas sa vie
seulement, ni simplement sa parole; il se donna tout
entier, ses affections, son coeur, tout ce qui le
constituait Lui-même. Nous n'avons pas une pensée de bonheur en Lui, qu'il ne
nous l'ait donnée. Car, bien que nous soyons les objets de la rédemption, Celui
qui l'a accomplie, y a un intérêt et une part pour l'éternité:
«Il jouira du travail de son âme et en sera rassasié» (Esaïe 53: 11).
Il n'y a chez Paul aucune espèce
d'hésitation ou de crainte au sujet de lui-même ou des croyants, quand il dit: «Il nous faut tous être manifestés devant le
tribunal de Christ» (verset 10; comp. Romains 14:
10). Pour la foi, cette manifestation devant Dieu est une chose présente; et c'est là quelque chose de très salutaire à
l'âme, et qui donne à la conscience cette activité si nécessaire dans notre
marche journalière avec Dieu et devant les hommes. La conscience de Paul était
toujours en activité; il s'exerçait jour et nuit à
avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Sa
conscience était une conscience purifiée; mais une
conscience active et exercée; et elle était manifestée devant Dieu.
Il est possible qu'il n'y ait pas de mal
extérieur ou toléré; mais il y a, dans tout coeur, une chose ou une autre, que nous épargnons plus ou
moins sciemment, une chose qui n'est pas «Christ en nous». Mais nous devons
être manifesté devant le tribunal de Christ. Tout est grâce certainement, mais
l'oeuvre actuelle de la grâce est d'exercer la
conscience. La grâce a pour effet maintenant d'amener à la lumière et de
manifester. Possédant le salut en Christ, en étant vu en Lui et juste aussi en
Lui, et par conséquent ayant la paix de la conscience et le repos du coeur, je suis en état de me juger moi-même, de me juger
dans la lumière «qui manifeste tout». Que le Seigneur
nous délivre de la tendance de faire la moindre réserve dans nos pauvres coeurs!
car il y a en Christ une puissance de vie pour nous
rendre capables de triompher du péché et de la mort, et de ne pas vivre pour
nous-mêmes, mais pour Celui qui nous a aimés et qui est mort pour nous, et qui
maintenant est assis à la droite de Dieu. Nous sommes déjà ressuscités avec
Lui, et nous serons manifestés avec Lui dans la gloire (Colossiens 3: 1-4). Dois-je permettre que quelque misérable objet, ou
quelque vanité m'occupe, au lieu que je sois occupé de Christ?
Que ce soit quelque plaisir, quelque chose qui me fasse valoir, un mauvais
penchant, ou même les soucis de cette vie, n'importe!
Tout cela attriste le Saint Esprit de Dieu, et la conséquence en est que l'oeil est troublé et que la puissance est perdue. Il est dit
du bon Berger qu'«il restaure mon âme»;
c'est pourquoi nous ne devrions pas nous contenter de poursuivre notre chemin à
distance du Seigneur, ou dans un état qui ne supporterait pas d'être manifesté
par la lumière. Quand la vie agit, elle agit d'après son objet;
et dans la mesure précisément dans laquelle je suis occupé d'un objet en dehors
de moi-même, je suis débarrassé du moi. Ceci est vrai même dans l'ordre
naturel.
La vie que je vis maintenant, je la vis
dans la foi du Fils de Dieu (Galates 2: 20); c'est
pourquoi je ne mesure pas le péché par la transgression du commandement
seulement, quoique cela soit péché naturellement, mais je mesure le péché par
la présence du Saint Esprit en moi, ainsi qu'il est dit: «N'attristez pas le
Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la
rédemption» (Ephésiens 4: 30). Si j'attriste le Saint Esprit, je perd mon discernement, le péché
trouble la puissance de ma vue et éteint mon sens spirituel, de manière que
l'Esprit de Dieu est obligé de m'amener au triste travail d'être occupé de mon
péché (comme Pierre), au lieu de m'occuper de tout ce qui est précieux et
joyeux en Christ. C'est une chose très affligeante quand le Saint Esprit, au
lieu de faire l'oeuvre dont il fait ses délices,
c'est-à-dire de révéler Christ, est obligé de nous montrer nos péchés, jusqu'à
ce que, comme Pierre, nous pleurions sur notre confiance en nous-mêmes et notre
égarement loin du Seigneur. Tout est manifesté à Christ. Regardez en arrière
pour un instant vers tout ce que vous avez fait depuis votre jeunesse jusqu'à
aujourd'hui (mais vous ne pourrez supporter de le faire, si vous n'avez pas une
paix solide et bien établie); examinez toutes
vos voies, regardez-les toutes à la lumière de la Parole et de l'Esprit de Dieu;
considérez les péchés que vous avez commis avant votre conversion et ceux que
vous avez commis après: qu'ils sont en grand nombre! Par cette revue, répétée
toujours de nouveau, humilié et conduit par l'Esprit, j'acquiers une mesure
plus grande de bénédiction. Je reconnais la légèreté et la culpabilité de mes
actions, en même temps que la patience et le long support de mon Dieu. Je vois
mon Dieu me gardant ici, m'enseignant là, me soutenant quand j'étais près de
tomber, m'encourageant quand je n'attendais que le châtiment — et ainsi je
l'adore et le loue d'autant plus! Mais s'il en est ainsi quand je regarde en
arrière maintenant, combien plus quand je serai placé dans la gloire! Alors je connaîtrai Christ;
je le verrai; je pourrai suivre toutes ses voies dans la plénitude de cette
lumière, qui maintenant, dans la mesure dans laquelle elle m'est donnée, le
manifeste et me manifeste moi-même, en contraste avec Lui; car c'est
précisément dans la mesure, dans laquelle je sais juger ma vie dans la présence
de Christ, que l'effet sera l'adoration et la louange.
Il faudrait toujours nous souvenir que
Christ n'est pas notre vie, sans être en même temps notre justice, et qu'il
n'est pas notre justice, sans être aussi notre vie. Si cette vérité est bien
saisie et que nous la tenions ferme, nous serons en état de regarder vers le
tribunal de Christ avec une tranquillité parfaite; et seulement afin que, comme
nous avons vu, la pensée d'être manifestés là, donne une activité présente à la
conscience si nous pensons à nous-mêmes; ou, si nous sommes occupés des autres,
nous pousse à les persuader, si peut-être, maintenant en grâce, ils peuvent
être amenés à la lumière par laquelle tout sera bientôt manifesté pour le
jugement. «Connaissant donc combien le
Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes» (verset 11) et
l'apôtre ajoute immédiatement, quant à lui-même «mais nous sommes manifestés
à Dieu». C'est une chose présente; c'est la
lumière dans laquelle l'apôtre est déjà manifesté, et dans laquelle il cherche
à marcher. La connaissance et la puissance de la vie que nous possédons, nous
apportera la paix à la place de la frayeur, car Christ est l'objet de cette
vie. «Car c'est le Dieu qui a dit à la
lumière de resplendir des ténèbres, qui a relui dans nos coeurs,
pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus
Christ» (2 Corinthiens 4: 6).
Cette plénitude de gloire, la gloire de Dieu
lui-même, nous la possédons comme un trésor dans nos âmes, afin que
l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous. Paul poursuit son
sujet jusqu'à la résurrection, et revient de nouveau en arrière à l'objet de sa
foi, et alors se voit lui-même dans la gloire. Je cherche à parvenir à cette
résurrection, et je voudrais que ma conversation fût dans les cieux
(Philippiens 3: 11).
En résultat nous avons une double vérité,
c'est-à-dire, la puissance, l'attente, qui agit en nous, et le fait précieux
que le Christ lui-même nous recevra dans la gloire. La doctrine de tout ceci se
trouve dans le dernier verset du chapitre: «Car il
a fait Celui qui n'a pas connu le péché, être péché pour nous, afin que nous
devinssions justice de Dieu en Lui» (verset 21). — Notre confiance est
fondée sur ce que Celui-là est notre justice, qui a été fait péché pour nous!
Mais il y a une chose encore qui est pour
moi d'une douceur extrême, une puissante consolation, une merveilleuse
profondeur de joie, — c'est de regarder à Christ, et de me dire:
Voilà ma vie. La mort n'a aucun pouvoir sur la vie de Christ. La puissance
divine, agissant dans la vie, absorbe la mort, et apporte une entière
délivrance de ce que le péché a produit. La même divine puissance qui opéra en
Christ en le ressuscitant d'entre les morts, agit maintenant en nous, et nous
ressuscitera par Jésus. Dieu ne prend point conseil des hommes, avec quelle
évidence ne le voyons-nous pas ici? Il suit ses
propres pensées et exécute ses conseils selon les richesses de sa grâce! La pensée du fils prodigue, c'était d'être comme un «mercenaire». Mais le père l'accueillit selon ses
pensées à lui; il le vêtit et le nourrit selon ses
pensées à lui. C'est ainsi que le Seigneur nous a associés à sa place comme homme; comme aussi il nous dit, quand il était sur la terre:
«Je ne vous donne pas comme le monde donne» (Jean 14: 27). Le monde
donne quelque chose de lui-même; tandis que Christ
nous place en Lui-même, dans ses joies, dans sa paix, dans sa gloire. Si Christ
vient, la mort sera engloutie par la vie; s'il ne
vient pas, j'abandonnerai ce qui est mortel. Nous comparaîtrons tous devant le
tribunal, mais auparavant nous serons reçus dans la gloire, reçus là par
Christ, comme il dit au chapitre 14 de l'évangile de Jean:
«Et si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je
vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez
aussi». Le tribunal peut-il donc m'effrayer? Non,
certainement. Plus nous apprenons à connaître les voies de Dieu, plus nous
jouissons de ces voies (comp. Psaumes 40: 5). C'est une pensée étonnante et solennelle que nous
soyons manifestés à Dieu! Mais la foi réalise cette
position, c'est-à-dire notre position dans la présence de Dieu. «Connaissant donc combien le Seigneur doit être
craint…»: — Eh bien! Paul est-il effrayé? Non; mais la connaissance qu'il a donné de l'activité à
l'amour: — «Nous persuadons les hommes». Paul se tenait dans la présence
de Dieu et était manifesté à Dieu; et si nous nous
tenons comme lui dans la présence de Dieu, nous arriverons à comprendre combien
peu notre coeur sait ce que c'est que de «porter
toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus». Nous ne pouvons pas le
comprendre, à moins d'être, comme Paul, dans la lumière.
L'effet que doit réellement produire «le tribunal de Christ», n'est pas ce qui sera dévoilé par
lui dans l'avenir, car cela sera Christ, et j'ai une paix ferme et assurée,
parce que c'est dans la présence de Christ que je comparaîtrai; — mais c'est la
puissance actuelle d'être devant le tribunal, et en faisant de lui la
pierre de touche de la conscience, et la mesure selon laquelle nous jugeons nos
pensées et nos voies. Puisse chacun de nous le comprendre et marcher dans cette
puissance!