Nous trouvons dans ce chapitre la vérité
qui fait la base de l'admission des Gentils dans l'Eglise;
et l'événement qui nous y est raconté, fait ressortir d'une manière très
remarquable combien le salut est une chose présente et actuelle. Corneille
était un homme de guerre, un homme pieux, qui faisait beaucoup d'aumônes, et
qui priait Dieu continuellement; Dieu agissait en grâce
dans son coeur; il lui restait toutefois une chose
encore à apprendre à connaître, savoir le salut. Je ne veux pas dire
qu'aux yeux de Dieu, il ne fut pas sauvé; mais il
devait apprendre à connaître sa relation avec Dieu comme une chose présente. Il
en est de même du geôlier de Philippes: son coeur était touché déjà; — cependant il dit: «Que
faut-il que je fasse pour être sauvé» (Actes des Apôtres 16: 30). — Or,
quand Dieu commence à agir ainsi, il achève ce qu'il a commencé, et nous avons
ici la pleine révélation d'un salut connu pour que l'on jouisse de Dieu. Un
père peut avoir pardonné à son enfant dans son coeur; mais si ce pardon
n'est pas annoncé, l'enfant ne peut pas être heureux.
Nous voyons donc ici, pour la première
fois, les Gentils amenés à une pleine connaissance du salut. Cette connaissance
n'est pas simplement une conviction de péché qui fait regarder vers Dieu; — elle ne consiste pas seulement dans le fait qu'un
homme est régénéré, en sorte qu'il sent le besoin d'avoir la paix avec Dieu; il
faut qu'il y ait tout cela; mais l'évangile est la réponse de Dieu à
tous ces désirs du coeur. La pauvre femme dont parle
le chapitre 7 de l'évangile de Luc, avait bien évidemment le coeur renouvelé quand elle vint à Jésus. Elle se sentait si
puissamment attirée par Jésus, qu'elle vint vers lui;
— mais elle n'avait pas encore la réponse du Sauveur: «Tes péchés te sont
pardonnés; — va-t-en en paix»; — tu
es sauvée! Cette réponse est le fondement de toutes les espérances et de toutes
les joies du croyant. Ce qui caractérise un chrétien, découle de la
connaissance d'un salut actuel; ce n'est pas un désir
d'être justifié,, accompagné de La crainte que si l'on n'y parvient pas, on
aura Dieu contre soi comme un juge: c'est le salut qui m'est apporté, non seulement
comme une chose qu'il est possible d'atteindre, mais comme la réponse de Dieu à
tous ces besoins dont l'âme a conscience.
Pierre dit à Corneille:
«La parole QUE DIEU A ENVOYE aux fils d'Israël, annonçant la bonne nouvelle
de la paix par Jésus Christ» (verset 36). Remarquez que l'apôtre parle
immédiatement de paix. C'est un mot merveilleux que le mot de paix. La
paix est une chose bien plus grande que la joie. La paix exclut tout ce qui
pourrait troubler. La joie, si je la possède, est troublée à la pensée de telle
ou telle épreuve. Il n'en est pas ainsi de la paix. Quand je suis affligé, et
que la joie se présente devant moi, ma douleur n'en sera que plus amère, tandis
que dans la paix, il y a absence de tout ce qui pourrait troubler. Dieu n'est
jamais appelé le Dieu de joie; — il est «le Dieu de
PAIX».
Pierre ne dit pas:
continuez et vous trouverez la paix; mais il apporte la paix avec lui; il
apporte la réponse de Dieu à tous les besoins de l'âme de Corneille.
On peut avoir une paix qui repose sur la confiance
qu'on a en la providence de Dieu; mais la paix dont il
est question ici, va beaucoup plus loin: c'est la paix avec Dieu! Il y a
deux choses dans cette paix. Mais, remarquez d'abord que:
c'est avec DIEU que nous avons cette paix. Quand l'âme est réveillée,
elle éprouve le besoin d'une complète et parfaite assurance que Dieu n'a rien
contre elle. Dès qu'elle vient à connaître Dieu en quelque manière, c'est avec Lui
qu'elle éprouve le besoin d'avoir la paix. Naturellement, nous nous contentons
d'avoir la paix sans Dieu, mais une fois que notre conscience a été réveillée,
nous ne pouvons plus avoir la paix sans Dieu. Nous pouvons chercher à nous
étourdir, mais si la pensée de Dieu entre dans notre âme, toute notre paix a disparu; il nous faut absolument la paix avec Dieu. La
conscience doit avoir la parfaite assurance que Dieu est satisfait. Elle peut
travailler à satisfaire Dieu elle-même, pour un temps sous la loi; mais si elle est réellement réveillée et qu'elle
envisage tout sérieusement, elle découvre bientôt qu'elle n'y peut parvenir, et
elle sent pourtant qu'il faut que Dieu soit satisfait. Pensez-vous que si j'ai
offensé mon père, je puisse être heureux avant que j'aie la certitude qu'il est
satisfait? Satisfaire Dieu devient pour la conscience
réveillée la mesure de ce qui est bien et de ce qui est mal — jusque là il n'y a pas de paix,
mais alors tout est paix. Alors on ne s'inquiète pas, eût-on
tout le monde contre soi: — on ne s'inquiète pas de ce
que le monde pensera et dira; on est occupé de sa conscience et maintenant que
Dieu est satisfait, la conscience peut être droite vis-à-vis d'elle-même et se
reconnaître ce qu'elle est. L'âme aussi a le paisible sentiment qu'elle est
dans la faveur de Dieu, et le coeur est assuré qu'il
est dans une paix parfaite avec Dieu; il n'y a pas un
nuage sur l'âme maintenant devant Dieu, car la conscience a été purifiée dans
la source qui a été ouverte. J'ai été là, seul avec Dieu, et tout a été mis à
découvert et tout a été réglé. Je connais l'amour de Dieu, et je le connais là
précisément où j'avais le plus besoin de le connaître, à l'égard de mes péchés; — et c'est là la paix; ce n'est pas chercher
à faire aussi bien que l'on peut, en espérant que Dieu passera par dessus le reste; non, c'est connaître le bien et le
mal, et avec cette connaissance, jouir de la paix dans la présence de Dieu. Ce
n'est pas seulement une chose négative, mais quelque chose de positif, quelque
chose en quoi Dieu peut trouver son plaisir. Non seulement Dieu ne voit pas de
tache, mais il voit ce qui le réjouit; et ainsi la
conscience et le coeur sont satisfaits à la fois; et
si la lumière entre, elle ne fait que manifester ma justice. Si maintenant ma
conscience connaît Dieu comme étant amour, je ne puis que désirer qu'il m'aime; et si je sais que Dieu m'aime comme Dieu seul sait
aimer, je ne suis pas seulement dans la lumière, mais dans la chaleur et sous
les rayons de l'amour de Dieu. La paix règne dans mon âme. Ma conscience est
dans la lumière, et elle n'a absolument rien à me reprocher;
et j'en ai le sentiment; d'un autre côté, mon coeur a
l'assurance parfaite que l'amour parfait de Dieu repose sur moi. Là où ces
choses ne sont point connues, il ne peut lias y avoir de paix.
Pierre ne prêche pas une certaine quantité
de choses en nous, qui, si nous savons nous les procurer, nous donneront de l'espérance; mais il vient et dit à ces pauvres pécheurs,
dont la conscience a été réveillée: «Voici la paix pour vous, — une paix
faite». La paix est faite, parfaitement accomplie, — et prêchée maintenant par
Jésus Christ (comp. Ephésiens 2:
13-17). Le Seigneur vient à nous, disant. «Vous n'avez
pas la paix avec Dieu». «Je suis venu pour vous
apporter la paix». Il ne dit pas: «faites votre paix
avec Dieu», car Lui-même a fait la paix. Nous vous annonçons une chose qui est,
et non pas une chose qui n'est pas. Qui est-ce qui était à l'oeuvre à la croix? Le Dieu saint.
La paix a été faite par le sang de la croix (Colossiens 1:
20). L'oeuvre a été accomplie par Dieu et l'Agneau
seuls, et aussi pour nos péchés, alors que nous ne pouvions y avoir aucune
part. A la croix, la justice de Dieu entrait en compte avec Christ à l'égard de
nos péchés, et nous en voyons le résultat dans la résurrection. Quand le Saint
Esprit sera venu, «il convaincra le monde de justice, parce que je m'en vais
à mon père» (Jean 16: 10). Si par la grâce, je
reconnais les péchés pour lesquels Christ a souffert, et si je me mets à sa
place, je suis placé en Lui devant Dieu et associé à Lui dans sa position
devant Dieu, car il a porté mes péchés. Je reconnais ces péchés dans la
présence de Dieu; je méritais la croix, mais
maintenant je suis devant Dieu en Christ, et la justice donne la paix à la
conscience.
Vous voudriez avoir la paix dans le coeur. Eh bien! où y a-t-il de
l'amour comme à la croix? Dieu a donné ce qu'il avait de meilleur pour ce que
vous aviez fait de pis. Vos péchés seront-ils un
obstacle à votre bénédiction? — Ce sont eux au
contraire qui ont mis en évidence l'amour de Dieu envers nous. Jésus est pour
moi la mesure de tout l'amour de mon Père: il a donné
Jésus pour moi, — et là, mon coeur trouve la paix, —
une paix inexprimable! Quand on connaît Dieu, on a besoin de Lui tout entier; — nos désirs sont désormais infinis, du moins quant
à leur objet, car le coeur a été touché par l'amour
de Dieu. Si nous avons besoin de l'amour, il est en Dieu;
— de la joie, elle est encore en Dieu; et naturellement tout cela se
manifestera en vie.
Après la rémission parfaite du péché, vient
une autre chose, savoir, la puissance parfaite pour jouir de cette rémission.
Aussi longtemps qu'un homme veut faire dépendre son salut de conditions, il
résistera à la simplicité de la grâce. Si j'ai quelque chose à faire pour mon
salut, je dois tendre à satisfaire Dieu pour cette part que j'ai à accomplir,
et tant que je ferai des efforts pour cela, je ne connaîtrai pas Dieu. Non,
c'est par la foi que j'arrive à connaître Dieu; — par
la foi qui m'enseigne que mon salut est fait. Je n'ai qu'à croire;
— et ainsi Christ reçoit toute la gloire, et moi toute la bénédiction. «Quiconque croit EN LUI reçoit la rémission
des péchés» (verset 43). Il n'est pas dit:
quiconque croit à la rémission des péchés, mais «quiconque croit EN LUI…».
C'est une grande joie de connaître la rémission des péchés, mais l'âme
s'affaiblit bientôt, si elle s'arrête à cette pensée, tandis que «croire en Lui», tourne l'âme vers Dieu; je regarde
à Jésus; et c'est là ce qui me rend joyeux et me change à son image.
Lorsque Corneille croit en Christ prêché
pour la rémission des péchés, le Saint Esprit vient, — d'une manière
particulière, il est vrai, parce que Dieu montrait qu'il voulait recevoir les
Gentils. Ainsi ce n'est pas seulement, la connaissance de la rémission des
péchés qui est donnée dans la mort de Christ, c'est l'amour aussi qui est démontré; le Saint Esprit le verse dans mon coeur, et la paix coule comme un fleuve. Le Saint Esprit
nous fait comprendre l'amour de Dieu; il nous donne la
source de la joie, et la puissance vivante de glorifier Christ. Au moment où
Pierre dit: «Par son nom, quiconque croit en Lui,
reçoit la rémission des péchés», — et nous savons que ces paroles
pénétrèrent dans le coeur de Corneille, — le Saint
Esprit tomba sur tous ceux qui entendaient la parole. Ainsi nous avons la paix
d'abord, puis le fondement de la paix, l'amour, de Dieu et l'oeuvre de Christ; ensuite la
puissance d'en jouir, c'est-à-dire, le Saint Esprit.
Vous tourmentez-vous pour trouver la paix? Tant mieux, en un sens, car cela prouve que vous savez
ce dont vous avez besoin; mais vous ne trouverez
jamais la paix de cette manière. Croyez-vous que Dieu aurait frappé Christ pour
faire la paix, si vous aviez pu la faire vous-même pour vous, ou même avec le
secours de l'Esprit? «A
celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croît en
Celui qui justifie l'impie, sa foi lui est comptée pour justice»
(Romains 4: 5). Notre relation avec Dieu est avec le Dieu de paix.