La paix par Jésus Christ - Actes des Apôtres 10

Nous trouvons dans ce chapitre la vérité qui fait la base de l'admission des Gentils dans l'Eglise; et l'événement qui nous y est raconté, fait ressortir d'une manière très remarquable combien le salut est une chose présente et actuelle. Corneille était un homme de guerre, un homme pieux, qui faisait beaucoup d'aumônes, et qui priait Dieu continuellement; Dieu agissait en grâce dans son coeur; il lui restait toutefois une chose encore à apprendre à connaître, savoir le salut. Je ne veux pas dire qu'aux yeux de Dieu, il ne fut pas sauvé; mais il devait apprendre à connaître sa relation avec Dieu comme une chose présente. Il en est de même du geôlier de Philippes: son coeur était touché déjà; — cependant il dit: «Que faut-il que je fasse pour être sauvé» (Actes des Apôtres 16: 30). — Or, quand Dieu commence à agir ainsi, il achève ce qu'il a commencé, et nous avons ici la pleine révélation d'un salut connu pour que l'on jouisse de Dieu. Un père peut avoir pardonné à son enfant dans son coeur; mais si ce pardon n'est pas annoncé, l'enfant ne peut pas être heureux.

Nous voyons donc ici, pour la première fois, les Gentils amenés à une pleine connaissance du salut. Cette connaissance n'est pas simplement une conviction de péché qui fait regarder vers Dieu; — elle ne consiste pas seulement dans le fait qu'un homme est régénéré, en sorte qu'il sent le besoin d'avoir la paix avec Dieu; il faut qu'il y ait tout cela; mais l'évangile est la réponse de Dieu à tous ces désirs du coeur. La pauvre femme dont parle le chapitre 7 de l'évangile de Luc, avait bien évidemment le coeur renouvelé quand elle vint à Jésus. Elle se sentait si puissamment attirée par Jésus, qu'elle vint vers lui; — mais elle n'avait pas encore la réponse du Sauveur: «Tes péchés te sont pardonnés;va-t-en en paix»; — tu es sauvée! Cette réponse est le fondement de toutes les espérances et de toutes les joies du croyant. Ce qui caractérise un chrétien, découle de la connaissance d'un salut actuel; ce n'est pas un désir d'être justifié,, accompagné de La crainte que si l'on n'y parvient pas, on aura Dieu contre soi comme un juge: c'est le salut qui m'est apporté, non seulement comme une chose qu'il est possible d'atteindre, mais comme la réponse de Dieu à tous ces besoins dont l'âme a conscience.

Pierre dit à Corneille: «La parole QUE DIEU A ENVOYE aux fils d'Israël, annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ» (verset 36). Remarquez que l'apôtre parle immédiatement de paix. C'est un mot merveilleux que le mot de paix. La paix est une chose bien plus grande que la joie. La paix exclut tout ce qui pourrait troubler. La joie, si je la possède, est troublée à la pensée de telle ou telle épreuve. Il n'en est pas ainsi de la paix. Quand je suis affligé, et que la joie se présente devant moi, ma douleur n'en sera que plus amère, tandis que dans la paix, il y a absence de tout ce qui pourrait troubler. Dieu n'est jamais appelé le Dieu de joie; — il est «le Dieu de PAIX».

Pierre ne dit pas: continuez et vous trouverez la paix; mais il apporte la paix avec lui; il apporte la réponse de Dieu à tous les besoins de l'âme de Corneille.

On peut avoir une paix qui repose sur la confiance qu'on a en la providence de Dieu; mais la paix dont il est question ici, va beaucoup plus loin: c'est la paix avec Dieu! Il y a deux choses dans cette paix. Mais, remarquez d'abord que: c'est avec DIEU que nous avons cette paix. Quand l'âme est réveillée, elle éprouve le besoin d'une complète et parfaite assurance que Dieu n'a rien contre elle. Dès qu'elle vient à connaître Dieu en quelque manière, c'est avec Lui qu'elle éprouve le besoin d'avoir la paix. Naturellement, nous nous contentons d'avoir la paix sans Dieu, mais une fois que notre conscience a été réveillée, nous ne pouvons plus avoir la paix sans Dieu. Nous pouvons chercher à nous étourdir, mais si la pensée de Dieu entre dans notre âme, toute notre paix a disparu; il nous faut absolument la paix avec Dieu. La conscience doit avoir la parfaite assurance que Dieu est satisfait. Elle peut travailler à satisfaire Dieu elle-même, pour un temps sous la loi; mais si elle est réellement réveillée et qu'elle envisage tout sérieusement, elle découvre bientôt qu'elle n'y peut parvenir, et elle sent pourtant qu'il faut que Dieu soit satisfait. Pensez-vous que si j'ai offensé mon père, je puisse être heureux avant que j'aie la certitude qu'il est satisfait? Satisfaire Dieu devient pour la conscience réveillée la mesure de ce qui est bien et de ce qui est mal — jusque là il n'y a pas de paix, mais alors tout est paix. Alors on ne s'inquiète pas, eût-on tout le monde contre soi: — on ne s'inquiète pas de ce que le monde pensera et dira; on est occupé de sa conscience et maintenant que Dieu est satisfait, la conscience peut être droite vis-à-vis d'elle-même et se reconnaître ce qu'elle est. L'âme aussi a le paisible sentiment qu'elle est dans la faveur de Dieu, et le coeur est assuré qu'il est dans une paix parfaite avec Dieu; il n'y a pas un nuage sur l'âme maintenant devant Dieu, car la conscience a été purifiée dans la source qui a été ouverte. J'ai été là, seul avec Dieu, et tout a été mis à découvert et tout a été réglé. Je connais l'amour de Dieu, et je le connais là précisément où j'avais le plus besoin de le connaître, à l'égard de mes péchés; — et c'est là la paix; ce n'est pas chercher à faire aussi bien que l'on peut, en espérant que Dieu passera par dessus le reste; non, c'est connaître le bien et le mal, et avec cette connaissance, jouir de la paix dans la présence de Dieu. Ce n'est pas seulement une chose négative, mais quelque chose de positif, quelque chose en quoi Dieu peut trouver son plaisir. Non seulement Dieu ne voit pas de tache, mais il voit ce qui le réjouit; et ainsi la conscience et le coeur sont satisfaits à la fois; et si la lumière entre, elle ne fait que manifester ma justice. Si maintenant ma conscience connaît Dieu comme étant amour, je ne puis que désirer qu'il m'aime; et si je sais que Dieu m'aime comme Dieu seul sait aimer, je ne suis pas seulement dans la lumière, mais dans la chaleur et sous les rayons de l'amour de Dieu. La paix règne dans mon âme. Ma conscience est dans la lumière, et elle n'a absolument rien à me reprocher; et j'en ai le sentiment; d'un autre côté, mon coeur a l'assurance parfaite que l'amour parfait de Dieu repose sur moi. Là où ces choses ne sont point connues, il ne peut lias y avoir de paix.

Pierre ne prêche pas une certaine quantité de choses en nous, qui, si nous savons nous les procurer, nous donneront de l'espérance; mais il vient et dit à ces pauvres pécheurs, dont la conscience a été réveillée: «Voici la paix pour vous, — une paix faite». La paix est faite, parfaitement accomplie, — et prêchée maintenant par Jésus Christ (comp. Ephésiens 2: 13-17). Le Seigneur vient à nous, disant. «Vous n'avez pas la paix avec Dieu». «Je suis venu pour vous apporter la paix». Il ne dit pas: «faites votre paix avec Dieu», car Lui-même a fait la paix. Nous vous annonçons une chose qui est, et non pas une chose qui n'est pas. Qui est-ce qui était à l'oeuvre à la croix? Le Dieu saint. La paix a été faite par le sang de la croix (Colossiens 1: 20). L'oeuvre a été accomplie par Dieu et l'Agneau seuls, et aussi pour nos péchés, alors que nous ne pouvions y avoir aucune part. A la croix, la justice de Dieu entrait en compte avec Christ à l'égard de nos péchés, et nous en voyons le résultat dans la résurrection. Quand le Saint Esprit sera venu, «il convaincra le monde de justice, parce que je m'en vais à mon père» (Jean 16: 10). Si par la grâce, je reconnais les péchés pour lesquels Christ a souffert, et si je me mets à sa place, je suis placé en Lui devant Dieu et associé à Lui dans sa position devant Dieu, car il a porté mes péchés. Je reconnais ces péchés dans la présence de Dieu; je méritais la croix, mais maintenant je suis devant Dieu en Christ, et la justice donne la paix à la conscience.

Vous voudriez avoir la paix dans le coeur. Eh bien! où y a-t-il de l'amour comme à la croix? Dieu a donné ce qu'il avait de meilleur pour ce que vous aviez fait de pis. Vos péchés seront-ils un obstacle à votre bénédiction? — Ce sont eux au contraire qui ont mis en évidence l'amour de Dieu envers nous. Jésus est pour moi la mesure de tout l'amour de mon Père: il a donné Jésus pour moi, — et là, mon coeur trouve la paix, — une paix inexprimable! Quand on connaît Dieu, on a besoin de Lui tout entier; — nos désirs sont désormais infinis, du moins quant à leur objet, car le coeur a été touché par l'amour de Dieu. Si nous avons besoin de l'amour, il est en Dieu; — de la joie, elle est encore en Dieu; et naturellement tout cela se manifestera en vie.

Après la rémission parfaite du péché, vient une autre chose, savoir, la puissance parfaite pour jouir de cette rémission. Aussi longtemps qu'un homme veut faire dépendre son salut de conditions, il résistera à la simplicité de la grâce. Si j'ai quelque chose à faire pour mon salut, je dois tendre à satisfaire Dieu pour cette part que j'ai à accomplir, et tant que je ferai des efforts pour cela, je ne connaîtrai pas Dieu. Non, c'est par la foi que j'arrive à connaître Dieu; — par la foi qui m'enseigne que mon salut est fait. Je n'ai qu'à croire; — et ainsi Christ reçoit toute la gloire, et moi toute la bénédiction. «Quiconque croit EN LUI reçoit la rémission des péchés» (verset 43). Il n'est pas dit: quiconque croit à la rémission des péchés, mais «quiconque croit EN LUI…». C'est une grande joie de connaître la rémission des péchés, mais l'âme s'affaiblit bientôt, si elle s'arrête à cette pensée, tandis que «croire en Lui», tourne l'âme vers Dieu; je regarde à Jésus; et c'est là ce qui me rend joyeux et me change à son image.

Lorsque Corneille croit en Christ prêché pour la rémission des péchés, le Saint Esprit vient, — d'une manière particulière, il est vrai, parce que Dieu montrait qu'il voulait recevoir les Gentils. Ainsi ce n'est pas seulement, la connaissance de la rémission des péchés qui est donnée dans la mort de Christ, c'est l'amour aussi qui est démontré; le Saint Esprit le verse dans mon coeur, et la paix coule comme un fleuve. Le Saint Esprit nous fait comprendre l'amour de Dieu; il nous donne la source de la joie, et la puissance vivante de glorifier Christ. Au moment où Pierre dit: «Par son nom, quiconque croit en Lui, reçoit la rémission des péchés», — et nous savons que ces paroles pénétrèrent dans le coeur de Corneille, — le Saint Esprit tomba sur tous ceux qui entendaient la parole. Ainsi nous avons la paix d'abord, puis le fondement de la paix, l'amour, de Dieu et l'oeuvre de Christ; ensuite la puissance d'en jouir, c'est-à-dire, le Saint Esprit.

Vous tourmentez-vous pour trouver la paix? Tant mieux, en un sens, car cela prouve que vous savez ce dont vous avez besoin; mais vous ne trouverez jamais la paix de cette manière. Croyez-vous que Dieu aurait frappé Christ pour faire la paix, si vous aviez pu la faire vous-même pour vous, ou même avec le secours de l'Esprit? «A celui qui ne fait pas les oeuvres, mais qui croît en Celui qui justifie l'impie, sa foi lui est comptée pour justice» (Romains 4: 5). Notre relation avec Dieu est avec le Dieu de paix.