Les noces du Fils du Roi - Matthieu 21: 23 - 22: 1-14

Si toutes choses n'étaient pas entièrement hors de l'ordre, si tous les principes de la nature humaine n'étaient pas éloignés de Dieu, il n'y aurait pas lieu à toute la peine que Dieu prend, et dont ces chapitres nous parlent (et cela, après tout, avec de si étranges résultats); il n'y aurait pas lieu à ces efforts, si pénibles, dans un sens, et si persévérants, dans un autre, pour ramener à Lui les hommes. On aurait pu supposer, comme on le voit parfois dans le cas d'un enfant volontaire, que dès que la voix d'amour et de supplication de la part du père serait entendue, une obéissance instantanée eût été produite, parce que le sentiment de la relation était là. Mais non — ces efforts constants, ce «changement de langage» (comme on le voit chez Paul) ne servent qu'à montrer que tout sentiment de relation entre l'homme et Dieu est perdu. Cette voix n'atteint aucun ressort, elle ne fait vibrer aucune corde — elle ne trouve point d'écho dans le coeur. S'il y a l'apparence d'une réponse, ce n'est qu'hypocrisie. Je ne dis pas que Dieu ne puisse changer le coeur, mais le coeur est complètement éloigné de Dieu.

Dans ces chapitres le Seigneur rappelle, avec autant de clarté que de plénitude, ces efforts variés et leurs résultats, relativement, soit à la responsabilité de l'homme, soit aux voies de sa propre grâce; et Il le fait de la manière la plus simple, en faisant appel à la conscience de l'homme tel qu'il est.

Nous lisons: «Et quand il fut entré au temple, les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple vinrent à lui, comme il enseignait, disant: Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t'a donné cette autorité» (verset 23)? — Dieu vient dans le monde pour faire du bien et l'homme demande: par quelle autorité Dieu fait du bien dans le monde! Jésus avait montré sa puissance auparavant (versets 12-14), mais maintenant Il enseignait paisiblement dans le temple. Ils étaient vexés, de voir enlever le voile d'hypocrisie et le doigt de Dieu se montrant en purifiant le temple des choses, par le moyen desquelles ils en avaient fait une maison de marché et c'est pour cela qu'ils lui adressent cette question. Le Seigneur n'en appelle point à un miracle — Il en avait fait suffisamment; — mais Jésus répondant, leur dit: «Je vous demanderai, moi aussi, une chose; et si vous me la dites, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais ces choses: Le baptême de Jean, d'où était-il? du ciel ou des hommes? Et ils raisonnaient en eux-mêmes, disant: Si nous disons: du ciel; il nous dira: Pourquoi donc ne l'avez-vous pas cru? (car Jean a rendu témoignage à Jésus). Et si nous disons: des hommes; nous craignons la foule, car tous tiennent Jean pour prophète» (versets 24-26). C'est ainsi que, tout à la fois, Il manifeste l'état réel de leur conscience par le moyen de la question que, selon sa divine sagesse, Il leur adresse comme réponse. «Et répondant, ils dirent à Jésus: Nous ne savons. Et il leur dit: Moi, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses» (verset 27).

Ainsi dès le début, Il place cette grande vérité devant tous: que la conscience de l'homme est mauvaise en ne se soumettant pas à la justice de Dieu. Et c'est ce qui est toujours le cas. L'homme ne peut nier que toutes bonnes choses viennent du ciel, mais il ne veut pas croire. Poussés à bout (regardez au cas extrême de l'infidélité) les hommes aiment mieux les ténèbres que la lumière, comme il est dit (Romains 1): «Et comme ils n'ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de sens moral, etc.». Après en avoir fait une application directe à leur conscience, Il pouvait maintenant leur dire ce qui suit: «Mais que vous semble-t-il? un homme avait deux enfants, et venant au premier, il lui dit: «Mon enfant, va-t'en aujourd'hui travailler dans ma vigne. Mais répondant, il dit: Je ne veux pas; mais après, ayant du remords, il y alla. Et venant au second, il lui dit la même chose; et celui-ci répondant, dit: Moi, j'y vais, Seigneur; et il n'y alla pas. Lequel des deux fit la volonté du père? Et ils disent: Le premier. Et Jésus leur dit: En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent au royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l'avez pas cru; mais les publicains et les prostituées l'ont cru; et vous, l'ayant vu, vous n'en avez point eu de remords ensuite pour le croire» (versets 28-32).

Dans cette première parabole, le Seigneur présente un cas qui a rapport à la différence qu'il y a entre la justice extérieure et le pécheur repentant, entre l'homme qui traverse le monde honnêtement, désirant avoir bonne apparence, et celui qui, en agissant contre toutes les lois de la conscience naturelle, pèche volontairement, et puis se repent.

Dans le second fils, nous avons la description du caractère général des honnêtes gens — ils se conduisent décemment et extérieurement selon l'ordre, ils professent de reconnaître la volonté de Dieu et de servir Dieu; ils disent: «Je vais, Seigneur», mais, après tout, du matin au soir et du soir au matin, ils sont occupés à faire leur propre volonté et rien autre.

L'autre fils prenait positivement plaisir à faire sa propre volonté (ce qui est précisément, hélas! le tableau de l'opiniâtreté du coeur humain) — il disait: «Je ne veux pas — il prenait son plaisir à transgresser toute justice eu égard à la relation entre lui et son père», mais cependant il en avait conscience et plus tard, il reconnut, qu'il l'avait transgressée (non pas seulement qu'il avait fait une mauvaise chose, mais qu'il avait désobéi à son père) et il s'en repentit.

Le juif propre juste, malgré toute sa profession, n'avait point égard à la justice de Dieu; mais les publicains et les prostituées avaient cru Jean. Or les premiers (les publicains) n'avaient point égard aux ordonnances de Dieu; ni les dernières aux règles les plus communes d'une vie décente; mais quand ils entendirent la prédication de Jean, qui venait dans le chemin de la justice, ils se repentirent; et cette repentance, en touchant la racine de tout péché, se rapportait, non seulement aux actes de péché, mais à Celui contre lequel ils avaient péché. L'un, décent et brave, reconnaissait Dieu et en restait là. Les autres, indécents et scandaleux, péchaient contre Dieu, mais ils se repentirent et allèrent.

Ils ne reconnaissent pas seulement certaines fautes particulières, des péchés dans leur conduite, mais le péché envers Dieu; ils sentent qu'ils ont manqué en ne donnant pas à Dieu ce qui lui était dû.

Nous voyons donc, que la seule repentance que Dieu avoue est celle qui renferme la connaissance du péché et la connaissance de Lui-même, comme de Celui envers qui nous avons péché. L'état, dans lequel les publicains et les prostituées se trouvaient, les amena à cette certitude que, si Dieu parlait, ils n'avaient rien à dire pour se justifier, ils ne pouvaient rien faire, si ce n'est (comme dit Job) de mettre la main sur la bouche et de dire: «Je suis un homme vil». Et c'est ce qu'ils firent, tandis que les scribes et les pharisiens restèrent aussi insensibles que possible, non seulement à l'égard de la parole de Dieu, mais aussi à l'égard de la pleine efficace de la grâce de Dieu; ils y étaient aussi insensibles que s'il n'eût jamais existé chose pareille.

C'est la première partie — le premier cas des voies de Dieu envers l'homme, mis ici devant nos yeux par notre Seigneur.

Ensuite nous avons, d'abord, certaines voies sur le principe de la responsabilité, puis des voies sur le principe de la grâce: — l'une dans la dernière partie du chapitre 21, l'autre dans la première partie du chapitre 22.

Premièrement, quant à la responsabilité, — le Seigneur dit: «Ecoutez une autre parabole: Il y avait un homme, maître d'une maison, qui planta une vigne et l'environna d'une clôture, et y creusa un pressoir, et y bâtit une tour et la loua à des cultivateurs, et s'en alla hors du pays. Et lorsque la saison des fruits s'approcha, il envoya ses esclaves aux cultivateurs pour en recevoir ses fruits» (versets 33, 34). Ils est clair que ceci s'applique au peuple juif, tout d'abord, cependant, quant au principe général de la parabole, cela est vrai de tous ceux qui ont entendu le nom de Christ, et qui ont refusé de croire en Lui. Il ne s'agit pas seulement ici d'un cas de relation, comme entre un fils et son père (comme nous l'avons vu plus haut), mais il y a ici un appel à la conscience des hommes, sur le fondement de certaines choses que Dieu a faites. C'est Dieu qui avait planté la vigne,- qui l'avait environnée d'une clôture — qui y avait creusé un pressoir — bâti une tour et qui l'avait louée à des cultivateurs; il avait mis cette vigne entre les mains de certaines gens, et ayant beaucoup fait pour elle (toutes les choses qu'il avait faites pour les Juifs, comme nous le voyons presque dans les mêmes termes, en Esaïe 5: 5), il s'attendait naturellement, à ce qu'elle rapportât des grappes pour lui. Il en est ainsi, quant au principe général, dans la chrétienté. Ce n'est pas seulement une question de conscience naturelle, Dieu a confié quelque chose aux cultivateurs.

C'était une chose nouvelle. Il n'abandonnait pas les hommes à la lumière de leur conscience naturelle — il avait pris le plus de peine possible pour eux, il avait tout fait, au point qu'il dit: «Qu'y avait-il plus à faire à ma vigne que je ne lui aie fait?» et puis, les plaçant sur le principe de la responsabilité, il vient chercher du fruit. Nous verrons tout à l'heure que Dieu a abandonné ce terrain. Il produit du fruit, mais il a abandonné le principe de chercher du fruit.

Dieu avait fait tout ce qu'il était possible de faire pour le peuple juif, considéré comme sa vigne, et ce qu'il attendait naturellement d'eux, c'est qu'ils produisissent des grappes. Il envoie d'abord les prophètes (les prophètes sont envisagés ici comme cherchant du fruit), «et les cultivateurs ayant pris ses esclaves, battirent l'un, tuèrent l'autre, et en assommèrent un autre de pierres. Il envoya encore d'autres esclaves en plus grand nombre que les premiers, et ils leur en firent de même. Enfin il envoya vers eux son fils, disant: Ils auront du respect pour mon fils» (versets 35-37).

Nous voyons Christ Lui-même les prendre sur ce terrain. Il vient, non pas pourtant, quant au résultat final ou à l'intention, chercher du fruit dans sa vigne (ce n'est pas une question de grâce) et étant venu chercher du fruit, ils disent: Nous voulons nous débarrasser de ce fils». Mais les cultivateurs voyant le fils, dirent entre eux: Celui-ci est l'héritier; venez, tuons-le, et saisissons-nous de son héritage. Et l'ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent» (versets 38, 39).

La fin de la responsabilité et de toute cette longanimité de Dieu envers le peuple juif sur ce terrain fut, qu'ils se réjouissent de pouvoir tuer l'héritier, afin qu'ils pussent se saisir de son héritage. «Quand donc le Seigneur de la vigne viendra, que fera-t-il à ces cultivateurs-là? Ils lui disent: Il fera périr misérablement ces méchants» etc. (versets 40, 41).

Nous remarquons ici de nouveau ce grand principe que, de quelque manière que Dieu cherche une réponse de la part de l'homme, il n'en trouve point. Dieu attend du fruit de ce qu'il a planté et cultivé dans ce monde, mais Dieu ne peut point obtenir de fruit de la part de l'homme. La volonté des cultivateurs y était entièrement opposée. Ils ne reconnaissaient pas le droit de Dieu sur sa vigne; ils voulaient l'avoir pour eux. La volonté était entièrement et absolument mauvaise. En réalité les cultivateurs étaient opposés à celui qui avait planté la vigne et par conséquent la relation n'était pas reconnue. Le seul effet des ordonnances, que Dieu avait données, était de mettre à découvert l'inimitié et la haine de ceux auxquels il avait confié sa vigne.

Le Seigneur termine cette partie de l'histoire de l'homme sur le fait de chercher du fruit et de n'en point trouver. Il place l'homme dans une certaine position religieuse, en lui donnant beaucoup d'avantages extérieurs, en conséquence desquels, il s'attend à du fruit.

Or, chers amis, il y a bien des âmes qui regardent cette position comme la leur; le terrain sur lequel ils veulent avoir affaire avec Dieu, est celui de chercher à lui rendre du fruit. Ils sentent que Dieu leur a donné certains avantages spirituels, l'occasion d'entendre sa Parole et d'autres privilèges analogues, et que, en retour, ils devraient lui donner du fruit. Et c'est bien là ce qu'ils devraient faire en effet. Mais alors, quoique ceux-ci ne soient pas dans un état d'âme semblable à celui des cultivateurs qui ont tué l'héritier, ils se trompent, et cela entièrement, sur le principe selon lequel Dieu agit. Et ce n'est pas tout, car l'âme peut même voir, en Christ lui-même, quelqu'un qui cherche du fruit, tout comme si elle était sous la loi et les prophètes. Elle voit dans la perfection de Christ une exigence, dans l'amour une exigence: elle pense que si Dieu l'a tant aimée que de donner son Fils, que si Christ l'a aimée jusqu'à verser son sang, Dieu doit exiger d'elle du fruit. Cela est certainement vrai, dans un sens, mais l'acte de demander du fruit, n'en produit pas. Assurément on doit trouver du fruit chez tout croyant, mais si nous nous tenons devant Dieu sur le principe d'avoir à répondre à sa demande de fruits, c'en est fait de nous. Autre chose est, qu'il y ait une demande de fruit; autre chose, que le fruit soit produit par l'oeuvre de l'Esprit sur l'âme.

De plus, je dirais que là où il y a droiture et sincérité de coeur, et où la conscience est touchée par le témoignage de l'amour de Dieu, en voyant l'infinie grandeur de cet amour, manifesté dans le Fils de Dieu, descendu du ciel pour mourir sur la croix, le seul effet qui est produit, dans la voie de l'exigence, c'est de faire dire: s'il n'y a pas d'autres moyens, c'en est entièrement fait de moi. Et sur ce principe en effet, c'en est fait d'elle, je le répète, l'âme voit l'amour, mais elle voit aussi les droits infinis que cet amour a sur elle et que, par conséquent, elle est perdue et perdue sans espoir. Tout cela découle du principe que Dieu réclame du fruit. Il y a le sentiment du grand amour de Dieu en livrant son Fils à la mort pour des pécheurs — l'âme voit en cela sa miséricorde et sent qu'elle devrait, en retour de cet amour, produire le fruit que Dieu cherche, mais elle ne le fait pas; par conséquent, tout cet exercice de l'âme n'aboutit à rien autre qu'au sentiment d'une condamnation et d'un jugement mérités. Une demande amène toujours à sa suite le jugement, lorsque celui à qui cette demande est adressée, est incapable d'y satisfaire. Si Dieu agit envers nous sur le principe de l'exigence, le résultat en est de nous proclamer coupables, en ce que nous n'avons pas répondu à tout ce que Dieu avait le droit d'exiger de nous.

Nous avons fait de l'amour de Dieu en Christ une loi plus sévère et plus terrible que celle qui a été donnée par Moïse, lorsque l'âme se place sous l'exigence de cet amour, et en conséquence nous nous sentons condamnés et nous tombons dans le désespoir. Le Seigneur avait mis l'homme à l'épreuve par la loi, et cela n'a abouti qu'au jugement. Plus vous élevez les droits de Dieu, plus vous augmentez votre condamnation. Si vous mettez l'amour de Dieu à la place de la loi, plus l'amour qui a été manifesté est grand, plus vous êtes coupable en ne répondant pas aux droits de cet amour.

Dans le commencement du chapitre suivant, tout est changé. Il n'est plus du tout question de droit, Dieu est présenté comme agissant selon un tout autre principe.

«Et Jésus, répondant, leur parla encore en paraboles, disant: Le royaume des cieux a été fait semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Et il envoya ses esclaves, pour convier ceux qui étaient invités aux noces, et ils ne voulurent pas venir» (versets 1-3). C'est vrai, ils ne voulurent pas venir; mais il ne s'agit pas du tout ici de certaines exigences adressées à la conscience des hommes.

C'est quelque chose que fait le roi et à quoi il invite. Il leur dit qu'il va glorifier son fils, et que pour cela il doit avoir, autour de la table de noces de son fils, tout ce qui peut rendre ces noces glorieuses et bénies — tout ce qui sied à la gloire de ce fils. Tout est grâce. Il est clair que, dans un cas pareil, tout vient de la personne qui donne la fête — il ne pouvait évidemment pas y avoir chez les invités la moindre pensée qu'ils dussent pourvoir eux-mêmes à leur nourriture. C'eût été une insulte faite au roi. Il ne peut donc y avoir ici aucune idée de droits, ni même la supposition que les invités pussent apporter quoi que ce fût pour la fête, ou la pensée de pouvoir la rendre plus tard d'une manière digne de leur hôte. Tout est fait par celui qui invite et je le répète, toutes ces pensées eussent été une insulte positive.

Cette parabole donc ne nous présente pas la question des voies de Dieu envers la conscience naturelle de l'homme, ni celle du propriétaire de la vigne qui cherche du fruit et n'en trouve point (le Seigneur en a entièrement fini avec ces sujets dès la fin du chapitre précédent), mais il nous montre le roi agissant selon les richesses de sa propre maison, dans le but de glorifier son fils.

C'était là la pensée du roi en préparant le souper — était-ce seulement pour satisfaire et réjouir certaines personnes? Non, — c'était pour son fils. Et afin de glorifier ce fils, il doit y avoir une ample bénédiction à cette table — que dirai-je? — des visages heureux autour d'elle, des coeurs sans aucun souci, sans une ombre d'anxiété, exempts de toute méfiance à l'égard de son amour. Les noces de son fils doivent être honorables en étant accompagnées de tout cela.

L'application de cette parabole est aussi simple que possible.

Et c'est là le principe suivant lequel Dieu agit dans l'Evangile, ce n'est pas en demandant du fruit (je ne dis pas qu'il ne produise pas de fruit), mais ce n'est pas du tout ici le principe d'exigence sous aucune forme.

L'homme a complètement manqué, non seulement en ne produisant pas du fruit, mais aussi en ne reconnaissant pas le droit que Dieu a sur lui, et s'il reconnaît ce droit, il tombe par cela même dans le désespoir. J'ai parlé de cet état. Mais maintenant tout cela est fini, entièrement fini, et Dieu est présenté comme se glorifiant Lui-même en ayant des hommes rendus heureux autour de SON FILS.

Si je dis un mot, ou si j'ai une pensée à l'égard du droit, en rapport avec le principe de ma position devant Dieu (quoique j'admette pleinement le principe), cela détruit tout le fondement sur lequel Dieu agit dans la plénitude de sa grâce. Il est parfaitement clair que celui qui aurait entretenu un instant la pensée qu'il doit pourvoir à sa part du festin, n'aurait aucun vrai sentiment de l'honneur de la personne qui l'invitait à ce festin (l'homme qui aurait apporté sa part eût été retenu à la porte), il aurait montré un mépris complet de celui qui donnait le souper, et du souper lui-même.

Et il est vrai aussi, en outre, que si un des hôtes invités par le Roi, étant un homme riche, avait jugé devoir s'y présenter en précieux vêtements, de sa propre garde-robe; ou, d'un autre côté, que si un pauvre eût essayé d'y porter ses baillons: dans l'un et l'autre cas, c'eût été également une insulte pour le roi, un mépris de la robe fournie par lui et du festin auquel ils étaient conviés. Celui qui invite aux noces est le seul qui puisse fournir aux hôtes une robe convenable pour s'y asseoir. Ainsi donc, soit la pensée de notre capacité d'entrer (quoi que nous puissions être en nous-mêmes), soit la crainte que notre état nous en exclue, sont également mises de côté. Notre bénédiction dépend d'une seule chose, la suffisance et la grâce de Celui qui invite.

«Il envoya encore d'autres esclaves, disant: Dites aux conviés: Voici, j'ai apprêté mon dîner; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués et tout est prêt: venez aux noces. Mais eux, n'en tenant point de compte, s'en allèrent, l'un à son champ, et un autre à son trafic. Et les autres, s'étant saisis de ses esclaves, les outragèrent et les tuèrent. Et le roi, l'ayant entendu, en fut irrité; et ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville» (versets 4-7). Ici encore nous avons un exemple de la patience de Dieu, et aussi un témoignage de ce qu'est le coeur de l'homme. De même que le Seigneur s'était auparavant adressé aux Juifs sur le principe du droit de Dieu à demander du fruit, par le ministère des prophètes et par son Fils, de même maintenant Il vient à eux sur cet autre principe de l'invitation au «souper de noces, et ils n'en tinrent point de compte».

«Tout est prêt» (c'est-à-dire, il n'y a plus rien à faire) — c'était là le message spécial des apôtres après la résurrection de Christ. Le festin était prêt. L'état du coeur de l'homme se manifeste, non seulement en méconnaissant le droit de Dieu, mais aussi en dédaignant la grâce de Dieu et en tuant ses témoins. L'indifférence d'un pécheur, qui lui ferait mépriser la grâce du roi, est exactement ce qui, en principe, lui ferait tuer le Fils. «Ils s'en allèrent», dans les deux cas.

Mais nous avons ensuite cette vérité bénie, c'est que Dieu n'a pas abandonné un seul atome de la plénitude de son amour ou de ses conseils de grâce en ce qui regarde son Fils. Il agit selon ce principe: «Il faut que j'aie des hommes autour de moi, et des hommes heureux; les noces de mon Fils doivent être honorables».

Oui, Dieu, pour parler ainsi, doit avoir sa Maison pleine. — Alors il dit à ses esclaves: Les noces sont prêtes, mais les conviés n'en étaient pas dignes; allez donc aux carrefours des chemins, et autant de gens que vous trouverez, conviez-les aux noces. Et ces esclaves là, sortant par les chemins, assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, tant mauvais que bons, et la salle des noces fut remplie de gens qui étaient à table» (versets 8-10). C'est l'évangile qui est maintenant proclamé dans le monde le grand caractère de l'évangile.

Le premier principe, c'est la pleine expansion de la grâce, l'activité de l'amour de Dieu, qui s'exerce dans le monde et qui amène les hommes à participer aux bénédictions que lui-même a préparées. Son amour sort, en simple grâce, pour trouver «bons ou mauvais», comme il est dit, afin qu'ils aient part aux biens de sa maison. C'est le principe selon lequel Dieu agit dans l'évangile. Il est clair que c'est Lui qui pourvoit à tout. Il ne demande pas du fruit, mais il prépare la bénédiction.

«Et le roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, y vit un homme qui n'était pas vêtu d'une robe de noces. Et il lui dit: Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces?Et il eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs: Liez-le pieds et mains, emportez-le et le jetez dans les ténèbres de dehors: Là seront les pleurs et les grincements de dents» (versets 11-13). Ici nous trouvons un triste fait — non pas le principe des voies de Dieu, mais un fait. Un seul cas suffit pour exposer le principe. La «robe de noces» était là, elle était mise par le roi à la disposition des convives, pour pouvoir être admis à la salle du festin et avoir part à la joie qui y régnait; le Roi prend connaissance de tous les assistants, et il en est un qui ne possède pis Christ. Sa présence avait pour unique effet de montrer plus distinctement, de prouver toujours mieux, qu'il n'avait rien à faire avec les «noces», car il n'avait pas la «robe de noces». Il aurait pu porter le vêtement le plus élégant, mais que son costume fût des plus magnifiques, ou qu'il consistât dans les plus vils haillons du pays, tels que ceux du mendiant le plus pauvre, peu importait — ce n'était pas la «robe de noces».

Si nous ne sommes pas «en communion d'esprit avec les «noces du Fils», cela prouve évidemment que nos coeurs ne sont pas initiés à ce que Dieu fait. Le principe de toute la chose est impliqué dans la question: «Comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noce?» Dieu, dans ses voies envers nous, a abandonné le principe du droit; il ne demande rien, et, plus que cela, il ne veut rien recevoir de nous. Nous ne pouvons avoir la prétention de lui apporter quoique ce soit; si nous l'avions, ce serait un outrage que nous Lui ferions.

Nos coeurs, chers amis, ont-ils bien compris quelle est la grande pensée de Dieu — savoir son Fils — que son coeur est occupé à glorifier son Fils et cela par la joie de ceux qui sont amenés aux «noces?» Plus une âme, qui n'est pas pénétrée de l'esprit des «noces», serait près du Fils, plus elle serait rapprochée de ceux qui sont autour de la table, plus il serait manifeste que ce n'est pas là sa place, qu'elle n'a rien à y faire.

Les hôtes étaient-ils à cette table seulement dans le but de faire un festin? Assurément non! Ils étaient là pour les «noces du fils» et pour lui faire honneur. A moins que nos pensées et nos esprits ne soient revêtus de Christ, plus nous serions près, plus il paraîtrait évident que nous n'avons rien à faire avec cette fête. Pour être là et présent à la table, nous devons être capables d'entrer dans l'esprit de cette pensée qui gouverne (pour ainsi dire) Dieu lui-même dans tous ses conseils: la gloire de son propre Fils.

Celui qui, en se rendant à la noce, ne penserait qu'au festin, serait bien étranger à l'esprit de la chose — et l'homme qui apporterait quelque chose pour contribuer au repas, insulterait celui qui donne la fête, personne n'ayant besoin de rien recevoir de lui.

La vraie intelligence de ce fait, que Dieu glorifie son Fils Jésus, a pour effet de bannir de nos esprits toute autre pensée. Que nous soyons les pécheurs les plus vils et les plus méchants en nous-mêmes, (comme Paul dit «desquels, je suis le premier»), toute anxiété sera ôtée de nos coeurs, ainsi que tout malaise, toute incertitude, parce que l'invitation est faite. Et c'est Dieu qui pourvoit à tout dans la maison, au «vêtement de noces», à la robe qui convient à sa propre présence. Supposons que l'invitation du roi fût parvenue à quelque homme pauvre, couvert de haillons, aurait-il dit: «Oh! cela ne peut être pour moi, je suis un homme pauvre?» C'était là l'affaire du roi; — ou dirait-il: «Je ne puis entrer dans le palais du roi tel que je suis, mes vêtements ne sont pas convenables, pour paraître en sa présence?» — N'importe, dis-je, c'était là l'affaire du roi, et c'était, le roi qui l'avait invité. Il se rendrait à l'invitation du roi dès l'instant qu'il y croirait, car la seule chose qui était nécessaire pour le rendre propre à s'asseoir à la table des noces, était ce à quoi le roi lui-même avait pourvu et il pouvait compter sur le roi pour cela.

Bien-aimés, c'est là tout ce que nous avons à faire. «Les conviés n'en étaient pas dignes», mais il faut que la salle soit remplie. Certainement nous devons apprendre, tous les jours davantage, à connaître les bénédictions attachées à la maison du Roi, et nous estimerons comme une grande grâce la faveur d'être là, mais toute l'affaire est: Dieu glorifie son Fils Jésus, et nous n'avons rien à faire qu'à nous réjouir en sa grâce. C'est Lui qui a pensé aux «noces» de son Fils, Lui qui a pensé aussi aux vêtements des invités (qui a pourvu à tout ce qui était nécessaire pour rendre les conviés capables et dignes d'y participer) et nous n'avons rien à faire, sinon d'en avoir fini avec notre moi, et d'être uniquement préoccupés de la dignité de Celui qui nous a invités.

Notre titre pour être à la fête, c'est l'invitation de Celui qui glorifie sa grâce dans les noces de son Fils». Quel sentiment indigne que de mettre cela en question même un seul instant. Il a donné son Fils — il a envoyé son Fils sur la scène de notre péché et de notre misère, pour porter sur la croix la colère que nous avions méritée. — Il l'a ressuscité d'entre les morts. — Que craignez-vous? La pensée du besoin que vous avez d'être dignes de Lui vous fait-elle hésiter et dire: «Oh! l'état de mon âme n'est pas tel qu'il convient à quelqu'un qui est appelé au «souper des noces du FILS DU ROI!» N'importe, dans ce sens, ce qu'est l'état de votre âme; «ils assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, tant mauvais que bons». N'importe, si, invité par le Roi, que l'invitation vous rencontre dans les carrefours des chemins «comme un mendiant, ou comme un prince, pour parler ainsi. De quoi doutez-vous encore? — Dieu s'est-il trompé en vous invitant? — Assurément vous n'êtes pas digne d'être devant le Roi, mais il vous a appelé sans s'attendre à trouver aucune dignité en vous; avant de vous appeler, il connaissait l'indignité de votre coeur.

Il appelle des pécheurs par un amour qui s'est montré plus fort que la mort. Le FILS de Dieu s'est abaissé jusqu'à la mort pour des pécheurs — le FILS de Dieu s'est soumis à la colère de Dieu pour des pécheurs. Qu'y avait-il de plus à faire? Christ est ressuscité et il est vivant à la droite de Dieu. «Tout est prêt — venez aux noces!»

Dieu invite sur le fondement de ce qui a été fait, non pas sur celui de quoi que ce soit qui doive encore être fait. La seule question que nous ayons à nous adresser est celle-ci: Est-ce que nos coeurs se sont soumis, oui ou non, à sa justice? Assurément, c'est ce que Lui donne qui produit du fruit. Si au «souper de noces», le Roi désire que soucis, péchés et angoisses, soient tous oubliés, — c'est parce qu'il veut avoir autour de son Fils des visages heureux, des coeurs exempts de toute défiance, de tout doute. Tout peut alors être oublié, excepté que nous sommes là. Si vous le comprenez, chers amis, je vous demande: Vos âmes sont-elles heureuses, vos faces brillent-elles de joie, maintenant, — parce que vous savez que votre place est d'être assis autour de cette table?

Le coeur de Dieu est occupé de la gloire de Christ en rapport avec la joie et la bénédiction de ceux dont les coeurs se sont soumis à sa justice et il y a pourvu.

Si vos coeurs sont occupés de la gloire de Christ, vous ne penserez pas, dans un sens, à ce que vous êtes ou à ce que vous étiez, vos pensées se fixeront sur les bénédictions auxquelles vous êtes amenés par grâce, et dont Christ est la source et le centre, dans la présence de Dieu.