Si toutes choses n'étaient pas entièrement hors
de l'ordre, si tous les principes de la nature humaine n'étaient pas éloignés
de Dieu, il n'y aurait pas lieu à toute la peine que Dieu prend, et dont
ces chapitres nous parlent (et cela, après tout, avec de si étranges résultats); il n'y aurait pas lieu à ces efforts, si pénibles, dans
un sens, et si persévérants, dans un autre, pour ramener à Lui les hommes. On
aurait pu supposer, comme on le voit parfois dans le cas d'un enfant
volontaire, que dès que la voix d'amour et de supplication de la part du père
serait entendue, une obéissance instantanée eût été produite, parce que le
sentiment de la relation était là. Mais non — ces efforts constants, ce «changement de langage» (comme on le voit chez Paul) ne
servent qu'à montrer que tout sentiment de relation entre l'homme et Dieu est
perdu. Cette voix n'atteint aucun ressort, elle ne fait vibrer aucune corde —
elle ne trouve point d'écho dans le coeur. S'il y a
l'apparence d'une réponse, ce n'est qu'hypocrisie. Je ne dis pas que Dieu ne
puisse changer le coeur, mais le coeur
est complètement éloigné de Dieu.
Dans ces chapitres le Seigneur rappelle,
avec autant de clarté que de plénitude, ces efforts variés et leurs résultats,
relativement, soit à la responsabilité de l'homme, soit aux voies de sa propre grâce; et Il le fait de la manière la plus simple, en
faisant appel à la conscience de l'homme tel qu'il est.
Nous lisons: «Et
quand il fut entré au temple, les principaux sacrificateurs et les anciens du
peuple vinrent à lui, comme il enseignait, disant: Par quelle autorité fais-tu
ces choses, et qui t'a donné cette autorité» (verset 23)? — Dieu vient dans le
monde pour faire du bien et l'homme demande: par
quelle autorité Dieu fait du bien dans le monde! Jésus avait montré sa
puissance auparavant (versets 12-14), mais maintenant Il enseignait
paisiblement dans le temple. Ils étaient vexés, de voir enlever le voile
d'hypocrisie et le doigt de Dieu se montrant en purifiant le temple des choses,
par le moyen desquelles ils en avaient fait une maison de marché et c'est pour
cela qu'ils lui adressent cette question. Le Seigneur n'en appelle point à un miracle
— Il en avait fait suffisamment; — mais Jésus
répondant, leur dit: «Je vous demanderai, moi aussi, une chose; et si vous me
la dites, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais ces choses: Le
baptême de Jean, d'où était-il? du ciel ou des hommes? Et ils
raisonnaient en eux-mêmes, disant: Si nous disons: du
ciel; il nous dira: Pourquoi donc ne l'avez-vous pas cru? (car Jean a rendu témoignage à Jésus). Et si nous disons: des hommes; nous craignons la foule, car tous
tiennent Jean pour prophète» (versets 24-26). C'est ainsi que, tout à la fois,
Il manifeste l'état réel de leur conscience par le moyen de la question que,
selon sa divine sagesse, Il leur adresse comme réponse. «Et
répondant, ils dirent à Jésus: Nous ne savons. Et il leur dit: Moi, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité
je fais ces choses» (verset 27).
Ainsi dès le début, Il place cette grande
vérité devant tous: que la conscience de l'homme
est mauvaise en ne se soumettant pas à la justice de Dieu. Et c'est ce qui
est toujours le cas. L'homme ne peut nier que toutes
bonnes choses viennent du ciel, mais il ne veut pas croire. Poussés à
bout (regardez au cas extrême de l'infidélité) les hommes aiment mieux
les ténèbres que la lumière, comme il est dit (Romains 1):
«Et comme ils n'ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu,
Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de sens moral, etc.». Après en avoir
fait une application directe à leur conscience, Il pouvait maintenant leur dire
ce qui suit: «Mais que vous semble-t-il? un homme
avait deux enfants, et venant au premier, il lui dit: «Mon enfant, va-t'en
aujourd'hui travailler dans ma vigne. Mais répondant, il dit:
Je ne veux pas; mais après, ayant du remords, il y alla. Et venant au second,
il lui dit la même chose; et celui-ci répondant, dit:
Moi, j'y vais, Seigneur; et il n'y alla pas. Lequel des deux fit la volonté du père? Et ils disent: Le premier. Et
Jésus leur dit: En vérité, je vous dis que les
publicains et les prostituées vous devancent au royaume de Dieu. Car Jean est
venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l'avez pas cru; mais les publicains et les prostituées l'ont cru; et
vous, l'ayant vu, vous n'en avez point eu de remords ensuite pour le croire»
(versets 28-32).
Dans cette première parabole, le Seigneur
présente un cas qui a rapport à la différence qu'il y a entre la justice
extérieure et le pécheur repentant, entre l'homme qui traverse le monde
honnêtement, désirant avoir bonne apparence, et celui qui, en agissant contre
toutes les lois de la conscience naturelle, pèche volontairement, et puis se
repent.
Dans le second fils, nous avons la
description du caractère général des honnêtes gens — ils se conduisent
décemment et extérieurement selon l'ordre, ils professent de reconnaître la volonté
de Dieu et de servir Dieu; ils disent: «Je
vais, Seigneur», mais, après tout, du matin au soir et du soir au matin,
ils sont occupés à faire leur propre volonté et rien autre.
L'autre fils prenait positivement plaisir à
faire sa propre volonté (ce qui est précisément, hélas!
le tableau de l'opiniâtreté du coeur humain) — il
disait: «Je ne veux pas — il prenait son plaisir à transgresser toute
justice eu égard à la relation entre lui et son père», mais cependant il en
avait conscience et plus tard, il reconnut, qu'il l'avait transgressée (non pas
seulement qu'il avait fait une mauvaise chose, mais qu'il avait désobéi à son père)
et il s'en repentit.
Le juif propre juste, malgré toute sa
profession, n'avait point égard à la justice de Dieu;
mais les publicains et les prostituées avaient cru Jean. Or les premiers (les
publicains) n'avaient point égard aux ordonnances de Dieu;
ni les dernières aux règles les plus communes d'une vie décente; mais quand ils
entendirent la prédication de Jean, qui venait dans le chemin de la justice,
ils se repentirent; et cette repentance, en touchant la racine de tout péché,
se rapportait, non seulement aux actes de péché, mais à Celui contre lequel ils
avaient péché. L'un, décent et brave, reconnaissait Dieu et en restait là. Les
autres, indécents et scandaleux, péchaient contre Dieu, mais ils se repentirent
et allèrent.
Ils ne reconnaissent pas seulement
certaines fautes particulières, des péchés dans leur conduite, mais le péché
envers Dieu; ils sentent qu'ils ont manqué en ne
donnant pas à Dieu ce qui lui était dû.
Nous voyons donc, que la seule repentance
que Dieu avoue est celle qui renferme la connaissance du péché et la
connaissance de Lui-même, comme de Celui envers qui nous avons péché. L'état,
dans lequel les publicains et les prostituées se trouvaient, les amena à cette
certitude que, si Dieu parlait, ils n'avaient rien à dire pour se justifier,
ils ne pouvaient rien faire, si ce n'est (comme dit Job) de mettre la main sur
la bouche et de dire: «Je suis un homme vil».
Et c'est ce qu'ils firent, tandis que les scribes et les pharisiens restèrent
aussi insensibles que possible, non seulement à l'égard de la parole de Dieu,
mais aussi à l'égard de la pleine efficace de la grâce de Dieu;
ils y étaient aussi insensibles que s'il n'eût jamais existé chose pareille.
C'est la première partie — le premier cas
des voies de Dieu envers l'homme, mis ici devant nos yeux par notre Seigneur.
Ensuite nous avons, d'abord, certaines
voies sur le principe de la responsabilité, puis des voies sur le
principe de la grâce: — l'une dans la dernière
partie du chapitre 21, l'autre dans la première partie du chapitre 22.
Premièrement, quant à la responsabilité, —
le Seigneur dit: «Ecoutez une autre parabole: Il y
avait un homme, maître d'une maison, qui planta une vigne et l'environna d'une
clôture, et y creusa un pressoir, et y bâtit une tour et la loua à des
cultivateurs, et s'en alla hors du pays. Et lorsque la saison des fruits
s'approcha, il envoya ses esclaves aux cultivateurs pour en recevoir ses fruits» (versets 33, 34). Ils est
clair que ceci s'applique au peuple juif, tout d'abord, cependant, quant au
principe général de la parabole, cela est vrai de tous ceux qui ont entendu le
nom de Christ, et qui ont refusé de croire en Lui. Il ne s'agit pas seulement
ici d'un cas de relation, comme entre un fils et son père (comme nous l'avons
vu plus haut), mais il y a ici un appel à la conscience des hommes, sur le
fondement de certaines choses que Dieu a faites. C'est Dieu qui avait planté la
vigne,- qui l'avait environnée d'une clôture — qui y avait creusé un pressoir —
bâti une tour et qui l'avait louée à des cultivateurs; il avait mis cette vigne
entre les mains de certaines gens, et ayant beaucoup fait pour elle (toutes les
choses qu'il avait faites pour les Juifs, comme nous le voyons presque dans les
mêmes termes, en Esaïe 5: 5), il s'attendait naturellement, à ce qu'elle
rapportât des grappes pour lui. Il en est ainsi, quant au principe général,
dans la chrétienté. Ce n'est pas seulement une question de conscience
naturelle, Dieu a confié quelque chose aux cultivateurs.
C'était une chose nouvelle. Il
n'abandonnait pas les hommes à la lumière de leur conscience naturelle — il
avait pris le plus de peine possible pour eux, il avait tout fait, au point
qu'il dit: «Qu'y avait-il plus à faire à ma vigne que
je ne lui aie fait?» et puis, les plaçant sur le
principe de la responsabilité, il vient chercher du fruit. Nous verrons tout à
l'heure que Dieu a abandonné ce terrain. Il produit du fruit, mais il a
abandonné le principe de chercher du fruit.
Dieu avait fait tout ce qu'il était
possible de faire pour le peuple juif, considéré comme sa vigne, et ce qu'il
attendait naturellement d'eux, c'est qu'ils produisissent des grappes. Il
envoie d'abord les prophètes (les prophètes sont envisagés ici comme cherchant
du fruit), «et les cultivateurs ayant pris ses esclaves, battirent l'un,
tuèrent l'autre, et en assommèrent un autre de pierres. Il envoya encore
d'autres esclaves en plus grand nombre que les premiers, et ils leur en firent
de même. Enfin il envoya vers eux son fils, disant:
Ils auront du respect pour mon fils» (versets 35-37).
Nous voyons Christ Lui-même les prendre sur
ce terrain. Il vient, non pas pourtant, quant au résultat final ou à
l'intention, chercher du fruit dans sa vigne (ce n'est pas une question de
grâce) et étant venu chercher du fruit, ils disent:
Nous voulons nous débarrasser de ce fils». Mais les cultivateurs voyant
le fils, dirent entre eux: Celui-ci est l'héritier;
venez, tuons-le, et saisissons-nous de son héritage. Et l'ayant pris, ils le
jetèrent hors de la vigne et le tuèrent» (versets 38,
39).
La fin de la responsabilité et de toute
cette longanimité de Dieu envers le peuple juif sur ce terrain fut, qu'ils se
réjouissent de pouvoir tuer l'héritier, afin qu'ils pussent se saisir de son
héritage. «Quand donc le Seigneur de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces cultivateurs-là? Ils lui disent:
Il fera périr misérablement ces méchants» etc. (versets 40, 41).
Nous remarquons ici de nouveau ce grand
principe que, de quelque manière que Dieu cherche une réponse de la part de
l'homme, il n'en trouve point. Dieu attend du fruit de ce qu'il a planté
et cultivé dans ce monde, mais Dieu ne peut point obtenir de fruit de la
part de l'homme. La volonté des cultivateurs y était entièrement
opposée. Ils ne reconnaissaient pas le droit de Dieu sur sa vigne; ils voulaient l'avoir pour eux. La volonté
était entièrement et absolument mauvaise. En réalité les cultivateurs étaient
opposés à celui qui avait planté la vigne et par conséquent la relation n'était
pas reconnue. Le seul effet des ordonnances, que Dieu avait données, était de
mettre à découvert l'inimitié et la haine de ceux auxquels il avait confié sa
vigne.
Le Seigneur termine cette partie de
l'histoire de l'homme sur le fait de chercher du fruit et de n'en point
trouver. Il place l'homme dans une certaine position religieuse, en lui donnant
beaucoup d'avantages extérieurs, en conséquence desquels, il s'attend à du
fruit.
Or, chers amis, il y a bien des âmes qui
regardent cette position comme la leur; le terrain sur
lequel ils veulent avoir affaire avec Dieu, est celui de chercher à lui
rendre du fruit. Ils sentent que Dieu leur a donné certains avantages
spirituels, l'occasion d'entendre sa Parole et d'autres privilèges analogues,
et que, en retour, ils devraient lui donner du fruit. Et c'est bien
là ce qu'ils devraient faire en effet. Mais alors, quoique ceux-ci ne
soient pas dans un état d'âme semblable à celui des cultivateurs qui ont tué l'héritier,
ils se trompent, et cela entièrement, sur le principe selon lequel Dieu agit.
Et ce n'est pas tout, car l'âme peut même voir, en Christ lui-même, quelqu'un
qui cherche du fruit, tout comme si elle était sous la loi et les
prophètes. Elle voit dans la perfection de Christ une exigence, dans
l'amour une exigence: elle pense que si Dieu
l'a tant aimée que de donner son Fils, que si Christ l'a aimée jusqu'à verser
son sang, Dieu doit exiger d'elle du fruit. Cela est certainement vrai,
dans un sens, mais l'acte de demander du fruit, n'en produit pas.
Assurément on doit trouver du fruit chez tout croyant, mais si nous nous tenons
devant Dieu sur le principe d'avoir à répondre à sa demande de fruits, c'en est
fait de nous. Autre chose est, qu'il y ait une demande de fruit; autre chose, que le fruit soit produit par l'oeuvre de l'Esprit sur l'âme.
De plus, je dirais que là où il y a
droiture et sincérité de coeur, et où la conscience
est touchée par le témoignage de l'amour de Dieu, en voyant l'infinie grandeur
de cet amour, manifesté dans le Fils de Dieu, descendu du ciel pour mourir sur
la croix, le seul effet qui est produit, dans la voie de l'exigence,
c'est de faire dire: s'il n'y a pas d'autres moyens,
c'en est entièrement fait de moi. Et sur ce principe en effet, c'en est fait
d'elle, je le répète, l'âme voit l'amour, mais elle voit aussi les droits
infinis que cet amour a sur elle et que, par conséquent, elle est perdue et
perdue sans espoir. Tout cela découle du principe que Dieu réclame du fruit.
Il y a le sentiment du grand amour de Dieu en livrant son Fils à la mort pour
des pécheurs — l'âme voit en cela sa miséricorde et sent qu'elle devrait,
en retour de cet amour, produire le fruit que Dieu cherche, mais
elle ne le fait pas; par conséquent, tout cet exercice
de l'âme n'aboutit à rien autre qu'au sentiment d'une condamnation et d'un
jugement mérités. Une demande amène toujours à sa suite le jugement,
lorsque celui à qui cette demande est adressée, est incapable d'y satisfaire.
Si Dieu agit envers nous sur le principe de l'exigence, le résultat en
est de nous proclamer coupables, en ce que nous n'avons pas répondu à tout ce
que Dieu avait le droit d'exiger de nous.
Nous avons fait de l'amour de Dieu en
Christ une loi plus sévère et plus terrible que celle qui a été donnée par
Moïse, lorsque l'âme se place sous l'exigence
de cet amour, et en conséquence nous nous sentons condamnés et nous tombons
dans le désespoir. Le Seigneur avait mis l'homme à l'épreuve par la loi, et
cela n'a abouti qu'au jugement. Plus vous élevez les droits de Dieu, plus
vous augmentez votre condamnation. Si vous mettez l'amour de Dieu à la
place de la loi, plus l'amour qui a été manifesté est grand, plus vous êtes
coupable en ne répondant pas aux droits de cet amour.
Dans le commencement du chapitre suivant,
tout est changé. Il n'est plus du tout question de droit, Dieu est
présenté comme agissant selon un tout autre principe.
«Et
Jésus, répondant, leur parla encore en paraboles, disant: Le royaume des cieux
a été fait semblable à un roi qui fit des noces pour son fils. Et il envoya ses
esclaves, pour convier ceux qui étaient invités aux noces, et ils ne voulurent
pas venir» (versets 1-3). C'est vrai, ils ne voulurent
pas venir; mais il ne s'agit pas du tout ici de
certaines exigences adressées à la conscience des hommes.
C'est quelque chose que fait le roi
et à quoi il invite. Il leur dit qu'il va glorifier son fils, et
que pour cela il doit avoir, autour de la table de noces de son fils, tout ce
qui peut rendre ces noces glorieuses et bénies — tout ce qui sied à la gloire
de ce fils. Tout est grâce. Il est clair que, dans un cas pareil,
tout vient de la personne qui donne la fête — il ne pouvait évidemment pas y
avoir chez les invités la moindre pensée qu'ils dussent pourvoir eux-mêmes à
leur nourriture. C'eût été une insulte faite au roi. Il ne peut donc y
avoir ici aucune idée de droits, ni même la supposition que les invités
pussent apporter quoi que ce fût pour la fête, ou la pensée de pouvoir
la rendre plus tard d'une manière digne de leur hôte. Tout est fait par
celui qui invite et je le répète, toutes ces pensées eussent été une insulte
positive.
Cette parabole donc ne nous présente pas la
question des voies de Dieu envers la conscience naturelle de l'homme, ni celle
du propriétaire de la vigne qui cherche du fruit et n'en trouve point (le
Seigneur en a entièrement fini avec ces sujets dès la fin du chapitre précédent),
mais il nous montre le roi agissant selon les richesses de sa propre maison,
dans le but de glorifier son fils.
C'était là la pensée du roi en préparant le
souper — était-ce seulement pour satisfaire et réjouir certaines personnes? Non, — c'était pour son fils. Et afin de
glorifier ce fils, il doit y avoir une ample bénédiction à cette table — que
dirai-je? — des visages heureux autour d'elle,
des coeurs sans aucun souci, sans une ombre
d'anxiété, exempts de toute méfiance à l'égard de son amour. Les noces de son
fils doivent être honorables en étant accompagnées de tout cela.
L'application de cette parabole est aussi
simple que possible.
Et c'est là le principe suivant lequel Dieu
agit dans l'Evangile, ce n'est pas en demandant du fruit (je ne dis pas
qu'il ne produise pas de fruit), mais ce n'est pas du tout ici le principe d'exigence
sous aucune forme.
L'homme a complètement manqué, non
seulement en ne produisant pas du fruit, mais aussi en ne reconnaissant pas le
droit que Dieu a sur lui, et s'il reconnaît ce droit, il tombe par cela même
dans le désespoir. J'ai parlé de cet état. Mais maintenant tout cela est fini,
entièrement fini, et Dieu est présenté comme se glorifiant Lui-même en ayant
des hommes rendus heureux autour de SON FILS.
Si je dis un mot, ou si j'ai une pensée à
l'égard du droit, en rapport avec le principe de ma position devant Dieu
(quoique j'admette pleinement le principe), cela détruit tout le fondement sur
lequel Dieu agit dans la plénitude de sa grâce. Il est parfaitement
clair que celui qui aurait entretenu un instant la pensée qu'il doit pourvoir à
sa part du festin, n'aurait aucun vrai sentiment de l'honneur de la personne
qui l'invitait à ce festin (l'homme qui aurait apporté sa part eût été retenu à
la porte), il aurait montré un mépris complet de celui qui donnait le souper,
et du souper lui-même.
Et il est vrai aussi, en outre, que si un
des hôtes invités par le Roi, étant un homme riche, avait jugé devoir s'y
présenter en précieux vêtements, de sa propre garde-robe;
ou, d'un autre côté, que si un pauvre eût essayé d'y porter ses baillons: dans
l'un et l'autre cas, c'eût été également une insulte pour le roi, un
mépris de la robe fournie par lui et du festin auquel ils étaient conviés. Celui
qui invite aux noces est le seul qui puisse fournir aux hôtes une robe
convenable pour s'y asseoir. Ainsi donc, soit la pensée de notre capacité
d'entrer (quoi que nous puissions être en nous-mêmes), soit la crainte que
notre état nous en exclue, sont également mises de côté. Notre bénédiction
dépend d'une seule chose, la suffisance et la grâce de Celui qui
invite.
«Il
envoya encore d'autres esclaves, disant: Dites aux conviés: Voici, j'ai apprêté
mon dîner; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués et tout est prêt: venez
aux noces. Mais eux, n'en tenant point de compte, s'en allèrent, l'un à son
champ, et un autre à son trafic. Et les autres, s'étant saisis de ses esclaves,
les outragèrent et les tuèrent. Et le roi, l'ayant entendu, en fut irrité; et ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces
meurtriers-là et brûla leur ville» (versets 4-7). Ici encore nous avons un
exemple de la patience de Dieu, et aussi un témoignage de ce qu'est le coeur de l'homme. De même que le Seigneur s'était
auparavant adressé aux Juifs sur le principe du droit de Dieu à demander du
fruit, par le ministère des prophètes et par son Fils, de même maintenant Il
vient à eux sur cet autre principe de l'invitation au «souper
de noces, et ils n'en tinrent point de compte».
«Tout
est prêt» (c'est-à-dire, il n'y a plus rien à faire) — c'était là le message
spécial des apôtres après la résurrection de Christ. Le festin était prêt.
L'état du coeur de l'homme se manifeste, non
seulement en méconnaissant le droit de Dieu, mais aussi en dédaignant
la grâce de Dieu et en tuant ses témoins. L'indifférence d'un pécheur,
qui lui ferait mépriser la grâce du roi, est exactement ce qui, en principe,
lui ferait tuer le Fils. «Ils s'en allèrent»,
dans les deux cas.
Mais nous avons ensuite cette vérité bénie,
c'est que Dieu n'a pas abandonné un seul atome de la plénitude de son amour ou
de ses conseils de grâce en ce qui regarde son Fils. Il agit selon ce principe: «Il faut que j'aie des hommes autour de moi, et
des hommes heureux; les noces de mon Fils doivent être honorables».
Oui, Dieu, pour parler ainsi, doit avoir sa
Maison pleine. — Alors il dit à ses esclaves: Les
noces sont prêtes, mais les conviés n'en étaient pas dignes; allez donc aux
carrefours des chemins, et autant de gens que vous trouverez, conviez-les aux
noces. Et ces esclaves là, sortant par les chemins,
assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, tant mauvais que bons, et la salle
des noces fut remplie de gens qui étaient à table»
(versets 8-10). C'est l'évangile qui est maintenant proclamé dans le monde le
grand caractère de l'évangile.
Le premier principe, c'est la pleine
expansion de la grâce, l'activité de l'amour de Dieu, qui s'exerce dans le
monde et qui amène les hommes à participer aux bénédictions que lui-même a
préparées. Son amour sort, en simple grâce, pour trouver «bons
ou mauvais», comme il est dit, afin qu'ils aient part aux biens de sa
maison. C'est le principe selon lequel Dieu agit dans l'évangile. Il est clair
que c'est Lui qui pourvoit à tout. Il ne demande pas du fruit, mais il prépare
la bénédiction.
«Et le
roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, y vit un homme qui n'était
pas vêtu d'une robe de noces. Et il lui dit: Ami,
comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces?Et
il eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs:
Liez-le pieds et mains, emportez-le et le jetez dans les ténèbres de dehors: Là
seront les pleurs et les grincements de dents» (versets 11-13). Ici nous
trouvons un triste fait — non pas le principe des voies de Dieu, mais un fait.
Un seul cas suffit pour exposer le principe. La «robe
de noces» était là, elle était mise par le roi à la disposition des convives,
pour pouvoir être admis à la salle du festin et avoir part à la joie qui y
régnait; le Roi prend connaissance de tous les assistants, et il en est un qui
ne possède pis Christ. Sa présence avait pour unique effet de montrer plus
distinctement, de prouver toujours mieux, qu'il n'avait rien à faire avec les «noces», car il n'avait pas la «robe de noces». Il
aurait pu porter le vêtement le plus élégant, mais que son costume fût des plus
magnifiques, ou qu'il consistât dans les plus vils haillons du pays, tels que
ceux du mendiant le plus pauvre, peu importait — ce n'était pas la «robe de noces».
Si nous ne sommes pas «en
communion d'esprit avec les «noces du Fils», cela prouve évidemment que
nos coeurs ne sont pas initiés à ce que Dieu fait. Le
principe de toute la chose est impliqué dans la question:
«Comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noce?» Dieu, dans ses
voies envers nous, a abandonné le principe du droit;
il ne demande rien, et, plus que cela, il ne veut rien recevoir de nous. Nous
ne pouvons avoir la prétention de lui apporter quoique ce soit;
si nous l'avions, ce serait un outrage que nous Lui ferions.
Nos coeurs, chers
amis, ont-ils bien compris quelle est la grande pensée de Dieu — savoir son
Fils — que son coeur est occupé à glorifier son
Fils et cela par la joie de ceux qui sont amenés aux
«noces?» Plus une âme, qui n'est pas pénétrée de l'esprit des «noces», serait près du Fils, plus elle serait
rapprochée de ceux qui sont autour de la table, plus il serait manifeste que ce
n'est pas là sa place, qu'elle n'a rien à y faire.
Les hôtes étaient-ils à cette table
seulement dans le but de faire un festin? Assurément non! Ils étaient là pour les «noces
du fils» et pour lui faire honneur. A moins que nos pensées et nos
esprits ne soient revêtus de Christ, plus nous serions près, plus il paraîtrait
évident que nous n'avons rien à faire avec cette fête. Pour être là et
présent à la table, nous devons être capables d'entrer dans l'esprit de cette
pensée qui gouverne (pour ainsi dire) Dieu lui-même dans tous ses conseils: la gloire de son propre Fils.
Celui qui, en se rendant à la noce, ne
penserait qu'au festin, serait bien étranger à l'esprit de la chose — et
l'homme qui apporterait quelque chose pour contribuer au repas, insulterait
celui qui donne la fête, personne n'ayant besoin de rien recevoir de lui.
La vraie intelligence de ce fait, que Dieu
glorifie son Fils Jésus, a pour effet de bannir de nos esprits toute
autre pensée. Que nous soyons les pécheurs les plus vils et les plus méchants
en nous-mêmes, (comme Paul dit «desquels, je suis le
premier»), toute anxiété sera ôtée de nos coeurs,
ainsi que tout malaise, toute incertitude, parce que l'invitation est
faite. Et c'est Dieu qui pourvoit à tout dans la maison, au
«vêtement de noces», à la robe qui convient à sa propre présence.
Supposons que l'invitation du roi fût parvenue à quelque homme pauvre, couvert
de haillons, aurait-il dit: «Oh! cela ne peut être pour
moi, je suis un homme pauvre?» C'était là l'affaire du roi;
— ou dirait-il: «Je ne puis entrer dans le palais du roi tel que je suis, mes vêtements
ne sont pas convenables, pour paraître en sa présence?» — N'importe, dis-je,
c'était là l'affaire du roi, et c'était, le roi qui l'avait invité. Il
se rendrait à l'invitation du roi dès l'instant qu'il y croirait, car la seule
chose qui était nécessaire pour le rendre propre à s'asseoir à la table des
noces, était ce à quoi le roi lui-même avait pourvu et il pouvait compter
sur le roi pour cela.
Bien-aimés, c'est là tout ce que nous avons
à faire. «Les conviés n'en étaient pas dignes», mais
il faut que la salle soit remplie. Certainement nous devons apprendre, tous les
jours davantage, à connaître les bénédictions attachées à la maison du Roi, et
nous estimerons comme une grande grâce la faveur d'être là, mais toute
l'affaire est: Dieu glorifie son Fils Jésus, et
nous n'avons rien à faire qu'à nous réjouir en sa grâce. C'est Lui qui a
pensé aux «noces» de son Fils, Lui qui a pensé
aussi aux vêtements des invités (qui a pourvu à tout ce qui était nécessaire
pour rendre les conviés capables et dignes d'y participer) et nous n'avons rien
à faire, sinon d'en avoir fini avec notre moi, et d'être uniquement
préoccupés de la dignité de Celui qui nous a invités.
Notre titre pour être à la fête, c'est
l'invitation de Celui qui glorifie sa grâce dans les noces de son Fils». Quel
sentiment indigne que de mettre cela en question même un seul instant. Il a
donné son Fils — il a envoyé son Fils sur la scène de notre péché
et de notre misère, pour porter sur la croix la colère que nous avions méritée.
— Il l'a ressuscité d'entre les morts. — Que craignez-vous?
La pensée du besoin que vous avez d'être dignes de Lui vous fait-elle
hésiter et dire: «Oh! l'état de mon âme n'est pas tel
qu'il convient à quelqu'un qui est appelé au «souper des noces du FILS DU ROI!»
N'importe, dans ce sens, ce qu'est l'état de votre âme;
«ils assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, tant mauvais que bons».
N'importe, si, invité par le Roi, que l'invitation vous rencontre dans les
carrefours des chemins «comme un mendiant, ou comme un
prince, pour parler ainsi. De quoi doutez-vous encore?
— Dieu s'est-il trompé en vous invitant? — Assurément
vous n'êtes pas digne d'être devant le Roi, mais il vous a appelé sans
s'attendre à trouver aucune dignité en vous;
avant de vous appeler, il connaissait l'indignité de votre coeur.
Il appelle des pécheurs par un amour qui
s'est montré plus fort que la mort. Le FILS de Dieu s'est abaissé jusqu'à la
mort pour des pécheurs — le FILS de Dieu s'est soumis à la colère de
Dieu pour des pécheurs. Qu'y avait-il de plus à faire?
Christ est ressuscité et il est vivant à la droite de Dieu. «Tout
est prêt — venez aux noces!»
Dieu invite sur le fondement de ce qui a
été fait, non pas sur celui de quoi que ce soit qui doive encore être fait. La
seule question que nous ayons à nous adresser est celle-ci:
Est-ce que nos coeurs se sont soumis, oui ou non,
à sa justice? Assurément, c'est ce que Lui donne qui produit du fruit. Si
au «souper de noces», le Roi désire que soucis, péchés
et angoisses, soient tous oubliés, — c'est parce qu'il veut avoir autour de son
Fils des visages heureux, des coeurs exempts de
toute défiance, de tout doute. Tout peut alors être oublié, excepté que nous
sommes là. Si vous le comprenez, chers amis, je vous demande:
Vos âmes sont-elles heureuses, vos faces brillent-elles de joie, maintenant,
— parce que vous savez que votre place est d'être assis autour de cette table?
Le coeur de Dieu
est occupé de la gloire de Christ en rapport avec la joie et la bénédiction de
ceux dont les coeurs se sont soumis à sa justice
et il y a pourvu.
Si vos coeurs
sont occupés de la gloire de Christ, vous ne penserez pas, dans un sens, à ce
que vous êtes ou à ce que vous étiez, vos pensées se fixeront sur les
bénédictions auxquelles vous êtes amenés par grâce, et dont Christ est
la source et le centre, dans la présence de Dieu.