Il y a dans cette épître une puissance particulière
pour fortifier et raffermir nos âmes, en même temps que pour nous garantir
contre les orgueilleuses prétentions des antichrists séducteurs. La Parole a
pourvu à tous nos besoins. La doctrine du salut, seule, ne suffit pas; elle a été corrompue. «Maintenant,
aussi», dit l'apôtre, «il y a plusieurs antichrists» (verset 18). «Et c'est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie
éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie» (5:
11, 12) ! «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que
nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont
touché de la Parole de vie (et la vie a été manifestée, et nous avons vu et
nous déclarons et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du
Père, et qui a été manifestée). — Et c'est ici le message que nous avons
entendu de Lui et que nous vous annonçons, savoir que Dieu est lumière et qu'il
n'y a en Lui nulles ténèbres. Si nous disons que nous avons communion avec Lui
et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas
la vérité; etc.» (1: 1-3, 5, 6).
Dieu se révèle Lui-même. L'homme est porté
à s'imaginer qu'il peut s'élever jusqu'à Dieu, et en trouvant que cette
connaissance est trop haute pour lui, il se perd dans les ténèbres et ne sait
plus où il est. Dans cette épître, le Saint Esprit nous conduit à ce qui peut
être «entendu et vu et contemplé et touché de la
Parole de vie». Lorsqu'il est dit: «Par ceci nous
avons connu l'amour», il est ajouté: «c'est que Lui a laissé sa vie pour nous,
et nous devons laisser nos vies pour nos frères» (3: 16). Et encore:
«En ceci a été manifesté l'amour de Dieu, c'est que Dieu a envoyé son Fils
unique au monde, afin que nous vivions par Lui; en ceci est l'amour, non en ce
que nous avons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima, et qu'il envoya son
Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous aima
ainsi, nous devons aussi nous aimer l'un l'autre. Personne ne vit jamais Dieu; si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en
nous, et son amour est accompli en nous. Par ceci nous savons que nous
demeurons en Lui et Lui en nous, c'est qu'il nous a donné de son Esprit; et nous avons vu et nous témoignons que le Père a
envoyé le Fils pour être le Sauveur de monde. Quiconque confessera que Jésus
est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu;
et nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous. Dieu est amour et
celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en Lui»
(4: 9-16). Du haut de ce que, par une intelligence mystérieuse, la pensée de
l'homme peut saisir de la Divinité et de la «demeure en Dieu», l'âme est
ramenée vers la propitiation; et ainsi l'essor le plus élevé de la pensée,
toute la hauteur de la doctrine, au sujet de notre demeure en Dieu et de celle
de Dieu en nous [et aucun séducteur ne saurait prétendre nous conduire plus
haut], sont rattachés à cette simple et précieuse vérité que «Dieu a tant aimé
le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne
périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3: 16), — et à la marche,
la plus simple et la plus naturelle pour le chrétien, dans l'amour fraternel et
la piété pratique. Après avoir dit que le chrétien demeure en Dieu et Dieu en
lui, la Parole revient à l'enseignement primitif pour les chrétiens les moins avancés: «Il est la propitiation pour nos péchés». Ici les
chrétiens les plus avancés et les plus simples se rencontrent, que dis-je? les plus avancés seront les plus simples et retourneront
constamment au sang. Celui qui a été enseigné de Dieu a appris à s'abaisser et
ne perd jamais la conscience de son néant. L'homme mystique pourra se
glorifier, mais celui qui a été amené par Christ à Dieu, sera nécessairement
humble.
C'est «Dieu
manifesté en chair» (1 Timothée 3: 16), ce n'est pas un Dieu mystique, et
ainsi l'âme est gardée contre l'erreur de la séduction. Il ne nous est pas
parlé de la vie seulement, mais de la vie manifestée. Nous sommes placés dans
la communion avec le Père, mais c'est par Christ. Il y a l'évidence morale la
plus positive, tellement qu'un homme ne peut s'y soustraire, si la vie est en
lui. Si cette vie n'est pas Christ, elle est ténèbres;
si elle est Christ, elle doit être jugée par Christ tel qu'il était ici-bas. «Ces choses sont écrites afin que notre joie soit accomplie»
(1: 4). Je ne puis avoir davantage. J'ai la vie éternelle;
j'ai la joie; j'ai la lumière, et tout cela en Christ. — Je puis arriver à
connaître davantage (c'est une autre chose); mais si
ma connaissance m'apporte quoi que ce soit de plus que le Père et le Fils, il y
a erreur.
Mais la vie de Christ se montre au dehors. «Celui qui dit qu'il demeure en lui doit lui-même aussi
marcher comme lui a marché. — «Encore une fois je vous
écris un commandement nouveau, ce qui est vrai en Lui et en vous, parce que les
ténèbres s'en vont et que la vraie lumière luit maintenant» (le voile est
déchiré et nous avons à demeurer dans la lumière). «Celui
qui dit qu'il est dans la lumière et qui hait son frère, est dans les ténèbres
jusqu'à maintenant etc.» (2: 6, 8-10). Si vous parlez, de connaissances, mes
frères, sans parler de l'amour, vous vous abusez vous-mêmes:
là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas Christ. La vie tout entière de Christ
a été amour.
Au verset 12, l'apôtre entre dans des
détails. «Je vous écris, petits enfants» (ceci
s'adresse à l'ensemble de ceux à qui il écrit, et il en est de même aux versets
1 et 18 — il les comprend tous), «parce que vos péchés vous sont pardonnés par
son nom». Au verset 13, l'apôtre s'adresse, d'une manière spéciale, aux «pères» (dénomination qui marque la plus grande maturité
dans la grâce); mais il n'a rien de plus à leur dire que: «Vous connaissez
celui qui est dès le commencement». Et ceci n'est pas une pensée énoncée à la
légère et comme en passant, car en s'adressant à eux une seconde fois, au
verset 14, il ne leur dit rien de plus élevé. Vienne qui voudra vous entretenir
de choses merveilleuses, vous ne pouvez aller au delà
ou au-dessus de cette parole: «Vous connaissez Celui
qui est dès le commencement». Il est instructif de remarquer combien peu le
Saint Esprit se sert d'adjectifs. — Quand il parle de Jésus, il n'ajoute aucune
épithète. Ce Nom suffit; il apporte avec Lui une
puissance qui tient l'âme dans le respect en présence de Dieu. Là nous ne
pouvons trouver à exprimer ce que nous ressentons, bien que nous le puissions
et le fassions parmi des frères. Nous ne pouvons rien ajouter au Nom de Jésus.
Dieu sait tout ce qu'il implique. Son regard en contemple tout le charme, et
peut seul en mesurer la grandeur. Et remarquez qu'il n'est pas dit: «vous connaissez toute la doctrine» (quelque important
qu'il soit que nous soyons au clair sur ce point), mais: «Vous l'avez connu, Lui».
Nous ne pouvons réellement posséder une vérité par la foi, si elle n'est pas
rattachée à Christ dans notre âme. Christ est le seul objet de la foi du
chrétien. C'est Lui qui est «dès le commencement».
Les «jeunes gens
ont vaincu le méchant». Ici nous trouvons la puissance de la foi. Il est
impossible de posséder une puissance quelconque qui soit de l'Esprit, sans être
en lutte avec Satan; et, cette puissance étant là, il
y aura aussi la victoire. Toutefois, ceci suppose la mort de la chair. Souvent
il y a une grande mesure de puissance sans que la chair soit soumise, et alors
ce n'est pas une puissance qui résiste à Satan. C'est là que nous manquons, et
ainsi nous laissons Satan entrer. Il y a un moment de revirement pour l'âme
quand on arrive à se connaître soi-même; — quand on
apprend à voir que dans la chair il n'habite aucun bien; que rien en nous-mêmes
ne peut triompher du mal, et que «l'homme ne sera pas le plus fort par sa
force» (1 Samuel 2: 9). Alors on apprend, à dire comme Paul:
«quand je suis faible, alors je suis fort» (2 Corinthiens 12: 10). Quand on a
appris à se méfier de soi-même, on ne se hâte pas dans ce que l'on fait; on a affaire avec Dieu. Un chrétien d'un coeur droit et qui verra le mal pourra chercher de toute sa
force et de toute sa puissance à y porter remède, tandis qu'un autre, plus
profondément enseigné de Dieu, commencera par s'humilier et ira à Dieu au sujet
du mal, avant de se mettre à agir contre lui. Dieu accomplira toute sa volonté; et le chrétien sincère, qui se met à l'oeuvre dans sa propre puissance, pourra quelquefois être
béni dans son travail, mais, plus tard, il sera abaissé, peut-être par un
châtiment, et il trouvera de la bénédiction en apprenant à faire séparation
entre la chair et l'Esprit.
Les «jeunes
enfants» ont lents péchés pardonnés et ils «connaissent le Père». Les
jeunes enfants en Christ sont considérés comme partageant cette bénédiction
avec les pères et les jeunes gens. Il est admirable de voir comment la grâce
unit ensemble le chrétien âgé et le jeune chrétien; le
chrétien âgé s'affectionne au plus jeune; son coeur
se préoccupe du petit enfant avec l'anxiété paternelle la plus vive. «Vous n'avez pas besoin que personne vous enseigne», dit
l'apôtre au verset 27, et cependant il les enseigne comme si tout dépendait de
lui. Et il en sera toujours ainsi: Là où il y a
beaucoup de grâce, elle se montre en ce que les forts honorent les faibles. Le
saint le plus avancé, au lieu de mépriser les faibles, les aimera, les
enseignera, et saura reconnaître leur part bienheureuse. Voyez l'inquiétude de
Paul au sujet des saints à Thessalonique: «C'est
pourquoi», dit-il, «ne pouvant plus y tenir (il avait été empêché d'aller vers
eux lui-même), nous avons trouvé bon d'être laissés seul à Athènes, et nous
avons envoyé Timothée etc.» (1 Thessaloniciens 3: 1).
En s'adressant une seconde fois aux
différents états, les «pères» et les «jeunes gens»
sont interpellés au verset 14 et les jeunes enfants au verset 18. Ensuite,
résumant le sens général du sujet, il les prend tous ensemble, au verset 28, et
leur dit: «Et maintenant, petits
enfants, demeurez en Lui».
Le coeur de Jean
trouvait son repos dans la connaissance de Christ. Il connaissait les voies de Jésus; il l'avait vu de ses yeux. Nous, chers frères, nous
n'avons pas ainsi vu Jésus, mais en marchant avec Lui, nous serons capables de dire: «Je le connais». Si Christ était ici, quelles seraient
ses pensées? Ne s'affligerait-il pas sur ceux qui vivent
dans le monde visible au lieu de vivre dans le monde invisible?
Encore très peu de temps et il ne restera rien de ce qui maintenant occupe
leurs moments et leurs esprits. Est-ce que, même chez les chrétiens, la moitié
du temps n'est pas consacrée à des choses qui n'ont pas de valeur?
Tandis que si nous demeurons en Lui, nous vivrons comme Lui a vécu, nous
marcherons comme Lui a marché, manifestant la vie de Christ au milieu des
choses de la terre. Mais le vase doit être brisé pour que Christ paraisse; Il faut que le moi soit mis de côté, on
bien je pourrais, dans mon zèle, tuer le serviteur du Souverain Sacrificateur
(Luc 22). C'est en portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus,
que la vie aussi de Jésus sera manifestée dans notre corps mortel (2
Corinthiens 4). Si nous sommes des «jeunes gens»,
c'est-à-dire, s'il y a de l'énergie selon l'Esprit, gardons-nous de l'énergie
contraire. En s'adressant aux jeunes gens pour la seconde fois, au verset 14,
l'apôtre ne mentionne pas la connaissance du Père, ni simplement la victoire: si Satan est vaincu et la chair tenue pour morte,
il faut aussi résister aux choses que Satan présente pour mettre la chair en
activité. «N'aimez pas le monde, dit-il, ni les choses
qui sont dans le monde; si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas
en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la
convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du
monde etc.» (versets 15, 17). Le Seigneur Jésus dit au Père:
«Père juste, le monde ne t'a point connu» (Jean 17); et c'est ainsi que
l'apôtre place ici en contraste, devant eux, le monde et tout ce qui y
appartient et le Père. — L'amour du monde est tenu hors du coeur
par l'amour du Père — l'amour du monde embrasse bien des choses!
Mais il ne suffit pas de réprouver l'amour
du monde: comme chrétiens notre vie ne provient pas de
cette source, et ne peut avoir de communion avec ce qui en est l'esprit. Dans
les circonstances journalières de la vie, nos pensées ne sont-elles pas
détournées des «choses qui ne se voient pas» par
celles «qui se voient?» Ce dont il s'agit ici, ce n'est pas d'être occupés de
nos mains à un travail qui soit bon; Dieu peut bénir
notre âme et la garder en cela. — Mais le regard agit sur le coeur — et toutes ces diverses formes d'attraction pour les
sens, autour de nous, à quoi tendent-elles? Ne
sont-elles pas tout autant de choses qui détournent le coeur
loin du Père? «Le monde s'en
va et sa convoitise; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure
éternellement».
«C'est
la dernière heure» (verset 18). Parole solennelle et précieuse!
Et pourtant la consolation peut sembler étrange, d'entendre dire, quand le
monde est mauvais, qu'il deviendra plus mauvais encore. Paul écrit aux Thessaloniciens: «Le mystère d'iniquité se met déjà en
train» (2 Thessaloniciens 2: 7). Le bien et le mal marchent en avant ensemble; mais Dieu poursuit son oeuvre
à Lui, en dépit de toute opposition. N'est-il pas surprenant de voir le mal
prendre en apparence le dessus, sans que Dieu intervienne pour l'empêcher? Il n'intervient qu'en grâce pour tirer des hommes
hors du monde, et ceux-là mêmes ne gardent pas leur premier amour!
Quel tableau que celui qui nous est présenté, dans le cours de cinq à six ans,
par ceux qui s'étaient rassemblés dans un véritable amour pour Jésus et les uns
pour les autres! Ce même amour ne se trouve plus que
rarement. Et il en était ainsi déjà du temps de Paul;
il se rattache à Timothée comme à une planche de salut au milieu du naufrage
(Philippiens 2: 19, 22). Comme le coeur est près de
défaillir en voyant que tous cherchent leur propre intérêt, et non pas ce qui
est de Jésus Christ! Mais Jean dit:
«C'est la dernière heure — maintenant aussi il y a plusieurs antichrists».
Cette parole arrive comme une rosée du ciel. — C'est la dernière heure! — Jésus va venir bientôt! Le
coeur languit après le matin sans nuage. — On
contemple avec surprise la patience de la grâce de Dieu!
Mais cela fortifie pour le combat. — On soupire, non pas après la fin du
service, mais après Dieu; non pas après le repos qui
suit la lutte, mais après le matin de la résurrection. C'est ainsi que Dieu a
changé les difficultés du moment en bénédictions. Satan a beau chercher à nous
faire du mal, à entraver l'oeuvre de Dieu — il ne
peut vaincre Celui qui a rencontré la puissance tout entière du mal et en a
triomphé dans le Chef même du mal, et qui a par Lui-même remporté la victoire.
«Vous
avez l'onction de la part du Saint pour vous garder» (verset 20) (non pas de la
part du Sage, ni du Dieu de connaissance). Les ennemis peuvent
être rusés, mais l'Esprit qui habite en vous, vous pousse à
«demeurer dans le Fils et dans le Père» (verset 24). Il est sous-entendu
que nous avons Christ.
Et maintenant, afin que nous «ayons de l'assurance et que nous ne soyons pas couverts de
honte, de par Lui, à sa venue, «demeurez en Lui».