«Les pères, les jeunes gens et les petits enfants» en Christ - 1 Jean 2

Il y a dans cette épître une puissance particulière pour fortifier et raffermir nos âmes, en même temps que pour nous garantir contre les orgueilleuses prétentions des antichrists séducteurs. La Parole a pourvu à tous nos besoins. La doctrine du salut, seule, ne suffit pas; elle a été corrompue. «Maintenant, aussi», dit l'apôtre, «il y a plusieurs antichrists» (verset 18). «Et c'est ici le témoignage, que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie» (5: 11, 12) ! «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont touché de la Parole de vie (et la vie a été manifestée, et nous avons vu et nous déclarons et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père, et qui a été manifestée). — Et c'est ici le message que nous avons entendu de Lui et que nous vous annonçons, savoir que Dieu est lumière et qu'il n'y a en Lui nulles ténèbres. Si nous disons que nous avons communion avec Lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité; etc.» (1: 1-3, 5, 6).

Dieu se révèle Lui-même. L'homme est porté à s'imaginer qu'il peut s'élever jusqu'à Dieu, et en trouvant que cette connaissance est trop haute pour lui, il se perd dans les ténèbres et ne sait plus où il est. Dans cette épître, le Saint Esprit nous conduit à ce qui peut être «entendu et vu et contemplé et touché de la Parole de vie». Lorsqu'il est dit: «Par ceci nous avons connu l'amour», il est ajouté: «c'est que Lui a laissé sa vie pour nous, et nous devons laisser nos vies pour nos frères» (3: 16). Et encore: «En ceci a été manifesté l'amour de Dieu, c'est que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par Lui; en ceci est l'amour, non en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima, et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous aima ainsi, nous devons aussi nous aimer l'un l'autre. Personne ne vit jamais Dieu; si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et son amour est accompli en nous. Par ceci nous savons que nous demeurons en Lui et Lui en nous, c'est qu'il nous a donné de son Esprit; et nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur de monde. Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu; et nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous. Dieu est amour et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en Lui» (4: 9-16). Du haut de ce que, par une intelligence mystérieuse, la pensée de l'homme peut saisir de la Divinité et de la «demeure en Dieu», l'âme est ramenée vers la propitiation; et ainsi l'essor le plus élevé de la pensée, toute la hauteur de la doctrine, au sujet de notre demeure en Dieu et de celle de Dieu en nous [et aucun séducteur ne saurait prétendre nous conduire plus haut], sont rattachés à cette simple et précieuse vérité que «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3: 16), — et à la marche, la plus simple et la plus naturelle pour le chrétien, dans l'amour fraternel et la piété pratique. Après avoir dit que le chrétien demeure en Dieu et Dieu en lui, la Parole revient à l'enseignement primitif pour les chrétiens les moins avancés: «Il est la propitiation pour nos péchés». Ici les chrétiens les plus avancés et les plus simples se rencontrent, que dis-je? les plus avancés seront les plus simples et retourneront constamment au sang. Celui qui a été enseigné de Dieu a appris à s'abaisser et ne perd jamais la conscience de son néant. L'homme mystique pourra se glorifier, mais celui qui a été amené par Christ à Dieu, sera nécessairement humble.

C'est «Dieu manifesté en chair» (1 Timothée 3: 16), ce n'est pas un Dieu mystique, et ainsi l'âme est gardée contre l'erreur de la séduction. Il ne nous est pas parlé de la vie seulement, mais de la vie manifestée. Nous sommes placés dans la communion avec le Père, mais c'est par Christ. Il y a l'évidence morale la plus positive, tellement qu'un homme ne peut s'y soustraire, si la vie est en lui. Si cette vie n'est pas Christ, elle est ténèbres; si elle est Christ, elle doit être jugée par Christ tel qu'il était ici-bas. «Ces choses sont écrites afin que notre joie soit accomplie» (1: 4). Je ne puis avoir davantage. J'ai la vie éternelle; j'ai la joie; j'ai la lumière, et tout cela en Christ. — Je puis arriver à connaître davantage (c'est une autre chose); mais si ma connaissance m'apporte quoi que ce soit de plus que le Père et le Fils, il y a erreur.

Mais la vie de Christ se montre au dehors. «Celui qui dit qu'il demeure en lui doit lui-même aussi marcher comme lui a marché. — «Encore une fois je vous écris un commandement nouveau, ce qui est vrai en Lui et en vous, parce que les ténèbres s'en vont et que la vraie lumière luit maintenant» (le voile est déchiré et nous avons à demeurer dans la lumière). «Celui qui dit qu'il est dans la lumière et qui hait son frère, est dans les ténèbres jusqu'à maintenant etc.» (2: 6, 8-10). Si vous parlez, de connaissances, mes frères, sans parler de l'amour, vous vous abusez vous-mêmes: là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas Christ. La vie tout entière de Christ a été amour.

Au verset 12, l'apôtre entre dans des détails. «Je vous écris, petits enfants» (ceci s'adresse à l'ensemble de ceux à qui il écrit, et il en est de même aux versets 1 et 18 — il les comprend tous), «parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom». Au verset 13, l'apôtre s'adresse, d'une manière spéciale, aux «pères» (dénomination qui marque la plus grande maturité dans la grâce); mais il n'a rien de plus à leur dire que: «Vous connaissez celui qui est dès le commencement». Et ceci n'est pas une pensée énoncée à la légère et comme en passant, car en s'adressant à eux une seconde fois, au verset 14, il ne leur dit rien de plus élevé. Vienne qui voudra vous entretenir de choses merveilleuses, vous ne pouvez aller au delà ou au-dessus de cette parole: «Vous connaissez Celui qui est dès le commencement». Il est instructif de remarquer combien peu le Saint Esprit se sert d'adjectifs. — Quand il parle de Jésus, il n'ajoute aucune épithète. Ce Nom suffit; il apporte avec Lui une puissance qui tient l'âme dans le respect en présence de Dieu. Là nous ne pouvons trouver à exprimer ce que nous ressentons, bien que nous le puissions et le fassions parmi des frères. Nous ne pouvons rien ajouter au Nom de Jésus. Dieu sait tout ce qu'il implique. Son regard en contemple tout le charme, et peut seul en mesurer la grandeur. Et remarquez qu'il n'est pas dit: «vous connaissez toute la doctrine» (quelque important qu'il soit que nous soyons au clair sur ce point), mais: «Vous l'avez connu, Lui». Nous ne pouvons réellement posséder une vérité par la foi, si elle n'est pas rattachée à Christ dans notre âme. Christ est le seul objet de la foi du chrétien. C'est Lui qui est «dès le commencement».

Les «jeunes gens ont vaincu le méchant». Ici nous trouvons la puissance de la foi. Il est impossible de posséder une puissance quelconque qui soit de l'Esprit, sans être en lutte avec Satan; et, cette puissance étant là, il y aura aussi la victoire. Toutefois, ceci suppose la mort de la chair. Souvent il y a une grande mesure de puissance sans que la chair soit soumise, et alors ce n'est pas une puissance qui résiste à Satan. C'est là que nous manquons, et ainsi nous laissons Satan entrer. Il y a un moment de revirement pour l'âme quand on arrive à se connaître soi-même; — quand on apprend à voir que dans la chair il n'habite aucun bien; que rien en nous-mêmes ne peut triompher du mal, et que «l'homme ne sera pas le plus fort par sa force» (1 Samuel 2: 9). Alors on apprend, à dire comme Paul: «quand je suis faible, alors je suis fort» (2 Corinthiens 12: 10). Quand on a appris à se méfier de soi-même, on ne se hâte pas dans ce que l'on fait; on a affaire avec Dieu. Un chrétien d'un coeur droit et qui verra le mal pourra chercher de toute sa force et de toute sa puissance à y porter remède, tandis qu'un autre, plus profondément enseigné de Dieu, commencera par s'humilier et ira à Dieu au sujet du mal, avant de se mettre à agir contre lui. Dieu accomplira toute sa volonté; et le chrétien sincère, qui se met à l'oeuvre dans sa propre puissance, pourra quelquefois être béni dans son travail, mais, plus tard, il sera abaissé, peut-être par un châtiment, et il trouvera de la bénédiction en apprenant à faire séparation entre la chair et l'Esprit.

Les «jeunes enfants» ont lents péchés pardonnés et ils «connaissent le Père». Les jeunes enfants en Christ sont considérés comme partageant cette bénédiction avec les pères et les jeunes gens. Il est admirable de voir comment la grâce unit ensemble le chrétien âgé et le jeune chrétien; le chrétien âgé s'affectionne au plus jeune; son coeur se préoccupe du petit enfant avec l'anxiété paternelle la plus vive. «Vous n'avez pas besoin que personne vous enseigne», dit l'apôtre au verset 27, et cependant il les enseigne comme si tout dépendait de lui. Et il en sera toujours ainsi: Là où il y a beaucoup de grâce, elle se montre en ce que les forts honorent les faibles. Le saint le plus avancé, au lieu de mépriser les faibles, les aimera, les enseignera, et saura reconnaître leur part bienheureuse. Voyez l'inquiétude de Paul au sujet des saints à Thessalonique: «C'est pourquoi», dit-il, «ne pouvant plus y tenir (il avait été empêché d'aller vers eux lui-même), nous avons trouvé bon d'être laissés seul à Athènes, et nous avons envoyé Timothée etc.» (1 Thessaloniciens 3: 1).

En s'adressant une seconde fois aux différents états, les «pères» et les «jeunes gens» sont interpellés au verset 14 et les jeunes enfants au verset 18. Ensuite, résumant le sens général du sujet, il les prend tous ensemble, au verset 28, et leur dit: «Et maintenant, petits enfants, demeurez en Lui».

Le coeur de Jean trouvait son repos dans la connaissance de Christ. Il connaissait les voies de Jésus; il l'avait vu de ses yeux. Nous, chers frères, nous n'avons pas ainsi vu Jésus, mais en marchant avec Lui, nous serons capables de dire: «Je le connais». Si Christ était ici, quelles seraient ses pensées? Ne s'affligerait-il pas sur ceux qui vivent dans le monde visible au lieu de vivre dans le monde invisible? Encore très peu de temps et il ne restera rien de ce qui maintenant occupe leurs moments et leurs esprits. Est-ce que, même chez les chrétiens, la moitié du temps n'est pas consacrée à des choses qui n'ont pas de valeur? Tandis que si nous demeurons en Lui, nous vivrons comme Lui a vécu, nous marcherons comme Lui a marché, manifestant la vie de Christ au milieu des choses de la terre. Mais le vase doit être brisé pour que Christ paraisse; Il faut que le moi soit mis de côté, on bien je pourrais, dans mon zèle, tuer le serviteur du Souverain Sacrificateur (Luc 22). C'est en portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, que la vie aussi de Jésus sera manifestée dans notre corps mortel (2 Corinthiens 4). Si nous sommes des «jeunes gens», c'est-à-dire, s'il y a de l'énergie selon l'Esprit, gardons-nous de l'énergie contraire. En s'adressant aux jeunes gens pour la seconde fois, au verset 14, l'apôtre ne mentionne pas la connaissance du Père, ni simplement la victoire: si Satan est vaincu et la chair tenue pour morte, il faut aussi résister aux choses que Satan présente pour mettre la chair en activité. «N'aimez pas le monde, dit-il, ni les choses qui sont dans le monde; si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde etc.» (versets 15, 17). Le Seigneur Jésus dit au Père: «Père juste, le monde ne t'a point connu» (Jean 17); et c'est ainsi que l'apôtre place ici en contraste, devant eux, le monde et tout ce qui y appartient et le Père. — L'amour du monde est tenu hors du coeur par l'amour du Père — l'amour du monde embrasse bien des choses!

Mais il ne suffit pas de réprouver l'amour du monde: comme chrétiens notre vie ne provient pas de cette source, et ne peut avoir de communion avec ce qui en est l'esprit. Dans les circonstances journalières de la vie, nos pensées ne sont-elles pas détournées des «choses qui ne se voient pas» par celles «qui se voient?» Ce dont il s'agit ici, ce n'est pas d'être occupés de nos mains à un travail qui soit bon; Dieu peut bénir notre âme et la garder en cela. — Mais le regard agit sur le coeur — et toutes ces diverses formes d'attraction pour les sens, autour de nous, à quoi tendent-elles? Ne sont-elles pas tout autant de choses qui détournent le coeur loin du Père? «Le monde s'en va et sa convoitise; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement».

«C'est la dernière heure» (verset 18). Parole solennelle et précieuse! Et pourtant la consolation peut sembler étrange, d'entendre dire, quand le monde est mauvais, qu'il deviendra plus mauvais encore. Paul écrit aux Thessaloniciens: «Le mystère d'iniquité se met déjà en train» (2 Thessaloniciens 2: 7). Le bien et le mal marchent en avant ensemble; mais Dieu poursuit son oeuvre à Lui, en dépit de toute opposition. N'est-il pas surprenant de voir le mal prendre en apparence le dessus, sans que Dieu intervienne pour l'empêcher? Il n'intervient qu'en grâce pour tirer des hommes hors du monde, et ceux-là mêmes ne gardent pas leur premier amour! Quel tableau que celui qui nous est présenté, dans le cours de cinq à six ans, par ceux qui s'étaient rassemblés dans un véritable amour pour Jésus et les uns pour les autres! Ce même amour ne se trouve plus que rarement. Et il en était ainsi déjà du temps de Paul; il se rattache à Timothée comme à une planche de salut au milieu du naufrage (Philippiens 2: 19, 22). Comme le coeur est près de défaillir en voyant que tous cherchent leur propre intérêt, et non pas ce qui est de Jésus Christ! Mais Jean dit: «C'est la dernière heure — maintenant aussi il y a plusieurs antichrists». Cette parole arrive comme une rosée du ciel. — C'est la dernière heure! — Jésus va venir bientôt! Le coeur languit après le matin sans nuage. — On contemple avec surprise la patience de la grâce de Dieu! Mais cela fortifie pour le combat. — On soupire, non pas après la fin du service, mais après Dieu; non pas après le repos qui suit la lutte, mais après le matin de la résurrection. C'est ainsi que Dieu a changé les difficultés du moment en bénédictions. Satan a beau chercher à nous faire du mal, à entraver l'oeuvre de Dieu — il ne peut vaincre Celui qui a rencontré la puissance tout entière du mal et en a triomphé dans le Chef même du mal, et qui a par Lui-même remporté la victoire.

«Vous avez l'onction de la part du Saint pour vous garder» (verset 20) (non pas de la part du Sage, ni du Dieu de connaissance). Les ennemis peuvent être rusés, mais l'Esprit qui habite en vous, vous pousse à «demeurer dans le Fils et dans le Père» (verset 24). Il est sous-entendu que nous avons Christ.

Et maintenant, afin que nous «ayons de l'assurance et que nous ne soyons pas couverts de honte, de par Lui, à sa venue, «demeurez en Lui».