«Toutes
choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit monde, soit vie,
soit mort, soit choses présentes, soit choses à venir: toutes choses sont à
vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu» (1
Corinthiens 3: 22-23).
Un ami me disait dernièrement:
«La mort est un monstre terrible, je la hais». Mon âme répondit: «Que serais-je et où serais-je sans ce monstre que
vous haïssez?» La mort est à moi dans le sens le plus élevé;
non simplement dans le sens le plus vulgaire, c'est-à-dire que, comme il est
réservé aux hommes de mourir une fois, je peux mourir; mais la mort est
à moi dans le sens le plus élevé; car la mort elle-même, dans la manière dont
Dieu l'a employée, dans l'usage qu'Il en a fait, est merveilleusement à moi: ma
gloire et ma louange.
Et en parlant sur ce sujet, vers quoi
tournerai-je d'abord mes pensées, si ce n'est vers la mort de notre Seigneur? — «La mort du Seigneur»
(1 Corinthiens 11: 26); «la mort du Fils de Dieu» (Romains 5: 10); «la mort du
prince de vie» (Actes des Apôtres 3: 15); voilà des expressions qui peuvent
bien servir d'introduction à ce merveilleux sujet. «Je
suis la résurrection et la vie», a dit le Seigneur. Mais sans la mort, Il ne
pouvait pas être, dans sa propre Personne, la résurrection selon les conseils divins; Il ne pouvait pas non plus être ouvertement
manifesté comme étant la vie, le dernier Adam, Esprit vivifiant (1 Corinthiens
15), sans mourir d'abord. «A moins que le grain de
froment ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul; mais s'il meurt il
porte beaucoup de fruits» (Jean 12: 24). «A cause de
ceci le Père m'aime, c'est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne.
Personne ne me l'ôte, mais je la laisse de moi-même;
j'ai le pouvoir de la laisser, et le pouvoir de la reprendre: j'ai reçu ce
commandement de mon Père» (Jean 10: 17, 18). Et tout le long de sa carrière, Il
pouvait dire: «J'ai à être baptisé d'un baptême, et
combien suis-je à l'étroit jusqu'à ce qu'il soit accompli» (Luc 12: 50). Car le
but de la carrière qu'Il a parcourue comme Fils de Dieu descendu de la gloire
divine, telle qu'elle est déployée dans les cieux, pour devenir le Fils de
l'Homme ici-bas, ce but, était «la mort, la mort même de la croix»
(Philippiens 2: 9). Merveille des merveilles, et merveille inexplicable pour la
raison humaine! Le Fils de Dieu — Celui qui a créé
toutes choses et qui soutient toutes choses — Celui qui est établi Juge des
vivants et des morts, a été, comme Fils de l'Homme, crucifié en faiblesse (2
Corinthiens 13: 4) ! Et jamais sa gloire divine n'a
brillé d'un plus vif éclat qu'alors. Une créature, si élevée qu'elle soit, n'a
pas le droit d'abandonner la sphère qui lui a été assignée, sa propre sphère.
Une telle restriction ne pesait pas sur le Fils de Dieu. Il avait le droit
d'être adoré dans les cieux, et le droit, s'Il voulait, d'être crucifié comme
Fils de l'Homme. La gloire d'une créature consiste dans l'honneur qui est mis
sur elle. La gloire divine s'est manifestée ici, en ce que Christ s'est
dépouillé de toute la gloire extérieure attachée à la sphère ou à la position
qu'il occupait, s'abaissant lui-même, afin qu'il pût montrer la parfaite
expression de sa sympathie avec la pensée de son Père. Il avait une même pensée
avec le Père; et Il voulut montrer cela dans la mort,
la mort de la croix. La mort, salaire du péché pour le premier Adam, était,
dans le cas du dernier Adam, le payement, fait par le Fils dans un amour libre,
d'un tribut dû aux conseils divins et l'expression de la parfaite sympathie du
Fils de Dieu comme Fils de l'Homme, avec la justification du caractère du Père
devant le monde et Satan, et devant toute la race humaine en chute. Cette croix
du Calvaire, de laquelle jaillit ensuite la gloire de l'Agneau mis à mort, et
maintenant vivant à la droite de Dieu, — cette croix montre que la mort, la
mort dans son expression la plus terrible, ta mort même, Seigneur!
est à moi, ma louange et ma gloire. Si nul autre ne la réclame, moi je le fais: monstrueuse, mais pas terrible, pas haïssable, car
c'était TA mort.
Ensuite, je dois faire observer que c'est
de cette manière que la gloire de Dieu, comme le Dieu de la résurrection,
était manifestée. Eden, avec un homme dans l'innocence, proclamait la puissance
éternelle et la divinité, et après le déluge, dans l'alliance de l'arc-en-ciel,
ce signe de la longue patience de Dieu envers un monde méchant fut mis au jour.
Mais j'ai perdu l'innocence et Eden; et des actes de bonté envers moi, comme pécheur dans
le temps, ne peuvent pas résoudre la question du péché, ni me sauver de la
colère à venir. Mais la mort du Seigneur Jésus est la porte étroite, à travers
laquelle coule à flots la lumière de la gloire de Dieu, comme le Dieu de
résurrection et d'une résurrection d'entre les morts.
Premièrement, Celui qui est mort est devenu
Seigneur de tous dans le vaste univers; et Il
s'assiéra sur le trône pour juger tous les hommes ressuscités à la résurrection
générale des morts. Or Il possède certainement cette gloire comme le Fils de
l'Homme. «Car l'heure vient, en laquelle tous ceux qui
sont dans les sépulcres entendront sa voix, et ils sortiront, ceux qui auront
pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront mal fait, en
résurrection de jugement» (Jean 5: 28, 29). Etre
ressuscité par la puissance irrésistible du Seigneur pour répondre de toutes
les oeuvres faites dans le corps, dans cette vie,
voilà une pensée bien propre à inspirer de la terreur.
Mais, secondement, béni soit Dieu! si nous voyons la lumière du grand trône blanc, nous
savons aussi qu'en Celui qui y est assis et qui juge, il y a une première
résurrection. «En vérité, en vérité, je vous dis que
celui qui entend ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a
la vie éternelle et ne viendra point en jugement, mais il est passé de
la mort à la vie»… «L'heure vient et elle est
maintenant que les morts (moralement morts dans les fautes et les péchés)
entendront la voix du Fils de Dieu, et l'ayant entendue, ils vivront. Car comme
le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d'avoir la vie en
lui-même» (versets 24-26). Ce n'est qu'à cause du
résultat de sa mort que l'apôtre pouvait écrire: «Et comme il est réservé aux
hommes de mourir une fois, et après cela d'être jugés, ainsi le Christ, ayant
été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde
fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent» (Hébreux 9: 27, 28); et dans
les circonstances de cette mort humiliante, les résultats certains sont ces
«nouveaux cieux et cette nouvelle terre, dans lesquels la justice habite» et
que «nous attendons» selon sa promesse (2 Pierre 3: 13).
«Dieu
a ressuscité d'entre les morts, Jésus, notre Seigneur» (Romains 4: 24). «Par lui vous croyez en Dieu qui l'a ressuscité des morts et
lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance fussent en
Dieu» (1 Pierre 1: 21). Oh! que serais-je, à quoi en
serais-je quant au salut, et quant à l'espérance, si la gloire de Dieu, comme
le Dieu de résurrection, n'avait pas été manifestée; et comment aurait-elle été
manifestée autrement que par la résurrection du Seigneur Jésus d'entre les
morts, prémices si précieuses de la nôtre?
Puis, en troisième lieu, on trouve encore
la lumière, la lumière de la vie dans sa mort, et cette lumière ainsi trouvée
manifeste toutes les choses qui sont dans les ténèbres, en découvre le vrai
caractère et en neutralise le pouvoir; Satan, le
monde, l'homme, tout est manifesté par la mort du Seigneur Jésus, et leur
puissance aussi est mise de côté pour la foi. La puissance de Satan a été
annulée. «Puis donc que les enfants ont part à la
chair et au sang, lui aussi semblablement y a participé, afin que, par la mort,
il rendit impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire, le
diable; et qu'il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient
assujettis toute leur vie à la servitude» (Hébreux 2: 14, 15).
Le Seigneur faisait allusion à sa mort
quand il disait: «Maintenant le chef de ce monde sera
jeté dehors» (Jean 12: 31). Le monde aussi trouvait son jugement dans cette
même mort: «Maintenant est le jugement de ce monde» —
jugement du croyant aussi, mais en bénédiction, comme Paul dit»: «Mais qu'il ne
m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus
Christ, par laquelle le monde m'est crucifié et moi au monde» (Galates 6: 14).
C'est à la croix aussi qu'on trouve la mesure et le vrai caractère de la chair
et de la vie qui est dans le sang. Quand Christ donna sa vie en rançon pour
nous, il montra à la fois, dans ce seul et même acte, sa propre perfection et
l'abjection de la chair. En lui-même, il était saint, sans tache, sans
souillure, séparé du péché. «La justice ne pouvait
trouver aucune faute en lui; il était le seul qui ne pouvait pas être justement
abandonné à cause de ce qu'il était. En lui tout était parfait. Il pouvait
porter nos péchés en son corps sur le bois. Mais dans ce qu'il a enduré sur la
croix, il y avait l'expression de ce que les hommes sont, de leur inimitié
contre Dieu sous la puissance de Satan; et en même
temps, dans l'abandon de Jésus, nous trouvons, à la croix, l'estimation que
Dieu fait de notre péché. Le seul juste — substitut pour plusieurs injustes, —
prend la coupe de la colère des mains du Père; et en
s'écriant: «Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné?» il a donné la
mesure vraie, parfaite, divine — de l'estimation que Dieu fait de l'homme en
chute. L'oeil fixé sur Jésus, je ne puis pas dire: «La mort est un monstre terrible, je la hais!» Sa mort
— la mort dans son expression la plus complète — la mort, comme lui seul
pouvait l'endurer, est très précieuse et merveilleuse. C'est une merveille que
Jésus soit devenu un homme en la présence de Dieu; Il
est pour moi un sujet d'étonnement; oui, je suis comme éperdu d'admiration,
quand je pense à la mort, à la mort du Seigneur qui est comme une porte
ouverte, par laquelle toute la gloire du Dieu de résurrection a coulé par
torrents sur le monde et qui m'a rendu capable de dire: «De celui qui dévorait
est procédé la viande et du fort est procédé la douceur».
Mais, en quatrième lieu, si la mort
elle-même, la mort dans ce qu'elle a de pire, la mort vue dans sa puissance
terrible manifestée, entre Dieu et le Fils de l'homme comme substitut — si
alors même la mort nous tient un langage qui laisse le croyant béni en
l'entendant, quoique cependant il y ait dans ce sujet une hauteur et une
profondeur qui passe toute intelligence, une profondeur et une hauteur
éternelles et divines, que dirons-nous des gages de la mort?
Certes la foi dit: «En toutes choses nous sommes plus
que vainqueurs par celui qui nous a aimés» (Romains 8: 37). Je suis à Christ,
et Christ est à Dieu. Caché dans le rocher qui fut frappé, l'ombre de la mort
ne repose plus sur moi, sur ma conscience, sur mes pensées:
«Jésus
est mort! Je suis lavé,
Pas une tache dans mon âme!
Jésus est mort!
Je suis sauvé!
L'amour de Dieu, céleste flamme,
M'a fait en haut un ciel serein:
Pas un nuage sur mon âme,
Pas une ride dans mon sein!
Le Fils, maintenant sur le trône du Père
dans la gloire qu'il avait auprès de Lui avant que le monde fût — le Fils m'a
rendu aussi libre de tous les péchés dont j'étais chargé, qu'il fut toujours
lui-même personnellement libre de toute culpabilité. Dieu n'avait jamais rien
contre lui; et maintenant par cette mort, il n'a rien
contre moi. Dieu a toujours trouvé son bon plaisir dans le Fils de son amour.
Et même maintenant, chose merveilleuse, mais vraie, Dieu en Christ trouve son
bon plaisir en moi.
Je fais mon compte que je suis racheté, mis
à part par Dieu pour sa propre gloire. Il a pris occasion des circonstances de
la chute pour manifester sa miséricorde, sa compassion et sa grâce;
et Christ, au milieu des ruines de la première création, a montré sa compétence
pour s'occuper de la question du péché à l'égard de Dieu, de Satan, du monde en
chute et de l'homme. L'oeuvre de l'humiliation de
Christ est achevée, mais elle proclame avec force sa compétence personnelle
pour résoudre toute question.
Et maintenant qu'il est en haut, Il prend
occasion de notre position dans le désert où nous sommes, entre un monde
égyptien et esclave et la gloire, afin de nous apprendre ce qu'il est et aussi
ce que nous sommes. Et bientôt quand la gloire paraîtra, Il mettra la dernière
main à son oeuvre et manifestera sa fidélité au
peuple de son choix, et Il fera ceci au moins mille ans avant que la nouvelle
création soit manifestée comme l'expression de la compétence qu'il a à finir
ce que sa main a commencé. Et si, individuellement, je suis retiré de la scène
de ce monde, ce sera seulement une occasion dans laquelle, selon la sagesse
divine, les gloires personnelles du Fils, comme étant la Résurrection et la
Vie, trouveront leur expression. Il m'a donné la vie, une vie éternelle, la vie
qu'il possède dans sa résurrection et son ascension glorieuses. Si, avant qu'Il
se lève de la droite du Père, Il m'appelle, je meurs; mais je sais que le «je
meurs» signifie seulement «à tout ce qui est mortel», à tout ce qui est
corruptible ici-bas, et que je cesse, pour jamais, et selon Dieu, toute
relation avec les choses corruptibles; absent du corps, je suis présent avec le
Seigneur; et j'attends avec lui-même le jour où sa gloire sera
publiquement manifestée, et alors mon corps ressuscité et glorieux ira à sa
rencontre en l'air. Si Christ ne m'appelle pas avant qu'Il se lève, alors je ne
verrai jamais la séparation du corps et de l'âme, mais sa puissance vivifiante,
qui a déjà donné à mon âme une vie, en vertu de laquelle je pouvais surmonter
un corps de mort, remplira tout de vie et éloignera de mon corps la mortalité
et la corruptibilité, sans qu'il soit jamais séparé de
mon âme qui possède déjà la vie.
Mais l'absence de la scène de se monde et d'un corps de péché et la présence avec le
Seigneur, être chez soi, est-ce là la mort? C'est
l'incrédulité qui l'affirme, parce qu'elle ne voit pas, ne connaît pas,
n'attend pas la nouvelle place que Christ a ouverte et dans laquelle il est
meilleur pour nous d'entrer; elle parle comme si le
caractère plus ou moins obscur de l'état intermédiaire dont parle Ezéchias
(Esaïe 38) subsistait encore, maintenant que la vie et l'incorruptibilité ont
lui par l'évangile. Qu'est l'agonie pour un homme céleste, un enfant de Dieu
dont la conscience est libre par la foi en un Seigneur ressuscité et monté en
haut, et dont le coeur déborde de la joie que donne
l'Esprit de Dieu, non contristé? qu'est la sueur froide
du corps, quand sa vie tend à briser son enveloppe? la vie éternelle que le
croyant possède, concentrant à la fois le coeur et la
pensée sur la personne du Seigneur Jésus Christ lui-même en haut. Oui; mais il y a un cercueil devant nous, et là repose le
corps d'un frère pieux, qui, au milieu de nous, était heureux dans le Seigneur
et rempli d'amour pour ses saints, et maintenant, il est parti! Oui, encore,
mais parti pour aller où?… Vers le Seigneur Jésus! n'est-Il pas digne d'avoir ses bien-aimés avec lui?
Pensez-vous qu'en appelant un tel «chez lui», chez
Lui-même, Il ait manqué au conseil de Dieu? Non, certes;
ces paroles: «Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en
vais au Père, car le Père est plus grand que moi», ces paroles peuvent être
rappelées comme étant vraies dans ce cas aussi. Ou n'avons-nous point d'amour
pour ceux qui s'en vont; point d'amour si ce n'est
relativement à nous-mêmes, point de satisfaction à les voir bienheureux, encore
que leur bonheur nous cause quelque privation? C'est un misérable égoïsme qui
oublie la joie de Dieu et la joie de Christ accueillant en sa présence une âme
qui nous quitte; qui oublie aussi le grand gain qu'a
obtenu cette âme, et qui fait que nous ne pensons qu'à nous-mêmes et à notre
perte. Vous qui êtes ainsi pleins de vous-mêmes, qui pouvez ainsi oublier Dieu
et Christ et les amis que vous dites avoir aimés; vous
pouvez bien être indignés contre l'amour étroit et personnel de votre coeur. Mais il y a une jalousie de l'amour en Dieu. Il veut
que vos coeurs sachent que Christ est suffisant pour
vous satisfaire au milieu de toutes les expériences du désert. Il veut, dans
cette jalousie de l'amour, que vous vous souveniez de Celui qui vous a acquis
et de la joie qu'Il éprouve au sujet de ceux qui se sont endormis en Lui; et que vous appreniez à penser et à sentir selon cette
sphère dans laquelle Christ est maintenant et de laquelle il est lui-même le
centre.
Que puis-je dire de la bénédiction des
saints qui nous ont quittés? Je ne puis répondre à
cette question que par une autre: que savez-vous de la
beauté de Christ et du bonheur qu'il y a d'être avec Lui? Car si le moi vous domine, pourquoi donc eux trouveraient-ils leur
aliment dans ce monde? Si vous êtes pleins de
vous-mêmes, de vos plaisirs et de vos peines, de vos gains et de vos pertes,
vous ne profiterez pas beaucoup de la doctrine concernant ceux qui sont absents
du corps et présents avec le Seigneur. Cette doctrine ne plaît pas à votre
égoïsme, et vous ne pouvez pas aimer qu'on vous demande si vous trouvez plus
d'attraits en Christ qu'en toute autre chose. Le Seigneur dit au brigand
converti cette parole bénie: «Aujourd'hui, tu seras
avec moi dans le paradis»; qu'est-ce que ce brigand connaissait du paradis et
de sa bénédiction? Probablement rien du tout. Mais il se fit justement un ami
de Celui dont on ne pouvait pas trouver le pareil. La foi lui révéla le coeur compatissant et attrayant du Seigneur. La foi du
brigand avait ouvert son coeur à la sainteté, à la
confession, à la confiance dans son juge; aussi lui
fit-elle savourer la douceur de cette promesse: «En vérité, je te dis
qu'aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis» (Luc 23: 45). «Avec lui», c'était assez. «Absent
du corps, présent (chez soi) avec le Seigneur» (2 Corinthiens 5: 3),
c'était là le «beaucoup meilleur» que Paul connaissait quant à l'état
d'un saint délogé. Oui, et quant à la gloire, quelle description peut atteindre
à cette hauteur: «Et ainsi nous serons toujours avec
le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 17) ?
Mais ceci nous amène à la question de la
mesure de notre connaissance et de notre appréciation du Seigneur Jésus Christ.
Ceux qui le connaissent beaucoup et qui ont beaucoup affaire avec lui,
trouveront aussi beaucoup dans cette pensée d'être avec Lui. Ils ont son
Esprit et marchent dans l'Esprit, et pour un saint il n'y a rien tel que «la
présence avec le Seigneur. Si le moi nous gouverne, nous passerons par
des circonstances propres à nous faire recueillir ce qui convient à l'homme
lorsqu'il pense à lui-même.
Mais si vous aimez un saint qui s'en est
allé en haut, comme Etienne, que la pensée de la joie de celui que vous aimez
et qui a apprécié et savouré la présence du Seigneur, ait au moins aussi une
place dans votre coeur et dans votre esprit. Il est
heureux maintenant dans la présence du Seigneur. Si vous l'avez aimé, que sa
félicité actuelle contrebalance le sentiment de votre perte et de votre
privation. Dans peu de temps, très peu de temps, le Seigneur le ressuscitera.
Si le Seigneur le ressuscitait en ce moment, ce corps ne serait pas enterré,
mais ressuscité pour la vie et la gloire, et vous seriez changés
et enlevés ensemble en l'air à la rencontre du Seigneur pour être toujours avec
lui. Quand nous rencontrerons le Seigneur, nous le connaîtrons, comme si nous
l'avions vu. Il n'y aura pas de méprise: en la
présence de Dieu, on ne peut jamais prendre une autre personne pour Lui. Il
connaîtra tous les siens qui seront autour de lui en ce jour, et les siens
connaîtront comme ils ont été connus.
Il y a, dans plusieurs esprits maintenant,
une affreuse incrédulité; ils pensent que, parce que
les relations et les liens terrestres sont rompus, les personnes ne se
reconnaîtront pas, ou que ce qui fait notre mutuel intérêt n'existera plus. Une
telle pensée est superficielle. Je connais et j'aime plusieurs de ceux qui ont
été mes maîtres, mes compagnons ou mes serviteurs sur la terre;
je suis connu et aimé d'eux; la relation a passé, mais non pas, grâces à Dieu,
l'estime et l'amour mutuel que nos coeurs ont formé
dans cette relation. Quand un enfant est marié, il cesse d'être un enfant dans
la maison paternelle; il est, selon Dieu, relevé du
lien, mais l'amour et l'intérêt continuent; est-ce qu'une fille cesse d'être
aimée, parce qu'elle a passé sous l'autorité d'un mari et qu'elle n'a plus la
relation et la responsabilité d'une enfant dans la maison? Dans le divorce la
douleur cesserait-elle pour un coeur aimant, parce
que Dieu a déclaré que la relation entre l'homme et la femme a été rompue? Les premiers liens de Paul avec les Thessaloniciens
pouvaient cesser, mais non pas son amour pour eux, ni leur amour pour lui,
comme formé quand ils étaient ensemble sur la terre. Les Thessaloniciens
entoureront Paul dans la gloire et seront sa joie et la couronne dont il se
glorifiera. «Car quelle est notre espérance, ou notre
joie, ou la couronne dont nous nous glorifions? N'est-ce pas vous qui l'êtes
devant notre Seigneur Jésus Christ à sa venue» (1
Thessaloniciens 2: 19) ? Voyez aussi l'expression:
«que vous ne soyez point attristés comme les autres qui n'ont pas d'espérance»
(4: 13). Triste est la condition de ceux qui ne peuvent pas discerner ceci: occupés d'eux-mêmes et des circonstances, ils ne
peuvent pas voir au loin, ils ne peuvent pas entrer dans les joies et la grâce
du Seigneur.
Je n'ajouterai plus qu'un mot. Quelqu'un
pourrait me dire: «Selon vous, il semble que la mort ne
soit rien». A cela je réponds que ce n'est nullement ma pensée. Que la mort
soit ce qu'elle pourra, Christ est davantage, et Il rend l'amer doux et change
les ténèbres en lumière. Celui qui est en Christ, et celui-là seulement peut dire: «Plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés!»
Celui-là seulement peut dire: «O mort! où est ton
aiguillon? O sépulcre! où est ta victoire?» La mort
dans l'homme était le fruit du péché; il y avait dans
la mort du corps une terrible expression, montrant la ruine complète que le
péché avait amenée sur ce corps, et ensuite elle indiquait cette seconde mort,
«où le ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point». Si le Fils de Dieu,
comme Fils de l'homme, a rencontré les difficultés de la position dans laquelle
l'homme se trouvait comme pécheur, Il ne put pas, Lui, en rencontrant et en
portant lui-même le jugement dû au pécheur, Il ne put pas, dis-je, ni
moralement, ni judiciairement, tenir pour rien le péché. Au contraire, quand Il
porta sur la croix le jugement dû à nos péché, il fut
bien clairement montré que les gages du péché sont beaucoup plus terribles que
tout ce que l'homme peut en penser et en connaître, même par ce qui est révélé
sur la perdition éternelle du pécheur dans le lac de feu et de soufre, préparé
pour le diable et pour ses anges. La croix de Christ a prouvé qu'Il ne pouvait
y avoir aucune communion entre Dieu et le Fils de l'homme fait péché et fidèle
jusqu'à la mort — Christ ne reçut aucune lumière de Dieu, pendant qu'il
occupait la place de substitut du pécheur. Il s'écria:
Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné? Mais il vainquit, quoiqu'il dût
laisser sa vie dans le chemin de la victoire. Il ne reste aucun jugement de
péché sur l'âme de celui qui croit en Jésus Christ. Son jugement fut notre délivrance; mais si nous sommes délivrés, nous ne sommes pas
encore, cela est évident, délivrés de nos corps de péché et de mort. Maintenant, «nous portons dans le corps la mort de Jésus, afin que la
vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle»; et si nous
sommes appelés à partir et à quitter le corps, le Seigneur peut se montrer à
son peuple comme Il se montra à Etienne. Et arrive ce qui pourra;
mais déloger est beaucoup meilleur; c'est être absent du corps et présent avec
le Seigneur; or être assimilé par l'expérience à quelque partie de la course du
Seigneur ici-bas, ce n'est pas quelque chose d'étrange, quoique ce soit une
chose précieuse et bénie. Or nous croyons que Jésus est mort et qu'il est
ressuscité. Si je considère sa mort en rapport avec la colère qui m'était due,
je puis dire que c'est fini; et la foi en moi éloigne
de ma pensée l'idée que je goûterai la mort. Dans ce sens je ne verrai pas la
mort. Si je considère sa mort comme l'acte par lequel il a cessé de demeurer
parmi les hommes sur la terre, dans un corps qui pouvait mourir, l'heure de
cette mort était pour Lui une délivrance, et pourquoi, n'en serait-il pas de
même, par Lui, pour moi?