L'usage de l'armure - Ephésiens 6: 10-18

Si je n'ai pas, pratiquement, la conscience de mon acceptation devant Dieu, et de ma position de membre du corps de Christ, il est impossible que je comprenne l'enseignement que renferme cette portion de la Parole de Dieu. Nous y trouvons présenté, dans son ensemble et avec puissance, le résultat complet de l'oeuvre de Christ par rapport à l'Eglise, comme l'objet de la pensée et du conseil de Dieu dès avant la fondation du monde. Il y a une telle union entre Christ et ses membres, que sa position à Lui est aussi la leur; qu'ils sont acceptés comme Lui-même est accepté, et que sa vie et sa gloire leur appartiennent. Il devrait donc y avoir aussi de la conformité entre notre marche et la position dans laquelle nous sommes placés. Il est bien vrai que notre marche est sur la terre; mais toutes les sources en sont dans le ciel; et c'est précisément dans la mesure où j'aurai l'intelligence de mon acceptation en Jésus, et de la place qui en résulte pour moi dans le monde, comme Lui était dans le monde, que cette vérité sera pratiquement réalisée dans mon coeur.

L'intelligence du combat, qui fait le sujet de cet article, dépend absolument de la réalisation de la position de l'Eglise en Christ. Ce n'est pas simplement que la chair soit mortifiée, quoiqu'il soit impossible de résister à Satan si je ne tiens pas la chair soumise, car dès que je cède à la chair, Satan m'a vaincu, et me tient, pour autant, dans son pouvoir. Ce n'est pas non plus la lutte contre les tentations du monde, quoique, bien entendu, nous ayons à en triompher: dans la mesure où le chrétien aime le monde, il est malheureux, et plus il l'est, mieux cela vaut. La lutte dont je parle a un caractère plus élevé que lorsqu'il s'agit de la mortification de la chair, ou de la victoire, en esprit, sur le monde; cependant si ces deux choses ne se trouvent pas, il est impossible que la lutte puisse exister. Elle se passe dans une sphère où Satan et ses armées exercent leur puissance. Ce n'est pas que nous luttions avec Dieu, dans notre âme, au sujet de notre place devant Lui, ou de ses pensées envers nous; ni au sujet de ce que sera le résultat final de sa grâce. La lutte est d'une nature entièrement différente; elle est contre «les dominateurs de ces ténèbres, contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes» (verset 12).

Or ce n'est pas en dépréciant ces ennemis que nous devons les rencontrer. Ce n'est pas en les considérant comme de peu d'importance que nous pouvons les vaincre. Satan aura bientôt mis fin à notre présomption. Toutefois il n'y a pas de motif pour le craindre. David n'avait pas peur de Goliath; mais c'était parce qu'il marchait à sa rencontre dans la force du Seigneur et en son Nom seul. Il y a donc une horde d'ennemis spirituels — non pas un défaut d'affections spirituelles (ce qui pourrait être, et nous rendrait certainement incapables de combattre), mais il y a une armée de véritables ennemis spirituels, que chaque chrétien, que l'Eglise de Dieu, a à rencontrer dans les lieux célestes, si notre vraie et bienheureuse position de ressuscités en Christ doit être possédée et réalisée.

Mais, ainsi que le dit l'apôtre, s'il n'y a pas de quoi se glorifier, il n'y a pas lieu de craindre; car ce n'est pas en vue de nous-mêmes que nous combattons: nous combattons pour Dieu, et nous cherchons, dans sa puissance, à détruire les oeuvres du diable. C'est pourquoi il est dit: «Fortifiez-vous dans le Seigneur, et dans la puissance de sa force» (verset 10). Et si, dans la pratique, nous vivons dans le ciel avec Christ, nous sentirons combien cette exhortation est nécessaire: «Revêtez-vous de l'armure complète de Dieu».

Afin de rendre plus claire l'expression de «lieux célestes», prenons l'exemple d'Israël. Il y a d'abord la rédemption hors de l'Egypte par le sang de l'Agneau; non pas seulement la rédemption de la culpabilité, mais celle de la destruction, par le moyen du sang mis sur les linteaux des portes. Ensuite il y a la puissance, par laquelle ce qui était le chemin de la mort pour les autres (la mer Rouge), devenait pour le croyant le chemin de la vie. Et après tout cela, il y a le désert. C'est là que nous sommes. Puissions-nous le réaliser toujours davantage! C'est là que les Israélites eurent à rencontrer Amalek (voyez Exode 17); et toute leur force résidait dans les mains élevées de Moïse. C'est par la puissance de Dieu seule que nous pouvons vaincre. Tout dépend de la puissance de Dieu. Elle est en dehors de nous; toutefois c'est à nous de la saisir. — Mais la lutte d'Israël avec Amalek représente plutôt celle du croyant avec l'Ennemi, qui cherche à entraver les enfants de Dieu dans leur marche à travers le monde comme étant le désert. C'est la puissance contraire du monde, dont Satan se sert pour arrêter la marche du chrétien à travers le monde vers le repos de Dieu dans le ciel. C'est pourquoi cette puissance doit être combattue et vaincue aussi, sinon nous cessons d'être des étrangers et des voyageurs sur la terre. «C'est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (1 Jean 5: 4). Il nous faut triompher du monde, ou bien renoncer à notre caractère de voyageurs. — Mais c'est plus tard, après que le Jourdain eut été passé, que la lutte se présenta: c'est-à-dire que c'est après que la mort et la résurrection de Christ sont réalisées, que cette lutte commence. Ce fut après que les Israélites eurent passé le Jourdain, et qu'ils furent entrés dans Canaan, qu'ils eurent à combattre les Cananéens.

Maintenant, voici la question, de quelle manière puis-je vivre d'une vie céleste? Comment puis-je manifester un caractère céleste? En vivant dans le ciel. Ce n'est pas en observant une règle, c'est en vivant dans le ciel. Christ dit: «Je suis d'en haut» (Jean 8); c'est pourquoi chacun de nos motifs d'agir doit trouver sa source dans le ciel, en Christ. «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu» (Colossiens 3: 1, 2, 3). Si les guerres de l'Eternel doivent être soutenues; s'il faut maintenir le caractère du chrétien, c'est en vivant dans le ciel, en ayant nos coeurs dans le ciel., Nous sommes du ciel. O mes amis! ce ne sont pas des mots qui peuvent vous donner l'intelligence de ces choses!

Je pourrais vous parler du ciel sans discontinuer et vous ne comprendriez jamais, à moins que vous ne fussiez dans le ciel. Mais si vous êtes là, vous savez ce que je veux dire. Et si vous êtes là, vous n'aurez aucune peine, aucune difficulté à savoir comment vous avez à vivre sur la terre. La puissance de cette vie qui vous a amenés là, comme aussi chacune des choses que la foi y trouve, formeront votre caractère ici-bas. Mais si vous n'êtes pas dans le ciel, vous aurez beaucoup de tourment pour façonner votre conduite, pour agir de manière à mériter la bonne opinion des autres, et pour demeurer en règle avec votre conscience et avec vous-même. Ce qu'il faut, c'est de marcher dans la lumière comme Dieu est dans la lumière.

Or, c'est pour autant que nous réaliserons notre position en Christ, que nous serons en état de résister aux ruses de l'Ennemi. Ce fut au moment où Josué venait de passer le Jourdain, qu'il eut à conquérir Jéricho; que les Israélites s'enfuirent devant les hommes d'Aï; et qu'il eut affaire aux mensonges des Gabaonites. Il s'agit de maintenir notre position dans les lieux célestes. Vous voyez donc que la lutte se passe entièrement hors du monde. — Les choses du monde y ont leur part; cependant la lutte a lieu dans les lieux célestes. Combien nous réalisons peu ces puissances du mal! — Ce ne sont pas simplement la chair et le sang; se sont des ennemis spirituels, qui s'efforcent d'empêcher que nous ne jouissions des lieux célestes.

Nous commençons par le mauvais côté quand nous commençons par nous-mêmes. Il est bien affligeant quand un chrétien est toujours dans le doute et se demande constamment s'il est sauvé ou non. Non seulement il est malheureux, — cela va sans dire, — mais il ne réalise pas ce que Christ est; et l'oeuvre de Christ est ainsi sérieusement méconnue et attaquée. Vous me direz peut-être que ce n'est qu'une question de privilège; mais aucune question de privilège n'est isolée. Ah! non; ce n'est pas une chose de peu d'importance que de ne pas connaître Christ; je ne dis pas, de ne pas connaître le salut qui est en Lui; mais de ne pas connaître la plénitude de sa Personne et la perfection éternelle et divine de son oeuvre.

Venons-en à l'armure.

«Prenez l'armure complète de Dieu» (verset 13). Faites un usage pratique de la vérité contenue dans les Ecritures, et particulièrement de celle que nous présente cette épître; et qu'elle ait sur votre âme la puissance qui lui appartient. C'est ainsi que vous serez en état de résister à l'Ennemi.

«Tenez donc ferme, ayant vos reins ceints de la vérité» (verset 14). Ne maintenez pas la vérité d'une manière molle ou relâchée. Cela se fait fréquemment de nos jours. Pourquoi les hommes portent-ils une ceinture,? Afin de rassembler leurs forces, de se préparer pour le combat ou pour la course. C'est de vérité que j'ai besoin pour me fortifier pour la lutte contre le mensonge de Satan. Et c'est précisément de la mesure de vérité dont je jouis pratiquement avec Dieu, que je puis me servir comme d'une ceinture. — O mes bien-aimés! à quoi vous occupez-vous ici-bas? Vivez-vous dans la paresse? Prenez-vous vos aises? Vos vêtements sont-ils flottants? Il ne faut pas qu'il en soit ainsi: «C'est pourquoi ceignant les reins de votre entendement, et étant sobres, espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus Christ» (1 Pierre 1: 13). Nous sommes appelés à servir Christ. «Si quelqu'un me sert», dit le Seigneur, «le Père l'honorera» (Jean 12: 26). Chacun est appelé à servir Christ. C'est une triste chose si nous ne demandons pas chaque jour: «que ferai-je, Seigneur» (Actes des Apôtres 22)?

Bientôt Christ n'aura plus besoin d'être servi, et nous n'aurons plus besoin d'être ceints; alors nous serons dans le repos. Mais ici nous sommes dans un monde où Christ demande qu'on Le serve. Nous sommes appelés à combattre pour Christ; et l'apôtre nous dit: «Nul homme qui va à la guerre, ne s'embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu'il plaise à celui qui l'a enrôlé pour la guerre» (2 Timothée 2: 4).

«Ayant revêtu la cuirasse de la justice» (verset 14). C'est la cuirasse de la justice qui nous donne une position parfaite devant Dieu, de sorte que Satan ne peut jamais élever un doute quant à cette question vitale. Nous sommes devenus «justice de Dieu en Christ» (2 Corinthiens 5: 21). A quoi sert-il que Satan vienne et me dise ce que j'ai été? — Je le sais bien; mais je sais aussi ce que je suis maintenant en Christ. Par suite d'une marche négligente, la conscience de ceci peut être perdue; je puis perdre, pratiquement la cuirasse de la justice; je puis oublier «la purification de mes péchés d'autrefois» (2 Pierre 1). Mais il y a une justice, une justice divine et parfaite, en vertu de laquelle le croyant est «accepté dans le Bien-aimé». Je puis broncher, mais rien ne peut détruire l'oeuvre de Dieu en Christ.

«Ayant les pieds chaussés de la préparation de l'évangile de paix» (verset 15). C'est une marche dans la paix; je suis rendu capable de marcher paisiblement dans les pénibles sentiers du monde; de poursuivre dans la paix le chemin qui est tracé devant moi. En demeurant dans la paix de l'évangile, je serai calme et tranquille, quelles que puissent être les circonstances du monde. Oui; — dans cette paix, je puis aller en quelque lieu que ce soit. Jésus est notre paix, cette paix divine, bienheureuse, qui ne dépend d'aucune circonstance.

«Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant» (verset 16). Il n'y a pas un seul trait qui puisse me percer ou me blesser, si je tiens élevé le bouclier de la foi. Satan nous blesse en affaiblissant notre foi, et rien ne produit plus promptement cet effet, que de négliger la Parole de Dieu, ou de tolérer en nous, pratiquement, quelque mal. Peu importe la nature des dards; ce peut être au sujet de l'acceptation, ou bien une tentation à marcher avec insouciance. Mais la foi m'élève dans les lieux célestes et je vois ma place là — qu'est-ce donc qui peut me nuire? — Là je sais que toutes choses concourent au bien.

Le seul fondement pour la foi, c'est la Parole de Dieu.

«Prenez aussi le casque du salut» (verset 17). Je dois être assuré de mon salut, lorsque je m'avance pour combattre. Il est impossible de soutenir la lutte avec Satan, si l'âme n'est pas fondée dans la grâce. Quelle chose précieuse que de savoir que je suis déjà sauvé! Alors je puis lever la tête, portant le casque du salut. Ainsi que David le disait: «Tu as couvert de toutes parts ma tête au jour de la bataille» (Psaumes 140). Un soldat pourrait aussi bien être dépourvu de son bouclier que de son casque; dans les deux cas, il sera hors d'état de faire face à l'ennemi; être sans foi, ou ne pas avoir la connaissance du salut, revient au même quand il s'agit de se trouver en face de Satan et de le combattre.

«Et l'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu» (verset 17). Ceci est une arme offensive. Toutes les armes ne sont pas pour la défense, bien que nous soyons garantis contre toute injure par la cuirasse, etc. avant d'être appelés à nous servir de l'épée de l'Esprit. Nous avons à faire usage de l'épée pour tenir tête à l'Ennemi. Nous devons aussi nous en servir de manière à délivrer ceux qui sont retenus dans ses liens, et ceci, nous ne le pouvons pas simplement par une grande connaissance de la Parole. Nous ne pouvons pas manier l'épée de l'Esprit avec le bras de la chair; c'est dans la puissance de l'Esprit Lui-même qu'il faut le faire. Ah! nous avons bien besoin d'honorer le Saint Esprit — Christ étant si près de nous — Christ étant si précieux pour le coeur! Car il ne nous est pas dit seulement que Christ est mort pour nous, mais qu'il a envoyé un autre Consolateur. Souvenons-nous de ces paroles: «N'éteignez pas l'Esprit! ne contristez pas le Saint Esprit de Dieu» (1 Thessaloniciens 5: 19; Ephésiens 4: 30) ! Bien-aimés! nous devrions nous préoccuper de ceci. Nous ne pouvons pas nous servir de l'épée de l'Esprit, si nous contristons l'Esprit; nous ne pouvons pas alors jouir de la communion avec Dieu. Sans doute nous ne pouvons assez jouir de la présence de l'Esprit dans le corps; cependant il est nécessaire que nous connaissions et appréciions sa demeure en nous en puissance. Hélas! hélas! la vie intérieure est bien peu au niveau de la position où nous sommes placés! Il y a un manque bien grand de marche pratique, individuelle, avec Dieu, non seulement de manière à pouvoir jouir — c'est un motif peu élevé — mais de manière à glorifier Dieu; de telle sorte que tous ceux qui s'approchent de nous aient la conscience que nous marchons avec Dieu et que notre force est en Lui. L'épée de l'Esprit n'est pas maniée dans la puissance de l'Esprit. Nous acceptons la bénédiction, mais le pouvoir de la conserver et de glorifier Dieu par elle, fait défaut.

«Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit» (verset 18). Il est précieux de voir, qu'après être complètement armé pour la lutte, une dépendance absolue de Christ soit ce qui couronne le tout. C'est en cela que nous trouvons notre force. C'est là qu'elle se trouve pour tous les saints; car ce n'est que lorsque je distingue l'union de l'Eglise avec Christ ressuscité, et le Saint Esprit révélant la position en Christ commune à tous les croyants, comme son corps, que je puis comprendre le lieu, les fondements, la raison et la puissance du combat. Dieu a fourni l'armure; c'est au croyant à la prendre et à s'en revêtir.