La nature du chrétien et sa relation avec Dieu - Ephésiens 1

Il y a deux points de vue également justes, selon lesquels nous pouvons considérer nos relations avec Dieu: En premier lieu, nous pouvons être occupés de notre retour à Dieu; et, en second lieu, nous pouvons considérer les conseils et les voies de Dieu envers nous. Il est dit d'Abel que Dieu eut égard à ses dons (Hébreux 11: 4; comp. Genèse 4: 4); Abel s'approcha de Dieu avec l'offrande que, — en présence du péché, — la gloire de Dieu exigeait. Nous sommes vus dans la chair quand nous nous approchons de Dieu; nous ne pourrions pas nous approcher de Dieu si nous n'avions pas Christ à présenter comme offrande. Il nous faut ce sacrifice pour nous amener à Dieu: dans ce cas, par conséquent, notre relation avec Dieu est mesurée par notre besoin. Nous nous approchons de Dieu, parce que nous sentons que nous ne pouvons pas subsister autrement, et nous acceptons l'offrande, parce qu'elle nous est nécessaire pour nous approcher de Lui. D'un autre côté, nous ne connaissons jamais l'étendue de la bénédiction de Dieu, jusqu'à ce que nous considérions nos relations avec Lui, d'après la mesure de ses pensées envers nous, — par tout ce qu'il aime à déployer quand il satisfait son propre coeur en grâce, et par la manière dont il manifeste tout cela. Nous ne jouissons jamais de notre vraie bénédiction, si nous ne discernons pas quels sont les sentiments de Dieu, et comment il voudrait agir. Il faut que mon esprit s'élève au-dessus de ce que je suis à ce que Dieu est; alors ma pensée est formée par la pensée de ce que Dieu est. C'est là ce que à quoi nous sommes appelés. Il faut que nous soyons amenés à Dieu par nos besoins, comme le fils prodigue. L'homme, par sa pensée, ne trouve pas Dieu. Il ne peut avoir aucune connaissance de Dieu en grâce, par sa propre capacité. Il n'y aurait pas besoin de grâce, si l'homme pouvait connaître Dieu d'une autre manière. Si j'avais des droits à la grâce de Dieu, je n'aurais pas besoin de grâce du tout. C'est par ses besoins qu'un pécheur doit être amené à Dieu; ainsi il apprend ce qu'est la grâce; il apprend ce qu'est l'amour. Mais quand une fois nous avons été amenés à Dieu, il en est autrement. Alors Dieu veut former nos esprits et nos coeurs, par ce qu'il est Lui-même. Je suis venu à Lui comme un pécheur, parce que j'en avais besoin, tout comme un homme affamé a besoin de nourriture; mais une fois que je suis amené à Lui, j'ai communion avec le Dieu qui m'a amené à lui. La mesure selon laquelle Dieu nous forme ainsi nous est donnée dans l'épître que nous avons sous les yeux, en ces mots: «Afin que nous croissions en toutes choses jusqu'à Lui qui est le Chef, le Christ» (Ephésiens 4: 15, 16). C'est une chose merveilleuse que Dieu nous ait appelés à la communion avec Lui-même! C'est une chose merveilleuse que d'avoir les mêmes pensées, les mêmes sentiments que Dieu, et de les avoir ensemble, tout découlant de Lui; et nous sommes amenés là, par grâce, et nous en jouissons en proportion que nous sommes dépouillés de nous-mêmes.

En premier lieu, Dieu nous rend participants de la nature divine, de la même nature qu'il a Lui-même. C'est ce qui donne la capacité, je ne dis pas la puissance. La nouvelle nature est capacité, le Saint Esprit est puissance. La nouvelle nature est entièrement dépendante et obéissante; le Saint Esprit étant là donne la puissance. Cette capacité est développée d'une manière remarquable, dans l'épître de Jean: «Quiconque aime, est né de Dieu»; il a cette nature. Et: «Quiconque aime, est né de Dieu, et connaît Dieu» (1 Jean 4: 7). Alors, étant participants de la nature divine, et en vertu du sang aspergé sur nous, nous avons reçu le Saint Esprit qui donne la puissance. Pour avoir communion avec Dieu, il faut qu'il y ait paix parfaite pour ce qui est de la conscience, Il n'y a pas de communion de conscience. Je suis seul quant à ma conscience, et vous aussi. Pour avoir communion, il faut bien plus que la conscience, quoiqu'une conscience parfaitement purifiée soit la base de la communion: il faut que nous sachions que Dieu a réglé la question tout entière du péché. Du moment qu'un enfant de Dieu pèche, la communion cesse; et l'Esprit devient un esprit de répréhension pour ramener à Dieu, mais il n'y a pas de communion. La communion est la pleine jouissance de Dieu et des choses divines, en quelqu'un qui n'a à s'occuper de rien, quant à ce qui le concerne lui-même. Dieu peut désormais faire couler dans le coeur qui a une conscience purifiée (comp. Hébreux 9: 14; 10: 22), tout ce en quoi il prend Lui-même son plaisir. Il aime à communiquer ce en quoi il trouve de la joie. Tout ce que Christ est, est à nous pour en jouir. Nous sommes appelés à cette position de Christ lui-même, «le Chef du corps»; en sorte que les délices que Dieu trouve en Christ coulent dans notre coeur. Combien le chrétien est donc riche! Mais il dépend entièrement de l'Esprit de Dieu pour la puissance. Sans l'Esprit il n'y a pas de puissance pour jouir de quoi que ce soit, et il faut être dépouillé du moi pour jouir de ce qu'il donne. L'Esprit de Dieu n'a pas de place pour agir là où le moi et l'imagination sont à l'oeuvre, ce n'est pas tant la gloire qui est au bout de la course, qui est l'objet des pensées, que la source de cette gloire, Dieu lui-même.

Il y a plus de bonheur dans le fait d'être en communion avec Dieu, que dans les choses que Dieu communique; et, je le répète à cause de l'importance de la chose, une âme ne peut pas jouir des choses de Dieu sans avoir la paix de la conscience. Le commencement du chapitre que nous avons devant nous, montre comment nous sommes présentés à Dieu. L'avez-vous compris? Ou bien le tribunal de Christ produit-il de l'effroi dans vos coeurs? Vous cause-t-il de l'inquiétude à quelque égard? Considérez comment les saints sont amenés devant ce tribunal. Christ vient les chercher. Il a dit: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi» (Jean 14). Avez-vous saisi que votre présence devant le tribunal de Christ sera la conséquence de ce que Christ sera venu vous chercher? Il ne vous fait pas chercher par un autre; il vient Lui-même pour vous, parce que son désir est de vous avoir avec Lui là où il est, pour être transformé en la même image (2 Corinthiens 3: 18; Romains 8: 29; Philippiens 3: 20, 21; 1 Jean 3: 2). Vous êtes destiné à porter l'image «du céleste», comme vous avez porté l'image de celui qui est poussière (1 Corinthiens 15: 49). Quand vous serez là, devant le tribunal, vous serez avec Christ et semblable à Christ. Toutes les traces de la main infatigable de Dieu, toute sa patience seront manifestées là: nous serons semblables à Celui qui est le Juge. Vous ne paraîtrez jamais (je parle, cela va sans dire, aux saints dans ce moment) devant le tribunal de Christ, sans que Christ soit venu vous chercher dans cette même gloire à laquelle vous êtes destinés.

C'est la connaissance de la grâce, de la rédemption, qui nous mat, en parfaite liberté; et toute notre vie devrait être un témoignage de la jouissance de cet état de bénédiction dans lequel nous avons été introduits. Cet effet est produit quand nous regardons à Christ. Il est «le premier-né entre plusieurs frères» dans la maison du Père. Nous serons avec Christ et comme Christ, dans la maison du Père (Romains 8: 29; Jean 14: 2, 3; 17: 23, 24). Nous jouirons du bonheur d'être avec Christ dans la présence du Père, aimés comme Lui est aimé. C'est là le sujet du chapitre qui nous occupe ici. Nous sommes placés dans la présence de Dieu.

«Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ». Nous sommes bénis en Christ; et Dieu est «le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ», «mon Dieu et votre Dieu», comme le Seigneur dit. Il n'y a aucune mesure de relation quelconque, en dehors de Christ: il n'y a que la condamnation en dehors de Lui. Si j'ai appris ce que c'est que d'être condamné, si j'ai compris ce qu'est le péché et combien Dieu hait le péché, je sais qu'il ne peut pas y avoir d'espérance pour moi en dehors de Christ. Mais Dieu a ôté le péché. Il ne regarde pas à mon péché, mais à Christ. Tout comme je connais ma condition en Adam, comme pécheur misérable et condamné, je connais aussi ma position en Christ, comme accepté de Dieu en Lui; et cette connaissance nous dépouille de notre propre importance, de notre dépendance de nous-mêmes, de toute «vanterie!» Nous entrons dans la présence de Dieu en Celui qui a parfaitement glorifié Dieu. Il est le Dieu, aussi bien que le Père du Seigneur Jésus Christ. Ce qui était caché dès les siècles et dès les générations a été accompli en Christ, et Christ est retourné au ciel en vertu de ce qu'il a fait pour la revendication du caractère de Dieu. Nous entrons dans la bénédiction en Celui qui a tout accompli. Nous connaîtrons Dieu en vertu de ce que le Père nous donne. Le Père amène plusieurs fils à la gloire et les amena parfaits dans sa présence par l'efficacité de l'oeuvre de Christ: «Il nous a bénis de toutes bénédictions spirituelles en Christ». Aucune bénédiction ne peut faire défaut, aucune affection en laquelle Dieu prenne plaisir qui ne se trouve là! Dieu nous amène en sa présence pour que nous jouissions sans réserve de l'affection dont Christ jouit. Nous sommes ramenés à Dieu en Christ; c'est pourquoi tout ce que Christ possède, nous le possédons.

L'apôtre développe ce sujet: «Afin que nous fusions saints et irréprochables, devant Lui en amour». Il ne se contente pas d'un simple énoncé général; mais il entre dans les détails de son sujet, afin que nous le connaissions. Supposez que je rencontre une personne d'un caractère excellent, et que je me sente incapable de devenir jamais comme elle, je ne serais pas heureux. Le fait de l'excellence de cette personne sans la possibilité pour moi de lui devenir semblable, me rendrait malheureux; et si je devais avoir cette personne toujours devant moi, ma misère n'en serait que plus grande. Mais au ciel je serai avec Christ, et je le verrai sans qu'il soit possible que je ne lui sois pas semblable. Quelle divine invention de l'amour pour nous rendre heureux, — infiniment heureux! Ce que Dieu est et ce qu'il fait est infini: ce qui est d'autant meilleur que Dieu sera toujours au-dessus de nous.

Nous jouirons d'une parfaite liberté de rapports avec Lui. Moïse et Elie s'entretenaient avec le Seigneur de sa mort, comme nous le savons, sur la montagne de la transfiguration. Ainsi nous aurons communion bientôt avec tout ce qu'il a.

Nous serons «irréprochables», c'est-à-dire délivrés de tout ce qui nous empêcherait de l'aimer; c'est pourquoi nous sommes rendus: «saints et irréprochables». Puis il y a la joie propre du coeur: «Devant Lui, en amour»; — mais aucune pensée d'égalité. Mais il y a autre chose encore: «Élus en Lui avant la fondation du monde», c'est-à-dire la révélation du fait que le coeur de Dieu a été tourné vers nous dans l'éternité. L'âme sait qu'il existe un amour personnel de Dieu envers elle, et le coeur trouve là sa joie. Il en est de même quant à Christ: au chapitre 2 de l'Apocalypse, il est question du «caillou blanc» qu'il donnera en témoignage du plaisir qu'il trouve en celui auquel il le donne, il y a cette jouissance individuelle dans l'amour de Christ.

Comme l'Esprit cherche à développer nos affections par tout cela! Il nous dit ces choses et voudrait que nous les connussions et que nous en jouissions. Il désire que nous sachions que nous allons au ciel, et pourquoi? Il voudrait former nos coeurs par ce qu'il opère pendant qu'il nous y conduit. «Nous ayant prédestinés pour nous adopter» (toujours en Christ et avec Christ) «à lui par Jésus Christ». Je possède ce bonheur à cause de Lui, par Lui, et en Lui. Mon esprit étant fixé sur «Dieu et le Père», mes affections se portent sur Lui, et tout cela est, parce que nous sommes «rendus agréables dans le bien-aimé». Dieu n'a pas béni les anges de cette manière. Nous ne sommes pas des serviteurs, seulement; nous devrions être des serviteurs, sans doute; mais nous sommes amenés à l'intimité de la relation d'enfants: un enfant ne devrait-il pas avoir de la confiance? «Nous avons reçu l'Esprit d'adoption par lequel nous crions: Abba, Père». Nos coeurs devraient répondre à ces pensées du coeur et de la grâce de Dieu; ils devraient refléter cette grâce, selon qu'il est écrit: «à la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé». Tout est de Lui!

Mais il y a une autre chose à remarquer ici: il n'est pas fait mention de l'héritage. Je m'arrête sur ce fait, parce qu'il montre comment sont formées les affections des saints. Quand je parle d'héritage, je parle de quelque chose qui est au-dessous de moi: toute prophétie se rapporte à l'héritage. Mais je regarde à ce qui est au-dessus de moi, et mon bonheur se trouve dans ce qui est là. Des sujets ayant rapport à l'Eglise, quelque bénis qu'ils soient, ou la prophétie, etc., sont d'en bas; Dieu nous exercera au sujet de ces choses; mais j'ai besoin avant tout, de connaître ma relation avec mon Père. Ne me parlez pas de ce que je possède, mais de ce que Christ est et de ce que Christ a: il faut que mon âme jouisse de l'amour qui a donné tout cela. L'amour qui a sauvé est plus que les choses qui sont données. Il est important que les saints sentent cela, dans la présence de Dieu. Ce ne sont pas les capacités intellectuelles, mais la droiture du coeur, un oeil simple, qui sont la grande affaire; et à moins que l'âme ne reçoive son intelligence directement de Dieu, elle ne comprend jamais les voies et les affections de Dieu. Il faut que les affections de Dieu soient connues et appréciées. Si je n'ai pas trouvé ma place dans les affections de mon Père, je ne suis pas dans un état où je puisse jouir de la communication de ses pensées et de ses desseins. Lorsque nous étions «morts» dans nos péchés, son coeur était exercé en notre faveur. Le pécheur est considéré ici comme «mort», non comme «vivant» dans le péché, comme dans les épîtres aux Colossiens et aux Romains. Dans l'épître aux Ephésiens, les pécheurs sont «morts» (chapitre 2: 1-5); il n'y a pas un mouvement de vie, et Dieu vient et crée la bénédiction selon sa propre volonté. Quand nos âmes ont connu la valeur du sacrifice de Christ pour nous amener à Dieu, nous ne sommes pas vus du tout en nous-mêmes, mais seulement en Christ, alors il y a repos parfait.

Après cela, l'apôtre peut nous parler de l'héritage, et alors sa prière, c'est «que nous sachions quelle est l'espérance de notre appel» (chapitre 1: 18). La vocation à laquelle nous sommes appelés n'est pas l'héritage. Nous sommes appelés à être «devant Lui en amour» (chapitre 1: 2-6). C'est au verset 11 seulement, que Paul commence à parler de l'héritage, et alors, il nous montre ce qu'est l'héritage de Christ; et nous sommes destinés à le posséder également. Il faut que je sache que je suis un enfant, et que j'aie les pensées et les affections d'un enfant avant que je puisse avoir affaire avec l'héritage. La conclusion de tout le sujet, c'est que nous sommes amenés à participer à l'héritage (comp. Colossiens 1: 12). La prière de l'apôtre embrasse l'appel, l'héritage, et la puissance qui a opéré pour nous donner l'un et l'autre.

Jusqu'à quel point vos coeurs se confient-ils en Dieu, non pas seulement pour ce qui est de vos besoins;… mais jusqu'à quel point votre confiance est-elle en Lui et prenez-vous votre plaisir en Lui pour Lui-même? Le coeur d'un enfant trouve sa joie dans les affections du Père. Vos pensées au sujet de Dieu découlent-elles de ce que Dieu vous a révélé de Lui-même, ou bien raisonnez-vous sur Dieu pour savoir s'il fera ou ne fera pas telle chose? Dès que c'est une affaire réglée pour moi que je suis un pécheur, qu'ai-je à raisonner? Nous avons besoin d'être amenés à cette simple conviction: «Je suis un pécheur». Et si je suis un pécheur, qu'ai-je à faire? Puis-je attendre quoi que ce soit de Dieu sur le terrain de la justice? Non, quand je suis amené à Dieu, je suis amené à la grâce. Ce que Dieu est, est la cause et la source de tout. En Christ il ne pouvait pas en être autrement. Nous sommes là maintenant, en vertu de l'expiation, dans cette position qui fait du péché ce qui rend nécessaire le déploiement de la grâce de Dieu. Christ est mort pour nos péchés, et «Dieu est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés» (1 Jean 1: 9).

Dieu va nous prendre et nous introduire au ciel pour que nous y soyons heureux avec Christ; mais, d'abord, il nous rend heureux en dehors du ciel. Cela est difficile; mais Dieu le fait, et son désir est que les saints vivent là où Dieu est, et où nous allons, en tant que délivrés de ce présent siècle mauvais.