Etes-vous amené à Dieu? - 1 Pierre 3: 10-18

L'apôtre dirige nos pensées vers l'attente des souffrances: il y en aura plus ou moins, car, bien que nous soyons appelés à «hériter de la bénédiction» (verset 10), c'est à travers les souffrances ici-bas. Ce passage démontre le résultat du gouvernement de Dieu; mais, en outre, il nous fait voir que nous sommes amenés à Dieu. La grande vérité centrale est celle-ci: «Christ a souffert une fois pour les péchés — afin de nous amener à Dieu» (verset 18). — Les épîtres de Pierre renferment peu d'exposition de doctrine, tandis qu'elles font vivement et fortement ressortir les vérités fondamentales. A la fin de la 2e épître, le gouvernement de Dieu à l'égard de toute la scène présente est décrit: les choses dans lesquelles le monde se confie doivent toutes se dissoudre, car en effet «la terre et les oeuvres qui sont en elle, seront brûlées entièrement» (2 Pierre 3: 10). Il n'y a pas un seul lieu ici-bas qui puisse offrir un sûr asile; tout sera plié comme un vêtement. Pierre ne s'arrête pas à ce que Christ a fait pour les croyants lors de sa première venue; il s'occupe du gouvernement de Dieu se terminant par le jugement, un jugement terrible. — Sommes-nous amenés à Dieu?

Verset 10. Le gouvernement moral de Dieu n'est pas arrivé à un dénouement, et ne le peut pas pendant que la grâce règne; toutefois les principes en sont là. Par exemple, un homme tranquille, paisible, intègre sera dans une meilleure position qu'un homme violent, etc. «car ce que l'homme sème, il le moissonnera aussi» (Galates 6: 17), même dès à présent. Ce n'est pas que dès à présent chaque chose reçoive sa juste rétribution, tout au contraire; mais il y a certaines conséquences dont un homme aura à souffrir à cause de ce qu'il a fait. Il ne peut y avoir maintenant dans le monde la pleine et définitive expression du gouvernement de Dieu, par la raison que le péché est entré; si Dieu voulait agir en jugement, il retrancherait entièrement le péché; toutefois, généralement parlant, le principe est positif: «Les yeux du Seigneur sont sur les justes — mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal» (verset 12); et après tout cela et au fond, il y a quelque chose de plus. La propre puissance et la grâce de Dieu sont à l'oeuvre dans le rassemblement des âmes pour former son Eglise. Dans le millénium le mal ne sera pas toléré: le pécheur sera retranché chaque matin (Psaumes 101), et il y a une application secrète de ce principe maintenant.

«Si vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux» (verset 14). Il y a l'activité du péché et du mal; cependant, quoiqu'il y ait sujet de craindre les méchants, «ne soyez pas troublés». La seule chose à faire, c'est d'avoir l'oeil simple et de servir avec une bonne conscience; mais en le faisant, vous rencontrerez une grande mesure d'opposition. «Ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez l'Eternel des armées Lui-même, et qu'il soit votre crainte et votre épouvantement, et il vous sera pour sanctuaire» (verset 14; Esaïe 8: 13, 14). Malgré le privilège d'une marche paisible, la puissance tout entière de Satan peut s'élever contre vous; mais la puissance tout entière de Dieu est de votre côté, c'est pourquoi, «Ne soyez pas troublés».

Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur mentionne deux genres de souffrances, comme aussi Pierre le fait ici: — les souffrances pour la justice, et les souffrances pour Christ.

Si nous sommes chrétiens, la conséquence en est d'avoir la conscience exercée pour savoir ce qui nous convient comme tels: nous marchons dans la présence de Dieu et par conséquent dans la lumière; nous avons notre volonté contrariée; et nous trouvons ainsi, que bien des choses dans le monde ne sont pas convenables pour celui qui marche dans le chemin de la justice. Le monde n'aime pas ces scrupules, et en conséquence l'épreuve arrive sur le chrétien à cause de ces choses; mais ses espérances et ses joies étant ailleurs, son trésor et son coeur sont également ailleurs. «Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice». De plus, le chrétien doit s'attendre à souffrir pour Christ. «Vous serez bienheureux quand on vous injuriera etc. à cause de moi» (Matthieu 5: 10, 11). Lorsque Dieu devient l'objet et le modèle du coeur, on accepte la souffrance comme une part naturelle.

Ensuite cela devient une question de témoignage pour Dieu devant ceux qui ne sont pas avec Dieu; c'est autre chose que de souffrir pour la conscience et pour la justice.

Au chapitre 4, versets 13 et 14 de notre épître, il s'agit des souffrances de Christ et de la gloire de Christ. Le même Esprit, qui me fait participer aux souffrances, me fait aussi participer à la gloire. Je dois être un témoin de la puissance de Christ par le Saint Esprit, un témoin pour Christ, et non seulement garder une bonne conscience. Comme un témoin pour Christ, et en étant un vase de son témoignage, on a part à la gloire dans laquelle Christ se trouve.

Pierre ne parle pas de la place de l'Eglise. Comme étant dans l'Eglise, nous sommes tous également participants de la gloire selon le don de la grâce, et tous prédestinés à être conformes à l'image du Fils de Dieu. Mais ici nous sommes considérés individuellement, et la gloire est placée devant nous comme la récompense des souffrances. — Quand l'Esprit de Christ est véritablement là, il y a une puissance d'amour qui se manifeste sans cesse. Je ne puis voir périr un homme sans me mettre en peine de lui; l'Esprit d'amour ne peut pas voir des pécheurs qui se perdent, sans se soucier d'eux; et cela devient une cause de souffrance.

«Mais sanctifiez le Seigneur Dieu dans vos coeurs» (verset 15). Soit quant à la souffrance, soit quant à la gloire, Dieu doit avoir dans nos coeurs la place qui lui appartient; en donnant à Dieu son véritable caractère dans mon coeur, je sanctifie Dieu. Quel est l'homme dans le coeur duquel Dieu occupe cette place parfaite de puissance et d'amour? non pas dans l'activité, ceci est en rapport avec le don, — mais dans le coeur? Quel est le coeur qui se conserve entièrement pour Dieu, qui est rempli de l'amour et de la sainteté de Dieu? Tout ce qui est dans le monde, l'argent, les plaisirs, la vanité, etc. ne fait que priver Dieu de sa gloire en nous; Dieu n'est pas alors sanctifié par nous, et c'est là la cause de notre faiblesse. Pouvez-vous dire que aujourd'hui, que hier, Dieu a occupé dans votre coeur la place qui lui appartient? Sinon, quelle en est la conséquence? Elle ne peut être qu'une conscience mauvaise. Dois-je oublier ma négligence? Si je ne la découvre pas dans la confession, je la découvrirai dans ma faiblesse. Il n'y a pas de puissance de témoignage pour Dieu, si je me suis entretenu de choses oiseuses et vaines Si je m'occupe d'une chose, même pour Dieu, comme si mon coeur tout entier y était engagé, je suis en danger: je ne sanctifie pas le Seigneur Dieu dans mon coeur. Il est possible qu'il n'y ait pas d'hypocrisie ou de manque de sincérité, mais il n'y a pas ce qui sanctifie le Seigneur, et quand Dieu n'a pas en nous la place qui nous rend heureux et qui nous donne de la puissance (car «la joie de l'Eternel est la force» Néhémie 8: 10), il n'y a pas la bénédiction qui coule vers les autres. Ce qu'il nous faut, c'est la puissance pratique du Dieu qui nous aime, agissant en nous. Quelle grâce que celle-là! Si je ne connais pas Dieu, je ne puis pas le sanctifier, car c'est comme étant amené à lui que je puis le sanctifier. La pensée que j'arriverai à Dieu, quand j'arriverai dans le ciel, fait supposer que je ne suis pas encore venu à lui maintenant.

Tout ce que nous venons de dire démontre donc que nous devons donner à Dieu la place qu'il a en réalité: nous devons sanctifier le Seigneur, parce qu'il est là nous confiant dans cet amour qui a été versé dans nos coeurs par le Saint Esprit. D'où vient que la conduite d'un homme diffère de celle d'un autre homme? C'est que l'un est sans Dieu, tandis que l'autre possède Dieu comme une source présente de joie et de force, d'amour et de consolation: — il a passé par un changement total, immense, infini. Quelle terrible chose que d'être sans Dieu quant à l'âme! Des êtres immortels sans Dieu! ayant des facultés, de l'intelligence, du discernement, mais sans Dieu! L'affection humaine est aimable dans la créature, mais ce n'est pas Dieu; les objets de l'affection peuvent se placer entre la créature et Dieu, et même ce que Dieu a créé en nous peut s'interposer; car le bonheur peut être une occasion d'idolâtrie.

Il ne s'agit pas ici de responsabilité: m'appuyer sur un ami n'est pas de la responsabilité être heureux avec un ami n'est pas de la responsabilité. Si je bois quand j'ai soif, ce n'est pas de la responsabilité; mais quand je bois des eaux vives que Christ me donne, alors Dieu est là. Il fait couler vers lui-même ces affections, nécessairement et divinement; il opère en moi, communiquant avec moi dans la souveraineté de sa grâce, c'est pourquoi ce n'est pas de la responsabilité. Si Dieu peut donc se communiquer à nos coeurs, quelle source d'eaux vives il doit en jaillir! J'ai des difficultés, mais qu'est-ce que cela? — j'ai cette source, Lui, pour me réjouir dans la difficulté et celle-ci ne peut point affecter celle-là. Au dedans de moi j'ai une source; autour de moi, un sanctuaire.

S'il y a une telle bénédiction lorsque Dieu est sanctifié par nous et que nous jouissons de lui, quelques-uns de vous diront peut-être: je ne connais rien de tout cela. Je ne parle pas maintenant de jouissance; mais lorsqu'un homme est croyant, la question n'est pas de savoir s'il se trouve dans la relation de la grâce, mais s'il a failli tout en s'y trouvant. Si je suis infidèle dans cet amour, et malheureux dans la conscience de mon infidélité, c'est parce que cette relation m'appartient réellement. Ce dont le croyant doit jouir, c'est de ce qui est en Dieu lui-même, c'est-à-dire du propre amour de Dieu. Si nous croyons ce que Dieu communique à l'âme en demeurant en nous, «nous connaissons et nous croyons l'amour que Dieu a pour nous» (1 Jean 4: 16). Quelqu'un pourra dire: Je ne connais pas cet amour; je ne puis rien en dire dans le moment actuel, mais j'espère arriver à Dieu. — Se demander comment un homme peut arriver à Dieu, est une recherche bien sérieuse, et un signe certain qu'on n'est pas arrivé jusqu'à lui.

«Et soyez toujours prêts à répondre avec douceur et crainte à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous… car il vaut mieux, si la volonté de Dieu le veut, souffrir en faisant bien qu'en faisant mal» (verset 15-17). Ce n'est pas que vous souffriez pour vos péchés; mais, il vaut mieux, si Dieu le veut ainsi, souffrir en faisant bien qu'en faisant mal; toutefois ne croyez pas que, dans ce cas, vous souffrez pour vos péchés: Christ a fait cela pour vous. Si vous souffrez pour la justice, tant mieux; mais quant aux péchés, Christ a souffert pour vous; il ne vous a rien laissé à souffrir de ce côté.

Quelle puissance dans ce propos intérieur de Dieu! ce seul acte de Christ amène un homme à Dieu. Christ a souffert durant toute sa vie: de la part de qui? De la part de l'homme. Mais au bout et au fond de tout cela, comme point central de tout, nous sommes amenés à Dieu lui-même. Ou Dieu est dans le coeur d'un homme, ou il n'y est pas.

Mais ce que Christ souffrit pour les péchés venait de Dieu lui-même. Nous avons ici le dessein de Dieu, non pas son gouvernement; et malgré une pareille mort, et quoique toute la colère de Dieu, tout le pouvoir de Satan, toutes les conséquences du péché fussent placés sur Christ à la croix (c'était bien là souffrir pour les péchés), Christ souffrit volontairement à l'égard de ce que l'homme était, et à l'égard de ce que Dieu était, et afin de les réunir. Tout ce qui était en Dieu fut pleinement manifesté. Son amour amena la souffrance, la colère, etc. Tout ce à l'égard de quoi mon coeur doit être justement exercé, se trouve là. Je ne pourrais pas aller à Dieu, sans que Dieu sût ce qu'est mon coeur, et Dieu, connaissant toute la différence qu'il y a entre le bien et le mal, peut-il voir le mal et y être indifférent? Peut-il dire que peu importe? Impossible. Ce ne serait pas être saint. Pourrait-il voir tant de légèreté, de mauvaise disposition, de propre volonté, d'indifférence en présence de la croix et y être indifférent? Qu'a-t-il à faire à ce sujet? Que doit-il faire à votre égard? Il doit ôter le péché, et il doit agir à l'égard du péché selon la perfection de son amour et de sa sainteté. Par nos péchés nous avons fait de Dieu un juge, et maintenant je me trouve dans la présence même de Dieu que je craignais. Il a ôté le péché de ma conscience; il a versé son amour dans mon coeur, et il m'a donné de trouver ma jouissance dans la sainteté. Celui qui était juste a souffert pour les injustes, et maintenant, étant amené à Dieu, il n'y a rien en Celui avec qui j'ai affaire, que je n'aie appris à connaître (sauf sa gloire naturellement); mais je suis le pécheur duquel il s'est occupé. Dieu s'est fait connaître à moi par ce qu'il a fait; — je connais Dieu. Quelle demeure j'ai là! Ce qui me la procure, c'est l'amour dans le coeur de Dieu, et je suis amené à la source même de cet amour. Je suis amené à jouir de l'amour de Dieu, et rendu participant de sa nature.

Après cela je n'ai pas besoin de dire qu'il y a., comme conséquence, tous les exercices du coeur, la lutte avec le péché, etc.; — toutefois je puis être un témoin devant les pécheurs, que «Dieu a tant aimé le monde» (Jean 3: 16). Comment le savez-vous? me demandera-t-on. Je l'ai goûté; — et c'est ainsi que nous sommes ouvriers avec Dieu. Nous avons l'immense privilège, selon la sphère qui nous est assignée, de rendre témoignage de cet amour qui nous a sauvés. Mais si je n'ai pas cet amour dans mon coeur, comment en puis-je rendre témoignage devant les autres? Si je dis à quelqu'un qui est fatigué, Christ dit: «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos» (Matthieu 11: 28), vous vous tournerez vers moi et vous me direz: «Avez-vous trouvé le repos?» — Un homme peut avertir les autres, et être exercé lui-même: mais il ne peut pas rendre témoignage de la vérité de la délivrance. Pouvez-vous dire: Christ m'a reçu? — Je puis dire, quant à moi: «Il m'a reçu, moi, le plus vil de tous».

Si vous n'avez pas Dieu, vous avez vos péchés, votre volonté, votre responsabilité, — mais vous n'avez pas Dieu. Pourquoi Christ a-t-il souffert pour les péchés? Parce que vous étiez loin de Dieu. Avez-vous conscience maintenant d'avoir été loin de Dieu et, comme le fils prodigue, êtes-vous revenu à lui? Sinon, la chose est bien sérieuse. Vous avez aimé la vanité, vous avez aimé vos plaisirs, vous vous êtes aimé vous-même, et vous n'avez pas Dieu; peut-être n'êtes-vous pas contre lui de parti pris, mais dans l'ignorance de l'incrédulité, vous êtes sans Dieu — le Dieu d'amour!

Si vous n'êtes pas encore venu à Dieu par la croix, puisse-t-il vous donner de le reconnaître, pour que vous puissiez marcher par l'Esprit de bénédiction, et sanctifier le Seigneur Dieu dans vos coeurs, vivant d'une vie de communion avec Dieu, et produisant le fruit de la communion dans des voies qui s'y rapportent, jusqu'à ce que vous parveniez à la pleine jouissance de la bénédiction éternelle dans la maison du Père dans le ciel.