Le ministère et le culte - Kelly W.

Fragment

Pour compléter ce qui a été dit précédemment dans le Messager sur cet important sujet, souvent peu compris et peu réalisé dans maintes assemblées, nous acceptons avec joie cet article, qu'un de nos frères a bien voulu traduire de l'anglais, des Notes sur les Ephésiens par M. W. Kelly. (Editeur)

Le ministère est entièrement distinct de la sacrificature. Tous les chrétiens, sans exception, hommes, femmes, enfants, sont sacrificateurs; le trait caractéristique du sacrificateur étant une vocation et une qualification divines, qui lui donnent accès en la présence de Dieu. En un mot, la sacrificature confère à l'âme un titre pour s'approcher de Dieu. Tel est toujours son caractère distinctif.

D'autre part, le ministère de la Parole est un service varié, mais Christ agit ainsi pour le bien de tous par des membres particuliers du corps. Si donc la sacrificature est universelle et si personne ne peut être chrétien sans être sacrificateur, il n'y en a que peu, parmi le grand nombre, qui soient ce que l'Ecriture appelle ministres de la Parole ou serviteurs publics de Christ. Je ne prends pas la chose dans le sens vague, suivant lequel chacun doit servir Christ tous les jours de sa vie; mais la question qui nous occupe est celle du ministère propre de la Parole: or il est clair que tous n'ont pas la puissance de prêcher la Parole de Dieu d'une manière profitable pour les âmes. Le plus grand nombre des enfants de Dieu a besoin qu'on lui indique le chemin de Dieu, qu'on lui résolve des difficultés, et l'accomplissement de cette tâche est dévolu au ministère, ou le constitue sous une forme ou sous une autre.

Le ministère est de Dieu à l'homme, la sacrificature de l'homme à Dieu. Lorsque nous nous assemblons pour rendre culte à Dieu, c'est un exercice, non du ministère, mais de la sacrificature. Il est possible qu'un ou plusieurs de ceux qui y participent soient ministres de la Parole, mais, dans ce moment-là, ils rendent culte et n'exercent pas un ministère. Le culte est l'exercice de la sacrificature chrétienne, l'offrande de la louange et des actions de grâces. Il va de l'homme à Dieu; telle est, nous l'avons dit, la direction de la sacrificature. Là donc où vous trouvez l'expression de la louange et des actions de grâces, vous avez le caractère le plus élevé de la sacrificature. L'intercession et la prière sont une forme plus humble, quoique l'intercession, qui s'occupe des besoins des autres, soit certes une chose bénie. Cependant, pris dans le sens strict, le culte consiste essentiellement en louanges et en actions de grâces. C'est pourquoi aussi la cène, l'eucharistie, est comme le pivot du culte chrétien: c'est elle qui, de la manière la plus puissante et dans une joie solennelle, appelle nos coeurs au souvenir de Jésus et à l'adoration de Dieu. Non qu'en réalité la participation au pain et au vin puisse être considérée comme constituant le culte; mais c'est elle qui agit sur l'âme et pousse le coeur à rendre culte à Dieu par le Saint Esprit. Il est des personnes qui considèrent la cène comme un moyen d'obtenir la grâce et qui y ont recours dans l'espoir d'y trouver leur soulagement; mais jamais la Parole de Dieu ne la présente ainsi. Au contraire, quand ceux qui prenaient part à ce repas n'entraient pas dans la pensée de Dieu qui y est contenue, c'est-à-dire ne discernaient pas le corps du Seigneur, il devenait pour eux un moyen de jugement. «Celui qui mange et qui boit indignement, mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps du Seigneur». Et notez bien que ce n'étaient pas de faux chrétiens, mais des chrétiens vrais et réels, qui prenaient ainsi la cène du Seigneur dans un esprit de légèreté et sans se juger eux-mêmes. Quand donc une âme, marchant dans un péché manifeste, vient à la table du Seigneur, il en résulte que la main du Seigneur est étendue sur elle, d'une manière ou de l'autre, et il est impossible d'échapper, si l'on se joue ainsi de Dieu. D'autre part, si quelqu'un s'abstient pour éviter cela, il proclame son propre péché et s'excommunie lui-même en pratique. Il ne reste donc rien à l'âme que de marcher droit, de recourir à la grâce de Dieu pour veiller sur le péché et sur ses moindres manifestations, et en se jugeant elle-même, de s'appuyer sur le Seigneur, qui seul peut nous fortifier et nous faire marcher d'une manière digne de Lui. «Qu'ainsi il mange», est-il dit à celui-là; non pas: Qu'ainsi il s'abstienne, mais: Qu'il se juge lui-même et qu'il s'approche.

Ces deux choses donc, le culte et le ministère, ne devraient jamais être confondues. Sans doute une parole pourra être prononcée à la table du Seigneur pour aider la communion, mais nous appellerions à peine cela l'exercice ordinaire d'un ministère: je crois qu'un discours régulier y serait une chose fort irrégulière et distrairait de l'objet principal que le Seigneur a en vue. Le déploiement des affections de Christ peut y trouver place. Dans une circonstance particulière on pourrait y trouver plus encore comme dans le cas de Paul, en visite pour un temps limité et prolongeant son discours jusqu'à minuit. Mais la cène, loin d'avoir un rapport quelconque avec le ministère, se rapporte plutôt aux membres de Christ qui se souviennent de leur Seigneur et à leur culte, quand ils se rassemblent pour l'adorer: il est donc évident, que l'exercice formel du ministère trouve, à proprement parler, sa place ailleurs qu'à la table du Seigneur. Quelques paroles, propres à réveiller les affections des coeurs et à les recueillir devant Christ, dont nous célébrons la mémoire, sont parfaitement convenables et opportunes, si le Seigneur les donne; mais il est important de considérer la place scripturaire, et l'ordre et le but de ces deux choses.