La vie dans le Fils - Jean 5

Le sujet principal de l'évangile de Jean, c'est la vie: «La parole était auprès de Dieu; et la parole était Dieu… En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes». La première épître de Jean nous présente exactement le même sujet: «la parole de la vie», et la vie donnée en expiation, mais le sujet principal, encore ici, c'est la vie. Christ donne la vie sur le fondement du pardon, et ensuite vient la puissance de la justice. Abraham marcha avec Dieu, dans une merveilleuse élévation de caractère, mais la question de la justice dans toute sa portée n'avait pas été soulevée: elle n'était pas mise en lumière, parce que le chemin des lieux saints n'était pas encore révélé. Il y avait une justice qui était reconnue en même temps que celui qui péchait par fierté était retranché (Nombres 15: 30). Mais la présence et la puissance de l'Esprit, rendant témoignage à la vie éternelle et agissant sur cette vie, n'étaient pas là pour faire entrer au dedans du voile et donner une justice nouvelle et accomplie, en laquelle Dieu prend plaisir et qu'il peut accepter. Tout alors était en dehors du voile; mais il ne peut point y avoir de «dehors» maintenant, car le voile est déchiré. Je ne puis pas me tenir devant Dieu maintenant, sur le terrain du passé. Lorsque le chemin de la justice n'était pas pleinement connu, Dieu avait dit: «Marche devant ma face et sois intègre» (Genèse 17: 1). L'homme n'avait pas été entièrement mis à l'épreuve, et sa complète incapacité, son impuissance absolue n'étaient pas non plus comprises. Mais il en est tout autrement maintenant; car on a vu que l'homme n'a pas le pouvoir d'user du remède même qui pourrait le délivrer. La vie lui est donnée, la justice a été accomplie pour lui; et la grâce lui donne la puissance de la foi qui peut les saisir. Il y avait la semence promise pour Abraham, le vrai Isaac, que sa foi pouvait saisir. Pour nous, il y a accomplissement et non pas seulement promesse. La loi proposait la vie sur le pied de l'obéissance; mais elle ne donnait pas la puissance; en effet, c'est là précisément ce qu'elle ne faisait pas «Si vous obéissez, vous serez, etc.» (Exode 19: 5). Les Israélites dans leur folie, prennent sur eux de travailler pour obtenir ce qui avait été promis inconditionnellement aux pères; aussitôt ils font le veau d'or. La loi est hardie dans ses exigences, mais jamais elle n'a la prétention de donner de la force; en sorte que le besoin même rend ce que la loi pourrait faire inutile. C'est comme le réservoir de Béthesda pour l'homme perclus. Si je m'examine intérieurement pour savoir si j'ai fait ce que la loi demande, je découvre non seulement que je suis sans puissance pour répondre à ses exigences, mais que le lien même qui aurait pu me fournir quelque espérance de secours, par elle, est brisé. Mon coeur ne peut trouver aucun soulagement jusqu'à ce que j'aie compris que l'on peut recevoir de la puissance d'une autre manière, car je n'ai point de force pour garder la loi et, par conséquent, je n'ai aucune espérance d'obtenir la vie et la justice sur les principes de la loi. Mais c'est précisément quand j'en suis arrivé là que j'apprends que Christ est le seul qui puisse répondre à mes besoins, car, en lui, j'ai tout à la fois le remède et la puissance qui peut en faire usage. Si j'essaie de résister au mal, cela ne peut pas me soulager: mais je trouve du soulagement dans la connaissance que Christ a la vie et la justice pour moi. La force pour mes besoins se trouve en regardant à un objet qui est en dehors de moi. Si je regarde au dedans de moi, je ne découvre que ce qui peut m'affliger, me tourmenter et me condamner; mais si je regarde à Christ, je trouve le repos et la paix, car Christ est, à la fois, la vie et la justice. Plus je connaîtrai Christ, plus je me jugerai moi-même, cela est vrai, — désirant d'autant plus saisir ce pour quoi j'ai été saisi (voyez Philippiens 3: 12). Mais comme j'aurai la connaissance de la justice de Dieu, je n'irai pas cherchant à établir une justice qui soit de moi, «ma justice» (Romains 10: 3), car la question de savoir si cette justice propre est le fondement, sur lequel on peut se tenir devant Dieu, demeurera ainsi toujours soulevée. Christ est tout ce dont j'ai besoin, et le coeur qui lui est fidèle ne regardera pas à ses propres actes de justice, mais à Celui qui donne également la vie et la justice. En moi-même, je ne vois que péché, et mal et toutes sortes de désordre. Mais Dieu veut la sainteté. Osé-je regarder à ce que je suis? Non, mais je regarde à Christ. «En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes». Le Seigneur Jésus, en traversant ce monde, était l'expression de l'amour parfait et de la sainteté parfaite. Il y avait en lui tout ce que la loi, — bien plus, tout ce que Dieu pouvait demander.

Or, que puis-je avancer en faveur de moi-même? Des péchés extérieurs peut-être, dans leur forme grossière, ne me troublent ou ne m'inquiètent pas? Mais il y a une autre question: Ai-je communion avec Christ, avec la justice de Dieu? Y a-t-il en moi un amour constant et sans mélange pour Dieu, comme seul mobile et motif de toutes mes actions devant Lui? Nous savons que non! Le moi, hélas! dans ses formes variées, n'est que trop généralement notre objet. Cela n'est-il pas vrai? La satisfaction du moi, l'exaltation du moi, la mise en avant du moi sont en tout temps les principes des actions des hommes, des hommes tels qu'ils sont. C'est de son moi présent ou de son moi futur que l'homme est occupé. Dans le Seigneur, il y avait absence totale de tout égoïsme: il y avait le vrai dévouement du coeur, des affections et du service, sans le moindre atome de recherche de soi-même. Le croyant retire le bénéfice de la sainte marche et du témoignage du Seigneur, et son propre égoïsme est vaincu par la grâce qu'il voit en Lui. L'objet même de l'ardente convoitise de l'homme, la gloire qui vient des hommes, faisait défaut absolument en Jésus. «Je ne tire pas de gloire des hommes» (Jean 5: 41).

Or, quel est le ressort, le mobile et le motif de presque toutes les actions? Qu'est-ce qui porte l'homme (vous peut-être) à s'efforcer d'être aimable, de plaire, d'être agréable? N'est-ce pas afin que «vous receviez la gloire l'un de l'autre?» Cependant l'Ecriture dit de ceux qui font ainsi: «Je vous connais et je sais que vous n'avez pas l'amour de Dieu en vous» (voyez Jean 5: 41-44). Les actes de l'homme commencent et se terminent par un continuel effort d'élever le moi; la mort du moi doit remplacer cela. Il est inutile de s'efforcer de corriger et d'améliorer le moi: il faut que le moi meure. La mort doit être inscrite sur toutes les actions, sur tous les efforts et les motifs de l'homme: il faut que l'homme apprenne son entière impuissance et la complète inutilité de tout remède; car sa misère même le prive de la puissance d'employer le remède: «Je n'ai personne qui, lorsque l'eau a été agitée, me jette dans le réservoir» (Jean 5: 7).

Il nous faut longtemps pour apprendre qu'il n'y a aucune puissance dans l'homme, — que l'esprit de sa nature et les principes mêmes de son coeur ne sont que péché. Alors même que nous avons été amenés à comprendre cette vérité, pour ce qui regarde le passé, et que nous sommes obligés de reconnaître que jusqu'ici tout a été mal, nous n'abandonnons pas l'espérance d'être meilleurs à l'avenir, et ainsi d'acquérir une justice par cette voie. On se dit: «J'ai manqué pour ce qui est de hier, mais je puis devenir meilleur pour demain». On n'a pas encore reconnu qu'il faut paraître devant Dieu aujourd'hui, mauvais comme on est, — exactement tel qu'on est, dans tout son égoïsme et tout son péché. Peut-être encore serons-nous assez humbles pour dire: «Je suis dans un mauvais état»; mais quand il est question de dette, toujours nous parlons de demain. Mais cette manière de renvoyer à demain ne rendra pas notre position meilleure. Je ne peux pas paraître dans la présence de Dieu sans sainteté: il faut que ma conscience soit purifiée. Où puis-je chercher du secours? Je ne désire pas que la sainteté de Dieu soit amoindrie; cependant, je n'ai aucune puissance en moi-même pour y satisfaire. Que faut-il que je devienne? Le Seigneur Jésus dit à l'homme perclus, qui était infirme depuis trente-huit ans (Jean 5): «Prends ton petit lit et marche». La puissance de Dieu intervenait, non pas celle de l'homme; et c'est par l'emploi de cette puissance que l'homme obtient la bénédiction. La grâce de Dieu met la force en lui: «Et aussitôt l'homme fut guéri». Tout vient et dépend de Christ. Il procure la bénédiction et donne en même temps la puissance pour en profiter. Il donne la vie: «Le Fils vivifie ceux qu'il veut». Sa propre parole nous apprend la merveilleuse vérité, qu'il est devenu notre vie; car comme nous avons participé à la nature et à la chute du premier Adam et que nous avons reçu la sentence de la mort, par lui, ainsi nous obtenons la vie par Jésus Christ. La vie est descendue du ciel; et si je me repose, dans la foi, sur cela, cette vie est à moi. J'aurai peut-être à me juger, mais ma conscience sera tranquille. J'ai vu cette puissance de Christ sur la terre: «Prends ton petit lit et marche. Et aussitôt l'homme fut guéri». Il n'y avait pas besoin du réservoir; — la présence vivifiante de Christ était là. Christ avait la puissance de guérir sans l'eau. Il y avait en lui la grâce, la force, l'amour, la sympathie, et tout ce dont l'homme pouvait avoir besoin. L'impuissance de l'homme faisait de l'homme l'objet même que Christ pouvait fortifier; son besoin était ce qui appelait le secours du Seigneur. C'est à cette place que Christ nous a rencontrés. «Christ, lorsque nous étions encore sans force, est mort pour des impies» (Romains 5: 6, 8). Il a fait une complète expiation pour le péché: «Ayant fait par lui-même la purification de nos péchés, il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux» (Hébreux 1: 3.). Nous sommes «vivifiés ensemble avec lui» (Colossiens 2: 13).

Quand je vois Christ devant Dieu, je sais que mon péché est entièrement ôté, et que j'ai la vie en lui. J'ai la vie dans le Fils, et non dans la créature. Mon péché a disparu complètement, car Christ est dans le ciel à, la droite de Dieu, et il n'a pas pris le péché avec Lui. Si je cherche la vie en moi-même, il faut que je rompe avec Christ.

Il n'est jamais dit de la vie éternelle, qu'elle soit en nous. Nous avons la vie éternelle, mais nous l'avons en Christ (comp. 1 Jean 5: 11-13); et la mesure et le caractère de la vie sont maintenus dans l'âme, en ce qu'elle regarde à Lui (2 Corinthiens 3: 18). Dieu a été parfaitement glorifié en ôtant mes péchés; et j'ai obtenu la vie éternelle, car j'ai le Fils. Si je n'ai pas le Fils de Dieu, je suis encore dans mes péchés. Mais du moment que je vois Christ ressuscité et dans les cieux, je ne puis pas autrement que de savoir que mes péchés ont tous disparu, et j'ai la vie et la justice, et Christ est la mesure de l'une et de l'autre. «En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5: 24).

Il est écrit que nous devons tous comparaître devant le siège judiciaire du Christ (Romains 15: 10-12; 2 Corinthiens 5: 10). Cette pensée me cause-t-elle de l'inquiétude? Christ «vivifie ceux qu'il veut». Pensez-vous qu'il veuille juger ceux auxquels il a donné la vie». Va-t-il se juger lui-même? Non, la pensée serait monstrueuse. Quelle puissance pourra me juger?

Une grande confusion naît, dans l'esprit, du mélange que l'on fait trop souvent de la résurrection de vie avec la résurrection de jugement, Christ exécutera le jugement, «parce qu'il est le Fils de l'homme» (Jean 5: 27). Tout genou se ploiera devant Lui (Philippiens 2: 9). Il recevra de la gloire de toute créature. Va-t-il juger ce qu'il a déjà glorifié? Nous comparaîtrons, nous serons manifestés, devant le siège judiciaire de Christ, cela est vrai; mais ce sera pour recevoir de Lui, car nous serons avec Lui dans la gloire avant de comparaître là. Nous sommes un avec Celui qui jugera. Nous aurons alors nos corps glorifiés. «Ce mortel aura revêtu l'immortalité» (1 Corinthiens 15: 54). Le corps de notre abaissement sera changé et rendu conforme à son corps glorieux (Philippiens 3: 2). Il aura et que mon âme a déjà (Romains 8: 23). Christ a porté mes péchés; — va-t-il juger ce qu'il a ôté? «En vérité, en vérité, je vous dit que celui qui entend ma parole et croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle». C'est celui qui se soumet qui a la vie éternelle, «celui qui entend», celui qui reconnaît qu'il est sans force, absolument mort quant à l'espérance ou à toute ressource qui viendrait de lui-même. Si je suis amené dans une telle position devant Dieu, que j'écoute Christ et que je reçoive de lui, alors j'ai la vie. «Celui qui entend ma parole…, ne viendra pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie». Si mon âme a fléchi devant Christ, si je l'ai écouté, si j'ai appris de lui, reconnaissant que j'étais perdu, — alors j'ai une part à la vie qui tranche toute question de jugement. «Celui qui entend ma parole,… ne viendra point en jugement». C'est de cette manière précisément, que j'ai appris que je suis perdu, et que je suis amené à la conclusion qu'il faut que je prenne place avec ceux qui ont la vraie vie et qui ne viendront pas en jugement, ou bien que je sois rangé AVEC ceux qui ressusciteront pour le jugement, parce que je rejette Christ, je suis un vil pécheur, mais je crois que le Père a envoyé le Fils, et ce fait règle toute la question quant à ma culpabilité, Si je mélange la résurrection de vie avec la résurrection de jugement, de telle sorte que la pensée du jugement me tourmente encore,… Dieu a remis tout jugement au Fils. Jugera-t-il ce qu'il a vivifié? Bien certainement, non. Ou bien y aurait-il quelqu'autre Dieu pour me juger? Cette pensée serait un blasphème.

La parole est particulièrement claire, mais nous, en confondant les deux résurrections, nous perdons la consolation de leur vrai sens. Ils ressusciteront: «ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront mal fait, en résurrection de jugement» (Jean 5: 29). Eh! bien, si nous avons entendu la parole du Christ et cru en Celui qui l'a envoyé, nous avons la vie éternelle: «Dieu… alors que nous étions morts… nous a vivifiés» (Ephésiens 2); nous avons cette parfaite sainteté qui peut se tenir devant Dieu. Croyant en lui, j'ai acquis une vie dans laquelle j'ai la bienheureuse certitude que je ne viendrai pas en jugement; j'ai la vie éternelle, je suis passé de la mort à la vie. J'étais mort, mais je suis ressuscité, quant à mon âme, par la puissance de Dieu. Je possède Christ. Il m'a guéri. Il m'a donné et la vie et la justice. Pour ce qui regarde ma condition présente, je suis dépouillé de moi-même et transporté en Lui. Il m'a racheté. Il est mort pour moi. Il y a un jugement certain et inévitable pour l'homme; mais ce jugement est absolument en dehors de cette vie éternelle. Il faut que j'aie place dans l'une ou dans l'autre des résurrections; je ressusciterai dans la résurrection de vie, ou bien je ressusciterai dans la résurrection de jugement; — je ne puis avoir part à toutes les deux (comp. Luc 20: 35; Apocalypse 20: 6). Si j'ai part à la première, ce corps humble sera rendu conforme au corps glorieux de Christ. Toute la puissance de la vie reposera alors sur mon corps, comme elle est maintenant dans mon âme. Il faut que Dieu maintienne sa sainteté. C'est ce qu'il a fait sur la croix; mais la croix, en manifestant son amour, ne procurait pas son amour. Qui a envoyé le Fils? — Le péché a été ôté en ce que le Fils de Dieu fut mis à la place du pécheur; mais son amour ne fut pas créé par la croix. Sa sainteté fut revendiquée et glorifiée à la croix; mais nous nous trompons grandement, si nous supposons que son amour commença à la croix. «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique» (Jean 3: 16). Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1: 7). Et nous avons la vie en Lui. Il «a porté nos péchés en son corps sur le bois». La question n'est pas de savoir ce que je serai demain, mais ce que je suis, ou plutôt ce que Christ est pour moi aujourd'hui.

Le Seigneur nous donne d'être humbles, nous souvenant de l'amour qui a fait celui qui n'a pas connu le péché être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui (2 Corinthiens 5: 21).