La mort et la résurrection - Exode 15

Il y a deux choses qu'il est très important pour chacun de bien saisir: premièrement, ce que la mort et la résurrection de Christ introduisent, comme principe; et, secondement, ce qu'elles enseignent pour ce qui regarde la pratique. Ces deux choses nous sont présentées dans le chapitre que nous avons sous les yeux.

En premier lieu, nous entendons les sons joyeux du cantique d'allégresse, qui retentit sur les bords de la mer Rouge, et qui jamais auparavant n'avait été entendu: Dieu s'était montré ouvertement pour son peuple. Israël, tremblant et craintif, avait pensé qu'il avait été amené hors d'Egypte pour mourir; il avait douté de Dieu et de Moïse (Exode 14: 10-12): mais Dieu était intervenu, comme un héros puissant et triomphateur, et il avait délivré Israël, montrant combien il était à tous égards pour son peuple. La mort et la résurrection de Christ apparaissent ici comme principe.

A la Pâque, où le sang de Christ est le seul abri contre la destruction, Israël ne chante pas. La pensée du jugement se rattache à la Pâque, et un cri de détresse s'élève de toute l'Egypte: «Et il y eut un grand cri en Egypte, parce qu'il n'y avait point de maison où il n'y eût un mort» (Exode 12: 30). Les Israélites, sans doute, avaient le sentiment de la sécurité de leur position; mais il n'y avait rien qui pût faire éclater leurs coeurs en louange et en actions de grâces; car c'était un moment solennel que cette heure de minuit: et même Israël devait manger l'agneau avec des herbes amères. Le jugement de Dieu, quand bien même nous connaissons l'Etre saint qui a été frappé pour nous, est nécessairement et justement lié à la pensée de ce que souffrir pour nos péchés a coûté à ce substitut, Dieu faisant tomber son jugement sur un être saint et sans tache, afin qu'il pût passer sur le péché en nous et ôter le péché. Un cantique, ici, montrerait que nous n'avons pas senti ce que Christ a dû souffrir et que nos consciences n'ont pas compris ce que notre péché était aux yeux de Dieu.

Mais maintenant les enfants d'Israël ne sont plus dans leurs maisons, mangeant la Pâque; ils ont été simplement appelés à s'arrêter et à voir la délivrance de l'Eternel (Exode 14: 13), et ainsi, ayant vu sa pleine délivrance, ils peuvent chanter: «L'Eternel est ma force et ma louange et il a été mon SAUVEUR». Le jugement du péché et le fait que Dieu passe par-dessus le péché ne constituent pas tout le salut de Dieu; ils n'en sont que le fondement. Quand le péché est pardonné, alors Dieu a libre champ pour l'accomplissement de son parfait et complet salut. Il ne se contente pas de satisfaire simplement aux exigences de sa propre sainteté; mais maintenant il veut nous montrer combien il est pour nous, absolument et complètement.

Dans la Pâque, Dieu s'était montré ce qu'il est contre le péché; et le sang de l'agneau avait arrêté la main du destructeur, tandis que le jugement s'exerçait sur les ennemis de son peuple, mais individuellement, sur chaque premier-né isolément, l'ange destructeur entrant dans les maisons des Egyptiens pour frapper. Mais à la mer Rouge, il s'agit de tout autre chose: les ennemis, avec toutes leurs forces, sont amenés sur la scène; et deviennent l'occasion pour Dieu de manifester qu'il est pour son peuple.

Le chapitre 5 de l'épître aux Romains est le développement plus complet de cette vérité dans la mort et la résurrection du Seigneur. Nous sommes enclins à nous contenter de la plus petite mesure de la bénédiction, dans laquelle Dieu nous a placés; c'est cependant seulement selon l'intelligence que nous avons de cette bénédiction, et dans la mesure selon laquelle nous la possédons, que nous pouvons être pour Dieu. Je ne puis pas être entièrement pour Dieu, à moins que je ne voie que Dieu est entièrement pour moi. Ainsi raisonne Paul: «Beaucoup plutôt ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie» (Romains 5: 10). Ce salut de Dieu donc ne se rattache pas au sang et à la mort de Christ seulement, mais il embrasse tout le triomphe de la résurrection qui en est la suite. Il était absolument nécessaire, cela est vrai, que le sang de Christ fût répandu, car «sans effusion de sang il n'y a pas de rémission» (Hébreux 9: 22). Le sang de Christ a glorifié Dieu abondamment et de toutes manières, et il est la confession la plus parfaite possible du fait, que nous étions des pécheurs coupables, et que Dieu est inflexiblement juste. Mais ce n'est pas tout. Quand je regarde Christ souffrant, est-ce que je vois l'amour de Dieu envers son Fils? La mort de Christ a glorifié Dieu pour toujours; mais dans la résurrection, Dieu justifie son Fils, et me justifie par Lui. Il me place en Christ et avec Christ dans une position où il ne peut plus être question de péché.

Il n'est pas étonnant que Moïse et les enfants d'Israël aient chanté sur les bords de la mer Rouge. Les eaux de la mort, ces eaux terribles, qui avaient menacé de les engloutir, étaient maintenant derrière eux; ils pouvaient voir leurs ennemis morts sur le rivage de la mer, pour ne plus être jamais troublés par eux. Il en est de même pour nous: «Là où le péché abondait, la grâce a surabondé, afin que comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice en vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur» (Romains 5: 20). Dieu ne se contente pas de nous montrer que nous sommes justifiés par le sang de Christ. Christ n'est pas seulement mort, il est aussi ressuscité; et maintenant qu'il est ressuscité, Dieu soulèverait-il jamais de nouveau la question du péché avec Lui?

Ainsi, nous voyons comment Dieu nous a bénis, nous qui n'étions rien que péché. Tout ce qui était dû au péché est tombé sur Christ, et maintenant nous sommes faits participants de la bénédiction qui est la part de Christ: là, Dieu nous ouvre son coeur. Telle est la position dans laquelle la résurrection de Christ nous fait entrer. Comment pourrait-il y avoir là aucune condamnation? «Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus» (Romains 8: 1). Christ a souffert afin de nous amener à Dieu: mais c'est dans la puissance de sa résurrection que nous en avons connaissance et que nous en jouissons par le Saint Esprit. Avant que Christ ressuscitât, il ne pouvait pas être question d'être en Christ: la position n'existait pas. Seul il marcha dans une inaccessible sainteté; seul il souffrit sur la croix. «En vérité, en vérité, je vous dis: à moins que le grain de froment ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit» (Jean 12: 24). Ceci change tout pour mon âme; et maintenant, si je suis placé en Christ, quand tout jugement est passé, pour ceux qui croient, je partage son élévation et sa gloire. Il est entre mon état «dans la chair» et mon état «dans l'Esprit» une différence qui ne peut se mesurer que par la distance qu'il y a entre la croix et la droite de Dieu. Je suis libre maintenant et je suis dans la faveur de Dieu, dans l'infinité de son amour pour son Fils. La seule loi que je connaisse désormais, comme principe de ma relation avec Dieu, est «la loi de l'Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus». Ce n'est pas là la responsabilité d'un homme sous la toi: cette responsabilité qui a entièrement pris fin avant la résurrection de Jésus d'entre les morts. La loi s'est toujours adressée à des hommes individuellement; «Tu feras»; «Tu ne feras pas» etc. Mais Christ vint, et non seulement se plaça sous la responsabilité de la loi, mais en épuisa la puissance et la malédiction dans sa mort. — Il devient le chef d'une famille seulement comme ressuscité; et maintenant, «la loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus, non pas: «m'affranchira», mais «m'A affranchi», etc. Nous ne sommes pas en relation avec Christ de ce côté de la tombe. Comment donc est-il associé avec nous, ou plutôt, comment le sommes-nous avec lui? Nous sommes associés avec Christ ressuscité, de l'autre côté de la mort; et cette part nous appartient, non seulement pour un temps futur, mais elle est à nous maintenant. C'est pourquoi, pour autant qu'il est question de notre ancien esclavage de Satan, nous n'avons rien à faire qu'à chanter le cantique de la délivrance.

Nous apprenons ainsi à quoi la mort et la résurrection de Christ nous amènent, comme affaire de principe: «Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, car la loi de l'esprit de vie dans le Christ Jésus m'a affranchi de la loi du péché et de la mort; car ce qui était impossible à la loi en ce qu'elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché en la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous qui ne marchons point selon la chair, mais selon l'Esprit» (Romains 8: 1-4). La puissance de la justice, jour après jour, dépend de cela. Toute la condamnation est tombée sur Christ, pour que nous soyons libres de «vivre dans ce présent siècle sobrement et justement et pieusement» (Tite 2: 12), glorifiant Dieu comme vivant «à lui» par Jésus Christ notre Seigneur.

Mais si nous passons maintenant au second point, dont nous avons parlé, savoir à la mort et à la résurrection de Christ, pour ce qui concerne la pratique, tout est différent: il n'y a pas de cantique alors. La mort est réalisée, aussi bien que la résurrection. Bienheureux sommes-nous que Dieu commence par nous donner le: «il n'y a donc maintenant aucune condamnation» devant Lui; — oui, heureux sommes-nous de ce que, quand tout était sans remède, comme nous avons vu, Dieu ait introduit la délivrance. Mais où le peuple s'en alla-t-il ensuite? Est-ce dans le jardin d'Eden? ou en Canaan? Non, mais dans le désert; et ils marchèrent là pendant trois jours et ne trouvèrent point d'eau. On aurait pu penser qu'après la mer Rouge, et la délivrance qu'elle avait apportée, il n'y avait plus de place pour autre chose que pour la joie; mais les enfants d'Israël murmurent à Mara. — Ils trouvent étonnant que Dieu agisse avec eux comme il le fait. — Cependant, Dieu était tout aussi bon pour son peuple pendant ces trois jours qu'il l'avait été précédemment. Il s'était montré pour eux, et maintenant c'était à eux de se montrer pour lui, sinon, il faut qu'ils soient éprouvés par lui. Mais parce qu'ils ne pouvaient pas boire des eaux amères de Mara, ils murmurent, et il devient manifeste ainsi que, pour autant qu'il s'agit des enfants d'Israël, leurs coeurs n'étaient pas pratiquement droits envers le Seigneur. Dieu n'agit pas envers nous simplement selon ce que nous entendons de Christ; — il faut que nous l'apprenions. L'apôtre dit: «J'ai appris à être content dans les circonstances où je me trouve» (Philippiens 4: 11). Il en est exactement ainsi quand la mort et la résurrection de Christ sont appliquées aux circonstances pratiques. En supposant que les enfants d'Israël eussent compris l'enseignement de la mer Rouge, qu'auraient-ils fait maintenant? S'ils n'avaient pas si vite oublié les oeuvres de l'Eternel, ils eussent chanté un autre cantique. Le Seigneur attend que nous rendions grâces toujours, pour toutes choses, même dans les épreuves et dans les difficultés, à Celui qui est Dieu et Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ (Philippiens 4: 6; Colossiens 3: 17). Est-ce que nous ne devons pas sentir les épreuves et les difficultés? Oui, mais ce n'est pas seulement l'épreuve que nous devons sentir; mais nous devons avoir conscience aussi que Dieu est là pour nous, dans l'épreuve et au-dessus de l'épreuve. Devons-nous abandonner le sentiment de la victoire qui nous a été accordée deux ou trois jours auparavant, parce que l'épreuve arrive maintenant?

Après le passage de la mer Rouge, Israël fait l'expérience de la complète vanité de toutes les ressources du désert. C'est là une vérité de la plus haute importance, qu'il faut réaliser pratiquement, savoir: qu'il n'y a rien ici-bas qui puisse satisfaire à nos besoins. Si, au premier abord, on pense avoir trouvé quelque chose qui réponde à ces besoins et leur donne satisfaction, on éprouve que ces eaux sont amères. Quand on a appris cela, alors on vient à «Elim». Ainsi, la première chose à apprendre, c'est qu'il n'y a point de ressources réelles ici-bas; ensuite on voit que ce qui semble si amer, et que nous rejetterions comme tel, Dieu le rend doux: il fait l'application de la mort et de la résurrection de Christ aux circonstances amères du désert. Telles sont les voies de Dieu! Si l'épreuve vient, elle sert à découvrir jusqu'à quel point il y a de l'amour, de la patience, de la douceur, de l'attente en Dieu et, par-dessus tout, de la confiance en son amour.

Tout cela nous porte-t-il à regarder au Seigneur? Moïse connut ses voies, tandis qu'Israël vit seulement ses actes (*); et ses voies consistent à amener, par l'épreuve, une bénédiction meilleure, en sorte que même les eaux d'Elim n'étaient pas si douces pour Israël que celles de Mara, après que Dieu eut changé l'amertume de celles-ci en bénédiction. C'était quelque chose de si consolant et de si encourageant de voir que Dieu prêtait l'oreille au cri des siens. Ce fait devait rendre les eaux de Mara plus douces que celles de toute autre source, quelque rafraîchissante qu'elle pût être en elle-même.

(*) Psaumes 103: 7.

Combien Dieu voudrait que nous comptassions sur lui maintenant, alors que la faiblesse, les craintes, les murmures, les hérésies, etc., abondent dans l'église? Devons-nous penser qu'il nous a oubliés? Les difficultés mêmes du chemin deviennent pour nous un moyen d'apprendre ce que le Seigneur est, maintenant, pour fortifier ainsi l'âme dans la dépendance et dans l'obéissance. Il en a été de même pour les enfants d'Israël, ils avaient crié à l'Eternel, et il leur avait répondu, disant: «Je suis l'Eternel qui le guérit» (Exode 15: 26). Désormais ils n'ont rien à craindre à quelque égard que ce soit. Pourquoi le peuple de Dieu douterait-il de Dieu pour la route plus que pour le but? Ayons toujours confiance. La foi ne regarde pas en bas, à ce qui est pénible dans le désert; mais elle compte sur le Dieu de miséricorde, selon la miséricorde qu'elle a appris à connaître. Dieu veut que nous connaissions le bienheureux secret de la grâce, qui amène sa puissance pour guérir. «Ainsi, frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur» (1 Corinthiens 15: 58).