Les préoccupations de la foi - Psaume 132

La lecture de ce psaume a particulièrement, arrêté mon attention sur le sujet des préoccupations de David, ainsi que sur la nature des circonstances dans lesquelles ces préoccupations se produisaient.

Le verset 1 indique dans quelle position David se trouvait: «O Eternel! dit-il, souviens-toi de David et de toute son affliction». Il était dans l'affliction.

Quand une personne est dans le bien-être, que les circonstances qu'elle rencontre lui sont favorables, on comprend aisément qu'elle puisse, sans un grand effort de foi, s'occuper d'autres personnes dans la misère et dans un complet dénouement; mais ce n'était pas le cas de David, au moment où il composa ce Psaume, il était dans l'affliction. Ce n'était pas dans un moment d'épreuve ordinaire et que chacun rencontre, car l'expression: «toute son affliction» semble employée d'une manière emphatique et comme pour indiquer un de ces moments de la vie, où il semble que tous les ennuis et toutes les difficultés fondent sur vous. Eh bien, cher lecteur, c'est dans un de ces moments que l'Esprit de Dieu nous montre David, tout préoccupé de l'arche et du repos qu'il désirait procurer à l'Eternel au milieu de son peuple. Ce genre de préoccupation n'avait aucun rapport avec l'agitation fiévreuse de l'esprit humain; c'était la préoccupation de la foi d'un homme qui, malgré tout, conservait en son coeur le sentiment de la grâce dont il était l'objet.

Considéré à ce point de vue, ce psaume renferme une leçon sérieuse, car dans les peines, que nous sommes appelés à traverser ici-bas, sommes-nous, à l'exemple de David, préoccupés de choses qui répondent au désir de Dieu? Ne nous semble-t-il pas, au contraire, tout simple et même légitime, d'être préoccupés des circonstances difficiles dans lesquelles nous nous trouvons, ou bien encore de nos personnes? N'y aurait-il pas de l'insouciance de notre part si nous agissions différemment? C'est bien ainsi que l'homme naturel raisonne, aussi agit-il en conséquence, mais il n'en doit pas être de même de l'enfant de Dieu. L'homme du monde pense et agit selon sa propre incrédulité; il n'a pas l'idée que les délivrances viennent de l'Eternel; aussi, dans ses difficultés, dans ses misères, le voit-on faire de pénibles efforts pour se débarrasser d'un fardeau dont il est accablé. David, sans doute, désirait être délivré de son affliction; mais, s'il pense à lui, c'est pour dire à l'Eternel de se souvenir de la position dans laquelle il se trouve. Quelle harmonie entre une telle conduite et cet enseignement de l'Esprit: «Remets ta voie sur l'Eternel, et te confie en lui, et Il agira». L'Eternel n'ignorait pas la position de son serviteur, Il la connaissait parfaitement; c'était là le sentiment qui remplissait l'âme du Psalmiste; aussi ne dit-il pas autre chose que: «Souviens-toi». N'est-ce pas une chose digne de remarque, que ces deux mots suffissent amplement pour réveiller toute la sollicitude dont le coeur de Dieu est capable! et comme pour lui dire: celui que tu aimes est dans l'affliction. L'Eternel pouvait-Il être indifférent à l'affliction de son serviteur? Non, certainement, car il était dans ses vues de le délivrer. De son côté, David n'en doutait pas; il ne connaissait pas, il est vrai, le moment où Dieu agirait, mais sa confiance était en l'Eternel; aussi, il n'estime pas qu'il doive appesantir longuement son esprit sur ses circonstances; pareil à ces hommes de foi et de coeur qui lapaient l'eau en courant, pour lui l'intérêt de l'Eternel allait avant tout (Juges 7). Au reste, le: «Souviens-toi», de la foi est comme le son retentissant des trompettes, qui faisait ressouvenir l'Eternel, que son peuple avait besoin de délivrance (Nombres 10: 9). Dieu ne se fatigue pas en délivrant: Il aime à répondre à la prière de la foi, — à dépasser même ses demandes (comp. les versets 8 et 14, 15; 9 et 16; 10 et 17, 18). Or si, dans toutes nos détresses, c'est avec confiance que nous pouvons exposer nos besoins à Dieu, c'est aussi avec patience que nous devons attendre qu'Il nous réponde.

Il y a, je le répète, dans cette,manière de faire de David, ou plutôt dans l'expression de sa foi, une leçon importante pour nous; car outre le calme et l'attente patiente de son coeur, on voit David plein d'activité, non pas toutefois pour se délivrer lui-même, mais pour procurer un lieu de repos à l'Eternel. C'est ainsi, cher lecteur,que, dans toutes nos épreuves,Dieu aime que nos coeurs soient préoccupés de Lui, comme s'Il avait besoin que nous fassions quelque chose pour Lui! Pour des créatures telles que nous, n'est-ce pas ineffablement précieux? Pourquoi donc en est-il, pour l'ordinaire, différemment? N'arrive-t-il pas trop souvent, que nos difficultés nous préoccupent, au point de ne laisser, en notre coeur, aucune place pour autre chose; et ainsi, nos difficultés, loin d'être une occasion pour que notre foi se produise, laissent, au contraire, la porte ouverte au murmure, à l'agitation et à l'incrédulité! On ne nous voit pas calmes, nous attendant à Dieu, dont nous n'ignorons ni l'amour, ni la puissance, car «Il n'a pas épargné son propre Fils, mais l'a livré à la mort pour nous tous, et, avec Lui, Il nous donnera aussi gratuitement toutes choses». Quel contraste avec David qui, tout éprouvé qu'il fût, pensait à son Dieu et cherchait un lieu pour Lui en Israël (versets 4, 5). Il y a une grande douceur à agir ainsi et il serait heureux pour nous (en même temps que ce serait un beau témoignage rendu à la face du monde), si, dans nos difficultés et dans nos peines, on nous voyait calmes et tranquilles et non agités ou inquiets sur l'issue qu'aura telle ou telle difficulté. La confiance qu'avait le Seigneur Jésus était un fait public; les méchants la tournèrent, il est vrai, en dérision (Matthieu 27: 43); toutefois le témoignage était rendu, et c'était ce qui glorifiait Dieu. Tel doit aussi être notre témoignage. En nous reposant sur Dieu pour tout, nous aurons alors le temps d'être occupés de ce qui concerne le Seigneur; au lieu d'être préoccupés uniquement de soi, on s'occupera avec joie d'autrui, soit du monde pour l'évangéliser, soit pour réjouir les entrailles de Christ dans la personne des siens; «car», dit-il, «en tant que vous l'avez fait au plus petit de mes frères, vous l'avez fait à moi-même». Ce serait donc à notre préjudice, si notre égoïsme naturel, ou bien encore notre manque de foi, nous privait du bonheur qui découle de l'activité de la foi, laquelle se produit toujours en vue du Seigneur. Si nous pensons que, forcément, nos propres difficultés nous préoccuperont toujours au delà de ce que nous aimerions, c'est une raison de plus de nous décharger sur Dieu de tout souci; Il prend soin de nous en détail. On a souvent montré le Seigneur Jésus oubliant de manger son pain, tout préoccupé qu'Il était de la Samaritaine; d'autres, après Lui, ont marché dans le même amour; comme exemple on peut lire 2 Corinthiens 11: 26-28: «en péril de la part des nations, en péril dans les villes, en péril dans les déserts, en péril en mer, en péril parmi les faux frères, en peine et en travail, en veille souvent, en faim, en soif, en jeûnes souvent, dans le froid et dans la nudité: outre ces choses exceptionnelles, il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude que j'ai pour toutes les assemblées». Ailleurs, nous lisons: «Car je veux que vous sachiez combien grand est le combat que j'ai pour vous et pour ceux qui sont de Laodicée, et pour tous ceux qui n'ont point vu mon visage en la chair, afin que leurs coeurs», etc. (Colossiens 2: 1-3). L'apôtre Pierre aussi, de son côté, dit: «C'est pourquoi je ne négligerai pas de vous rappeler ces choses»,… «et je m'étudierai à ce qu'après mon départ vous puissiez en tout temps vous rappeler ces choses» (2 Pierre 1: 12-15).

Telle est la préoccupation de la foi. Cette préoccupation, cher lecteur, peut être la vôtre; le tout est de compter sur Dieu pour vous-même. Remarquons aussi, que la foi prend toujours l'initiative, car ce n'est pas un principe de loi qui la fait agir, mais l'amour; elle connaît ce qui convient à Dieu et se met à l'oeuvre. Aussi, n'y a-t-il pas une certaine froideur dans ce christianisme qui ne pousse à l'action qu'au moyen d'appels qui nous parviennent du dehors? Ce n'est pas que je veuille m'élever contre cela, mais ne vaudrait-il pas mieux qu'il n'y en eût pas besoin? Par exemple, s'il y avait assez d'activité dans l'amour pour aller au-devant du bien qui se présente à faire, ne serions-nous pas plus heureux? La crainte de se tromper peut aussi exercer son influence et par là paralyser notre activité chrétienne et c'est pourquoi on aime souvent mieux répondre à un appel direct. Toutefois, si nous nous tenons près de Dieu, son Esprit nous conduira, en cela, comme en toutes choses, dans la vérité, car combien n'est pas plus grande la joie que l'on éprouve, lorsque, après avoir pris l'initiative, il parvient à notre connaissance, que Dieu nous a dirigés et que nous avons été l'instrument dont sa bonne main s'est servie pour accomplir sa volonté.

Que Dieu nous tienne toujours dépendants de Lui, de manière que nous puissions toujours dire — «Parle, Seigneur, ton serviteur écoute» (1 Samuel 3: 10).