Le trône de grâce et le trône de justice - Apocalypse 4

Je ne veux pas m'occuper ici de l'explication de ce chapitre; mon seul but est d'y relever ces quelques points en les appliquant à nous-mêmes:

  1.  Le caractère du trône que l'on voit dans ce chapitre;
  2.  La position des anciens ou des saints transférés au ciel;
  3.  Leur attitude alors que les louanges de Celui qui est assis sur le trône sont célébrées.

1.  Le trône que l'on voit ici est évidemment, non pas le trône de grâce (Hébreux 4), nom qui désigne celui dont, comme croyants, nous nous approchons, dans l'état de choses actuel. Celui qui est ici présenté est, sans aucun doute, un trône de jugement en justice — un trône dressé pour juger les vivants, — comme celui d'Apocalypse 20: 11 est dressé pour juger les morts. Ce trône est placé dans le ciel, et il en sort des éclairs, et des voix, et des tonnerres, comme jadis du sommet du Sinaï. Là puissance de Dieu se manifeste en jugement et en gouvernement. Il n'y a point d'autel, point de moyen d'approcher de Dieu alors; la mer de verre est semblable à du cristal: fixe, inébranlable; ne servant plus maintenant, comme la cuve d'autrefois, à laver les souillures pratiques de ceux qui avaient passé par l'autel et qui étaient censés y avoir été purifiés par le sang. Les images employées ici se rapportent au sanctuaire: le trône, le chandelier, la mer d'airain, mais point d'autel. Et autour du trône, il y avait quatre animaux (ou êtres vivants) pleins d'yeux, devant et derrière; et le premier animal était semblable à un lion; le second animal semblable à un veau le troisième animal avait la face comme d'un homme et le quatrième animal était semblable à un aigle volant; et les quatre animaux ayant chacun six ailes à l'entour: et au dedans ils sont pleins d'yeux et ils ne cessent point ni jour, ni nuit, disant: Saint, saint, saint, Seigneur Dieu Tout-puissant, qui étais, qui es et qui viens!

Le trône est entouré par quatre êtres vivants, que nous trouvons, sous un aspect plus ou moins différent, dans les Ecritures de l'Ancien Testament, comme accompagnant les actes judiciaires de Dieu, et son gouvernement d'Israël ou du monde. Les chérubins tenaient une épée flamboyante qui se tournait çà et là, lorsque Dieu, dans son gouvernement contre le péché d'Adam, avait chassé celui-ci hors du jardin d'Eden et lui fermait ainsi tout accès à l'arbre de vie (Genèse 3). Les deux chérubins étaient faits de la même masse d'or que le propitiatoire qui recouvrait l'arche du témoignage (Exode 25); leur regard était baissé vers le sang qui aspergeait le propitiatoire, sang d'après lequel Dieu gouvernait Israël. Quand les Israélites, infidèles à leur Dieu, furent livrés à la domination des Gentils, à cause de leurs péchés, les êtres vivants emportent au ciel la gloire ou la présence de Jéhovah, laquelle s'était d'abord élevée d'entre les chérubins sur l'arche, pour venir sur le seuil de la maison (Ezéchiel 9: 3; 10: 1-17); et du seuil de la maison, elle se tint au-dessus des chérubins (Ezéchiel 10: 18), qui l'emportèrent, loin de la ville condamnée, sur la montagne des Oliviers qui est à l'orient de la ville (Ezéchiel 11: 22, 23), Dieu quittant ainsi son trône terrestre avant d'abandonner son peuple à la captivité et au jugement à cause de ses péchés.

Ainsi nous les trouvons toujours accompagnant les actes de puissance judiciaire, étant toujours associés avec le trône du jugement.

Mais, ici, il y a quelque chose de plus, car nous les voyous participant à un autre caractère — en parfaite harmonie avec le caractère de Celui qui est assis sur son trône, en Apocalypse 4; ils sont, en effet, présentés tels que les séraphins d'Esaïe 6 — les séraphin (ou les brûlants) consument tout ce qui ne répond pas à l'entière sainteté, de Dieu. Chacun d'eux avait six ailes, de deux desquelles, lorsque le prophète Esaïe les vit, ils couvraient leur face, et de deux ils couvraient leurs pieds, et de deux ils volaient; et ils criaient l'un à l'autre et diraient: «Saint, saint, saint est l'Eternel des armées; toute la terre est pleine de sa gloire». A ce cri le prophète, tout effrayé, trembla, car il lui dévoilait les plus profonds replis de son coeur, et mettait en lumière les secrets motifs de sa nature; ce qui le fit s'écrier dans l'angoisse de son âme: «Hélas! moi! car c'est fait de moi». De même, les êtres vivants d'Apocalypse 4 sont «pleins d'yeux au dedans, tout en manifestant le caractère de Celui qui allait exécuter les jugements: majesté, patience, intelligence et rapidité, sous la similitude du lion, du veau, de l'homme et de l'aigle volant: toutefois le trône qu'ils entourent ici ne consiste pas seulement, comme jadis, à prendre connaissance des faits extérieurs en Israël; les êtres vivants ayant des yeux au dehors, ou à l'entour (Ezéchiel 10: 12). Ceux-ci sont pleins d'yeux, devant et derrière, et au dedans; alors que le jugement est sur le point d'être exécuté selon la connaissance divine et intérieure de Celui qui est assis sur le trône. Le trône est donc un trône d'un inexorable jugement.

2.  Mais quelle est la position des anciens ou des saints transportés dans le ciel, pendant toutes les terreurs, et les tonnerres, et les éclairs, et les voix? Tout autour du trône, vêtus de vêtements sacerdotaux, et portant sur leurs têtes des couronnes d'or — comme rois et sacrificateurs pour Dieu, assis sur des trônes autour du trône de jugement, dans une calme et paisible sécurité — en parfaite communion avec Celui qui est assis sur le trône — de même que David, quand il entra et s'assit devant la face de l'Eternel (2 Samuel 7: 18) — pas une pensée de frayeur ou de malaise, mais dans la jouissance d'une paix des plus sereines.

Or, le trône que les enfants de Dieu connaissent actuellement est un trône de grâce; mais ils savent aussi qu'un jour s'approche, où l'état des choses ne sera plus, comme à présent, caractérisé par le trône de grâce, — un jour où le trône sera établi en justice, — où «la justice et le jugement seront la base de son trône» (Psaumes 97: 2).

Qu'est-ce donc qui donne aux anciens cette assurance, en contemplant ce jour solennel de jugement? Le voici: ils savent et ils croient que la sainteté consumante de Celui qui est assis sur le trône a éclaté sur la tête de Celui qui, seul, était capable d'en supporter les coups; que toute l'ardeur de la colère divine à cause du péché s'est déchargée sur la tète du Christ à la croix; que la coupe remplie de cette colère a été épuisée par Lui — vidée jusqu'à la lie, en sorte qu'il n'y est rien resté; et en vertu de son sacrifice, ils ont «toute assurance au jour du jugement» (1 Jean 4: 17), parce que tel qu'Il est maintenant, tels ils sont, convaincus qu'ils ne viendront jamais en jugement, que la question du péché a été vidée jusqu'au fond, selon l'estimation du péché aux yeux de la sainteté consumante de Dieu; qu'elle a été entièrement et parfaitement résolue, et cela pour toujours. Ils ont aussi conscience que, étant, en Christ, justice de Celui qui est assis sur le trône, ils sont, dès à présent, constitués «rois et sacrificateurs pour Dieu».

3.  Enfin, quelle est l'attitude de ces anciens, lorsque les êtres vivants rendent «gloire, et honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône, et qui vit aux siècles des siècles?» Les anciens sont des sacrificateurs: aussi ils «tombent sur leurs faces, devant Celui qui est assis sur le trône, et adorent Celui qui vit aux siècles des siècles; et ils jettent leurs couronnes devant le trône, disant: Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance; car tu as créé toutes choses; c'est à cause de ta volonté qu'elles existent, et qu'elles furent créées». Ce qui donne lieu à cette adoration, c'est d'entendre les êtres vivants dire: «Saint, saint, saint, Seigneur Dieu Tout-puissant, qui étais, qui es et qui viens!» Ici, point de cri d'angoisse, tel que celui qui sortit de l'âme de l'ancien prophète, lorsque les séraphins faisaient entendre cette proclamation! «Saint, saint, saint est l'Eternel des armées» (Esaïe 6); mais la louange du Seigneur remplissant leur coeur, et s'exprimant dans un culte intelligent, quand ils entendent célébrer son nom par les êtres vivants. Intelligent, car ils donnent les motifs de leur louange: la vue et les terreurs du trône les laissent impassibles, ils sont prosternés sur leur faces dans la louange et un heureux culte. Plus heureux quand ils jettent leurs couronnes aux pieds de Celui qui les a données; oui, beaucoup plus heureux que quand ils les portent, assis autour du trône.

Eh! bien, qu'en est-il de vous, mon cher lecteur? Avez-vous appris à jouir, comme d'une grâce actuelle, de la connaissance de Celui qui sera assis sur ce trône de justice — à lui rendre grâces en vous souvenant de sa sainteté? — à vous réjouir dans sa justice, aussi bien que dans son amour, et à savoir dire pourquoi vous le faites — étant heureux dans un culte de louanges intelligent? S'il en est ainsi, vous êtes vraiment heureux.

Comment donc devrait-il en être continuellement de votre coeur? Il devrait ressembler à un instrument bien accordé, toujours disposé à la louange du Seigneur, en sorte que quand l'Esprit de Dieu touche la corde de votre coeur, il devrait en tirer immédiatement une louange intelligente: — agréable à Celui dont vous célébrez la gloire; et intelligente, parce que vous connaissez la grâce dans laquelle vous êtes, et la justice, selon laquelle Dieu a agi en vous y plaçant, en vous rendant capables d'anticiper les louanges du jour de gloire qui vient. S'il restait une tache sur votre conscience, vous ne pourriez pas adorer — impossible de le faire, à moins que le coeur et la conscience ne soient dans un parfait repos, la moindre souillure empêcherait donc le culte en vérité, car, dans ce cas, la conscience ne serait pas dans une entière sérénité — elle serait — (et ferait bien d'être) occupée de la tache. La jouissance d'une paix avec Dieu, éternelle et sans nuage, doit remplir le coeur, pour qu'il puisse être rempli de louanges! Que l'on soit ou que l'on ait été un grand ou un petit pécheur, ce n'est pas ce dont il s'agit ici: «Tous ont péché et sont exclus de la gloire de Dieu». Il est bon de regarder en avant et de juger son état à la lumière du jour où la grâce aura passé, et où la justice régnera. Il est bon de pouvoir penser à ce jour avec une pleine assurance; car le titre qui met un pécheur en état de se tenir avec assurance, et en justice, devant le trône, nous le possédons dès maintenant par la foi en Jésus Christ.