Sur le caractère calme de la communion

Servir le Seigneur, dans le but de jouir de lui davantage, tend au légalisme; dans ce cas, c'est le service, ce n'est pas Christ lui-même qui est la source de notre bonheur. Au chapitre 14 de Jean, j'apprends ce que Christ est pour moi, et il n'est pas requis d'autre service que l'obéissance, qui est la preuve de l'amour. Si j'aime, j'obéis. Marie Madeleine nous présente l'exemple de quelqu'un dont le coeur était si fidèle à Christ, que ni apôtres, ni anges ne pouvaient détourner de lui sa pensée; mais aussitôt qu'elle a vu le Seigneur, elle est satisfaite. Quand il l'appelle par son nom, tout est là pour elle; c'est un lien personnel, individuel — que peut-il y avoir de plus? Elle est tellement gouvernée par celui qui remplit son coeur, qu'elle lui obéit même au prix de la perte de sa présence corporelle, car un coeur qui aime véritablement ne peut pas faire moins.

Je crois qu'une joie profonde, personnelle, en Christ, est un sentiment très calme et qui s'exprime peu. Là où il y a beaucoup de vivacité d'expression, il est à supposer qu'il y a moins de profondeur, bien qu'il puisse y avoir une conviction réelle. De grandes démonstrations marquent plutôt des découvertes nouvellement faites qu'un sentiment habituel de jouissance. Quelles démonstrations et quels transports manifestons-nous à l'égard de nos plus chers amis quand nous sommes habituellement ensemble? Lorsque nous les revoyons après une absence, il peut y avoir une grande joie, mais cela même prouve qu'il y a eu absence. Hélas! nous sommes souvent loin du Seigneur, et le sentiment renouvelé de sa présence, dans son contraste avec ce qui a précédé, peut sans doute provoquer un transport de joie; toutefois cette joie est la chose inférieure. La jouissance pleine de repos de la proximité personnelle de Christ la surpasse de beaucoup. C'est pourquoi ne considérons pas ces transports comme ce qu'il y a de plus désirable; recherchons plutôt la pensée plus profonde d'une communion constante avec Lui. C'est d'elle que le service doit découler, car, dans le fait, être en communion avec une personne, c'est avoir une même pensée avec elle, et si je suis en communion avec Dieu, je connais la pensée de mon Maître. Ce n'est pas le serviteur qui fait le plus de besogne qui possède le plus la confiance de la maison; c'est le serviteur de confiance qui est élevé au-dessus des autres. Je suis prêt à garder la porte, si nul autre travail ne m'est assigné; mais j'aimerais à la garder de telle sorte que mon Maître pût me confier sa pensée.