Le ministère - Darby J.N.

Quand le Seigneur fut près de quitter le monde pour retourner au Père, Il montra, en lavant les pieds de ses disciples, quelle serait la nature et le résultat du service qu'il accomplirait pour les siens pendant son absence. Nous savons qu'Il nous sanctifie maintenant, nous ayant nettoyés par le lavage d'eau, par la Parole. Christ est maintenant le grand ministre de la Parole. Sur la terre Il en était l'empreinte vivante. Le principe de sa vie était: «L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». Et c'est selon le principe de sa propre vie qu'Il veut nous garder par l'action de sa Parole; nous séparer de cette scène qui souille et, dans la puissance de sa vie, nous associer avec Lui-même au-dessus et à part du monde. L'Esprit nous communique sa Parole. Mais non seulement cela, quand Christ est monté en haut, Il a donné des dons aux hommes et cela dans un but défini; savoir, pour le perfectionnement des saints, pour l'oeuvre du ministère. Il y a diversité de dons, mais un seul Esprit. Christ étant monté en haut, le Saint Esprit est descendu pour développer sa pensée, faire connaître ses paroles et en manifester la puissance dans l'âme des saints. Mais ce n'est pas encore tout: Des dons distincts ont été conférés par le même Esprit, selon le don de Christ pour le perfectionnement des saints. Le ministère est un canal par lequel la pensée du Seigneur est donnée à connaître; c'est le canal principal. Le Seigneur lui-même est le grand ministre de la Parole, et ceux qui sont doués par Lui sont ses députés. Ils ne sont rien en eux-mêmes, rien en aucun sens, si ce n'est comme dispensateurs de sa pensée et de son conseil. Pour comprendre le Ministère, je dois voir que le Seigneur est Celui qui se charge du perfectionnement de son corps, l'Eglise; et que, par conséquent, quoiqu'il y ait des diversités de services, il n'y a qu'un seul Seigneur. Le Saint Esprit confère les dons selon sa pensée, de sorte que le Ministère, lorsqu'il est réel et véritable, n'est rien moins que l'Esprit se servant d'individus, l'un d'une manière, l'autre d'une autre, pour communiquer la pensée et les intérêts d'un commun Seigneur, à n'importe quelle partie du corps désignée par Lui.

La notion du Ministère est rendue bien simple, solennelle et responsable, quand on en perçoit la vraie nature, l'origine et le but. Le Seigneur est absent. Il sanctifie l'Eglise, Il la lave, et bientôt Il se la présentera à Lui-même. En son absence, l'Esprit communique sa pensée et ses intérêts par le ministère de la Parole, soit à chacun directement, soit par les membres du corps qu'Il a spécialement doués pour le service à l'unisson avec la pensée du Seigneur, de sorte que les saints sont aussi responsables d'écouter et d'avoir égard à l'un comme à l'autre. Elles se privent de beaucoup de bénédictions, les âmes qui ne voient pas que le vrai ministère vient du Seigneur, et qu'il leur est imposé d'y prendre garde et d'y prêter attention, tout autant que si le Seigneur parlait Lui-même des cieux. Ou ce n'est rien, ou c'est la voix du Seigneur par l'Esprit, se faisant entendre au moyen de ses instruments et de ses serviteurs. Sans doute il peut y avoir de la présomption et de la prétention. Mais la contrefaçon n'est dangereuse que en tant qu'elle représente quelque chose de précieux et alors la présomption n'est pas une excuse pour empêcher les saints de chercher et de conserver le sentiment de la grande bénédiction et de la grande responsabilité qu'il y a d'écouter le ministère du Seigneur, soit directement par la Parole, soit par le moyen de serviteurs choisis par Lui et doués par l'Esprit selon sa volonté.

Le Ministère est une nouvelle et merveilleuse commission conférée à l'homme; et conférée seulement depuis l'ascension de Christ. L'homme était complètement incapable d'assumer la place de gardien de son frère jusqu'à ce que Christ fût, ressuscité et fût devenu la Tête du corps, l'Eglise. Maintenant Lui, la Tête dans le ciel, se sert de ses membre ici-bas selon sa volonté par l'Esprit, pour exprimer et développer sa pensée, et effectuer le service qu'il demande de chacun, de sorte que celui qui reçoit le serviteur le reçoit Lui-même. Je dois reconnaître le service des serviteurs de Christ. Si je le refusais en disant que je puis trouver moi-même dans les Ecritures tout ce qu'il m'apporte, je ne ferais que restreindre les moyens et le mode par lesquels mon Seigneur me dit qu'Il effectuera son service envers moi, et par lesquels Il me sanctifie maintenant, afin de me présenter à Lui-même; non qu'Il ne puisse, je l'ai déjà dit, nous administrer directement la Parole, comme il lui semble bon; mais faire de ceci un prétexte pour refuser le canal établi par Lui est le moyen de n'obtenir ni l'un, ni l'autre. Une instruction, quelle qu'elle soit, communiquée par un serviteur de Christ, par l'Esprit, est aussi vraie, aussi obligatoire et aussi salutaire pour moi que si le Seigneur l'avait prononcée à haute voix du ciel, et l'homme qui prétend ne rien recevoir du Ministère sera trouvé peu capable de communiquer quoi que ce soit. L'apôtre était aidé par le ministère d'autrui. Il y avait une consolation mutuelle dans leur foi commune. Et comme il était soutenu par leurs prières et y comptait!

Le premier point et le plus important quant à l'intelligence de ce qu'est le Ministère, c'est d'avoir des idées claires sur son origine et son intention. Aucun corps d'hommes n'a jamais occupé une position aussi distincte et aussi particulière que celle dans laquelle l'Eglise est maintenant placée. C'est une position tout à fait nouvelle et unique. Toutefois, quelque grande qu'ait pu être la responsabilité de l'homme comme gardien de son frère, jamais avant l'ascension de Christ, aucun homme n'avait été appelé et doué pour laver les pieds de son frère. Il y avait eu des sacrificateurs et des prophètes, mais ils n'étaient manifestement pas aptes à accomplir une tâche, laquelle eussent-ils pu l'accomplir, n'aurait pas laissé ceux qu'ils servaient «tout nets». Le Ministère, tel qu'il est maintenant établi par le Seigneur, se produisit sur ce principe, que les saints sont «tout nets» par l'oeuvre de Christ. L'expiation devait nécessairement précéder une institution fondée sur elle. Nous verrons que, antérieurement à l'introduction de la sacrificature, le serviteur de Dieu sur la terre ne se sentait pas chargé des manquements de ses frères ou responsable de leur conduite. Joseph servit ses frères, mais il ne fut pas chargé de leurs fautes, ni établi pour les corriger. Moïse est envoyé pour servir son peuple; mais quand Dieu habite au milieu des rachetés, Aaron et les sacrificateurs ont la charge et la responsabilité des péchés du peuple, pour les ôter de dessus quiconque avait recours à eux. Les sacrificateurs et les lévites maintenaient le rituel et en procuraient le bénéfice à tout sincère suppliant. Ils prenaient connaissance de toute violation de la loi, non pour fortifier le violateur, ni pour l'en décharger, mais pour le condamner, et exiger de lui ce que réclamait la loi en sacrifices, là où il n'y avait point transgression. Mais maintenant, par Christ notre Sauveur, non seulement nos péchés et nos transgressions sont tous effacés par son sang, c'est-à-dire ceux de tout croyant, mais notre précieux Sauveur entreprend de nous laver les pieds: en d'autres termes, de nous délivrer, dans nos esprits et nos consciences, des souillures de la scène que nous traversons. C'est sur ce terrain qu'Il établit ses serviteurs pour se laver les pieds les uns aux autres, et à chacun de nous est donnée la grâce suivant la mesure du don de Christ, pour le perfectionnement des saints. Ici donc, nous avons à la fois le principe et la force. Le principe, c'est le perfectionnement des saints, qui ne pouvait se baser que sur le terrain du fait, que, par une seule offrande, ils ont été rendus parfaits pour toujours; et la force, c'est la mesure de la grâce de Christ, communiquée par le Saint Esprit distinctement et particulièrement.

Or, nous ne pouvons avoir que des idées imparfaites sur le Ministère ou le service, si nous ne comprenons pas le principe et la puissance par lesquels nous servons. Qui peut comprendre le Ministère et qui pourrait servir, s'il ne connaît pas la nature de sa commission, ou pourquoi une telle grâce lui a été confiée par un Christ monté en haut; s'il ne sait pas que c'est par le Saint Esprit que ce don est maintenu pour être mis en exercice?

Aussi le premier point important, pour concevoir ce qu'est le Ministère, c'est de comprendre «qu'à chacun est donnée la grâce suivant la mesure du don de Christ» par le Saint Esprit, pour l'oeuvre spéciale du perfectionnement des saints. Le Christ monté en haut — la Tête du corps — le Seigneur, de sa place dans les hauts cieux, se présente maintenant sans obstacle pour distribuer des dons aux hommes, afin que le perfectionnement de ses saints et l'édification du corps soient consommés par l'oeuvre du Ministère. Si l'on se méprend sur la source et l'objet du Ministère, il s'ensuivra de la faiblesse et de l'insuccès dans son exercice; tandis que si l'âme est gardée dans l'Esprit, elle a toujours la conscience que c'est d'un Seigneur monté en haut qu'elle tient le don de le servir, et alors il y a de la force et de la sagesse dans l'usage qu'elle en fait. Non, s'il n'y a pas une vraie simplicité sur ce point, si ce n'est pas au Seigneur seul que nous attribuons la source du don et le pouvoir de s'en servir, le ministre ou serviteur sera abattu et dérouté par tout ce qui pourra survenir. C'est là, sans doute, que gît la racine de toute la mauvaise direction et de l'obscurité relativement au Ministère. Du manque d'attention sur la source, la puissance et l'objet du Ministère, procèdent toute la confusion et les efforts humains pour atteindre la chose dont on sent le besoin, depuis le plus haut ecclésiastique on prêtre romain jusqu'au plus versé dans les Ecritures. Sans qu'il soit nécessaire de poursuivre cette partie du sujet, il est facile de voir que si la source, le pouvoir ou l'objet est inconnu, le maintien efficace ou acceptable du don ne peut avoir lieu.

Christ notre Seigneur est la source du don, quelle qu'en soit la mesure ou la nature, et le Saint Esprit est la puissance par laquelle il est maintenu et exercé. Le don qui vient de mon Seigneur est distinct et déterminé; mais il est connu et se légitime par le Saint Esprit. En conséquence, deux choses sont nécessaires pour le vrai Ministère de la Parole: d'abord, que je reconnaisse que le don vient de Lui, et qu'ainsi je puisse en rapporter à Lui-même, comme étant son don, une mesure quelconque que je puisse en posséder, et si je le fais, je ne puis pas facilement me méprendre sur sa nature et son étendue. Secondement, ce n'est que par le Saint Esprit que je puis, en quelque degré que ce soit, maintenir le don en puissance ou en efficacité. L'Esprit est la puissance qui lui donne son énergie; et la négligence ou l'ignorance de ce fait est cause que beaucoup de chrétiens ayant des dons (par ces derniers mois, je n'entends pas seulement ceux qui ont reçu des dons éminents, mais tous ceux qui en ont à un degré quelconque) sont faibles ou inutiles dans l'exercice de leur don. Le don est toujours une chose positive, quoiqu'il faille une certaine intelligence pour en comprendre la nature. Plus nous sommes près de Christ, plus nous sommes assurés de posséder le don de Christ; et tout en étant positif, en tant qu'il est une grâce conférée, il n'est, je puis le dire, connu qu'à la foi, et la foi à ce sujet est ferme en proportion que l'on se tient près de son Donateur. Plus je marche dans la foi du Donateur du don, plus je suis capable par l'Esprit de l'affirmer. Il est évident que le don est, une spécialité, et que, quoiqu'il ne puisse jamais m'être ôté, il peut devenir inutile, parce que je ne l'emploie pas comme je le devrais.

Timothée est exhorté par l'Apôtre à ranimer le don qui est en lui. La spécialité du don doit être constatée, et l'on peut, en grande mesure, arriver à la constater par la grande liberté avec laquelle on agit dans une ligne de service, plutôt que dans une autre. Je suis sûr que celui qui a le don d'évangéliste se tournera naturellement et aisément vers l'oeuvre de l'évangélisation. Il se trouvera (je parle avec révérence) dans son élément, en étant ainsi occupé, lors même qu'il pourrait encore avoir besoin d'instruction pour exercer son don. De même un docteur a en lui-même le sentiment du don précieux de communiquer et d'expliquer la vérité. Il est, si l'on peut parler ainsi, tourné, et incliné de ce côté. Par caractère naturel, il peut avoir été silencieux et réservé, tout en jouissant pour lui-même de ses propres connaissances; mais maintenant il aspire à communiquer ce qu'il sait, non point pour faire parade de ses connaissances, mais pour en faire part à ses frères. Et l'effet auquel il vise détermine la nature du don, plus que rien autre. Il n'y a pas d'acte sans motif, et nous savons combien souvent, hélas! tels ou tels actes de service procèdent de motifs plus ou moins avouables. Une collecte publique, par exemple, ou un sermon funéraire: les mobiles dans ces deux cas peuvent être purement humains et charnels, et par cela même toute connexion entre le don et sa source serait perdue; alors le don ne pourrait pas être déterminé. Car, à moins de marcher avec Christ, dans la foi, je ne puis pas affirmer le don comme provenant de lui; mais si je marche dans la foi et près de Lui, j'en suis assuré et la facilité avec laquelle j'agis dans une certaine voie est pour moi la confirmation de la nature et de la spécialité de mon don. Ce n'est donc pas une chose très difficile à déterminer. Il se peut qu'il soit difficile à quelqu'un de la bien discerner chez un autre; quoique, même ici, l'homme spirituel l'aurait bientôt discernée.

Si une âme marche près du Seigneur, elle connaîtra bientôt son don, et les saints, tôt ou tard, seront sûrs de le discerner aussi. D'un autre côté, quoique le don soit une spécialité, il est communiqué par le Saint Esprit; donc, celui qui marche dans l'Esprit sera toujours plus à même de l'exercer.

Il est très possible qu'un chrétien ayant un don n'en fasse aucun cas, ou l'emploie sans sagesse; car si le don ne relève pas du Seigneur, et s'il n'est pas tenu sous son contrôle direct, son possesseur agira d'une manière contraire à la sagesse. La chose propre ne sera jamais faite dans le moment convenable; la vérité juste, le vrai service, la vraie place de service, ne seront pas compris, et ainsi la valeur du don sera compromise. Un prétendu don est «une nuée sans eau»; un don réel, non assujetti au Seigneur, ou non maintenu sous son regard, est plutôt une nuée pleine d'eau, mais dans une mauvaise place, et dans un temps non convenable. Le don est une certaine aptitude à faire une chose spéciale, et par conséquent, il doit être cultivé et exercé suivant sa propriété particulière. «Soit la prophétie, prophétisons selon la proportion de la foi; soit le ministère ou service, soyons au service; soit celui qui enseigne, à l'enseignement». Celui qui a un don doit veiller sur ce don et s'en occuper soigneusement. Celui qui se sera occupé de choses étrangères et d'une nature opposée à son don, sera trouvé faible et inutile, quand il essaiera de s'en servir. Un don doit gouverner l'homme parce qu'il est de Christ, mais s'il est occupé de quelque autre chose (j'entends, cela va s'en dire, sans nécessité), son don est compromis et amoindri. Le don doit être alimenté, comme l'Apôtre le dit à Timothée: «Ranime le don qui est en toi». Je suis sûr que le don est continuellement entravé, par le fardeau des occupations. Je ne parle pas du simple travail, qui est bon et obligatoire pour l'homme, mais d'un esprit absorbé par les soucis et par les intérêts qui accablent le coeur. Comment un homme, oppressé et enfoncé dans les inquiétudes et les affaires de cette vie, pourrait-il être disposé et libre pour être un instrument déployant une activité bénie en vue d'intérêts entièrement différents? Plusieurs, sentant cette difficulté, cherchent à y échapper en exerçant, nonobstant, leurs dons: mais quel en est le résultat? C'est que cela ne leur profite guère et, dans tous les cas, à personne autre.

Pour faire usage de votre don, vous devez être sous sa dépendance; car si vous êtes préoccupés, vous ne pouvez pas «ranimer le don qui est en vous», ou vous y appliquer. Aussi: «Occupe-toi de ces choses, et y sois tout entier, afin que tes progrès soient évidents parmi tous» (1 Timothée 4: 15). Celui qui médite sur les choses de Christ et qui s'y donne entièrement, c'est-à-dire qui est dirigé par la pensée du Seigneur, doit nécessairement devenir un vaisseau propre à exprimer cette pensée, selon la nature du don qui lui est conféré.

Ainsi nous voyons que l'objet et l'intention du Ministère, c'est l'édification; c'est pourquoi le don en est conféré par le Seigneur Lui-même, selon sa propre volonté, et tant que celui qui l'a reçu marche près de Lui, dans la foi, il est rendu capable par le Saint Esprit de l'exercer utilement et en harmonie avec le but du Seigneur.

Le don ne place nullement quelqu'un dans une position d'indépendance. Au contraire, celui qui est doué, et qui désire faire un usage fidèle de son don, et uniquement pour le Seigneur, doit s'attendre à Lui sans réserve pour être dirigé, quant au temps, à la place, au sujet. Je crois qu'en ceci manquent plusieurs de ceux qui ont des dons. Ils se laissent conduire par les circonstances et les impressions humaines sur chacun de ces points, plutôt que par la pensée du Seigneur que la foi leur eût fait connaître.

Il y a différents ministères, mais un seul Seigneur. Par conséquent, je devrais savoir que dans l'exercice de mon don, que pour chaque acte de service, je suis à la place où le Seigneur me veut; que j'ai le sujet même qu'Il veut que je traite, et que c'est bien, selon Lui, le moment où je dois l'exercer. Comme un serviteur, ainsi conduit par le Seigneur, serait béni en esprit et en puissance! En outre, il doit y avoir une grande et insigne lacune dans le Ministère, quand cette responsabilité vis-à-vis de Lui n'est pas observée d'une manière rigide et vivante. Cette négligence est la source de tout le désordre et de toutes les paroles inutiles qu'on peut reprocher à tant d'assemblées chrétiennes. Non qu'il s'ensuive toujours un manque de sincérité, quand cette responsabilité est oubliée; nullement, mais si elle est négligée, ou même si elle n'est pas strictement observée, on devient soi-même la mesure de ses propres pensées et de ses désirs, et ni le temps, ni la place, ni le sujet ne sont choisis en rapport avec la pensée du Seigneur; mais seulement en rapport avec la pensée propre de celui qui parle. Dans ce cas, tout peut paraître suffisamment approprié à l'esprit de celui qui se met ainsi en avant; tandis qu'au fond tout est entièrement hors de place et sans profit pour l'assemblée. Je suis convaincu que l'oubli de cette responsabilité est la cause, non seulement de tout le déplacement des dons dans la chrétienté, mais de l'imperfection palpable de beaucoup d'hommes vraiment sérieux, pour exposer la vérité nécessaire à l'édification des saints.

Or, si c'est là la cause de cette confusion évidente et déplorable, tous ceux qui ont les yeux ouverts sur ce triste état de choses devraient être soigneux à rechercher continuellement la grâce et à s'élever au-dessus de ce qu'ils doivent si fort déplorer dans leurs coeurs. Ce n'est qu'en recourant directement et constamment au Seigneur, sur ces points importants, qu'ils pourront être préservés de tomber dans l'indépendance; si l'on est dans l'indépendance, au moindre degré, on devient le centre de soi-même; car même le don et les choses du Seigneur seront exercés au profit individuel et en rapport avec soi-même, et non pour l'assemblée comme telle. Le service peut être conforme à la vérité et orthodoxe; mais il sera tellement individuel qu'il en deviendra inutile et sans édification pour l'assemblée. Souvent quand quelqu'un agit avec une grande ferveur, l'assemblée n'est pas émue, parce que le ministre, quoique droit et sérieux, n'est pas dans la pensée de l'Esprit de Dieu, et par conséquent, je puis dire que la note tonique n'est pas donnée.

Si j'ai le Seigneur présent à ma pensée, et le sentiment de ma responsabilité envers Lui, d'user de son don, je m'attends à Lui, par rapport au temps, à la place, au sujet; et quand je le fais, je suis sûr, selon sa volonté, d'édifier, quoique (en apparence) l'effet puisse être presque nul. Je suis certain que c'est une grande erreur de conclure que, parce qu'un certain courant de vérité ou une hymne quelconque vous a fait du bien et vous a donné de l'édification, dans un certain moment, cela suffit pour que vous puissiez vous considérer comme autorisé ou appelé à en faire part publiquement à vos frères. Si l'on a la pensée du Seigneur en faisant cette communication, il est bon et à propos de la faire. Mais le fait seul, qu'une vérité s'étant tout récemment présentée à mon âme, me donne le droit de la communiquer, est subversif de l'obligation où je suis de reconnaître le Seigneur, comme mon Seigneur. Je crois, qu'en général, ces explosions de lumière dans une âme ont plutôt pour objet l'individu que l'assemblée: je ne dis pas qu'ils ne soient jamais pour l'assemblée, car nous lisons: «Si quelque chose est révélé à quelqu'un qui est assis, que le premier se taise». Le désordre à Corinthe ne provenait-il pas de ce que chacun était occupé de son propre psaume, de sa propre doctrine, et non pas de l'édification de l'assemblée. Je ne puis édifier l'église qu'autant que je suis soumis à Celui qui tient les ministères dans ses propres mains. «Il y a différences de ministères, mais un seul Seigneur». Et si l'on perd cela de vue, le don du Seigneur, quel qu'il soit, ne sera jamais exercé en son temps, à sa place, et quant à son sujet, comme Il voudrait qu'il le fût, et ainsi, l'édification, si tant est qu'il y en ait, sera bien partielle,

En terminant, je me borne à répéter ce que j'ai dit sur l'importance et la nécessité d'un recours continuel, soutenu, au Seigneur, comme Dispensateur du don et comme la seule sauvegarde pour en faire un usage efficace; que celui qui est doué témoigne de l'appréciation qu'il fait de son don, par la mesure dans laquelle il le cultive et l'entretient; s'en servant toujours dans ce sens: que c'est le Seigneur qui l'a donné à son serviteur, POUR SA PROPRE OEUVRE. C'est pour cela que le serviteur doit toujours l'apprécier assez pour chercher, de toutes manières, à le cultiver, à lui donner tout son développement, et ainsi le Donateur et le don seront toujours distinctement et d'une manière prééminente devant son âme, l'un aidant à l'autre, et à proportion qu'il en sera ainsi, il est un vrai ministre de la Parole, heureux et béni.

Office grand et précieux! Que le Seigneur nous garde si près de Lui que nos coeurs puissent se réjouir sous sa dépendance et en faisant sa volonté!