La sainteté à l'Eternel - Darby J.N.

En suivant le Seigneur je me trouve là où il est, conséquence naturelle de ce que je marche après lui, et j'apprends nécessairement ainsi quelle est sa pensée pour le temps actuel. Je suis «dans la lumière comme lui-même est dans la lumière» (1 Jean 1: 7); «notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» (1 Jean 1: 3). L'intelligence de la pensée de l'Ecriture n'est pas en soi-même la communion. La communion consiste à avoir une même pensée avec le Seigneur dans un moment donné, et à cet effet nous devons être dans la lumière comme lui-même est dans la lumière. Or la communion avec le Seigneur, étant inhérente à la vie éternelle, est par conséquent notre seul état vrai; nous avons la pensée de Christ. Impossible de douter que ce ne soit le désir du Seigneur de voir ses serviteurs dans cette proximité avec lui, car ce n'est que là qu'ils peuvent savoir comment ils ont à se conduire dans un monde où tout est ténèbres et opposition contre Dieu, et où, parmi ceux-là mêmes qui professent lui appartenir, il y a toutes les nuances de vues et toutes les variétés de pratiques qui s'ensuivent. Le ministère du Seigneur a pour but précisément de nous amener à cette proximité. Il me lave les pieds, afin que je sois séparé, par sa Parole, des influences qui m'entourent et qui m'éloignent de lui, et que je puisse, comme Marie, être assis à ses pieds pour être enseigné. Faut-il donc que nous soyons poussés à prendre cette place? Peut-il y avoir une chose plus douce pour le coeur de celui qui a goûté l'amour de Christ, que de savoir que Jésus veut nous faire part de sa pensée, et cela non pas d'une manière générale, mais de sa pensée telle qu'elle est en ce moment même, car voilà la communion? — Ce n'est pas que les Ecritures n'aient été écrites dans le but de nous révéler la pensée du Seigneur à de certaines époques, aussi bien que les principes généraux qui la gouvernent toujours; mais, comme je l'ai dit, la connaissance de la pensée de Christ, telle que l'Ecriture nous la donne, ne suffit pas en elle-même. Pour que je puisse appliquer l'Ecriture, j'ai besoin d'être en communion avec le Seigneur lui-même, car ce n'est que là que je suis dans la lumière comme lui-même est dans la lumière. Par exemple, je puis être en état de voir, par différents passages de la Parole, que Salomon est un type de Christ dans son royaume messianique; mais si j'introduis là des chrétiens parce que j'ai discerné Christ dans le type, il est évident que je n'entre pas dans la pensée du Seigneur à ce sujet, puisque ces passages se rapportent à lui dans sa relation avec son peuple terrestre et non avec son peuple céleste.

Il n'est rien de plus profitable pour l'âme que d'avoir l'intelligence de la pensée du Seigneur pour ce qui concerne le moment présent; et pourtant, hélas! les saints y sont souvent bien indifférents! Cela provient sans doute, en grande partie, de ce que cette pensée est si peu connue et par là si peu appréciée à sa valeur; — toutefois le véritable obstacle, c'est que l'on n'y peut entrer que par la foi. Il n'y a rien dans les circonstances qui nous entourent qui puisse nous faire comprendre la pensée de Christ; au contraire, en observant les choses et en cherchant à obtenir par leur moyen quelque direction et quelque secours, nous pouvons être sûrs d'être induits en erreur et de nous fourvoyer, car ces choses sont ténèbres et non lumière. Les circonstances et l'état des choses ici-bas peuvent nous pousser vers le Seigneur, et alors, dans sa présence, nous voyons combien ce que les hommes approuvent et soutiennent est contraire aux principes qui font agir Christ.

Evidemment, je le répète, ces principes, que l'Ecriture ne fait que nous révéler, n'acquièrent leur véritable importance et leur force que lorsque je suis dans la présence de Dieu: c'est là que, par la foi, je suis éclairé quant à leur nature et à leur puissance, comme à l'égard de leur contradiction positive avec les voies et les pensées de l'homme. Supposons un disciple de Christ amené par grâce à le suivre; il a les pieds lavés et son âme goûte, pour la première fois, le bonheur d'être séparé en esprit, par la puissance de la Parole, pour Christ dans la lumière, ce qui est la vraie sainteté: est-ce que, en conséquence de ce dont il a joui avec le Seigneur, il ne refusera et n'évitera pas, dans sa marche, tout! commerce avec les choses et les individus qui n'ont aucune sympathie ou communion avec la pensée de Christ? Sa communion à lui peut n'avoir été que faible, mais il fait bon usage de la grâce qui lui a été donnée, c'est pourquoi il lui sera donné davantage. Il débute de la bonne manière; son commencement est d'en haut, dans la communion de Christ; et dans la mesure où atteint sa lumière et sa force, il se détourne de tout ce qui ne convient pas à cette communion. Le milieu («la lumière»), où cette communion peut seule exister, l'exige de lui. S'il dit qu'il est dans la communion et qu'il marche dans les ténèbres, il est menteur et ne pratique pas la vérité. C'est pourquoi la communion est la pierre de touche de toute activité, car elle ne peut être maintenue qu'en marchant dans la lumière comme Christ est dans la lumière. Si nous cessons de marcher dans la lumière — dans la sainteté de Dieu — nous perdons à la fois la position et le privilège de la communion, et nous ne sommes pas en état de déterminer de quelle manière nous avons à nous conduire dans un monde qui gît dans le mal.

La manière d'agir des saints, en général, est de supputer quelles sont les choses qu'ils peuvent conserver sans faire tort à leur conscience, plutôt que de chercher d'abord à entrer dans la pensée du Seigneur, comme le disciple dont j'ai parlé, et, par cette pensée, dans la mesure où ils la comprennent et où la Parole les y autorise, de s'abstenir et de se détourner de tout ce qui ne convient pas à Dieu. Quand je suis en communion avec le Seigneur, j'ai la conscience de ce qui lui est agréable; sa Parole, par la foi, me maintient là, et au milieu du désordre qui m'environne je cherche à le servir et à l'honorer. Quels résultats différents présentent les deux conditions! Dans l'une — dans la communion de la pensée du Seigneur — je n'accepte les choses qu'autant qu'elles sont saintes et s'accordent avec la présence de Dieu; dans l'autre — celle des saints en général, — je n'ai pas une intelligence claire de ce que Dieu veut, mais je cherche à être soutenu par lui dans les circonstances où je me trouve. Dans cette dernière position je suis comme Abraham qui, dans une bonne intention sans doute, mais en dehors de la place de la foi, disait: «Je te prie, qu'Ismaël vive devant toi» (Genèse 17: 18); tandis que, dans l'autre, je suis comme Moïse exigeant l'expulsion et la destruction de tout ce qui était incompatible avec la présence divine (voyez Exode 32: 20-27). Dans la condition du vrai disciple, je recherche la continuation du bien qui est pur, dont j'ai moi-même goûté et joui dans la présence de Dieu, et dans lequel je sais, par sa Parole, qu'il me maintiendra; tandis que, dans l'autre, je ne souhaite que de voir le Seigneur approuver les choses telles qu'elles sont, n'ayant aucune véritable idée d'un état plus élevé qui, dans son application, les mettrait toutes de côté, et n'épargnerait certainement rien qui ne convînt pas à la sainteté de Dieu; ce n'est pas alors ce qui est divin que je recherche, mais la sanction divine de ce que je trouve et que je connais ici-bas de meilleur. Je puis tâcher d'améliorer ou de corriger les choses qui sont, mais, même corrigées, ce ne sont toujours que des choses humaines; tandis que ce qui est divin n'a besoin d'aucun perfectionnement, et prend la place même de ce qui est près, et qui est humain.

La chose première et principale, sur laquelle insistera un homme qui suit Christ et qui, par conséquent, est en communion avec lui, c'est «la sainteté à l'Eternel» — la séparation de toute espèce de souillure connue. Quel autre but, quel autre besoin pourrait avoir celui qui est dans la lumière comme Dieu est dans la lumière? Nous sommes «l'habitation de Dieu par l'Esprit» (Ephésiens 2: 22); et plus je suis dans la lumière, plus cette parole aura de poids pour moi, plus je la maintiendrai par la foi, parce que dans ma communion mon âme est assurée que cette parole est «de Lui». De tout temps le vrai saint a maintenu sa séparation d'avec le mal, comme étant avant tout le caractère de sa vocation, et plus Dieu a été révélé pleinement, plus ce principe a été mis en avant avec autorité et puissance. Lorsque Dieu habitait parmi son peuple sur la terre (comme il le fait sur le fondement de la rédemption), après que les Israélites furent sortis d'Egypte, le commandement par excellence, placé devant eux, fut: «Soyez saints, car je suis saint» (Lévitique 19: 2); et il n'y eut jamais de témoignage de dévouement à Dieu provenant d'un coeur vrai, qui ne portât ce caractère. Que ce soit un Daniel à Babylone, un Esdras ou un Néhémie parmi les captifs rentrés à Jérusalem, «la sainteté à l'Eternel» est le principe qui gouverne; comme aussi il n'y eut jamais de puissance, soit chez un Phinées, soit chez un Gédéon, si ce n'est en maintenant dès le début ce même principe, de se détourner du mal et de s'en séparer de la manière la plus formelle. En effet, rien n'est plus conséquent. Dieu est lumière; — et plus je vis près de lui, plus je réalise que je suis son habitation par l'Esprit, plus je dois être tel qu'il est en toute simplicité et évidence. C'est lui, et rien autre, qui doit régler mes voies, et j'ai à maintenir avec ferveur cette parole du Psaume 93: «Eternel! la sainteté a orné ta maison pour une longue durée».

Voilà ce qui dirige le disciple qui s'est tenu près de son Seigneur et a été dans sa communion; il a à insister sur la sainteté en toutes choses; il ne peut tolérer rien de ce qu'il sait être impur, il ne peut et ne doit pas s'en approcher. Il s'est trouvé là où aucune souillure ne peut entrer; ses goûts et ses habitudes ont été formés là, et la conséquence en est naturellement la séparation de tout mal connu. Il n'en admet rien sous quelque prétexte que ce puisse être, et son seul motif d'agir est la «sainteté à l'Eternel». C'est pourquoi, lorsque l'état des choses dans l'assemblée eut atteint un degré de mal extraordinaire, Dieu, par sa Parole, dit à Timothée: «Si donc quelqu'un se purifie de ceux-ci (des vases à déshonneur), il sera un vase à honneur, sanctifié et utile au maître» (2 Timothée 2: 21); et on ne peut l'être qu'en se purifiant ainsi. Nous voyons donc qu'aucune déclaration de la Parole n'est aussi positive et aussi claire que lorsqu'il est dit que la base première de l'habitation de Dieu, c'est la sainteté. Dieu est saint, et l'âme qui vit dans sa communion connaît sa sainteté, y trouve son bonheur, et ne peut se soumettre, dans ce qui est fait pour Lui ici-bas, à rien qui ait quelque relation avec le mal. Dans la communion de Dieu, j'apprends quelles sont la véritable puissance et la valeur de sa Parole; et alors, en m'y attachant, en marchant dans la foi, je suis confirmé et soutenu par le Seigneur dans la direction et le chemin qui seuls lui agréent. Mon coeur, dans sa présence, n'aime aucune autre voie, et, ainsi conduit, je suis vraiment un témoin pour Dieu.