O sentinelle! Que reste-t-il de la nuit? - Esaïe 21: 11, 12

L'Ecriture place devant nous, de temps en temps, des hommes de caractères différents, ayant affaire avec la même difficulté morale; comme par exemple: la prospérité des méchants; et nous voyons de quelle manière diverse cette difficulté agit sur eux.

Ce sont là des exemples de ce dont je veux parler, c'est-à-dire la même difficulté morale traitée d'une manière différente par des hommes différents. Cependant, ce que dit Malachie signale une méchanceté qui surpasse tout: le jugement est méprisé, et la pensée en est, pour ainsi dire, tournée en ridicule, parce que ceux qui font le mal continuent à prospérer; — et ceci nous conduit tout naturellement à méditer sur le chapitre 21: 11, 12, du prophète Esaïe.

Duma ou l'Idumée, le pays d'Esaü, était la patrie de l'homme profane, de l'homme du monde, l'infidèle. C'est là que la voix du moqueur se fait entendre, défiant l'une des sentinelles de Dieu et lui demandant: «Que reste-t-il de la nuit?»

Cela nous apprend que la sentinelle avait déjà parlé de la nuit, et montre sa fidélité à la charge qui lui était confiée; car une partie de notre témoignage par l'Esprit concerne «la nuit» — les ténèbres où gît actuellement le monde des hommes, ou la nuit solennelle et sombre des prochains jugements de Dieu. Le défi même que porte l'Edomite impie constate, je le répète, que la sentinelle avait été fidèle, et qu'elle comprenait et accomplissait à la fois son ministère. Les prophètes et les apôtres nous parlent fréquemment de «la nuit». Ils mentionnent maintes fois le jugement qui doit précéder et introduire le royaume ou l'ère de la gloire; et la sentinelle que l'on attaque ici était des leurs, et s'était trouvée dans «la compagnie des prophètes». Et elle n'est pas de ceux qui ont à rétracter leurs paroles; après avoir déjà parlé de la nuit, elle en parle encore; car en réponse au défi qui lui est adressé, elle dit: «Le matin vient, puis aussi la nuit». Elle peut parler «du matin», il est vrai, mais elle ne manque pas de mentionner aussi «la nuit», bien que la pensée en puisse être traitée avec mépris. La gloire sera là au temps de la présence du Seigneur ou au matin de son apparition, toutefois le moment sinistre et terrible de son jugement doit le précéder, ainsi que tous les prophètes l'annoncent.

Telle est la fidélité de la sentinelle: elle maintient son témoignage quant «à la nuit», tout en parlant aussi «du matin». Elle déclare que le jugement s'approche, mais fait mention en même temps du royaume dans sa gloire. Le ministère de la sentinelle doit être celui de la grâce, aussi bien que celui de la fidélité; c'est pourquoi elle a une parole pour la conscience du moqueur. Il ne lui suffit pas de s'étendre sur les terreurs du jugement, elle y joint quelques mots d'avertissement, «cherchant à persuader les hommes», comme le dit l'apôtre (2 Corinthiens 5: 11); ainsi, en répondant au défi de l'Edomite, la sentinelle ajoute: «Si vous voulez interroger, interrogez; retournez, venez». Elle engage le moqueur à changer de pensée, et s'il veut interroger, à le faire dans un esprit convenable, un esprit de repentance; à «retourner» et revenir de son mépris pour le serviteur de Dieu et son témoignage, et à «venir» avec une disposition de foi et d'adoration pour placer sa demande devant le Seigneur.

Tout ceci forme un ensemble d'une grande beauté. Cette union de fidélité et de grâce nous offre un beau modèle, bien que à peine indiqué, du ministère de tous ceux qui veillent sous la direction de l'Esprit de Dieu. La sentinelle insiste sur la vérité de Dieu et ne veut pas l'affaiblir, mais elle cherche en même temps à la présenter avec force à la conscience des pécheurs pour qu'ils l'acceptent.

Cette «charge» brève et significative «de Duma» fait penser au chapitre 3 de la 2e épître de Pierre, où nous trouvons un autre moqueur et avec lui aussi la réponse de l'Esprit de Dieu.

Le moqueur met en doute la promesse de la venue du Seigneur, ce qui prouve que cette promesse avait fait partie du témoignage déjà rendu, tout comme au chapitre 21 d'Esaïe, ainsi que je l'ai fait remarquer, le défi de l'Edomite prouvait que la sentinelle avait déjà parlé de la nuit. Mais l'homme qui parle ici tâche de soutenir son accusation par un raisonnement qui lui paraît très spécieux, et il demande avec insolence: «Où est la promesse de son avènement?» ajoutant ensuite: «Car depuis que les pères se sont endormis toutes choses demeurent comme elles ont été depuis le commencement» (2 Pierre 3: 4). Les hommes discutent le mystère de la venue du Seigneur en s'appuyant sur le cours général de la nature et des événements du jour, et ils le font dans le même esprit que cette parole: «Sentinelle, où en est la nuit?»

L'apôtre réplique. Il apprend au moqueur que, depuis le commencement de la création toutes choses avaient suivi leur cours (comme le moqueur l'avait dit lui-même), mais non pas simplement par la puissance de causes et d'effets, de lois établies et d'analogies; que toutes choses, au contraire, dans les âges successifs, avaient eu leur raison d'être dans le bon plaisir de Dieu et dans sa parole; que par cette parole les cieux subsistaient d'ancienneté et la terre également; que par cette même parole le déluge était venu, et que par cette même parole encore, nous avons maintenant un nouveau ciel et une nouvelle terre qui attendent leur jugement par le feu, quand il plaira a Dieu selon cette même parole.

Telle est la belle réponse de la sentinelle du Nouveau Testament à l'Edomite de son temps; et après lui avoir ainsi parlé, Pierre se tourne vers les saints pour les exhorter, en vertu du jugement prochain et de la gloire à venir, c'est-à-dire en vertu du «matin» et de la «nuit» du prophète. Il désirerait les voir «croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ» (2 Pierre 3: 18), et retenir avec fermeté la foi et l'espérance au milieu des raisonnements des moqueurs qui les entourent. Il voudrait de plus qu'ils fussent capables de comprendre la cause du retard de la venue du Seigneur, auquel s'attaquaient ces hommes, et d'en voir la solution dans le plus merveilleux des conseils de la grâce: «Le salut de Dieu».

Je considère en effet ce chapitre de l'épître de Pierre comme un passage remarquable du Nouveau Testament en coïncidence avec la charge d'Esaïe contre le pays d'Edom. Le moqueur des derniers jours de la chrétienté est semblable à l'Edomite profane des temps des rois d'Israël; et je demande si le jour présent, entre autres caractères, n'a pas celui d'être un jour d'impiété et de moquerie édomitiques; un jour où les sentinelles du Seigneur devraient savoir, comme Esaïe et comme Pierre, ce qu'ils ont à faire et comment ils doivent répondre. Je n'en doute pas: qui peut s'y méprendre? Les temps actuels ont une signification immense. Les révolutions politiques, autant que les travaux de l'activité chrétienne, leur impriment un cachet qui est loin d'être ordinaire.

Dans les dispensations de Dieu envers la terre, il y a toujours eu «la nuit» et «le matin» — le matin de la gloire ou le jour du royaume, et la nuit du jugement qui dégage la voie et purifie la scène.

Il en fut ainsi du temps de Noé: — le jugement par le déluge eut son cours et fit son oeuvre, et la terre nouvelle apparut. — L'épée de Josué jugea les peuples de Canaan; le pays fut partagé entre les tribus d'Israël et la gloire y établit sa demeure. — Les conquêtes de David ouvrirent le chemin au trône de Salomon. — Et il en est de même de la terre ou du monde maintenant. La «nuit» s'approche, la nuit apocalyptique, les jugements que ce livre annonce, que ce soit sous la forme de sceaux, de trompettes ou de coupes; et le «matin» aussi est en vue, le matin apocalyptique, le royaume où les saints vivront et régneront avec Christ pendant mille ans; et où l'Epouse descendra du ciel dans toute sa splendeur, ayant la gloire au dedans d'elle. Par conséquent si l'on demande: «Où en est la nuit?» pour autant qu'il s'agit de l'avenir de la terre, la réponse est encore la même: «le matin vient, puis aussi la nuit».