Le royaume des cieux

La plupart des chrétiens ont des idées bien vagues, souvent très fausses sur le royaume des cieux: les uns le confondent avec l'Eglise visible ou invisible, les autres y voient comme une partie de l'Evangile ou même le ciel à la fin. Il vaut donc la peine, de toute manière, de rechercher ce que les Ecritures entendent par «le royaume des cieux».

L'expression elle-même de «Royaume des cieux» ne se trouve que dans l'Evangile de Matthieu et se rattache aux prophéties de l'Ancien Testament. Elle tire sans doute son origine de Daniel 2: 44.

En effet le prophète, dans l'explication du premier songe de Nebucadnetsar, déclare à ce monarque qu'après les quatre empires qui se succéderaient sur la terre, au temps des dix rois figurés par les dix orteils des pieds de la statue, «le Dieu des cieux» susciterait un royaume qui ne serait jamais dissipé, ni laissé à un autre, mais qui briserait et consumerait tous ces royaumes et serait établi éternellement (comparez aussi Daniel 2: 28 et 4: 25, 26). Plus tard, il nous apprend que Celui qui de fait exercera l'autorité dans ce «royaume des cieux», qu'il promettait de la part du Dieu des cieux, serait ce Fils de l'homme qu'il nous montre venant sur les nuées des cieux et recevant de l'Ancien des jours la seigneurie, l'empire et le règne sur tous les peuples, les nations et les langues à perpétuité (Daniel 7: 13, 14). L'idée du règne des cieux a quelque chose de vague, d'abord, et n'implique pas nécessairement par elle-même que l'autorité du royaume soit placée entre les mains du Fils de l'homme, mais seulement que le règne des cieux sera établi par le jugement terrestre, exécuté par la petite pierre coupée sans main, et puis s'étendra sur toute la terre. Au chapitre 7, le prophète nous donne un détail de plus, savoir que ce sera le Fils de l'homme glorifié qui sera revêtu du pouvoir des cieux (comparez Psaumes 8; Hébreux 2: 5-8; Apocalypse 1: 7, 8; 11: 15-17; etc.).

Le royaume des cieux est donc un gouvernement, un ordre de choses dans la suite des dispensations de Dieu, le règne des cieux sur la terre, car si le ciel est le siège du pouvoir, c'est la terre qui est la sphère sur laquelle la domination s'exerce.

Daniel avait annoncé ou promis le règne des cieux. Six siècles plus tard, le moment étant venu, Jean-Baptiste apparaît et le propose en témoignage comme s'approchant: «Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché» (Matthieu 3). Jean se doutait peu, sans doute, de la forme que prendrait effectivement le royaume; il l'envisageait avec les idées d'un Juif pieux et en liait l'établissement à la venue du Messie, le Berger d'Israël, devant qui il marchait, qui purifierait parfaitement son aire par le jugement et amènerait la gloire promise sous le sceptre béni de Jéhovah; et quand, au lieu de voir le royaume s'établir par la puissance d'un Messie glorieux, comme il s'y attendait, il fut lui-même jeté en prison et vit le Christ méprisé et rejeté, il y eut, ce semble, devant ce fait si étrange et inattendu pour lui, un moment d'hésitation dans sa foi, et il envoya deux de ses disciples à Jésus, disant: «Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre» (Matthieu 11: 3)?

Le Christ commence son ministère comme Jean-Baptiste. Quand il eut entendu dire que Jean avait été jeté en prison, il commença à prêcher et à dire: «Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché» (Matthieu 4: 17; comparez 3: 2). Il allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, et prêchant l'évangile (la bonne nouvelle) du royaume, et guérissant toutes sortes de maladies et de langueurs parmi le peuple» (Matthieu 4: 23 et suivants). De grandes foules le suivent, et les voyant, il monte sur la montagne; et là, comme un Roi, le Messie, devant les foules, il expose à ses disciples avec quel caractère et sur quels principes on entrerait dans le royaume et on y jouirait de la bénédiction (Matthieu 5-7), faisant entrevoir déjà incidemment que le royaume ne s'établirait pas sans opposition et amènerait des souffrances pour ceux qui voudraient y entrer, et ainsi aussi une récompense dans les cieux (Matthieu 5: 10-12; 7: 13 et suivants, etc.). En même temps, le Christ manifeste au milieu d'Israël la puissance de Jéhovah en grâce (Matthieu 4: 23-24; 8; 9), cette puissance qui était capable d'établir le royaume en liant Satan et en délivrant Israël de toutes les conséquences du péché sur la terre. Il guérit au milieu d'Israël, il pardonne, il chasse les démons, il ressuscite les morts, étendant même, comme un rameau fertile, ses branches «par-dessus le mur» pour la bénédiction des pauvres gentils (comparez Genèse 49: 22), car plusieurs viendront d'orient et d'occident, et s'assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux, mais les fils du royaume, l'Israël selon la chair, seront jetés dehors (Matthieu 8: 5-13).

Le temps pour rappel et l'introduction ouverte des nations aux bénédictions du royaume, toutefois, n'était pas venu. Jéhovah, plein de patience, est encore en chemin avec son peuple, le pressant de se mettre d'accord avec sa partie adverse, afin qu'il ne fût pas livré, au juge et jeté en prison jusqu'à ce qu'il eût payé le dernier quadrant. Jésus allait par toutes les villes et les bourgades, enseignant dans les synagogues et prêchant l'évangile du royaume, et guérissant toutes sortes de maladies et de langueurs; et voyant les foules, il fut ému de compassion pour elles… et il exhorta ses disciples à prier le Seigneur de la moisson de pousser des ouvriers dans sa moisson (Matthieu 9: 35-38). Puis lui-même (Matthieu 10) il envoie les douze, leur commandant de ne pas s'adresser aux nations ou aux Samaritains, mais plutôt aux brebis perdues de la maison d'Israël: «Prêchez, disant: le royaume des cieux s'est approché! Guérissez les infirmes, rendez nets les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement». La mission des douze est comme un dernier appel de la grâce à Israël sous sa responsabilité; elle a le même caractère que le témoignage de Jean Baptiste et le témoignage du Seigneur lui-même jusqu'à ce moment. Elle se rapporte à Israël dans ses villes, et au royaume, et elle s'étendra, à travers les jours où le Saint Esprit sera venu, jusqu'à la seconde venue du Christ dans sa gloire de Fils de l'homme, car «vous n'aurez pas achevé de parcourir les villes d'Israël, dit-il aux apôtres, que le Fils de l'homme ne soit venu». Lui-même, en effet, le Messie-Roi, et son témoignage allaient être rejetés, comme l'avait été Jean Baptiste, et ce ne serait que «les violents» qui raviraient pour eux-mêmes le royaume. Les douze s'en allaient comme des brebis au milieu des loups; ils rencontreraient la persécution; ils seraient livrés aux sanhédrins, fouettés dans les synagogues, et menés devant des gouverneurs et des rois, en témoignage pour eux et pour les nations, car si on avait appelé le maître de la maison Béelzébul, combien plus appellerait-on ainsi les gens de sa maison? — mais celui qui persévérerait jusqu'à la fin serait sauvé.

Le royaume a pu être annoncé comme devant être établi, alors qu'Emmanuel était sur la terre; il a pu l'être encore après la mort du Christ, comme nous le voyons au chapitre 3 des Actes, et aussi il pourra être repris au milieu d'Israël, si celui-ci se retrouve dans sa terre et que Dieu suscite des messagers doués de la puissance spirituelle nécessaire. Mais quand Israël n'est plus dans sa terre le témoignage est suspendu: c'est ce qui est arrivé à la suite de la réjection et de la mort du Christ, par la destruction de Jérusalem et la dispersion des Juifs qui en a été la conséquence. Les nations, tirées de l'obscurité, ont été amenées ainsi sur la scène comme objet direct des voies de Dieu, et elles le restent jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée et que les temps des nations soient accomplis: par la chute d'Israël le salut parvient aux nations, c'est pourquoi aussi, après sa mort, le Christ ressuscité envoie les apôtres, non plus à Israël, mais aux nations (comparez Romains 11: 11-26; Luc 21: 24; Matthieu 28: 16-20): c'est à elles que le témoignage est adressé. Le rassemblement de l'Eglise, tirée des nations, forme une grande parenthèse dans l'histoire du témoignage des disciples au milieu d'Israël, tel qu'il nous est présenté dans Matthieu 10; mais le Seigneur, occupé ici d'Israël et de ses brebis perdues, ne fait aucune mention de cette interruption, passant entièrement sous silence ce qui concerne les nations, si ce n'est pour ce qui touche le témoignage indirect qui leur serait rendu, par le fait que les disciples seraient traduits devant leurs gouvernements et leurs rois.

Le chapitre 11 de Matthieu nous montre le témoignage du Messie quant au royaume déjà rejeté, comme l'avait été celui de Jean Baptiste. La voix austère de l'un, pas plus que les paroles de grâce de l'autre, n'ont trouvé d'écho au milieu d'une génération méchante et adultère; les villes qui ont vu les miracles du Christ ne se sont pas repenties, et elles sont plus coupables que Sodome.

Cet état d'Israël est constaté au chapitre 12: les conducteurs religieux du peuple consultent contre le Christ comment ils le feront mourir; ils imputent à Béelzébul la grâce et la puissance manifestée par Lui au milieu d'eux; ils attirent ainsi le jugement définitif du Seigneur sur la race méchante et adultère, à laquelle il ne sera pas laissé d'autre signe que celui de Jonas le prophète. Le Messie méconnu, et moralement rejeté, défend dès lors à ses disciples de rendre son nom public (verset 16; comparez 16: 20; Luc 9: 20, 21); il se sépare de sa famille selon la chair, ne reconnaissant désormais pour siens que ceux qui sont le fruit de sa parole (versets 46-50).

Dès lors le royaume des cieux est présenté sous une autre et nouvelle forme: le Seigneur, rejeté comme Messie, prend le caractère d'un Semeur (Matthieu 13); il ne cherche plus du fruit sur la vigne, sur Israël désormais judiciairement endurci (versets 10-17), mais il apporte avec Lui ce qui doit produire le fruit. Il ne s'agit plus, je le répète, du Messie et d'un royaume prêt à être établi par la puissance du Roi de gloire, qui purifie entièrement son aire; mais le Fils de l'homme sème dans le champ qui est le monde, et le résultat des semailles, ce sera le royaume des cieux sous une forme nouvelle, qui a ses mystères dont les disciples seuls auront le secret. — Les six paraboles, qui suivent celle du Semeur, nous font connaître le caractère et les formes que le royaume des cieux prendrait pendant que le Roi serait caché (comparez Luc 19: 12) et n'aurait pas pris en main sa puissance et établi son règne glorieux. Trois des paraboles exposent à la multitude l'aspect extérieur que revêtira le royaume: ce sera un état de choses mélangé jusqu'à la fin; il y aura le bon grain et l'ivraie, et il n'appartiendra pas aux disciples de porter la main sur l'ivraie; mais au temps de la moisson, le maître de la moisson dira aux moissonneurs (les anges; comparez versets 49-50): Cueillez premièrement l'ivraie et la liez en faisceaux pour la brûler, mais assemblez le blé dans mon grenier» (versets 24-30; comparez 36-42). Le royaume aussi, très petit au commencement, prendra la forme d'un «grand arbre»; il deviendra une grande puissance politique qui étendra ses bras protecteurs sur tous les peuples de la terre (versets 31, 32; comparez Ezéchiel 30 et Daniel 4). Le royaume aura un autre caractère public encore celui d'un système de doctrine et d'une profession de foi pratique et commune (la chrétienté), et son extension sur la terre sera due, au fond, à un principe corrupteur, le levain (comparez Lévitique 2: 11, 12; Exode 12: 18-20; Matthieu 16: 6; Marc 8: 15; 1 Corinthiens 5: 6-8; Galates 5: 9) qui a été introduit dans ce qui était pur (verset 33). — Les trois dernières paraboles, avec l'interprétation de la première, sont données aux disciples seuls (versets 36 et suivants): elles font connaître les choses intérieures du royaume des cieux, ce qui occupe Dieu dans le royaume, le trésor caché dans le champ, la perle de grand prix, les saints ou l'Eglise, pour lesquels un homme (Christ) laisse tout et achète le champ à cause du trésor, et la perle, et puis ce qui se passe pendant la durée du royaume; les disciples jettent le filet de la parole dans la mer des peuples; ils (les disciples toujours) le retirent ensuite et, séparant les bons poissons d'avec les mauvais, ils mettent les bons dans des vaisseaux à part, jetant dehors les mauvais, sans s'en occuper autrement. En la consommation du siècle, de cet ordre de choses-là, pareillement, il y aura une séparation, mais cette séparation sera opérée par les anges qui sépareront les mauvais du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise de feu. Le mystère du royaume des cieux se terminera dans la sphère plus étendue de la gloire du «royaume du Père» et du royaume du Fils de l'homme, l'un la partie céleste, l'autre la partie terrestre du royaume (versets 41, 42; 26: 29; 16: 27, 28; 19: 28; 24: 27-31; 25: 31, 32; 26: 64). Il y avait dans ces enseignements des «choses anciennes», le royaume du Christ et des cieux, annoncé par les prophètes, et puis «des choses nouvelles», savoir les formes et l'étendue des limites et de la gloire que ce royaume prendrait, et le fait qu'il tirerait son origine, non pas d'Abraham, mais de la Parole semée dans le monde.

Dans l'ordre des voies de Dieu, nous voyons donc le royaume des cieux annoncé d'abord par les prophètes; présenté ensuite en témoignage, comme s'étant approché, soit par Jean Baptiste, soit par le Christ lui-même; puis à la suite de la réjection de ce double témoignage, présenté sous un nouveau caractère et sous de nouvelles formes pour être établi ainsi, quand le moment serait venu, non par la puissance du Roi en justice et en jugement, en gloire manifestée, mais comme un mystère par un témoignage rendu au coeur des hommes et laissé, comme système de vérité, à leur fidélité et à leurs soins, Dieu s'occupant cependant toujours de conserver les siens et la vérité elle-même. Enfin cette forme mystérieuse du royaume sera remplacée par le règne public et glorieux et du Père et du Fils de l'homme venant sur les nuées des cieux. Aussi longtemps que le Seigneur est vivant sur la terre, le royaume des cieux, sous quelque forme que ce soit, est seulement prêché: le Seigneur fait connaître à ses disciples le caractère et les formes qu'il revêtira; il leur fait comprendre toujours plus clairement qu'il rencontrera de l'opposition, qu'il faudra souffrir pour y entrer, que les violents seuls le raviront (Matthieu 5: 10-12, 20; 6: 33; 7: 13, 14; 10: 7 et suivants; 11: 12; 18: 2, 3; etc.), et qu'il vaut la peine de souffrir pour lui, parce que les privilèges dont on y jouira seront tels que le plus grand qui soit né de femme, Jean Baptiste, sera plus petit que le moindre dans le royaume (Matthieu 11: 11-14). Mais au travers de tout, aussi longtemps que le Seigneur est ici-bas entouré de ses disciples, le royaume des cieux reste une chose à venir.

Après l'ascension du Roi dans les cieux (Luc 24: 51; Actes des Apôtres 1: 10, 11), le royaume est établi en mystère, et administré par Pierre, à qui le Seigneur en avait donné les clefs (Matthieu 16: 19). Pierre en ouvre les portes aux Juifs (Actes des Apôtres 2; 3), Puis aux Samaritains (Actes des Apôtres 8), et enfin aux nations (Actes des Apôtres 10). Les Juifs à Jérusalem ont rejeté l'administration du royaume par le Saint Esprit, dont Pierre avait les clefs, comme l'annonce du royaume avait été rejetée dans le témoignage de Jean Baptiste et du Christ. Dès lors il a cessé d'être présenté aux Juifs comme peuple, quoique ce ne soit réellement qu'à la fin de la carrière apostolique de Paul (Actes des Apôtres 28: 23 et suivants) que le Dieu de grâce renonce à ses efforts envers un peuple, au plus petit résidu duquel il ne cessait de s'intéresser. Les Juifs, en résistant au témoignage de l'Esprit saint, ont mis le comble à leurs péchés, et la colère est venue sur eux au dernier terme (comparez toute l'histoire des Actes des Apôtres). Alors l'histoire concerne les nations, — et Paul, leur apôtre, leur prêche le royaume de Dieu et leur enseigne les choses qui regardent le Seigneur Jésus (Actes des Apôtres 28: 30, 31; comparez 20: 24, 25; 19: 8).

Les nations apparaissent sur la scène, soit comme recevant le témoignage de la grâce qui leur est proposé, soit comme le rejetant. Ce sont elles, les nations professant le christianisme et celles des quatre monarchies assujetties à la bête, qui sont les objets spéciaux des voies de Dieu dans son gouvernement (non pas les seuls), les Juifs étant comme ensevelis, quoique gardés, comme les nations avaient été auparavant ignorées, en quelque sorte non existantes.

Enfin le royaume sera accompli selon la puissance du Roi, en gloire, quand Satan sera chassé des cieux et que le Fils de l'homme, ayant reçu le royaume (Psaumes 2: 8, 9; Daniel 7: 10-14; Luc 18: 12, 15, 27; Apocalypse 12: 10; etc.) établira la bénédiction sur la terre par ce moyen (comparez Matthieu 24: 30, 31; 25: 31-34, etc.).

L'expression de «royaume des cieux», comme nous l'avons dit, est particulière à l'évangile de Matthieu, où on la rencontre, si je ne me trompe, plus de trente fois. Cela est d'autant plus remarquable que Matthieu, dans cinq passages (6: 33; 12: 28; 19: 24; 21: 31, 43), dit le «royaume de Dieu», là où on aurait pu s'attendre à trouver encore le «royaume des cieux». Ces deux expressions en effet ne sont pas synonymes, le «royaume de Dieu» est une expression plus générale, qui peut embrasser le royaume des cieux et le désigner, mais qui n'est pas embrassée par lui. Le royaume de Dieu est appelé ainsi, parce qu'il tient son existence de Dieu et que, quoique Dieu, pour un temps, puisse y supporter des scandales, ses principes sont de Dieu qui aussi en ôtera les scandales, parce que c'est son royaume. C'est pourquoi aussi, Paul peut dire que le «royaume de Dieu» est «justice, paix, joie dans l'Esprit saint» (Romains 14: 17; comparez 2 Thessaloniciens 1: 5 et 1 Thessaloniciens 2: 12), ce qu'on ne pourrait dire du royaume des cieux, et on pouvait prêcher le royaume de Dieu, quoique Satan pût semer dans le champ sur lequel le règne s'exerçait (Matthieu 24: 14; Luc 9: 2; Actes des Apôtres 20: 25; etc.). Le royaume des cieux n'était «qu'approché» aussi longtemps que le Christ était ici-bas et n'avait pas pris place dans les cieux; au contraire, le royaume de Dieu était «présent» avec Jésus son Roi. «Voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous», car c'est ainsi qu'il faut lire ce passage (Luc 17: 21; comparez Matthieu 12: 28). D'après ce qui précède, on comprendra aisément pourquoi, dans les cinq passages cités plus haut, Matthieu a dû remplacer l'expression de «royaume des cieux» par celle de «royaume de Dieu» que nous rencontrons partout ailleurs dans le Nouveau Testament (comparez Luc 4: 5, 43; 6: 20; 7: 28; 8: 1, 10; 9: 2, 11, 27, 60, 62; 10: 9, 11, etc.; Jean 3: 3, 5; Actes des Apôtres 1: 3; 14: 22; 19: 8; 20: 25; 28: 23, 31; Romains 14: 17; 1 Corinthiens 4: 29; 6: 9, 10; 15: 50; Galates 5: 21; Colossiens 4: 11; 2 Thessaloniciens 1: 5; etc.).

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L'Eglise n'a aucun rapport, ni aucun contact avec le royaume, sauf qu'ici-bas elle existe dans le champ, sur lequel l'autorité du royaume, s'exerce et que plus tard elle régnera avec le Seigneur sur ce même champ. Dieu nous a commandé d'ôter du milieu de nous (de l'Eglise) le méchant (1 Corinthiens 5: 13); le Seigneur a défendu, au contraire, à ses disciples d'arracher l'ivraie (Matthieu 13: 29); celui qui est retranché de l'Eglise reste dans le Royaume: au temps de la moisson l'ivraie sera liée en faisceaux, les anges viendront et cueilleront tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité, et les jetteront dans la fournaise de feu (Matthieu 13: 24, 30, 36-43, 49-50). L'Eglise ici-bas peut se corrompre, parce que la chair se trouve dans ceux qui la composent, quoique les châtiments et la fidèle grâce de Dieu puissent la conserver pour la gloire, où la chair et le sang n'entrent pas. Le royaume ne se corrompt pas, car il comprend le Roi, la souveraineté de Dieu lui-même et la moisson; ses principes sont toujours les principes de Dieu; mais Dieu supporte pendant un temps, des scandales dans le royaume; le Roi les ôtera quand il prendra en main sa puissance. L'économie ne comprend ni le Roi, ni la moisson, et elle finit quand le Roi commence à moissonner.