Le chemin de la vie - Psaume 16

C'est une vérité, bien que peu réalisée (et il est doux de la connaître comme un fait) — que «le secret de l'Eternel est pour ceux qui le craignent» (Psaumes 25: 14); qu'il y a, en effet, une «demeure cachée du Souverain, où celui qui s'y tient se loge à l'ombre du Tout-Puissant» (Psaumes 90: 1); que, dans le vaste désert du monde — où ni la faiblesse, ni la débonnaireté, ni la pauvreté d'esprit, ni la pureté de coeur ne trouvent de place, — il y a aussi un chemin distinctement tracé à travers tout et toujours éclairé d'une lumière brillante, de sorte que celui «qui marche et les fous ne s'y égareront point» (Esaïe 35); — un chemin que «l'oiseau de proie n'a point connu et que l'oeil du milan n'a point regardé; dont le gouffre et la mort disent: Nous avons entendu de nos oreilles parler de lui» (Job 28: 7, 22); rien de plus. Où donc est ce chemin, et quel en est le caractère? «Il sera appelé le chemin de sainteté; celui qui est souillé n'y passera point. Là il n'y aura point de lion; et aucune de ces bêtes qui ravissent les autres n'y montera et ne s'y trouvera; mais les rachetés y marcheront. Ceux donc desquels l'Eternel aura payé la rançon retourneront et viendront en Sion avec chant de triomphe, et une joie éternelle sera sur leur tête; ils obtiendront la joie et l'allégresse; la douleur et le gémissement s'enfuiront» (Esaïe 36: 8-10).

Le secret de l'Eternel est pour ceux qui le craignent; pour ceux qui se logent dans la demeure du Souverain! Quels sont-ils? «Eternel! qui est ce qui séjournera dans ton tabernacle? Qui est-ce qui habitera en la montagne de ta sainteté? Ce sera celui qui marche dans l'intégrité, qui fait ce qui est juste, et qui profère la vérité telle qu'elle est dans son coeur» (Psaumes 15: 1, 2). Voilà quels sont les serviteurs bénis de Dieu et quel est leur caractère. Est-ce aussi le vôtre ou le mien? Et pourtant quel autre caractère peut nous convenir? Ou nous avons été amenés à Dieu dans la justice, la vérité et la droiture du coeur, ou nous sommes encore dans un état de perdition éternelle. Mentons-nous à notre véritable caractère, ou bien exprimons-nous au dehors ce que nous sommes réellement et de fait devant Dieu? Comme nés de nouveau, quel est le caractère de la création nouvelle? Comme faits enfants de Dieu par la foi dans le Christ Jésus, quel est le caractère qui convient à la relation? Si tout ce qui est dans le monde «la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père» (1 Jean 2: 16), et si «nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît dans méchant» (1 Jean 5: 19), de quelle manière y passons-nous? Où se trouve notre sentier? Nous allons le voir.

Quelqu'un qui répondait au caractère décrit dans le Psaume 15, et en était l'expression parfaite dans un homme, bien qu'il fût Dieu lui-même — visita un jour ce monde où nous sommes et le trouva tel qu'il est décrit dans le passage que nous venons de citer (1 Jean 5: 19). A Lui, comme à nous maintenant, le chemin de la vie fut montré (Psaumes 16), et après l'avoir suivi tout du long, il arriva au lieu où il conduisait, c'est-à-dire là où il y a «un rassasiement de joie et de plaisirs pour jamais». Et il nous appelle à faire comme lui, avec cette différence seulement, qu'il a enlevé l'aiguillon de ce par quoi ce chemin passe, et nous a donné, en esprit, la pleine jouissance dès à présent de tout ce qui se trouve au bout.

Dans ce Psaume 16, la pensée est plutôt occupée de la victoire que du combat; et le chemin est par là d'autant plus clairement placé devant nous comme un chemin victorieux, car il l'est pour la foi — cette victoire qui surmonte le monde, cette foi qui passe comme à cheval par-dessus toutes choses et se tient debout sur les vagues mugissantes de l'océan; tout en affrontant et renversant tout ce qui plaît aux yeux de la chair. Que n'avons-nous plus de cette foi! Que ne vivons-nous davantage dans sa puissance, regardant plus constamment aux choses invisibles, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, pour être transformés dans la même image; et ayant plus abondamment dans nos coeurs la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ! (2 Corinthiens 3, 4).

Ainsi que nous le disions, quelqu'un vint sur la terre, un véritable homme, qui trouva les choses à peu près comme elles sont maintenant, sauf que maintenant la culpabilité est plus grande, car des mains iniques ont crucifiée mis à mort le Seigneur Jésus. Comme homme, il fut obéissant jusqu'à la mort, la mort même de la croix; et dans sa marche ici-bas, il se tint dans une entière dépendance de coeur devant Dieu, son Dieu, trouvant ainsi en lui «la part de son héritage et de sa coupe, et celui qui maintenait son lot» (Psaumes 16: 5). Malgré tout ce qui était contre lui sur la terre, la méchanceté et la perversité des hommes, l'hostilité de Satan et sa puissance surhumaine exercée contre Lui dans toute sa force — il pouvait dire cependant: «les cordeaux me sont échus en des lieux agréables et un très bel héritage m'a été accordé. Je bénirai l'Eternel même durant les nuits dans lesquelles mes reins m'enseignent» (versets 6, 7). Mais le secret de ces paroles, le voici: «Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi; et puisqu'il est à ma droite je ne serai point ébranlé» (verset 8).

Cet homme était seul, et pourtant il n'était pas laissé seul (Jean 8: 29). Il y avait ceux en qui il «prenait tout son plaisir — les saints qui sont en la terre, ces personnes distinguées» (verset 3). Dans l'évangile de Matthieu nous lisons: «Alors Jésus arrive vers Jean pour être baptisé par lui» (3: 13). Et dans un autre endroit nous voyons que «tout le peuple, qui entendait cela, et les publicains justifiaient Dieu, ayant été baptisés du baptême de Jean; mais les pharisiens et les docteurs de la loi rejetaient le conseil de Dieu contre eux-mêmes» (Luc 7: 29, 30). Il y avait là des hommes qui venaient confesser leurs péchés; qui reconnaissaient le jugement de Dieu sur l'état de choses et sur eux-mêmes, comme en faisant partie, mais en prenant la position de la repentance; et l'homme saint pouvait s'associer à ceux-là; il pouvait les reconnaître comme les «saints qui sont en la terre», comme le résidu d'Israël.

Et n'y a-t-il pas de résidu de nos jours? L'Eglise a-t-elle si bien rempli sa mission, est-elle demeurée si complètement exempte de toute chute, et si fidèle comme un tout à son témoignage, qu'il n'y ait pas de raison d'être pour un résidu? Assurément non. Et s'il en est ainsi, où est ce résidu? L'avons-nous, vous et moi, non seulement trouvé, mais, de plus, avons-nous pris place dans son sein? Si nous ne l'avons pas fait, nous ne suivons pas la trace du «chemin de la vie», et le Seigneur n'est pas avec nous, quelle qu'ait été sa miséricorde en venant à nous dans sa grâce qui apporte le salut, et en se révélant à nos âmes comme le Sauveur.

Revenons au Psaume 16. Bien qu'il n'y soit pas expressément question de la mort, il est parlé du sépulcre; et l'incorruptibilité, qui s'élève victorieuse au-dessus de ce monstre redouté, y est profondément mise en relief; nous sommes engagés à nous souvenir avec bonheur de la vie et de l'incorruptibilité mises en lumière par l'évangile — cette puissance de Dieu qui nous a sauvés, «non selon nos oeuvres, mais selon son propre dessein et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles, mais qui a été manifestée maintenant par celui qui a annulé la mort». «Ne prends donc pas à honte le témoignage de notre Seigneur» (2 Timothée 1: 8-10).

Ce chemin est-il celui de la chair et du sang? Non, sans doute; et le Seigneur le savait, quand il dit à Pierre: «En vérité, en vérité, je te dis — le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois» (Jean 13: 38). Quand il s'agit des hommes, il est dit simplement que ce qui «leur est réservé, c'est de mourir une fois, et après cela d'être jugés» (Hébreux 9: 27); mais c'est de l'autre côté du tombeau que le chemin, dont nous nous occupons, se dessine avec autant, si ce n'est plus d'évidence et de netteté. Après en avoir suivi le cours dans toute sa sainteté, sa pureté et sa beauté, à travers la vallée de l'ombre de la mort, à travers le sépulcre, il conduit directement dans la présence du Seigneur, là où, dans tout le resplendissement de la lumière et de la gloire, se trouve le rassasiement de joie.

Fils d'Adam, demeure à distance; il n'y a rien là pour la chair et le sang. Ils «ne peuvent point hériter du royaume de Dieu, et la corruption n'hérite pas non plus de l'incorruptibilité» (1 Corinthiens 15: 50) — Où en sommes-nous? Sommes-nous en Adam ou en Christ? En Christ, béni soit Dieu; et dans la puissance de sa résurrection. «Car il a fait celui qui n'a pas connu le péché être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui» (2 Corinthiens 5: 21); c'est pourquoi l'apôtre pouvait dire: «Et certes je regarde toutes choses comme étant une perte, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur… et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en lui — ayant la justice qui est de Dieu moyennant la foi, pour le connaître lui et la puissance de sa résurrection» (Philippiens 3).

Mon but n'est pas de faire des applications; — j'en laisse le soin à la conscience de chacun dans la lumière de la présence de Dieu; mais je désire rappeler ces paroles adressées à l'église des derniers jours:

«Le Saint, le Véritable — dit ces choses: Voici, j'ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer; car tu as peu de force et tu as gardé ma parole et tu n'as pas renié mon nom. — Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l'heure de la tentation qui va arriver sur tout le monde habitable, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Je viens bientôt» (Apocalypse 3: 7-11).