Réponses à des correspondants

Un frère, C. B., aux B., nous demande une explication de 1 Timothée 2: 15: «Mais elle [la femme] sera sauvée en mettant des enfants au monde, si elle persévère dans la foi, dans l'amour, et dans la sainteté avec modestie». Ici, comme toujours, il faut chercher, d'abord, la relation de ces paroles avec le contexte, ou dans ce cas, avec ce qui précède (versets 9-14). L'apôtre veut que la femme chrétienne apprenne dans le silence, en toute soumission. «Je ne permets pas, dit-il, à la femme d'enseigner, ni d'user d'autorité sur l'homme», et il en donne pour motif qu'Adam a été formé le premier, et que c'est la femme qui a été séduite et qui, la première, est tombée dans la transgression. Telles sont les causes de son infériorité, et de l'obligation où elle est de demeurer dans la soumission. Néanmoins on ne doit pas en conclure que son salut en soit compromis. Nullement, pourvu qu'elle demeure dans la foi etc. Par la foi elle a la vie éternelle, tout aussi bien que l'homme — toutes les clauses de la sentence, prononcée par Jéhovah, en Eden, sont aussi abolies pour elle, à l'exception de celle qui la concernait spécialement: «J'augmenterai beaucoup ton travail et ta grossesse en travail tu enfanteras des fils». — Hélas! nous savons que, en effet, cette peine demeure jusqu'à maintenant. Or, l'introduction du péché par la transgression de la femme, venant d'être rappelée, on comprend aisément que l'apôtre rappelle aussi la peine qui subsiste encore et qui est le partage de la femme. Cette idée ressort bien du texte grec qui dit littéralement: «elle sera sauvée à travers l'enfantement».

Quelques-uns ajoutent, comme idée secondaire et plus ou moins cachée, le salut qui devait sortir pour la femme, comme pour l'homme, des douleurs mêmes attachées à l'enfantement, c'est que de la semence de la femme devait naître Celui qui briserait la tête du serpent et rendrait aux hommes accès, par la foi, au bonheur éternel que la chute leur avait fait perdre. Mais il faut repousser toute une série d'interprétations légales ou charnelles qui sont contraires à l'analogie de la foi comme au sens naturel du passage: celle qui met le salut de la femme dans la vie de famille et dans l'éducation de ses enfants; celle qui prend le texte dans toute la crudité de la lettre, savoir que la femme sera sauvée en faisant des enfants, excluant de fait celles qui restent vierges ou qui sont stériles; l'idée qu'elle sera sauvée malgré l'enfantement; celles que les douleurs de l'enfantement ne seront jamais mortelles pour elle et qu'elle y résistera toujours, etc.

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Un autre frère, J-R. M. à B., voudrait pouvoir concilier les divergences qui se trouvent dans le récit de la guérison de Bartimée entre Marc et Luc, d'un côté, et Matthieu, de l'autre, et aussi entre Marc et Matthieu, d'une part, et Luc, de l'autre. Voyez ce récit dans Matthieu 20: 29-34; Marc 10: 46-52; Luc 18: 35-43. Lors même que nous ne saurions pas comment résoudre ces divergences, cela ne nous toucherait guère, parce que ce que nous cherchons et, grâce à Dieu, ce que nous trouvons dans les Ecritures, c'est une parole de salut et de vie. Toutefois, si l'on rencontre parfois des faits racontés sous des points de vue différents et avec d'autres détails; on n'y trouvera jamais des contradictions réelles. Examinons celles que les incrédules signalent dans l'histoire de Bartimée.

Marc et Luc ne parlent que d'un aveugle, tandis que Matthieu en mentionne deux. Marc et Matthieu placent le miracle au moment où Jésus sortait de Jéricho, tandis que Luc semble le mettre au moment où il s'approchait de cette ville. Quant au nombre des aveugles, la difficulté n'est pas très grande; l'apôtre Matthieu, qui a été témoin de la guérison, n'a pu se tromper; Marc et Luc, dirigés par le Saint Esprit, ne l'ont pas pu davantage; mais ils ne parlent que de celui qui, étant le plus connu, a surtout attiré l'attention, de celui qui paraît avoir porté la parole et qui a le plus frappé, savoir Bartimée. Quant à la seconde difficulté, rien n'empêche d'admettre que Luc a réuni en une seule narration deux phases, ou circonstances différentes et successives, du même fait; il est, en effet, le seul qui fasse mention de la première question de l'aveugle: «Il demanda ce que c'était». Cette question, Bartimée la fit avant l'entrée dans Jéricho; ce qui arriva ensuite dans cette ville, l'histoire de Zachée, etc., excita la confiance de cet aveugle en Jésus: un autre aveugle s'était joint à lui, ils s'adressèrent ensemble au Maître, comme celui-ci quittait de nouveau la ville. Contre cette explication, qui concilie tout, il n'y a pas de raison bien forte à faire valoir.

Le même frère nous pose encore cette question: Pourquoi est-il dit dans le discours d'Etienne (Actes des Apôtres 7: 14) que Joseph envoya chercher Jacob, son père, et toute sa parenté, en tout soixante et quinze âmes, tandis que, en Genèse 46: 27; en Exode 1: 5, et en Deutéronome 10: 22, il est dit qu'ils n'étaient que 70? On a proposé diverses solutions de cette difficulté.

  1.  La version grecque de l'Ancien Testament, dite des LXX, beaucoup plus connue et plus lue que l'original hébreu, dans les premiers temps de l'Eglise, donne le chiffre de 75, que l'on aurait, en conséquence, admis dans le discours d'Etienne. Mais cette explication ne nous satisfait pas, vu que c'est par une erreur manifeste que les LXX sont arrivés à ce nombre qui, d'après leur calcul devrait même être dépassé; car dans Genèse 46: 27, ils disent: «Les enfants de Joseph… furent neuf personnes».
  2.  D'après le savant Théodore de Bèze, on lisait peut-être originairement, dans Actes des Apôtres 7: 14 : «70 personnes en tout», ou en grec: pantes, mot qui, sous la plume d'un copiste, serait devenu: pente qui veut dire cinq, ce qui aurait fait 75.
  3.  Enfin, d'autres pensent qu'Etienne compte d'abord avec Moïse: 66 personnes (auxquelles Moïse ajoute Jacob, Joseph et ses deux enfants, ce qui donne le total de 70). Etienne, parlant de ceux que Joseph envoya chercher, omettrait ces quatre derniers et ajouterait aux 66 neuf femmes des patriarches, 9 et non pas 12, parce que la femme de Juda était morte en Canaan; que celle de Joseph, qui était égyptienne, ne devait pas être comptée, et que, ou bien Benjamin n'était pas marié alors, ou bien Siméon avait aussi perdu sa femme, puisqu'il est dit au verset 10 (Genèse 46) qu'il eut un fils d'une Cananéenne: ce qui ferait bien le total de 75.

En général, ce qui produit la difficulté doit servir aussi à la résoudre; car si Moïse et Etienne ont eu des vues différentes, on ne doit pas être surpris que leurs calculs soient différents. Or, 1, le dessein de Moïse étant de faire admirer l'accomplissement des promesses divines dans la multiplication de la famille d'Abraham, il était naturel que le dénombrement qu'il faisait des enfants et des petits-enfants de Jacob, se bornât uniquement à eux, sans s'étendre à leurs femmes, qui n'étaient pas sorties de sa hanche, comme il est dit au verset 26. Or ce dénombrement donne le total de 70 personnes. 2. Etienne, se proposant seulement d'indiquer combien de personnes Joseph envoya chercher, ne pouvait pas compter de la même manière: il ne devait pas faire entrer dans son calcul Joseph, sa femme et leurs enfants, puisqu'ils étaient tous en Egypte; d'un autre côté, il ne devait pas en exclure les femmes vivantes des autres fils d'Israël, qui les accompagnèrent (Genèse 45: 19; 46: 5); et il est prouvé qu'en ôtant les uns et ajoutant les autres, on trouve 75 personnes. 3. Moïse ne parle que de la lignée de Jacob, savoir de ses enfants et de ses petits-enfants. Etienne embrasse dans son calcul les belles-filles du patriarche, c'est ce que démontre le mot dont il se sert, qui a effectivement toute cette portée. Il ne dit pas que Joseph envoya chercher Jacob et toute sa lignée; mais toute sa parenté ou sa famille (sungueneia) expression qui ne se retrouve dans le Nouveau Testament que dans Luc 1: 61 et Actes des Apôtres 7: 3, et qui, dans l'usage des LXX, désigne et les enfants et les alliés dans une même maison.

Conclusion: Le calcul d'Etienne diffère de celui de Moïse, parce que ce n'est pas le même calcul, et que ces deux hommes, inspirés de Dieu, avaient des vues différentes en s'exprimant comme ils l'ont fait. L'un donc a pu compter 70 personnes dans la lignée de Jacob, et l'autre 75, dans sa famille, sans la moindre contradiction.

Enfin, le frère J.-B. M. signale encore la divergence qui existe entre Nombres 25: 9 et 1 Corinthiens 10: 8. Moïse dit que, en châtiment du fait de Baal-Péor, il mourut de la plaie 24000 personnes; tandis que Paul s'exprime ainsi: «Il en est tombé en un jour 23000». Le mot hébreu (magghêphah) traduit ici par la plaie (comme dans Nombres 14: 27; 16: 48, 49, 50; 2 Samuel 24: 21, 25; Ezéchiel 24: 16; Zacharie 14: 12, 15, 18; etc.) signifie évidemment un châtiment de Dieu consistant en une peste ou une mortalité qui enlève promptement tous ceux qu'elle atteint. Or, dans Nombres 25, Moïse reçut d'abord l'ordre de faire pendre tous les chefs du peuple (verset 4). Puis il dit aux juges d'Israël: «Que chacun de vous tue ceux de ses gens qui se sont attachés à Baal-Péor». Ces deux classes d'hommes frappés de mort pouvaient s'élever à 1000 personnes, tandis que 23000 aurait péri par la peste. Moïse les comprend tous dans son dénombrement et Paul ne parle que des derniers. Ou mieux encore: Paul ne dit pas seulement qu'il mourut 23000 Israélites de la plaie divine; il dit expressément qu'il en mourut autant en un jour, apparemment le lendemain de l'exécution des mille.

Voilà bien des paroles sur ce sujet; mais si elles peuvent mettre au clair, ne fût-ce que le frère qui nous a demandé ces explications, elles ne seraient pas de trop. Cependant nous devons répéter que, lors même que dans ces passages ou d'autres, où notre esprit apercevrait des divergences qui l'embarrasseraient, nous serions réduits à devoir dire: «Je ne comprends pas — je ne sais comment concilier ces apparentes oppositions, ni résoudre ces difficultés», nous n'aurions jamais, pour cela, le droit d'accuser les Ecritures de se contredire. Nous en conclurions que c'est dans notre propre intelligence que se trouve l'obscurité et, par conséquent, la difficulté. Impossible qu'il y ait des contradictions dans la Parole, divinement inspirée, et qui, d'un bout à l'autre, est LA VERITE (Jean 17: 17). Dieu ne peut se renier Lui-même (2 Timothée 2: 13).