La Sunamite - 2 Rois 4

Dans les jours de l'ancienne alliance, on voit le Seigneur suscitant de nouvelles ressources en face de toujours nouvelles fautes et la foi toujours prête à faire usage de ces ressources, par fois même les prévoyant et les attendant. Tout ce qui est confié à l'homme ou à son administration, toujours de nouveau faillit; mais les ressources de Dieu sont inépuisables, et la foi est tranquille et ferme.

Quand Israël, dans le désert, eut fait le veau d'or, et eut ainsi transgressé le premier article de l'alliance sous laquelle tout était alors placé, Moïse agit comme quelqu'un qui compte trouver en Dieu ce qui était nécessaire pour faire face à la situation (Exode 33; 34).

Quand le peuple, introduit par Josué dans le pays de la promesse, transgresse encore une fois l'alliance, comme il a fait souvent, le Seigneur, par l'énergie de l'Esprit, suscite des Juges pour le délivrer, et la foi regarde à eux pour cette délivrance.

Quand, plus tard, la sacrificature se fut déshonorée elle-même, et que le nom de «I-Cabod» eut été inscrit sur le peuple, Dieu avait en réserve, dans le lieu secret de son conseil, un «prophète» (nouvelle et étrange ressource) et Samuel, comme tel, par la foi amène jusqu'à Eben-Ezer, «le secours de Dieu» pour un peuple déchu (1 Samuel 7: 12).

Quand, avec le temps, le royaume se ruine lui-même, comme le peuple dans le désert et puis sous les Juges, avait fait, et que le trône et la maison de David sont dans la poussière et Israël en captivité, la foi encore attend, assurée qu'elle est que Dieu n'a pas failli, quoique tout d'ailleurs soit ruiné. Que le temple soit désolé, que l'arche ait disparu, que tout ce qui est sacré soit perdu, que la terre elle-même soit devenue la propriété des incirconcis, et le peuple de Dieu, l'esclave du gentil, — toutefois un Daniel, un Néhémie, et d'autres coeurs fidèles comme eux, peuvent garder leur nazaréat et attendre de meilleurs jours, de nouvelles manifestations de ce que Dieu est et de ce qu'il a en réserve pour Israël.

Les chutes de l'homme ne peuvent épuiser ainsi les ressources de Dieu, ni rendre la foi éperdue.

Mais, dans les jours de la nouvelle alliance, nous avons à remarquer quelque chose d'un peu différent, savoir l'entière satisfaction que trouve la foi en ce de quoi Dieu l'a déjà pourvue, et le soin jaloux que prend l'Esprit pour que nous en fassions usage et pour que nous nous en tenions à cela seul, parfaitement assurés que nous avons là, de la part de Dieu, ce qui est capable de pourvoir à toutes les nouvelles difficultés qui peuvent surgir.

La différence entre les temps d'autrefois et les temps d'aujourd'hui consiste donc en ceci: c'est que la foi, dans d'autres jours, comptait sur ce qu'elle avait encore à recevoir, tandis que maintenant elle s'attache à ce qu'elle a déjà reçu et s'en tient à cela; car elle a reçu Christ, la fin de toutes les ressources divines.

Nous n'avons qu'à lire les épîtres pour nous convaincre de ce que j'avance ici. Christ, le Christ de Dieu, et les Ecritures, la parole de sa grâce, sont devenus notre permanente ressource. Voyez comment l'Esprit, dans les épîtres, tient le coeur dans ce que nous possédons déjà, et en quoi nous pouvons nous glorifier; et assurément, la foi s'empare de la pensée de l'Esprit et se l'approprie. Les épîtres ne nous parlent-elles pas de Christ comme de celui qui est tout pour nous, nous exhortant à marcher en lui comme nous l'avons reçu; à être édifiés en lui comme nous avons été enracinés en lui; à tenir ferme, et à persévérer dans les choses que nous avons apprises déjà; et à rejeter toujours tout ce qui n'est pas Christ et sa parole? (Colossiens 2: 6; Ephésiens 3: 14-16 etc.). «Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce» (Actes des Apôtres 20: 32), tel est le langage de l'apôtre!

Telle est donc la différence qui existe entre les ressources de la foi aux temps de l'ancienne alliance et dans ces derniers temps; mais il y a aussi une analogie entre le passé et le présent, en ce que les fautes de l'homme, le désordre et la confusion qui en résultent, dans la scène qui nous entoure, caractérisent l'un et l'autre. La foi aussi est la même; elle connaît les ressources de Dieu et en use au milieu de la ruine de tout; avec cette différence seulement, je le répète, que les ressources dans le passé étaient des choses nouvelles, tandis que, maintenant, elles sont toujours une seule et la même chose, c'est-à-dire «Dieu et la parole de sa grâce», «Christ» et «les Ecritures». Dans le passé, la foi agissait de cette manière; maintenant, elle agit de cette autre manière.

Quand, dans les jours d'autrefois, comme nous l'avons vu, Israël fit le veau d'or, la foi s'attendait à une nouvelle révélation du nom de Dieu. Quand le peuple, dans sa terre, perdit sa place, sous l'aile de Jéhovah, la foi s'attacha au Juge ou libérateur nouvellement suscité. Quand la sacrificature se fut corrompue, la foi usa du prophète. Quand le royaume fut ruiné, la foi attendait encore, dans l'espérance d'un suprême, sûr et certain secours, par des voies nouvelles adaptées à des circonstances nouvelles, selon cette parole de Mardochée: «Les Juifs respireront et seront délivrés par quelque autre moyen» (Esther 4: 14). Mais maintenant, au milieu de la ruine et du désordre, sous quelque forme que ce soit, la foi possède Dieu et sa parole, Christ et l'Ecriture, sûres et invariables ressources de chacun des jours du Nouveau Testament. La foi fait usage non pas de quelque chose de nouveau, mais de ce qui a été donné en grâce, et elle demeure ferme et calme, quelque affligée et humiliée qu'elle puisse être: car «les fins des siècles» nous,ont atteints (1 Corinthiens 10: 11). Nous n'attendons pas de nouvelles manifestations, mais nous faisons usage de ce que nous avons, quel que soit l'état de ruine de l'Eglise, la confusion et le désordre de la chrétienté. La foi retient ferme jusqu'à la fin le commencement de son assurance (Hébreux 3: 15). La foi est préparée pour des chutes dans les administrateurs de Dieu; mais étant arrivée jusqu'à Dieu lui-même, elle demeure tranquille et satisfaite.

La Sunamite nous fournit un exemple de ces voies si belles de la foi (2 Rois 4). Elle n'était ni effrayée, ni ébranlée par un temps de ruine et de confusion; elle y est préparée, sachant ce dont l'homme est capable; mais ayant connu et saisi Dieu et ses ressources, elle est satisfaite et demeure en repos.

L'histoire de cette femme est d'une grande beauté. Au commencement, elle discerne le caractère d'Elisée. Sans que personne le lui amène, elle reconnaît en lui «un homme de Dieu» et, comme tel, elle l'accueille et le reçoit dans sa maison. Elle peut compter sur les ressources que Dieu a à son commandement, encore que le royaume soit dans un état de chute; et elle le fait comme il convient. Elle connaît le caractère du prophète aussi bien que sa personne. S'il est un homme de Dieu, elle s'attendra à trouver en lui les goûts et les sympathies d'un homme de Dieu, et prépare tout en conséquence: une petite chambre haute sur la muraille avec les meubles nécessaires, un lit, une table, un siège, un chandelier. Sa pensée n'est pas d'étaler les trésors de sa maison, mais de recevoir le prophète selon son caractère; et c'est là la communion. Son sens est délicat, comme sa foi est forte et intelligente.

La scène est céleste. Je veux dire que tout ce qui se rattache à cette petite chambre, trahit des étrangers célestes sur la terre, dans des jours de corruption et d'apostasie. Les choses étaient alors dans un état de ruine morale complète. La famille d'Achab, la maison d'Omri, était sur le trône, et il n'y avait rien dans le royaume qui fût digne de Dieu. Les choses petites et basses, et elles seules, conviennent au peuple de Dieu alors. Dans les jours de Salomon, il en sera autrement. Maintenant, un lit, une table, un siège, et un chandelier sont tout ce qu'il faut; alors, les serviteurs et leurs vêtements, et tout l'ordre du service (2 Chroniques 9: 3, 4) manifesteront une gloire terrestre et mondaine.

Tout cela est plein de beauté et de sens. La femme reconnaît le témoin de Dieu dans ces jours mauvais; elle sait que Dieu est vrai, encore que tout homme soit menteur; elle sait que si les fondements sont ruinés, Dieu est encore au temple de sa sainteté. Dans ces jours mauvais, elle voit la ressource de Dieu dans le prophète. Celui-ci est un étranger, un homme solitaire, une sorte de Jonas dans Ninive qui n'est ni annoncé, ni accrédité. Mais elle le reconnaît; et, l'ayant reçu, elle tient ferme par lui. Son mari peut parler de nouvelles lunes et de sabbats; Elisée lui-même peut parier de son bâton et de son serviteur, pour elle le prophète, le vase de Dieu, est tout; il avait été le commencement de son assurance, elle veut le tenir ferme comme tel jusqu'à la fin. Car la foi dans ces jours-là, comme aux jours d'aujourd'hui, s'attachait aux ressources de Dieu. La foi comptait toujours de nouveau sur de nouvelles ressources, à mesure que de nouvelles difficultés surgissaient; mais tandis que ces ressources étaient dans la main de Dieu pour son peuple jusqu'à ce qu'elles eussent fait place, à cause d'une nouvelle chute, à de nouvelles ressources, la foi s'attachait à elles. Ainsi la Sunamite s'attache au prophète, alors que tout, dans le royaume des dix tribus, était en ruine, soit sur le trône, soit dans le sanctuaire.