Adorateur et ouvrier - 2 Timothée 2 - Mackintosh C.H.

Il n'y a rien de si préjudiciable aux âmes, que d'intervertir l'ordre des vérités de la Parole, d'en changer la place, et de faire confusion entre des choses qui diffèrent, d'après l'intention divine. — Si quelqu'un enseigne l'erreur d'une manière évidente et positive, nous pouvons nous mettre en garde contre lui; mais s'il vient à nous avec des vérités, il est vrai; mais des vérités hors de leur place, faussement appliquées, alors nous risquons beaucoup d'être induits en erreur.

Ainsi, par exemple, il se trouve dans le chapitre que nous avons indiqué plus haut, des expressions qui ne s'appliquent qu'à une personne qui est déjà passée, de la mort à la vie; comme celle de ouvrier, — bon soldat, — vase sanctifié. Si l'on faisait l'application de ces termes à une âme qui n'aurait pas encore trouvé, dans le parfait sacrifice de la croix, le repos de sa conscience chargée, elle se trouverait assurément plongée dans une confusion et une perplexité sans espoir. — En effet, si un pauvre pécheur, perdu sans ressource, tourne ses regards vers la porte de la maison du Père, et qu'il la trouve barricadée par les si, les mais, et les conditions d'un froid et sombre légalisme, que peut-il faire, sinon de tomber dans le désespoir? — Et pourtant que de fois il en est ainsi! Combien souvent n'arrive-t-il pas que les devoirs, les obligations, qui n'incombent qu'aux vrais croyants, sont néanmoins pressés sur la conscience des irrégénérés! Les effets d'une application si peu judicieuse de la Parole sont les plus déplorables. Les âmes angoissées tombent dans le découragement; — les consciences chargées voient s'aggraver encore leur pesant fardeau; — les coeurs qui pendant si longtemps ont soupiré après la paix, et qui ont fait tant et de si pénibles efforts pour la trouver, la cherchant partout et en tout, excepté en Jésus et en son précieux sang, ces pauvres coeurs sont jetés par terre, plongés dans une tristesse sans espoir; — et tout cela, par suite du déplorable système qui consiste à confondre ces deux choses si différentes, savoir: le moyen fixé de Dieu pour devenir un adorateur heureux, et celui qui est indispensable pour être un ouvrier utile.

De quelle importance n'est-il donc pas de les distinguer! Combien n'est-il pas essentiel de faire voir au pécheur, angoissé dans sa conscience, que l'oeuvre qui peut faire de lui un adorateur béni a été complètement achevée sur la croix, il y a déjà plus de 18 siècles! combien n'est-il pas nécessaire de conduire une telle âme entièrement en dehors d'elle-même, pour lui faire diriger ses regards, regards de foi, sur le sacrifice de Jésus offert une fois pour toutes. Il est absolument impossible qu'on puisse jouir d'une paix vraie, solide, éternelle; ou qu'on puisse présenter à Dieu un culte vraiment spirituel, jusqu'à ce que la conscience soit purifiée par le sang de la croix. Avant que je puisse respirer librement, pour marcher à l'aise, et que je sois en état d'adorer au dedans du voile, il faut que je sache que, non seulement, toutes les exigences de ma conscience, mais bien plus, que tous les droits du trône de Dieu, ont été pleinement satisfaits par Celui qui mourut à ma place. Il n'y a point là de si, ni de mais, ni aucune condition. La porte est tenue ouverte aussi largement que le coeur du pécheur puisse le désirer. Tout ce que le pécheur est dans sa nature — dans sa condition, — et dans les terribles conséquences de son état, tout cela a été divinement et parfaitement réglé à la croix.

Dieu peut dire maintenant: Garantis-le, afin qu'il ne descende pas dans l'abîme, — non pas parce qu'il a gardé tous mes commandements, ou même qu'il ait essayé de tout son coeur de les garder, sans pouvoir y réussir; non pas, parce qu'il s'est, sincèrement repenti et qu'il se propose de mener une vie toute nouvelle: — mais, parce que: J'ai trouvé la propitiation (Job 33: 24). — Voilà la source de la vraie paix. Dieu savait, d'une manière parfaite, à quel taux devait se monter la propitiation exigée; — cette propitiation, Il l'a Lui-même trouvée; — Il l'a trouvée tout entière; — et Il l'a trouvée pour moi.

Lecteur, arrêtez vous ici. Voyez, dans le sang précieux de Jésus, le taux complet de cette rançon, placé sous les yeux de la sainteté infinie! Considérez bien sa valeur! Ecoutez-en la voix! Croyez-y! Reposez-vous là-dessus avec une entière confiance! — Il ne vous est pas demandé de placer dans la balance divine le plus petit fétu venant de votre part, pour en compléter la valeur. Jésus a tout payé. Et Dieu, en ressuscitant Jésus d'entre les morts; en le faisant asseoir sur son trône, à la droite de la Majesté, dans les lieux très hauts, Dieu a, pour ainsi dire, publié par-là, en présence de toutes les intelligences créées, et proclamé dans l'univers entier, ce témoignage: J'ai trouvé la propitiation.

Il est inutile que vous disiez: — «Je suis trop méchant, pour avoir jamais le repos de mon âme. J'essaie bien de vivre mieux; et néanmoins je suis toujours le même. Plus je fais d'efforts pour cela, plus je me vois mauvais. Je tâche de garder les commandements; j'assiste aux exercices religieux; quelquefois j'entends jusqu'à trois sermons, le jour du dimanche. Je fais tout ce que je puis; et cependant, je ne puis pas trouver la paix; je ne suis pas heureux: malgré tout, je ne puis pas parvenir à l'assurance que mes péchés me sont pardonnés». — Cher ami! Tout cela, c'est le moi. Il vous faut regarder entièrement ailleurs qu'à ce pauvre, à ce misérable, à ce coupable moi, qui ne mérite que l'enfer. — Dieu dit: J'ai trouvé la propitiation. — Est-ce qu'il l'a trouvée en vous, ou hors de vous? — Est-ce qu'Il dit: J'ai trouvé quatre-vingt-dix-neuf parties de la propitiation; et toi, tu dois trouver la centième? — Oh! non, Dieu l'a trouvée tout entière. Il a Lui-même fait tout ce qu'il savait être nécessaire; et Il vous en fait annoncer la bonne nouvelle, afin que vous puissiez entendre et vivre.

Mon cher lecteur, ne lisez pas une ligne de plus de cet article, que votre coeur fatigué n'ait trouvé le repos dans cette propitiation de Dieu. Il ne vous demande pas de payer la moindre obole; mais Il vous déclare qu'Il a Lui-même tout payé. Prenez-le sur sa parole; — Confiez-vous en son amour; — appuyez-vous sur sa propitiation. Que le Saint Esprit veuille ouvrir vos yeux pour voir, et votre coeur pour comprendre et croire les choses qu'Il a faites pour votre éternelle paix! Alors, — mais non pas auparavant, — vous serez un adorateur, — un adorateur purifié, — un adorateur heureux et béni.

Et, de plus, c'est seulement quand vous serez devenu ainsi un vrai adorateur, purifié, que vous pourrez être un ouvrier, appelé à vous purifier, pour être un vase utile au Seigneur. Essayer d'être ouvrier, avant d'être adorateur, c'est le rebours de l'ordre de Dieu; c'est faire naufrage quant à l'un et à l'autre de ces deux privilèges. Il faut mettre les choses où Dieu les met, et les y laisser. C'est quand le lépreux avait été déclaré net, qu'il commençait à laver ses habits (Lévitique 14: 8). S'il avait entrepris de le faire auparavant, il aurait souillé l'eau, au lieu de se purifier lui-même.

Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu (2 Corinthiens 7: 1). — Voilà le moyen d'être un ouvrier purifié, — un vase sanctifié, — un serviteur utile. Si quelqu'un se purifie de ceux-ci, dit l'Apôtre à son fils Timothée, en parlant des vases à déshonneur de la grande maison:il sera un vase à honneur, sanctifié et utile au Maître, un instrument préparé pour toute bonne oeuvre que son Maître lui donnera à faire (2 Timothée 2: 21). — Etre purifié, quant à ma conscience, par le sang de Jésus, c'est une chose; me purifier moi-même de toute la souillure de la scène qui m'entoure, par la puissante action de la vie divine qui est en moi, c'est une autre chose, toute différente. Ces deux choses doivent demeurer distinctes. Les confondre, c'est détruire la nature entière du christianisme; — c'est ravir à l'âme sa paix, — c'est anéantir le témoignage.

Le chrétien est appelé à un combat continuel. Au moment où son âme trouve la paix en Jésus, le combat commence. C'est quand la proclamation de la victoire retentit pleinement et clairement à l'oreille de la foi, que la bataille commence. Ce que je viens de dire peut embarrasser l'intelligence naturelle; mais la foi le comprend parfaitement bien. Le chrétien est tout à la fois un vainqueur et un combattant. Il plante son pied sur le fondement de Dieu, qui demeure ferme, — si ferme que la puissance de Satan ne peut l'ébranler; — puis, dans la jouissance de la paix que ce ferme fondement lui procure, et non dans un esprit de servitude, de doute ou de crainte, il se retire de l'iniquité (verset 19). — Et quel est son but, en se retirant de l'iniquité, en se purifiant ainsi lui-même? Est-ce de pouvoir être un adorateur? En aucune manière. Il doit l'être déjà avant que le combat ne commence. Et pourquoi donc? c'est afin qu'il soit un ouvrier purifié, — un vase propre, — un instrument convenable, que le Maître puisse employer pour porter sa bénédiction à d'autres. Voilà qui est tout à fait simple et aussi pratique que c'est simple.

Lecteur chrétien! vous qui avez goûté la réalité d'une conscience purifiée, est-ce que vous invoquez le Seigneur d'un coeur pur? — Et ce que vous combattez pour fuir les désirs de la jeunesse, et pour rechercher la justice, la foi, l'amour et la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur (verset 22)?

Peut-être vous trouvez-vous disposé à dire: — «Je vois autour de moi une confusion si désespérante, et — des divisions si fâcheuses, que je ne sais avec qui me réunir, ni trouver un sentier pour mes pieds». Eh bien! cela peut être; mais mettez ceci dans votre coeur: — Si l'église professante était brisée en dix mille fois plus de fragments qu'elle ne l'est; si les divisions, la confusion devaient, comme une marée dévastatrice, passer sur la chrétienté tout entière, cependant chaque chrétien serait encore tenu de se séparer de l'iniquité, dès le moment qu'elle lui serait évidente. Le chrétien est toujours appelé à se purifier des vases à déshonneur. Et, bien plus, c'est en proportion de sa fidélité à se séparer ainsi, — à se purifier, — qu'il deviendra un vase utile au Maître.

Remarquez bien qu'il n'est pas question ici de vues ou d'opinions particulières, sur des questions ecclésiastiques. Non, il s'agit de choses bien plus profondes, bien plus personnelles, bien plus pratiques. Où que ce soit que vous vous trouviez placé, vous êtes appelé à ce sérieux combat, — à cette noble oeuvre, — de vous purifier, afin que le Seigneur Jésus puisse se servir de vous. — Comment répondez-vous à cet appel? Est-ce que vous aspirez à une communion plus étroite, et à une ressemblance plus grande avec Christ? Vous sentez-vous malade, en voyant cette profession froide et sans vie d'aujourd'hui; — ce formalisme desséchant qui semble se déployer toujours davantage sur l'Eglise professante? — S'il en est ainsi, alors marchez, marchez avec les besoins spirituels, que le Seigneur prendra plaisir à combler, en vous dirigeant dans tout ce qui Lui est agréable. Que «en haut et en avant» soit la devise distinctement inscrite, sur toutes vos démarches et sur tous vos sentiments. Ne vous contentez jamais de quoi que ce soit en dessous de la jouissance de Christ. C'est là votre privilège; que ce soit le tout de votre vie.

Ne demandez pas: Quelles difficultés y a-t-il dans telle ou telle marche? Quelles épines se rencontrent en ceci ou en cela? — Mais faites-vous plutôt cette question-ci: Où est-ce que je pourrai trouver le plus d'avantages pour mon âme? Où, et par quels moyens pourrai-je le plus possible goûter et savourer l'amour de Christ? — Ayez besoin de respirer l'atmosphère de sa présence; — cherchez les eaux vives de son Esprit; — désirez de marcher sur ses traces et de croître à sa ressemblance.

Enfin, souvenons-nous tous que c'est la sincérité de nos efforts pour parvenir, et non pas la mesure à laquelle nous sommes parvenus, — qui forme le doux lien de la communion fraternelle. — Si, par exemple, l'apôtre Paul s'était rencontré avec un jeune chrétien, en qui il eût aperçu des désirs et des efforts sincères pour Christ, il aurait été en pleine communion avec lui. Mais si l'apôtre eût dû prendre, comme condition de communion, la mesure de connaissance et le degré de spiritualité, auxquels il était lui-même parvenu, alors ce jeune frère en eût été exclu. — Pour la communion fraternelle, la question n'est pas: Etes-vous à ma hauteur? Mais c'est plutôt celle-ci: Invoquez-vous le Seigneur d'un coeur pur? Les désirs sincères de votre coeur sont-ils franchement tournés vers Christ?