Le vrai fondement de la paix avec Dieu

 «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous» (Exode 12: 13).

Le sang «sur le linteau» garantissait la paix à Israël. Il ne lui fallait rien autre pour jouir d'une paix assurée, relativement à l'ange destructeur, que l'application de ce sang. Dieu n'ajoutait pas quelque autre chose au sang, parce que rien de plus que le sang n'était nécessaire pour être sauvé de l'épée du jugement. Dieu ne dit pas: «Quand je verrai le sang et le pain sans levain ou les herbes amères, je passerai par-dessus vous». Non, ces choses avaient leur place et leur valeur propres; mais elles ne pouvaient pas être le fondement de la paix dans la présence de Dieu.

Il est très important d'avoir une intelligence claire de ce qui constitue le fondement de cette paix avec Dieu. On associe, dans la prédication de l'Evangile, tant de choses à l'oeuvre de Christ, que les âmes sont plongées dans l'incertitude et l'obscurité quant à leur acceptation devant Dieu. Elles savent bien qu'il n'y a pas d'autre moyen pour être sauvé, que le sang de Christ; mais les démons le savent aussi, et cela ne leur profite de rien. Ce dont nous avons tous besoin, c'est de savoir que nous sommes sauvés, — absolument, parfaitement, éternellement sauvés. On ne peut pas être en partie sauvé et en partie perdu, en partie justifié et en partie coupable, en partie vivant et en partie mort, en partie né de Dieu et en partie non né de Lui. Il n'existe pas de condition où ces choses soient unies ensemble. Il n'y a que deux états à l'un ou à l'autre desquels nous appartenons nécessairement. L'Israélite n'était pas en partie abrité par le sang et en partie exposé à l'épée du destructeur. Il savait qu'il était en sûreté; il n'en était pas à espérer seulement qu'il le serait ou à prier qu'il le fût. Il était en parfaite sécurité. Et pourquoi? Parce que Dieu avait dit: «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous». Il se reposait simplement sur le témoignage de Dieu à l'égard du sang versé. Il scellait que Dieu est vrai (Jean 3: 33). Il croyait que Dieu voulait dire ce qu'il disait: et cela lui donnait la paix. Il pouvait faire la fête de l'agneau pascal en paix, avec confiance et une pleine assurance, sachant que le destructeur ne pouvait pas le toucher, alors qu'une victime sans tache était morte à sa place.

Si on avait demandé à un Israélite s'il jouissait de la paix, qu'aurait-il répondu? Aurait-il dit: «Je sais qu'il n'y a pas d'autre moyen de salut que le sang de l'Agneau; je sais que c'est là le moyen divinement parfait de salut; je sais de plus que ce sang a été versé et aspergé sur le linteau de ma porte, et, cependant, je ne suis pas tout à fait tranquille, je ne suis pas tout à fait sûr d'être en sécurité sous son abri. Je crains de ne pas apprécier le sang, de ne pas aimer le Dieu de mes pères comme je le devrais?» Est ce là ce qu'un Israélite aurait répondu? Non, assurément. Et pourtant, il y a un grand nombre de gens, faisant profession d'être chrétiens, qui parlent ainsi quand on leur demande s'ils ont la paix. Ils mettent leurs pensées relativement au sang à la place du sang lui-même, et le résultat en est qu'ils font dépendre leur salut d'eux-mêmes autant que s'ils devaient être sauvés par des oeuvres.

Or, l'Israélite était sauvé par le sang seul, et non par les pensées qu'il avait à l'égard du sang. Ses pensées et ses sentiments pouvaient être profonds ou superficiels; mais profonds ou superficiels, ils n'avaient rien à faire avec la sécurité. L'Israélite n'était pas sauvé par ses pensées ou par ses sentiments, mais par le sang. Dieu n'avait pas dit: «Quand vous verrez le sang, je passerai par-dessus vous». Non; mais: quand «Je verrai». L'oeil de Jéhovah reposait sur le sang; c'est là ce qui tranquillisait son coeur ce qui donnait la paix à un Israélite. Le sang était en dehors sur le linteau de la porte et l'Israélite,qui était dans la maison, ne pouvait pas voir le sang; mais Dieu le voyait, et cela était parfaitement suffisant.

L'application de ce qui précède à la question de la paix d'un pécheur avec Dieu est bien simple. Christ ayant répandu son sang, en expiation parfaite pour le péché, a porté ce sang dans la présence de Dieu, et là en a fait l'aspersion; et le témoignage de Dieu assure au pécheur qui croit que toutes choses ont été réglées ainsi en sa faveur. Toutes les exigences de la justice ont été parfaitement satisfaites; le péché a été entièrement ôté, en sorte que l'amour rédempteur peut couler librement et pleinement du coeur de Dieu dans le canal que lui a ouvert le sacrifice de Christ. Le Saint Esprit rend témoignage à cette vérité; il présente toujours aux âmes l'estimation que Dieu fait du sang de Christ; il dirige le regard du pêcheur sur l'oeuvre accomplie de la croix. Il déclare que tout est fait, que le péché a été ôté et éloigné; que la justice s'est approchée de telle sorte qu'elle est «à tout croyant» (comparez Romains 1: 16, 17; 3: 21, 22); à tout homme qui croit — quoi? Qui croit ce que Dieu dit, parce que Dieu le dit, non pas parce que eux le sentent.

Nous sommes toujours portés à chercher en nous-mêmes quelque chose qui puisse constituer le fondement de notre paix; nous sommes enclins à regarder l'oeuvre de l'Esprit en nous, plutôt que l'oeuvre de Christ pour nous, comme le fondement de notre paix. Mais nous sommes là dans une grande erreur. Les opérations de l'Esprit de Dieu ont leur place à elles dans le christianisme; mais l'oeuvre de l'Esprit n'est jamais présentée comme étant ce de quoi dépend notre paix. Ce n'est pas le Saint Esprit qui a fait la paix; Christ l'a faite. Il n'est pas dit du Saint Esprit qu'il soit notre paix; mais il est dit de Christ qu'il est notre paix. Dieu n'a pas fait «prêcher la bonne nouvelle de la paix» par le Saint Esprit, mais «par Jésus Christ» (comparez Actes des Apôtres 10: 36; Ephésiens 2: 14, 17; Colossiens 1: 20). Le Saint Esprit révèle Christ, nous fait connaître Christ, nous fait jouir de lui et nous nourrit de Lui. Il rend témoignage à Christ, il prend les choses de Christ et nous les communique. C'est lui qui est la puissance de la communion, le sceau de notre adoption, celui qui rend témoignage, les arrhes de l'héritage, l'onction pour connaître toutes choses (comparez Jean 4: 13, 14; 2 Corinthiens 1: 21, 22; Ephésiens 1: 13, 14; 1 Jean 2: 20, 27, etc.). Les opérations de l'Esprit sont essentielles, absolument; sans lui, nous ne pouvons ni voir, ni entendre, ni sentir, ni expérimenter, ni manifester quoi que ce soit de Christ. L'Ecriture est on ne peut plus explicite sur ce point, compris et reçu par tout chrétien fidèle et bien enseigné.

Cependant, malgré tout cela, l'oeuvre de l'Esprit n'est pas le fondement de la paix, bien que ce soit lui qui nous rende capables de jouir de la paix. Ce n'est pas l'Esprit qui est notre titre devant Dieu, bien que ce soit lui qui nous le révèle et nous rende capables de jouir de ce qu'il implique. Le Saint Esprit poursuit toujours son oeuvre dans l'âme du croyant. «Il intercède par des soupirs inexprimables» (Romains 8: 26), Il travaille pour nous amener à une plus entière conformité avec le Seigneur Jésus. Son but est de «présenter tout homme parfait en Christ» (Colossiens 1: 28). Il est l'auteur de tout bon et saint désir, de toute affection pure et céleste, de toute expérience divine; mais son oeuvre en nous ne sera complète que lorsque nous aurons quitté la scène présente de ce monde pour prendre place avec Christ dans la gloire, tout comme le serviteur d'Abraham n'eut achevé son oeuvre que lorsqu'il eut présenté Rebecca à Isaac.

Il n'en est pas ainsi de l'oeuvre de Christ pour nous celle-ci est abondamment et éternellement complète. Christ a pu dire: «J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donné à faire» (Jean 17: 4); mais le Saint Esprit ne peut pas encore dire qu'il ait fini son oeuvre. Comme le vrai vicaire de Christ sur la terre, il travaille encore dans le coeur des enfants de Dieu pour les faire parvenir, d'une manière expérimentale et pratique, à la hauteur du modèle à l'image duquel ils doivent être rendus conformes; mais il n'enseigne jamais une âme à s'appuyer, pour ce qui concerne sa paix devant le Dieu saint, sur l'oeuvre qu'il opère en elle. La mission du Saint Esprit est de parler de Jésus; il ne parle pas de lui-même. «Il prendra du mien», dit, Christ, «et il vous l'annoncera» (Jean 16: 14), Il ne peut présenter que l'œuvre de Christ comme le fondement sur lequel l'âme doit s'appuyer pour toujours. Bien plus, c'est en vertu de cette oeuvre que l'Esprit fait sa demeure dans le coeur du croyant et qu'il y accomplit ses opérations «Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse» (Ephésiens 1: 13). Aucune puissance, aucune énergie du Saint Esprit n'aurait pu ôter le péché. Le sang l'a ôté. «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1: 7).

Il est de la plus haute importance de distinguer entre l'oeuvre de l'Esprit en nous, et l'oeuvre de Christ pour nous: là où ces choses sont confondues, il est rare qu'on trouve une paix bien établie pour ce qui regarde la question du péché. Le type de la Pâque nous montre d'une manière bien simple la différence qui existe entre elles. La paix de l'Israélite n'était pas fondée sur les pains sans levain ou les herbes amères, mais sur le sang. Elle ne reposait pas non plus, en aucune manière, sur ce que l'Israélite pensait à l'égard du sang, mais sur ce que Dieu en pensait: c'est là ce qui soulage et tranquillise le coeur. Dieu a trouvé une rançon et il nous la fait connaître, à nous pécheurs, afin que nous nous reposions sur elle, sur l'autorité de sa parole et par la grâce de son Esprit. Et quoique l'appréciation que nous pouvons faire de cette rançon, reste toujours bien au-dessous de son excellence infinie, cependant puisque Dieu nous dit que Lui est parfaitement satisfait à l'égard de nos péchés, nous aussi nous pouvons être satisfaits. Notre conscience peut assurément trouver un vrai et immuable repos en ce en quoi la sainteté de Dieu trouve le sien.

Cher lecteur, si vous n'avez pas jusqu'à présent trouvé la paix en Jésus, nous vous supplions d'examiner sérieusement ce qui vient d'être dit. Voyez la simplicité du fondement sur lequel votre paix doit reposer! Dieu trouve sa satisfaction dans l'oeuvre achevée de Christ; il y trouve sa satisfaction à cause de sa justice. Cette justice n'est pas fondée sur vos sentiments ou sur votre expérience, mais sur le sang versé de l'Agneau de Dieu. Ainsi votre paix ne dépend pas de vos sentiments ou de votre expérience, mais de ce sang précieux dont l'efficace ne change pas, non plus que la valeur au jugement de Dieu.

Que reste-t-il donc à faire au croyant? A quoi est il appelé? A faire la fête des pains sans levain, en rejetant tout ce qui est contraire à la sainte pureté de sa haute position. Son privilège est de se nourrir de ce Christ précieux, dont le sang a effacé toute culpabilité. Etant assuré que l'épée du «destructeur» ne peut le toucher, parce qu'elle est tombée sur Christ, à sa place, c'est son privilège de faire la fête, dans un saint repos, en dedans de la porte aspergée de sang, sous l'abri parfait que l'amour même de Dieu lui a préparé dans le sang de la croix.

Que le Saint Esprit veuille faire trouver à toute âme qui tremble et doute encore, le repos dans le témoignage divin que renferme ces paroles: «QUAND JE VERRAI LE SANG, JE PASSERAI PAR-DESSUS VOUS».