Double phase de la seconde venue de Christ

1 Thessaloniciens 4: 13 – 5: 11

Ces versets forment une partie bien distincte de cette instructive et précieuse épître, dans laquelle l'apôtre expose les deux grandes phases de la seconde venue de notre Seigneur Jésus Christ. La première de ces phases se rapporte à une Eglise affligée; la seconde concerne un monde insouciant et joyeux.

Le Saint Esprit emploie la même grande vérité à la fois pour fortifier les saints affligés et pour avertir ceux qui sont heureux et à leur aise dans le monde; il l'applique, aux premiers dans leurs larmes, et aux derniers dans leur vain orgueil.

On attribue d'habitude à la mort ce que l'apôtre attribue ici à «la venue du Seigneur». On entend dire souvent, après le départ pour le ciel d'un ami chrétien: «Nous le suivrons bientôt». L'apôtre parle autrement: il dit tout le contraire. «Or, frères, nous ne voulons pas que vous soyez dans l'ignorance à l'égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez point attristés comme les autres qui n'ont pas d'espérance». Et pourquoi? Est-ce parce qu'ils devaient bientôt les suivre? En aucune manière; ce serait mettre la mort à la place du retour de Christ. La consolation que le Saint Esprit présentait aux croyants qui étaient dans le deuil repose sur un fondement tout à fait différent: «Car si nous croyons que Jésus mourut et qu'il est ressuscité, de même aussi Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus avec lui». La venue de Christ était si proche du coeur de l'apôtre; elle était si vivement et si naturellement présente à son esprit, comme l'objet propre de l'espérance, qu'il pouvait dire: «Nous, les vivants qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur». Un coeur attaché au monde aurait dit: «Mon Maître tarde à venir»; mais la vraie position d'un saint, en vue de la seconde venue de Christ, s'exprime ainsi: «Nous, les vivants qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur».

Les deux grands faits, qui limitent l'existence de l'Eglise ici-bas, sont la croix de Christ, et la venue de Christ. A la croix, la mort et le jugement sont pour toujours ôtés, pour ce qui concerne l'Eglise, et à leur place la gloire remplit toute la scène. «Comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d'être jugés; ainsi le Christ, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent» (Hébreux 9: 27, 28). Christ n'a plus rien à faire avec le péché, puisqu'il l'a ôté; il reviendra «pour le salut».

Or, il est important de discerner clairement les deux phases de la seconde venue de Christ, telles qu'elles nous sont présentées dans la première épître aux Thessaloniciens, par les deux expressions: «la venue du Seigneur»; et «le jour du Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 15; 5: 2). La première de ces expressions se rapporte d'une manière spéciale à l'Eglise — la dernière, au monde: la première n'a rien à faire avec «les temps et les saisons»; elle est indépendante des événements qui se passent au milieu des nations; mais, pour la seconde, il en est autrement.

Le grand sujet de la prophétie, c'est le gouverne moral de Dieu, au milieu des nations de la terre, comprenant ses voies envers Israël, ce peuple particulier. Ce sujet est d'un immense intérêt pour les saints; non qu'ils y soient personnellement engagés, mais parce que les conseils de Dieu, et de ses voies envers l'homme sur la terre s'y déploient. Mais nous cherchons en vain, d'un bout à l'autre des prophètes de l'Ancien Testament, la doctrine de la position de l'Eglise, de son appel ou de son espérance: ces choses «n'ont pas été données à connaître aux fils des hommes dans d'autres générations, comme elles ont été révélées maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes» (Ephésiens 3: 5).

Mais puisqu'il en est ainsi, il est évident que l'espérance de l'Eglise ne peut être affectée par ces événements qui font le sujet plus immédiat de l'Ancien Testament. «La bienheureuse espérance» (Tite 2: 13) resplendit dans toute sa gloire, sans que même le plus petit nuage l'intercepte. «L'étoile brillante du matin» (Apocalypse 22: 16) reluit à l'horizon de l'Eglise, et le coeur de celle-ci, réjoui par l'espérance de la voir, l'Eglise est encouragée, pendant que durent les sombres veilles de la nuit. «Je lui donnerai l'étoile du matin» (Apocalypse 2: 28), dit le Seigneur, et il est lui-même cette étoile.

Le Saint Esprit, par le prophète Malachie, présente Christ à l'espérance et à l'attente du résidu pieux d'Israël, sous l'emblème du «Soleil de justice» qui se lèvera, «apportant la santé dans ses ailes»; mais «l'étoile brillante du matin» éveille dans l'âme un ordre de pensées tout différent. L'Eglise sera entrée dans la jouissance de son étoile du matin «avant que les rayons du «soleil de justice» réjouissent les coeurs affligés du résidu d'Israël. Ceux-là seuls qui veillent durant la nuit ont le privilège de voir l'Etoile du matin; quand le Soleil de justice resplendira sur la terre, au commencement du matin millénaire, le résidu pieux saisira ses premières lueurs; et, quand le midi sera venu, «tout oeil le verra» (Apocalypse 1: 7).

Au moment où Christ se lèvera du trône du Père, l'Eglise sera ravie de la terre à sa rencontre dans les airs: c'est ce moment que l'Eglise attend. Jusque-là, le Saint Esprit travaille en rapport avec l'évangile de Christ, pour rassembler le reste des élus de Dieu; jusque-là, il travaille aussi à présenter tout homme parfait en Jésus Christ. Mais quand le temps déterminé par les conseils divins sera venu, «le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement et une voix d'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel». C'est là l'espérance spéciale de l'Eglise, la promesse pleine de grâce, que Christ a faite à ses disciples (Jean 15) : «Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi». «Le Seigneur lui-même descendra». Jésus dit: «Je reviendrai»; il n'enverra pas un ange, ni une légion d'anges; non, il viendra lui-même. Telle est la grâce; tel est aussi le privilège qui est accordé à son épouse bien-aimée.

Tout cela est fondé sur cette vérité: que «Jésus mourut et qu'il est ressuscité». «Si nous croyons», dit l'apôtre, que «Jésus mourut et qu'il est ressuscité, de même aussi Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus avec lui». Le Seigneur Jésus ressuscita d'entre les morts par la gloire du Père; et tous ceux qui dorment en Jésus, étant une partie de son corps, seront ressuscités et présentés avec lui dans la gloire, dans laquelle il apparaîtra. Dieu a ressuscité Christ des morts; et si nous croyons cela, nous pouvons croire également, que tous ceux qui dorment en Jésus seront ressuscités et amenés avec lui lors de sa glorieuse apparition. «Si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus des morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous» (Romains 8: 11). Tout repose sur notre union avec Christ. La Tête et le corps étant un, ils apparaîtront ensemble dans la gloire. «Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur: que nous les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, et une voix d'archange, et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous les vivants qui demeurons serons ravis ensemble, avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l'un l'autre par ces paroles». Et encore, comme nous lisons ailleurs: «Voici, je vous dis un mystère: nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés: en un instant, en un clin d'oeil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés» (1 Corinthiens 15: 51, 52).

L'espérance de l'Eglise est ainsi bien clairement et simplement exprimée; et il faut que les saints la saisissent avec la même simplicité, attendu que Satan a cherché à obscurcir ces choses par toutes sortes de moyens. Quelques-uns, par exemple, ont enseigné que les saints seraient foulés aux pieds par la bête, avant que la vue de l'Etoile du matin vienne réjouir leurs coeurs. Mais où trouvent-ils cela? Le chapitre 15 de la 1re épître aux Corinthiens et le chapitre 4 de la 1re épître aux Thessaloniciens, qui s'occupent de ce sujet, ne sont-ils pas on ne peut plus explicites sur ce qui constitue l'espérance de l'Eglise? Ainsi, l'apôtre encore ne dit-il pas dans cette même épître aux Thessaloniciens: «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre» — quoi? La bête? Non. L'homme de péché? Non. Le faux prophète? Non. Le plein développement de la destruction finale de la statue de Nebucadnetsar? Non. Quoi donc? «Pour attendre des cieux SON FILS». Cela est on ne peut plus simple et concluant, pour toute âme qui veut être soumise à l'autorité des saintes Ecritures.

Il n'est pas dit à l'Eglise qu'elle doive attendre quelque bouleversement des nations, le rétablissement des Juifs, le développement des dix doigts de la statue de Nebucadnetsar, la consolidation de l'empire romain, le dessèchement de l'Euphrate pour préparer le chemin aux rois de l'Orient, ou aucun événement terrestre quelconque; mais simplement le Fils qui vient des cieux — «l'étoile brillante du matin» (comparez Philippiens 3: 20, 21). Toutes ces choses sont, sans doute, le sujet direct du témoignage prophétique et, comme tel, elles sont d'un profond intérêt pour tout disciple de Christ, tout comme la destinée de Sodome intéressait Abraham, bien qu'il n'y eût personnellement aucune part.

Tout chrétien, quelle que soit la mesure de connaissance prophétique qu'il possède, devrait s'intéresser à l'étude de la prophétie, non afin d'établir un système, ou une théorie, mais simplement pour apprendre à connaître, plus ou moins, les voies et les conseils de Dieu, et ce à quoi ce monde-ci est destiné. Mais l'espérance du chrétien est une chose toute différente, et elle ne se trouve pas dans les pages de la prophétie de l'Ancien Testament. Ces pages, quelque riches et précieuses qu'elles soient, ne font pas mention de la Tête et du corps, elles ne parlent pas de l'Epoux et de l'épouse se rencontrant dans les airs. Nous y lisons ce qui concerne l'Egypte, l'Assyrie, Babylone,Tyr, Gog et Magog, et les rapports de ces pays avec la ville de Jérusalem et le pays d'Israël. Mais tout cela n'a rien à faire avec le resplendissement de «l'Etoile brillante du matin». Cette étoile est l'emblème d'une gloire céleste, bien distante et éloignée des ténèbres et des orages de ce monde, d'une gloire qui apparaîtra à l'Eglise, pendant que le monde qui a rejeté Christ sera plongé encore dans l'assoupissement, ou enivré de son orgueil et de ses projets impies.

En considérant la seconde phase de la venue de Christ, telle qu'elle nous est présentée dans la première épître aux Thessaloniciens (chapitre 5: 1-11), nous trouvons quelque chose de tout à fait différent. Ici, nous en venons à «des temps et à des saisons», à l'égard desquels l'apôtre ne sentait pas qu'il fût besoin d'écrire à l'Eglise, parce que l'Eglise n'avait rien à faire avec ces choses, pour autant qu'elle y était personnellement intéressée. L'Eglise appartient au jour et à la lumière, et par conséquent elle n'a pas besoin d'être guidée par «des temps et des saisons», ou par «les signes des temps». Ces choses se rapportent directement à ceux qui seront enveloppés dans les terreurs du «jour du Seigneur», et nullement à ceux qui ont affaire avec «l'Etoile du matin» et qui auront rencontré Christ dans les airs, avant la révélation du jour.

Il doit être évident maintenant, pour toute âme qui écoute et réfléchit, qu'il existe une immense différence entre l'apparition de l'Etoile du matin, et la révélation du Soleil de gloire. La différence entre ces deux événements n'est pas moins grande que celle qu'il y a entre l'arrivée d'un époux auprès d'une épouse qui l'attend, et l'irruption soudaine d'un voleur dans une maison de gens ivres ou endormis. C'est sous cette image frappante que les deux phases de la venue de Christ sont mises en contraste: «Vous savez vous-mêmes très bien que le JOUR du Seigneur vient comme un larron dans la nuit. Quand ils (non pas vous) diront: «paix et sûreté» alors il leur (non à vous) surviendra une subite destruction, comme les douleurs à celle qui est enceinte, et ils n'échapperont pas». Il y a là quelque chose de particulièrement solennel et de bien propre à frapper de terreur un coeur attaché au monde. La venue du voleur est aussi effrayante que la venue de l'époux a d'attrait; et on comprend à peine comment on a pu confondre deux choses aussi différentes l'une de l'autre que celles-là, et comment on n'est pas frappé à première vue du sérieux dommage qui en résulte pour les âmes. Il semble que les Thessaloniciens avaient souffert pour avoir fait cette confusion; il semble qu'ils avaient craint d'abord que leurs amis décédés ne fussent pas participants des joies du retour de Christ; puis, leurs idées ayant été rectifiées à cet égard, qu'ils étaient tombés, il paraît, dans une autre erreur qui leur faisait craindre d'être eux-mêmes enveloppés dans les terreurs qui accompagneront «le jour du Seigneur». Cette dernière pensée est rectifiée dans la seconde épître; et en la corrigeant, l'apôtre présente d'une manière encore plus complète et plus claire, si possible, la double phase de la venue du Seigneur. «Or, dit-il, nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ, et par notre rassemblement auprès de lui, de ne pas vous laisser promptement ébranler de votre sentiment, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c'était par nous, comme si LE JOUR DU SEIGNEUR était là» ou avait déjà commencé (2 Thessaloniciens 2: 1). Ici les deux événements sont mis en contraste direct; et les saints sont exhortés, puisqu'ils doivent être participants des joies du premier, à ne pas craindre d'être enveloppés dans les terreurs du dernier. Ceci est on ne peut plus simple et concluant. La venue du Seigneur est l'espérance de l'Eglise; le jour du Seigneur est la terreur du monde; la première sera la consommation de la joie des saints; le dernier sera le glas funèbre de la joie des mondains.

«Le jour du Seigneur vient comme un larron dans la nuit». Il n'est jamais dit que l'Etoile du matin vienne ainsi, comme un larron dans la nuit. Le Seigneur, il est vrai, dit à l'ange de Sardes: «Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un larron, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi» (Apocalypse 3: 8); mais ce passage, bien loin de présenter une difficulté, est au contraire une puissante confirmation de la vérité sur laquelle nous venons d'insister. L'Eglise de Sardes avait le nom de vivre, mais elle était morte; elle s'était abaissée au niveau du monde, et c'est pour cette raison que le Seigneur met devant elle la phase de sa venue qui est proprement la part du monde. Si les saints se mêlent avec le monde, ils doivent s'attendre à être menacés de la portion du monde. Si Lot descend à Sodome, il faut qu'il participe aux calamités de Sodome. Mais nous savons très bien que ce n'est pas «un voleur» qui est la figure de Christ, pour l'Eglise. «Vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, de sorte que ce jour-là vous surprenne comme un larron» (chapitre 5: 4). Nous, chrétiens, nous appartenons au jour; mais si, par ignorance ou par infidélité, nous sortons de notre position, nous ne pouvons pas attendre que l'Esprit nous encourage par les espérances qui sont notre part, si nous nous abaissons au niveau du monde, nous verrons l'avenir du point de vue du monde. «Vous êtes tous fils de la lumière et, fils du jour; nous ne sommes pas de la nuit, ni des ténèbres. Ainsi donc ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres; car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit. Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtant la cuirasse de la foi et de l'amour, et pour casque, l'espérance du salut. Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous, afin que soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui». Voilà quelles sont notre vraie position et notre vraie espérance; et il ne faut pas perdre de vue que le fait que nous vivons ensemble avec Christ est fondé non sur notre fidélité à veiller, mais sur le fait que Christ mourut pour nous. C'est sa mort pour nous qui, soit que nous veillions, soit que nous dormions, assure notre vie avec lui. Il est bon d'observer ceci: nous apprenons ainsi d'une manière bien précieuse quelle est la grâce de Celui auquel nous avons affaire, — la grâce de Celui dont la mort pour nous assure infailliblement notre union avec lui dans cette gloire éternelle que Lui et ses saints attendent maintenant. C'est par cette consolante assurance, et non par aucun sentiment de crainte ou d'incertitude que le Saint Esprit voudrait nous former à veiller constamment. Un coeur, qui pourrait user de cette vérité comme d'une cause pour ne pas veiller, montrerait qu'il ne connaît guère la puissance réelle soit de la grâce, soit de la gloire; un tel homme dirait: «Péchons, afin que la grâce abonde».

L'apôtre termine son exposé des deux phases du retour de Christ, par ces deux précieuses exhortations: «Consolez-vous donc l'un l'autre par ces paroles», et «Exhortez-vous l'un l'autre, et édifiez-vous l'un l'autre, chacun en particulier» (1 Thessaloniciens 4: 18; 5: 11).