La nourriture du désert pour les rachetés de Dieu

Lisez Exode 16

Quand Dieu visita et racheta son peuple, et qu'il le fit sortir du pays d'Egypte, ce ne fut certainement pas pour le laisser mourir de faim et de soif dans le désert. C'était le dessein de sa grâce de pourvoir à tous les besoins des siens tout le long de leur voyage; et au chapitre 16 de l'Exode, nous apprenons de quel merveilleux aliment il avait fait provision pour eux.

«Et l'Eternel dit à Moïse: Voici, je vais vous faire pleuvoir des cieux du pain» (verset 4). Ils venaient de dire: «Ah! que ne sommes-nous morts par la main de l'Eternel au pays d'Egypte, quand nous étions assis près des potées de chair, et que nous mangions notre soûl de pain» (verset 3)! Mais Dieu parle de «pain venu des cieux». Bienheureux contraste! Quelle différence entre les «potées de chair; le «pain de l'Egypte», et «la manne céleste», «le pain des anges!» l'un de la terre, l'autre du ciel!

Mais cette manne d'en haut était un pierre de touche pour éprouver la condition morale d'Israël, ainsi qu'il est écrit: «Afin que je l'éprouve, pour voir s'il observera ma loi ou non» (verset 4). Il fallait un coeur sevré des influences de l'Egypte, pour être satisfait du «pain du ciel», ou pour en jouir. Par le fait, nous savons que les Israélites n'en furent pas contents, car ils le méprisèrent, le déclarant un «pain léger» (Nombres 21: 5), et ils convoitèrent de la chair. Ils montrèrent ainsi combien peu leur coeur était délivré de l'Egypte, ou disposé à observer la loi de l'Eternel. «Ils retournèrent de leur coeur en Egypte» (Actes des Apôtres 7: 39). Il faut avoir des affections célestes pour vivre de pain du ciel. La nature ne peut pas savourer une nourriture semblable; elle soupire toujours après l'Egypte, après les choses de ce monde; c'est pourquoi il faut qu'elle soit tenue à sa place dans l'assujettissement.

Quand nous contemplons les enfants d'Israël comme «baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer» et aussi comme «mangeant de la viande spirituelle et buvant du breuvage spirituel» (1 Corinthiens 10: 3, 4), souvenons-nous que ce qui leur arrivait leur arrivait «en type» pour nous chrétiens, car tous les vrais croyants ont été «baptisés pour la mort de Christ», «ensevelis avec Lui dans le baptême», et «ressuscités ensemble par la foi dans l'opération de Dieu» (Romains 6: 3-11; Colossiens 2: 12), Nous nous nourrissons de Christ comme du «pain vivant qui est descendu du ciel» (Jean 6: 22-69). Notre nourriture dans le désert, c'est Christ, tel qu'il nous est présenté par le Saint Esprit, par le moyen de la Parole écrite; tandis que pour nous abreuver spirituellement, le Saint Esprit est venu comme l'eau qui jaillit du rocher frappé, de Christ frappé pour nous. Telle est notre bienheureuse part dans le désert de ce monde.

Or, il est évident que, pour jouir de cette part, il faut que notre coeur soit détaché de tout ce qui s'offre à nous comme hommes naturels. Un coeur mondain et charnel ne trouverait pas Christ dans l'Ecriture, ni ne jouirait de lui s'il l'y eût trouvé. La manne était si pure et si délicate, qu'elle ne supportait pas le contact avec la terre. Elle descendait sur la rosée (versets 13-16; Nombres 11: 9) et devait être recueillie le matin avant le chaud du jour (verset 21). Chacun devait donc se lever de bonne heure et chercher sa nourriture quotidienne. Il en est de même maintenant pour le peuple de Dieu: il faut qu'il recueille, fraîche tous les matins, la manne céleste. La manne de hier ne vaut plus rien pour aujourd'hui, ni celle d'aujourd'hui pour demain. Il faut que nous nous nourrissions de Christ chaque jour, avec une nouvelle énergie de l'Esprit, sans quoi nous cesserons de croître. De plus, il faut que nous fassions de Christ notre premier objet. Il faut que nous le cherchions de «bonne heure», avant que d'autres choses aient eu le temps de s'emparer de nos faibles coeurs. Beaucoup d'entre nous, hélas! manquent à cet égard. Nous ne donnons à Christ qu'une place secondaire, et la conséquence en est que nous restons faibles et stériles. L'ennemi, toujours vigilant, se prévaut de notre indolence spirituelle, pour nous priver de la bénédiction et de la force que reçoit celui qui se nourrit habituellement de Christ. La vie nouvelle, dans le croyant, ne peut être alimentée que par Christ. «Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi» (Jean 6: 57).

La grâce du Seigneur Jésus Christ, comme de celui qui est descendu du ciel, pour être la nourriture de son peuple, est, pour l'âme renouvelée, d'un prix inestimable; mais pour jouir ainsi de Christ, il est nécessaire que nous réalisions que nous sommes dans le désert, mis à part pour Dieu, dans la puissance d'une rédemption accomplie. Si je marche avec Dieu dans le désert je serai satisfait de la nourriture qu'il me donne, c'est-à-dire de Christ comme étant descendu du ciel. «Le blé du pays», «le cru de la terre de Canaan» (Josué 5: 11, 12), a son antitype en Christ monté en haut et assis à la droite de la Majesté dans les cieux. Comme tel, il est la nourriture de ceux qui savent par la foi qu'ils sont ressuscités ensemble et assis dans les lieux célestes. Mais la manne, c'est-à-dire Christ comme descendu du ciel, est pour le peuple de Dieu, dans sa vie et ses expériences dans le désert: c'est par elle que Dieu soutient ses rachetés depuis l'Egypte jusqu'en Canaan.

Quelle image qu'Israël dans le désert! Il avait l'Egypte derrière lui, devant lui Canaan, et autour de lui le sable du désert; il était appelé à regarder au ciel pour sa nourriture de chaque jour. Le désert n'avait ni un brin d'herbe, ni une goutte d'eau à offrir à l'Israël de Dieu. En Jéhovah seul était la portion des rachetés. Le peuple pèlerin n'a rien ici-bas. Sa vie est céleste, et ne peut être entretenue que par des choses célestes. Bien que placés dans le monde, les rachetés ne sont pas du monde, car Christ les a choisis du monde et les en a tirés. Peuple céleste, ils sont en chemin vers leur patrie, et sont soutenus par la nourriture qui leur est envoyée de là; ils marchent vers le ciel. La gloire dirige de ce côté-là seulement. Il est inutile de regarder en arrière vers l'Egypte: on n'y peut découvrir aucun rayon de la gloire. «Ils regardèrent VERS LE DESERT, et voici, la gloire de l'Eternel se montra dans la nuée» (verset 10). Le chariot de Jéhovah était dans le désert, et tous ceux qui désiraient être en communion avec Jéhovah devaient être là aussi; et s'ils y étaient, ils y avaient la manne céleste pour nourriture, et elle seule.

Cette manne était, il est vrai, un étrange aliment, un aliment incompréhensible et sans goût pour un Egyptien, qui jamais n'eût pu en vivre; mais ceux qui avaient été «baptisés dans la nuée est dans la mer» (1 Corinthiens 10: 2) pouvaient, s'ils marchaient d'une manière conséquente avec la position dans laquelle ce baptême les avait introduits, jouir de cette manne, et en être nourris. Il en est de même maintenant pour le vrai croyant. L'homme du monde ne comprend pas comment le croyant vit; la vie et l'aliment de la foi dépassent son intelligence. Christ est la vie du chrétien et il vit de Christ. Il se nourrit par la foi des grâces puissantes de Celui qui, étant «Dieu sur toutes choses béni éternellement» (Romains 9: 5), «prit la forme d'esclave, étant fait à la ressemblance des hommes» (Philippiens 2: 7); il le suit du sein du Père — la demeure éternelle de l'amour et de la lumière, jusqu'à la croix — le lieu de la honte et de l'opprobre — et de la croix jusqu'au trône, le lieu de la majesté, de la victoire et de la gloire; et il trouve en Lui, et à chaque pas de sa course glorieuse, un aliment précieux pour lui. Tout ce qui environne le chrétien, quoique, de fait, «l'Egypte», est, moralement, un désert aride et désolé, n'ayant rien à offrir à l'âme renouvelée; et dans la mesure dans laquelle il y trouve peut-être un aliment, ses progrès dans la vie spirituelle sont entravés.

Il est bien triste de voir des chrétiens rechercher les choses de ce monde. Cela prouve clairement qu'ils sont «dégoûtés» de la manne céleste, et que, comme Israël incrédule, ils l'estiment «un pain léger». Ils servent ce qu'ils devraient mortifier. L'activité de la vie nouvelle est toujours liée au dépouillement du «vieil homme avec ses actions» (Colossiens 3: 9); et plus ce dépouillement s'accomplit, plus on désirera de vivre du «pain qui soutient le coeur de l'homme» (Psaumes 104: 15). Comme au physique, plus on prend d'exercice, et plus l'appétit est bon, de même dans la vie spirituelle, plus nos facultés renouvelées sont mises en jeu, plus nous éprouvons aussi le besoin de nous nourrir de Christ chaque jour. C'est une chose que de savoir que nous avons la vie, le pardon et une pleine acceptation devant Dieu en Christ; et c'est une autre chose, et une chose toute différente que d'être habituellement en communion avec Lui, de se nourrir de Lui par la foi, faisant de Lui l'aliment exclusif de nos âmes, — «mangeant sa chair et buvant son sang». Beaucoup de personnes font profession d'avoir trouvé le pardon et la paix en Jésus, qui, en réalité, se nourrissent d'une foule de choses, qui n'ont aucun rapport avec Christ. Elles repaissent leur esprit de la lecture des journaux et de la littérature frivole et insipide du jour. Trouveront-elles Christ-là? Est-ce par de tels moyens que le Saint Esprit nourrit les âmes de Christ? Est-ce là cette pure rosée sur laquelle la manne céleste descend pour la nourriture des rachetés de Dieu dans le désert? La question ici n'est pas de savoir si ces choses sont bonnes ou mauvaises, mais simplement si elles sont Christ. Il est certain qu'elles ne le sont pas. Comment donc un enfant de Dieu peut-il en vivre? La parole de Dieu nous dit, qu'il y a, dans le chrétien, deux natures (voyez Galates 5: 17); et on peut se demander, laquelle de ces deux natures se nourrit des nouvelles et de la triste et profane littérature du monde. Est-ce la vieille nature ou la nouvelle? Est-ce «la chair ou l'Esprit?» La réponse n'est pas difficile. Laquelle donc des deux natures, de la chair ou de l'Esprit, désirons-nous entretenir et voir croître? Notre conduite en sera la meilleure démonstration. Si je désire sincèrement croître dans la vie divine, je chercherai certainement toujours cette nourriture que Dieu a préparée pour moi, afin que je croisse spirituellement. Ceci est bien simple. Les actions d'un homme sont toujours le plus sûr indice de ses désirs et des objets qu'il poursuit. Ainsi, si je rencontre quelqu'un qui, faisant profession d'être chrétien, en négligeant sa Bible, trouverait néanmoins assez de temps, bien plus, peut-être pendant ses meilleures heures, pour lire les journaux ou la littérature du jour, il ne me sera pas difficile de juger de la vraie condition de son âme. Je suis sûr que ce chrétien ne peut pas être un chrétien spirituel: il ne se nourrit pas de Christ, il ne peut pas vivre pour lui, ni lui rendre témoignage.

Si un Israélite avait négligé de recueillir, à la fraîcheur du matin, sa portion du pain que la grâce de Dieu avait préparé pour lui, il aurait bientôt manqué de forces pour continuer son voyage. Pareillement, il faut que nous fassions de Christ le souverain objet de notre âme, sinon notre vie spirituelle déclinera inévitablement. Des sentiments et des expériences se rattachant à Christ ne peuvent pas même constituer notre nourriture spirituelle, parce que ces sentiments et ces expériences sont variables et sujets à mille fluctuations. Le «pain de vie», c'était Christ hier; il faut que ce soit Christ aujourd'hui et Christ éternellement.

Plût à Dieu que, tous, nous fussions plus profondément pénétrés de cette vérité et de la puissance de ces choses! Puisse le Saint Esprit réveiller dans nos coeurs des désirs plus ardents après la personne du Seigneur Jésus; alors, peu de chose d'ici-bas nous suffira pour la traversée du désert.