La miséricorde de Dieu est la ressource de l'homme

Lisez le Psaume 5

–  J'admets que je suis un pécheur; je sais que j'ai péché; mais je ne comprends pas ce que vous entendez quand vous dites, que je suis un pécheur sans force et perdu. Je ne suis pas perdu! Je ne suis pas sans force comme vous le dites!

–  Je sais bien que vous n'êtes pas finalement perdu, sans quoi vous ne seriez pas ici. Bénissez Dieu de cette grâce. Mais si vous n'êtes pas perdu, le Sauveur n'est rien pour vous: car il est venu «chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 19: 10) et si vous n'êtes pas mort dans le péché, qu'avez-vous besoin de Christ? Il est la vie éternelle de Dieu pour des âmes mortes. Vous ne pouvez avoir de rapport quelconque avec Lui, jusqu'à ce que vous ayez appris que vous êtes un pauvre pécheur perdu, «mort dans vos fautes et dans vos péchés» (Ephésiens 2: 1, 2, 5). «Celui qui croit en lui n'est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Or, c'est ici le sujet du jugement, que la lumière est venue au monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises»… «Qui croit au Fils a la vie éternelle; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean 3: 18, 19, 36).

–  C'est très bien; mais nous ne pouvons pas prendre ces paroles littéralement.

Tel était le langage d'un homme qui croyait avoir examiné le sujet avec soin et être arrivé à une conclusion juste. Mais, hélas! combien n'arrive-t-il pas souvent que les conclusions de l'homme sont en complet désaccord avec la parole de Dieu, même sur les sujets les plus importants. Celui qui faisait ces objections était très sincère, je n'en doute, pas; mais il faut quelque chose de plus que de la sincérité. Il ne comprenait pas la signification scripturaire de l'expression «perdu», appliquée à sa propre condition; et il y a, assurément un grand nombre de personnes qui sont dans le même état, encore qu'elles ne s'en doutent pas, ou qu'elles n'expriment pas aussi hardiment ce quelles pensent.

La vérité fondamentale que l'homme est perdu est clairement enseignée d'un bout à l'autre de l'Ecriture. Elle fut déclarée pour la première fois en Eden, lorsque Dieu dit: «Adam, où es-tu?». L'homme était perdu alors, et Dieu dans sa grâce le cherchait. Mais le Saint Esprit, dans le chapitre 3 de l'épître aux Romains, nous fournit la démonstration complète de la condition véritable et du vrai caractère de l'homme, et il prononce un jugement solennel sur cet état.

 «Il n'y a point de juste, non, pas même un seul; il n'y a personne qui ait de l'intelligence; il n'y a personne qui recherche Dieu… Il n'y a pas de crainte de Dieu devant leurs yeux. Or, nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit coupable devant Dieu».

Ainsi l'Evangile s'adresse à l'homme comme à un pécheur perdu, et pas autrement. Il parle de l'amour divin qui s'en va après la brebis PERDUE, qui cherche la drachme perdue, et qui court au-devant du pauvre prodigue perdu pour le recueillir dans ses bras. Merveilleuse vérité! personne, si ce n'est les enfants une fois perdus, ne connaîtra jamais la douceur de cet invariable amour. Ce n'est qu'au cou de celui qui est perdu que le père se jette, baisant et étreignant son fils. Le frère aîné était étranger à tout ce genre d'affection et de joie; et c'est cette affection-là seule qui est capable d'ouvrir et d'attendrir nos coeurs.

Le Psaume 5 développe ces vérités en montrant que l'homme est complètement déchu en lui-même, mais que la miséricorde de Dieu est pour lui une ressource infaillible. Ce Psaume établit trois choses quant à l'homme; 1° Il est «vain» ou «insensé». 2° Il est un «ouvrier d'iniquité». 3° Il est «trompeur». Ne nous occupons pour le moment que du premier de ces caractères. «Les hommes vains ne subsisteront point devant toi». Qui pourrait dire, à la lumière scrutatrice de cette parole: «Je ne suis pas déchu?» Qui peut dire qu'il n'a jamais été vain ou insensé? «La folie (*) est liée au coeur du jeune enfant». Et «le discours de la folie n'est que péché» (Proverbes 22: 15; 24: 9). Où est le fils, où la fille d'Adam, que ces paroles ne condamnent pas? «Le discours de la folie n'est que péché». Nous avons bien lieu de dire avec le psalmiste: «N'entre point en jugement avec ton serviteur: car nul homme vivant ne sera justifié devant toi» (Psaumes 143: 2). Lorsque, comme un pécheur divinement convaincu de péché, je lis de telles paroles, j'ai bien sujet de demander comment je pourrais m'approcher de Dieu qui a les yeux trop purs pour voir le mal! La réponse du Psaume est aussi claire et aussi simple que celle que l'évangile m'apporte — «Mais moi, dans l'abondance de la faveur, j'entrerai dans ta maison» (verset 7). Telle est la réponse. Elle parle de faveur, de la faveur de Dieu, d'une faveur qui est infinie. Par la grâce, je me tourne vers Dieu au nom de Jésus. Je vois alors que, quelque pécheur que je sois en moi-même, «Dieu est pour moi». Ce n'est pas dans l'abondance de mes bonnes oeuvres, de mes bons sentiments, ou de mes sincères efforts, que je trouve Dieu ainsi; — mais «dans l'abondance de ta miséricorde». La miséricorde divine est la seule espérance de l'homme perdu. Il ne peut entrer que par la porte de la miséricorde de Dieu (comparez Matthieu 9: 13), et cette porte, Dieu en soit béni, est grande ouverte, de jour et de nuit, pour le premier des pécheurs. Dans sa miséricorde, Dieu a posé, dans la personne de Jésus, un fondement sur lequel le pécheur peut s'approcher de Lui; il est descendu jusqu'à nous, là où nous gisions dans notre misère et notre souillure.

(*) Le même mot signifie à la fois orgueil et folie.

Ce n'est pas tout. «Eternel, conduis-moi par ta justice à cause de mes ennemis» (verset 8). Aucune justice qui soit de l'homme ne tiendrait soit devant Dieu, soit devant les ennemis. Mais Dieu, dans sa grâce, infinie, est non seulement descendu en Christ jusque dans les profondeurs de ma misère, pour en prendre connaissance et m'en retirer; mais il m'a délivré et m'a placé dans un état de justice divine et éternelle dans sa présence; en sorte que tout ennemi est réduit au silence, vaincu pour toujours. Christ est ma justice. Ayant ôté le péché par le sacrifice de lui-même, il est monté vers son Père comme le Juste. «Jésus Christ le juste» (1 Jean 2: 1). C'est là une vérité d'un prix infini. La justice dans laquelle le croyant se trouve devant Dieu est Christ lui-même. Il est «l'Eternel notre justice» (Exode 39: 30; Jérémie 23: 6); Christ «qui nous a été fait de la part de Dieu justice» (1 Corinthiens 1: 30), Lui qui n'ayant pas connu le péché a été fait péché, «afin que nous devinssions justice de Dieu en lui» (2 Corinthiens 5: 21). Dieu veut de la justice. Jamais un pécheur n'a pu, ni ne pourra se tenir dans la sainte présence de Dieu autrement que dans sa justice, la justice de Dieu. Cette justice est révélée à la foi dans l'évangile. La loi exigeait la justice, l'évangile la donne. La justice de Dieu est maintenant manifestée; Dieu l'a fait connaître. Ceux qui ont la foi en Jésus possèdent «la justice de Dieu», «la justice de Dieu par la foi de Jésus Christ envers tous et sur tous ceux qui croient; car il n'y a pas de différence, car tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu» (Romains 3: 21, 26).

Ce fait règle toute question, éloigne toute crainte, et ferme la bouche à tout ennemi. Christ a répondu à Dieu pour tout ce que nous sommes, et tout ce que nous avons fait comme pécheurs, et il est dans la présence de Dieu pour nous, notre Chef ressuscité et vivant; et nous sommes là, toujours là, en Lui. Ma folie ne peut subsister dans la présence de Dieu, mais bien sa justice. «Et le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (1 Jean 1: 7).

Mais il y a plus même que cela. Objet de la miséricorde divine, qui a bien voulu descendre jusqu'à moi, et revêtu de la justice divine, qui m'élève si haut, j'ai à marcher ici-bas au milieu des ronces et des épines du désert. Que me faut-il pour cela? — «Dresse ton chemin devant moi» (verset 8). Ainsi, tout devient facile. Il n'y a ni doute, ni obscurité, ni incertitude dans le chemin de Dieu. Puissions-nous avoir toujours un oeil simple, un corps tout éclairé, et un chemin «bien dressé».

Peut-il y avoir quelque chose de plus pour l'âme jadis perdue, qui a été amenée au «Père des miséricordes» par la foi en Jésus? Oui, béni soit son nom, il y a quelque chose de plus. Il accompagne de la joie, de la faveur, de la bénédiction et de la protection de sa présence l'enfant de la miséricorde, tout le long de sa course: «Que tous ceux qui se retirent vers toi se réjouissent, qu'ils soient toujours comblés de joie; sois leur protecteur, et que ceux qui aiment ton nom se glorifient en toi. Car, ô Eternel, tu béniras le juste, et tu l'environneras de bienveillance comme d'un bouclier» (versets 11, 12).

Telles sont les ressources infinies de la grâce pour tout pauvre pécheur insolvable qui croit en Jésus et se confie en Lui seul.

Lecteur, possédez-vous cette riche part? Elle est révélée sur le principe de la foi pour la foi. Les richesses insondables de Christ sont ouvertes à tout croyant. Si donc, vous avez foi en Lui, «toutes choses sont à vous» (1 Corinthiens 4: 21, 22); elles sont la part actuelle du pèlerin, la provision pour le désert; une part tout autre que de périr de faim sur une terre étrangère. Oui, ce sont là les grâces du voyage pour le croyant; et (précieuse espérance!) «encore un peu de temps» (1 Pierre 5: 10), et il aura traversé le désert, il aura passé le Jourdain, et sa part et sa place seront d'être «toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 17), la gloire sans nuage, la victoire complète, la vie éternelle «Viens, Seigneur Jésus, viens!».